• (doc. 15)

    FAIRE ÉGLISE AUTREMENT

    Le Groupe de théologie contextuelle

     Les membres du Groupe de théologie contextuelle québécoise ont commencé cette ré­flexion par un partage de leurs expériences et aspi­rations respectives à propos du « faire église ». Il en est ressorti un certain nombre d'éléments communs.

    - Malgré nos désaccords avec des pratiques ou des positions institutionnelles qui éprouvent parfois durement notre sentiment d'appartenance, nous constatons que la créativité et la compassion, la sa­gesse et le sens du service n'ont pas déserté l'Église, peuple de Dieu, au point d'en faire une terre dévas­tée. Nous faisons le pari qu'il est encore possible de faire église d'une manière qui peut nourrir une recher­che personnelle de foi dans la liberté, et soutenir des orientations sociales constructives d'avenir. Si l'Église est réponse à la convocation de la Parole et fruit d'un don, celui de l'Esprit, l'aménagement con­cret du rassemblement ecclésial relève de notre res­ponsabilité. En ce sens, il nous appartient de conti­nuer sans cesse à «faire» l'Église, de la faire advenir dans l'écoute du temps présent.

    - L'Église vivante à laquelle nous nous identi­fions se vit dans une certaine discrétion, souvent dans le silence et même dans l'ombre. Ceci ne ré­sulte pas d'une quelconque timidité ou insécurité, mais du choix de privilégier la présence parmi les humbles, la solidarité concrète au quotidien avec les personnes exclues, des gestes et des pratiques por­tant l'espérance au cœur de l'obscurité du monde. Nous voyons là le terreau nourricier de l'expérience ecclésiale.

    - La communauté à laquelle nous nous identi­fions est une communion de réseaux. Elle se vit en alliance autour d'enjeux communs avec des person­nes et des groupes de toutes confessions et convic­tions. Elle cherche à tisser des liens avec tout groupe, organisme ou mouvement qui. œuvre dans un sens où nous reconnaissons une trace d'évangile. Elle croit à la nécessité pour les jeunes et leurs aînés de faire route ensemble sur ce chemin. Elle regroupe de fa­çon privilégiée des femmes et des hommes qui, à travers leur diversité et malgré des divergences de vues occasionnelles, partagent pour l'essentiel une vision commune et mobilisatrice de ce que peuvent signifier pour nous la foi biblique et la suite de Jésus Christ pour l'humanisation du monde et l'intégrité de la création.

    - Au cœur de la vie ecclésiale se trouve l'eucha­ristie. À telle vision de l'Église correspond toujours une pratique eucharistique particulière. Une com­préhension centralisatrice et autoritaire de l'Église, par exemple, donnera lieu à une conception sacrifi­cielle qui entraînera une pratique ritualiste et cul­tuelle de l'eucharistie, où la fonction cléricale oc­cupe le centre de la scène. En ce qui nous con­cerne, nous partageons l'ecclésiologie de Vatican II qui présente l'Église comme peuple de Dieu au ser­vice du monde, notamment des plus pauvres. Dans cette perspective, le repas eucharistique nous plonge dans la« mémoire dangereuse de Jésus Christ », se­lon l'expression du théologien allemand Johann Baptist Metz. Il nous place devant l'injonction du Christ lors de son dernier repas avec ses disciples : « Faites ceci en mémoire de moi », vous apprendrez vous aussi à vous laver les pieds les uns aux autres, à don­ner votre vie jusqu'à livrer votre corps et à verser votre sang les uns pour les autres.

    « Faire église» ne signifie pas pour nous refaire l'Église, ni faire une autre église, mais nous croyons nécessaire de faire église autrement. Ce désir ne con­siste pas simplement à souhaiter une embellie pour une institution séculaire. Nous croyons plutôt que la déconstruction et l'humiliation vécues par l'Église depuis déjà plusieurs années ouvrent le chemin à une réorientation de sa mission. Cette expérience d'incertitude et de déplacement pourrait la rendre capable d'accompagner fraternellement les muta­tions d'une société traversée elle aussi par le doute et l'insécurité. À la différence d'une institution his­toriquement liée aux processus de sédentarisation et de consolidation des sociétés humaines, elle pour­rait apprendre à partager le nomadisme qui caracté­rise pour une bonne part la culture contemporaine.

