• Francine Robert FRANCINE ROBERT | 3E DIMANCHE DE L’AVENT (C) – 12 DÉCEMBRE 2021

    Prédication de Jean et annonce du Messie : Luc 3, 10-18
    Les lectures : Sophonie 3, 14-18a ; Isaïe 12, 2, 4-6 ; Philippiens 4, 4-7
    Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

    Nous recevons aujourd’hui deux enseignements de Jean le Baptiste en discours direct : un dialogue en questions-réponses (10-14), suivi d’un mini-discours (15-17). Mais c’est le narrateur qui dit aux lecteurs comment recevoir ces enseignements : ainsi et par bien d’autres exhortations encore il annonçait la Bonne Nouvelle au peuple (18). Dans cette conclusion qui lui est propre, Luc nous donne une clé de lecture : voir la Bonne Nouvelle proclamée dans les paroles de Jean. Indication précieuse, car on aurait plutôt tendance à y voir des exigences trop grandes, surtout suivies de l’annonce inquiétante du jugement qui vient.

    Quelle Bonne Nouvelle ? Contrairement aux auditeurs de Jean, le lecteur est sensé le savoir déjà, s’il a lu les chapitres 1 et 2 du livre. Les messagers de Dieu ont annoncé une Bonne Nouvelle à Marie et aux bergers : la venue de Jésus comme sauveur (1,19 ; 2,10). Les autres lectures de ce dimanche ont été choisies dans ce sens, invitant à se réjouir du salut de Dieu, que nous célébrerons à Noël. Ainsi, Luc présente le point de vue chrétien sur le rôle de Jean, précisé dans le deuxième enseignement.

    Jean annonce Celui qui vient (v. 16-17)

    La relecture chrétienne du ministère de Jean voit en lui le précurseur de Jésus, avec raison. Luc le précise dans le livre des Actes : Jean a baptisé du baptême de conversion, disant au peuple de croire en celui qui venait après lui, c'est-à-dire en Jésus (19,4).

    Mais au plan historique, Jean attendait plutôt la venue du Jugement de Dieu. Il annonce la Colère prochaine, la hache prête à couper l’arbre sans fruit, la séparation du grain et de la paille, que le feu détruira (3,7-9). Ces images empruntées aux prophètes évoquent toutes le Jugement final. Pour Jean, Celui qui vient est Dieu, ou celui à qui Dieu délègue le rôle du jugement. Il baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. Le feu qui purifie aussi le métal en éliminant les scories. Et en grec comme en hébreu, le même mot désigne l’esprit et le vent, ce vent qui sert justement à séparer la paille du grain. Cette annonce inquiétante n’est une Bonne Nouvelle que pour les gens certains d’échapper au jugement de Dieu ; ils espèrent le jour où Dieu éliminera enfin les pécheurs et les impies.

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    source http://www.interbible.org/

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  • sceau de Shéma

    Sceau de Shéma, serviteur de Jéroboam, un roi du royaume du Nord (Pinterest).

    Le lion de Juda

    SYLVAIN CAMPEAU :11 OCTOBRE 2021

    Sur le territoire de l’ancien Israël, le lion était un animal qu’on pouvait observer. Considéré par les sages comme « le plus valeureux des animaux » (Pv 30,30), il était à la fois craint et admiré. Il n’est donc pas étonnant que le lion soit devenu un symbole associé à la royauté.

    L’origine de l’expression « lion de Juda » vient du livre de la Genèse où l’animal est associé à la tribu de Juda. En Gn 49,9, le patriarche Jacob désigne son fils Juda par l’expression hébraïque gour arieh (jeune lion). En lisant le passage, on comprend qu’il est appelé à gouverner : « Le sceptre ne s’écartera pas de Juda, ni le bâton de commandement d’entre ses pieds jusqu’à ce vienne celui auquel il appartient et à qui les peuples doivent obéissance. » (49,10)

    Dans le livre d’Ézéchiel, le symbolisme est repris dans une complainte évoquant les derniers rois de Juda (voir Ez 19). Le premier est exilé en Égypte : il s’agit sans doute de Joachaz (609) dont le règne ne dura que trois mois (voir 2 R 23,31-34). Le deuxième est déporté à Babylone : on peut y reconnaitre Joakin (598-597) qui sera libéré de sa prison après 36 ans de captivité par le fils et successeur de Nabuchodonosor, Ewil-Mérodak (voir 2 R 25,27 ou Jr 52,31).

