• FI voix franciscaine


    La Commission de la Condition de la Femme


    Sr Denise participe au débat sur la violence faite aux femmes

    La participation à la Commission de la Condition de la Femme aux Nations Unies (ONU) à New York s’est révélée être une formidable expérience d’apprentissage et de solidarité. Des centaines de femmes du monde entier, étaient venues là partager, apprendre, encourager, faire pression et défendre les droits des femmes et des enfants. Le thème de la CCF, organisée par les Nations Unies, portait sur les « Femmes en milieu rural » sur le plan de l’autonomisation, du développement, de la pauvreté, et de l’intégration de la dimension du genre. En parallèle à ces réunions officielles dans les salles de réunion, avaient lieu de nombreuses « manifestations »  organisées par des groupes de l’ONU, des ONG et des groupes de pression. Des thèmes importants comme la place des femmes en politique, les conséquences de la malnutrition des enfants pendant les trois premières années de l’existence, et le problème de la « demande » qui facilite la traite des personnes, ont été abordés pendant la Commission.

    Il y avait dans ces salles bondées, au sein des manifestations et dans les cafés, de l’énergie à revendre et des conversations très animées. Lors de la manifestation parallèle « Histoire de Compétences : Plaidoyer auprès de Femmes en Milieu Rural » organisée par le « Ministère Presbytérien aux Nations Unies, » J’ai eu le privilège d’être l’une des panélistes auprès de femmes venant de zones agricoles des Etats-Unis, de Palestine et d’Inde. Ecouter les divers récit de leur survie alors qu’elles avaient traversé de profondes difficultés et souffrances nous toucha de très près, en démontrant que ce que nous partageons est tellement plus important que ce qui nous divise ! Cette année, la Journée Internationale des Femmes le 8 Mars a revêtu une importance particulière et nous nous sommes mis à  prier ensemble : Devenons des femmes de courage qui transforment l’adversité en victoire, pour que nos enfants puissent vivre en paix …

    Sr. Denise Boyle fmdm
    Directrice Executive

     

     

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    Violence faite aux enfants


    Mme Silvia Palomba, Responsable du Plaidoyer au sein de FI, lit la déclaration orale sur la violence commise à l’égard des enfants albinos

    Le mariage des enfants en Inde, la Violence commise à l’égard des enfants albinos en Tanzanie et les pays avoisinants, la Torture et les exécutions extra judiciaires en Papouasie, sont toutes des questions importantes abordées par FI dans des déclarations orales soumises lors de la 19ème Session du Conseil des Droits de l’Homme. En coordination avec d’autres ONG, FI a aussi présenté trois déclarations orales sur des recommandations particulières acceptées par les Gouvernements de la République Unie de Tanzanie, de l’Ouganda, et du Zimbabwe pendant chaque session de l’EPU de chaque pays.

    Lire les déclarations orales (en Anglais)>>

     
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    Organisation de manifestations pour une meilleure sensibilisation au niveau international


    Discussion collective sur la liberté de religion et de croyance

    Lors de la 19ème Session du Conseil des Droits de l’Homme aux Nations Unies qui s’est tenue à Genève, FI a co-organisé en parallèle trois manifestations destinées à aborder et à mettre l’accent sur des préoccupations capitales en matière des droits de l’homme : « La liberté de religion et de croyance » ; « Les défenseurs des droits de l’Homme qui luttent contre l’impunité aux Philippines », et « La situation des droits de l’homme en Papouasie et Papouasie Occidentale ». Des panélistes choisis ont partagé leurs témoignages pour sensibiliser et permettre une collaboration efficace entre les Nations Unies, les responsables Gouvernementaux et les autres ONG, travaillant sur ces questions.

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    Priorité donnée aux préoccupations rencontrées dans les pays Africains


    Franciscains partageant leurs préoccupations au sein des pays Africains

    Franciscans International a organisé un atelier de formation à un niveau avancé à Genève pour  des Franciscains venant de 11 pays Africains francophones. La plupart des 11 Franciscains avaient déjà travaillé avec FI et soumis un rapport relatif à l’EPU (Examen Périodique Universel) sur les problèmes des droits de l’homme dans leurs pays respectifs. L’atelier s’est concentré sur le développement de leur connaissance de base de l’EPU et des mécanismes complémentaires des droits de l’homme aux Nations Unies grâce auxquels FI peut s’attaquer aux causes profondes des atteintes aux droits de l’homme.

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    Frères Capucins OFM aux Nations Unies

    A la fin du mois de Février, FI a accueilli 11 Franciscains d’Europe pour un atelier d’introduction sur le travail de plaidoyer de FI aux Nations Unies. Les Responsables du Plaidoyer au sein de FI ont présenté les mécanismes particuliers des droits de l’homme aux Nations Unies et ont montré comment, en tant qu’acteurs de la société civile, nous pouvons travailler au niveau international pour aborder les questions des droits de l’homme. Les frères Capucins OFO ont visité les Nations Unies à Genève et on pu assister aux débats qui ont eu lieu lors de la 19ème Session du Conseil des Droits de   l’Homme.

    Frères Capucins visitant les Nations Unies à Genève

         Source

    © Franciscans International  Bangkok  Geneva  New York www.franciscansinternational.org
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  • Le texte franciscain du mois – Mars 2012

     

     

     

    Le texte : Thomas de Celano, Vita secunda, § 103

    Comme il séjournait à Sienne, il advint qu’un frère de l’Ordre des Prêcheurs arriva là ; c’était un homme spirituel et docteur en théologie sacrée. Il rendit donc visite au bienheureux François : lui-même et le saint jouissent longtemps du plus doux entretien sur les paroles du Seigneur. 

    Or le maître dont nous parlons l’interrogea sur cette parole d’Ézéchiel : Si tu n’annonces pas à l’impie son impiété, je réclamerai son âme de ta main [1]. Il lui dit en effet : « Bon père, j’en connais un grand nombre que je sais être dans le péché mortel, sans que je leur annonce toujours leur impiété. Est-ce qu’on réclamera de ma main l’âme de telles personnes ? » Comme le bienheureux François se disait un illettré et affirmait que, pour cette raison, c’est lui qui devrait être instruit par l’autre plutôt que de répondre à sa question sur une phrase de l’Écriture, cet humble maître ajouta : « Frère, bien que j’aie entendu le commentaire de cette parole par quelques sages, cependant j’aimerais recevoir ton interprétation de ce passage. » Le bienheureux François lui dit : « Si la parole doit être comprise en général, je la reçois de la façon suivante : le serviteur de Dieu doit être si ardent en lui-même, par sa vie et sa sainteté, que, par la lumière de son exemple et la langue de son comportement, il fasse reproche à tous les impies. C’est ainsi, dis-je, que la splendeur de sa vie et l’odeur de sa renommée annonceront à tous leur iniquité[2]. » 

    Cet homme fut donc édifié au plus haut point et, en se retirant, il dit aux compagnons du bienheureux François : « Mes frères, la théologie de cet homme, appuyée sur la pureté et la contemplation, est un aigle qui vole ; quant à notre science, elle rampe avec son ventre sur la terre[3]. »

     

     

    Traduction de D. Poirel in François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages,
    J. Dalarun dir., Paris, 2010, vol. 1, p. 1500-1501 et 1504-1505
     

     

     

     

    [1]Ez 3, 18. Au lieu du mot « âme », la Bible hébraïque, la traduction grecque des Septante et la Vulgate latine ont le mot « sang ». Thomas de Celano s’appuie probablement sur une version latine ancienne (Vetus latina).
     [2] Voir Ez 3, 19.
     [3] Gn 3, 14 ; 1, 20. 

