• L'esprit des pèlerins d'Assise, source d'inspiration en Israël
    Le patriarche Twal veut « faire davantage pour la réconciliation »

    éveque 2ROME, vendredi 11 novembre 2011 (ZENIT.org) – L’esprit des pèlerins d’Assise continue d’inspirer Conseil des chefs religieux d’Israël, déclare en substance le patriarche latin de Jérusalem qui invite à « faire davantage pour la réconciliation ».

    Lors de l’audience accordée par Benoît XVI aux membres du « Conseil religieux d’Israël », jeudi 10 novembre, au Vatican, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, a évoqué le souvenir encore très frais des « impressions » laissées dans son « esprit » et son « coeur » par le « pèlerinage à Assise » (Cf. Zenit du 10 novembre 2011).

    Parlant après ses homologues - juif, musulmans et druze -, le patriarche a évoqué ce souvenir :« Nous étions au milieu d’hommes et de femmes de nombreuses communautés religieuses, qui constituaient une véritable représentation de toute l’humanité ». Ils avaient « répondu à l’appel » de Benoît XVI, pour une journée de « réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde ».

    « Saint-Père, s’est exclamé le patriarche Twal, je sens que vous êtes le seul qui ait l’autorité morale capable de rassembler des personnes d’un aussi grand nombre de confessions et de fois ».

    Reprenant le thème de la rencontre d’Assise, le patriarche affirme l’engagement à demeurer « des pèlerins de la vérité et des pèlerins de la paix ».

    Il a aussi souligné que cette visite à Rome n’était pas un « simple show » : il s’agit pour ce Conseil , a-t-il souligné, « de renouveler l’engagement à toujours promouvoir la justice, la paix, et le respect de la dignité de tout être humain ».

    Pour affronter les difficultés de cette région, a ajouté le patriarche, « nous sommes très conscients de nos limites, en tant que Conseil » : « Nous ne prétendons pas être capables de gérer et de résoudre les problèmes à un niveau international ou régional ».

    Pourtant ce Conseil religieux est aussi « conscient du pouvoir de la foi et de la prière » et de sa « responsabilité à faire davantage pour la réconciliation dans nos communautés de juifs, musulmans, druzes et chrétiens, en usant nos solides, bonnes relations et le bon sens ».

    Pour le patriarche Twal, il ne faut pas baisser les bras : « Bien que les problèmes que nous devons affronter soient nombreux, et que beaucoup soient le résultat d’un conflit qui semble sans solution, et d’une culture de la violence, en tant que membres de ce Conseil religieux, nous n’avons pas le droit de désespérer, d’être las ou d’abandonner ».

    « Nous venons aujourd’hui pour joindre nos prières aux vôtres, unissant nos efforts à ceux de tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, pour lancer des initiatives pour la justice et la liberté de nos peuples », a déclaré le patriarche latin de Jérusalem.

    Il affirme l’importance de voir les communautés religieuses de Terre Sainte « unies dans l’espérance » et de réaliser le rêve des fidèles de « justice, paix et réconciliation ».

    Lever les obstacles pour la coexistence pacifique est possible, déclare le patriarche qui cite les moyens identifiés par le synode des évêques pour le Moyen Orient : conversion du cœur, esprit de prière, respect, persévérance, et amour, et renoncement à la méfiance, à la peur et aux préjugés (Proposition 28).

    « Cela peut sembler un long chemin, mais Dieu qui est notre espérance n’est pas lointain », conclut le patriarche.

    Anita S. Bourdin

    Source www.zenit.org

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  • « Ne cessons jamais de prier pour la paix en Terre Sainte »
    Allocution de Benoît XVI au « Conseil religieux israélien »

    israel4-01 (18)ROME, jeudi 10 novembre 2011 (ZENIT.org) – « Ne cessons jamais de prier pour la paix en Terre Sainte, sûrs de Dieu qui est lui-même notre paix, et notre consolation », déclare Benoît XVI aux responsables religieux d’Israël. Il leur révèle le contenu de la prière qu’il a glissée dans les interstices des pierres du Mur Occidental, le « Mur des Lamentations », soubassement du Temple de Jérusalem, en 2009. Le pape plaide pour la compréhension et la confiance mutuelle des religions, le rejet de la violence au nom de la religion, l'éducation à la paix.

    Le pape Benoît XVI a reçu en audience, ce jeudi matin, 10 novembre 2011, une délégation du « Conseil religieux israélien », conseil des chefs religieux d’Israël, en la salle des Papes du palais apostolique du Vatican.



    Favoriser un climat de confiance

    « En ces temps troublés, souligne le pape, le dialogue entre les différentes religions devient de plus en plus important pour créer une atmosphère de compréhension et de respect mutuels qui puisse conduire à l’amitié et à une confiance solide les uns dans les autres. C’est urgent pour les responsables religieux de terre Sainte qui, tout en vivant en un endroit rempli de souvenirs sacrés pour nos traditions, sont quotidiennement éprouvés par les difficultés de la vie ensemble en harmonie. »

    Le pape met en garde contre deux dangers diagnostiqués en particulier à Assise le 27 octobre dernier: la violence « au nom de la religion », et la violence « comme conséquence de la négation de Dieu qui caractérise souvent la vie dans la société moderne ». Le pape invite au contraire à « réaffirmer que la relation de l’homme à Dieu droitement vécue est une force pour la paix. »

    Plus encore que par les paroles, Benoît XVI invite à rendre cette « vérité » bien « visible » dans la façon de « vivre les uns avec les autres au quotidien ». Le pape encourage à « favoriser un climat de confiance et de dialogue entre les responsables et les membres de toutes les traditions religieuses présentes en Terre Sainte. »


    Les piliers de la paix

    Et puis le pape indique une « grande responsabilité » commune, la tâche « d’éduquer les membres de nos communautés religieuses respectives, dans l’idée de nourrir une plus grande compréhension réciproque, et de développer une ouverture en vue de coopérer avec des peuples de traditions religieuses différentes de la nôtre. »

    Le pape en appelle à un plus grand engagement « pour la justice et la dignité humaine et il rappelle 4 piliers de la paix – indiqués déjà par Jean XXIII dans « Pacem in Terris » - : justice, vérité, amour et liberté. Il invite au « courage » de la réconciliation, et à la « confiance » car « c’est Dieu lui-même » qui « montre le chemin ».

