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    Le séminaire, un lieu pour faire la vérité avec soi-même, estime François

    Le Pape a reçu en fin de matinée les évêques, les séminaristes et leurs formateurs de Calabre, région du sud de l'Italie. Mettant en garde contre le carriérisme, il les a exhortés à garder le Seigneur comme fondement de leur ministère sacerdotal, avant d’aborder le défi de la transformation des séminaires.
     

    Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

    «Que tout se fasse dans la charité, dans l’unité, dans la fraternité»: ainsi le Pape a-t-il résumé ce matin son exhortation aux évêques, séminaristes et prêtres formateurs de Calabre, s’inspirant du testament spirituel du saint patron de cette région italienne, saint François de Paule, né justement un 27 mars (en 1416).

    Le Saint-Père a d’abord salué la singularité de cette terre du sud de la botte, riche en sanctuaires, en figures de sainteté et d’érémitisme, ouverte sur l’Orient par les mers qui l’entourent, et accueillant même une communauté chrétienne grecque-byzantine.

    Mais ces trésors de foi et de d’histoire ne la protègent pas des défis de l’Église actuelle, nécessitant «un engagement commun renouvelé pour promouvoir l’évangélisation et la formation sacerdotale». 

    Que cherchez-vous dans le sacerdoce?

    Le Pape a avant tout exhorté les prêtres et futurs prêtres à «demeurer avec le Seigneur, et à le mettre Lui au fondement de [leur] ministère». «Autrement, nous chercherions surtout nous-mêmes, et, tout en nous engageant dans des choses d’apparence bonne, ce serait pour combler le vide que nous avons au-dedans», a-t-il averti, avant de mettre âprement en garde son auditoire contre les aspirations carriéristes et de vilipender les prêtres «fonctionnaires».

    «Peut-être cherchons-nous le ministère sacerdotal comme un refuge derrière lequel se cacher, ou un rôle pour avoir du prestige, au lieu de désirer être des pasteurs avec le même cœur compatissant et miséricordieux du Christ», a précisé François. Il a également invité les séminaristes à s’interroger: «que cherchez-vous? Quel est le désir qui vous a poussé à aller à la rencontre du Seigneur et à le suivre sur la voie du sacerdoce? Qu’es-tu en train de chercher au séminaire? Et que cherches-tu dans le sacerdoce?»

    «Le séminaire est un temps durant lequel faire la vérité avec nous-mêmes», a-t-il ensuite rappelé, en faisant «tomber les masques, (…) les apparences».

    Les défis actuels l’Église

    Puis le Pape s’est adressé aux évêques calabrais, leur demandant ce qu’ils imaginaient de l’Église à venir sur leur territoire, «parce qu'au moment où un certain christianisme du passé s'est éteint, une nouvelle saison ecclésiale s'est ouverte devant nous, qui a exigé et exige encore une réflexion même sur la figure et le ministère du prêtre». «Nous ne pouvons plus le considérer comme un pasteur solitaire, enfermé dans l'enclos paroissial ou dans des groupes de pasteurs fermés, a poursuivi le Souverain Pontife, nous devons unir nos forces et mettre en commun nos idées, nos cœurs, pour relever certains défis pastoraux qui sont désormais transversaux à toutes les Églises diocésaines d'une Région. Je pense, par exemple, à l'évangélisation des jeunes, aux parcours d'initiation chrétienne, à la piété populaire - vous avez une piété populaire riche - qui a besoin de choix unifiés inspirés par l'Évangile; mais je pense aussi aux exigences de la charité et à la promotion d'une culture de la légalité», a-t-il indiqué aux pasteurs d’une région encore minée par la mafia.

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    Séminaires: rassembler les énergies

    Dans un second temps, le Saint-Père a abordé le sujet de la formation des futurs prêtres, invitant les évêques à «orienter toutes les énergies humaines, spirituelles et théologiques en un unique séminaire». «Cela ne veut pas dire anéantir les séminaires», et il ne s’agit pas non plus «d’un choix logistique ou purement numérique», a expliqué François, mais de l’élaboration d’une «vision ecclésiale» et d’un «horizon de la vie sacerdotale», afin de surmonter deux difficultés: disperser les forces en multipliant les lieux de formation, et maintenir à tout prix de petites structures avec peu de séminaristes.

    «Nous avons besoin de petites communautés, même au sein d'un grand séminaire, ou d'un séminaire à taille humaine, reflet du collège presbytéral. C'est un discernement qui n'est pas facile à faire», a concédé le Pape, mais il revient aux évêques de le mener… et non à Rome, a-t-il estimé. «Si Rome commençait à prendre les décisions, ce serait une gifle à l'Esprit Saint, qui travaille dans les Églises particulières», a expliqué le Saint-Père, en promouvant la synodalité. «Faites un style de formation qui soit toujours vivant et qui ne dépende pas de l'extérieur mais de la force de l'Esprit Saint», a-t-il encouragé.

    Le Souverain Pontife a adressé ses derniers mots aux évêques, les invitant à ne pas se laisser «paralyser par la nostalgie» ni rester «prisonniers du provincialisme qui fait tant de mal» - l’Italie compte plus de 220 diocèses, et des conférences épiscopales régionales.

    Il a enfin évoqué la figure de l’évêque émérite, appelé à servir l’Église dans le silence et la prière. «C'est une grâce de l'Esprit que d'apprendre à prendre congé», a-t-il déclaré.

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