     



    Le contexte

     

    La Vita secunda de Thomas de Celano est la première source franciscaine à relater cet épisode. On le rencontre également aux paragraphes 35-36 de la Compilation d’Assise, mais CA 35-36 est une simple copie, mot pour mot, de 2C 103[1]. SP 53 et ML 108 s’inspirent eux aussi de 2C 103 et n’apportent rien de neuf. Enfin, LM XI, 2 synthétise la scène en deux phrases. Bonaventure passe sous silence l’appartenance du théologien à l’Ordre des Prêcheurs (il dit juste qu’il s’agit d’un religieux), la référence et le contenu du verset que celui-ci soumet à François et ne cite in extenso que son exclamation admirative, à la fin du récit de Thomas. Comme on le verra, la raison de ces omissions pourrait bien être « politique ». 

    Dans le précédent Texte franciscain du mois nous avons observé qu’au Moyen Âge, les dons surnaturels sont tenus pour constitutifs de la sainteté et que les légendes[2] hagiographiques leur accordent une large place. L’esprit de prophétie, en particulier, fait l’objet d’un traitement systématique dans toutes les Vies de saints[3]. Il n’en va pas de même du don d’intelligence des Écritures, qui est évoqué à l’occasion mais ne représente aucunement un passage obligé pour la littérature hagiographique. L’insistance de Thomas de Celano et, à sa suite, de Bonaventure sur ce point est d’autant plus significative. Chez Thomas, l’intelligence des Écritures n’est pas traitée de façon spécifique dans la Vita prima, mais elle constitue le quatrième thème abordé dans le deuxième opuscule de la Vita secunda, après l’esprit de prophétie, la pauvreté et la prière. Quant à Bonaventure, le chapitre onze de la Legenda maior, où cet épisode est résumé, s’intitule : « Son intelligence des Écritures et son esprit de prophétie ». On peut penser que l’absence de culture universitaire de François, qui sait simplement lire et écrire, joue un rôle important dans ce choix posé par ses deux biographes officiels. En effet, l’ « illettrisme » du petit Pauvre fait davantage ressortir la puissance de l’action de l’Esprit Saint en son cœur, comme l’exprime fort bien le paragraphe qui suit immédiatement celui que nous étudions :

     

    Une autre fois, comme il était à Rome dans la maison d’un cardinal, interrogé sur des paroles obscures, il mettait en lumière leur profondeur de telle sorte qu’on aurait dit qu’il avait toujours habité dans les Écritures. Le seigneur cardinal lui dit : « Pour moi, je ne t’interroge pas comme lettré, mais comme un homme qui a l’Esprit de Dieu et, si j’accueille si volontiers l’interprétation que contient ta réponse, c’est parce que je sais qu’elle procède de Dieu seul. »[4]

    L’indication que l’épisode se situe lors d’un séjour de François à Sienne permet de le dater, avec une forte probabilité, des années 1225-1226, au cours desquelles le fondateur de l’Ordre mineur semble s’être rendu deux fois dans cette cité pour des soins médicaux[5]. Cette mention du lieu constitue un argument en faveur de l’authenticité de la scène rapportée par Thomas de Celano, ce qui n’exclut nullement que celui-ci en ait profondément retravaillé le contenu. On peut ajouter, pour terminer, que l’histoire médiévale connaît d’autres demandes semblables à celle adressée, ici, à François. Ainsi, un siècle plus tôt, à en croire son Histoire de mes calamités, Pierre Abélard fut lui aussi interrogé sur une prophétie d’Ézéchiel.

    © Éditions franciscaines, 2012

     [1] Nous avons vu, dans la partie « Le contexte » des TFM de mai 2011 et février 2012, que la Vita secunda de Thomas de Celano s’inspire des fiches de frère Léon figurant dans les documents envoyés à Crescent de Iesi en août 1246. Ces fiches constituent la base de la Compilation d’Assise, mais celle-ci contient aussi des souvenirs plus récents de Léon, ainsi qu’une trentaine de paragraphes de la Vita secunda que le compilateur a transcrits à la lettre, au nombre desquels CA 35-36.
     [2] Le mot « légende » est à entendre, ici, au sens étymologique (« devant être lu ») et est synonyme de « Vie ».
     [3] Le TFM de février 2012 cite la Vie de saint Benoît par Grégoire le Grand, mais on pourrait aussi mentionner celles d’Antoine du désert par Athanase, de saint Martin par Sulpice Sévère, de Malachie par saint Bernard, etc.
     [4] 2C 104 ; traduction de D. Poirel in François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages, vol. 1, p. 1592.
     [5] Voir CA 58 [LP 14] et la note 5 in ibid., p. 1267.

     


     

    Le commentaire

     

    Le texte proposé relève clairement du genre édifiant. Thomas de Celano prend soin de souligner le caractère spirituel et l’humilité du frère prêcheur, auxquels répondent l’élévation des paroles de François et l’humilité du petit Pauvre, qui commence par déclarer qu’il est « illettré » et que c’est lui qui devrait recueillir les enseignements de son interlocuteur. On est en droit d’interpréter ce récit comme une illustration de la supériorité de la sainteté et du don d’intelligence des Écritures sur la science livresque, à condition de ne pas forcer l’intention de son auteur, qui ne met pas en compétition deux types de connaissance mais relate la rencontre d’un théologien et d’un saint, en insistant sur leur estime mutuelle. L’une des spécificités de la Vita secunda est, en effet, son souci d’unir – et non d’opposer – le savoir théologique et la simplicité du cœur, ainsi qu’en témoigne ce discours placé dans la bouche de François : 

    « Notre religion[1], dit-il, est une assemblée immense, pareille à un synode général ; elle se rassemble de chaque partie du monde sous une même forme de vie. En elle, les sages tirent à leur avantage ce qui appartient aux simples, quand ils voient que des illettrés cherchent les choses célestes avec la vigueur du feu et que ceux qui n’ont pas été instruits par l’homme goûtent par l’Esprit une sagesse spirituelle. En elle, les simples tirent aussi à leur profit ce qui se rapporte aux sages, quand ils voient des hommes illustres s’humilier au même point avec eux, alors que partout ils pourraient vivre glorieux dans le siècle. De là vient, dit-il, le bel éclat de cette famille bienheureuse, dont tout l’ornement multiforme ne plaît pas peu au père de famille. »[2] 

    Puisque la Vita secunda a été écrite en 1246-1247, moins de dix ans après la destitution d’Élie et la déchéance institutionnelle des frères laïcs (1239), il est permis de voir dans cette déclaration la réponse de Thomas de Celano à l’évolution de l’Ordre franciscain. Bien que lui-même soit un clerc ayant bénéficié d’une formation approfondie, Thomas désapprouve la marginalisation des frères « illettrés » et milite en faveur d’une réciprocité spirituelle entre les diverses composantes de la Fraternité. Son insistance, en 2C 103, sur la communion de cœur existant entre le maître dominicain et François – particulièrement nette dans le passage : « lui-même et le saint jouissent longtemps du plus doux entretien sur les paroles du Seigneur » – procède d’un même désir d’apaisement et de concorde entre les Ordres prêcheur et mineur. Dans la seconde moitié des années 1240, en effet, ceux-ci, tout en faisant front commun face aux attaques du clergé séculier, commençaient déjà à se situer en rivaux et à s’affronter, notamment au sujet de l’authenticité des stigmates de François. 

