La Californie, surnommée le "Golden State" n’en peut plus de la sécheresse qui frappe la région depuis de nombreux mois. En janvier dernier, les évêques catholiques avaient déjà prié pour la situation. De plus en plus de structures d’aides sociales se mobilisent dans les paroisses pour répondre aux besoins de plus en plus criant.
Cela fait près de 3 ans que les précipitations dans la région sont particulièrement faibles. Selon la California farm water coalition, ce sont plus de 200 000 ha de terres agricoles qui sont inexploitables pour l’année à venir, alors que la Californie est un des greniers les plus importants des Etats-Unis pour l’approvisionnement en fruits et légumes de toute sorte. C’est le résultat de la sécheresse mais aussi d’une politique de la gestion de l’eau qui met en conflit ses différents usages. Certains estiment que ce sont près de 40 % des emplois agricoles qui pourront être affectés, soit plus de 100 000 personnes. Des ouvriers qui commencent, de plus en plus, à demander des aides alimentaires auprès des associations locales, comme le confirme Jody Hudson, responsable des opérations dans le diocèse catholique de Fresno. "Rien que sur notre site, nous distribuons déjà des repas à près de 200 familles chaque semaine." Dans le comté de Barkersfield, le nombre tourne autour de 2000 le mois dernier, soit 4 fois plus qu’il y a deux ans à peine. Le diocèse a aussi mis en place un système de distribution à domicile pour les familles qui vivent dans des secteurs reculés et qui n’ont pas assez d’argent pour venir en ville.
La région a déjà connu une période de sécheresse en 2009-2010 et aussi en 2007-2009. Ces derniers mois sont particulièrement sévères et la sécheresse semble durer plus longtemps que dans le passé. 2015 risque d’être compliqué. "S’ils peuvent construire le pipeline Keystone pour du pétrole, pourquoi ne peuvent-ils pas transporter de l’eau pour ceux qui en ont besoin ?", s’interroge Mike Maxwell, coordinateur des actions bénévoles dans l’église catholique Holy Spirit. Les églises en tout cas prient continuellement pour que la situation s’améliore. En janvier dernier déjà, les évêques avaient invités leurs fidèles et toutes les personnes le désirant, à prier pour que la pluie revienne. "Comme cogérant de la Création, nous nous tournons vers le divin Maître, lui demandant qu’il voit notre fardeau et qu’il entende notre supplication pour la pluie", appelait ainsi Mgr Jaime Soto, président de la conférence des évêques catholiques de Californie.
"Puisse Dieu ouvrir les cieux et que sa miséricorde laisse tomber la pluie sur nos champs et nos montagnes. Prions particulièrement pour ceux qui sont particulièrement touchés par le rationnement en eau et pour la sagesse et la charité qui nous est demandé pour bien géré ce don précieux. Que nos dirigeants politiques cherchent le bien commun comme nous l’avons appris pour dispenser le don de Dieu qu’est l’eau pour le bien de tous."
Les évêques ont invoqué aussi saints Isidore, patron des fermiers, et ont rappelé comment la doctrine sociale de l’Eglise s’exprime sur l’eau, comme don de Dieu, et donc comme un droit pour tous. Elle rappelle qu’à ce titre elle n’est pas un bien comme un autre et pas du tout un bien économique comme un autre. "Sans eau, la vie est menacée. Du coup, le droit à l’accès à l’eau potable est un droit universel et inaliénable."
L’effet dramatique de cette sécheresse est aussi un révélateur d’un modèle d’agriculture reposant essentiellement sur l’irrigation.92 % des productions agricoles de la région en dépendant. Et par ailleurs, 90 % des résidents de l’Etat vivent en ville, où les besoins en eau sont aussi importants. Sans parler des besoins de refroidissement en eau des installations industrielles et nucléaires de la région. Une inquiétude d’autant plus vive que le dernier tremblement de terre dans la région a souligné le danger potentiel concernant par exemple la centrale du Diablo Canyon Power Plant, dans le comté de San Luis Obispo qui procure 7 % de l’électricité califorinienne. Selon Michael Peck, inspecteur en chef de la sécurité sur le site durant 5 ans, le danger réel, comme il l’avait souligné dans un rapport publié en 2013.
DL
source http://ecologyandchurches.wordpress.com