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  • Une fraternité de plus pour la Famille Franciscaine

    Écrit par  Michael Swan, The Catholic Register  

    Texte original anglais Traduction Françoise Malboeuf ofs 

     

     

    Fest-1.jpg Le 24 juin, plus de 250 personnes se sont rendues au Centre de retraite Mount Alverno pour la toute première fête de la Famille Franciscaine. - Photo de Michael Swan

     

    CALEDON, ON -  Il n'est pas question que le catholicisme soit que pour quelques personnes. Catholique veut dire universel, et les Franciscains séculiers ont déclaré leur intention de porter leur message vers l'univers connu au moment de l'inauguration d'une nouvelle fraternité lors de cette toute première fête de la Famille Franciscaine au Centre de retraite Mt. Alverno , le 24 juin.


    Le diacre Michael Robertson est un des fondateurs du nouveau  groupe de séculiers franciscains.  Il décrit ce groupe comme  “ une nouvelle option à offrir aux personnes qui veulent aller plus loin dans leur vie spirituelle, au-delà de la norme.”

     

    Robertson caressait le rêve d'une fraternité franciscaine séculière basée au Centre de retraite depuis 2003. Lors de la Fête de saint Jean le Baptiste,  la Fraternité Mt. Alverno est devenue la  14e fraternité à être canoniquement établie dans l'archidiocèse de Toronto.


    Les 17 membres de la nouvelle fraternité avaient 260 amis franciscains pour leur aider à inaugurer leur nouveau groupe. Des Franciscains séculiers de tout le sud Ontario étaient rassemblés pour célébrer  les traditions et la spiritualité franciscaines lors de la fête de la Famille franciscaine.

    Histoire reliée Nouvelle aile de Franciscains séculiers encourage la jeunesse à reconstruire l'Église

    “Nous sommes de vrais  Franciscains vivant l'Évangile,” a dit la ministre de la fraternité Janet McKay. “ Ceci veut dire quelque chose pour l'Église parce que les valeurs de saint  François sont tenues en de très haute estime.”

    En tant que fraternité émergente depuis de cinq ans, les Franciscains séculiers du Mt. Alverno ont soutenu la Fondation  Kami en Haïti, Canadian Food for Children, le travail de SIDA au Malawi et leur chapitre local de la St. Vincent de Paul. Mais en tant que fraternité canoniquement établie, les membres sont prêts à entreprendre une mission plus apostolique, disait McKay .

     

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    Vous ne pouvez pas vous asseoir et ne rien faire sans un engagement envers les personnes, envers les pauvres,” disait McKay. “Prêchez si vous le devez, mais vos actions devront le démontrer.”

    En tant que groupe établi, les Franciscains séculiers du Mt. Alverno  dévoueront  beaucoup de leur énergie  à former de nouveaux membres, disait  Robertson. Les Franciscains séculiers  essaient de vivre l'Évangile en utilisant les mêmes vertus évangéliques que les voeux religieux  — pauvreté, chasteté et obéissance
    .



    “C’est simplement en prenant ces trois vertus et en essayant de les appliquer chaque jour dans notre vie au sein de notre monde aujourd'hui. — et en essayant d'être des gens biens,” disait Robertson.

    Ceci veut dire que la formation est permanente,  même pour les Franciscains séculiers qui ont fait leur promesse depuis plusieurs années.

    “A mesure que nous avançons dans notre formation, ce n’est pas seulement de te faire entrer dans le groupe et tout est fini. C’est beaucoup plus que cela,” dit-il.

    Normalement la Fraternité régionale Trillium de l'Ordre Franciscain Séculier se rassemble pour des chapitres ou des élections — occasions pour de sérieuses décisions, disait la vice-ministre de  Trillium,  Colleen MacAlister. La toute première fête de Famille a été une occasion pour les  Franciscains de simplement partager leur amitié et leur spiritualité, dit-elle.

    “Nous voulons être inclusifs et partager notre charisme,” disait McAlister.

    L'esprit de saint François est essentiellement évangélique, disait-elle. Le style franciscain d'évangélisation n'a rien à faire avec le fait de gagner une discussion ou d'avoir peur d'offenser quelque personne avec une marque exclusive de chrétienté.

    “Qui peut être offensé par quelqu'un qui apporte l'espoir où il y a le désespoir? Qui apporte l'amour où il y a la haine? Qui apporte la foi où il y a le doute?” elle demande.

    Une brève histoire des Franciscains Séculiers

    Jusque dans les années 1970, les Franciscains séculiers étaient connus sous le nom des Franciscains du Tiers Ordre. Le Tiers Ordre trace son histoire jusqu'à saint  François qui écrivit leur première règle en 1221. Ses membres ont compris sainte Elisabeth de Hongrie, saint Louis IX, roi de France, Michel-Ange, Raphaël, Christophe Colomb, Franz Liszt et le Pape Léon XIII.

    Il y a 14 fraternités de Franciscains Séculiers dans l'archidiocèse de Toronto — 11 Anglaises et

    Une chaque de Polonaise, Coréenne et Italienne.

     

    Dans Toronto:
    Immaculée Conception — Anglaise
    Immaculée Conception — Italienne
    St. Charles Borromée
    St. François et St. Claire
    St. Félix de Cantalice
    St. Jean Vianney — Coréenne

    Dans Oshawa:
    St. Angèle Merici



    Dans Brampton:
    St. Antoine de Padoue

    Dans Midland:
    St. Claire d'Assise

    Dans Mississauga:
    St. Maximilien Kolbe — Polonaise
    St. Léon

    Dans Woodbridge:
    St. Pierre

    Dans Caledon et Orangeville:
    Mt. Alverno


     Source Colleen MacAlister ofs


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  • Nous vivons avec les autres et non pour les autres.

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    Vivre en se demandant sans arrêt : « Qu'est-ce que les autres pensent de moi ? » peut très souvent devenir épuisant.

    Cette question n'hante pas seulement les personnes qui se sentent mal dans leur peau, elle hante également les personnes qui semblent avoir du succès dans leur vie sociale.

    Quantité d'hommes et de femmes sont emprisonnés par l'opinion que les autres peuvent avoir sur eux.

    Le regard des autres les privent de leur liberté.

    Quand j'étais à l’école primaire, j'avais un copain qui croyait qu'il fallait « posséder » pour être estimé des autres.

    A chaque fois que je lui parlais des jeux de notre âge (à l’époque, c’était le début des consoles de jeux), il répondait immanquablement : « J'ai déjà ! ».

    Un jour, je suis allé chez lui, et je lui ai fait remarquer qu'il avait la même télé toute pourrie que j'avais chez moi.

    A cela, il a répondu que ses parents allait bientôt la changer.

     Bref, il fallait toujours qu’il ait plus que les autres, et il croyait être quelqu’un si ses copains pouvaient lui envier des choses !

