Port Fourchon, États-Unis — Les riverains du golfe du Mexique observaient hier avec inquiétude les efforts entrepris pour colmater la fuite à l'origine d'une vaste marée noire, et notamment la mise en place d'un «couvercle» géant.

Pour la première fois, hier, les gardes-côtes ont annoncé officiellement que le pétrole avait touché terre, sur une île au large de Louisiane. «Les équipes ont confirmé qu'il y avait du pétrole sur Freemason Island», a indiqué à l'AF, Connie Terrell, responsable des gardes-côtes.

Dans la matinée, ses services avaient annoncé que le «couvercle» qui vise à stopper l'hémorragie de brut était arrivé à l'endroit précis où la plate-forme Deepwater Horizon a sombré le 22 avril après une explosion à environ 80 km des côtes.

L'objet, un silo blanc avec un haut en forme de dôme, de 12 mètres de haut, concentre les espoirs de tous les riverains du golfe du Mexique, du Texas jusqu'à la Floride. Les responsables espèrent que le dispositif sera opérationnel lundi.

Le géant pétrolier britannique BP, exploitant de la plate-forme, a indiqué que cette sorte d'entonnoir qui devait être déposé au fond de l'eau dans la journée de jeudi, doit permettre de recueillir le pétrole qui s'écoule à environ 1500 mètres sous le niveau de la mer. L'idée est de pomper le brut pour le récupérer à bord d'un pétrolier.

Dans le pire des scénarios, la pose du couvercle pourrait aggraver la fuite et multiplier par 12 la quantité de pétrole rejetée dans la mer, actuellement de 800 000 litres par jour, ont toutefois averti les experts de BP. «Nous espérons tous que cela marchera, mais je voudrais rappeler à tout le monde que ce dispositif est le premier du genre», a dit la contre-amirale de la garde côtière, Mary Landry.

BP, qui craint pour son image et qui pourrait devoir payer des milliards de dollars, a mis en exergue les efforts dantesques entrepris pour colmater la fuite, et est allé jusqu'à faire revenir la barge transportant le «couvercle» à quai pour que les photographes retardataires puissent obtenir un cliché.

La société Transocean, propriétaire de la plate-forme exploitée par BP, a indiqué de son côté hier qu'elle ignorait les causes de l'accident et a mis en garde contre des «spéculations» en attendant le résultat de l'enquête.

Selon une estimation, plus de 9,5 millions de litres de pétrole se sont répandus dans les eaux depuis le début de la catastrophe, soit un quart du brut déversé par l'Exxon Valdez en 1989.

BP est parvenu à colmater la plus petite des trois fuites sur le conduit du puits, mais ce succès n'a pas modifié le débit de brut. Le groupe a aussi commencé à creuser un puits de secours afin de boucher le conduit d'origine et a repris les incendies contrôlés sur certaines portions de la nappe.

Celle-ci, aussi vaste qu'un petit pays, avec 200 km de long sur 110 de large, menace plus de 600 espèces animales selon les experts.

Des élus de la Chambre des représentants américaine ont déposé hier un projet de loi visant à créer une commission indépendante pour enquêter sur l'explosion de la plate-forme.

Source http://www.ledevoir.com

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