    Le pape leur confie sa prière à Jérusalem, devant le Mur Occidental : il a glissé entre les pierres du Mur du Temple sa prière pour la paix de Jérusalem (cf. Ci-dessous, « Documents », pour le texte intégral de cette allocution).

    Le pape redit sa prière : « Que le Seigneur entende ma prière pour Jérusalem aujourd’hui et remplisse vos cœurs de joie pendant votre visite à Rome. Puisse-t-il écouter la prière de tous les hommes et de toutes les femmes qui lui demandent la paix pour Jérusalem. »

    Une "première" pour Israël

    Au début de l’audience, quatre responsables non-chrétiens ont adressé quelques mots à Benoît XVI : le grand rabbin ashkénaze d’Israël Yonah Metzger, le Cheikh Kiwan Mohamad, chef des Imams en Israel, le Cheikh Tarif Mouafak, chef de la communauté Druze en Israël, et Mirza Masroor Ahmad, Khalifatul Masih V, chef de la communauté musulmane mondiale Ahmadyyah.

    Les catholiques étaient représentés notamment par le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, et le Custode de Terre Sainte, le P. Pierbattista Pizzaballa, OFM.

    Le rabbin David Rosen, qui a participé, le 27 octobre à la rencontre d’Assise était également présent (cf. Zenit du 28 octobre 2011).

    Le conseil des chefs religieux d’Israël représente les confessions principales du pays et une douzaine d'institutions religieuses. Il s’est engagé, à sa création en 2007, à « favoriser la compréhension » et à réunir des représentants de différentes confessions et les communautés en Israël. Il se proposait ainsi de contribuer à résoudre les conflits et combattre les injustices.

    Benoît XVI a rencontré les membres de ce Conseil à l’occasion de  son voyage en Terre Sainte en 2009 et il les avait invités à se réunir une prochaine fois à Rome.

    Selon un communiqué de l’Ambassade d'Israël près le Saint-Siège, cette rencontre constitue « une première dans l’histoire des relations entre Israël et le Saint-Siège, et dans les annales des relations entre le Pape et la Terre Sainte ».


    Anita S. Bourdin

    Source www.zenit.org

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  • Nous apprenons .. par
    Antonio Fasolo... http://ekladata.com/8rqgsZcAFNjwGKq7YYUp3Xt_Pss.jpg
    Le 10 Novembre, a été appelé la maison de Dieu notre sœur Emanuela De Nunzio, 82 ans. Le DeCesare a eu lieu à Rome, en Italie, à l'heure locale 18:55. Au moment de sa mort, a été aidé par notre Ministre général Encarnita , par Benedetto Lino et Gilda, sa femme. Ils ont été avec Emanuela à hôpital pendant ses dernières heures. Que le Seigneur l'accueille au banquet de la vie éternelle.
    Nous l'avons surtout connue par sa participation lors du XII Chapitre général...

    Les thèmes porteurs du Chapitre, la Profession du Franciscain Séculier et son Sens de l’Appartenance, magistralement traités par les rapporteurs Fr. Felice Cangelosi OFM Cap. et Emanuela De Nunzio OFS, ont stimulé de manière très prégnante et offert de précieuses indications pour poursuivre sur la voie déjà entreprise.
    Publié également ici plusieurs page de son document ''Le sens de l'apartenance à l'OFS'' ICI

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  • Trois postulants enthousiastes

    Le samedi 29 octobre, trois hommes ont vécu leur cérémonie d’entrée au postulat. Pour les franciscains de la fraternité Saint-Antoine (Trois-Rivières) et pour eux, ce fut une expérience très marquante. Et c’est avec beaucoup d’émotion que les trois candidats ont signifié leur intention d’explorer la vie franciscaine parmi nous. Le tout en présence du frère provincial, Marc Le Goanvec, et du fr. Pierre Charland, qui les a accompagnés depuis les tout débuts. Récit et photos d’une fin semaine que nous ne sommes pas prêts d’oublier

     

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    La première rencontre avec Jonathan, Stéphane et Alain s’est déroulée un beau vendredi après-midi du mois d’octobre, le 28 pour être plus précis. Les trois candidats arrivent donc pour commencer à s’installer sur dans leur nouvelle fraternité, d’abord, en choisissant chacun sa chambre. Puis nous visitons les lieux et nous voyons à présenter chacun des frères que nous rencontrons. L’atmosphère, bien sûr, est à la joie et à la fête. La prière et le souper s’ensuivent, pas sans un temps d’apprivoisement et d’attention mutuels. La table est presque pleine (nous sommes alors 14, incluant les frères et les postulants).

     

    Après le souper, une rencontre toute en amitié est prévue entre les trois candidats et l’équipe de formation (les frères Néhémie, Roland et Guylain). Un très bel échange sur notre cheminement et surtout, comment nous avons discerné, jusqu’à maintenant, notre appel. Chaque récit comporte sa part de ressemblances et de différences avec celle des autres si bien qu’il est juste de dire qu’un appel est imminemment personnel… et collectif.

    La journée du samedi était consacrée à des détails plus techniques. Le matin, par exemple, j’ai présenté les objectifs du postulats, son programme et son horaire. Déjà, l’ensemble est bien clair et bien cadré. En après-midi, nous avons exploré les avenues de formation et de stages d’une manière plus personnalisé. L’un suivra une formation universitaire, l’autre des sessions de croissance et de discernement. Par ailleurs, chaque stage vise à explorer une autre partie de soi-même, en lien avec les pauvres et les petits. Ce qui s’annonce? Autant des visites à domicile de personnes malades que de l’aide à l’alphabétisation. Entendre le cri des pauvres fait partie intégrante de la démarche de postulat.

     

    En fin d’après-midi, toute la communauté s’est rassemblée à la chapelle pour vivre la célébration d’entrée officielle en postulat. Et pour cela, arrivent de Montréal les fr. Marc Le Goanvec (notre provincial) et Pierre Charland. Ainsi commence notre prière: Pierre présente à la fraternité les candidats. On y apprend qu’Alain est une “homme de coeur”. En effet, il a longtemps travaillé auprès des personnes qui ont un handicap intellectuel. Stéphane, directeur d’un centre de dialogue avec les chrétiens orthodoxes et l’Orient, est un “bâtisseur de ponts”. Jonathan, par les questions qu’il pose et les réponses qu’il trouve, est habité spontanément par une belle recherche théologique. Chacun avec ses intérêts et ses accents. Le groupe est riche d’expérience et de connaissance. Déjà.