     

    Dans ce monde, la considération des autres se mérite ; et quoique la Bible te dise que Dieu t'aime sans condition préalable, tu peux être tenté d'essayer de gagner cet Amour.

     C'est une chose de vouloir plaire à Dieu, c'en est une autre de chercher à gagner son Amour.

     Si tu es obsédé par l'opinion que les autres ont de toi, il est probable que, de la même façon que tu essaies de gagner la considération des autres, tu essaies de gagner celle de Dieu.

     Sache une chose : tu n'as pas mérité l'Amour que Dieu a pour toi, et tu ne le mériteras pas.

    Quand tu comprends cela, tu te décharges d'un lourd fardeau.

    Dieu t'aime d'un amour éternel, et tu ne pourras pas l'en empêcher.

    Il ne faut pas confondre la cause et l'effet : Dieu t'aime et pour cette raison, il t'invite à le suivre.

     Croire qu'il t'aimera parce que tu le suis est un raisonnement à l'envers. Dieu t’aime d’un amour éternel.

     

    Question :

     

    Qu'as tu fais parfois pour gagner la considération des autres ? As-tu essayé de faire la même chose avec Dieu ?

     

    Prière :

     

    Remercie Dieu pour son Amour et demande Lui de t'aider à aimer de la même façon, sans attendre quoi que ce soit en retour.

    Puisse ta Foi être puissante au point de transporter des montagnes. Et ne crains rien, Dieu donne en fonction de nos charismes. Il ne saurait t'accorder une tâche que tu ne saurais porter avec légèreté et Amour.

    Il ne te donnera guère de fardeaux trop lourds à porter, à supporter.

    Sois dans l'Espérance !

     

    Bruno LEROY.

    source http://brunoleroyeducateur-ecrivain.hautetfort.com

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  • Petite note de la part de Richard: Notre soeur Suzanne a fait ces derniers jours une très vilaine chute dans un escalier, elle doit se reposer et malgré cela elle nous envoie cet article. Ayons une pensée, une prière pour notre soeur


     

    LE RETRAIT DE DIEU 

     

    Suzanne G TestutQui, un jour ou l’autre n’a pas été confronté à l’expérience douloureuse du retrait d’un être cher, à cette prise de distance, à cette sensation douloureuse de non présence qui peut aller jusqu’au sentiment d’abandon ? Le nourrisson et le petit enfant en font très vite l’expérience lorsque la maman ne répond pas immédiatement à leur sollicitation. Il en va de même dans le couple quand l’un des deux partenaires paraît prendre une certaine distance.


    Tout cheminant peut aussi un jour être confronté au « retrait de Dieu » et à la terrible incompréhension qui s’ensuit.  « J’appelle au secours et Il ne me répond pas ». « J’implore sa Présence et je ne ressens rien ». Cela se produit souvent alors que le Seigneur nous a donné un avant-goût de sa présence, de sa tendresse et de sa caresse. Expérience inexprimable que nous aimerions vivre à l’infini.


    Le retrait peut-il être de la part de Dieu, l’expression d’un manque d’amour, d’un abandon, d’un refus d’écoute ? Jamais !  Mais, comme un petit enfant, nous devons apprendre à grandir sous l’aile protectrice du Seigneur sans « réponse immédiate » tout en gardant la certitude qu’Il est là, parce qu’il nous aime.

    Le retrait selon Dieu relève de l’écoute du cœur. Il demande beaucoup d’amour, de don de soi et de gratuité, c’est ce que nous offre Dieu, Père, Fils et Esprit. Le mouvement d’amour est d’abord un mouvement de retrait, une kénose, pour que l’autre soit. Le Christ sur la croix nous en donne la plus grande illustration.

     

    C’est pourquoi, lorsqu’à l’exemple du Christ, nous sommes amenés à pratiquer le retrait, il ne peut être qu’un état d’esprit, une attitude humble, discrète et bienveillante par laquelle, volontairement, nous décidons de ne pas occuper nous-mêmes tout l’espace afin de permettre à l’autre de prendre la place qui lui est nécessaire. Nous prenons conscience que l’autre existe et avons le désir de le laisser exister. Ainsi, nous l’aidons à entrer dans sa responsabilité et sa liberté et lui en laissons le temps. Attitude que nous ne comprenons pas, tellement nous avons besoin d’être aimés, reconnus et considérés,  au point qu’il nous est difficile d’aimer et de se savoir aimés sans preuves d’attention. De même, nous ne comprenons pas « l’absence » de Dieu auprès de nous, en nous. Puisque Dieu est Amour, il doit « s’oublier » pour nous ! Et pourtant, n’est-ce pas ce qu’il a fait et ce qu’il fait en permanence ?

    Le retrait nous confronte ainsi à l’importance de  la relation avec l’autre et avec Dieu. Bien plus, à la nécessité d’une « intimité rassurante » qui est vitale pour nous et qui, paradoxalement, nous introduit vers la liberté.

    En effet, grâce à l’expérience du retrait de Dieu, nous pouvons découvrir avec  plus d’acuité la profondeur du message et du don de Dieu à l’humanité. D’après un passage de l’évangile de Jean, la révélation contient en son centre comme aboutissement suprême de l’expérience de la foi, la promesse d’une intimité inouïe entre l’homme croyant et Dieu, Père et Fils :

    23. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous ferons une demeure chez lui. (Jean 14, 23)

    Aimer et se savoir aimés.

    « Marie gardait toutes ces choses dans son cœur » Quand « rien ne vient » - du côté de Dieu - et que la douleur du « retrait » nous tenaille, apprenons à faire mémoire du don de Dieu. La pire des choses serait de vouloir reproduire par nous-mêmes, par un effort d’imagination, ce que le Seigneur nous a fait vivre  par sa grâce. La grâce appartient à la grâce. Apprenons plutôt à « observer le saint évangile de Jésus-Christ » afin d’y découvrir le contenu et le sens du mot « évangile ».

    Apprenons le retrait pour que l’autre et le Tout-Autre soient.

    Le retrait est une attitude pédagogique employée par Dieu pour nous apprendre à aimer, à L’aimer et à le faire aimer. Mais, centrés sur nous-mêmes, nous avons des difficultés à entrer dans le retrait nécessaire pour discerner sa présence, pour le reconnaître et le comprendre. Sa présence est tellement aimante et discrète qu’elle peut passer inaperçue si nous n’entrons pas dans la vigilance : il est toujours et partout présent et nous ne le savons pas. Pourtant, en tant que chrétiens, nous sommes unis véritablement au corps et au sang du Christ par la communion. Il est là en chacun de nous et en celui qui nous fait face. Nous parlons, nous marchons avec lui, il nous regarde et nous ne le voyons pas. Hommes et femmes du monde, nous interprétons le temps qui passe à partir des choses de ce monde et, quand le feu divin nous anime de l’intérieur, nous ne le reconnaissons pas, nous ne savons pas le nommer.