    Notre conviction est qu'une communauté ras­semblant dans la convivialité des femmes et des hommes habités par le rêve de Dieu pour le monde peut faire une différence dans la société civile elle-­même. Une telle communauté cherche dans la mou­vance des événements les dynamismes les plus por­teurs d'avenir pour la société: la participation, la solidarité, le combat pour la justice et la paix, la con­vergence non coercitive, l'horizontalité des relations humaines, la pensée et l'action alternatives, etc. Elle nourrit l'engagement de ses membres à œuvrer dans ce sens en misant sur la présence, au cœur du réel, d'une force de vie qui la dépasse. En ce sens, faire église peut être vécu comme laboratoire d'une autre manière de faire société, plutôt que comme enfermement dans un ghetto religieux loin du monde réel où l'Esprit est à l'oeuvre.

    Une telle position n'est pas de tout repos. Un système économique et social fondé sur le mercan­tilisme, la recherche du profit à tout prix, le principe de la croissance illimitée, la consommation à outrance et l'indifférence à la détresse des multitu­des jugées «inutiles », ne saurait abriter conforta­blement une telle communauté en son sein. Le fer­ment évangélique est menaçant pour un tel « ordre établi ». On comprend qu'on puisse chercher à le reléguer dans les marges, dans le privé, ou même à le discréditer et à l'étouffer en cas de présence trop dérangeante. Celui qui nous a précédés sur cette voie n'a pas été épargné par les puissances de son temps, mais il n'a pas été vaincu par elles. Une Église qui voudrait se soustraire à un semblable destin, refu­sant d'écouter ce que l'Esprit lui dit aujourd'hui (Ap 2, 7) à travers les « signes des temps », ne serait déjà plus la sienne.

     

    Michel Beaudin, Céline Beaulieu,

    Guy Côté, Roger Éthier,

    Lise Lebrun, Jean Ménard,

    Richard Renshaw, Marcela Villalobos Cid

    Note. Le GTCQ est constitué de personnes actives dans différents groupes sociaux et ecclésiaux. Il existe depuis 1985 et a publié plusieurs textes et documents sur des aspects du présent contexte sociopolitique, culturel ou ecclésial. Sa réflexion se situe dans la mouvance de l'expérience chrétienne.
    La suite LE SONGE DU BANQUET-16


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  • (doc. 16)

    LE SONGE DU BANQUET

    Le Forum André-Naud, Joliette

    A quelques mois de l'ouverture du Congrès eucharistique international de Québec en juin prochain, le Forum André­Naud de Joliette réagit ainsi à la tenue de cette fête de l'eucharistie, pain de vie et de communion.

    L’autre jour, j'étais en prière, absorbé par des  réflexions sur la mort, les passages de la vie, l'après-vie. Des questions se bousculaient dans ma tête, entremêlées d'angoisses et de rêves. Soudain, j'eus un songe.

    Je me promenais dans les jardins éternels, pour employer une image coutumière, quand des anges viennent à ma rencontre. Ils sourient, leur visage est lumineux. Nous nous promenons longtemps dans les jardins et soudain, les anges me font voir les en­fers d'abord! J'ai le ventre barré par la peur et même par la stupeur! Ce que j'aperçois me fige. Je vois une très longue table de banquet richement ornée de fleurs, de chandelles et de mets savoureux et même appétissants. De chaque côté de la table, beau­coup de monde assis, la mine basse, les traits tirés, le visage famélique, les yeux remplis de mépris. Je suis consterné devant la scène. Ce qui me surprend le plus, c'est que chaque convive tient en main une fourchette d'un mètre de long: impossible de por­ter à sa bouche la moindre nourriture. C'est infernal comme ambiance. Tout le monde semble agressif et les injures fusent de toute part.