    Quant à nous, nous avons prié afin que le Seigneur les éclaire dans leur discernement et qu’il les aide à fortifier leur appel durant la prochaine année. La célébration fut ponctuée de temps de silence, de psaumes et de chants. En plus du tau — la croix franciscaine en forme de T que François d’Assise dessinait en guise de signature —, les trois hommes ont reçu le sanctoral franciscain (tous les saints de la famille franciscaine), un livre qui présente des frères missionnaires du monde entier et un humble chapelet en bois d’olivier, directement rapporté pour chaque frère depuis Bethléem. Et c’est avec beaucoup de joie et d’émotion, que nos ainés — Florian, Gilles et Réal — ont remis la croix franciscaine à chacun des postulants.

    En bonne tradition franciscaine, la célébration fut suivie d’un repas de fête et d’une soirée remplie d’humour et de joie. Que d’histoires nous avons entendus! De vraies fioretti, dignes de notre saint patron à propos de figures marquantes de notre histoire: les frères Léonce Mercure, Léo Hébert, le Bon Père Frédéric, le “Père Jos”, etc. Nos frères Jean et Florian se relayaient pour nous conter une histoire par-dessus l’autre, parfois drôle, parfois attendrissante. Que de beaux souvenirs!

    Le lendemain, nous avons vécu un petit dimanche bien tranquille, ponctué par la prière et une belle visite: nous avons marché sur les pas du Bon Père Frédéric, dans le Centre qui lui est dédié. Ici se terminait un premier week-end de postulat, une fin de semaine qui lance une année remplie de promesses.

    Votre frère,

     

    Guylain Prince, OFM

    Source: http://www.francoisdassise.ca/

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  • francois_et_le_sultan.jpg

    Diaporama de la rencontre interreligieuse- 25e d'Assise - Sherbrooke

    les photos sont de Gérald Brasseur ofs

     


    L’initiative de cette soirée revient à la Famille franciscaine de Sherbrooke, soit :

    • Ordre de Sainte Claire aussi appelé Clarisses

              Renseignements : Tél. : 819 346-9206

    • Sœur Missionnaires de Notre-Dame des Anges

              Renseignement : Sœur Claire Lessard, Tél. : 819 569-9248     

     
    • Ordre Franciscain Séculier – (laïcs et prêtres séculiers)  Renseignements : Richard ou Micheline, Tél. : 819 346-8206

    Et avec la collaboration du Comité de liaison œcuménique de Sherbrooke  

    Autres collaborateurs  que nous remercions…

    Mgr Luc Cyr. Archevêque de Sherbrooke.

    Famille Marie-Jeunesse, chant et la musique, sous la direction d’Annie Laberge.

    Monsieur l’abbé Daniel Jodoin qui au nom de la paroisse du Bon Pasteur nous accueille en l’ église Saint-François d’Assise.
     

     

     

    Les intervenants-tes
    (incluant la Famille Marie-Jeunesse)


    Mgr Luc Cyr nouvel archevêque du diocèse catholique de Sherbrooke. Ordonné prêtre à St-Jérôme en 1980, Mgr Cyr fut évêque de Valleyfield de 2001 – 2011.  Sa devise épiscopale est : ‘’Un seul cœur, une seule âme.’’

    Richard Chamberland, ofs, animateur

    Abbé Daniel Jodoin,  Paroisse du Bon Pasteur.

    Judith Bergeron,  Assemblée spirituelle des bahá’ís de Sherbrooke.

    Sœur Lise Hamel,  Soeurs Missionnaires  de Notre-Dame des Anges.
    Mathieu Roy
    , Chapelle œcuménique St. Mark’s. 

    Rodolfo Felices, bibliste, Fac .de théo.  et d’études religieuses de l'Université de Sherbrooke

    Peter Cohen , Centre Communautaire Juif de l’Estrie,  Isaac Romano Dir.

    Richard Carrier,  dp,  mouvement des Cursillos, diocèse de Sherbrooke.

    Sœur Rita Juneau, Monastère Sainte Claire de Sherbrooke.

    Martyn Sadler, Église Unie

    Martine Bourdon, Famille Marie-Jeunesse

    Moustapha Saboun, Association culturelle islamique de l’Estrie.

    Alain Larochelle,  Services diocésains de pastorale.

    Gabriel Zako, Église St-Ephrem Syriaque Orthodoxe.

    Marie-Thérèse Safi, Lushima, Femmes Solidarité De Sherbrooke

    Claire Gagnon,  Ordre Franciscain Séculier.  

       Rita Roy, repr. du Chef des Abénakis du Mena`Sen de Sherbrooke. Yvon Mercier

    Lucille Chamberland, Renouveau charismatique.

    Sœur Claire Lessard, Sœur Missionnaires  de Notre-Dame des Anges
    Abbé Douglas Daniel, président du Comité de liaison œcuménique de Sherbrooke

     


     

    Autres documents sur le 25e d'Assise


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  • En collaborration avec les Editions franciscaines nous publierons Le texte franciscain du mois, nous sommes maintenant à jour dans la mise En Ligne de ces articles. Merci aux  Editions franciscaines de nous donner un apperçu du contenu du nouveau TOTUM.(le rédacteur  L'Auteur des articles

     

             Sigles bibliques                    
                 Mt = évangile selon Matthieu
                 Lc = évangile selon Luc
                 Jn = évangile selon Jean
                 IP = première lettre de Pierre

    Sigles franciscains

    1Reg = Règle non bullata (1221)
    2Reg = Règle bullata (1223)

    Test = Testament de François d'Assise
    2LFid = Lettre aux fidèles (version longue)

    LChe = Lettre aux chefs des peuples

    JG = Chronique de Jourdain de Giano

    LM = Legenda maior de Bonaventure

    TM = "Témoignages"

     

    Le texte franciscain du mois – novembre 2011

     

    1 Salut, Dame, reine sainte, sainte Mère de Dieu, Marie,
       qui es Vierge faite église

    2 et choisie du ciel par le Père très saint,
       toi qu'il consacra avec son très saint Fils bien-aimé

       et l'Esprit saint Paraclet[1],
    3 toi en qui furent et sont toute plénitude

       de grâce et tout bien[2].