    Goûtons l’expérience du retrait, de la gratuité et de la docilité amoureuse en nous abandonnant silencieusement à Lui pour qu’Il nous parle du mystère de l’amour et qu’Il le vive en nous. Entrons dans l’intimité de ce chemin de purification et appuyons-nous sur l’empreinte de sa caresse, de son regard, de sa voix, de sa douceur et de son souffle. L’expérience du « retrait de Dieu » nous fera alors passer de l’état d’enfant à l’état d’adulte en Christ. Nous pourrons dire, emplis d’une audacieuse tranquillité : « Mon Dieu, tu es là, je ne demande plus des preuves de présence, je prends le risque de la vie et de l’amour, à ma manière, en tant que personne responsable et sous ton regard, pour enfin devenir ce que je suis de toute éternité ».

    Dans le retrait, la relation est plus forte, plus profonde que jamais parce que je vais chercher mon Seigneur et mon Dieu au plus profond de moi.

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs

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  • Leur photo de mariage n’était plus qu’une plaisanterie.

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    Leur photo de mariage, sur la table, n’était plus qu’une plaisanterie.

     

    Leurs esprits avaient cessé depuis longtemps de communiquer. Ils vivaient séparés par une barricade si épaisse qu'aucune avalanche de paroles d’amour, qu’aucun effort surhumain de tendresse n'auraient pu la détruire. Ils s'étaient perdus l’un à l’autre quelque part entre la première dent de lait de l'aîné et le diplôme de la plus jeune de leurs filles.

     

    Au travers des années, ils avaient déroulé le long fil de cette boule de ficelle qu'on appelle “le moi” et, chacun démêlant ses propres nœuds serrés, ils avaient cessé de se chercher l'un l'autre. Parfois, la nuit, elle pleurait en implorant les ténèbres de lui découvrir qui elle était vraiment. Et lui continuait à ronfler à ses côtés, tel un ours en hibernation, sans se soucier de l'hiver où elle se trouvait. Elle s'inscrivit à un cours d'art moderne, s'efforçant de se retrouver dans les couleurs couchées sur la toile, tout en se plaignant aux autres femmes de l’insensibilité des hommes.

     

    Lui s’enfonça dans un tombeau appelé son bureau, enveloppa son cerveau de feuilles de papier couvertes de chiffres et s'enterra avec ses clients.

     

    Lentement, le mur de séparation s'édifia, cimenté par le mortier de l'indifférence.

     

    Un jour, essayant de se toucher l'un l'autre, ils firent face à une barrière infranchissable. Reculant devant la froideur de ces pierres, chacun s’éloigna de l'étranger qui se trouvait de l'autre côté. Car, lorsque l'amour meurt, ce n'est pas au cœur d’une bataille rageuse, ni le jour où des corps éperdus de passion commencent à perdre de leur émois.

     

    Non ! L'amour expire quand il s’écroule, épuisé, à bout de souffle, au pied d'un mur qu’il ne peut plus franchir.

     

    Bruno LEROY.

    source http://brunoleroyeducateur-ecrivain.hautetfort.com

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  • François Delmas Goyon clôture ce mois-ci la série des "Textes franciscains du mois" avec un extrait des 'Actes du bienheureux François et de ses compagnons' où il est question de discernement (un excellent sujet de réflexion pour l'été !). On y retrouve François hésitant entre une vie de prière ou une vie de prédication. Un texte qui interroge notre désir d'accomplir la volonté divine, notre humilité et notre attention aux autres. --- François Blanty ofs

    François consulte

    Sigles bibliques et franciscains

     
     

               EZ = livre d'Ezéchiel
               Lc = évangile selon Luc        

              
    Jn
    = évangile selon Jean

    1C = première Vie de François par Thomas de Celano
    AP = Du commencement de l'Ordre (ex-anonyme de Pérouse)
    3S = Légende des trois compagnons
    CA = Compilation d'Assise

    LM = Légende majeure par saint Bonaventure
    SP = Miroir de perfection majeur (éd. Sabatier / Solvi)
    Fio = Fioretti de saint François
    Actus = Actes du bienheureux François et de ses compagnons
    TM = Témoignage (ex-Testimonia minora)
    TFM = "Le Texte franciscain du mois"

     

       

    Le texte : Actes du bienheureux François et de ses compagnons, chap. XVI, 1-13

    À l’époque où, au commencement de sa conversion, saint François avait déjà réuni plusieurs compagnons, il dut affronter un grand doute : devait-il s’employer à une prière continuelle ou se livrer parfois à la prédication ? Il désirait fort savoir ce qui plairait le plus au Seigneur Jésus Christ. La sainte humilité n’autorisait pas saint François à présumer de lui-même, c’est pourquoi il se tourna vers le refuge que constituaient les autres : grâce à leurs prières, il découvrirait le bon plaisir divin. Aussi appela-t-il frère Massée et lui dit-il : « Très cher, va auprès de Claire et dis-lui de ma part qu’elle supplie Dieu avec une de ses compagnes spirituelles pour qu’il m’indique si je dois parfois prêcher ou m’employer à une prière continuelle. Va aussi auprès de frère Sylvestre, qui demeure au mont Subasio, et dis-lui la même chose. » Ce fut ce seigneur Sylvestre qui vit sortir de la bouche de saint François une croix d’or touchant les cieux en hauteur et en largeur les confins du monde. Il était d’une si grande dévotion et grâce que tout ce qu’il demandait était aussitôt exaucé par Dieu. L’Esprit Saint l’avait aussi rendu singulièrement digne de la conversation divine ; pour cela, saint François l’avait en grande dévotion et avait grande foi en lui. Ce frère Sylvestre demeurait seul dans le lieu évoqué plus haut.

    Ainsi que cela lui avait été ordonné par saint François, frère Massée assigna la mission susdite d’abord à la bienheureuse Claire, ensuite à frère Sylvestre. Frère Sylvestre alla aussitôt prier et, alors qu’il priait, il eut aussitôt la réponse divine. Il sortit aussitôt vers frère Massée, disant : « Dieu dit cela : “Dis à frère François que je ne l’ai pas appelé pour lui seul, mais pour qu’il fasse fructifier les âmes et qu’il en soit gagné beaucoup par lui”. » Après quoi frère Massée revint auprès de sainte Claire pour savoir ce qu’elle avait obtenu du Seigneur. Elle répondit que tant elle que sa compagne avaient eu du Seigneur une réponse semblable en tout point à la réponse de frère Sylvestre.

