• Humains, Chrétiens....Responsables ! - Arc-en-ciel

    Extrait du Bulletin Arc-en-ciel no 17 de la fraternité de Lons le Saunier. Merci à Bernadette et Guy.

    Humains, Chrétiens....Responsables !

    Voilà si longtemps, lorsque j'ai donné la vie à mon premier enfant, on parlait déjà de "protection de la Nature". C'étaient les années 70. L'écologie c'était éviter de détruire les milieux de vie des espèces sauvages, en particulier, les oiseaux. ...Et à ce moment, ceux qui étaient sensibles étaient les scientifiques, les "naturalistes" disait-on.

    Et les choses ont pris petit à petit une tournure différente...Bref, petit à petit la réflexion s'est approfondie : c'était toute une société, tout un mode de vie, qu'il fallait repenser.


    Pape François a complété cette évolution vers une réflexion élargie avec la publication des Encycliques "Laudato Si" en 2015 et Fratelli Tutti en 2020.

    Il me semble aujourd'hui, à la suite des temps que nous avons vécus depuis plusieurs mois qu'on ne pourra soigner l'Homme sans soigner la Terre...(et réciproquement!).

    Et je vois les "soins possibles" à quatre niveaux différents, pour y parvenir :

    - individuellement, "à la maison" et cela est à la portée de la bonne volonté de tout un chacun, vivre la "sobriété heureuse", selon l'expression maintenant adoptée, en refusant la consommation abusive (voire dangereuse), en faisant la différence entre l'utile et le futile (selon l'expression de l'un d'entre nous) ! On choisira par exemple les aliments non emballés, les objets "faits pour durer". On privilégiera les productions locales dans tous les domaines où cela sera possible.

    Il n'est pas nécessaire de développer davantage cette idée, chacun au jour le jour découvre les moyens de diminuer son impact sur la santé de Soeur-Mère Terre.

    - toujours sur le plan individuel, réfléchir à la portée de ses actes, et aider à la réflexion personnelle par l'information et l'observation :
    Pour cela, on limitera l'usage de ce qui risque de devenir rare en évitant le gaspillage de l'eau, du carburant, de l'électricité...
    J'ai envie d'imaginer l' "en deça "de la prise de courant nous fournissant les 220 volts : la ligne à haute tension, la centrale électro-nucléaire, et le fleuve qui devra fournir l'eau de refroidissement . Quel est le coût énergétique de la construction de tout cela ?...Est ce que "toujours plus" est possible sur une Terre dont les ressources sont limitées ?

    Plus proche de nous ....C'est le printemps, les pâquerettes commencent à fleurir sur les pelouses, dans les lotissements et les jardins publics, les pissenlits aussi...il faut que tout cela soit "propre". La ronde des tondeuses alors commence autour des pavillons, privant les insectes, et en particulier les abeilles, du pollen des pissenlits, pour ne citer qu'eux. Mais j'ai aussi remarqué la Cétoine dorée sur mon pied de rhubarbe, les abeilles et les bourdons sur les bourraches, dont je mets par ailleurs quelques feuilles dans le potage, les abeilles sur les pieds d'oeillettes, splendides coquelicots de couleur parme dont les graines servaient autrefois à faire de l'huile et qui se ressèment chaque année !

    - Dans les milieux non urbanisés, en particulier dans notre région où les parcelles ont longtemps été limitées par les murets de pierre sèche sur lesquels s'est accroché le lierre, l'observation nous permet de voir l'affluence des insectes et en particulier des abeilles sur le lierre en fleur à l'automne. Elles reconstituent et arrondissent leurs réserves pour l'hiver après le prélèvement sur les provisions réalisé par l'apiculteur amateur ou professionnel. (même chose d'ailleurs avec le fruit des ronces qu'on cherche tant à éliminer).
    Les milieux dont on vient de parler, et d'autres d'ailleurs, sont aussi d'excellents refuges, pour de nombreuses espèces, pour l'hiver..."Tout est lié !"

    - au-delà, nos capacités d'intervention pour la préservation de notre Soeur Mère Terre semblent plus réduites. Cela ne dépend plus qu'indirectement de nous par les choix d'intervention et de consommation que nous aurons faits.
    Toujours dans les milieux ruraux dans lesquels ou à proximité desquels nous vivons, nous remarquons les changements dans le mode d'exploitation de la terre nourricière...d'ailleurs on a oublié la profession de paysan au profit de l'"exploitant agricole" ! L'élevage intensif dans nos régions a fait perdre beaucoup d'importance à la fenaison en juin. Les herbages souvent ont été remplacés par des semis de "ray-grass" et l'utilisation d'engrais azotés, la fenaison trop précoce sans respect des dates de nidification des oiseaux fait avorter bien des couvées et tue bien des insectes (1) Autant de perdu pour la biodiversité.

    De la même manière, certains oiseaux nichent à terre au bord des routes, (bruants, traquets, bergeronnettes...). L'habitude de faucher les talus coûte cher en énergie, temps de travail, et nuit à la reproduction de ces espèces. Il serait souhaitable que les communes rurales évitent la fauche prématurée des banquettes herbeuses le long des chemins peu utilisés par les promeneurs. Même chose le long des routes.