     4 Salut, toi son palais ;
       salut, toi son Tabernacle ;
       salut, toi sa maison.

    5 Salut, toi son vêtement ;
       salut, toi sa servante [3];
       salut, toi sa mère.

    6 et vous toutes saintes vertus,
       qui, par la grâce et l'illumination de l'Esprit saint,
       êtes répandues dans le cœur des fidèles,
       pour faire d'infidèles des fidèles de Dieu[4].

     

     

    Traduction de J.-F. Godet-Calogeras in François d’Assise, Écrits, Vies,
    témoignages
    , J. Dalarun dir., Paris, 2010, vol. 1, p. 167
    © Éditions du Cerf / Éditions franciscaines, 2010

     


     [1] Voir Ep 1, 3-4.
     [2] Voir Lc 1, 28.
     [3] Voir Lc 1, 38.
     [4] La présentation visuelle adoptée ici nous paraît la plus apte à faire ressortir la structure du texte latin original ; elle diffère de celle figurant dans François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages.
     


    Le contexte

    Près d’une dizaine de textes de François d’Assise appartiennent au genre littéraire de la lauda (louange), qui s’était développé dans le monde latin à son époque et dont les racines sont à la fois chevaleresques et liturgiques[1]  . Parmi eux figure la Salutation de la bienheureuse Vierge Marie, dont l’authenticité est attestée par dix-huit manuscrits, remontant pour la plupart au XIVe siècle. Il est impossible de dater avec précision cette prière et il n’est même pas sûr qu’elle ait été rédigée à la même époque que la Salutation des vertus, dont le style et la forme lui sont fort proches[2]  

    La surprenante expression « Vierge faite église » requiert une explication. Dès les origines, la tradition chrétienne a associé Marie et l’Église, n’hésitant pas à présenter la mère de Jésus comme un archétype, un modèle de l’Église. Cependant, la formule « virgo ecclesia facta » est demeurée inconnue du premier millénaire chrétien. Elle est à ce point insolite que les éditions latines des écrits de François de Lemmens et Boehmer, en 1904, lui ont préféré la leçon : « virgo perpetua » (« toujours vierge »), qui n’est pourtant attestée que par une famille secondaire de manuscrits. Il a fallu attendre la grande édition critique de Kajetan Esser, en 1976, pour que l’authenticité de cette expression soit définitivement établie. On a initialement cru qu’il s’agissait d’une invention du fondateur de l’Ordre mineur mais, dans un sermon du XIIe siècle, Pierre Lombard écrivait déjà : « la Vierge Marie fut faite église ». Toutefois, comme le remarque Jean-François Godet-Calogeras, « cette expression est rare, et on peut s’étonner que François l’ait utilisée, vu qu’il est plus qu’improbable qu’il ait lu les œuvres de Pierre Lombard[3]  . » 

    La dévotion de François à Marie est à la fois profonde, comme l’ont souligné Thomas de Celano et Bonaventure à sa suite[4]  , et d’une grande sobriété. Elle se caractérise par le fait que, toujours, François réfère la sainte Vierge à la Trinité et la considère dans la perspective du mystère de l’Incarnation. L’expression « Mère de Dieu » a été officiellement adoptée par l’Église lors du concile d’Éphèse, en 431. Elle signifie que Marie n’a pas seulement enfanté l’humanité de Jésus, mais la totalité de sa personne : Marie est la mère du Verbe-fait-chair et donc, par là même, la mère de la deuxième personne de la Trinité. Outre la Salutation de la bienheureuse Vierge Marie, une autre prière mariale du petit Pauvre nous est parvenue, à savoir l’antienne des Psaumes des mystères du Seigneur, dont voici le texte : 

    Sainte Marie Vierge, il n’est pas né dans le monde de semblable à toi parmi les femmes. Fille et servante du Roi très haut et souverain, le Père céleste, mère de notre très saint Seigneur Jésus Christ, épouse de l’Esprit Saint, prie pour nous avec saint Michel archange et toutes les vertus des cieux et tous les saints auprès de ton très saint Fils bien-aimé, Seigneur et maître[5].

    ________________________________________

     [1] Voir l’introduction de J.-F. Godet-Calogeras à la Salutation des vertus in François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages, vol. 1, p. 154.
     
    [2] Voir l’introduction de J.-F. Godet-Calogeras à la Salutation de la bienheureuse Vierge Marie in id., p. 163.
     
    [3] Ibid., p. 165. Tous les éléments de notre analyse de la formule « Vierge faite église » sont empruntés à cette page de l’introduction à la Salutation de la bienheureuse Vierge Marie.
     
    [4] Voir 2C 198 et LM IX, 3.
     
    [5] PsMAnt ; traduction de J.-F. Godet-Calogeras in François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages, vol. 1, p. 133.



    Le commentaire

    L’antienne des Psaumes des mystères du Seigneur et la Salutation de la bienheureuse Vierge Marie sont pratiquement les seules prières de François – avec celle rapportée au début du Testament[1] et la Salutation des vertus – à ne pas être adressées au Père. Dans ces deux textes, Marie est présentée comme la mère du Fils de Dieu, jouissant d’une plénitude unique de grâce (PsMAnt 1 ; SalM 3) tout en étant la servante du Seigneur, et est mise en lien avec les personnes trinitaires et les vertus. Cependant, chacune de ces prières possède un point d’ancrage et une tonalité propres. 

    L’antienne des Psaumes des mystères du Seigneur est à la fois une louange et une prière de demande, à visée liturgique ou, tout au moins, paraliturgique. L’attention est focalisée sur la relation de Marie aux personnes trinitaires, qui est exprimée au moyen du champ lexical de la famille : la Vierge est dite fille du Père, mère du Fils et épouse du Saint Esprit. Cette prière attribue à Marie un rôle d’intercession auprès de son Fils, qu’elle partage avec saint Michel, pour qui François avait également une grande dévotion,[2] toutes les vertus des cieux – cette expression vise manifestement les anges – et tous les saints. En quatre lignes, le mot « saint » apparaît pas moins de six fois, sous diverses formes (l’adjectif « sanctus »,le superlatif « sanctissimus » et le substantif « sancti »). Cette insistance est à rapprocher de la présence des termes « céleste » (« Patris caelestis ») et « cieux » (« virtutibus caelorum ») : bien que, dans cette antienne, François ne confère pas à Marie le titre de « reine », c’est dans la gloire du ciel et l’éclat de la sainteté divine, parmi les chœurs angéliques et ceux des bienheureux, qu’il contemple la Vierge sainte et, avec ses frères, se confie à sa prière. 