    Frère Massée revint donc auprès de saint François. Le recevant dans la charité en lui lavant les pieds et en lui préparant à manger, le saint, une fois le repas terminé, appela frère Massée dans la forêt et, tête nue et mains croisées[1], il s’agenouilla, l’interrogea, disant : « Qu’ordonne notre Seigneur Jésus Christ que je fasse ? » Frère Massée répondit que, tant pour frère Sylvestre que pour sœur Claire et sa compagne, il y avait une réponse unique du Christ béni : « Il veut que tu ailles prêcher, car il ne t’a pas appelé pour toi seul, mais aussi pour le salut des autres. » La main du Seigneur vint alors sur [2] saint François et, se levant dans la ferveur de l’esprit, tout enflammé de la vertu du Très-Haut, il dit : « Allons, au nom du Seigneur ! »

    Traduction d’Armelle Le Huërou in François d’Assise, Écrits, Vies,
    témoignages, J. Dalarun dir., Paris, 2010, vol. 2, p. 2791-2793

    © Éditions du Cerf / Éditions franciscaines, 2010

     [1] L’expression latine « manibus cancellatis » est ambiguë : on ne sait s’il faut comprendre que François croise les bras sur la poitrine ou s’il joint les mains en croisant les doigts.
     [2] Voir Ez 1, 3.
     
     
    Le contexte

    Les Actes du bienheureux François et de ses compagnons sont un écrit latin rédigé entre 1327 et 1337 ou, au plus tard, 1341. Ils sont peu connus du grand public, contrairement à leur traduction en langue toscane : les célèbres Fioretti. Ils nous sont parvenus par le biais d’une vingtaine de manuscrits du XVe siècle, qui divergent sensiblement concernant le nombre et l’ordre des chapitres et même, parfois, leur rédaction. On peut cependant y distinguer quatre sections. La première (chap. 1-31) traite des premiers temps de la Fraternité mineure et a pour héros François, mais aussi les frères Bernard, Léon, Massée et sainte Claire. La deuxième (chap. 32-47) est consacrée à certains proches compagnons (Rufin, Léon, Bernard, Massée, Gilles), ainsi qu’à Claire, Antoine de Padoue et Conrad d’Offida. La troisième (chap. 48-59) relate des faits bien postérieurs, qui se situent tous dans la Marche d’Ancône et mettent en scène des frères de cette région, en particulier Jacques de Massa. La quatrième (chap. 60-74) revient à l’époque de François et, outre celui-ci, a pour figures principales Léon et Gilles[1].

    Les Actus ont été composés dans la Marche d’Ancône, probablement au couvent de Soffiano, et semblent avoir deux auteurs. Hugolin de Mont-Sainte-Marie est le plus ancien et principal d’entre eux, mais il a eu au moins un successeur. Ces deux frères, tout comme ceux cités dans la troisième section, appartiennent à la mouvance des Spirituels. Celle-ci, on s’en souvient[2], est née dans l’avant-dernière décennie du XIIIe siècle et était constituée de frères mineurs désireux de vivre dans toute leur rigueur les prescriptions de la Règle relatives à la pauvreté. La Marche d’Ancône, dont était issu Ange Clareno, était un de leurs fiefs et cette région pauvre et peu peuplée, au relief accidenté, a constitué pour eux une zone de refuge après leur condamnation par le pape Jean XXII en 1317-1318. Les sources sur lesquelles s’appuient les rédacteurs des Actus sont les deux Vies de Thomas de Celano, la Légende majeure de Bonaventure, les souvenirs écrits (CA ; SP) et oraux de frère Léon, transmis par Conrad d’Offida, l’Exposition de la Règle et l’Histoire des sept tribulations d’Ange Clareno. Même s’ils précèdent d’une soixantaine d’années les Fioretti, les Actus sont une œuvre tardive, écrite plus d’un siècle après la mort du petit Pauvre. Les récits dont ils se composent sont habituellement magnifiques mais presque toujours surchargés de merveilleux et, souvent, marqués par les options idéologiques de leurs auteurs ; beaucoup sont de pures fictions et l’authenticité d’un certain nombre d’autres est fortement sujette à caution.

    Frère Massée de Marignano serait entré dans la Fraternité mineure vers 1210 et mort, nonagénaire, en 1280. Il devint un proche de François et fut l’un des témoins oculaires de la prédication aux oiseaux[3]. En Actus 33, François le choisit également comme messager pour inviter frère Rufin, en proie à une grave tentation spirituelle, à venir le rencontrer. Sylvestre était un prêtre séculier d’une sordide avarice, qui, lorsque Bernard et Pierre – les deux premiers compagnons de François – distribuèrent leurs biens aux pauvres, réussit à se faire attribuer frauduleusement deux pleines poignées de deniers[4]. Quelques jours plus tard, ayant pris conscience de ce péché, il eut la vision, en songe, de la croix d’or dont parle le texte[5]. Étant entré dans la Fraternité mineure, il devint un contemplatif renommé et mourut en mars 1240. Il a résidé en divers ermitages, parmi lesquels celui des Carceri, situé sur les pentes du mont Subasio, lequel domine la colline sur laquelle est bâtie Assise. Claire, pour sa part, s’est consacrée à Dieu entre les mains de François dans la nuit du dimanche des Rameaux 1212 ; la communauté de Saint-Damien s’est ensuite constituée rapidement, mais de manière toutefois progressive. Ainsi, s’il était authentique, l’épisode relaté en Actus 16, 1-13 ne pourrait pas s’être produit avant fin 1212, au moment où le nombre de frères atteignait la centaine et plus de trois ans après l’approbation orale de leur forme de vie par le pape Innocent III, ce qui est clairement postérieur à – et donc contredit – l’indication d’Actus 16, 1 : « À l’époque où, au commencement de sa conversion, saint François avait déjà réuni plusieurs compagnons… ».

    L’opposition entre vita contemplativa et vita activa était classique au Moyen Âge. De la fin de l’Antiquité jusque vers le milieu du XIIe siècle, la supériorité de la première, identifiée aux vocations monastique et érémitique, sur la seconde, identifiée à la « vie dans le siècle », paraissait évidente. Elle trouvait une justification dans l’épisode de Marthe et Marie, où Jésus déclare : « c’est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée »[6]. Au XIIe siècle, l’essor des communautés de chanoines réguliers et le nouveau regard porté sur les pauvres – désormais considérés comme des images du Christ souffrant – ont valorisé le travail apostolique et le service des indigents et des malades, commençant ainsi à réhabiliter la vita activa. L’engagement pastoral et social des ordres franciscain et dominicain, au XIIIe siècle, achèvera de lui redonner les lettres de noblesse que lui avait acquises saint Paul.