    L’interprétation d’Ez 3, 18 proposée par le petit Pauvre joue sur deux plans : l’un spirituel et collectif, l’autre existentiel et personnel. Sur le plan spirituel, François fait sienne la thèse classique de la prédication par les œuvres, qui a pour fondement biblique Jc 2, 18-26. Le « serviteur de Dieu » – c’est-à-dire le consacré et, plus largement, tout chrétien fervent – dénonce le péché des impies et leur en fait reproche « par la lumière de son exemple et la langue de son comportement ». François s’inscrit, ce faisant, dans la longue lignée d’évêques, de prêtres et de moines qui, depuis les premiers siècles de l’Église, ont œuvré à la conversion et à la sanctification du peuple chrétien. Sur le plan existentiel, sa réponse est une illustration de la « stratégie du témoignage » qu’il adopte après avoir abandonné le gouvernement de la religion mineure, fin septembre 1220. Confronté à une évolution de la Fraternité qu’il juge néfaste, François renonce à l’exercice de l’autorité institutionnelle et joue à fond la carte de l’autorité charismatique, en s’érigeant en modèle et en exemple, par son comportement et ses actes, de ce qu’est selon lui un frère mineur. Ce choix exigeant, pour ne pas dire héroïque, explique son refus de soigner convenablement son corps malade, dans les dernières années de son existence, par souci de communion avec ses frères en situation de grande précarité et pour n’offrir aux ministres de l’Ordre aucun motif d’atténuer la rigueur de la Règle[3]. Ainsi, à bien y regarder, l’interprétation que donne François d’Ez 3, 18 résume sa manière de concevoir la suite du Christ. Celle-ci relève, à ses yeux, de l’être et non de l’agir. De même que lui et ses frères doivent d’abord témoigner de l’Évangile par leur pauvreté et leur minorité[4], de même est-ce par la sainteté de leur comportement, et non par des jugements ou des condamnations, que les chrétiens sont appelés à dénoncer le péché et à inviter les pécheurs à la conversion. 

    Même si leur place est centrale, l’exégèse d’Ez 3, 18 par François et le rapport entre science théologique et don d’intelligence des Écritures n’épuisent pas le sens du texte de Thomas de Celano. Plus précisément, l’irénisme de l’auteur pourrait constituer un paravent masquant l’opposition conflictuelle qui sous-tend son récit. Un premier indice en serait donné par la façon dont le Dominicain nomme François : « bon père », puis « frère ». Le second titre ne pose aucun problème, mais le premier est fort ambigu car il transgresse deux injonctions de Jésus : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul. » (Mc 10, 19 ; Lc 18, 19) et : « N’appelez personne votre “père” sur la terre, car vous n’avez qu’un seul père : le Père céleste. » (Mt 23, 9). Il est, en outre, bien connu que, sur la foi de ces versets évangéliques, François refusait que quiconque soit appelé « bon » ou « père »[5]. Cette expression pourrait, dès lors, révéler une hostilité initiale de la part du frère prêcheur. Cette supposition se trouve corroborée par le choix du verset d’Ézéchiel soumis à François, qui recèle une chausse-trappe[6]. Ez 3, 18 avait déjà fait l’objet de nombreux commentaires de la part des Pères de l’Église et des théologiens médiévaux ; or, comme l’a montré Giovanni Miccoli, « il n’y a pas un seul témoin, dans la longue et complexe tradition antérieure à François, qui suggère une manière de se rapporter au pécheur ne relevant pas de l’intervention, de la dénonciation, de la correction[7] ». Dans la mesure où ces actions disciplinaires ressortissent à la responsabilité du clergé, la réponse de François risquait de mettre en cause l’efficacité de celui-ci ou, pire, de contester ses prérogatives. L’application inédite par François du thème de la prédication par les œuvres à l’interprétation d’Ez 3, 18 lui permet de déjouer ce piège. Il est donc possible – mais ce n’est bien sûr qu’une simple hypothèse – que 2C 103 ait pour cadre originel la mise à l’épreuve du fondateur de l’Ordre franciscain par un théologien dominicain. Si tel est le cas, on comprend mieux l’exclamation admirative de ce dernier, après qu’il a constaté avec quelle facilité sa tentative est mise en échec… et pourquoi Bonaventure, qui désire pacifier les relations entre les Ordres mineur et prêcheur, a délibérément omis toutes les données qui permettraient de remonter jusqu’à cette rivalité sous-jacente.

    © Éditions franciscaines, 2012


     [1] Le mot « religion » est à entendre, ici comme dans les autres sources franciscaines, au sens de « communauté religieuse ».
     [2] 2C 192 ; traduction de D. Poirel in François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages, vol. 1, p. 1692-1693.
     [3] Voir, entre autres, CA 50 [LP 2] ; 82 [LP 41] ; 111 [LP 85].
     [4] Voir 1Reg 16 et le commentaire qu’en présente le TFM d’octobre 2011.
     [5] Voir CA 100 [LP 65].
     [6] L'analyse qui débute ici suit celle proposée par Giovanni Miccoli dans « L'esegesi di Ez. 3, 18 in Francesco d'Assisi » in Francesco d’Assisi, Realtà e memoria di un’esperienza cristiana, Turin, Einaudi, 1991, p. 114-147.
     
    [7] Ibid., p. 134 ; la traduction est de nous.

     

    Pour nous, aujourd’hui

     

    Sans être passé par les écoles de théologie, François d’Assise était un chrétien brûlant d’amour pour Dieu, qui méditait chaque jour les Écritures et en nourrissait sa relation à Dieu et aux autres. Et nous-mêmes, quel est notre rapport à la Bible ? Lisons-nous régulièrement les évangiles ? Une excellente résolution de carême consisterait à décider de passer un peu plus de temps, chaque jour, à nous plonger dans les Écritures et à les « ruminer ». 

    Confrontés à de profonds antagonismes et oppositions, François d’Assise, Thomas de Celano et Bonaventure se sont efforcés de ramener la paix et la concorde. Parvenons-nous, nous aussi, à être des artisans de paix ou bien baissons-nous trop vite notre garde et nous laissons-nous gagner par l’agressivité de ceux qui cherchent à attiser les conflits ? 

    Enfin, sommes-nous bien conscients que c’est, d’abord et avant tout, dans et par notre comportement quotidien que nous témoignons de l’Évangile et œuvrons pour la paix ? Notre attitude extérieure est la traduction et le révélateur de notre vie intérieure…

     

    Source  © Éditions franciscaines, 2012 

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  • Voilà à nouveau notre - Lettre Fraternelle MARS 2012, pour la télécharger le format en PDF cliquer sur l'image ci-dessous  (pourrait prendre quelques secondes)

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    Logo-8e-Centenaire-Clarisse3.jpgVivantes pour louer Dieu

    8ème centenaire de la fondation de l’Ordre des clarisses

     

    Du vendredi 2 novembre, 15h00

    au dimanche 4 novembre 14h00

     

     

    Chers frères, chères sœurs, chers amis,

     

    Nous fêtons depuis plusieurs mois la grâce de la fondation de l’Ordre des sœurs clarisses le jour des Rameaux 1212. C’est l’occasion pour beaucoup d’entre nous de participer avec les sœurs clarisses à des temps de rencontre, de prière et de fête dans chacun de leurs monastères de France, Belgique ou Suisse.

     

    Beaucoup d’évènements vont ponctuer ces prochains mois et nous vous invitons à consulter régulièrement le site www.franciscain.net

     

    Mais nous avons voulu que cet anniversaire nous réunisse tous pour une grande fête de famille, frères et sœurs de la famille franciscaine, mais aussi tous les amis des monastères. Les enfants et les jeunes auront une place particulière avec des animations spécifiques.

     

    Alors n’ayons pas peur d’inviter largement autour de nous. Une invitation spécifique est lancée aussi pour les jeunes des aumôneries, mouvements ou paroisses.

     

    Lourdes, mode d’emploi !

     

    Afin de faciliter l’organisation, nous travaillons cette année avec l’agence BIPEL, qui organise de nombreux pèlerinages en France et à l’étranger. Ce sont eux qui gèreront les inscriptions. C’est pourquoi nous vous invitons à bien suivre la démarche proposée :

    L’inscription est obligatoirement faite en ligne. Pour cela, vous cliquez sur le lien suivant : http://82.127.81.81/franciscains/init.htm. Vous retrouverez aussi toutes les infos sur le site www.franciscain.net

    ·        Une fois votre inscription faite en ligne, vous recevrez une confirmation par courriel.

