• Eclairage sur le sens du mot « dialogue » Revue MESSAGE » Janvier - Février 2018

                                                                                                                                                        « MESSAGE » Janvier - Février 2018

    Eclairage sur le sens du mot « dialogue »


    Nous sommes tous des êtres portés au dialogue. Le Prologue de saint Jean nous éclaire : « Tout fut par Lui, et rien de ce qui fut ne fut sans lui. » (Jn 1, 3) Ainsi toute religion fut par Dieu. Grâce au dialogue, on peut comprendre sa propre foi. L’Institut de théologie des sciences des religions fonde son étude sur les sciences humaines. C’est une démarche rationnelle à laquelle aucune religion ne peut se dérober et re- mettre en cause les conclusions des chercheurs.

    Au cœur du dialogue, les religions sont toutes à égalité et sont dignes du même respect. Dialoguer exige certaines attitudes. Il requiert une véritable ascèse. Celle-ci rend libres et heureux les gens qui s’engagent dans le dialogue. Pour beaucoup, le mot « dialogue » appartient à toute une constellation de mots apparentés proches, voire interchangeables : conversation, débat, négociation, rencontre, annonce.

    Le dialogue n’est pas une conversation Dans une conversation, les personnes peuvent évoquer n’importe quel sujet en restant superficiel, en s’engageant souvent peu et se remettant peu en question. Par contre, un dialogue est fructueux que s’il s’établit dans le long terme, la confiance, l’investissement de sa parole. S’engager l’un envers l’autre conduit à des profondeurs insoupçonnables.

    Le dialogue n’est pas un débat Dans ce dernier, il y a un gagnant et un perdant. Dans le dialogue, tout le monde est gagnant. Il nous faut toujours chercher une manière de dire les choses qui soit audible. Ainsi nous comprenons mieux notre propre tradition, notre foi car on doit la comprendre autrement pour la formuler simplement.

    Le dialogue n’est pas une négociation Dans une négociation, les gens cherchent un accord plus ou moins acceptable par tous. Ils savent très bien les compromis qu’ils doivent faire. Dans le dialogue interculturel comme dans le dialogue interreligieux, il n’est pas question de faire des compromis pour arriver à un accord. Ni les chrétiens, ni les bouddhistes, ni les musulmans, ni les hindous ne peuvent faire des compromis sur le contenu de leur tradition.

    Le dialogue ne se résume pas à la tolérance

    Dans le Larousse, la première définition de la tolérance est : « le respect de la liberté d’autrui, de ses manières de penser et d’agir. » Dans le Petit Robert, tolérer signifie ne pas interdire. On peut avoir du respect pour l’autre sans montrer le moindre intérêt pour ce qu’il pense ou croit. Tous ceux qui « subissent » la tolérance expérimentent que seuls les gens qui exercent une domination pensent que celle-ci est nécessairement quelque chose de positif. Dans le dialogue, il y a deux acteurs égaux, dont chacun a la conviction que l’autre a quelque chose d’important à lui dire. Chacun a besoin de l’autre, ce qui n’est pas le cas des relations dites tolérantes.

    Dans le dialogue, l’ascèse de l’écoute est première. Ainsi l’altérité est posée d’emblée.

    « L’honnêteté consiste à juger une doctrine par ses sommets non par ses sous-produits. » Ces paroles d’Albert Camus, dans La reine du Caire, en 1948, parle de l’importance de l’honnêteté dans le dialogue. Aurions-nous à ce point besoin de nous sentir supérieurs aux autres pour exister ? Camus a peut-être lu un jour l’édit qu’un empereur indien asoka avait fait graver sur le roc au 3 e siècle avant notre ère et que voici : « On ne devrait pas seulement honorer sa propre religion et condamner les religions des autres, mais on devrait honorer les religions des autres pour cette raison-ci ou cette raison-là. En agissant ainsi, on aide à grandir sa propre religion et on rend aussi service à celle des autres. En agissant autrement, on creuse la tombe de sa propre religion et on fait aussi mal aux religions des autres. (…) Que tous écoutent et veuillent bien écouter les doctrines des autres religions. »

    J’ai passé la plus grande partie de ma vie à dialoguer avec des personnes qui pensent autrement que moi, ou à me préparer à ce dialogue, et ma joie est d’avoir pu saisir presque de l’intérieur quelque chose de l’expérience spirituelle des bouddhistes et des shintoïstes. J’ai pu découvrir également ce qui pouvait faire vivre des personnes de tous les continents. Et cela aussi est extraordinaire. A tort ou à raison, je me sens toujours solidaire de toutes les personnes blessées par les critiques très rudes que leur adressent des gens qui ignorent superbement leurs qualités extraordinaires.

    Propos de Dennis Gira, recueillis par Brigitte lors du week-end interreligieux du 30 septembre – 1er octobre 2017

    source Revue MESSAGE

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