• Mon combat spirituel.

    Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver chantait Henri Salvador.

     

    Si nous étudions bien cette phrase presque ironique. Nous constatons en fait qu’elle reprend l’Ecclésiaste : Il est un temps pour tout, un pour rire, un pour pleurer, un pour travailler, un pour se reposer…( version édulcorée )

    Je vis depuis plus de 35 ans au cœur de la pauvreté, voire de la misère qu’elle soit matérielle, spirituelle ou intellectuelle. Depuis toutes ces années, j’ai cheminé avec des Jeunes de tous horizons et des adultes de toutes opinions.

     

    Le travail est certes la santé, dans le sens où cela permet de mettre ses talents au service du bien commun. Mais, le repos est également nécessaire à l’équilibre psychique. Je connais tant d’éducateurs faisant régulièrement des séjours en psychiatrie pour avoir trop donnés de leur personne.Nous ne pouvons offrir aux autres, ce que nous ne possédons plus !

     

    Accompagner les plus pauvres a toujours été un idéal que j’ai réussi à la force du poignet à réaliser. Mais, au début de cette aventure, je pouvais consacrer tout mon temps pour les écouter avec les oreilles de l’âme.

     

    Or, aujourd’hui les paradigmes ont bien changés…En France, nous pouvons évaluer la précarité à plus de cinquante pour cent par rapport aux années précédentes.

    Donc, il me faut effectuer les mêmes fonctions avec le nombre d’éducateurs identiques et ayant le double, voire le triple de jeunes mais aussi d’adultes à s’occuper.

     

    Et je puis vous assurer que rien ne nous aide et surtout pas les Administrations, remparts contre la solidarité active.

     

    Tout cela, pour vous dire que je me remets sérieusement en question. Pour ceux et celles qui me connaissent, j’ai un caractère bien trempé et mes colères sont aussi puissantes que mes tendresses. Pourtant, j’ai toujours refusé une société laxiste où le jeune insulte son professeur et les institutions. Dans ces cas précis, ayant pratiqué le karaté pendant plus de cinq ans, inutile de vous dire ma réaction.

     

    Si je remets en questions, la pertinence de mes actions et réflexions ce jour. C’est tout simplement pour ne pas crouler, m’étouffer sous trop de boulot. Me voici désormais obligé de travailler les Samedis et Dimanches. Évidemment, pas tous les week-ends. Heureusement… !

    Pourtant, bien souvent cela se passe ainsi. Heureusement, j’ai une équipe d’éducateurs militants qui ne refusent pas un service demandé exceptionnellement. 

     

    Cependant, la conjoncture actuelle ne me permet plus d'embaucher...

     

    Donc, en résumé, nous avons dix fois plus de boulot et dix fois moins de pognon pour payer les travailleurs sociaux. Ce que certains ne font pas, je sui obligé de le faire seul.La crise, Monsieur Leroy, vous comprenez la crise mais nous pensons aux Ados déstabilisés et aux Adultes paumés. La crise a bon dos Monsieur le Conseiller Général, elle permet de ne pas prendre certaines responsabilités face aux addictions, aux suicides, aux désespoirs de toutes sortes.

     

    Et nous, nous continuons notre chemin malgré des carences flagrantes. Jusqu’à quand ? Je vais sur mes 58 ans et je dirais heureusement que je suis chrétien sinon, j’aurais baissé les bras depuis longtemps. Coups de téléphone le soir pour une urgence. Et me voilà parti avec le Christ en bandoulière. Car, le soir les Banlieues sont loin d’être calmes. Mais, je n’ai jamais eu peur, sachant que ma mission était dans ce travail social à la limite du possible.

     

    Oui, je suis militant social et non politique.

     

    Et mon épouse qui me demande souvent vers quelle heure je pense rentrer. Un contrat bilatéral lors de nos fiançailles est inscrite entre nous. Elle connaît la dimension de ma Vocation. Et pourtant, certains jours, je pense sérieusement à une succession possible.

     

    Et le temps passe…Je retrouve William avec son sourire édenté et Johnny avec sa violence à fleur de peau. Je me surprends alors à penser que je fais un bien beau métier.

    Et, j’assume mes coups de gueule, mes coups de poing, mes coups d’amour détaché.

    En fait, dans cette société où l’on fait tout pour détruire une once de spiritualité chez l’Homme.

    Je fais tout pour ne pas succomber à la tentation en ne me conformant pas à ce Monde mais, en renouvelant mes perceptions et projets selon les injonctions de l’Esprit saint.