    © Éditions franciscaines, 2012

     [1] Toutes les données historiographiques exposées dans cet alinéa et dans le suivant proviennent de l’introduction aux Actus rédigée par Jacques Dalarun in François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages, vol. 2, p. 2715-2734.
     [2] Voir TFM de mai 2011, « Le contexte ».
     [3] Voir la suite d’Actus 16 et TM 28b. On notera que Massée fait partie des informateurs dont les souvenirs ont été recueillis par les trois compagnons : Léon, Rufin et Ange, en 1246.
     [4] Voir AP 12 ; 3S 30.
     [5] Voir AP 13 ; 3S 31 ; LM 12, 2 ; Actus 1, 41-43.
     [6] Voir Lc 10, 38-42. En fait, dans le texte évangélique, cette « meilleure part » désigne l’écoute de la parole du Christ, mais, durant des siècles, les exégètes chrétiens ont compris qu’il s’agissait de la vie contemplative.
     
     

    Le commentaire

    Le chapitre seize des Actus conjoint deux épisodes : le discernement de la vocation de François (1-13) et la prédication aux oiseaux (14-34). Son rédacteur n’invente rien, ce faisant, puisqu’il se contente de reproduire le schéma de LM 12, 1-3. Pour ce qui est de la teneur de ces deux récits, Actus 16, 1-13 s’inspire, avec liberté et une certaine distance, de LM 12, 1-2, alors qu’Actus 16, 14-34 est plus proche de 1C 58[1] que de LM 12, 3. L’épisode de la demande de discernement adressée par François à Claire et à Sylvestre est tardif et faiblement attesté par les sources primitives. Il est manifeste qu’il ne s’agit nullement d’un fait historique mais d’une fiction, inspirée par ces quelques lignes de la première Vie de Thomas de Celano :

    « Ils conféraient ensemble, en hommes qui pratiquent vraiment la justice : devaient-ils vivre parmi les hommes ou se retirer en des lieux solitaires ? Mais saint François, qui ne mettait pas sa confiance dans ses propres efforts, mais précédait toute affaire d’une sainte prière, choisit qu’on ne vivrait pas pour soi seul, mais pour Celui qui est mort en faveur de tous ; il savait qu’il avait été envoyé en ce but : gagner à Dieu les âmes que le diable s’efforçait d’enlever[2]. »

    Le premier biographe de François situe l’événement en 1209, à Rivo Torto, au retour des frères de Rome, après qu’ils sont allés soumettre leur forme de vie au pape Innocent III. Presque trois ans avant la consécration religieuse de Claire, le discernement est donc opéré et l’orientation active de la vie des frères, clairement établie. Bonaventure reprend ce passage presque tel quel en LM 4, 2, mais il en accentue la portée en précisant un peu plus loin (LM 4, 4) qu’à partir de ce moment, il arrive à François de prêcher dans la cathédrale d’Assise le dimanche matin. LM 12, 1-2 est une invention de toutes pièces du Docteur séraphique[3], qui dédouble l’épisode de LM 4, 2 en identifiant le choix de la vie active à celui de la prédication. François pose à ses compagnons de vie, à Sylvestre et à Claire la question : « Dois-je vaquer à l’oraison, ou bien aller et venir pour prêcher ? » et reçoit comme réponse de ces deux derniers que le bon plaisir de Dieu est qu’il sorte pour prêcher. Cette insistance sur la prédication se comprend aisément lorsqu’on sait qu’au début des années 1260, quand Bonaventure rédige ces lignes, les Frères mineurs sont devenus, depuis une trentaine d’années, des spécialistes de la prédication – mais ce contre la volonté de leur fondateur[4]. Il importe donc de montrer, dans la nouvelle Vie officielle de François qu’est la Légende majeure, que dès le moment où le petit Pauvre est rejoint par des frères, puis à nouveau quelques années plus tard, Dieu lui a révélé de façon certaine sa ferme volonté que lui et ses frères deviennent des prédicateurs.

    L’auteur d’Actus 16, 1-13 reprend le texte de Bonaventure mais le récrit selon une autre perspective. L’objectif de ce frère du XIVe siècle, originaire de la Marche d’Ancône, n’est plus de justifier l’orientation prédicative de l’Ordre des Frères mineurs mais de manifester la sainteté, l’obéissance à Dieu, l’humilité et la charité de François d’Assise. Si la question du petit Pauvre, héritée du récit de Bonaventure, mentionne encore la prédication, il ne s’agit plus que de prêcher parfois et la réponse de Sylvestre, confirmée par Claire et sa sœur, parle simplement de « faire fructifier les âmes » et d’en « gagner beaucoup ». Seul Massée, ajoutant de son propre chef un élément aux paroles de Sylvestre, affirme : « il [Jésus Christ] veut que tu ailles prêcher ». En revanche, au début du récit, le grand désir qu’avait François de plaire au Christ et sa profonde humilité, qui « ne l’autorisait pas à présumer de lui-même » mais l’amenait à solliciter l’avis des autres, sont soulignés. La description de son attitude lorsque Massée revient, dont Bonaventure ne dit mot et qui est une création originale de notre auteur, est très instructive. François accueille maternellement son frère, en lui lavant les pieds et en lui préparant à manger. La référence à Jn 13, 1-11 et à Lc 17, 7-10 est intentionnelle : le petit Pauvre, à l’imitation de Jésus Christ, se fait le serviteur de ses frères et c’est seulement une fois que Massée se sera restauré qu’il s’autorisera à lui demander la réponse de Sylvestre et de Claire. Il est plus difficile de comprendre pourquoi, le repas achevé, François conduit Massée dans la forêt avoisinante[5]. Peut-être est-ce simplement afin de mieux se resituer, au milieu des arbres, en tant que créature face au Créateur. Le fait de découvrir sa tête, de croiser les mains et de s’agenouiller exprime la profonde révérence de François envers le Christ, qui, pour lui, est le véritable auteur de la réponse qu’il va recevoir : « Qu’ordonne notre Seigneur Jésus Christ que je fasse ? » La référence à Ézéchiel traduit la même idée, car c’est juste après que la parole de Dieu lui a été adressée que la main du Seigneur vient sur le prophète[6]. Enfin, la réaction de François manifeste l’intensité du désir qui l’anime : « se levant dans la ferveur de l’Esprit, tout enflammé de la vertu du Très-Haut, il dit : “Allons, au nom du Seigneur !” »

    En LM 12, 2, François envoyait auprès de Sylvestre et Claire deux frères qui n’étaient pas nommés et les engageait à se rendre d’abord auprès du prêtre vivant en ermite, puis auprès de la moniale. En Actus 16, 1-13, François envoie le seul Massée d’abord à Claire puis à Sylvestre, mais tandis que la première doit prendre le temps de transmettre la demande à l’une de ses sœurs, le second répond immédiatement. Par-delà ces différences de détail, le sens de la démarche de François est identique dans les deux cas : le fondateur de la Fraternité mineure s’adresse aux membres les plus contemplatifs de la famille franciscaine afin de découvrir avec certitude la volonté de Dieu à son égard. Telle est bien la donnée, déjà présente dans le texte de Bonaventure, que l’auteur d’Actus 16, 1-13 privilégie et qui constitue le message de fond de ce beau récit de discernement.

