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La tristesse et la joie - Suzanne
La tristesse et la joie
Ce duo de sentiments que sont la joie et la tristesse ne sont pas de simples états affectifs éphémères mais des modes d’exister primordiaux, une des clés de notre bien-être. Dualité au cœur de laquelle s’opposent le vivifiant et le mortifère, la fécondité et la stérilité, la communication et l’isolement, le chemin et l’impasse. François d’Assise a fait de la joie une puissance de vie dans laquelle il a puisé au cœur même de ses plus grandes tristesses.
La vie céleste est joie terrestre. Cette affirmation ne tient-elle pas du paradoxe ? Ne heurte-t-elle pas le bon sens commun ? La joie est vérité, la tristesse est illusion. Là encore, affirmation que rien n’étaie, que la joie même. Devant les désillusions de l’expérience on la voit trop simple et naïve au point parfois de la discréditer – comme l’amour d’ailleurs - par des fadeurs édifiantes, des discours sans saveur et sans piquant ou pire, par le mimétisme qui impose aux hommes et aux femmes un devoir de bonheur qui finit par masquer des tristesses inavouables. Pourtant, la joie revêt une grandeur et une gravité sublimes.
La joie est comme la naissance acceptée, voulue, réitérée, elle est du côté du désir le plus grand. La joie est amour toujours naissant, c’est pourquoi elle fait parfois surgir en nous la souffrance, refuse la résignation et nous rend plus vulnérable à la déception. La joie est simple, mais dans la complexité immense des parcours et détours où elle va, à travers les désirs, les interdits et les épreuves. Elle peut n’être même plus sentie, sinon comme cette pure puissance d’être et d’avancer où se fait en l’homme la vérité de Dieu, du « Dieu Bon », du « Dieu Amour ».
La joie ne peut pas ne pas modifier la vie humaine, elle ne se résigne pas à l’ordre du monde. Elle n’attend pas que le monde soit changé pour animer la vie, et heureusement puisque c’est d’elle que sourd le bon changement. Elle donne toute sa vivacité à la relation car elle n’est pas repli sur soi, jouir narcissique mais position ou la communion précède tout. Bien sûr, ce n’est jamais accompli mais quel qu’en soit le prix, la joie même, est au cœur de ce mouvement.
La joie peut être pervertie par la fausse mystique ou le fanatisme. Ainsi, y a-t-il vérité de l’ascèse et du plaisir ? L’ascèse vraie est joie, c’est-à-dire, par sa déprise, plénitude. Le bon jeûne est nourrissant, la bonne continence est désir épanoui, le bon dépouillement de soi est autonomie et affirmation de puissance. Tout plaisir, comme joie, est bon ; le bien manger, le bien boire, le bon amour des corps. Il n’est donc pas question de séparer plaisir et relation, le plaisir n’est ni échec ni absence de l’amour, il peut être aussi ascèse.
La joie est au commencement, comme l’enfance qui vit en nous, elle annonce un espace différent après tous les méandres des systèmes de morale ou de perfection.
Suzanne Giuseppi Testut - ofs* Merci Suzanne et reviens nous plus souvent !!
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Tags : joie, bon, tristesse, vie, n’est
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