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Quand Dieu et l'homme se cherchent - Bible
Quand Dieu et l'homme se cherchent
Autres lectures : 1 Samuel 3, 3-10.19; Psaume 39(40); 1 Corinthiens 6, 13-15.17-20
Sans nous étendre sur la structure de l'Évangile de Jean, notons, cependant, que le bouleversant Prologue, Jn 1, 1-18, est immédiatement suivi d'un enchaînement d'événements évoquant Jean Baptiste en sa mission et Jésus dans les débuts de sa mission. Les événements de cet ensemble sont placés dans un cadre hebdomadaire culminant sur un 7e jour où l’on célèbre une fête de noces (Jn 2, 1-12).
De Jean à Jésus
Le texte proclamé ce dimanche, correspond au 3e jour de la semaine. Jean Baptiste est en compagnie de deux de ses disciples. Le va et vient de Jésus suscite une confession de foi du Baptiste qui entraîne le disciple André et son compagnon à suivre Jésus. Jésus entre en dialogue avec eux en leur posant une question décisive à laquelle ils réagiront en posant une autre question. Invités par Jésus, les deux se rendent auprès de lui et demeurent avec lui, ce jour-là. L'évangéliste doit considérer que cet événement est important puisqu'il précise à quelle heure du jour il a eu lieu. Serait-ce lui, le compagnon d'André ? D'après la suite du récit, André communique la nouvelle de la rencontre qu'il vient de faire à son frère Simon et amène ce dernier à Jésus en indiquant qui est celui qu’il a reconnu en Jésus.Il est question du regard de Jésus sur Simon débouchant sur l'attribution à Simon, par Jésus, d'un nouveau nom: nouvelle identité, nouvelle mission.
Cette présentation des premiers disciples de Jésus figure dans les quatre évangiles. En Matthieu et en Marc, Jésus appelle ses premiers disciples et ils répondent instantanément (Mt 4, 18-20; Mc 1, 16-20). Luc situe l'appel dans le cadre d'une pêche miraculeuse et d'une confession de foi de Simon-Pierre. Le 4e évangile procède différemment. André et son compagnon ont été guidés vers Jésus par Jean le Baptiste. Pierre a découvert Jésus par l'intermédiaire de son frère André. Jésus n'a donné ni à l'un ni à l'autre l'ordre de le suivre.
Jésus, l’Agneau de Dieu
Les deux disciples de Jean Baptiste sont très attentifs à la parole de leur maître : « Voici l’Agneau de Dieu ». Ce qu'ils l'entendent les conduit à quitter le Baptiste pour se mettre à la suite de Jésus. La veille, au 2e jour de cette semaine inaugurale, le même Jean avait vu Jésus venir à lui et avait dit alors : Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (Jn 1, 29). Qu'est-ce qu'une telle proclamation pouvait signifier pour des personnes élevées dans le judaïsme ? L'expression ne nous renvoie-t-elle pas à l'Exode, au sang de l'agneau sur le linteau des maisons des juifs, esclaves en Égypte; à la libération de l'oppression des Égyptiens; aux célébrations commémoratives de cette libération ? Le 4e évangile lui-même contient-il des indices montrant que la mission de Jésus était mise en relation avec la pâque juive ? En Jn 19, 33-36, l'évangéliste, situe la crucifixion de Jésus le jour de la préparation de la Pâque, c'est-à-dire le jour où l'agneau pascal était immolé. Il raconte que les juifs, ne voulant pas que les corps des trois crucifiés restent là le jour du Grand Sabbat, demandent à Pilate de leur briser les jambes pour hâter leur mort. Lorsque les soldats arrivent à la croix de Jésus, ils s'aperçoivent que Jésus est déjà mort. Ils n'ont donc aucune raison de lui briser les os. Ce faisant, ils contribuent à donner à la mort de Jésus toute sa couleur pascale. En Ex 12, 46, en effet, la prescription est clairement indiquée : Vous n'en briserez aucun des os. À la lumière de Jn 19, 33-36, ne peut-on pas affirmer qu'en Jn 1, 35-42, Jean le Baptiste prophétise la mission de Jésus ? Paul, s'adressant à la communauté de Corinthe, proclamera la même foi : Notre pâque, le Christ, a été immolée (1 Co 5, 7b). Et l'auteur de l'Apocalypse évoquera le Christ sous les traits de l'agneau comme égorgé (Ap 5, 6.12; 7, 17; 17, 14).
