Méditation quotidienne de Richard Rohr

Du Centre d'action et de contemplation

Bien que cela semble positif, rester à ce stade de la conversion impose toujours un fardeau injuste à ceux qui sont marginalisés. Leur projeter uniquement de bonnes qualités tend à alléger le fardeau du travail de solidarité de notre part. Layla F. Saad décrit cette tendance par rapport aux femmes noires dans son livre Me and White Supremacy:

Les femmes noires sont soit surhumanisées et placées sur des piédestaux comme des reines ou des femmes noires fortes, soit elles sont déshumanisées et considérées comme indignes des mêmes soins et attention que les femmes blanches. Les deux surhumaniser et déshumaniser sont nuisibles car. . . ils ne parviennent pas à capturer les femmes noires dans le désordre, la joie, la beauté et la féminité des femmes d'autres races. [1]

S'il est injuste de déshumaniser les autres, il est également injuste de les «surhumaniser», applaudissant leur capacité à «tout faire» au lieu de s'assurer qu'ils n'ont pas à le faire.  

La quatrième conversion est une reconnaissance approfondie de l'impact de l'oppression systémique. Cela a tendance à résulter de la désillusion et de la déception envers les pauvres, surtout quand on voit comment ils ont été socialisés dans une vision du monde de l'échec et de la rareté. Il s'agit d'une oppression intériorisée. Comme le dit Paulo Freire, «si souvent [les opprimés] entendent qu'ils ne sont bons à rien, ne savent rien et sont incapables d'apprendre quoi que ce soit. . . qu'à la fin, ils deviennent convaincus de leur propre incapacité. » [2] Dès le début, les systèmes dans lesquels nous opérons nous soutiennent ou nous détruisent.

De ma place dans la société, j'ai pu entrer dans un bon système éducatif et j'ai toujours eu de bons soins de santé. On m'a offert tant d'options et d'encouragements pour réussir. Mais lorsque nous venons d'un lieu social qui nous a mis dans des systèmes et des relations où les options sont limitées, nous sommes souvent humiliés et méprisés à chaque étape de notre vie. Dans ces conditions, il est beaucoup plus difficile de continuer à mettre notre meilleur pied en avant.

Le travail de solidarité consiste à réduire la distance que ces systèmes ont mise entre nous en rejoignant et en acceptant les autres comme pleinement humains, dans nos luttes comme dans nos dons. Ce travail nécessite un engagement dans l' accompagnement relationnel. Ce qui est nécessaire, selon Freire, c'est que nous «arrêtions de faire des gestes pieux, sentimentaux et individualistes, et risquions un acte d'amour». [3]

Passerelle vers l'action et la contemplation:
Quel mot ou expression me touche ou me met au défi? Quelles sensations ressentis dans mon corps? Que dois-je faire?

Prière pour notre communauté:
Ô grand amour, merci de vivre et d'aimer en nous et à travers nous. Puisse tout ce que nous faisons découler de notre connexion profonde avec vous et tous les êtres. Aidez-nous à devenir une communauté qui partage les fardeaux les uns des autres et le poids de la gloire. Écoutez les désirs de nos cœurs pour la guérison de notre monde. [Veuillez ajouter vos propres intentions.]. . . Sachant que vous nous entendez mieux que nous ne parlons, nous offrons ces prières dans tous les saints noms de Dieu, amen.

Écoutez le père. Richard a lu la prière.

Histoire de notre communauté: 
En tant qu'infirmière praticienne, depuis le début de l'épidémie de Covid-19, je n'ai jamais travaillé plus fort ni subi plus de stress dans ce rôle. Tant de choses ont changé dans ma vie. La lecture des Méditations Quotidiennes et ma pratique de la Prière Centrante ont été deux choses qui se sont prolongées de mon «ancienne vie». Ces pratiques me rappellent que je fais partie d'un plus grand ensemble. Mon but dans la vie n'est pas de trouver un réconfort émotionnel ou physique pour moi, mais pour les autres. –Sharon S.

Partagez votre propre histoire avec nous.

[1] Layla F. Saad, Moi et la suprématie blanche: combattre le racisme, changer le monde et devenir un bon ancêtre (Sourcebooks: 2020), 87.

[2] Paulo Freire, Pédagogie des opprimés, trans. Myra Bergman Ramos, 30e anniv. ed. (Continuum: 2005, © 1970, 1993), 63.

[3] Ibid., 50.

Adapté de Richard Rohr, présentation du colloque Living School (25 novembre 2018), non publié.

Crédit d'image: Paulo Freire (détail), Centro de Formação, Tecnologia e Pesquisa Educacional (CEFORTEPE), SME-Campinas, Campinas, Brésil.

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source https://cac.org/

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