     

    Ma Foi non prosélyte me donne la Force de vivre toujours contre vents et marées.

    Les tempêtes ne m’ont jamais fait sombrer. Je ne suis pas meilleur qu’un autre, au contraire.

    Mais le fait de vivre réellement de la  vie même du Christ. Me revivifie au quotidien.

    Comprenez, Il est ma source limpide dans laquelle je vois les signes qu’il me montre pour aller de l’avant.

     

     Beaucoup d’athées ne comprennent pas cette dimension de mon être à la fois libertaire et chrétien. La Vérité vous rendra Libres. Je n’ai jamais évangélisé un seul gamin que j’ai rencontré. Je considère qu’il s’agit d’une violation de conscience. Je Témoigne uniquement par ma Vie. Par les valeurs que je défends, les jeunes et moins jeunes, savent bien qu’elles me viennent d’ailleurs. Cet ailleurs dans lequel, je me réfugie pour me ressourcer et prier afin de continuer mon Combat spirituel envers une société atteinte de cécité.

     

     Bruno LEROY.

    Éducateur de rue.

    source http://brunoleroyeducateur-ecrivain.hautetfort.com/
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  • (excusez mon retard, Richard)

    Homélie du 15ème dimanche ordinaire (10 juillet)

    Abbé Jean Compazieu

    Dieu nous parle

    pas

    Textes bibliques : Lire

    Les lectures bibliques de ce dimanche nous adressent une invitation à « écouter la voix du Seigneur ». Beaucoup ont tendance à penser que sa voix est lointaine et inaccessible. Quand ils prient, ils ont l’impression de parler à un mur ; si Dieu ne répond pas, comment savoir ce qu’il attend de nous ? D’une manière ou de l’autre, nous pouvons avoir ce sentiment de l’absence de Dieu dans notre vie. 

    La réponse, nous la  trouvons dans la première lecture (Livre du Deutéronome). Moïse nous fait comprendre que nous cherchons trop loin. La Parole de Dieu est toute proche ; elle est dans nos rencontres quotidiennes ; elle est aussi dans les projets qui naissent en nos cœurs, spécialement en cette période de vacances. Oui, la Parole de Dieu est là au cœur de nos vies.  Mais trop souvent, nous hésitons à la mettre en pratique. On se dit qu’il vaut mieux ne pas chercher à entendre les appels auxquels on ne veut pas répondre.

    Mais pour un fils de la Bible, la Parole de Dieu doit être écoutée, savourée et vécue à longueur de vie. Il ne peut en être autrement. A travers cette Parole de Dieu, c’est Dieu lui-même qui habite au plus intime du croyant. Pour le fidèle, cette Parole n’est pas un poids mais une joie. Elle n’est pas là pour nous écraser mais pour nous élever. Quand elle a pénétré dans notre vie, c’est comme une sève dans l’arbre ou une rivière dans la plaine. Tout fleurit et tout produit du fruit. Avant d’être un visage, Dieu est une voix capable de nous rejoindre au plus proche de notre cœur. Alors, nous pouvons faire nôtres les paroles de ce chant : « Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur ».

    Dans la seconde lecture, saint Paul nous invite à faire un pas de plus dans l’accueil de cette parole. A son époque beaucoup pensaient que des puissances mystérieuses servent d’intermédiaire entre Dieu et l’humanité, le Christ leur étant assimilé. Dans sa lettre, saint Paul réagit vivement : il proclame la place unique et centrale du Seigneur Jésus : il est « l’image du Dieu invisible » ; il existe depuis toujours en Dieu. C’est par lui et pour lui que Dieu a tout créé. Alors comme Pierre, nous pouvons lui répondre : « A qui irions-nous ? Tu as les paroles de la Vie éternelle. »

    Dans l’Évangile  de ce jour, Jésus renvoie son interlocuteur à cette loi qui est inscrite dans le cœur des hommes. Il n’assène pas des réponses toutes faites. Il fait appel à notre responsabilité. C’est à chacun de trouver la bonne réponse : « que dois-je faire pour avoir en héritage la Vie éternelle ? » A travers sa manière de répondre, Jésus nous montre déjà un chemin. C’est vrai, nous sommes facilement tentés de faire la leçon, de donner des réponses toutes faites et d’imposer notre point de vue. Jésus nous montre que le vrai dialogue doit respecter l’autre et l’aider à trouver ses propres réponses.