    On devine, dans la deuxième partie de Gn 49,10 (cité plus haut), une référence à un héritier du roi David. Une relecture chrétienne du passage y voit une annonce du Christ qui, seul, est jugé digne d’ouvrir le livre scellé de l’Apocalypse : « Voici, il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David : Il ouvrira le livre et ses sept sceaux. » (Ap 5,5) Le symbole est ainsi passé de l’ancienne à la nouvelle Alliance.

    Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Sylvain Campeau est responsable de la rédaction.

    SOURCE  http://www.interbible.org/

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  • Jésus et les pharisiens. Anthony van Dick (1599-1641). Esquisse réalisée au début du 17e siècle, 15,2 x 21,5 cm. Musée d’art métropolitain (Met), New York.

    Le projet de Dieu pour la vie conjugale

    Le projet de Dieu pour la vie conjugale - InterBibleBÉATRICE BÉRUBÉ | 27E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (B) – 3 OCTOBRE 2021

    Mariage et divorce : Marc 10, 2-16
    Les lectures : Genèse 2, 18-24 ; Psaume 127 (128) ; Hébreux 2, 9-11
    Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

    Cet extrait de Marc 10,2-16 comprend deux instructions. La première aborde le cas du divorce et la deuxième traite de l’accueil réservé aux enfants. L’enseignement sur le divorce rapporte un dialogue entre Jésus et les pharisiens (vv. 2-9), puis une instruction de Jésus à ses apôtres (vv. 10-12). La doctrine relative à l’accueil réservé aux enfants comporte une scène d’introduction (v. 13), la double parole de Jésus (vv. 14-15) et une conclusion narrative (v. 16)

    L’enseignement sur le divorce

    En territoire judéen, l’audience de Jésus n’est pas uniquement composée d’auditeurs réceptifs. Elle comprend aussi différents groupes religieux, dont les pharisiens. Ceux-ci s’avancent et, pour tendre un piège à Jésus, ils lui demandent : Est-il permis à un homme de répudier sa femme? (v. 2) Les adeptes du mouvement pharisaïque, caractérisés par un zèle ardent, exigent pour eux-mêmes et pour les autres une obéissance rigoureuse à la Loi et aux traditions explicatives qui l’accompagnent. Ils sont des adversaires de Jésus : celui-ci a déjà été en conflit avec eux (7,1-13) et il les attaquera et jugera éventuellement (11,27—12,40). 

    (la suite ICI)

    Source http://www.interbible.org/

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  • Jesus Homelessness Montreal. Sculpture de Timothy P. Schmalz (photo © Renaude Grégoire).

    Rendre visibles celles et ceux que l’on ne veut pas voir!

     Rendre visibles celles et ceux que l’on ne veut pas voir ! - InterBible RENAUDE GRÉGOIRE | 13 SEPTEMBRE 2021

    Qu’on en commun les trente familles sans logis de Sherbrooke au mois d’août 2021, Agar et son fils, Moïse, Ruth et Noémi, le pauvre Lazare et l’homme taré dans les tombeaux? Ce sont toutes des personnes expérimentant le sans-abrisme, soit de manière temporaire ou de manière permanente. Ce n’est que récemment que le sans-abrisme a été reconnue au niveau mondial afin de rendre plus visible celles et ceux que l’on ne veut pas voir. Le 10 octobre est maintenant la journée internationale de l’itinérance et du sans-abrisme.

