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    Octobre 2012,
    Une autre spiritualité 

    francois-et-compagnons.jpgLe mouvement spirituel, lancé par François et ses compagnons, marque un tournant révolutionnaire dans l'histoire de la spiritualité de l’Église. Plus jamais la stabilité mais plutôt la mobilité. Plus jamais le monde enfermé derrière les murs des couvents mais plutôt le monde comme un couvent, c.à.d. un lieu de la rencontre avec Dieu. Une communauté fraternelle et une caisse commune, telle était jadis la caractéristique des communautés primitives chrétiennes. L'impulsion missionnaire partit de ces communautés.  

    Cela changea fondamentalement lorsque la chrétienté devint religion d’État après le tournant de Constantin au 4ème siècle sous Théodore I. Être chrétien n'était plus dangereux, mais au contraire une condition primordiale afin de devenir quelqu'un dans la société. Cette légèreté avait comme conséquence la médiocrité et la superficialité. L’État et l’Église devenaient de plus en plus identiques. L'empereur devint le protecteur de l’Église et le pape rivalisait avec lui dans l'expansion des insignes de la domination et du pouvoir. Les hommes qui voulaient vivre l'idéal primitif, fondèrent de ce fait des petites communautés afin de vivre selon le modèle des premiers diocèses, comme le remarqua Jean Lassian au 4ème siècle. C'est le modèle des anciennes communautés des moines - avec les deux piliers fondamentaux, la stabilité et la caissecommune.  

    Cela - comme le sentit François - n'était pas ce que Dieu lui avait « révélé ». Même la communauté la mieux structurée n'était plus un modèle pour lui, mais plutôt Jésus Lui-même. Comme Lui, il veut aller à travers le monde et annoncer aux pauvres la bonne nouvelle du royaume imminent de Dieu. Car celui, qui se confie tout entier à Jésus et à son évangile, devient lui-même missionnaire ; il ne peut plus vivre pour lui-même, mais doit plutôt se dépenser pour les autres. Il était convaincu de cela. Donc plus jamais une dévotion privée et un souci pour le salut de sa propre âme, mais plutôt un engagement pour le shalom intégral de Dieu. 

    Celui, qui veut réellement établir la paix, ne peut seulement le faire que s'il a la paix du cœur. Celui, qui veut annoncer d'une façon crédible la bonne nouvelle de Jésus, doit être lui-même pauvre. Celui, qui veut faire sien ce message pour les pauvres, ne doit pas être sédentaire à des endroits précis, mais doit plutôt être capable d'aller à travers le monde avec un bagage léger. La mobilité, la pauvreté et la non-violence sont les caractéristiques de la fraternité, qui  correspondent à cette inversion des pôles de la spiritualité chrétienne.  

    Donc le charisme franciscain a toujours aussi une dimension politique. Les hommes et femmes franciscains doivent s'engager pour la justice et la vérité, pour une cohabitation fraternelle de tous les hommes dans la paix et la liberté. Ils doivent lutter contre l'inégalité des chances, contre la faim et la pauvreté, contre l'exploitation abusive de la Mère Terre et de la Sœur Eau. La vision de l’Église changea aussi. Elle doit être une Église fraternelle, si elle veut correspondre à l'évangile. Du pape jusqu'aux simples laïcs, de l'évêque jusqu'aux petits gens dans les communautés, tous jouissent de la même dignité. 

    Ils sont fils et filles du même Père céleste, frères et sœurs du Fils incarné en Jésus de Nazareth. Comme Lui, ils doivent se servir mutuellement et se laver les pieds. Là ne doit plus exister des supérieurs et des subalternes, des seigneurs et des valets. Là ne règne plus non plus la logique du pouvoir, surtout pas dans l’Église, mais plutôt uniquement la dynamique de l'amour. Et là non plus n'existe plus la primauté du clergé sur les laïcs, des hommes sur les femmes.
     
    Le Concile de Vatican II, qui voulait ouvrir l’Église aux souffrances et aux exigences de l'époque, a suivi cette trace. C'est pourquoi Mario de Galli nomma saint François « le thème secret du Concile ». Car il surmonte le contraste entre hiérarchie et peuple de Dieu dans sa conception d'une Église du peuple de Dieu, qui dans l'ensemble est un peuple messianique où l'hiérarchie remplit seulement une fonction parmi tant d'autres. « Le secret de cette Église se révèle déjà visiblement dans sa fondation. Car son début se trouve dans l'annonce du royaume de Dieu à travers Jésus. Lui, Jésus marqua le début avec son Église, lorsqu’il annonça la Bonne Nouvelle, notamment l'arrivée du royaume de Dieu, qui était jadis promis dans les écritures depuis les temps les plus reculés. » (LG 5) 
    Tous les membres d'une Église comprise de cette manière jouissent de la dignité et de la liberté des enfants de Dieu, au cœur desquels habite saint François comme dans un temple. François a reconnu cela et l'a vécu exemplairement, car il avait tout simplement suivi les traces de Jésus. 

    Que Claire, à la même époque et au même lieu, eût la même inspiration, montre seulement comment il était opportun et propice à Dieu de rendre la nouvelle du royaume de Dieu de nouveau vivante et perceptible. 

    Andreas Müller OFM  
    Source http://www.fr.ccfmc.net/
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