    © Éditions franciscaines, 2012
     

     [1] Ce texte a constitué le sujet du TFM de février 2011.
     [2] 1C 35 ; traduction de D. Poirel in François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages, vol. 1, p. 508-509.
     [3] Titre décerné à saint Bonaventure, tout comme Thomas d’Aquin a reçu celui de « Docteur angélique ».
     [4] Voir, en particulier, le Testament de François d’Assise.
     [5] Le texte ne le dit pas, mais la scène se situe sans nul doute à la Portioncule.
     [6] Voir Ez 1, 1-3.
     
     

    Pour nous, aujourd’hui

    Ce texte interroge notre soif de Dieu, notre désir d’accomplir la volonté divine, notre humilité et la qualité de notre amour des autres.

    Notre soif de Dieu et notre désir d’accomplir sa volonté : cherchons-nous, comme le fait François, à discerner le projet de Dieu sur nous et nous donnons-nous les moyens de connaître celui-ci ? François prie et consulte les personnes les plus compétentes qui lui sont accessibles. Et nous-mêmes, lorsque nous avons une décision importante à prendre, la portons-nous dans la prière et nous faisons-nous accompagner spirituellement ?

    Notre humilité : cherchons-nous toujours à être autonomes et à « nous en tirer seuls » ou bien savons-nous reconnaître, le cas échéant, notre incompétence ou notre impuissance et avons-nous, comme François, la simplicité de demander l’aide des autres ?

    La qualité de notre amour pour autrui : François se rend compte que Massée n’a pas mangé, lui prépare un repas et attend qu’il se soit restauré avant de lui demander la réponse de Sylvestre et de Claire. Et nous-mêmes, sommes-nous à l’écoute des besoins de nos proches et de ceux que nous côtoyons ? Et savons-nous attendre que ces besoins soient satisfaits avant de mettre en avant nos propres nécessités ?

    © Éditions franciscaines, 2012

    GRAND MERCI  à François Delmas Goyon


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  • "Les livres d'Esdras et de Néhémie" 6/6

    La naissance du judaïsme

    http://ekladata.com/gMEWxY0nZ4tqSmBMMnoZbxVj-BM.jpgLa période considérée marque un tournant décisif dans l’évolution de la foi et des pratiques religieuses du peuple juif. Le yahvisme d’avant l’exil devient le judaïsme. Dans les livres d’Esdras et de Néhémie on voit apparaître les traits caractéristiques de la piété juive des siècles suivants.

    Une conscience très vive du péché

         Néhémie, Esdras et leurs contemporains sont marqués par cette prise de conscience du péché et de la solidarité dans le péché. On connaît la grande prière pénitentielle de Ne 9, 5b-37, les deux livres en contiennent d’autres : Esd 9, 6-15; Ne 1, 5-11. Cette prise de conscience s’accompagne d’une reconnaissance de la gratuité du salut (cf. par exemple : Esd 9, 15). On perçoit l’écho de l’enseignement des prophètes (par exemple : Éz 36, 22). Aujourd’hui encore, la fête principale du judaïsme est Yom Kippur, le jour du grand pardon.

    La place centrale de la Loi

         En accordant à la loi juive le statut de droit particulier pour tous les Israélites, le roi perse lui conférait un caractère officiel et obligatoire, non seulement pour le territoire de la Judée mais pour tous les exilés habitant  dans son empire (au moins ceux vivant dans les territoires à l’ouest de l’Euphrate).

         La disparition de la monarchie et le caractère occasionnel de la prophétie avaient laissé le peuple sans direction claire ni norme précise de son identité. La Loi vient combler ce vide. Désormais, être juif, c’est se soumettre à la Loi de Moïse. Cette loi n’est pas une contrainte mais un guide sûr pour mener une vie heureuse dans la fidélité à Dieu (cf. Ne 9, 13).

    La lecture solennelle de la Loi

         Tout le peuple se rassembla comme un seul homme sur la place située devant la Porte des eaux. On demanda au scribe Esdras d'apporter le livre de la loi de Moïse, que le Seigneur avait  donnée à Israël. Alors le prêtre Esdras apporta la Loi en présence de l'assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre. C'était le premier jour du septième mois.

         Esdras, tourné vers la place de la Porte des eaux, fit la lecture dans le livre, depuis le lever du jour jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi. Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès.

         Esdras ouvrit le livre : tout le peuple le voyait, car il dominait l'assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen! Amen! » Puis ils s'inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre. Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les lévites traduisaient, donnaient le sens, et l'on pouvait comprendre.

         Néhémie le gouverneur, Esdras qui était prêtre et scribe, et les lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi.

    (Néhémie 8, 1-6.8-9) 

     

    Le temple et le sacerdoce

         Avant l’exil, malgré quelques tentatives de centralisation (cf. 2 R 18,4; 23, 8-9), les sanctuaires locaux avaient continué d’exister de manière plus ou moins officielle. Après l’exil, le sanctuaire reconstruit devient véritablement le temple par excellence de la nation juive. (Le temple d’Éléphantine n’est jamais mentionné dans la Bible, celui des Samaritains au Garizim est objet de mépris cf. Si 50, 25-26). Il est remarquable que la restauration du temple  soit placée en tête des projets entrepris par les premiers à revenir d’exil. Ce temple va rester au centre de la vie nationale jusqu’à sa destruction par les Romains en 70 PC.

         Après la disparition de Zorobabel le grand prêtre reste la principale autorité reconnue. C’est probablement pour souligner la préséance du sacerdoce que le rédacteur final a fait passer Esdras le prêtre avant Néhémie le laïc. On attache une grande importance à la légitimité des prêtres, lévites et autres membres du personnel au service du culte (cf. Ne 12, 1-26). Jusqu’à l’époque romaine, le grand-prêtre va demeurer l’interlocuteur par excellence face aux représentants des gouvernements étrangers qui dominent le pays.

    Jérusalem, la ville sainte

    Même si la ville restaurée par Néhémie était sans doute modeste, dans la mémoire et l’imaginaire des Juifs, c’est la ville par excellence, le lieu de résidence de Dieu sur la terre, le centre du monde. Pour les croyants des trois religions monothéistes, monter à Jérusalem est encore aujourd’hui une expérience spirituelle intense. Pour le chrétien, elle exprime l’attente de la venue de la Jérusalem nouvelle qui descend du ciel, de chez Dieu (Ap 21, 11).