    Toujours en zone rurale, où les atteintes au milieu sont les plus visibles, le recours au drainage des zones humides ou mésophiles est une erreur pour le présent, : suppression de milieux permettant la vie des espèces végétales et animales inféodées (batraciens, insectes, mammifères, reptiles... faisant partie de la chaîne alimentaire), mais aussi pour l'avenir, compte tenu des changements climatiques en cours dont elles pourraient limiter les effets(2).
    Toutes les situations que nous venons de décrire restent encore dans nos pouvoirs d'intervention, peu ou prou, par l'attitude personnelle, l'information et l'influence possibles sur les pouvoirs locaux...Mais il y a, au-delà, bien d'autres atteintes gravissimes à la "santé" de la Terre et de la Vie.

    - Plus nous nous éloignons de nos milieux de vie, plus il nous semble que nous sommes dénués de tout pouvoir : .C'est ainsi qu'il est nécessaire que tout un chacun tienne à être informé des besoins de la Vie et des mesures que prennent parfois les Etats :. Ces mesures vont trop souvent à l'encontre des besoins des habitants, mais aussi de toutes espèces animales et végétales. Les citoyens sont ainsi amenés à se sentir responsables des décisions de leurs représentants sur lesquelles ils peuvent agir de manière non violente, personnellement, et par l'intermédiaire des mouvements associatifs (3) .

    "La sagesse ne se forge pas [...] avec une somme d'informations dont la vérité n'est pas assurée" , nous rappelle Pape François (p.37 Fratelli Tutti). Il faut être conscient du rôle considérable de l'information dans notre société ; les médias sont ainsi généralement peu critiques vis à vis de ces problèmes et nous laissent dans l'ignorance ou le doute. Les services de l’État, pour leur part, sont souvent décevants quant à leur gestion des problèmes de protection des milieux (gestion des forêts, ou organisation de l'activité de chasse et protection de la faune sauvage, qui vont à l'encontre de la protection de la nature. Là encore ,"tout est lié" .


    - La dernière étape de ma réflexion concerne notre situation de société mondialisée : au-delà ou avec les États, nous trouvons des accords commerciaux qui vont, par le libre-échange (4), amener l'exploitation des pays pauvres par les riches qui ont besoin de terres, de bois, de minerais, de terres rares, etc...
    Les grands projets internationaux, avec les Etats eux-mêmes, se réalisent toujours au détriment des populations qu'ils concernent : gazoduc- Alaska-Etats-Unis, voie ferrée Lyon-Turin, destruction de la forêt amazonienne, surexploitation des océans (Océan Indien en particulier) pour ne citer que ceux là.
    Là encore, la réflexion de Pape François nous propose responsabilité et activité, même à ce
    niveau (page 122 de Fratelli Tutti) :"Il est impossible de résoudre les graves problèmes du monde en ne pensant qu'à des formes d'entraide entre individus ou petits groupes"

    Il semble pour conclure cette réflexion que les quatre niveaux sur lesquels l'on peut agir sont

     
    complémentaires. On aura peut-être l'impression que seule l'action individuelle dans les gestes de tous les jours est possible, mais, si elle est plus facile, elle n'est pas pour autant suffisante. L'information juste de chacun est indispensable et entraîne le sens de la responsabilité et de l'action possible au-delà.
    L'Evangile de Matthieu 20,25-26 :"Vous savez que les chefs des Nations dominent sur elles en maîtres, et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous" (p.238 Fratelli Tutti)

    Seules l'information, la conscience évoluée des peuples, leur volonté d'agir dans le cadre du "bien commun" permettent la pérennité de la vie de tous et de tout sur notre unique Terre.

    (1) de nombreuses espèces nichent au sol : courlis, busards, alouettes....Il serait souhaitable que l'agriculteur, dans le pire des cas, après observation des allées et venues des oiseaux connaisse leur existence et après avoir balisé à l'aide d'un piquet par exemple, pratique une fauche centrifuge, en laissant autour du lieu de nidification un espace élargi où il pourra revenir une ou deux semaines plus tard et en s'éloignant ainsi de plus en plus de la couvée.
    (2)La loi sur l'eau de 1992 a abordé le problème ; les décrets d'application limitent cette activité par une étude préalable, mais la plupart du temps les exploitants eux-mêmes ignorent cette réglementation et réalisent ou font réaliser ces travaux sans qu'il en soit tenu compte.
    (3) penser aux manifestations qui se sont déroulées dans plus de 160 villes de France, le 9 Mai dernier, après le vote de la "Loi Climat" qui n'a rien retenu des propositions des 150 citoyens qui y avaient travaillé pendant plusieurs mois à la demande du gouvernement.
    (4) Nous avons déjà parlé des problèmes de libre-échange et de traités commerciaux signés par des Etats au détriment des pays pauvres, en particulier d'Amérique Latine, de l'usurpation des terres qu'elle permet pour les plantation de soja, pour l'or rouge (ketchup), le rôle de l'Union Européenne serait à étudier, en particulier vis à vis des pays de l'ancienne Europe de l'Est.
    Voir aussi nos n°15 et 16 d'Arc en Ciel.

    Bernadette Janin

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