    Les anges me conduisent ensuite vers les portes du ciel, un lieu renversant de beauté. Là aussi je vois une très longue table de banquet toute décorée de fleurs, de fruits, de mets savoureux. Encore là, des gens de toutes conditions se côtoient dans une am­biance de paix et de tendresse. Chaque convive tient une fourchette similaire à celles que j'avais vues dans les profondeurs infernales. Mais là, ô miracle, cha­que personne fait manger son voisin d'en face. On entend des cris de joie, des mots d'amour.

    Et je vois ensuite le Seigneur Jésus lui-même s'ap­procher de la table du banquet. Je le vois servir les uns ou les autres avec un regard tellement rempli de douceur que je me mets à pleurer. Le Seigneur Jésus passe d'un convive à l'autre en écoutant les confi­dences qm lui sont faites. J'entends près de moi une femme lui avouer son étonnement d'avoir sa place au banquet céleste, à la table du Seigneur, elle qui a été mise à l'écart de la sainte table parce qu'elle vi­vait avec une autre femme. Un autre dit à Jésus: «C'est curieux, moi je me suis toujours senti exclu de la table de mon Église depuis mon divorce d'avec Claire et surtout depuis mon remariage et j'en ai beaucoup souffert. » J'en entends un autre dire: «Moi je pensais que c'était pas ma place ici à cette table céleste, car les gens de ma communauté et même un confrère-prêtre m'ont jugé sévèrement après que j'aie quitté ma vie de prêtre. Si tu savais, Jésus, comment j'ai vécu dans le rejet. » Un autre, un gay celui-là, dit à Jésus: « Si tu savais comme je me sens comblé d'avoir ma place chez toi. J'en ai bavé un coup pendant ces années où j'ai dû subir tant de paroles de mépris. »

    En voyant le Seigneur Jésus ouvrir ainsi son cœur, je me souviens de sa rencontre avec la Samaritaine, elle, l'étrangère, à qui il a donné de l'eau vive. Je me souviens du fils prodigue pour qui le père a fait la fête; je me souviens aussi du bon larron entré avec Jésus dans le Royaume; je me souviens de Matthieu, le publicain, avec qui Jésus a pris son repas. Je me souviens de Pierre à qui Jésus a fait confiance mal­gré son reniement. Je revois tous ces malades pour qui Jésus est venu sur terre. C'est vrai, Jésus n'a-t-il pas été accueillant envers toutes ces personnes qui vivaient des exclusions, ne les a-t-il pas accueillies à sa table?

    Et le Seigneur Jésus devient tout triste et peiné en recevant ces confidences de réaliser comment son Église a exclu tant de gens à la table du banquet. Alors, Jésus crie d'une voix forte: « Venez les bénis de mon Père, car j'avais faim, j'avais soif, j'étais mar­ginalisé et exclu et vous êtes venus jusqu'à moi ... »

    Cette voix forte de Jésus me fit sursauter et je sortis précipitamment de mon songe ... J'étais devenu bien songeur ...

     

    Pierre-Gervais Majeau, Michel Bourgault,

    Gilles Dugal, Raymond Gravel,

    Jean-François Perron, Éric Tessier

    La suite PRENDRE LA SORTIE -17


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  • (doc. 17)

    PRENDRE LA SORTIE

    Des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame

     

    Le texte qui suit exprime la réflexion d'un groupe d'une vingtaine de sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. Les membres de ce groupe se rencontrent périodiquement pour cultiver leurs connivences de fimd, relire et questionner leur expé­rience, se relancer par rapport à leur mission :prolonger a~jourd'hui le projet social et éducatif de Marguerite Bourgeoys dans la société d'ici.

    Julie et Sophie s'efforcent de consoler une famille « chassée»
    de son appartement pour incapacité de paiement.

    Trouver une solution rapide n'est pas chose simple.

    Or il est 16 heures et les cloches de l'église rappellent
    que bientôt la messe commencera.

    Il leur faut partir maintenant pour ne pas être en retard.

    Elles quittent sur le champ en promettant de prier pour que tout se passe bien.