Une recherche réciproque
Que cherchez-vous ? Où demeures-tu ? Ces deux questions nous renvoient à deux attitudes auxquelles le 4e évangile semble avoir accordé une grande attention. Jésus s'interroge sur la quête d'André et de son compagnon. La question avec laquelle ils répliquent nous permet de comprendre que l'objet de leur recherche, celui qu'ils veulent trouver, c'est Jésus lui-même. Se peut-il qu'en évoquant cette recherche de Jésus, Jean ait pensé à cette quête de la sagesse dont parlent les livres sapientiaux ? A-t-il pu penser à ce chapitre 6 du livre de la Sagesse : La Sagesse se laisse facilement contempler par ceux qui l'aiment; elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent (Sg 6, 12) ? Ou encore, au livre des Proverbes qui annonçait déjà mystérieusement Jésus Christ avec son J'aime ceux qui m'aiment, qui me cherche avec empressement me trouve (Pr 8, 17).
À Jésus, André et son compagnon auraient pu répondre : c'est toi Jésus que nous cherchons, toi que nous annonçaient déjà Proverbes et Sagesse lorsqu'ils parlaient de la Sagesse qu'on trouve en la cherchant, lorsqu'ils parlaient de Dieu comme Sagesse.
Une demeure réciproque
La question qu'André et son compagnon lancent à Jésus illustre une deuxième attitude chère au 4e évangile. Ils demandent où se trouve la demeure de Jésus, et la suite du récit nous dit qu'ils demeurèrent avec lui ce jour-là. Demeurer avec Jésus, oui, mais l'évangéliste parlera vigoureusement de demeurer « en » Jésus. Dans le grand discours eucharistique, Jésus dira : Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui (Jn 6, 56), avec comme résultat d’ouvrir sur « la vie à jamais » (Jn 6, 58). On remarquera la réciprocité du mouvement : le disciple demeure en Jésus et Jésus demeure dans le disciple. Même mouvement de demeure réciproque dans le discours d'adieu où Jésus se présente comme la Vigne (Jn 15, 1.5) : Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit... (Jn 15, 4s.). Immanence réciproque : clé de la vie réussie. Sans oublier l'appel de Jésus à demeurer dans sa parole (Jn 8, 31) pour être vraiment disciple.
Des rencontres qui comptent
Conquis par sa rencontre avec Jésus à la dixième heure du jour, André s'amène chez son frère Simon. Il a hâte de partager avec lui sa découverte incroyable : Nous avons trouvé le Messie, Celui qui est la réponse à la quête multiséculaire du peuple, le Sauveur. André a évangélisé son frère; il le conduit à Jésus. Au début de notre texte, il avait le regard du Baptiste sur Jésus; maintenant, c’est le regard de Jésus sur Simon. Puis, plus d’information sur la réaction de Simon, nous entendons Jésus changer son nom et donc lui confier une identité, une mission nouvelle. En cette rencontre, il s'est vu conférer une mission qui évoque la solidité : il est Pierre, Kepha.
C'est aussi de mission qu'il est question dans la première lecture de ce dimanche (1 S 3, 3-10.19), mission conférée dans l'obscurité de la nuit au jeune Samuel. Pas simple de reconnaître la voix de Dieu... Le prêtre Éli le conseillera... Quand il aura discerné, il écoutera, grandira. Dieu sera avec lui, lui donnant une voix puissante. L'attitude johannique « demeurer », cette immanence réciproque, n'est pas sans affinité avec cette communion avec la Trinité que Paul révèle aux Corinthiens dans l’apologie du corps humain de la seconde lecture (1 Co 5, 13b-15a.17-20). Le Père qui a ressuscité Jésus nous ressuscitera aussi. Nous sommes les membres du Christ. Nous sommes le temple de cet Esprit qui est en nous et que nous avons reçu de Dieu. Nous avons été achetés très cher.
Source : Le Feuillet biblique, no 2430. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
source www.interbible.org
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