    ·        Vous imprimez votre inscription que vous envoyez par courrier, accompagné du paiement (chèques à l’ordre de : « Association CRFF ») à : LOURDES 2012  7 rue Marie-Rose  75014 PARIS

    ·        Vous joignez à votre courrier une enveloppe timbrée vierge.

    ·        ATTENTION : Il faut remplir une inscription par personne, y compris pour les enfants.

     

    Combien ça coûte ?

     

    120 € pour les adultes, 60 € pour les enfants de plus de 3 ans et pour les jeunes.

    Un prix serré au maximum. Et pourtant, pour certains, c’est encore beaucoup, surtout quand on vient en famille.

    C’est pourquoi, nous avons commencé à constituer une caisse de solidarité, alimentée notamment par la vente de confitures, bougies, fromages… à travers les régions. Merci à tous ceux qui ont déjà participé. Il nous reste une saison !

    Certains monastères ne peuvent financer la participation des sœurs au rassemblement. Mobilisons-nous pour les y aider. Tous vos dons sont à libeller : « Association CRFF » et à envoyer à « LOURDES 2012  7 rue Marie-Rose  75014 PARIS »

    Nous aiderons également les jeunes à financer leur voyage vers Lourdes.

     

    Où dort-on ?

     

    Les jeunes de 13 ans et plus dormiront au village des jeunes, un peu au-dessus de Lourdes. Ils auront leur programme spécifique et nous rejoindront pour quelques temps forts.

    Les familles seront hébergées dans les hôtelleries dépendant des sanctuaires.

    Les personnes seules ou en couple seront logées dans des hôtels trois étoiles, proches du sanctuaire.

    Nous avons aussi réservé quelques places à l’accueil Notre Dame, tout proche du lieu de rassemblement, pour les personnes qui auraient du mal à marcher.

     

    Se rendre à Lourdes

     

    Plusieurs régions vont organiser un car, renseignez-vous.

    Si vous prenez le train, des billets à prix cassés sont en vente dès trois mois avant le voyage. N’attendez pas

     

    Une route des monastères

     

    Pour ceux qui auraient un peu plus de temps, une « route des monastères » est proposée dans les jours qui précèdent le rassemblement. A pieds et en voiture, les marcheurs iront d’un monastère à l’autre à la rencontre des sœurs clarisses du Sud-Ouest de la France et nous rejoindront sur Lourdes le 2 novembre.

    (Renseignements et inscription sur www.franciscain.net)

     

     

    Sœur Claire-Elisabeth

    et toute l’équipe de coordination du Jubilé.

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  • Le jeûne - Spiritualité franciscaine pour aujourd'hui

    Pour apprendre la tempérance, suivez les conseils de Suzanne Giuseppi-Testut, franciscaine séculière.

    Le jeûne

    François et Claire mettent en évidence que le jeûne doit être pratiqué avec prudence, sous le regard de Dieu et pour le louer. Alors seulement, il est vertu de tempérance et conduit à Dieu. La tempérance n’est vertueuse qu’autant que l’amour de Dieu l’inspire. Et pour nous aujourd'hui, qu'est-ce que le jeûne ? La vertu de la tempérance est-elle toujours d'actualité ?

     

    "Nous n’avons pas un corps d’acier ni une solidité de granit ; nous sommes faibles et sujettes aux infirmités de la nature. Aussi, je te prie, sœur bien-aimée, de modérer avec sagesse et discernement la rigueur exagérée de ton abstinence dont j’ai eu des échos. Et je te demande dans le Seigneur de vivre pour le louer, de rendre raisonnables les hommages que tu lui rends et de toujours assaisonner ton sacrifice du sel de la sagesse. "
    Sainte Claire, Lettre 3 à Agnès

    "Que c’est tout autant un péché de soustraire sans discernement au corps ce qui lui est dû, que de lui offrir le superflu sous l’empire de la gourmandise".
    François, 2 Celano 22

    Quand nous parlons de jeûne, nous avons souvent tendance à nous limiter à la nourriture corporelle. Or, le tragique de l’histoire humaine est de tenter de réduire le monde à sa fonction utilitaire. Nous abusons des choses de ce monde pour notre bien-être et nous nous en rendons dépendants. En réalité, l’homme est un "mangeant" et le monde entier est sa nourriture. Cela nous entraîne jusqu’à la perte du sens de l’Eucharistie. Nous devenons boulimiques tant au niveau des nourritures terrestres que dans nos rapports et nos attachements aux choses et aux êtres.

    Le désir humain

    La crispation sur nos avoirs, la lutte pour acquérir de nouveaux biens, la jouissance que l’on peut éprouver face à l’argent ou aux richesses matérielles et la difficulté que l’on peut avoir à s’en séparer ou à en faire don nous maintiennent en esclavage et nous coupent de la relation avec Dieu. Le désir humain ne connaît donc pas de frein et nous désirons toujours plus, car ce remplissage laisse vide le vrai désir de l’homme, qui est le désir de Dieu. Or, ce vide est douloureux ! Ainsi, de l’esprit de communion et de partage avec Dieu, nous sommes passés à l’esprit de consommation et d’exploitation du monde.


    Le jeûne du regard

    Il est donc nécessaire de pratiquer le jeûne du regard, de la parole, de l’ouïe, du soi-disant indispensable dans le quotidien, le jeûne aussi de nos habitudes ou "dépendances", en un mot il s’agit de tempérer la puissance désirante qui nous gouverne et se caractérise par l’avidité des plaisirs et la tentation de la jouissance. Par l’esprit de jeûne, nous réorientons notre désir vers Dieu et nous progressons ainsi dans la communion et la ressemblance au Christ, pour atteindre l’état adulte du spirituel. Nous modifions notre rapport au monde, au prochain, aux richesses de ce monde et aux pauvres.


    La satiété fait barrage à la vie spirituelle

    La nourriture n’est donc pas seule en cause mais, plutôt que d’en faire un objet d’idolâtrie et de réduire notre estomac à l’esclavage, apprenons à en faire le "calice de notre âme". Véritable énergie véhiculée par Dieu, la nourriture est un don de Dieu, sa finalité est d’entretenir ou de préserver la vie de notre corps et non d’avoir pour dieu notre ventre. Rappelons-nous que "l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui vient de la bouche de Dieu." C’est pourquoi l’Eglise nous demande de pratiquer le jeûne de la nourriture, car la gourmandise manifeste une rupture, une séparation de l’homme d’avec Dieu. La satiété fait barrage à la vie spirituelle, elle émousse la vivacité du cœur, alourdit l’esprit autant que le corps et nous prive du discernement. Le jeûne aiguise le désir de Dieu, il nous rend plus attentifs à sa Parole et à sa Présence.

    Ainsi, par la vertu de tempérance exprimée par le jeûne, nous entrons dans la vigilance, dans la mesure et la sobriété intérieures. Tous nos sens – regard, parole, odorat, goût, toucher – peuvent alors se spiritualiser, au niveau de nos fonctions affectives, émotionnelles et intellectuelles, notre âme y gagne en calme et en stabilité. Nous devenons plus humains, plus solidaires, plus fraternels, nous pouvons mieux partager.

    Retour à la page "Le jeûne selon Claire et François d'Assise"

     

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    La semaine prochaine : la prière.