     

    Cette exemple et d’autres semblables, encore fréquents a une époque pas si lointaine, nous renvoient aux lieux concrets de nos engagements solidaires en ces diverses régions du Québec où, pour la plupart, nous habitons depuis de nombreuses années. Ils nous renvoient surtout à la signification que nous donnons à l'eucharistie et plus précisément au rapport qui existe entre celle-ci et la vie. La relec­ture de leur expérience n'aurait-elle pas amené Julie et Sophie à la conclusion qu'elles auraient dû « man­quer la messe» ?

    Sans ignorer la scandaleuse réalité des conditions inhumaines dans lesquelles se débattent tant d'êtres humains appauvris, opprimés, exploités et exclus, nous voulons spécialement ici faire écho à la vie de toutes ces femmes « maganées » dont nous deve­nons progressivement solidaires au fil des jours. Entrevoir la profondeur de leur détresse, pouvoir mesurer l'ampleur de leurs besoins, voir à quel point leur dignité et leurs droits sont bafoués, leurs com­pétences et leurs savoirs non reconnus, leur citoyen­neté dévalorisée, leur personne chosifiée, leur corps marchandisé et leur parole bâillonnée. Mais aussi découvrir la lumière au fond des yeux, la source encore capable de jaillir, les rêves et les espoirs qui sommeillent, les élans de créativité, le courage re­marquable qui fait rebondir ...

    Combien notre regard change à leur contact! Avec une plus grande justesse, nous réalisons que, comme femmes, nous « subissons » nous aussi des situations d'inégalité, d'injustice et de marginalisation auxquelles nous n'avons aucunement consenti. Ce­pendant c'est prioritairement à partir de celles qui sont humiliées, collées au sol et laissées pour compte que nous analysons les réalités jusque dans leurs causes structurelles (système patriarcal, économie néolibérale et autres) et que nous cherchons à gar­der l'avenir ouvert. Conscientes qu'elles demeurent les agentes premières de leur libération, nous ap­prenons à identifier avec elles la nouveauté possible et à devenir leurs partenaires de marche sur ces che­mins prometteurs.

    C'est également au cœur de ces solidarités, parti­culièrement avec les femmes, que nous revisitons notre Tradition théologique et spécialement celle de l'eucharistie; qui peut, mieux que les femmes, com­prendre le « ceci est mon corps », ceci est ma VIE ? Nous ferons cependant ici référence surtout à la tra­dition testamentaire présentée particulièrement par l'apôtre Jean (13, 1-20). Or celui-ci, dans le récit du dernier repas, évoque le lavement des pieds où Jé­sus, par une« sortie de table », se met dans la situa­tion de celles et ceux qui ne peuvent partager le re­pas. En fidélité constante avec lui-même, en ce mo­ment crucial de son existence, il nous laisse en héri­tage ce testament qui est l'aboutissement de toute sa vie: son histoire avec son peuple, sa liberté con­fiante envers son Père, sa proximité singulière avec les gens exclus, sa connivence remarquable avec les femmes, ses actions et ses paroles libératrices ... C'est donc tout CELA que nous actualisons en célébrant l'eucharistie. C'est toute SA VIE offerte et donnée pour que tous les humains aient la vie en abondance. Quelle résonance particulièrement profonde ce CELA peut avoir chez nous, femmes de tous âges et de toutes conditions ! Femmes amoureuses de la vie, porteuses de vie, artisanes et donneuses de vie.

    Comment parler d'eucharistie ou de communion et ne pas rappeler ici les exclusions qui perdurent dans l'Église catholique et dont la forme la plus évi­dente est le refus d'ouvrir aux femmes l'accès au ministère ordonné et donc à la présidence de l'eucha­ristie. Exclusion centrale dont il ne faut pas mésesti­mer l'impact sur les femmes elles-mêmes, sur leur statut dans l'institution, sur la proclamation et la célébration de la Parole, sur l'ensemble de la vie ec­clésiale et sur l'élaboration du discours théologique, à commencer par l'image de Dieu. Pour la théolo­gienne Alice Gombault, il s'agit d'un « apartheid anthropologique» et elle ajoute : « Les enjeux d'une présidence de l'eucharistie ne sont pas seulement ecclésiaux mais aussi sociaux. Par sa pratique et la légitimation de celle-ci, l'Église participe au sexisme ambiant» (<< Elle prit le pain ... », dans Relations, nu­méro 722, février 2008, p. 19.).