    Chaque année, à l’approche du 1er juillet, plusieurs médias font état de la crise de logements au Québec et au Canada. Dans le métro de Montréal, ce n’est pas difficile de voir dormir sur un banc une personne itinérante. Au Canada, plusieurs autochtones se trouvent dans les grandes villes sans endroit où être en sécurité le jour et surtout la nuit. Cette crise peut être qualifiée de crise permanente pour certaines couches de populations plus vulnérables.

    En République dominicaine, 5 ou 6 familles haïtiennes partagent un petit 4 ½ dans la capitale Santo Domingo, les enfants dormant dans la cuisine. Au Brésil, les occupants de terrains non utilisés vivent dans la crainte de voir les bulldozers entrés pour détruire leur toit et être chassés. D’autres ont trouvé refuge dans les camps au bord de la frontière d’un pays voisin ou ont pris le chemin de l’exil. Dans certains pays d’Asie et d’Amérique latine, des familles paient pour s’installer dans des cimetières. Alors que des étrangers n’ont pas le choix de construire leur habitation de fortune sur des terrains pollués, sur l’ordre du gouvernement.

    Au niveau international, c’est seulement en février 2020 que la Commission de développement social des Nations Unies a consacré ses travaux sur le sans-abrisme. Une première pour cette organisation internationale. Cette avancée est le fruit d’un engagement de plusieurs organisations non-gouvernementales, dont UNANIMA International. Soulignons d’emblée que UNANIMA International réunit plus d’une vingtaine de communautés religieuses, dont plusieurs ont été fondées ici, engagées depuis près de 20 ans.

    Un des apports de la société civile à l’ONU est d’avoir donné la voix aux personnes et aux familles expérimentant le sans-abrisme et par conséquent d’avoir mis en lumière les divers visages du sans-abrisme. Soulignons entre autres :

    • Celles et ceux qui vivent dans la rue ou dans des espaces à ciel ouvert (parc, cimetière, sous les ponts, etc.)
    • Celles et ceux qui se trouvent dans des refuges d’urgence, des abris temporaires, des camps de réfugiés, des motels ou hôtels en attente d’une solution, sur le sofa d’amis, etc.
    • Celles et ceux qui se logent dans des habitations non adéquates et des lieux non sécuritaires (tentes, abris de fortune, plusieurs familles dans un lieu restreint, lieux désertiques, environnement pollué, sans eau, sans énergie comme l’électricité, lieu à risque d’inondations, etc.). N’oublions pas celles et ceux qui ne peuvent pas accéder à des habitations ou logement qui répondent à leurs besoins physiques comme les personnes handicapées et les personnes âgées.
    • Celles qui sont victimes de violence conjugale, des travailleuses domestiques qui ne peuvent dormir chez leur employeur que les jours où elles travaillent, les victimes de traite humaine, d’exploitation sexuelle, d’exploitation par le travail forcé, ou qui fuit une situation de violence peu importe leur statut légal.

    Et dans la Bible? La suite ICI

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  • Tebtynis, à la recherche des premiers chrétiens

    Aristide Malnati e Virginia Reniero
    16 juillet 2021
     

    Tebtynis, à la recherche des premiers chrétiens - Terre Sainte

    Une vue des fouilles menées à Tebtynis (dans l'oasis du Fayoum), une importante cité égyptienne
    de la période ptolémaïque ©I.M. Ibrahim / IFAO
     

    La découverte rare et inhabituelle d'un tesson d'amphore en terre cuite à Tebtynis en Égypte pourrait apporter un nouvel éclairage sur les premières communautés chrétiennes qui ont porté leur prédication dans toutes les régions de l'Empire romain au Ier siècle de notre ère.


    Une découverte inhabituelle et particulièrement précieuse pourrait apporter un éclairage nouveau sur les premières communautés chrétiennes, ou du moins sur des groupes importants du judaïsme messianique, qui, au premier siècle ap. J.-C., juste après la prédication terrestre de Jésus, étaient actifs en Judée et en Galilée et ont progressivement porté leur prédication partout dans l’Empire romain.