    13 février 2012

     

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    Suzanne sur KTO


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  • FI voix franciscaine

    Février 2012

    De nos jours, quel sens donner aux Sept Dernières Paroles du Christ…


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    Je me souviens très bien de la première fois où je me trouvais auprès d’une personne mourante que je connaissais et qui était le grand-père de l’un de nos étudiants. Je rencontrais sa fille dans le couloir du petit hôpital  de campagne en Australie. Elle m’invita  à  me joindre à la famille pour prier en attendant la mort de son père. Il mourut très paisiblement après s’être accroché à la vie jusqu’à l’arrivée de son plus jeune fils, d’outre-mer. Plus tard à voix basse, le fils parla de la joie de son père en le voyant entrer dans sa chambre et puis, en larmes, il partagea les dernières paroles de son père.

    Dans la tradition chrétienne, nous avons coutume de nous souvenir des « Sept Dernières Paroles de Jésus » pendant le Carême. Par ces paroles, ou plus précisément, ces phrases, nous avons une idée très forte de Jésus, en tant qu’homme, accueillant la dernière partie de sa vie terrestre, avec amour, un esprit de pardon et un sentiment de crainte. Le cri pathétique de Jésus invoquant Dieu : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » a traversé les siècles. FI a préparé un livret de Carême pour la prière et la réflexion sur ces « Sept Dernières Paroles » destiné à être utilisé en groupe ou individuellement. L’exemple de notre ministère accompagne chaque phrase pour nous aider à faire le lien entre l’époque de Jésus et les souffrances ainsi que l’injustice systémique qui actuellement sont toujours partie intégrante de la condition humaine. Prions pour qu’en réfléchissant aux « Sept Dernière Paroles de Jésus« , ce Carême nous fasse  participer pleinement à l’amour de Jésus  qui se donne entièrement et  au profond mystère de Pâques.

    Sr Denise Boyle fmdm
    Directrice Executive de FI

    Télécharger votre exemplaire du livret de prière et de réflexion « Sept Dernières Paroles de Jésus » (PDF)

     

    Pour plus de nouvelles vous rendre ICI

     

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    Avec un peu de retard....

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    TOGO
    Visite Fraternelle et Pastorale et
    1er Chapitre National Electif de l’OFS

     

    map-togo.jpgLa présence de l'OFS au Togo a commencé en l'an1961.  Cette année a donc été célébré le 50ème anniversaire de la présence des franciscains séculiers dans le pays. Pour cette circonstance, la Visite Fraternelle et Pastorale qui s'est déroulée du 2 au 10 décembre 2011 a eu un relief particulier. La Visite Fraternelle a été conduite par Michèle Altmeyer, la Conseillère de Présidence CIOFS pour la langue française, et la Visite Pastorale par Fr. Ivan Matić, Assistant général OFS-JeFra.

    Les premiers jours ont été consacrés à la formation et à la célébration du premier Chapitre national électif, près du couvent des Frères Mineurs à Adidogome, dans la ville de Lomé. Environ 50 capitulaires étaient présents au Chapitre, avec leur Assistant national Fr. Peter Williams, OFM et d’autres Assistants spirituels locaux. Comment Ministre national a été élu Joseph Fogan Adegnon.

    Pendant leur séjour les Visiteurs ont rencontré Fr. Marcel Bakoma, Ministre Provincial des Frères Mineurs du Togo, l’Archevêque de Lomé Mgr. Denis Komivi Amuzu-Dzakpah, la communauté des Soeurs Clarisses et d’autres Soeurs franciscaines, et beaucoup de membres de l’OFS de la Fraternité régionale de Lomé. Ensuite, les 6-7-8 décembre, les Visiteurs ont aussi visité les Franciscains séculiers qui vivent dans le nord du pays, dans les villes de Niamtougou, Dapaong et Bombouaka. Ont aussi été très fructueuses les rencontres avec les Soeurs de Saint François d'Assise de Niamtougou qui aident aussi pour l'assistance spirituelle à l'OFS, et avec la communauté des Frères Mineurs et des Novices dans la ville de Dapaong. Dans cette ville les Visiteurs ont aussi été accueillis, dans un climat d'hospitalité très fraternelle, par l'évêque de ce diocèse Mgr. Jacques Anyilunda.

    Au Togo il y a plus que 200 membres de l'OFS, entre les profès et ceux qui se préparent à la Profession, avec huit Fraternités locales canoniquement érigées et une Fraternité locale émergente. Il existent aussi différents groupes de jeunes qui ont commencé à cheminer dans la Jeunesse franciscaine.

    Source http://www.ciofs.org

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  • NOUV-LOGO-FORM-PERM-CIOFS-copie-1.JPG 

    (Février 2012)

     

      IL EST TEMPS POUR EMMAÜS

     

    Le XIIème  Chapitre général de l'Ordre franciscain Séculier  s'est tenu à Sao Paolo au Brésil du 22 au 29 octobre dernier (2011). Il avait pour thème: "Évangélisé pour Évangéliser". Fr. Fernando Ventura OFMCap en fut le conférencier principal."Il est temps maintenant, dit-il, de comprendre  les milliers, les millions  de nos frères et sœurs en marche vers Emmaüs". L' expérience et les voyages  de Fr. Fernando lui ont permis de bien comprendre la situation mondiale. Dans cette première partie de sa conférence, il explique pourquoi il est temps d'en revenir à Emmaüs,  de  rencontrer sur la route ces deux disciples  et de réfléchir à leur expérience d'abandon d'une centralité de foi et d'espérance pour se voir conduits à la périphérie du désespoir. Il est important que vous lisiez, étudiez et discutiez le contenu de ce dossier  avec vos frères et sœurs dans votre fraternité.  

     

    Le temps de retourner à Emmaüs...

    C'est notre époque qui réclame des réponses, c'est notre époque qui crie pour se faire entendre alors que nous, plutôt que d'écouter, nous continuons à parler. Plutôt que d'entendre la douleur des gens, nous continuons à imposer nos théologies, nos philosophies et nos vieilleries plus ou moins théologiques que nous chargeons sur les épaules des autres, alors que nous ne sommes même pas capables de lever un doigt. Il est temps de revenir à Emmaüs, il est temps de retrouver ces deux disciples: Ils laissaient derrière eux cette centralité de foi et d'espoir, et marchaient vers la banlieue, vers le désespoir. Leur espoir était abandonné, resté pendu sur une croix. Plus rien n'avait de sens. "Nous, nous espérions que grâce à lui le rachat d'Israël était imminent. Depuis, trois jours se sont écoulés! (Lc 24;21) et nous allons vers Emmaüs," nous quittons.

     

    Le temps d'écouter...

    Peut-être n'est-ce pas aussi sensible en Amérique-latine que dans d'autres parties du monde, mais il est temps d'entendre les milliers, les millions de nos frères et sœurs qui marchent vers Emmaüs... qui d'une façon ou d'une autre ont laissé leurs espoirs, leur joie de vivre, et marchent vers cet endroit périphérique, Emmaüs. C'est maintenant qu'il nous est donné de vivre, de transformer, de servir. Pas d'être des Grands. De servir, pas d'être servis. C'est très difficile. C'est le moment de revenir à la pédagogie de Dieu, ICI et MAINTENANT.

    Quels sont les personnages que l'on nous présente dans cet épisode "'Emmaüs"? Combien y en avait-il?  Trois: les deux disciples et Jésus. Qu'est-ce que Jésus faisait là? C'est de la pédagogie d'Eglise... et nous en sommes bien loin. Nous voyons encore au sein de nos groupes les manières les plus astucieuses pour prendre des contacts, faire des affaires, obtenir de l'argent, influencer ici et là... Mon Dieu, quelle honte! Cela existe. Cela se produit.

     

    Que fait Jésus ?

    Que fait ici Jésus? En premier lieu, Il regarde. Et que voit-il?  Il voit ces deux hommes qui passent devant lui, qui passent de l'espoir total à la limite du  désespoir. Son premier acte est de chercher ce qui est arrivé.