    La Salutation de la bienheureuse Vierge Marie consiste, pour sa part, en une louange de type dévotionnel, qui n’inclut aucune demande. Elle revêt l’aspect d’une litanie rythmée par le mot « ave » (« salut »), qui apparaît sept fois et oriente clairement l’attention du lecteur vers l’épisode de l’Annonciation (Lc 1, 26-38). Les personnes de la Trinité sont nommées, mais la perspective, ici, est économique[3] et non relationnelle. Comme souvent dans les écrits de François, la primauté du Père est fortement soulignée. C’est Lui qui a choisi et a consacré Marie, « avec son très saint Fils bien-aimé et l’Esprit saint Paraclet », pour qu’elle soit « Vierge faite église », c’est-à-dire afinqu’elle soit un « tabernacle » pour son Fils durant le temps de sa gestation et qu’elle devienne sa mère. Il convient de noter que, contrairement à l’antienne des Psaumes des mystères du Seigneur, l’attention n’est pas tournée vers la gloire céleste de Marie mais, comme nous venons de le voir, vers son rôle dans l’histoire du salut. Cette observation est confirmée par l’apostrophe adressée aux vertus, qui, dans la Salutation, ne sont pas qualifiées de célestes ni assimilées aux anges mais sont dites « répandues dans le cœur des fidèles », ici-bas, et font l’objet d’une personnification. 

    Les termes employés par François forment des séries et s’éclairent mutuellement ; aussi, pour saisir leur pleine signification, est-il impératif de les analyser de manière groupée. En SalM 1, Marie est appelée « Dame, « reine sainte », « sainte Mère de Dieu » et « Vierge faite église ». Le mot « dame » appartient au vocabulaire de la poésie courtoise et chevaleresque ; il exprime le respect et la dévotion qu’éprouve François envers Marie. L’expression « reine sainte » vise la royauté de Marie sur le monde, dont la célébration liturgique n’a été instaurée qu’en 1954 par Pie XII mais qui, déjà au Moyen Âge, était une croyance fort répandue. Cette royauté de la Vierge découle de sa maternité divine et s’exerce sur toutes les créatures, y compris les anges. Le sens des formules « sainte Mère de Dieu » et « Vierge faite église » a été examiné plus haut. La considération de l’ensemble de cette série fait apparaître un crescendo, qui part de la simple dévotion courtoise et chevaleresque à Marie, se poursuit par l’affirmation de sa dignité royale et culmine dans la contemplation de son rôle éminent dans le mystère de l’Incarnation, lequel constitue la source de sa dignité. 

    Les deux séries suivantes avalisent l’analyse qui vient d’être effectuée. SalM 4 confère à Marie les titres de « palais », de « tabernacle » et de « maison » de Dieu. À l’époque de François, le mot « tabernaculum » était près d’acquérir sa signification actuelle de « meuble contenant la réserve eucharistique », mais possédait encore son sens originel de « tente » et, par extension, de « sanctuaire »[4]. Ces trois termes désignent donc, respectivement, le lieu où réside le roi, celui où demeure le dieu et celui où habite l’homme – et c’est comme génitrice du Christ, roi de l’univers, vrai Dieu et vrai homme, que Marie est honorée par François. En SalM 5, enfin, Marie est dite le « vêtement », la « servante » et la « mère » de Dieu. Le mot « ancilla » (« servante ») est celui-là même employé par la Vierge dans sa réponse à l’ange Gabriel : « Voici la servante du Seigneur… » (Lc 1, 38) ; ce terme renforce, ainsi, le lien entre la Salutation et le récit de l’Annonciation. La désignation de Marie comme servante est encadrée par deux affirmations de sa maternité divine : l’une qui la qualifie de « vêtement » et l’autre, de « mère » du Fils de Dieu. Avec cette troisième série, nous atteignons le cœur de la compréhension qu’a François de la vie chrétienne et de la mission. Pour lui, Marie est avant tout celle qui a porté dans son sein le Fils de Dieu et lui a donné naissance, mais, comme toute vocation reçue de Dieu, cette dignité insigne doit impérativement être assumée dans un esprit de service et d’obéissance absolue à la volonté du Père. Tout comme Jésus, Marie s’est faite l’humble servante de Dieu – et c’est précisément pour cela qu’elle a été couronnée reine. 

    Cette lauda se termine par une salutation des « saintes vertus », que François présente comme des fruits de la grâce et de l’Esprit Saint répandus dans le cœur des chrétiens, qui transforment les infidèles que nous sommes en « fidèles à Dieu ». Le lien entre les vertus et la Vierge est facile à percevoir : après Jésus, c’est en Marie qu’elles resplendissent avec le plus de pureté et d’éclat. François, par ailleurs, assigne à ces vertus une fonction de « vecteurs de la grâce », proche de celle que la piété catholique attribue à Marie. Mais quelles vertus le petit Pauvre vise-t-il au juste : les vertus cardinales (prudence, courage, justice, tempérance), les vertus théologales (foi, espérance, charité) ou bien d’autres encore ? La réponse est donnée par la Salutation des vertus, qui en énumère six, réparties en trois couples : reine Sagesse et sa sœur Simplicité, dame Pauvreté et sa sœur Humilité, dame Charité et sa sœur Obéissance[5]. La parenté de style entre les deux Salutations et le fait qu’en SalV également, ces vertus sont personnifiées et qualifiées de « saintes », donne à penser que ce sont bien les mêmes vertus qu’évoque SalM. 