    Faire eucharistie aujourd'hui, pour nous, c'est reconnaître maintenant l'héritage, l'inspiration, l'audace prophétique du Galiléen et accueillir le Vi­vant parmi nous. C'est célébrer les multiples efforts et les moindres victoires qui jalonnent nos routes vers la libération. C'est réentendre ensemble l'invita­tion pressante à enfanter nouvellement l'humanité, comme femmes et avec d'autres, afin que chacune et cha­cun puissent partager le pain et la parole. Pour y arriver, ne sommes-nous pas encore et encore con­viées à « sortir de table» pour changer les règles du jeu en créant les conditions nécessaires à la resolidarisation sociale? Puisse le Congrès eucha­ristique solliciter abondamment l'Église d'ici à « prendre la sortie » !

    Question: Quels sont les lieux où nous prolon­geons la pratique du Galiléen à sa « sortie de table» ? Ou : comment l'eucharistie peut -elle devenir un lieu de réelle solidarité avec les exclues ?

     

    Céline Beaulieu

    Yvonne Bergeron

    Denise Brunelle

     

    La suite et fin CONCLUSION ET ANNEXES


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  • CONCLUSION

    Pour le temps qui naît: sage-femme demandée

     

    À l’heure où la recherche de l'identité préoccupe plusieurs personnes, le congrès eucha­ristique international de Québec propose une dé­marche centrée sur l'adoration du pain consacré. Nous sommes de ceux et de celles qui pensent que l'identité chrétienne ne peut se restreindre à cette dévotion et qu'il est plus pertinent de partir de no­tre monde actuel qui, comme le voyait déjà Paul en son temps, « gémit actuellement dans les douleurs de l'enfantement». (Rom. 18). Nous sommes, en effet, à l'aube d'une nouvelle civilisation et la ques­tion se pose de savoir ce que nous pouvons y appor­ter comme croyants et croyantes en l'évangile. Lors de son dernier repas, Jésus nous a laissé, dans le mime de la sortie de table, l'anticipation qu'il proposait à ses disciples, à savoir le rassemblement de tous les humains autour d'une table commune et une criti­que du pouvoir qui doit sans cesse redécouvrir sa tâche de service, en particulier des personnes ex­clues.

    Avec cette clé en main, nous pouvons déjà es­quisser les chemins d'une « résurrection perma­nente » qui nous est proposée et celui d'un combat pour que tout le monde ait sa place à table. Dans cette foulée, l'alliance avec cette Présence qui nous accompagne transfigure nos efforts et suscite de nouvelles alliances avec les gens. La vérité que nous cherchons n'est pas de l'ordre abstrait mais se de­vine grâce aux liens que nous retissons avec les autres. L'égalité hommes/femmes en est un lieu privilégié, de même que la vie démocratique, la justice interna­tionale et la sauvegarde de la planète. C'est dans ces « lieux» que nous pouvons relire l'évangile et laisser les personnes exclues nous étonner de leur compé­tence.

    Dans notre milieu, la situation précaire du travail dans des régions entières, l'allergie devant la solida­rité économique de trop de gens enrichis, nous inci­tent à travailler avec d'autres à refonder la distribu­tion des fiches ses. Cet objectif devient encore plus pertinent quand on voit la montée d'une crise sé­rieuse dans le monde de l'alimentation, qui risque de frapper durement les personnes les plus fragili­sées de notre société. Chose certaine, ce n'est pas en multipliant les centres de dépannage alimentaire que nous allons régler la situation mais par des ini­tiatives de coopération et des mesures politiques. De même, nous faudra-t-il multiplier les contacts et les efforts avec nos voisins d'autres cultures et religions pour travailler ensemble à relever les enjeux sociaux qw nous sont communs.

    Au niveau des structures de nos Églises, il nous apparaît clair que la « réingénierie » actuelle des lieux de culte ne peut épuiser le champ des possibles. Des réseaux souples d'échanges, bien enracinés dans leur milieu, commencent à se mettre en place. Il nous faudra les multiplier pour accompagner les différents nomades que nous sommes devenus. Nous pour­rons alors disposer de lieux de prise de parole, de discernement évangélique des enjeux sociaux, sus­ceptibles de faire une place aux personnes actuelle­ment exclues et, au besoin, de créer de nouveaux ­et de nouvelles - responsables de communautés célébrantes.