    Et « qui est mon prochain » ? Jésus répond en nous racontant l’histoire de cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho. Cette descente de trente kilomètres traverse une zone désertique. A l’époque, les brigands s’y cachaient pour dépouiller les voyageurs qui s’y aventuraient. Voilà donc cet homme victime de cette agression. A son malheur physique et moral, s’ajoute pour lui une exclusion d’ordre religieux. Touché par des impurs, il est lui-même devenu impur.

    Deux hommes, un prêtre et un docteur de la loi croisent le chemin de ce malheureux. Tous deux connaissent bien le commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur… Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais ils savent aussi que cet homme est devenu impur. Un simple contact avec lui les rendait inaptes à la célébration du culte.  Ne leur jetons pas la pierre : nous sommes parfois nous aussi des donneurs de leçon ou des défenseurs de la loi.  Il est plus facile de dire la loi que d’approcher ou de rencontrer celui qui en est la victime.

    « Lequel des trois a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » Il ne s’agit plus seulement du prochain que je dois secourir mais de celui qui m’a secouru. Avant d’aimer, nous devons reconnaître que nous sommes aimés. Nous ressemblons à cet homme qui est tombé et qui a besoin d’être secouru. Depuis notre naissance, nous avons bénéficié de l’amour de nos parents et de notre entourage. A l’origine de cette chaine, nous trouvons Dieu lui-même. Il est le bon samaritain qui s’est manifesté par son Fils Jésus. Il s’est fait le prochain de toute l’humanité.

    C’est important pour nous : le prochain ce n’est pas l’autre ; c’est tout homme qui s’approche des autres avec bienveillance, même s’ils sont étrangers ou hérétiques. Nous n’avons pas à faire un tri entre les hommes, ceux qu’il faut aimer et les autres. Nous devons tous nous retrouver frères. L’amour du prochain c’est la réconciliation avec ceux que Dieu aime. Il nous aime tous, même ceux que nous excluons.

    En venant à l’Eucharistie, nous nous tournons vers toi Seigneur pour te dire que nous t’aimons. Donne-nous d’accueillir l’amour qui est en toi. Ainsi nous pourrons aimer comme tu aimes. Toi qui ne cesses de prendre soin de nous, béni sois-tu et donnes-nous de te ressembler. Amen.

    Télécharger : 15ème dimanche du temps ordinaire

    Qui est mon prochain ?

    Sources : Revues Signes et Feu Nouveau – Missel des dimanches et fêtes des trois années – Assemblées de la Parole Dimanches et fêtes Année C – Homélies pour l’année C (Amédée Brunot)

    source http://dimancheprochain.org/

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  • Pour une Théologie du corps.

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    La plupart de mes articles analysent souvent les possibilités pour l'être Humain de s'affirmer face aux autres.
    Non, pour se mettre dans l'état d'une opposition systématique. Et encore moins pour céder à une certaine mode relativiste qui tente de résoudre tous vos problèmes existentiels en dix leçons.
    Ces textes sont inspirés par le désir de rompre les chaînes qui nous empêchent d'Aimer.
    En effet, je trouve que nous prenons souvent les problématiques à l'envers, notamment concernant le couple et la sexualité.

    Tous les pédagogues s'entendent sur le principe même qu'il faut une éducation sexuelle pour nos Jeunes.
    Je ne puis évidemment être qu'en plein accord avec ce projet. Mais, faut-il encore que nous n'enseignons pas cette matière comme étant pure fonctionnalité.
    Car, les ados même très juvéniles connaissent soit par ouïe-dire, soit par expériences personnelles la mécanisation génitale.
    Certaines personnes me diront, vous avez entièrement raison, parlons-leur davantage de la beauté intrinsèque de l'Amour.

    La fusion de deux corps qui s'aiment est une oeuvre d'art de Dieu.
    Oui, bien-sûr, leur dire que l'Amour vécu dans l'authenticité et la fidélité ne peut être que résonance des cymbales Divines.
    Mais, avant de parvenir à ce point d'enseignement. Il faut se poser la question de savoir pourquoi tant de couples divorcent.
    Pourquoi tant de Tendresses qui étaient vraies au départ finissent par s'envoler aux premiers vents de l'hiver ?

    Tout simplement, si je puis m'exprimer ainsi, parce que la plupart des adultes manquent de confiance en eux.
    Et c'est là, que j'affirme que notre approche anthropologique de la sexualité et surtout du couple est tronquée d'avance.
    Ce qu'il faut apprendre et transmettre aux Jeunes, c'est la confiance en soi.

    De là, tout coule de source vers les plus grands océans de l'existence.
    Pourquoi ?
    Lorsque nous aimons, nous devons donner ( dans le sens de Don ) une partie de nous-même.