    Un tesson d’amphore en terre cuite, d’une certaine consistance, révèle une écriture surprenante dont les implications pourraient s’avérer sensationnelles : il s’agit d’un texte en araméen ancien, datable avec certitude aux alentours de 50 après J.-C. et contenant, d’après ce qu’en disent les chercheurs qui en ont fait une première analyse (la découverte n’a pas encore été publiée), un état comptable fragmentaire des dépenses engagées pour l’achat de biens. Probablement pas destinés à une seule personne, mais à l’usage d’un groupe plus important. Peut-être une petite communauté. C’est ce que l’on peut déduire de la description sommaire – la seule note officielle des auteurs au sujet de la découverte – trouvée dans la revue Rise – Ricerche Italiane e Scavi in Egitto (2018, p. 141, note 144) ; à laquelle s’ajoute une brève mention de la découverte lors d’une conférence à l’Institut culturel italien du Caire, à laquelle ont assisté en ligne des chercheurs de renommée internationale. Mais cela suffit à nous donner quelques certitudes solides et, à nous faire rêver un peu.

    Des juifs retirés en Egypte

    Le gros ostracon, le tesson en question, a été trouvé pour la première fois à Tebtynis, un village situé à la périphérie d’Arsinoë (l’actuelle oasis égyptienne du Fayoum, à 80 km au sud-ouest du Caire), qui – bien qu’ayant une certaine activité culturelle et sociale grâce à l’important temple du dieu-crocodile Sobek, destination de nombreux pèlerins – n’était certainement pas un centre névralgique, en contact permanent avec les villes pivots du nouvel Empire romain.

    Lire aussi >> L’un des plus vieux monastères du monde retrouvé en Egypte ?

    En d’autres termes, les textes écrits témoignant de relations systématiques entre Tebtynis et Alexandrie, la seule métropole internationale (comme on dirait aujourd’hui) du pays du Nil, et sa célèbre bibliothèque, sont très rares. Ainsi, le fait de trouver un groupe de juifs dans un endroit presque inconnu de ceux qui géraient le destin de l’Empire suggère qu’ils voulaient mener une vie retirée, exercer leurs activités entre eux, dans un cercle de personnes restreint et de confiance. C’est comme s’ils voulaient échapper à quelque chose parce qu’ils étaient persécutés dans leur travail en Palestine et comme s’ils ne voulaient pas se mélanger aux habitants (d’où l’utilisation de la langue araméenne, que personne ne comprenait dans un petit village égyptien).

    Persécutions

    Mais qu’avaient-ils fui, en se réfugiant si loin de leur patrie ? Nous savons qu’après la mort du roi Hérode (4 av. J.-C. ), qui avait tenté en vain de faire accepter aux radicaux du judaïsme (les Zélotes), en particulier, la domination de Rome en Judée, une période messianique s’ouvre à Jérusalem et dans de nombreux autres centres israélites, où l’on attend fortement le Messie qui libérera le peuple juif des nouveaux occupants. L’œuvre de Jésus et des premiers chrétiens a été confondue avec ce radicalisme extrémiste par le pouvoir de Rome et le judaïsme officiel, de connivence avec les représentants de l’Empire, qui ont commencé à les persécuter sans grande distinction.

    C’est pourquoi beaucoup des premiers chrétiens ont quitté la Judée et se sont réfugiés dans des villages isolés de la lointaine Egypte, comme Tebtynis. À cela, il faut ajouter le désir de prêcher la Bonne Nouvelle partout, qui a immédiatement animé les adeptes du christianisme naissant, qui après le Concile de Jérusalem (49 après J.-C.) est devenu une religion œcuménique, adressée à tous. Si nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que les auteurs du fragment anonyme étaient chrétiens, on ne peut pas non plus l’exclure.

    source https://www.terresainte.net/

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  • « L’hôtel de ville » de Jérusalem au temps de Jésus, découvert

    Christophe Lafontaine
    8 juillet 2021 

    « Il s’agit sans aucun doute de l’un des plus magnifiques bâtiments publics de la période du Second Temple » découvert à côté du Mur Occidental à Jérusalem. La joie de Shlomit Weksler-Bdolach, directrice des fouilles sur les lieux, est palpable. L’Autorité des antiquités d’Israël (AAI) pour le compte de laquelle travaille l’archéologue, et la Fondation du patrimoine du Mur Occidental ont fait état de la nouvelle dans un communiqué conjoint publié ce jour.