    En somme, nous sommes persuadés que la prise au sérieux du courant testamentaire de l'eucharistie pourra débloquer l'avenir d'un grand nombre et voir, dans l'identité chrétienne, moins un trésor à défen­dre ou un refuge à aménager contre les changements à entreprendre, qu'un chemin à emprunter avec les gens de notre société et l'acceptation d'une remise au monde mutuelle. Le Souffle que le Nazaréen nous a promis avant de partir en est sans doute la sage­-femme.

     

    Guy Paiement

     

    ANNEXES

    1. POUR ALLER PLUS LOIN

    • Pierre Prud'homme, Libérer l'avenir: prières de solidarité, Montréal, Bellarmin, 2006.

    ·Normand Provencher, Une place à part entière. Les divorcés remariés dans l'Église. Montréal, Novalis, 2007, 120p.

    • Alain Ambeault, Autopsie d'un débat avorté. Ottawa, Novalis, 2007, 214 p.

    • Guy Paiement et al, Témoins d'un parcours: la communauté de base des chemins, Montréal, 2007,59 p.

    • Claude Lefebvre et Hélène Bournival, Le Forum André-Naud, 1 re assemblée générale, Montréal, 2007, 50 p.

    ·Les Journées sociales du Québec, Débloquer l'avenir. Les Actes des Journées sociales de Saint-Hyacinthe, juin 2007, 80 p.

    ·L'Entraide missionnaire, À contre-courant, les résistances dans le monde, colloque annuel, les 8-9 septembre 2007.

    • « Eucharistie et société », Relations, no722, février 2008.

    • « Eucharistie et solidarité universelle », Présence/Magazine, vol. 17, n° 129, mars-avril 2008.

    • « Eucharistie et pouvoir clérical », L’Autre Parole, n° 117, printemps 2008.

    Sites internet :

    www. journeessociales.org

    www. sentiersdefoi.org

    www.culture-et-foi.com   cultureetfoi@videotron.ca

    forum.andre.naud@sympatico.ca

    www.revuerelations.qc.ca   relations@cjf.qc.ca

    www.lautreparole.org

    www.radiovm.com



    ANNEXES

    II. MILITANTES ET MILITANTS ENGAGÉS DANS LA DÉMARCHE

    Guy Paiement, jésuite, président des Journées sociales du Québec

    Michel Rioux, journaliste et historien syndical, membre du comité national des Journées sociales du Québec

    André Gadbois, co-président du Forum André-Naud

    Pierre Prud'homme, permanent au Mouvement des travailleurs/travailleuses chrétiens du Québec, membre du comité national des Journées sociales

    Élisabeth Garant, Directrice du Centre Justice et Foi

    Lise Baroni Dansereau, présidente du Centre culturel chrétien

    Claude Giasson, président du Réseau Culture et Foi

    Marcela Villalobos Cid, avocate, agente de pastorale sociale dans le Centre-Sud de Montréal, membre du comité national des Journées sociales

    Jonathan Blais, animateur spirituel à l'UQAM, membre du comité national des Journées sociales

    Yvonne Bergeron, Congrégation de Notre-Dame, théologienne et bénévole à Développement et Paix, membre du comité national des Journées sociales

    Suzanne Loiselle, directrice de l'Entraide missionnaire

    Richard Renshaw, théologien, membre du Groupe de théologie contextuelle

    Jean-Paul Saint-Amand, directeur de la pastorale sociale de Saint-Hyacinthe, membre du comité national des Journées sociales

    Gérard Laverdure, animateur social, directeur du site Sentiers de Foi, Chrétiens Chrétiennes dans la Cité

    Alain Ambeault, Clerc de Saint-Viateur, membre de GATEOS

    Carmina Tremblay, Collective L'autre Parole, membre du comité national des Journées sociales

    Jacques Tobin, Chrétiens Chrétiennes dans la Cité


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