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Les Fêtes de Pâques sont un cri de révolte dans le silence -Bruno
Poursuivons notre réflexions...
Les Fêtes de Pâques sont un cri de révolte dans le silence.
Jésus a communié à notre souffrance jusque sur la Croix. Mais sans
résignation. Il n’est pas venu nous dire de tout supporter patiemment
avec pour seule consolation sa présence. Nul compromis ni demi-mesure
dans l’histoire de Jésus, mais une ardeur de vivre et un élan
irrésistible. La foi chrétienne n’est pas dolorisme mais volonté de
prendre la vie à bras-le-corps pour que la joie éclate en une
symphonie toujours nouvelle.
Jésus était un révolté. Il ne pouvait admettre la misère de ces
pauvres hères qui traînent leurs infirmités depuis des années. Il ne
pouvait tolérer que la mort déchire le tissu de tendresse tissé au fil
des jours entre une veuve et son fils unique. Comment se réjouir du
soleil qui inonde les champs de blé et les vignes tandis qu’un aveugle
jamais n’a vu la lumière ? Ses nuits de prière étaient peuplées par
tant de boiteux que la musique ne peut faire danser et tant de sourds
que le chant de l’oiseau n’égaye pas. Il a arraché les barreaux qui
enfermaient la pécheresse dans un cachot de jugements. Il a rejoint le
lépreux que la loi et les coutumes avaient mis au ban de la société.
Il s’est tressé un fouet de cordes pour balayer tous les marchandages
dont nous badigeonnons Dieu et purifier nos ambiguïtés.
Jésus était un révolté et, comme tant d’autres, il l’a payé de sa vie.
Il aurait pu se calmer, il aurait dû être plus raisonnable et écouter
le voix de la sagesse...Non. Rien n’a éteint le feu qui brûlait en
lui. Il a été jusqu’au bout de sa révolte...à la face de Dieu : " Mon
Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? " ( MC 15,34 ). Il
pouvait bien crier vers Dieu, lui qui avait pris la vie au sérieux. Il
avait le droit de faire entendre sa question, lui qui avait tout misé
dans l’aventure. Ses mots sonnaient vrai. Sa plainte était justifiée.
Écoutez son cri qui ne fait qu’un avec toutes les misères du monde,
avec toutes les angoisses et les déceptions humaines. Écoutez-le qui
expire au coeur de toutes nos détresses, dans notre nuit de solitude.
Entendez le cri de cet homme aux prises avec le mal et la mort.
Écoutez l’oiseau blessé et recueillez la fleur coupée...
Mais dans ce cri jeté à la face de son Père, il y a la Foi, la vraie !
Ne faut-il pas beaucoup de confiance pour crier à quelqu’un sa révolte
? Peut-on mettre à nu sa douleur devant n’importe qui ? Jésus savait
bien que Dieu ne peut pas nous abandonner, même si toutes les
apparences sont contre nous, car il est un Dieu de fidélité. Et Jésus
a fait confiance, nocturnement, au coeur même de sa révolte. Une foi
obscure et sourde palpite et gronde dans son désespoir. Déjà une
lumière s’annonce à l’aurore de l’horizon. Et le matin de Pâques ne
l’a pas déçu. Jésus a eu raison de crier vers Celui-là. Car Il écoute
la colère de l’homme et Il n’est pas insensible. Jésus savait ce qu’il
faisait en soupirant vers son Père.
La révolte habite toujours la foi. Car la foi est un refus de ce monde
abîmé, refus plein d’une confiance parfois douloureuse, toujours
mystérieuse. Et Dieu répond. Souvent il semble n’y avoir que le
silence, un silence long comme un samedi-saint coincé entre la douleur
de la Croix et la joie de Pâques. Mais Dieu répond toujours.
La foi est pour les révoltés. Elle vibre au coeur de notre sédition
contre toutes les limites et tous les esclavages qui nous enserrent.
Elle naît lorsque la tempête de nos cris et de "nos poings
d’interrogation " bondit sur la plage de Dieu et que les vagues de
notre véhémence viennent battre de plein fouet les rivages célestes.
Nous avons raison de ne pas nous résoudre à la mort de l’aimé. Nous
avons raison de ne pas accepter ce monde d’injustice. Si Dieu est
Dieu, il ne peut tolérer la solitude de tant d’esseulés ni les
tortures des innocents. Est-il possible que Dieu ne soit pas du côté
de tous les révoltés et des maquisards de l’Espérance ? Notre révolte
est celle même de Dieu. " La foi, disait Karl Barth, est un désespoir
confiant ".
Il n’y a pas de foi sans révolte. Mais, il n’y a pas de révolte sans
passion de vivre. La Foi est une révolte. Mais au nom de l’Amour et
non pour se hisser sur le podium. Nous devons d’abord chercher le
Bonheur des autres. C’est l’amitié pour eux qui nous fait prendre le
chemin de l’Espérance. La seule manière de se sauver est de sauver son
frère. Il n’y a d’accomplissement que dans l’Amour et le salut de
tous. Notre Foi , au coeur même de nos reproches peut faire vivre les
autres. Puissent les non-croyants entendrent nos cris qui battent à
l’unisson de leurs révoltes à condition que nous acceptions nos
différences pour devenir ensemble des combattants de la vie afin de
construire une civilisation de l’Amour basée sur le respect de la
dignité Humaine.
Bruno LEROY.
Source http://brunoleroyeducateur-ecrivain.hautetfort.com
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