    La zone est connue pour être très sensible. Politiquement, elle se trouve à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville occupé et annexé par Israël. Religieusement, le Mur Occidental est le seul vestige d’un mur de soutènement du Second Temple de Jérusalem, restauré et agrandi par Hérode Ier le Grand, considéré comme le lieu le plus sacré du judaïsme. Aujourd’hui, l’esplanade des Mosquées occupe la majeure partie du mont du Temple avec la mosquée al-Aqsa et le dôme du Rocher. Le « Noble sanctuaire » (Haram al-Sharif), est le troisième lieu saint le plus important pour les musulmans.

    source https://www.terresainte.net/

    Lire aussi–>>Coup de théâtre, un odéon retrouvé au pied du Mur Occidental

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  • (photo © Marie-Armelle Beaulieu / CTS)

    Le but de l’archéologie biblique c’est l’homme

    Marie-Armelle BeaulieuMARIE-ARMELLE BEAULIEU | 28 JUIN 2021

    Arrivé à Jérusalem il y a 50 ans, et venu à l’archéologie en partie par hasard, le frère Jean-Baptiste Humbert compte aujourd’hui parmi les éminents archéologues chrétiens de Terre Sainte. Lors d’un entretien, il revient sur ce qui le fait vivre.

    Bien que ce soit l’automne, il fait encore très chaud à Jérusalem au moment de rencontrer Jean-Baptiste Humbert. L’achat d’une bière fraîche devrait aider le dominicain à se prêter à l’exercice qu’il déteste entre tous : rencontrer un journaliste.

    Jean-Baptiste Humbert, natif de Mâcon, est venu à l’archéologie parce qu’on le lui a « demandé ». Il avait 29 ans. Mais comment? « Mai 68 a été une kermesse vulgaire où je ne suis pas entré. Nos couvents ont été en révolution. Il y eut un petit bénéfice. Le système académique avait été ébranlé, il fallait reconstruire la façon d’étudier. Il fut admis que des études profanes bénéficieraient à la théologie, j’ai choisi l’archéologie préhistorique parce qu’elle pose la question : Qu’est-ce que l’homme? L’archéologie dominicaine était à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, où je suis arrivé le 15 août 1969. L’archéologie préhistorique n’intéressait pas l’École biblique, on m’a demandé ce que je savais faire, j’ai commencé par balayer les locaux, puis par dessiner des tessons, à recoller les ossuaires fracassés pendant la guerre de six jours. J’ai été volontaire sur des chantiers américains. J’ai commencé comme ça. Le premier séjour en 1969-1970 a été prolongé les étés suivants par les fouilles que l’École commençait en Galilée. »

    Sur le terrain, son sens de l’observation, l’originalité de son approche ont produit leurs fruits et son installation définitive en 1973. L’archéologie est une science d’observation et de longue patience : « Il faut regarder les pierres, la couleur de la terre et sa consistance. » L’aptitude au terrain a compensé d’être autodidacte. L’archéologie comme telle n’est cependant qu’un métier. N’allez pas croire que cet archéologue ne soit qu’un passionné de vieilles pierres. Sa passion à lui c’est Jésus incarné et par voie de conséquence l’homme puis l’humanité. Alors l’archéologie doit être une anthropologie puisque « le but de l’archéologie c’est l’homme ».

