• SOLIDARITE ET PARTAGE art 33 - Suzanne

    SOLIDARITE ET PARTAGE

     

    Lors de notre rencontre franciscaine à Sherbrooke, le 13 octobre dernier, dont le thème était : « Poussé par l’Esprit, saint François apprend à déposer sa vie entre les mains du Christ » et «Quelle richesse spirituelles pouvons-nous retirer de l’expérience de François d’Assise », un sujet particulier a été soulevé : Le combat du mal dans le monde – la question des pauvres et des exclus.

     

    frère universel C’était un sujet trop important pour qu’on ait pu y consacrer le temps nécessaire. D’une grande profondeur, il touche à toute la dimension humaine sous le regard de Dieu.

    L’échelle  des valeurs des droits humains peut être différente selon les peuples, comme par exemple, le droit à la liberté de conscience, à la liberté d’opinion, à la liberté d’action etc. Toutefois, les droits relatifs à la survie et à la vie sont prioritaires, tel le droit à la vie, à la santé, à un foyer, à une habitation. Nous devons les aborder d’un point de vue théologique en se référant au droit divin et en particulier au droit des pauvres. Aussi, bien au-delà d’une démarche humanitaire ou caritative, c’est une démarche de foi et d’amour.


    Réfléchissons sur Jésus. Que dit-il ? Que fait-il en premier ? Il commence par soigner les aveugles, les boiteux, les malades, il libère les enchaînés, rappelle les égarés, il chasse les démons etc. Il annonce la Bonne Nouvelle signe que le Royaume de Dieu est là. A partir de ces évènements, la miséricorde du Père est à l’œuvre, qui aime aussi les malheureux de ce monde, les ingrats, les méchants.


     « Jamais homme (Jésus) n’a respecté les autres comme cet homme. Pour lui, l’autre est toujours plus et mieux que ce à quoi les idées reçues, même des sages et des docteurs de la Loi, tendent à le réduire. Il voit toujours en celui ou celle qu’il rencontre, un lieu d’espérance, une promesse vivante, un extraordinaire possible, un être appelé, par delà et malgré ses limites, ses péchés, et parfois ses crimes, à un avenir tout neuf. Il lui arrive même d’y discerner quelques merveilles secrètes dont la contemplation le plonge dans l’action de grâce ! … » (Cardinal Decourtray) 


    François d’Assise n’a pas fait autre chose que de vivre à sa manière et à son époque le message que le Christ nous a laissé. En quoi consiste pour François, la valeur de la pauvreté ? En premier lieu, dans un sens théologique, vivre à la suite du Christ pauvre. Ce qui attire l’attention, c’est sa volonté d’être frère du pauvre. « Pauvre » et « Frère » sont les deux mots que François utilise le plus. Cependant, François n’a utilisé aucune stratégie pour libérer les pauvres ; il n’a pas fondé de léproseries ou d’autres institutions de bienfaisance. La seule chose qu’il voulait c’était de vivre  avec les pauvres, laver leurs plaies, partager leur sort. Les premières fraternités de frères étaient souvent situées près des léproseries. Jourdain de Giano raconte que le premier chapitre provincial d’Allemagne s’est célébré « près des lépreux, « hors de la ville ». (1223, à Spire. Jourdain de Giano 33)


    « A Erfurt, sur décision des habitants de la ville et de quelques clercs, les frères furent logés dans la résidence officielle du chapelain des lépreux, hors des murs, jusqu’à ce que les citoyens puissent mieux organiser leur résidence » (Jourdain de Giano 39 ; LP 65)

    Cette « convivence » avec les lépreux a une grande signification. Le contact physique avec François avait pour les pauvres un effet libérateur, leur faisant recouvrer leur dignité et leur donnant un visage humain, après avoir si longtemps vécu en marge de la société. « François, petit pauvre et père des pauvres, voulut vivre en tout comme un pauvre ; il souffrait de rencontrer plus pauvre que lui, non point par vanité, mais à cause de la tendre compassion qu’il leur portait… » (1 C76 ; cf 2    C5 et 83)


    Le Christ sauve le monde en assumant pleinement son humanité, il nous engage à faire de même afin d’aider notre frère, le pauvre, à faire de même à son tour. Ainsi, la relation avec les pauvres n’est pas seulement de l’ordre de l’assistance, mais de l’ordre de la libération, parce qu’on croit dans le pauvre et que l’on vit en union avec lui.

    « Sur aucun homme, mais surtout sur aucun frère, nul frère ne se prévaudra jamais d’aucun pouvoir  dominateur » (1 Reg 5, 9-12 ; cf Mt 20, 26) 


    Au commencement de l’Ordre, François voulait que les frères « … vivent dans les hôpitaux des lépreux pour les servir... » A cette époque, quand des postulants se présentaient, nobles ou roturiers, on les avertissait entre autre choses, qu’ils auraient à servir les lépreux et à vivre avec eux. Pour François, le projet de fraternité consistait à se lier aux hommes à partir du lien avec les pauvres. Cette relation est toujours libératrice. La recherche de la proximité, dans une attitude pastorale, accentue l’aspect de la bonté de chaque homme. Nous apprenons à regarder les pauvres avec les yeux du pauvre et non à partir de l’optique du riche. Nous apprenons à abandonner nos certitudes, nos peurs, nos méfiances, nos jugements, nos condamnations. Cela signifie que nous savons découvrir en eux les valeurs qui les humanisent et les transforment. La grâce de la « conversion » change notre vision de l’homme, nous pouvons alors le voir avec des yeux nouveaux, au-delà de l’apparence, de l’extériorité des choses, au-delà de la blessure. Nous reconnaissons en lui, Jésus, le « serviteur souffrant ».


    Ainsi, vivre l’Evangile, vivre la solidarité et le partage, relèvent d’attitudes intérieures, relèvent de la foi et de l’amour. L’expérience du Christ et, à sa suite, celle de François d’Assise, nous invitent à déposer nos certitudes, et à partir humblement à la rencontre de l’autre… comme un pauvre qui dit à Dieu : « Je ne comprends pas, je n’ai pas l’intelligence suffisante, je n’ai pas le cœur assez ouvert. Apprends-moi » Cette rencontre permet d’entrer dans un « agir en Christ », elle devient alors don de Dieu.  Dès lors, il ne s’agit pas de « vouloir faire » mais de « l’action en Christ », ni de « devoir faire » mais de « l’agir en Christ ».


    Grâce à Dieu, il est possible de dénoncer les injustices de ce monde et de les combattre sans relâche en tant que témoins du Christ, en faisant usage de tous les moyens que le Seigneur nous offre.


    Les pauvres sont les vrais maîtres. Ce sont eux qui provoquent et qui forment l’être humain en profondeur. Aucun professeur d’université, aucun livre, aucune connaissance, si élevée soit-elle, ne peuvent toucher la profondeur dans laquelle l’homme commence à être un homme. Seuls les pauvres s’ouvrent à cette profondeur. (Congrès Missionnaire Interfranciscain 1982) 


    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs

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     Note de Richard: Voilà une très belle réponse MERCI!

     

     

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