    Nous devons nous accueillir réciproquement pour mieux nous cueillir.
    Or, nous ne pouvons offrir ce que nous ne possédons point.
    Il faut travailler sur sa propre intériorité pour accepter l'autre en plénitude.
    L'amour de soi conduit à l'amour d'autrui. Une mauvaise estime de soi génère invariablement des colères, disputes, incompréhensions ou silences pesants.

    Il ne faut pas oublier que ce qui finit par nous gêner chez l'autre sont souvent nos propres défauts.
    Je m'explique. Dans un couple, si un homme trouve que sa femme est nulle, ne comprend rien c'est en fait ce qu'il pense de lui-même et projette sur son épouse.

    Attention, ces projections peuvent être perçues par le mari ou la femme comme des réalités indéniables.
    Et petit à petit, le couple devient silencieux par manque de confiance et s'étiole.
    Il existe des possibilités psychothérapeutiques pour sortir de ce gouffre.
    Mais, n'eut-il point été préférable de se préoccuper de ces problèmes en amont. Avant, qu'ils n'apparaissent.

    En fait, les couples qui divorcent sont la combinaison de deux individus immatures et manquant cruellement de confiance.
    Et dire, qu'ils font la une et la gloire des revues poeple...!
    Aimer, c'est vivre l'instant présent en relativisant son passé. C'est reconnaître que nos parents, aussi cruels soient-ils, n'ont pas d'emprise sur notre destin.
    Bien-sûr, les manques affectifs sont toujours des blessures mais, guérissables.

    Alors, ne serait-ce pas préférable d'élaborer une éducation de résilience où l'adolescent ( e ) trouverait pleine confiance en lui-même ?
    Et donc, aux autres.
    Mais, pour cela il leur faut des exemples d'adultes qui savent se donner sans se perdre dans le fusionnel.
    Il faut des hommes et des femmes qui s'aiment tels qu'ils sont sans être narcissiques.
    Sinon, comment leur dire l'importance de construire un couple. Et le risque d'aimer.

    Aimer comporte un risque également. Celui d'édifier son Bonheur chaque jour avec l'imagination du cœur pour l'offrir à l'Aimé.

    Ne croyez pas les prophètes de malheur qui disent que l'Amour est impossible et doit être d'abord vécu à l'essai. Ils parlent uniquement pour eux.
    Et ne croyez pas les spiritualistes de fausses joies qui disent que l'Amour est sans risques.

    L'Amour est combat pour accepter la différence de l'autre en vue d'une unicité.
    L'Amour, c'est d'abord s'aimer sainement pour accorder entièrement sa personne à l'être choisi.

    L'Amour est effectivement un choix. Le choix fondamental de vouloir bâtir son existence, son Bonheur avec la personne dont nous avons décidés de nous consacrer entièrement.
    L'Amour est le contraire et même une lutte intraitable contre la mort. Les gens qui n'aiment pas sont comme mortes.
    L'Amour est épanouissement constant de la Vie. L'Amour est nécessaire à notre survie sur Terre.

    Sans ce combat essentiel, notre population aurait disparue depuis longtemps.
    Sans Amour nous ne pouvons prétendre Aimer Dieu. Heureusement, Dieu nous Aime inconditionnellement. Mais, de grâce ne prétendons pas l'Aimer alors que nous ne savons pas même ce que signifie ce mot.
    Comme, je vous le disais antérieurement. La certitude est que Dieu nous Aime.

    Ce manque de confiance en Soi explique aussi la dé-spiritualisation et l'athéisme de notre société.

    Le New-age semble bien adapté au vide intérieur, ce qui explique en partie son succès absolument dangereux pour le psychisme Humain. Il entretient certaines névroses, voire psychoses qui vont jusqu'à la déréalisation. Et surtout, la fragilité mentale.

    Il nous faut dire tout cela aux Jeunes. Pour qu'ils ne se laissent pas piéger par les marchands de désespoir.
    Et surtout, leur dire que si leurs Parents sont divorcés par manque de maturité dans leur couple.

    Ce n'est pas une raison pour qu'ils le soient un jour. L'immaturité n'est pas héréditaire. Elle n'est pas atavique et n'altère aucunement les potentialités de ces ados à créer leur Vie en toute lucidité.

    Je pense que nos programmes scolaires seraient plus riches humainement si nous parlions du couple sous l'angle de fondation sociale plutôt, que la description physiologique des mutations de leurs organes génitaux. Dont, franchement ils se fichent éperdument.
     