    D'abord, nous devons vivre la mission de prophète. Le prophète vit... il n'invente pas. il ne joue pas au devin sur quelque plan que ce soit. Le prophète est un homme (ou une femme) qui a les pieds bien sur terre, qui est bien stable dans le présent. Et qui, chaque jour, appelle à constater la fidélité de Dieu durant la veille; un homme ou une femme qui est capable de susciter l'espoir dans le futur. Telle est la charge du prophète... célébrer chaque jour la fidélité de Dieu hier, être capable de crier cette même continuité de fidélité de Dieu dans le futur. Tel est le prophète. Les autres sont des agitateurs.

    D'abord, Jésus voit. Puis il s'approche (deuxième action...et Il n'a encore rien dit). Puis Il marche avec eux. Cela fait déjà  trois choses, et Il n'a pas encore dit un mot. Il regarde, approche et marche. Puis que fait-il? Voici la clef : Il pose une question: "Qu'est-ce qui vous arrive?" Remarquez qu'Il commence par le problème de l'autre. Il ne vient pas à eux pour lancer une polémique. Il désire savoir : "qu'est-ce qui vous blesse, d'ou vient votre tristesse, pourquoi avez vous abandonné votre espoir, pourquoi ainsi vous éloigner vers cette périphérie de désespoir?" Puis écoutez la réponse "... est-il possible que vous soyez à ce point aveugles,", Etes-vous les seuls qui ne savent pas ce qui s'est passé à Jérusalem?'  Quelles sont les raisons de Jésus, et, que leur dit-il? Qu'y avait-il? Nouvelle question, nouvelle tentative de partir de l'expérience de l'autre.

     

    La reconstruction de l'espoir

    C'est seulement alors, après ces cinq actions (voir, approcher, marcher, questionner, écouter) que vous pouvez commencer à parler... que vous pouvez commencer à reconstruire l'espoir de réaliser le pont entre l'Espoir, ancré au cœur d'Israël, et la Présence réelle de Dieu dans l'histoire incarnée, de Dieu "converti" pour nous en Jésus Christ. Voici Emmaüs! Nous sommes aujourd'hui, et c'est une pédagogie pour aujourd'hui. C'est le ministère pour aujourd'hui: être par dessous.  Cependant, nous n'aimons pas "ministrer", mais enseigner.

    Voici Emmaüs! c'est le défi de construire la OIKOS (maison). Il est temps pour l' OIKONOMY car l'économie semble bien être par terre. (Entre nous, c'est parce que nous continuons à croire qu'économie et finances travaillent ensemble... et ce n'est pas le cas... mais gardons ce sujet pour une autre occasion).

    Le défi de construire la maison commune, avec des chambres pour tout le monde sans exception, ou personne ne doit être marqué au front, parce qu'il / elle est différent. Ce Dieu converti au monde est un Dieu capable de concilier tout le monde. Il est ce Dieu qui voit, qui s'approche, qui accompagne et qui écoute. au delà des choix politiques, au delà des choix religieux, au delà de choix sexuels ou gastronomiques....

     

    QUESTIONS POUR LA RÉFLEXION ET LA DISCUSSION EN FRATERNITÉ

    1. Qu'est-ce que cela veut dire "Il est temps de retourner à Emmaüs?"

    2. Qu'a fait Jésus le (souvenez-vous: cinq choses!) lorsqu'il se rendit compte de la triste situation des deux disciples qui marchent sur la route d'Emmaüs?  Comment cela s'applique-t-il à nos propres contacts sociaux?

        3. En tant que Franciscains Séculiers, que pouvons nous faire (ou être) mieux selon notre vocation et notre mission de construire la "maison commune" ouverte à tous sans exception?

    Source http://www.ciofs.org/

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  • En collaborration avec les Editions franciscaines nous publierons Le texte franciscain du mois, nous sommes maintenant à jour dans la mise En Ligne de ces articles. Merci aux  Editions franciscaines de nous donner un apperçu du contenu du nouveau TOTUM.(le rédacteur  L'Auteur des articles

     

             Sigles bibliques                    
                 Mt = évangile selon Matthieu
                 Lc = évangile selon Luc
                 Jn = évangile selon Jean
                 IP = première lettre de Pierre

    Sigles franciscains

    1Reg = Règle non bullata (1221)
    2Reg = Règle bullata (1223)

    Test = Testament de François d'Assise
    2LFid = Lettre aux fidèles (version longue)

    LChe = Lettre aux chefs des peuples

    JG = Chronique de Jourdain de Giano

    LM = Legenda maior de Bonaventure

    TM = "Témoignages"

     

     


     

    Le texte franciscain du mois – Février 2012

     

     

     

    Le texte : Thomas de Celano, Vita secunda, § 28 et 31

     2C 28 Il y avait un frère [remarquable] : quant à ce qui se voyait au-dehors, il était par son comportement d’une sainteté éminente, cependant tout à fait singulière. S’adonnant à la prière en tout temps, il observait si strictement le silence qu’il avait l’habitude de se confesser non par des paroles, mais par des signes. Il concevait une grande ardeur pour les paroles de l’Écriture et, en les entendant, il tressaillait de désir, envahi par une étonnante douceur. Pourquoi m’étendre ? Tous le tenaient pour trois fois saint.

    Il se trouva que le bienheureux père vint en ce lieu, vit le frère, entendit le saint. Alors que tous le louaient et l’exaltaient, le père répondit : « Arrêtez, mes frères, et ne me louez pas en lui des simulations diaboliques ! En vérité sachez  que c’est une tentation diabolique et aussi une tromperie frauduleuse. C’est là pour moi un fait établi et prouvé au plus haut point, du fait qu’il ne veut pas se confesser. » Les frères prirent mal  cette parole, surtout le vicaire du saint. « Et comment, disent-ils, serait-il vrai que parmi tant de signes de perfection nous soyons les jouets de mensonges fallacieux ? » Le père leur répondit : « Qu’on lui recommande de se confesser deux fois par semaine, voire une seule. S’il ne le fait pas, vous saurez que ce que j’ai dit est vrai. » Le vicaire prend à part  ce frère et, d’abord, il se montre familièrement enjoué avec lui ; à la fin, il lui enjoint de se confesser. Le frère traite cet avis avec dédain et, plaçant un doigt sur sa bouche, secouant la tête, fait signe qu’il ne se confessera pour rien au monde. Les frères firent silence, craignant le scandale d’un faux saint. Quelques jours après, il sort volontairement de la religion, se convertit au siècle et retourne à son vomissement [1]. Finalement, redoublant ses forfaits, il perdit à la fois la pénitence et la vie. 

    2C 31 À cette époque, comme le saint s’en retournait d’outre-mer avec pour compagnon frère Léonard d’Assise, il arriva que, fatigué et épuisé par la route, il monta un peu à dos d’âne. Le compagnon, qui suivait et n’était lui-même pas peu las, se mit à dire en lui-même[2], sous l’action de quelque sentiment humain : « Nos parents – les siens et les miens – ne jouaient pas jeu égal ! Voilà que, lui, il chevauche et, moi, allant à pied, je conduis l’âne. » Comme il avait ces pensées, sur-le-champ le saint descend de l’âne et dit : « Non, frère, il ne convient pas que, moi, je chevauche et que, toi, tu ailles à pied, car tu as été plus noble et plus puissant que moi dans le siècle. » Le frère fut aussitôt dans la stupeur[3] et, envahi de honte, il sut que le saint l’avait deviné. Il tomba à ses pieds [4] et, inondé de larmes, exposa sa pensée toute nue et demanda pardon.

    Traduction de D. Poirel in François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages,
    J. Dalarun dir., Paris, 2010, vol. 1, p. 1500-1501 et 1504-1505
     

     [1] Pr 26, 11 ; 2P 2, 22.
     [2] Lc 11, 38 ; voir Lc 7, 39.
     [3] Est 7, 6.
     [4] Est 8, 3.

