• NOTRE PÈRE - Élisabeth

     NOTRE PÈRE

     Prendre la mesure de ces mots « notre Père » par lesquels j’entre, comme le Fils me le demande, dansla prière. Je me présente à mon créateur, à celui qui me donne la vie, non plus seulement comme une créature, mais comme un enfant devant son père. Ce qui implique que je ne suis plus seul, je fais partie d’une famille et j’ai des frères.

    Faire partie d’une famille c’est faire partie de sa singularité, son projet.

    Ce « Père », à quelle image du père me renvoie-t-elle ? Autoritaire, absent, tyrannique, justicier, tendre, laxiste, malheureux, timide… Ne pas confondre mon père et le Père. Se méfier de mes projections, de ce que l'enfant que j'étais à imprimer dans sa mémoire cellulaire de sa relation avec son père.

    Qu'est-ce qu'un père et être père ?

    Ce n'est pas une question difficile, la réponse nous la connaissons tous, ce qui est compliqué c'est d'être ce père idéal dont nous avons tous la même image imprimée dans notre mémoire collective : celui qui guide, protège, nourrit, pose les limites constructives de mon être et favorise l'épanouissement de mes talents.

    Entrer dans le mot, « Père », l’habiter, vivre à l’intérieur et comme une abeille en tirer tout le suc pour fabriquer un miel qui me nourrira, et m’enduira de douceur…

    Quel père ai-je eu ? Quel père je suis ?

    Le nôtre Père de la prière que Jésus nous donne, s'adresse à celui qui est le père idéal, sans défaut, le créateur qui est aussi père de mon père. Ce dernier, si je prends le temps d’y réfléchir est donc aussi un enfant tout comme moi, un frère, mon frère.  Dès lors, cesser de le juger, de le condamner. La paternité, comme la filialité et la fraternité sont des relations très compliquées à gérer, un véritable défi à notre humanité qui exige que nous déployions des trésors de compréhension, compassion et pardon.

    Nous avons la vie pour cela, toute la durée de notre existence pour aimer c’est-à-dire incarner dans notre chair l’amour du Père et du Fils en qui nous sommes, dans le souffle commun de leur souffle-Esprit.

    Le Notre Père fait de moi non seulement un enfant du Père mais aussi un fils.  L’enfant se laisse porter par le père, il vit sous l’économie de la récompense et de la punition et se doit d’obéir souvent sans comprendre, aucun engagement ne lui est demandé, il a juste à se laisser porter.

    Etre le fils du Père c’est collaborer à son projet, l’amener par ma contribution à son accomplissement ; c’est réalisé la singularité de mon être en faisant de sa volonté ma volonté.

    L’adjectif possessif « notre » me fait prendre conscience que j’ai des frères, je me dois donc de répondre à la question de Caïn : « Suis-je le gardien de mon frère ? ». Question restée en suspens, question posée depuis à chacun d’entre nous même si depuis nous connaissons la réponse. Dieu a donné à Israël, son fils aîné, le commandement d’aimer son prochain comme soi-même. Christ, messie d’Israël, y a répondu pleinement en donnant sa vie pour l’amour du prochain, laissant à ses disciples, un commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». 

    Après avoir murmuré ces deux mots « Notre Père » comment est-ce que nous pouvons penser dans nos nuits les plus noires, que Dieu ne nous écoute pas, qu’il ne va pas venir à notre secours, qu’il n’est pas pour nous un abri, nous qui donnerions tout pour nos enfants ? Comment pourrions-nous croire, un seul instant que nous sommes seuls, sans famille, perdu dans ce vaste monde ? Comment pourrions-nous penser que l’autre est un ennemi, que l’autre n’a aucune valeur, que seul notre moi existe, n’est-il pas mon frère ? 

    Réciter le Notre Père, on le voit, est une voie dangereuse et grave, car elle engage totalement tout mon être. Engagement de l’âme, de l’esprit et du corps. Chacune des paroles de cette prière qui parait si simple dans sa formulation est un puit à forer pour en faire jaillir les sources vives de l’amour du Père, en nous et à l’extérieur de nous pour abreuver tous nos frères. Ces paroles si faciles à prononcer et qui paraissent si inoffensives, sont le manifeste d’un véritable programme révolutionnaire qui a renversé à son époque bien des empires uniquement en brisant le cœur de l’homme et qui doit continuer son œuvre, les temps ne sont pas finis, jusqu’à incendier la terre entière de ces fleuves d’amour

    Élisabeth

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  • Commentaires

    3
    Alice Damay-Gouin
    Jeudi 11 Octobre 2018 à 09:45

    Bonjour, Élisabeth ! Merci de me répondre ...même si je me désole encore ! C'est la 1ère fois que l'on me dit que Dieu n'est ni masculin, ni féminin, même s'ils sont en lui, même s'ils sont en chacun de nous ...

    Un proverbe dit "loin des yeux, loin du cœur". A force de parler continuellement au masculin, nous oublions la moitié de l'humanité.

    Élisabeth, petite question: lorsque je te dis: "regarde l'enfant qui court", qu'elle image te vient à l'esprit ? Celle d'un garçon ou celle d'une fille !

    En parallèle à fraternité, fratrie, on a créé sororité ou sorité, pour les sœurs mais je n'ai pas encore trouvé pour le mélange "frères et sœurs.

    Cesser la guerre des genres voudrait, pour moi, dire que j'accepte toutes ces inégalités, que je ne me soucie plus de toutes ces souffrances... " !

    2
    Alice Damay-Gouin
    Samedi 12 Mai 2018 à 15:02

    Chère Élisabeth, quelle joie lorsque je découvre l'un de tes textes. Las, aujourd'hui !!! ! Je sais en ce moment, je suis particulièrement fatiguée, mais ton texte me désole: où est la place de la femme. NOTRE Père,;;; mon frère.. mais .aucune présence de femme ???... Désolée.

    Alice

      • elisabeth smadja
        Mardi 9 Octobre 2018 à 11:02

         Bonjour Alice, 

        je découvre ton commentaire. Je m’empresse d’y répondre. D n’est ni masculin, ni féminin, en lui sont ces deux principes essentiels sans lesquels aucune création ne peut se faire. Pour que l’enfant, le monde soit il faut un principe donateur, un principe récepteur. Adam, à savoir le genre humain, est créé à l’image de Dieu, en lui ces deux principes égaux mais différents.en chacun de nous ces deux principes, a l’exterieur De nous ces deux principes. Jusque a quand devrons nous le rappeler.....Notre Père, la paternité divine. Le plus grand Nom de Dieu, c’est Misericordieux.: la maternité divine. Cessons la guerre des genres, ne faisons pas semblant de ne pas comprendre......frère re signe le mot fraternité, evident qu’il y a des sœurs, pourquoi ne pas le voir et s’attrister inutilement.

        bien amicalement

        elisabeth

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