    Jérôme Longtin, prêtre

    source www.interbible.org

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  • Homélie du 14ème dimanchedu temps ordinaire -8 juillet 2012

    Abbé Jean Compazieu

    Jésus à Nazareth


    Jésus marche avec.. Textes bibliques : Lire


    Les lectures bibliques de ce jour nous rejoignent dans ce que nous vivons. Nous sommes dans un monde où le message de l’Evangile n’est pas toujours bien accueilli. Les envoyés de Dieu sont souvent affrontés à l’indifférence ou aux moqueries. Dans certains pays, ils sont arrêtés et mis en prison. Mais rien ni personne ne peut les empêcher de témoigner de l’espérance qui les anime. La Parole de Dieu doit être annoncée à temps et à contretemps dans le monde entier.

     

    C’est ce qui se passe dans l’évangile qui vient d’être proclamé. Nous y voyons Jésus revenu à Nazareth. A l’époque, ce n’était qu’un simple village où tout le monde se connaissait. Jésus y avait passé trente années de sa vie dans le silence d’une vie ordinaire. En grandissant, il avait appris le métier de charpentier. Personne n’imaginait qu’il pouvait être autre chose qu’un simple petit artisan. C’est vrai pour nous aussi. Nous croyons bien connaître les gens et nous avons tendance à les classer et à les enfermer dans des catégories dont ils ne peuvent sortir.


    Mais un jour, Jésus est parti. Il a quitté sa famille et ses amis pour accomplir la mission que le Père lui a confiée. Il s’est mis à parcourir toute la Galilée et même au-delà. Il enseignait tous ceux qui venaient à lui ; il guérissait les malades. On venait de partout pour écouter l’enseignement nouveau qu’il donnait. Dans l’évangile de ce jour, nous le voyons revenir à Nazareth. Il ne veut pas laisser de côté ceux parmi lesquels il a vécu. Le jour du Sabbat, il se rend donc à la Synagogue comme tout bon juif pratiquant. Là, il leur partage ce qui remplit son cœur. Mais les gens ne comprennent pas. Cet homme n’est que le fils du charpentier. Il n’est pas différent d’eux. Ceux qui l’entendent n’acceptent pas qu’il puisse leur parler avec autorité de leur vie et de leur conduite. Qui est-il pour se mettre au dessus des autres et prétendre les enseigner?


    Jésus constate qu’un prophète n’est méprisé que dans son pays et sa propre famille. A ce sujet, une précision s’impose : le prophète ce n’est pas celui qui prédit l’avenir. C’est d’abord quelqu’un qui parle de la part de Dieu ; c’est celui qui dénonce le péché de son peuple et l’invite à se convertir. Les prophètes d’autrefois ont eu beaucoup à souffrir. La première lecture nous montre Ezéchiel face à un peuple rebelle et obstiné. Pour lui, cela n’a pas été facile. Mais rien ne peut l’arrêter dans sa mission : « qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. »


    L’apôtre Paul est également affronté à de grandes épreuves. Il est accablé de difficultés et d’humiliations de toutes sortes. « Ce sont des gifles de Satan » dit-il. Mais le Seigneur lui a répondu : « Ma grâce te suffit. » Quoi qu’il arrive, l’amour de Dieu est toujours présent ; il nous est acquis une fois pour toutes. Ce qui nous est demandé, c’est  tout simplement de l’accueillir à pleine mains. Cela ne sera possible que si nous arrêtons de nous enfoncer dans nos certitudes. Le Seigneur est là pour nous montrer le chemin. Il veut chaque jour nous encourager à faire un pas de plus sur le chemin de la conversion.


    La bonne nouvelle de ce dimanche, c’est cette présence du Seigneur. Comme à la synagogue de Nazareth, il nous rejoint pour nous annoncer la bonne nouvelle de l’Evangile. Ses paroles sont parfois déroutantes mais ce sont celles de la Vie éternelle. C’est lui que nous sommes invités à suivre et à écouter. Il vient à nous pour nous révéler la Vérité sur Dieu, sur nous-mêmes et sur notre monde. Parfois ce message dérange parce qu’il vient bousculer nos habitudes, nos traditions et nos idées. Mais cette vérité, nous devons l’accueillir parce qu’elle vient de Dieu et parce qu’elle nous est transmise par l’Église.


    Cette bonne nouvelle, nous ne pouvons pas la garder pour nous. Elle doit être annoncée à tous dans le monde entier. C’est Jésus lui-même qui nous le demande. Il nous appelle à le suivre, à accueillir cet amour passionné qui est en lui et à le rayonner dans notre vie de tous les jours, en particulier auprès de ceux et celles qui sont loin de la foi. Il faut que tous ceux qui nous entourent puissent découvrir que Dieu c’est quelqu’un de vivant et qui les aime. Par notre baptême et notre confirmation, nous sommes appelés à être en ce monde des témoins du Dieu vivant, témoins de son amour, de sa présence et de son action dans notre vie et dans le monde.


    Avant de nous lancer dans cette mission, nous te prions, Seigneur : envoie-nous ton Esprit Saint. Qu’il vienne nous rappeler ce que tu as dit ; qu’il nous apprenne à reconnaître que tu nous précèdes dans le cœur de tous ceux et celles que tu mets sur notre route. Seigneur, augmente en nous la foi. Amen

    Sources : Revues Signes et Feu nouveau, La Parole, de Dieu pour chaque jour 2012 (Vincenzo Paglia), pensées sur l’Evangile de Marc (Cardinal Christoph Schönborn), dossiers personnels.

    Source http://dimancheprochain.org

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  • Dis-moi quel Dieu tu fréquentes...
    et je te dirai qui tu es.

    crucufix-natureOn aura reconnu ici une légère adaptation d’un dicton bien connu : « Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es ». Au cours de l’été, nous aurons sans doute plus de temps pour nous fréquenter entre parents et amis et, pourquoi pas, pour fréquenter notre Dieu! Les lieux de rencontre varient de la lecture d’un passage des Écritures à la prière, de la célébration liturgique à la discussion entre amis. Dans tous les cas, il y a matière à réflexion.

     

         En ce début du 21e siècle, nous sommes les témoins d’une secousse sismique résultant de la rencontre des plaques tectoniques de la religion et de la sécularité. Il ne faut pas ignorer les divergences de conceptions et d’expériences de foi et de non foi qui peuvent engendrer des tensions entre les individus. On se divise au nom même de Dieu. C’est à se demander quel Dieu les croyants prétendent fréquenter. Notre premier devoir comme croyants est de purifier notre connaissance de Dieu. Cela fait partie de la formation continue de la foi. De même qu’un arbre se reconnaît à ses fruits, ainsi en est-il de notre fréquentation de Dieu qui a une incidence sur notre façon de nous poser comme chrétien, comme chrétienne.

