• La conversion de Paul selon Michel-Ange - InterBible

    La conversion de Paul selon Michel-Ange

    La conversion de saint Paul

    (photo : Web Gallery of Art)

     La conversion de saint Paul est une fresque biblique de la chapelle Paolina du Vatican, réalisée par Michel-Ange vers 1542-1545. Elle présente une scène complexe où se côtoient plusieurs personnages. Les deux figures principales du récit, Paul et Jésus, sont vêtues dans les mêmes tons et semblent liées par le rayon de lumière provenant du Christ. Ces deux personnages écarlates semblent relier deux mondes : un monde céleste, qui gravite autour de Jésus, et un monde terrestre dont Paul est l’épicentre.

         Qui sont les autres figures qui sont représentées dans le ciel? Ils n’ont pas l’apparence habituelle des anges ou des chérubins. On peut supposer qu’il s’agit de l’âme des chrétiens persécutés par Paul : Jésus pointe un doigt vers eux en semblant dire : « Pourquoi leur faire du mal? » Jésus, avec son autre main, projette directement sa lumière sur Paul [1]. Ce n’est donc pas une lumière qui enveloppe tout, mais un rayon précis qui établit un pont entre Paul et Jésus, une ligne droite qui relie le monde céleste rempli d’âmes persécutées et un monde terrestre rempli de persécuteurs. En effet, Paul est entouré de plusieurs compagnons de voyage qui, on peut le supposer, se rendent à Damas avec lui pour accomplir sa sombre mission.

    Une peinture, trois récits

         Les trois textes issus des Actes des apôtres qui racontent la conversion de Paul (Ac 9,1-9;22,3-11; 26,9-18) sont assez similaires. Ces trois textes font mention d’une forme de mandat délivré par les autorités du Temple à Paul qui, sur la route vers Damas, est surpris par une vive lumière. Il est projeté à terre et entend une voix qui le questionne sur la raison de ses persécutions. Ac 9 et Ac 22 précisent qu’à la suite de cette apparition, Paul est aveuglé et a besoin d’aide de la part de ses compagnons, qui le prennent par la main pour le conduire jusqu’à Damas. Les autres différences entre ces trois textes surviennent dans les catégories suivantes : a) l’heure de la vision, b) ce que disent Paul et Jésus et c) comment les compagnons de voyage de Paul sont affectés par la vision. Seuls Ac 22 et Ac 26 mentionnent l’heure de la vision : elle survient « vers midi » dans Ac 22 et « à midi » au chapitre 26. Dans Ac 22, Jésus se présente comme « Jésus de Nazareth », alors qu’il ne mentionne que son prénom dans les deux autres textes. De plus, c’est uniquement dans cette version du récit que Paul demande à Jésus ce qu’il doit faire. Enfin, dans Ac 26, les explications de Jésus au sujet de la mission de Paul sont beaucoup plus élaborées que dans les deux autres textes : Jésus enjoint seulement Paul de continuer sa route vers Damas, où il recevra d’autres instructions. Les effets de la vision sur les compagnons de Paul varient également : soit ils entendent la voix de Jésus (Ac 9) ou ne l’entendent pas, mais voient la lumière (Ac 22), ou encore tombent tous par terre avec Paul (Ac 26).

         Michel-Ange effectue ici une synthèse des trois récits des Actes : les compagnons de Paul semblent à la fois voir la lumière et entendre la voix du Christ. Certains d’entre eux sont également tombés à la renverse à l’instar de Paul. La vision crée un climat de chaos : certains voyageurs sont comme hypnotisés, d’autres se protègent de la lumière éblouissante avec leurs bras ou leur bouclier. Le personnage à droite se bouche les oreilles tant la voix de Jésus est forte, et  d’autres semblent terrorisés et fuient carrément la scène.

    Paul

    Tomber de son cheval

         Pratiquement toutes les représentations de ce récit montrent Paul tombant de son cheval. Or, aucun des textes ne mentionne cet animal. Le fameux cheval est présent dans la fresque de Michel-Ange, mais on ne peut conclure que c’est bien la monture de Paul. Celui-ci, couché par terre, forme une certaine symétrie avec le personnage de Jésus : le sol où il est couché est plus clair (en raison de la lumière? ou est-ce uniquement le sable?), ce qui forme une sorte d’aura autour de lui. Manifestement foudroyé par la lumière de Jésus, il semble effectivement aveuglé. Un compagnon – qui semble avoir réussi à garder son calme – le soutient et fait écho au texte biblique. On peut s’imaginer qu’il aide Paul à se relever par la suite avant de le guider jusqu’à Damas.

         En somme, cette fresque illustre la puissance de Jésus, sa capacité d’intervenir de manière précise et fracassante, ainsi que le lien qu’il incarne entre le monde terrestre et le monde céleste.

    [1] Je regarde trop de films de superhéros avec mes fils apparemment : Jésus me fait penser à Ironman sur cette toile, en rouge et orange avec son rayon !

    Pierre Alexandre Richard

    Source www.interbible.org
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