    La Salutation des vertus précise que chacune d’elles confond des vices et des péchés : Sagesse « confond Satan et toutes ses malices » ; Simplicité, « la sagesse de ce monde et la sagesse du corps » ; Pauvreté, « toute cupidité et avarice et les soucis de ce siècle » ; Humilité, l’orgueil et toutes les vanités mondaines ; Charité, « toutes les tentations diaboliques et charnelles et toutes les craintes charnelles » ; Obéissance, « toutes les volontés corporelles et charnelles ». Il importe de noter que le passage consacré à l’obéissance est beaucoup plus long que les autres. François y explique que cette vertu tient le corps du fidèle « mortifié pour l’obéissance envers l’esprit et pour l’obéissance envers son frère » et qu’ainsi, « il est soumis et subordonné à tous les hommes qui sont dans le monde », et même « à toutes les bêtes et tous les fauves »[6]. Or cette soumission à tout homme constitue la caractéristique majeure de l’attitude de minorité[7], que SalV rattache, ici, à l’obéissance. La conjonction de la pauvreté, de l’humilité, de l’obéissance et de la minorité est très significative. Nous avons vu, il y a dix mois, qu’il s’agit des quatre principales dimensions de l’attitude de désappropriation, laquelle constitue, aux yeux de François, la réponse des croyants à l’infinie bonté de Dieu[8]. Les trois autres vertus vont dans le même sens, puisque la simplicité s’enracine dans l’humilité et qu’en confondant Satan et toutes les tentations charnelles, la sagesse et la charité s’opposent à l’esprit d’appropriation qui les anime. Il s’ensuit que les « saintes vertus » dont parle SalM sont à comprendre dans une perspective franciscaine de renoncement au désir d’accaparer des biens qui n’appartiennent qu’à Dieu et de dépossession de notre volonté propre.

    © Éditions franciscaines, 2011

     

     


     [1] Voir Test 5 : « Nous t’adorons, Seigneur Jésus Christ, et à toutes tes églises qui sont dans le monde entier, et nous te bénissons, car par ta sainte croix tu as racheté le monde. »
     
    [2] Voir ExhLD 17 ; 1Reg 18, 1 ; 1Reg 23, 6. De plus, c’est en l’honneur de Marie et de Michel que François a effectué la retraite sur le mont Alverne au cours de laquelle il fut stigmatisé, comme en témoigne la rubrique rédigée par frère Léon sur le parchemin de la bénédiction que lui a adressée le petit Pauvre : « Le bienheureux François, deux ans avant sa mort, fit un carême au lieu de l’Alverne, en l’honneur de la bienheureuse Vierge mère de Dieu et du bienheureux archange Michel, depuis la fête de l’assomption de la sainte Vierge Marie jusqu’à la fête de saint Michel de septembre. […] » (François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages, vol. 1, p. 105).
     
    [3] En théologie, l’expression « économie du salut » est employée pour désigner le dessein de salut de Dieu et sa réalisation au cours de l’histoire, qui culmine dans la venue du Fils dans le monde (incarnation), sa passion et sa résurrection. L’adjectif « économique » renvoie à cette doctrine.
     
    [4] Ainsi, dans la Bible latine, c’est ce mot qui est utilisé pour désigner la « fête des tentes » (Lv 23, 34), la « tente de la rencontre » (Ex 26, 13 ; Ac 7, 44) et le « sanctuaire de Baal » (Ac 7, 43).
     
    [5] Voir SalV 1-3.
     
    [6] SalV 8-17.
     
    [7] Voir TFM de mai 2011, « Le commentaire ».
     
    [8] Voir TFM de janvier 2011, « Le commentaire ».


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  • Philippines : 200 responsables religieux pour « entretenir l'esprit d'Assise »
    Marche silencieuse pour la paix sur l'île de Mindanao

    Assise.jpgROME, jeudi 3 novembre 2011 (ZENIT.org) – Plus de 200 responsables bouddhistes, musulmans, catholiques et protestants se sont joints, le 29 octobre dernier, à la « marche silencieuse pour la paix » lancée à Davao, sur l’île de Mindanao, aux Philippines, par l’archidiocèse de la ville et la Ligue des oulémas de l’île .

    Les citoyens de l’île, précise une dépêche d'« Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris, étaient appelés, quelle que soit leur confession, à « se réunir dans une même prière pour la paix » à l’occasion du 25e anniversaire du lancement à Assise de la Journée mondiale de prière par le pape Jean-Paul II.


    « Ce qui est particulièrement symbolique dans cet événement, c’est que notre rassemblement n’est pas le fruit de négociations ou d’alliances politiques. Nous sommes tous venus de loin pour nous rassembler et prier ensemble », ont expliqué les responsables religieux dans une déclaration commune publiée à l’issue de la manifestation.

    La marche silencieuse est partie du People’s Park pour aboutir devant le parvis de la Cathédrale San Pedro. Elle a été précédée d’un temps de prière et de réflexion, animé par des musulmans, des bouddhistes, des catholiques, des membres du Conseil national des Églises (d’obédience protestante) et du Conseil des Églises évangéliques.

    Cette démarche interreligieuse s’inscrit dans un contexte particulièrement tendu, plusieurs actes de violence ayant récemment ébranlé le fragile processus de paix en cours entre le gouvernement philippin et le Front moro islamique de libération (MILF), principal groupe armé séparatiste à Mindanao.

    Pour en savoir plus se connecter au site: http://eglasie.mepasie.org

    Source www.zenit.org

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  • Ilaria Morali : « Le but de la rencontre d’Assise n’est pas une harmonisation des croyances »

    Critiquées, ou au contraire mises exagérément en avant, les rencontres interreligieuses d’Assise ont, dès 1986, été sources de polémiques au sein de l’Église. À l’occasion d’Assise 2011, le 27 octobre, Ilaria Morali, professeur à l’Université grégorienne à Rome, nous explique précisément comment Benoît XVI se positionne par rapport au dialogue interreligieux.

    papa-Assise.jpg
    © G.SPOSITO - REUTERS

    En quoi la rencontre interreligieuse d’Assise 2011 est-elle différente de celles de 1986 et 2002 ?

    Du point de vue de l’histoire de l’Église, Assise 1986 s’est déroulé presque vingt-cinq ans après le concile Vatican II. Aujourd'hui, nous allons bientôt célébrer le 50e anniversaire de sa convocation. Donc, bien que le magistère des deux papes présente des éléments de continuité, il faut en même temps reconnaître que le rôle et la mission de Benoît XVI ne sont pas identiques à ceux de Jean-Paul II.

    Parmi les défis nouveaux, je voudrais en mentionner au moins trois. Entre la rencontre de 1986 et celle de 2011, il y a eu d’abord des interprétations déroutantes de l’« esprit d’Assise », au nom duquel on a assisté à une multiplication des initiatives, parfois incompatibles avec l’intention de l’Église catholique (par exemple des prières interreligieuses). Et puis, dans nos communautés catholiques, il y a eu parfois une lecture émotionnelle, ou superficielle, et irénique de l’interreligieux, à la suite d’événements violents comme le 11 Septembre. Du point de vue théologique enfin, certains courants ont théorisé que le dialogue interreligieux était nécessaire au chrétien, parce que la connaissance de Dieu par la révélation de Christ est incomplète, et qu’on doit entrer en dialogue avec les religions non chrétiennes pour connaître les autres « visages » du divin.