     
    Bruno LEROY.
    source http://brunoleroyeducateur-ecrivain.hautetfort.com/
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  • Passer de la méfiance pour vivre la confiance en la Providence.

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    « En toute condition, soyez dans l’action de grâces. C’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus » (1 Th 4, 18).

     Cette exhortation de saint Paul aux Thessaloniciens reprend l’invitation si fréquente à la louange que nous trouvons dans les Psaumes : « Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse en ma bouche » (Ps 34, 2). L’action de grâces n’est pas une forme de prière à pratiquer seulement de temps en temps ; elle doit devenir une attitude de cœur, une disposition de vie, une manière de nous positionner dans l’existence.

     Je suis très frappé par le fait que, dans l’évolution de notre culture, l’homme occidental a de plus en plus tendance à se positionner dans une attitude de victime. On passe son temps à se plaindre, à exiger, à revendiquer. Comme il n’y a plus de foi et de confiance en Dieu, toute difficulté et toute souffrance est vécue comme une anomalie, voire comme une injustice. On rêve d’une vie de gratifications permanentes, sans souffrances et sans combats. On n’accepte aucune douleur, et chaque fois que l’on est touché par une épreuve, on cherche quelqu’un à accuser, à qui faire porter la responsabilité et à qui faire payer sa souffrance. On l’a bien vu en France. À la moindre inondation ou canicule, c’est une levée d’accusations et de réclamations contre le gouvernement qui n’a pas fait ce qu’il aurait dû faire pour prévenir le fléau. Comme si l’État avait le devoir et la possibilité de garantir à tous les citoyens une existence sans problèmes et devait assurer le bonheur de tous ! Quel infantilisme !

     Ce type d’attitude est évidemment très destructeur pour la vie sociale. Au lieu de mettre à la base des relations humaines une disposition d’acceptation et de confiance, on instille partout le poison de la méfiance et de la revendication. Pour rester dans le domaine médical, il est bien sûr légitime de protéger les patients et de demander justice à des médecins qui, de manière consciente et grave, ont été négligents, mais exiger d’eux l’infaillibilité relève de l’infantilisme. Ils finiront par ne plus vouloir exercer la médecine, et personne n’y gagnera, surtout pas les malades !

    La louange et la gratitude sont un grand remède à ce positionnement victimaire et destructeur que je viens de décrire. Elles nous amènent à nous situer face à la vie dansune attitude tout autre : au lieu de réclamer, de nous plaindre, de revendiquer, elles nous conduisent à accueillir avec confiance la vie telle qu’elle se présente, même avec son poids de douleur et de difficultés. Elles nous évitent de nous enfermer dans une attitude accusatrice envers ceux qui nous déçoivent ou nous font souffrir, à chercher en permanence des boucs émissaires sur qui décharger nos ressentiments et nos amertumes. Elle nous fait comprendre qu’il ne s’agit pas d’abord de « changer la vie », selon le slogan illusoire d’un certain parti politique il y a quelques années, mais de changer notre attitude face à la vie. Passer de la peur, de la méfiance, de l’accusation… à l’acceptation et à la confiance. Accueillir avec foi la vie comme un don, même si elle se présente différente de nos attentes. Si nous pratiquons cette confiance, nous ferons bien vite l’expérience qu’en fin de compte, la vie réelle est bien plus belle et riche que la vie dont nous rêvons dans nos attentes irréalistes !

     Il y a là un principe spirituel fondamental, dont nous trouvons l’expression dans l’évangile. Jésus prononce cette parole mystérieuse : « À celui qui a on donnera, à celui qui n’a pas on enlèvera même ce qu’il a ! » (Lc 19, 26). Le Christ énonce ainsi une des lois les plus importantes qui gouverne l’existence humaine : à celui qui se met dans une attitude de revendication, de mécontentement, se plaint que la vie ne soit pas ce qu’elle devrait être, la vie se révélera comme décevante. Par contre, celui qui est heureux de ce qu’il a reçu, qui remercie Dieu pour ce qu’est son chemin recevra encore davantage et sera comblé ; celui qui se plaint de ne pas avoir reçu suffisamment et qui s’enferme dans la revendication sera de plus en plus déçu.

     Si la gratitude devient la disposition la plus fondamentale de notre cœur, nous guérirons de bien des amertumes et des déceptions, et nous serons en fin de compte comblés.

     Bruno LEROY.

    source http://brunoleroyeducateur-ecrivain.hautetfort.com/
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