• JMJ : les saltimbanques de Dieu font voyager les mots vers Madrid -La Croix

    JMJ : les saltimbanques de Dieu font voyager les mots vers Madrid.

    Une trentaine de jeunes comédiens catholiques du diocèse de Cambrai se sont mis en route samedi 6 août pour les JMJ.

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    (FRANÇOIS-XAVIER MAIGRE)

    Les saltimbanques de Dieu jouent une version moderne du procès de Paul, du nord de la France à l’Espagne.

    Jusqu’à Madrid, ils sillonneront la France en donnant, chaque soir, une pièce mettant en scène le procès de saint Paul.

    Comme souvent dans le Nord, l’histoire commence près d’un stade. Et pas n’importe lequel : le mythique stade Nungesser fit naguère les riches heures du club de Valenciennes avant sa fermeture récente. Il y a peu, ce haut lieu du football français fut aussi le symbole du dynamisme de l’église locale. À la Pentecôte, Mgr François Garnier, archevêque de Cambrai, y a célébré 700 confirmations !

     

    C’est donc tout naturellement que les « Saltabancos de Dios », l’un des groupes JMJ du diocèse, ont choisi d’y démarrer samedi 6 août leur aventure. Dès 13 heures, sous l’œil gentiment railleur d’une poignée de supporteurs attablés à la terrasse d’une friterie, les sacs à dos se sont amoncelés sur le parking dans une joyeuse pagaille.

    Derniers adieux aux familles. Ultimes recommandations – « Si quelqu’un vous propose du “chocolate” en Espagne, refusez : c’est de la drogue », prévient Virginie, jeune religieuse vêtue d’un polo rouge vif, emblème du groupe. Puis, comme le veut la tradition, les aumôniers bénissent les jeunes qui tentent de conjurer la grisaille en chantant, toutes guitares dehors.

     

    De fines gouttes commencent à tomber. « Une “chtiote” pluie de rien du tout », se rassure l’un deux, un œil inquiet vers le ciel. D’ici, c’est vrai, la douceur ibérique semble encore lointaine. Car pour rallier le pays de Cervantès, ces 33 jeunes, tous férus de théâtre, ont choisi de sillonner la France, puis l’Espagne, à la rencontre des vacanciers. Chartres, Poitiers, Bordeaux, Bayonne, Salamanque puis Madrid…

    « Si l’on est enraciné dans le Christ, rien ne peut nous arriver »

    Chaque soir, ces saltimbanques de Dieu témoigneront de leur foi, sur les planches : « Nous avons imaginé cette route pour tous ceux qui nourrissent une fibre artistique », explique le P. Venceslas Deblock, jeune prêtre de Cambrai, auteur de Paul and co, la pièce que ces jeunes répètent sans relâche depuis le mois de janvier.

    Le sujet ne tient pas au hasard : le thème de ces 26es  JMJ, « enracinés dans le Christ, affermis dans la foi », est extrait de la lettre de Paul aux Colossiens, et le P. Deblock, comédien dans l’âme, a eu l’idée d’imaginer le procès de l’Apôtre des Gentils à partir de ce texte qui embrasse tous les aspects de la vie chrétienne. « Notre message, explique-t-il, c’est que si l’on est enraciné dans le Christ, rien ne peut nous arriver. » Mais à quelques heures de la représentation, le temps presse. L’exégèse attendra.

     

    Ce soir, la grande première doit être donnée à Bouchain, à une quinzaine de kilomètres de là. « Parents, amis, venez nous applaudir ! L’entrée est libre. Pour la sortie, vous verrez… », conclut Jérôme Chauvency, 28 ans, personnalité joviale chargé du projet. Ni une ni deux : embarquement, ceintures bouclées, et voici la troupe des saltimbanques sur la route des JMJ.

     

    Isabelle, animatrice de 44 ans, a disposé tout un tas de grigris sur le tableau de bord : un chat, une tortue, et surtout un angelot, censé veiller sur l’équipée tout au long du voyage. « Hé, la pouilloute, priorité à droite ! » décoche-t-elle, au premier carrefour, à une automobiliste pressée, provoquant l’hilarité dans l’habitacle. À peine franchis les premiers virages, et déjà, l’un des minibus vient de décrocher. « Les bourriques, ils ont pourtant un GPS ! Qu’est-ce que ce sera en Espagne ! » Il se dégage une fraîcheur, une bonne humeur qui donne à cette aventure picaresque une saveur irrésistible.

    « L’Évangile n’est pas quelque chose de mort »

    Bouchain, ses petites maisons de brique, son troquet convivial et sa médiathèque entièrement restaurée : c’est dans cette superbe salle de 300 places que les saltimbanques doivent inaugurer leur spectacle. « Ne poussez pas trop vos voix, pensez à articuler », conseille le P. Deblock. En coulisses, chacun s’affaire : repassage des costumes, réglage de la sonorisation, ajustement des éclairages… « Moins jaune, le spot sur la Vierge, on dirait qu’elle a une maladie du foie ! »

     

    Sur scène, l’un des acteurs s’interrompt en plein monologue. Trou noir. Les souffleurs ne chôment pas. Tension, à moins de deux heures du lever de rideau. Mais au moment où la salle se remplit, la magie opère. Ce singulier procès de Paul, ancré dans l’actualité, tient le public en haleine. À la barre se succèdent ses défenseurs (Thomas, Madeleine, Zachée…) et ses détracteurs (une journaliste très contemporaine, une ado, le diable et même la mort en personne).

     

    « Ce qui me plaît, c’est de montrer que l’Évangile n’est pas quelque chose de mort, mais une parole qui nous est donnée pour aujourd’hui », témoigne Marie-Aline, 23 ans, qui joue le rôle de l’apôtre. Paul, dit-elle, « n’est pas un moralisateur, il a le souci de comprendre les autres. Être chrétien, ce n’est pas être un surhomme, mais vivre sa foi avec ceux qui nous entourent ». Et c’est sans doute cette sincérité qui a emporté l’adhésion du public ce soir-là.

    « En jouant, ces jeunes deviennent eux-mêmes porteurs d’un message. C’est l’inverse du schéma habituel, où ce sont les adultes qui enseignent », remarque le P. Deblock. « Le théâtre est un moyen léger d’aborder les sujets profonds », estime pour sa part Lionel, lycéen de 16 ans originaire de Maubeuge. Bertrand, 18 ans, en est convaincu : « Cette pièce peut toucher ceux qui ne viennent pas à la messe habituellement. »

     

    Après une courte nuit, dimanche 7 août, chez les Servantes des pauvres de Denain, les saltimbanques ont repris la route. Direction la Beauce, Chartres et sa cathédrale gothique… Un clin d’œil à ces « JMJistes » qui réinventent, sans le savoir, la tradition des « mystères » du Moyen Âge.

     

    FRANÇOIS-XAVIER MAIGRE, à Valenciennes

    Source http://www.la-croix.com

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