    Il y a aussi, indéniablement, une différence de style, plus que de contenu, entre Jean-Paul II et Benoît XVI. Pour caractériser l’apport de chacun des deux pontifes, je définirais le dialogue entrepris par Jean-Paul II comme un « dialogue des gestes». À Assise en 1986, il fallait un geste, une action symbolique, tandis que pour Benoît XVI, on pourrait parler d’un « dialogue des mots et des paroles profondes ». Par exemple, le discours de Ratisbonne (2006) a été une parole profonde, qui a obligé beaucoup de monde à réfléchir pour la première fois sérieusement sur le rapport entre violence et religion. Et on ne peut pas nier qu’après Ratisbonne, le dialogue entre l’Église et un certain nombre d’intellectuels musulmans a connu des progrès, comme lors du Forum islamo-chrétien au Vatican il y a trois ans, auquel j’ai moi-même participé. Cette différence, c’est aussi le style, car Jean-Paul II était un homme d’action, tandis que Benoît XVI est un homme de réflexion, un théologien.

    Ainsi, à Assise 2011, le fait d’avoir invité des non-croyants va certainement modifier en l’enrichissant l’interprétation même de l’esprit d’Assise, car paix, justice et vérité ne sont pas propriété exclusive de la religion, mais tous les hommes et les femmes, en tant que porteurs de dignité humaine, sont appelés à rechercher ces valeurs.


    Que sait-on de l’attitude de Benoît XVI vis-à-vis de cet événement ?

    L’opinion publique a présenté l’attitude du pape comme étant réservée, voire réticente. Il est vrai qu’à plusieurs reprises, le cardinal Ratzinger a montré une distance au sujet de la rencontre d’Assise en 1986 et, plus généralement, du dialogue interreligieux. C’est ainsi que l’on peut lire la publication, le 6 août 2000, de Dominus Iesus, déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur l’unicité salvifique de Jésus-Christ. S’agissant du dialogue, ce document refusait l’égalité, en terme de doctrine, entre le Christ et les autres fondateurs des religions.

    Autre exemple : dans son livre Foi, tolérance et vérité (2005) publié lorsqu’il était encore cardinal, Joseph Ratzinger a aussi parlé des rencontres d’Assise en refusant la possibilité d’une prière interreligieuse commune (dans le sens où l'on prie ensemble, chrétiens et non-chrétiens), et en préférant parler de prière « multireligieuse » (chacun prie séparément). La première est, à son avis, une pure fiction.

    Le cardinal y définissait aussi les conditions à respecter pour que la vérité soit sauve dans ce type d’initiatives : le fait, par exemple, que cette prière ne pouvait pas être une norme de la vie religieuse, mais qu’elle était simplement un signe, dans une situation extraordinaire, où s’élève un cri du cœur des hommes vers Dieu ; ou encore, que le chrétien pouvait participer à ces rencontres seulement si son contenu n’était pas en contradiction avec le Notre-Père.

    À partir de ces éléments, s’est développée l'idée générale que ce pape ne croit pas au dialogue interreligieux.

    Quand Benoît XVI a annoncé son intention de convoquer une nouvelle rencontre à Assise, cela a surpris favorablement l’opinion ; mais d’un autre côté, son attitude est questionnée, car on pense que Benoît XVI va modifier l’esprit d’Assise. Ceux qui sont hostiles à l’esprit d’Assise et au dialogue interreligieux estiment ainsi que le pape a subi des pressions, l’obligeant à célébrer ce 25e anniversaire, bien qu’il ait été dès le début contre ce genre d’initiative.


    Est-ce un tournant dans le dialogue interreligieux ?

    Au mois de juillet dernier, est parue dans l’Osservatore Romano, concentrés sur une seule semaine, une série d’articles au sujet de la rencontre d’Assise, signés par les principales autorités vaticanes. Dont, entre autres, le cardinal Bertone, secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, ou encore le cardinal Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

    Le cardinal Levada, notamment, a rappelé que Jean-Paul II avait déjà stigmatisé la tendance à idéologiser le dialogue interreligieux ; de ce point de vue, il y avait pleine convergence et syntonie entre le magistère de Jean-Paul II et la théologie de Ratzinger. C’est donc une erreur d’opposer Benoît XVI à Jean-Paul II, car la continuité est évidente. On ne doit pas oublier non plus que la déclaration Dominus Iesus a été approuvée, confirmée par Jean-Paul II, qui en a ordonné la publication.

    Dans son article, le même cardinal Levada affirme que le critère pour bâtir ensemble la paix, chrétiens et non-chrétiens, c’est la vérité. Le dialogue que l’Église veut établir ne peut donc pas abdiquer la vérité, et se transformer en un instrument idéologique pour relativiser la foi.

    Évidemment, le but de ce dialogue n’est pas une harmonisation des croyances, qui restent et doivent rester différentes. Il est plutôt dans la recherche des valeurs communes qui sont à la base de toute société humaine : la paix, la justice. Du point de vue anthropologique, l’interreligieux joue une importance fondamentale et il peut conduire à une communion d’action entre chrétiens et non-chrétiens, croyants et non-croyants.

    Pour le chrétien, il ne s’agit pas de rechercher la vérité comme si elle n’était pas encore donnée : c’est plutôt une habitude spirituelle et intérieure de celui qui sait que, étant donnée en Jésus-Christ une fois pour toutes, il doit l’accueillir dans son cœur et la connaître de plus en plus.

     

    Aymeric Pourbaix


    Ilaria Morali : bio express


    Professeur extraordinaire * de théologie dogmatique à l’Université pontificale grégorienne depuis 1995, Ilaria Morali a contribué à lancer en 2009 l’Institut de recherches sur les religions et les cultures. Ses recherches sont centrées sur la théologie des religions et le dialogue interreligieux, ainsi que sur la théologie de la grâce. Elle a été également impliquée dans le dialogue islamo-chrétien en Turquie, et a participé au Forum islamo-chrétien au Vatican en novembre 2008.

    * Titre donné à un enseignant (il existe également des professeurs ordinaires, visiteurs, associés, honoraires, émérites).

