• CROIRE QUAND-MÊME - Chemins franciscains.ca

    La femme et l’homme d’aujourd’hui ne peuvent plus croire pour les mêmes raisons que celles qui poussaient leurs ancêtres à croire. « Tout le défi du christianisme est de montrer aujourd’hui qu’il existe de bonnes raisons de porter une espérance après que d’autres ont perdu une part de leur validité. »

    Note : Ce texte est tiré des conférences de Michel Cantin, auteur des livres suivants :
    Devenir partenaires de Dieu, paru en 2015; 
    Revenir à l’essentiel, 2017;
    Être disciple de Jésus de Nazareth aujourd’hui, 2019; Transmettre sa foi, un défi, 2022.​

    Le monde est en crise ! Les institutions, l’Église, les cultures même sont en jugement. Les moyens de communications font en sorte que rien ne peut plus demeurer caché. L’économie capitaliste est en train de détruire la planète. Les changements climatiques et leurs conséquences désastreuses ne peuvent que s’en suivre. Ce qui convenait jusque-là ne convient plus. Les progrès de la science ont des répercussions importantes sur la façon traditionnelle d’entrer en relation avec Dieu. Il est illusoire de penser que nous pourrons revenir en arrière. La vie ne revient jamais en arrière. Quoi faire alors en cette période de mutations inédites dans l’histoire de l’humanité ? De quoi notre Église a-t-elle besoin aujourd'hui ? Ou plutôt, se demande Michel Cantin, théologien et philosophe, de quoi Jésus de Nazareth a-t-il le plus besoin ?

    LA RELIGION AU TEMPS JADIS

    C’était l’époque où l’on se trouvait démuni devant les manifestations de la nature. Pourquoi la moisson était-elle mauvaise ? Pourquoi l’ouragan dévastait-il si brutalement des régions entières ? Pourquoi tant d’enfants mis au monde mouraient-ils en bas âge ? Nos prédécesseurs se heurtaient sans cesse à un mur : le mur de l’inexplicable. La religion rendait alors un double service : répondre plus ou moins bien aux questions que les femmes et les hommes se posaient et/ou se situer dans un autre monde parce que ce monde-ci est trop difficile.

    Nous devons admettre, même si cela semble, à tort ou à raison, entacher la pureté de la foi que les religions, dans une certaine mesure, ont comblé un vide. Souvent, ce recours à l’invisible se faisait sur le mode de la culpabilité : si je n’ai pas une bonne récolte, c’est parce que j’ai travaillé le dimanche. La maladie était tellement affligeante que certains y voyaient une punition de Dieu, un Dieu vengeur. Du coup, il faut admettre une réalité : les religions ont reculé là où la science progressait. En d’autres termes, moins il y a d’inexplicables, moins Dieu est invoqué spontanément.

    La réalité : la femme et l’homme d’aujourd’hui ne peuvent plus croire pour les mêmes raisons que celles qui poussaient leurs ancêtres à croire, à se jeter dans les bras des religions. Tout le défi du christianisme est de montrer aujourd’hui qu’il existe de bonnes raisons de porter une espérance après que d’autres ont perdu une part de leur validité. Nous avons cru au mythe d’une société chrétienne qui avait duré jusqu’au début du vingtième siècle parce que, entre autres, les églises étaient encore pleines à cette époque.


    OÙ EST DIEU DANS TOUT ÇA?

    Le récit de Jonas révèle clairement comment les anciens se situaient devant la divinité. Et cette réaction a encore cours aujourd’hui. On n’a qu’à écouter la réaction des personnes qui viennent d’échapper à un grand danger. Elles invoquent spontanément l’intervention divine pour expliquer leur sort heureux. Michel Cantin en fait l’analyse. Lors d’un accident d’automobile où trois personnes prenaient place et où deux sont décédées, la personne survivante peut réagir en remerciant Dieu de l’avoir protégée. La question qui vient immédiatement à l’esprit : pourquoi n’a-t-il pas protégé les deux autres ? En fait, la seule explication valable est que la survivante était assise à un endroit de l’automobile où l’impact a été moindre. Les personnes qui allaient à la messe le dimanche parce qu’on leur avait dit que manquer une seule fois constituait un péché mortel et qu’il n’en fallait qu’un pour se retrouver en enfer pour l’éternité, se situaient devant Dieu de la même façon.

    Aujourd’hui, la religion, c’est-à-dire cette façon de se situer face à un Dieu qui contrôle les forces qui nous échappent, n’a plus d’avenir. Seule la foi reste pertinente, une foi repensée continuellement pour chercher à être de plus en plus fidèle à la révélation du Dieu de Jésus de Nazareth. Notre époque nous oblige à passer de la religion à la foi, c’est-à-dire à modifier de façon importante notre relation à Dieu en cessant de le voir comme Tout-Puissant dont il s’agit de gagner les faveurs ou du moins de ne pas indisposer, pour accueillir la révélation d’un Dieu qui est comme un Père ou une Mère pour chaque humain.

    DE CATHOLIQUE, DEVENIR CHRÉTIEN

    Le terme « catholique » est une identité ; le mot « chrétien » fait référence à la personne de Jésus Christ. Olivier Le Gendre affirme : catholique par mon baptême, il me restait à devenir chrétien ! Autrement dit, le catéchisme qu’on m’avait enseigné me disait comment je devais croire, mais m’empêchait de faire le pas vers une vraie rencontre avec le Jésus des Évangiles. Je le répète : il me fallait devenir chrétien, c’est-à-dire à faire partie de la bande du Christ et de ses apôtres. Être catholique était le chemin qui m’était donné à ma naissance pour devenir chrétien. Mais ce chemin ne suffisait pas. Seul l’Évangile vécu de l’intérieur pouvait éclairer ma route. Ce n’était pas gagné d’avance.

    En mettant de côté la religion de leur enfance, plusieurs de nos contemporains ont en fait rejeté une image fausse et déformée de Dieu, comme un fardeau trop lourd à porter. Mais le vide ainsi créé n’a pas été remplacé par une perception plus authentique de Dieu, d’où l’inconfort de plusieurs. La foi, elle, demeure plus pertinente que jamais en un Dieu Père de tous les humains au sens où nous le trouvons dans les Évangiles.

    En conclusion, plus on approfondit notre foi, plus elle devient simple. Jésus a résumé toute la Loi et les prophètes dans ces deux énoncés équivalents : « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils fassent pour toi » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Nous vivons dans une société laïque qui nous appelle à mettre l’accent sur la pratique de l’amour du prochain qui se vit de façon profane.

    La réaction la plus saine est de revenir à l’essentiel de notre foi et de redécouvrir comment nous pouvons y trouver ce qui donne sens à notre vie. Ainsi, nous deviendrons capables d’en rendre compte à « quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous. » (1 P 3,15).

    NOTE : 1. Titre emprunté d’un livre de Joseph Moingt.

    source https://www.cheminsfranciscains.ca/

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