    Jean-Baptiste Humbert

    Jean-Baptiste Humbert et un assistant sur le site de Gaza (photo © EBAF)

    De la vérité de la Bible

    L’anthropologie a deux regards. Le premier regarde les objets parce que ce sont des hommes qui les ont faits. Le tout début de l’histoire d’un vase est le geste qui l’a fabriqué. Avec le geste il y a l’outil. L’ethnologue Leroi-Gourhan avait mis en avant un principe fort : Le geste précède l’outil. « En arrière du vase, il y a l’outil et avant l’outil, le geste. En arrière du geste il y a le potier qui est une personne humaine. Avec le second regard, l’archéologue ne peut s’arrêter aux choses, il doit tout restituer du potier, son art, sa société, sa vie et sa mort, un peuple, une nation, enfin un paysage, un climat, un pays. En un mot ce qu’il a été et tout qui l’a entouré, mais il reste le centre. Encore faut-il aller l’y chercher. La Bible est un livre qui contient tout ça et l’archéologie est permise. »

    Pourtant pour le frère Jean-Baptiste, Bible et archéologie ne font pas toujours bon ménage. Il y a de fausses voies : « L’archéologie biblique qui est née pour prouver que la Bible a dit vrai est un outil teinté d’idéologie parce que cette discipline-là s’arrête à l’histoire, et que l’histoire dans la Bible est aussi mince qu’une toile peinte dans le fond du théâtre. Il reste que l’on n’a pas besoin de l’archéologie pour dire que la Bible a dit vrai, parce que la vérité de la Bible est dans la Bible et pas dans l’archéologie. » La vérité de la Bible n’est pas dans la lecture de surface mais au fond. Chaque siècle y a projeté sa propre culture. « David, au Moyen Âge sous saint Louis, était habillé comme le roi saint Louis et au XVIIe siècle comme Louis XIV. Le XIXe siècle a cassé le moule. On a attendu que l’archéologie retrouve la source, de mettre au jour le palais de David à l’image de ceux que l’on découvrait en Mésopotamie. Le père Lagrange – qui a fondé l’École biblique – a suggéré que la ville de David n’était que le petit éperon tout en bas, qui fait 200 m de long sur 80 m de large, c’est tout. Il ne faut pas chercher dans l’archéologie la réplique d’un récit littéraire dont le but n’était certainement pas de décrire, parce que ça ne marche pas. »

    En islam la croyance est un bloc imperméable, un détail que l’on critiquerait invaliderait l’ensemble. Le judaïsme se glorifie dans les pratiques en décalque du Texte. « Mais dans le christianisme le sens est plus important que la forme du récit. Ce que la Bible raconte ne se retrouve guère sur le terrain, et l’archéologie peut même affirmer le contraire. La Bible est un ensemble théologique qui raconte Dieu. Dieu parle mais ce sont les hommes qui écrivent ce qu’ils ont entendu ou compris. La Bible dit Dieu (théologie) et l’anthropologie raconte ceux qui ont écrit (archéologie). » Ce que le frère Jean-Baptiste appelle son « entrée dans la Bible ».

    « Quand je lis l’Évangile, la question est : qui est derrière? Sous le texte, il y a un bouillonnement humain. Il ne faut pas en rester à la surface, il faut passer dessous. La clé? Le mystère décisif, fondamental est l’incarnation. L’incarnation convoque l’anthropologie. Pour toi, qu’est-ce que Dieu? Pour moi, Dieu est un homme : Jésus qui n’était pas une icône, ne faisait pas semblant. Qui tout simplement courait pieds nus en Galilée, qui avait faim et soif, la migraine ou mal à l’estomac. Qui est mort comme le dernier des hommes. Il faut repartir de là. Là est l’essence du christianisme qui se distancie des deux autres monothéismes : Dieu marche sur la terre avec les hommes. Pour moi le Jésus de l’histoire a renversé le système. J’ai eu une fois une expression – malheureuse peut-être – que Jésus est venu nous débarrasser de la religion. Il est en tout cas venu nous libérer de la colère de Dieu, faire de nous des hommes nouveaux pour vivre sur la terre la paix qu’il inaugurait. »