    A. P.

     

    Source http://www.famillechretienne.fr
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  • La Famille Franciscaine de France

     

                          1986 – 2011

     

            LESPRIT dASSISE
             FORCE SPIRITUELLE,

              FORCE DE PAIX

       Les 11, 12 et 13 novembre 2011,

     

                                                                     La Famille Franciscaine  vous invite  à fêter

                                                                    le 25e anniversaire de la  rencontre d’Assise


     

    1.           Vendredi 11 novembre

    Colloque international    présidé par Mgr Santier (évêque de Créteil)

    “ Lesprit d’Assise aujourdhui : expériences, difficultés et perspectives     

    De 9h30 à 18h,  6, rue Albert de Lapparent 75007 Paris

     

    2. Samedi 12 novembre

     Rencontre de jeunes de toutes traditions

              Au forum ,104 rue de Vaugirard

    A partir de 18h30

    Echanges avec des sages,

    Buffet international partagé

    Danses du monde

     

    3. Dimanche 13 novembre

    Grande marche interreligieuse pour la paix

     

    13h30: départ de la marche à la Fontaine des Innocents – place Joachim Du Bellay(Châtelet)

    -----------------
    Pour plus de renseignements: Dossiers à télécharger

    25 ans d'Assise colloque 2011 à Paris
    Grande marche 13 novembre
    Dossier de presse, programme des 3 jours
    Affiche concert 13 novembre

    Comité interreligieux  de la Famille franciscaine

    27 rue Sarrette 75014 PARIS

    01 43 21 32 97 ou 06 23 70 91 21

    @ : comite-interreligieux@franciscain.net

    http://www.franciscain.net

    Site spécial événement : http://www.anniversaireassise25.fr


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  • Assise 2011, en communion avec des "milliards" d'artisans de paix
    Benoît XVI remercie les différentes délégations

    Gare-Assise.jpg ROME, vendredi 28 octobre 2011 (ZENIT.org) – La rencontre d’Assise est représentative "des milliards d’hommes et de femmes" qui promeuvent activement dans le monde la justice et de la paix, a fait observer Benoît XVI au lendemain de la « Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la justice et la paix dans le monde », jeudi, 25 ans après la première rencontre autour de Jean-Paul II. Et le « pèlerinage » achevé, le « voyage » continue, a affirmé le pape.

    Les pionniers du dialogue
    Les quelque 300 représentants des religions et des philosophies du monde pour la paix ont achevé ce vendredi leur « triduum » qui avait débuté par l’audience de mercredi matin, en la salle Paul VI du Vatican : une liturgie de la Parole et une prière d’intercession pour la paix dans le monde.

    Ils ont été reçus ce vendredi matin en la salle Clémentine du Vatican par Benoît XVI lors d’une audience que Radio Vatican qualifie « d’amicale » et même de « fraternelle ». En fin de matinée, un déjeuner a été offert aux délégations par le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone.

    Ce matin, le pape a élargi l’horizon de la rencontre aux dimensions du monde: « Dans un certain sens, a fait observer Benoît XVI, cette rencontre est représentative des milliards d’hommes et de femmes qui, dans le monde entier, s’engagent activement pour la promotion de la justice et de la paix. C’est aussi le signe de l’amitié et de la fraternité qui a fleuri comme le fruit des efforts de tant de pionniers dans ce dialogue. Puisse cette amitié continuer à grandir entre tous les disciples des religions du monde et avec les hommes et les femmes de bonne volonté ».

    Chemin de l’esprit, chemin de paix
    Le pape a remercié particulièrement les autres chrétiens de leur « présence fraternelle », et les représentants du judaïsme – « particulièrement proches » - , les « illustres représentants des religions du monde », et ceux qui « ne suivent aucune tradition religieuse mais sont à la recherche de la vérité » et qui ont « voulu partager ce pèlerinage », pour manifester leur volonté de collaborer à la construction « d’un monde meilleur ».

    Benoît XVI a rendu hommage à l’initiative du bienheureux Jean-Paul II et à sa « clairvoyance » ainsi qu’à ses interlocuteurs d’il y a 25 ans, « attentifs à accueillir » sa proposition, dans un monde inquiet. En 1986, la rencontre d’Assise a manifesté « le besoin d’hommes et de femmes de différentes religions de témoigner ensemble que le chemin de l’esprit est toujours un chemin de paix ».

    C’est ainsi qu’Assise a pu devenir « la maison commune de qui est convaincu que la foi rime avec la paix et les valeurs, et non avec la haine et les préjugés ».

    Une harmonie quotidienne
    Pour le pape, des rencontres de cette nature sont forcément « exceptionnelles et peu fréquentes », mais elles n’en sont pas moins une « expression vivante du fait que chaque jour, dans notre monde, des personnes de traditions religieuses différentes vivent et travaillent ensemble en harmonie ».

    « Il est certainement significatif pour la cause de la paix, a ajouté le pape, que tant d’hommes et de femmes, inspirés par leurs convictions les plus profondes, s’engagent à travailler au bien de la famille humaine ».

    Pour Benoît XVI, la rencontre d’Assise a manifesté un désir commun et « authentique » de « contribuer au bien de tous les êtres humains », qui doit être partagé avec d’autres.

    Avant de quitter Assise, jeudi soir, Benoît XVI a souligné combien cet événement révélait que « la dimension spirituelle est une clef de la construction de la paix » : « Par ce pèlerinage unique nous avons été capables de nous engager dans un dialogue fraternel, d’approfondir notre amitié et de nous retrouver dans le silence et la prière ».

    Le voyage continue, ensemble
    Le pape avait déjà élargi l’horizon à toutes les communautés représentées à Assise : « Après le renouvellement de notre engagement pour la paix et notre échange d’un signe de paix, nous nous sentons encore plus profondément engagés dans notre voyage humain commun, avec les hommes et les femmes des communautés que nous représentons”.

    Il a souligné comment, après ce « pèlerinage », le « voyage » continuait, « ensemble » : “Nous n’allons pas nous séparer; nous continuerons à nous rencontrer, nous resterons unis dans ce voyage, dans le dialogue, dans la construction quotidienne de la paix et dans notre engagement pour un monde meilleur, un monde où tout homme et toute femme et tout peuple puissent vivre en accord avec leurs légitimes aspirations”

    Anita S. Bourdin

    Source www.zenit.org

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