• Méditation : L'ablution du cœur - Stéfan Thériault,

    « Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous.»

    Méditation : L'ablution du cœur 
    source (Luc 11, 37-41)

    La scène qui débute cet évangile nous semble familière. 

    De fait, tant de fois Jésus est entré chez une personne
    et la rencontre a été une expérience de conversion, une eucharistie,
    une communion avec Dieu. Cette fois, la scène est tout autre.
    Le pharisien qui invite Jésus chez lui s'étonne
    « en voyant qu'il n'avait pas fait les ablutions précédant le repas ».
    Jésus en est profondément bouleversé, car, si Dieu vient te visiter,
    comment peut-il demeurer si froid, si « extérieur » à la rencontre ?
    Ce texte nous pose l'étroite relation entre l'accueil et la pureté.

    Jésus reproche justement aux pharisiens (pas uniquement à ce pharisien)
    d'ouvrir la porte extérieure de sa maison
    mais de laisser la porte de son cœur fermée ou, dit autrement,
    de « purifier l'extérieur de la coupe et du plat, mais à l'intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté ».
    Le Fils de Dieu est venu habiter parmi nous non pour nos ablutions extérieures mais pour celles du cœur.
    Il est venu pour purifier notre cœur « rempli de cupidité et de méchanceté ».

    De fait, à chaque jour, dans quelle mesure vivons-nous « à l'intérieur » de nous ? Prenons-nous conscience de Celui qui vient nous visiter ?
    Ou sommes-nous continuellement accaparés par l'extérieur ?
    Le plus important est-il l'extérieur ou l'intérieur ? Poser la question est y répondre.

    Mais si notre maison intérieure n'est pas ouverte, quel sens a l'extérieur ?

    Ne vivons-nous pas alors dans la possession et l'emprise des choses,
    croyant « insensément » qu'elles peuvent nous apporter le sens, l'amour,
    la vérité, la justice, la paix, la joie... ?
    Et nous fuyons les douleurs des blessures que nous portons
    dans toutes ces « choses extérieures » qui ne peuvent nous sauver...
    de ce qui nous habite.
    Toutes ces ablutions de faux salut ou de fausse pureté
    que nous répétons tous les jours à travers des milliers de gestes sont vaines.
    À quoi sert, de fait, la course vers la richesse et le pouvoir,
    la multiplication de services ou des dons « sans un véritable don de nous-mêmes », d'engagements pour nous donner bonne conscience...
    si notre cœur refuse de changer, est fermé à l'accueil de l'A(a)utre
    et ne cherche que son profit avec « cupidité et méchanceté » ?

    Jésus nous invite donc, comme ces pharisiens,
    à « donner plutôt en aumône ce que nous avons,
    et alors tout sera pur pour nous ».
    Jésus nous invite donc à nous détacher de toutes les choses de ce monde
    pour nous attacher à l'essentiel qui est Dieu, et alors notre cœur sera pur.
    Dieu veut venir dans notre maison non pour que nous le laissions à l'extérieur mais pour que nous lui ouvrions notre être jusque dans l'intime.
    Son désir demeurera toujours cette rencontre amoureuse où nous deviendrons un. Si nous n'offrons pas à Dieu un cœur détaché de tout
    comment pourrait-il trouver en nous le lieu qui lui convient ?

    C'est pourquoi maître Eckhart disait :
    « Le lieu naturel de Dieu qui lui est propre par excellence est l'unité et la pureté,
    or celles-ci reposent sur le détachement.
    C'est pourquoi Dieu ne peut pas s'empêcher de se donner lui-même
    à un cœur détaché » (Œuvres de Maître Eckhart, Éd. Gallimard p. 20).
    Jésus n'a pas trouvé chez ce pharisien « le lieu naturel à Dieu » qui lui convenait. Seule la personne qui pratique l'ablution du cœur offre à Dieu
    un temple intérieur qui lui est digne.
    Entendons donc pour chacun-e de nous ces paroles de Maître Eckhart :
    « Tiens-le-toi pour dit : être vide de tout le créé, cela veut dire être plein de Dieu,
    et être rempli du créé, cela veut dire être vide de Dieu » (idem p. 22).

    Quand le cœur s'attache uniquement à Dieu,
    toutes les choses sont pures pour lui (« alors tout sera pur pour vous »).
    Ce cœur ne vit plus enchaîné au monde mais libre en Dieu
    et le monde n'est plus enchaîné par lui mais, lui aussi, libre en Dieu.
    Quand le cœur a accepté de se laisser laver, purifier par Dieu,
    tout lui est redonné pur et libre.
    Le rapport aux êtres et aux choses se vit alors par, avec et en Dieu.


    Ils ne sont plus soumis à notre cupidité et à notre méchanceté
    mais ils sont libres dans l'Amour de Dieu,
    car notre cœur a été plongé dans cet Amour.

    Nous passons un temps trop long de notre vie consacrés à l'ablution extérieure mais l'Amour et la vraie Liberté en Dieu ne se découvrent
    que par l'ablution intérieure.
    N'invitons pas Dieu chez nous en lui offrant un cœur si préoccupé de l'extérieur mais offrons-Lui un cœur simple, pauvre, pur, nu et détaché
    qui, ne retenant rien, accueille le TOUT !
    Faisons vraiment l'aumône de ce que nous avons,
    et principalement de nous-mêmes, pour que tout devienne pur pour nous
    et que nous contemplions et nous nous attachions à Dieu en tout.
    Comment pouvons-nous nous « lever », si nous sommes lourds de tout le créé ?!

    Stéfan Thériault, directeur du Centre« Le Pèlerin »

    stheriault@lepelerin.org  (www.lepelerin.org)13 octobre 2020

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