    Les silences de Jean-Baptiste alternent entre saillies et hésitations. Il se donne mais se retient. « Certains ne comprennent pas que notre foi offre la vraie liberté qui est si forte qu’elle peut choquer. » Et de poursuivre sur ce qui le fait vivre. « Je revendique une entière humanité du Christ, qui fut un vrai homme. Vrai Dieu mais vrai homme. La sacralisation est une échappatoire. »

    Un homme qui a séduit cet autre homme aujourd’hui archéologue et qui continue de se nourrir des textes pour ce qu’ils sont « sémitiques pour un appel aux juifs de son temps, prisonniers du pharisaïsme (la loi avant l’esprit), et dont la portée est devenue universelle ».

    Et Jean-Baptiste de relire l’épisode de la femme adultère, ou celui de Marie-Madeleine au jardin de la Résurrection. « Il est permis de la comprendre comme l’allégorie des pharisiens. Quand Jésus dit aimez vos ennemis, la chose est impossible puisque l’amour ne se commande pas. Ceux qui l’écoutaient savaient qu’il s’agissait des pharisiens et entendaient que ceux-là aussi ont droit à la miséricorde. Ne les méprisez pas, aimez-les. La théologie christologique est toujours positive, elle veut la réconciliation, elle promeut la charité. La première communauté chrétienne qui en a compris le sens profond nous montre le pharisaïsme en Marie-Madeleine, par le péché de la chair qui est dans l’Ancien Testament la métaphore de l’idolâtrie. Jésus taxe d’idolâtrie le judaïsme de son époque. Marie-Madeleine pardonnée exprime le vœu du Christ de réconcilier les pharisiens. Ils étaient les premiers invités, elle est la première à témoigner du Christ ressuscité. La boucle est bouclée. »

    Il y a dans l’Évangile deux lectures : une anthropologique, profondément humaine, et en même temps une lecture théologique. Il faut les tisser ensemble pour toucher le sens profond.

    L’humanité de l’évangile

    « L’archéologie biblique a raté le rendez-vous. Elle plaque le texte au sol et manque le sens. Elle croit naïvement restituer le décor qui manque au récit, alors que monument et récit ne sont pas souvent contemporains. L’archéologie ne touche que le cadre de ceux qui ont écrit. Prenons le livre de Josué, ses récits terrifiants, ses conquêtes grandioses où l’on tue tout le monde… L’archéologie n’en a heureusement rien retrouvé. Il n’y a pas eu de guerres et personne n’a tué personne. Le livre ne relate pas une chronique à caractère historique, il est théologique. Il faut comprendre que les exilés qui reviennent de Babylone avec une religion reformulée veulent reconvertir le pays. »

    Il n’y a là rien de nature à distraire le dominicain ni à décourager l’archéologue. « Je dégage de formidables fortifications du VIIIe siècle av. J.-C., de brique rouge, des centaines de milliers de briques, mais je cherche à rejoindre tous ceux qui ont contribué à les édifier, qui ont fabriqué les briques, qui les ont montées, agencées avec art. Le travail humain est aussi considérable et plus riche en humanité que le monument que les pèlerins admirent.

    L’incendie de Notre-Dame peut aussi offrir l’occasion d’entrer dans cette démarche. Rappeler ceux qui ont voulu la cathédrale, un siècle de travaux, des milliers d’ouvriers, des architectes de génie. L’ouvrage contient aussi toute une humanité. L’évangile contient une humanité qu’il faut chercher. Encore faut-il le vouloir. »

    Marie-Armelle Beaulieu est rédactrice en chef de Terre Sainte magazine et correspondante du Monde de la Bible à Jérusalem.

    Source : Terre Sainte magazine 665 (2020) 18-21 (reproduit avec autorisation).