     

         La finale de l’Évangile selon saint Matthieu 28, 16-20 nous ouvre quelques pistes de réflexion. Comme je l’avais écrit dans une chronique précédente Propos intempestifs sur la mission, on trouve dans ce passage un cahier de charge pour la mission : faire des disciples, les baptiser et les enseigner pour qu’ils vivent de la Parole. Arrêtons-nous sur la formule du baptême : « Baptisez-les au nom du Père, et du Fils et de l’Esprit saint ». Cette formule a traversé les siècles et est toujours en usage dans le rituel du baptême et pour certains elle est peut-être devenue usée. Et pourtant, cette formule nous révèle à la fois quel Dieu nous sommes appelés à fréquenter et, en conséquence, qui nous sommes.

     

         Traduite littéralement du grec, la formule se dit : Plongez-les dans le nom du Père et du Fils et de l’Esprit saint. Plonger, immerger, baptiser : tous ces synonymes se comprennent aisément. « Dans le nom… » a été traduit en français par « au nom ». Mais en anglais, on dira « in the name » et en italien « nel nome… », ce qui est proche du grec. Il est normal de plonger dans un liquide. Mais que signifie plonger dans le nom de Dieu? Dans la pensée biblique, le nom et la personne ne font qu’un, comme si le nom rejoignait l’être même de la personne, au point d’utiliser « le Nom » pour désigner Dieu.  Ainsi, baptiser quelqu’un dans le nom de Dieu, c’est le plonger dans l’être même de Dieu.

    Baptisés au nom du Père, du Fils et de l’Esprit

         L’intimité de Dieu, c’est d’être Père, Fils et Esprit saint. Le baptême dans la mort et la résurrection du Christ nous a plongés dans le mystère de Dieu qui est Amour. Et l’amour, nous le savons fort bien, ne se vit pas seul. L’amour est communication, relation, dialogue, rencontre de l’autre, don de soi, partage. Quel bonheur de croire que Dieu est Amour!  Parce qu’il est Amour, il a tout à partager avec nous, il est toujours capable de nous surprendre, il est le Tout-Autre, il est au-delà de tout ce que l’on peut dire de Lui.  Quelle chance qu’aucun concept ne puisse épuiser Dieu, qu’il ne soit pas un solitaire perdu quelque part dans l’infini d’un univers surnaturel, ni le dieu abstrait des philosophes, ni le dieu païen tout-puissant, irascible, qu’il faut amadouer pour éviter ses foudres. Ces «conceptions» de Dieu ne nous interpellent pas vraiment, elles ne nous engagent pas. En revanche, si Dieu est Amour, alors là je suis concerné et atteint au plus profond de moi-même, car il y a l’offre d’une relation personnelle.

         Comme il n’y a pas de relation amoureuse entre deux personnes sans un échange réciproque de leur être, dans un esprit de communion,  ainsi en est-il de Dieu qui est Amour : il se révèle être en lui-même un don qui s’offre sans cesse (Père), qui se reçoit avec reconnaissance (Fils). Cette relation amoureuse du Père et du Fils est rendue interactive et dynamique grâce à l’Esprit de communion qui donne vie à l’amour.

    Et je te dirai qui tu es

         Baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, nous sommes plongés dans le mystère de Dieu Amour. En vivant chacun et chacune de nous dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est donné pour moi, je me fais accueil reconnaissant du don de Dieu qui me fait vivre. Et cette vie divine qui s’unit à la mienne me rend capable d’aimer à mon tour et de me faire don pour les autres, car, comme le dit Jésus, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ».

     

    Yves Guillemette, ptre

    source www.interbible.org

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  • Où est l’Homme ?

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    Dans notre monde moderne, on a tendance à voir l’être qui suit un cheminement spirituel comme un être faible, qui s’adresse à une divinité extérieure pour lui venir au secours.

     

    Une telle spiritualité n’est rien d’autre que mièvrerie, faiblesse, ignorance et peur.

    La première étape de la spiritualité consiste à devenir un individu. Pour pouvoir rejeter toute individualité, encore faut-il devenir individu, être libre et sans peur.

    La spiritualité n’est pas pour les faibles, elle n’est pas non plus pour ceux qui se prosternent de tout leur long aux pieds de soi-disant gourous, sans aucun discernement, sous prétexte qu’ils portent une robe couleur ocre.


    La voilà la porte ouverte aux sectes : la faiblesse !

    Elle n’est pas non plus pour ceux qui, vivant dans un monde moderne, se font avaler par une Administration outrancière, véritable machine à compresser l’être, sans aucune réaction de vérité et cela par crainte de perdre quelque bien. La spiritualité, dirait-on de nos jours chez les jeunes, n’est pas pour les faux-culs ou les grenouilles de bénitier.

    La religion n’est pas le fait d’aller à l’église. La religion est à chaque seconde de la Vie. La religion est la vie même La religion est partout. Dès qu’il y a création, il y a religion, car il y a ce qui relie le créé au créateur. La religion dans un sens second est la prise de conscience de cette liaison.

     

    La faiblesse engendre la peur. Peur du péché, peur du fisc, peur de l’envoûtement, peur du «  qu’en dira-t-on ». PEUR ET FAIBLESSE. Notre monde moderne est une machine a créer la faiblesse et la peur, à créer des comportements standardisés, à faire de chaque individu des numéros d’INSEE, d’URSSAF, de je ne sais quoi encore, des unités de production et de consommation.


    Mais la société, comme un ensemble de moutons, suit, elle suit, et passe sa vie sans vivre, sans vie, sans âme, sans souffle, sans foi ni Loi, sans Dieu. Où est l’Homme ?

    Ce n’est pas l’Homme qui cherche Dieu, c’est Dieu qui cherche un véritable Homme.

    Où est l’Homme ?

    Le fort devance le faible, c’est la loi de la nature. Si nous voulons que la spiritualité envahisse le monde, cela ne peut être le fait que de forts, non de faibles. Seul le fort peut recevoir cette Foi qui justement «  déplace des montagnes » alors que le faible n’arrivera pas même à soulever un brin d’herbe.


    L’homme spirituel est un homme libre.

    Qu’est-ce que la spiritualité si ce n’est la recherche de la Libération ?

    Chercher la libération lorsque dans la vie de tous les jours nous ne sommes qu’esclaves, qu’est-ce alors cette spiritualité qui n’est qu’un mot faisant sourire ?

    Être un Homme libre cela n’est pas un vain mot.

    La liberté est du domaine du dedans, la liberté c’est de ne dépendre de rien parce qu’il n’y a attachement à rien. Sauf à Dieu qui nous rend et nous veut libres.

     

    Bruno LEROY.

    Source http://brunoleroyeducateur-ecrivain.hautetfort.com

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