     

     

    Le contexte

     

    Bien que rédigée dans un style superbe, la première Vie de François d’Assise due à Thomas de Celano [1C] contient des inexactitudes. Aussi, en 1240-41, le Du Commencement de l’Ordre entreprend-il de corriger ses approximations concernant les débuts de la Fraternité mineure et, cinq ans plus tard, la Légende des trois compagnons s’attache-t-elle à préciser les étapes de la conversion de François. En raison de ces déficiences, et parce qu’il importe de publier des miracles inédits du petit Pauvre, le chapitre de Gênes (1244) charge Crescent de Iesi, le nouveau ministre général, de demander aux anciens compagnons de François leur témoignage concernant sa vie et ses miracles. Le 11 août 1246, les frères Léon, Rufin et Ange envoient à Crescent un paquet de documents renfermant, au moins, une lettre signée de leurs trois noms, laLégende des trois compagnons et une liasse de fiches contenant les souvenirs recueillis par Léon. Sur la base de ces écrits, Crescent demande à Thomas de rédiger une nouvelle Vie de François. Le fruit de cette requête est le Mémorial, qui, en sa version finale, comporte deux parties : une biographie de François rédigée en 1246-47, que l’on a coutume d’intituler « seconde Vie » [2C], et un recueil de miracles [3C], écrit vers 1252. 

    Nos deux textes sont des récritures, en un meilleur latin, de deux fiches de frère Léon, dont le texte figure dans la Compilation d’Assise. 2C 28 a pour source CA 116 ; Thomas de Celano suit fidèlement le récit de Léon, à l’exception de la dernière partie qu’il se contente de résumer par la phrase : « Finalement, redoublant ses forfaits, il perdit à la fois la pénitence et la vie. » Léon y expliquait que, plus tard, deux compagnons de François rencontrèrent sur un chemin cet ex-frère, devenu un pauvre vagabond[1] ayant perdu tout goût pour la vie spirituelle et ne cessant de jurer sur sa foi, et qu’il mourut peu après. 2C 31 a pour source CA 72 ; contrairement à Thomas, Léon ne nomme pas le frère qui accompagne François mais précise qu’il était « d’un grand et puissant lignage » et ajoute cette conclusion, absente de 2C 31 :

     

    Et [ce frère] s’émerveilla grandement de la sainteté du bienheureux François, car il avait immédiatement connu sa pensée. Aussi, quand, à Assise, les frères prièrent le seigneur pape Grégoire et les cardinaux de canoniser le bienheureux François, témoigna-t-il de ce fait devant le seigneur pape et les cardinaux,[2]. 

    La mention du « vicaire du saint », en 2C 28, révèle que cet épisode n’a pu avoir lieu avant octobre 1220, puisque c’est dans les derniers jours de septembre 1220 que François a renoncé au gouvernement de la Fraternité mineure et a choisi Pierre de Cattaneo – puis, après la mort de celui-ci, frère Élie – pour vicaire. L’indication : « le saint s’en retournait d’outre-mer », laisse entendre que l’épisode relaté en 2C 31 se situe lors du retour d’Orient de François et permet de le situer, avec une forte probabilité, pendant l’été 1220. 

     


     [1] Le terme « pèlerin » figurant en CA 116 [LP 91] est à entendre au sens de « chemineau », de « vagabond ».
     [2] CA 72 [LP 30]. La dernière phrase est instructive car elle montre que des proches compagnons de François ont témoigné à son procès de canonisation – dont les actes sont malheureusement perdus – et que leurs témoignages n’ont pas seulement porté sur ses miracles posthumes, mais aussi sur ceux accomplis durant sa vie terrestre.
     [3] Voir Grégoire le Grand, Dialogues, livre II : « La Vie et les miracles du vénérable abbé Benoît », chap. 12-21 (coll. « Sources chrétiennes » n° 260, Paris, Cerf, 1979, p. 174-201).
     

     

     

     

    Au Moyen Âge, les dons surnaturels et les miracles sont considérés comme des éléments constitutifs de la sainteté et les Vies des saints leur accordent autant, voire plus, d’importance qu’aux faits et gestes « historiques » de leurs héros. Parmi ces dons surnaturels, l’esprit de prophétie, qui recouvre à la fois la prescience des choses futures, la science des choses présentes cachées et le discernement des cœurs, figure en première place. Ainsi, pas moins de dix chapitres de la Vie de saint Benoît par le pape Grégoire le Grand, l’une des plus influentes légendes médiévales, lui sont consacrés[3]. De même, la partie thématique de la  seconde Vie de Thomas de Celano débute par une section intitulée : « L’esprit de prophétie qu’eut le bienheureux François », dont proviennent les deux textes choisis. Il reste à souligner que le goût médiéval pour les miracles ne s’identifie pas, sans plus, à une soif naïve de merveilleux : dans ses Dialogues, qui datent de la fin du VIe siècle, Grégoire le Grand insiste beaucoup sur le fait que les miracles sont des signes envoyés par Dieu pour révéler la vertu d’un saint et affirme avec force la supériorité de la vertu sur les dons miraculeux.

    © Éditions franciscaines, 2012

     

    Le commentaire

     

    La principale raison pour laquelle ces deux textes ont été retenus est leur richesse et leur justesse psychologiques. Dans les deux cas, le contexte est décrit avec clarté et concision, le merveilleux est présent mais demeure à l’arrière-plan (ce qui ne dévalue nullement le don de science possédé par François) et la clé du récit est d’ordre à la fois spirituel et psychologique. 

    Commençons par 2C 31, qui est plus simple. Léonard appartient à une famille noble de haut rang, peut-être celle des seigneurs de Gislerio d’Alberico, comtes de Sassorosso[1]. Les préséances sociales étant bien plus marquées au XIIIe siècle qu’aujourd’hui, il n’est guère étonnant qu’en un moment d’accablement, la pensée exprimée dans le texte lui soit venue à l’esprit. Cependant, Thomas de Celano prend soin d’indiquer que l’irritation et le dépit qui la motivent constituent « un sentiment humain », autrement dit sont dûs au « vieil homme » décrit par l’apôtre Paul[2], qui attise en nous l’envie, la colère et s’oppose à l’Esprit de Dieu. L’expression « se mit à dire en lui-même » (coepit dicere intra se) est empruntée à l’évangile de Luc, où un pharisien ayant invité Jésus à déjeuner s’étonne intérieurement qu’il ne se livre pas aux ablutions rituelles. Jésus, qui a perçu la pensée de son hôte, se met alors à reprocher durement aux pharisiens leur goût pour les premières places et les honneurs, ainsi que leur manque d’amour pour Dieu et pour la justice[3]. Les lettrés médiévaux connaissaient par cœur un grand nombre de passages de la Bible et saisissaient d’emblée ces références scripturaires. La comparaison avec un épisode similaire, figurant dans la Vie de saint Benoît par Grégoire le Grand, permet de mesurer l’originalité du récit rapporté par frère Léon et Thomas de Celano : 

    Un jour, le vénérable Père prenait sa réfection corporelle, et comme la soirée était déjà avancée, un de ses moines, fils d’un défenseur, lui tenait la lampe devant la table. Tandis que l’homme de Dieu mangeait, notre porte-lampe, debout, fut pris d’un esprit d’orgueil et se mit à ruminer silencieusement dans sa tête. Il se disait dans ses pensées : « Qui est-ce que j’assiste, moi, pendant qu’il mange ? Je lui tiens la lampe, je lui sers d’esclave ! Quand je suis ce que je suis, moi, le servir ? » L’homme de Dieu, aussitôt, se tourna vers lui et se mit à le semoncer vertement : « Fais le signe de croix sur ton cœur, frère ! Qu’est-ce que tu dis là ? Fais le signe de croix sur ton cœur ! » Il appelle aussitôt les frères, commande qu’on lui prenne la lampe des mains, enjoint au porte-lampe de quitter son poste, d’aller s’asseoir immédiatement et de se tenir coi [4]

