• Méditation : Le retrait en Dieu - Stéfan Thériault

    Méditation : Le retrait en Dieu

    SOURCE Texte de l'évangile du jour
    « Les esprits impurs criaient : “Toi, tu es le Fils de Dieu !”
    Mais il leur défendait vivement de le faire connaître »
    (Marc 3, 7-12)

    Méditation : Le retrait en Dieu - Stéfan Thériault

    « En ce temps-là, Jésus se retira avec ses disciples près de la mer ».

    Avec le début du texte, nous sommes donc questionnés sur la dimension de retrait si importante à tout cheminement spirituel. 

    Combien de personnes d'entre nous ont vécu des retraites au cours des années ? Mais ce retrait, s'il peut être physique, est, d'abord, profondément intérieur.
    Ce retrait est un appel à la rencontre avec Dieu.
    C'est ce que Jésus veut d'ailleurs enseigner ici à ses disciples.
    Ils ne pourront tenir dans la mission qui leur est confiée
    s'ils ne vivent pas des moments d'intimité avec Dieu.
    Mais comment réconcilier dans une même phrase,
    le retrait « et une grande multitude de gens, venus de la Galilée,
    (qui) (...) suivirent » Jésus ?

    Quatre éléments de réponse me semblent exister.
    Le premier est que Jésus veut leur apprendre que, même au milieu de leur mission et des "multitudes" rencontrées, ils peuvent garder leurs cœurs "retirés" en Dieu; ce qui est, assurément, un apprentissage essentiel pour durer.
    L'autre élément tient au fait que leur mission vise, en quelque sorte,
    à conduire la « grande multitude de gens » à vivre "retirés" dans le Cœur de Dieu. Que pour chacun(e) de nous, au milieu de tout ce que nous vivons,
    existe cette terre d'accueil qui est Dieu,
    ce lieu où il nous est possible de trouver repos, paix et réconfort.

    Le texte renchérit même : « de Judée, de Jérusalem, d’Idumée, de Transjordanie,
    et de la région de Tyr et de Sidon vinrent aussi à lui
    une multitude de gens qui avaient entendu parler de ce qu’il faisait ».
    Ce qui nous amène au troisième élément de réponse.
    Si la mission est une mise à disponibilité de nous-mêmes à Dieu et aux humains
    ou est l'acceptation d'une multiplication des pains où chacun(e) de nous sommes, dans le Christ, le pain rompu pour la multitude,
    le retrait en Dieu n'est-il pas justement notre mise à disponibilité de nous-mêmes ?! En d'autres mots, avons-nous de la difficulté à connaître ce retrait intérieur en Dieu parce que nous luttons contre ce qui arrive et que nous cherchons à y échapper ? N'est-ce pas là un enseignement important que Jésus veut apprendre
    à tous ses disciples ?! Que dans l'accueil de la réalité
    et dans l'acceptation de notre mission se trouvent le retrait et le repos en Dieu.

    Regardons d'ailleurs la scène : au milieu de cette multitude se tient Jésus. Assurément, les disciples présents, nouveaux dans le métier de la mission,
    l'observent et sont, sûrement, étonnés de le voir dans un état accueil qui les dépasse, de montrer une compassion pour toute cette foule et de les regarder
    comme s'il se préoccupait personnellement de chacun(e) d'eux.
    Je me dis à moi-même que j'ai là beaucoup moi-même à apprendre.

    Alors, « Il dit à ses disciples de tenir une barque à sa disposition
    pour que la foule ne l’écrase pas ».
    Ces paroles m'apparaissent comme une nouvelle délicatesse de sa part
    dans le processus d'éducation de ses disciples,
    car ne perçoit-il pas la détresse de ces derniers et le sentiment intérieur d'écrasement qui les habite ? Devant cette multitude, ne pensent-ils pas :
    « mais dans quoi me suis-je embarqué ? »,
    « je n'ai pas la force de le suivre et, de toute façon,
    je ne suis qu'un pêcheur ou un pauvre collecteur d'impôt qui ne connaît rien
    et qui n'a aucune idée de ce qu'il faut faire ».

    Le centre le Pèlerin est au pied de l'Oratoire St-Joseph.
    J'ai souvent pensé au frère André qui a bâti cette œuvre incroyable,
    dont ce sanctuaire absolument immense.
    Et que penser de ces foules qui venaient le rencontrer, jour et nuit,
    pour se faire guérir, lui le pauvre frère illettré.
    Combien de fois a-t-il dû tomber à genoux affichant son incapacité
    devant une telle œuvre ? Combien de fois a-t-il dû se « sentir écraser »
    par la mission que Dieu lui avait confiée ?!

    À nous qui cherchons à suivre le Christ, il y aura de ces moments
    où nous apprendrons, enfin, à vivre dans une disponibilité intérieure à la mission
    ou à l'œuvre confiée et, pendant ce court instant et avec le temps,
    nous saisirons que cette mission n'est pas la nôtre mais celle de Dieu.

    Nous saurons un peu plus, dans une foi grandissante,
    qu'il nous faut laisser faire Dieu et nous abandonner à son action.
    Nous toucherons alors à ce que c'est d'être « en retrait » dans le Christ,
    saisis en sa Présence.

    Mais il nous faut savoir qu'il y a un quatrième élément de réponse,
    à savoir que l'écrasement ne nous sera pas enlevé.
    Il sera simplement vécu à partir de Dieu.
    Si bien que notre lot, pourrait-on dire, est de consentir à cet écrasement
    pour que des hommes ou des femmes soient relevés.
    Dans cette perspective, cette phrase de saint Paul m'est devenue une prière :
    « Ainsi donc, la mort fait son œuvre en nous, et la vie en vous » (2 Cor 4, 12).
    Mais en retrait dans le Christ, nous ne sommes pas les seuls à porter le poids.
    De fait, il y a cette barque qui est là à notre disposition
    et à la disposition du Seigneur.
    Cette barque est celle de Pierre, c'est-à-dire son Église.
    Cette fraternité de frères et de sœurs dans le Christ est notre soutien dans la mission. Jésus nous l'a laissée comme lieu de communion en sa Présence.

    Il est vrai, dans la mission, nous nous sentons "écrasés".
    À d'autres moments, nous sommes débordés par tous ces gens souffrants
    qui se précipiteront vers nous afin de trouver une réponse à leur mal.
    Et que dire de ces esprits impurs qui viennent nous visiter, eux,
    pour nous faire tomber. C'est ce que décrit saint Paul :
    « Nous sommes pressés de toute part, mais non pas écrasés;
    ne sachant qu'espérer, mais non désespérés; persécutés, mais non pas abandonnés; terrassés, mais non annihilés » (2 Cor 4, 8-9).

    Évidemment, si nos yeux sont centrés sur nous-mêmes
    l'écrasement sera insoutenable mais s'ils sont centrés sur « le Fils de Dieu »,
    nous serons témoins de merveilles.
    Des boiteux qui marchent; des aveugles qui voient;
    des personnes mortes intérieurement qui se mettent à vivre;
    des personnes sans « droit d'exister » découvrir leur extraordinaire valeur; etc.
    C'est ce que la mission confiée par Dieu nous donne la joie de vivre.
    Si bien que, même au milieu de la multitude, Jésus nous retire dans son Cœur !
    Ne l'oublions pas !

    Stéfan Thériault,
    stheriault@lepelerin.org

    source : www.lepelerin.org

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