Méditation quotidienne de Richard Rohr

Du Centre d'action et de contemplation

Solidarité 

La deuxième conversion
mardi 26 mai 2020

Si la première conversion à la solidarité consiste à se lier d'amitié ou à éprouver de la compassion pour les pauvres, la deuxième conversion à la solidarité est la colère face à la situation injuste qui a provoqué leur pauvreté. Beaucoup de gens n'atteignent jamais ce stade de la colère face à l'injustice, en particulier aux États-Unis. Notre culte culturel de l'individualisme et de la mentalité de «bootstrap» nous prive de la capacité de sympathiser avec les personnes dans le besoin et de reconnaître l'oppression systémique. Lorsque nous sommes dans le niveau de privilège moyen ou supérieur, il est presque impossible de voir les nombreuses façons dont le système nous a aidés à réussir. Nous ne pouvons pas reconnaître ou surmonter cette «illusion convenue» en tant qu'individus isolés, principalement parce qu'elle est maintenue par le consensus du groupe. Le groupe dominant - dans n'importe quel pays ou contexte - ne peut normalement pas voir ses propres mensonges. Nous devons faire attention à quiconque dit «je ne peux pas respirer» pour reconnaître les préjugés au travail.

Cela ne change souvent que lorsque, grâce à l'amitié avec des personnes d'horizons et d'expériences de vie différents, nous sommes témoins de mauvais traitements et de marginalisation. Nous apprenons à connaître quelqu'un en dehors de notre cercle social immédiat. Notre sœur tombe amoureuse d'une personne d'une autre race, religion ou culture. Notre petit-enfant est transgenre. Nous voyons toutes les façons dont la vie leur est plus difficile qu'elle ne devrait l'être. Nous ressentons leur douleur au lieu de nous éloigner à une distance sûre.  

La colère est une réponse nécessaire, appropriée et utile à ce genre d'injustice. C'est le début de la critique sociale et nous aide à protéger les limites appropriées pour nous-mêmes et pour les autres. Pourtant, la colère peut aussi être dangereuse. Quand il traîne trop longtemps, il devient autodestructeur et égocentrique. Ensuite, il déforme le message qu'il est venu nous offrir. Nous pouvons devenir si déterminés à signaler des problèmes que nous ne sommes jamais réellement prêts à faire partie de la solution. Comme j'aime à le dire, la meilleure critique du mauvais est la pratique du meilleur, pas plus de critique! La question de la vraie conversion et de la solidarité est: «comment puis-je surmonter ma colère et aller de l'autre côté, afin que je puisse être une présence vivifiante avec et pour ceux qui souffrent le plus?» 

Pour les communautés opprimées, cependant, la colère peut être une forme de survie, une étape nécessaire sur la voie de la guérison. Écouter une telle colère avec une amitié compatissante peut être en soi une forme de solidarité. Comme l'écrit ma collègue Barbara Holmes:

De nombreuses traditions spirituelles nous mettent en garde contre la colère. On nous dit que la colère fournit un terrain fertile pour les graines de mécontentement, d'anxiété et de dommages potentiels à soi-même et aux autres. C'est vrai. Cependant, lorsque des systèmes d'injustice infligent des abus générationnels aux personnes et aux communautés en raison de leur origine ethnique, de leur race, de leur sexualité et / ou de leur sexe, la colère en tant qu'indignation juste est appropriée, saine et nécessaire à la survie. . . Jusqu'à ce que le meurtre de personnes noires et brunes cesse, toutes les méthodes pacifiques de résistance sont appropriées. En ce moment, notre colère est notre vérité, et notre colère est une partie sacrée de notre humanité et de notre foi. [1]

Passerelle vers l'action et la contemplation:
Quel mot ou expression me touche ou me met au défi? Quelles sensations ressentis dans mon corps? Que dois-je faire?

Prière pour notre communauté:
Ô grand amour, merci de vivre et d'aimer en nous et à travers nous. Puisse tout ce que nous faisons découler de notre connexion profonde avec vous et tous les êtres. Aidez-nous à devenir une communauté qui partage les fardeaux les uns des autres et le poids de la gloire. Écoutez les désirs de nos cœurs pour la guérison de notre monde. [Veuillez ajouter vos propres intentions.]. . . Sachant que vous nous entendez mieux que nous ne parlons, nous offrons ces prières dans tous les saints noms de Dieu, amen.

Écoutez le père. Richard a lu la prière.

Histoire de notre communauté: 
En tant qu'infirmière praticienne, depuis le début de l'épidémie de Covid-19, je n'ai jamais travaillé plus fort ni connu plus de stress dans ce rôle. Tant de choses ont changé dans ma vie. La lecture des Méditations Quotidiennes et ma pratique de la Prière Centrante ont été deux choses qui se sont prolongées de mon «ancienne vie». Ces pratiques me rappellent que je fais partie d'un plus grand ensemble. Mon but dans la vie n'est pas de trouver un réconfort émotionnel ou physique pour moi, mais pour les autres. –Sharon S.

Partagez votre propre histoire avec nous. 

[1] Barbara Holmes, «Contemplating Anger», «Anger», Oneing, vol. 6, non. 1 (CAC Publishing: 2018), 20, 25.

Adapté de Richard Rohr, présentation du colloque Living School (25 novembre 2018), non publié;

Entretien avec Richard Rohr, «Du service à la solidarité», Living School Alumni Quarterly (hiver 2020);

Que faisons-nous du mal?: Le monde, la chair et le diable , (CAC Publishing: 2019), 47; et

Richard Rohr, «Introduction», «Anger», Oneing, vol. 6, non. 1 (Éditions CAC: 2018), 15

Crédit d'image: Paulo Freire (détail), Centro de Formação, Tecnologia e Pesquisa Educacional (CEFORTEPE), SME-Campinas, Campinas, Brésil.

source https://cac.org/

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