    Les contextes sont différents. Dans la légende bénédictine, le fautif n’a pas l’excuse de la fatigue physique et son discours intérieur est bien plus orgueilleux et agressif que celui de frère Léonard ; c’est pourquoi Benoît le réprimande avec une telle vigueur. François, pour sa part, fait montre d’un esprit de minorité, de discernement… et d’une dose d’humour : loin de blâmer son noble compagnon, il le prend au mot, descend aussitôt de l’âne et lui offre sa monture, mettant ainsi en lumière l’inanité des pensées qu’il rumine. Au lieu de réprimander ou de punir son frère, François s’adresse à sa liberté, en l’invitant, par le geste et la parole, à dépasser les convenances sociales pour accéder à la justice véritable, inspirée par l’amour. La réaction de Léonard manifeste le bien-fondé de cette démarche : ayant pris conscience qu’il vient de pécher contre la minorité et la charité, ce dernier « tomba à ses pieds et, inondé de larmes, exposa sa pensée toute nue et demanda pardon ». François ne rejette aucunement l’ordre social, puisqu’il acquiesce aux pensées de Léonard sans formuler de réserves, mais il le relativise et le subordonne à l’unique absolu qu’est l’amour de Dieu et du prochain. 

    2C 28 est entièrement structuré par l’opposition entre intérieur et extérieur. Toutes les énergies de l’imposteur – qui, soit dit en passant, reste anonyme – sont tournées vers le dehors et tendues vers un unique but : passer pour saint aux yeux des Frères mineurs et de la société. Pour ce faire, il pousse jusqu’à l’extrême un certain nombre de pratiques monastiques, au premier rang desquelles la garde du silence. Cette stratégie, portée par une volonté de fer et menée avec une grande habileté, est couronnée de succès auprès de ceux qui s’en tiennent aux apparences mais elle est impuissante à tromper François, dont le regard pénètre jusqu’à la racine du comportement de ceux qu’il rencontre. La visée de Thomas de Celano, en relatant cet épisode, est d’illustrer les dangers encourus par celles et ceux qui, dans la vie spirituelle, cherchent à se singulariser – une pratique déjà maintes fois dénoncée par les Pères de l’Église. 

    L’examen de la conduite du simulateur est instructif. Il s’adonne à la prière en tout temps, observe un silence perpétuel, au point de ne se confesser que par signes, et manifeste une grande joie et des marques de consolation intérieure à l’écoute des saintes Écritures. Les moines, et plus largement les religieux, ont accordé de tout temps une grande importance à la taciturnité et au silence. Mais, dans la littérature monastique, la « garde des lèvres » est au service de l’union à Dieu et de la charité, et elle ne s’applique nullement au sacrement de réconciliation ni à l’accompagnement spirituel. Le refus obstiné, de la part du faux mystique, de se confesser de vive voix témoigne que sa taciturnité est faussée à la base et vise à l’isoler des autres plutôt qu’à l’unir spirituellement à eux. Se confesser par signes revient, en effet, à refuser d’examiner objectivement ses péchés et à désamorcer toute possibilité de dialogue avec son confesseur. Il est clair, en outre, qu’un tel frère ne peut avoir ni confidents ni amis. Il est donc totalement seul, emmuré dans le personnage qu’il s’est forgé. Lancé dans une fuite en avant, il lui faut à tout prix entretenir l’illusion qu’il vit intérieurement la sainteté qu’il manifeste extérieurement. Il y parvient dans une large mesure, au prix d’efforts terribles, mais ne peut masquer un fait qui révèle sa duplicité : son refus de se confesser oralement.                                                                                               

     


     [1] Voir François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages, vol. 2, note 2 p. 2346 (LM XI, 9).
     [2] Voir Rm 6, 6, Ep 4, 22 et Col 3, 9.
     [3] Voir Lc 11, 37-44.
     [4] Traduction de Paul Antin in Grégoire le Grand, Dialogues, livre II : « La Vie et les miracles du vénérable abbé
    Benoît », chap. 20 (p. 197 dans le n° 260 de la coll. « Sources chrétiennes »).

     

     

    Sitôt informé du comportement de ce frère, François repère le défaut de sa cuirasse et en mesure toute la portée. Son jugement est sans appel : « c’est une tentation diabolique et aussi une tromperie frauduleuse ». Ce diagnostic conjoint deux facteurs d’ordres différents. Du point de vue psychologique, le simulateur est mû par ce que nous appellerions aujourd’hui un besoin de reconnaissance extrêmement puissant, auquel il ne parvient pas à résister. Incapable de gagner l’estime des autres en suivant la voie droite et saine consistant à agir au grand jour, il cède à la tentation de se l’approprier par le biais d’une imposture. Le petit Pauvre, se situant du point de vue spirituel, qualifie cette tentation de « diabolique ». Du point de vue moral, elle a pour conséquence que notre « usurpateur de sainteté » devient un fraudeur et un menteur impénitent. Sa rencontre avec le vicaire – probablement Élie d’Assise – s’avère accablante pour lui. Le changement de ton de ce dernier, qui après lui avoir parlé familièrement lui ordonne de se confesser, puis le silence éloquent des frères, qui révèle leurs doutes à son sujet, l’atteignent de plein fouet. Comprenant qu’il est en passe d’être démasqué, il prend les devants et, peu après, quitte de lui-même la Fraternité mineure. L’expression : « il se convertit au siècle » signifie qu’il tourne son cœur vers le monde et en adopte le mode de penser et les valeurs. Puisque ce malheureux s’est depuis longtemps fermé à l’action de l’Esprit Saint et n’a pas (ou plus) de réelle vie intérieure, ce n’est qu’extérieurement qu’il se convertit au monde : son cadre de vie, les personnes qu’il côtoie et ses manières changent, certes, du tout au tout, mais pas l’esprit qui l’anime, lequel était déjà « du monde ».

    © Éditions franciscaines, 2012

     

    Pour nous, aujourd’hui

     

    Ces deux textes questionnent le regard que nous posons sur ceux qui nous entourent. Est-il indifférent, superficiel, ou bien attentif à ce que vivent et pensent les autres ? S’arrête-t-il aux apparences ou bien s’attache-t-il à déceler leurs sentiments profonds, non pour acquérir un pouvoir sur eux mais pour se mettre au service de leur croissance humaine et spirituelle ? 

    2C 31 constitue une aide intéressante pour analyser la manière dont nous réagissons aux mauvais gestes et aux pensées malveillantes dont nous sommes victimes. Ripostons-nous à nos agresseurs par la violence, ou bien leur opposons-nous une attitude ferme mais bienveillante ? Leur perception des choses comporte souvent une part de vérité, qu’il importe de reconnaître ; la meilleure chose à faire, si cela s’avère possible, est de prendre appui sur elle, comme l’a fait François avec Léonard. 

    La reconnaissance – c’est-à-dire le fait d’être apprécié et valorisé par le groupe social auquel on appartient – constitue un besoin vital pour l’être humain, au même titre que l’oxygène ou la nourriture. L’exemple du « faux saint » offert par 2C 28 nous interpelle à ce sujet. De quelle façon, nous-mêmes, gérons-nous notre besoin de reconnaissance ? Sur un mode pernicieux et captateur, ou bien sur le mode de la simplicité, en reflétant extérieurement ce que nous sommes intérieurement et en faisant confiance à la bonté des autres, dans le cœur desquels agit l’Esprit Saint ?

    © Éditions franciscaines, 2012

     

     

    Le prochain « Texte franciscain du mois » sera celui de mars 2012.

    Source © Éditions franciscaines, 2012

     

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