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  • Le village de Taybeh est construit autour de son ancien sanctuaire ; croix byzantine et clochers modernes se répondent.
    (photos © Marie-Armelle Beaulieu / CTS)

    Taybeh, un bijou et un trésor

    Claire BurkelCLAIRE BURKEL | 7 JUIN 2021

    En un même lieu plusieurs lectures, archéologique, scripturaire et contemporaine. Le village palestinien de Taybeh offre des fouilles historiques, une foule de références aux textes bibliques et un regard sur la vie paysanne d’aujourd’hui.

    Lire l’Évangile là où il a été entendu et composé est un des buts principaux de tout pèlerinage en Terre sainte. Si l’on vient écouter Jésus au plus près, on mesurera les distances qu’il parcourait d’un bourg à l’autre, on vivra dans la même nature des monts pelés de Judée ou des champs de Galilée, on dormira sous le même ciel qu’Abraham qui comptait les étoiles (Gn 15,5) et on se rafraîchira aux mêmes sources que Jacob et la Samaritaine (Jn 4,12). Au cœur du pays, en pleine montagne, est un village où sont donnés des éléments très simples et concrets pour appréhender la Bonne Nouvelle. On peut arriver à Taybeh par une route sinueuse depuis la sortie nord de Jéricho ou depuis Jérusalem, au-delà de Ramallah.

    Sa position élevée (915 m) lui vaudra un cantonnement de garnisons romaines en 69 ap. J.-C. et l’édification d’un château croisé, le Castel Saint-Élie. Des fouilles en 1986 ont établi une première occupation du site dès le Bronze moyen (2300 à 1550 av. J.-C.). Une tribu israélite s’y installe au Bronze récent : « Le lot des fils de Joseph partait du désert qui monte de Jéricho dans la montagne de Béthel puis de Béthel vers Luz et vers la frontière des Arkites à Atarot. » (Jos 16,1-2)

    À l’époque du Fer, elle est connue sous le nom d’Éphraïm (2 S 13,23) et plus tard Ephrône (2 Ch 13,19). Sous la période hellénistique, elle est désignée Apharéma (1 M 11,34), objet d’échanges entre les souverains Démétrius (145-140 av. J.-C.) et Jonathan (160-142 av. J.-C.) L’évangile n’en fait qu’une seule mention, après la résurrection de Lazare, quand les pharisiens, les grands-prêtres et surtout Caïphe ont décidé d’éliminer Jésus : « Il cessa de circuler en public parmi les juifs, il se retira dans la région voisine du désert, dans une ville appelée Éphraïm, et il y séjournait avec ses disciples. » (Jn 11,54)

    Selon l’Onomasticon d’Eusèbe de Césarée (265-339), le guide touristique de l’époque, elle est appelée Éphrem par les Byzantins qui édifient au IVe siècle, en souvenir du séjour de Jésus, une petite église à plan tréflé. Détruite au VIIIe siècle, elle est réédifiée dans le style roman au XIIe par les Croisés qui feront du village une place-forte. Lorsqu’en 1187 Saladin reprend aux Francs le territoire, il lui donne le nom de Taybeh. Mais un séisme ébranle toutes ces structures en 1202. Ce petit bijou de ruines de deux églises imbriquées l’une dans l’autre présentait une lecture difficile qui a été déchiffrée par l’archéologue français Vincent Michel entre 2000 et 2009.

    sanctuaire de Taybeh

    Après les fouilles, le sanctuaire retrouvé.
    La nef de l’église byzantine et croisée, chœur surélevé tourné vers l’est, petit baptistère en croix tréflée.

    Trois étymologies pour un seul lieu    (pour lire la suite c'est ICI)

    source http://www.interbible.org/

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  • L’autre Débora , de la série Women of the Bible (photo © Dikla Laor).

    L’autre Débora

    Anne-Marie ChapleauANNE-MARIE CHAPLEAU | 3 MAI 2021

    La Débora la plus connue de la Bible était prophétesse et juge. On entend parler d’elle aux chapitres 4 et 5 du livre des Juges. Mais il existe une autre Débora… C’est elle qui nous intéresse aujourd’hui.

    Alors mourut Débora, la nourrice de Rébecca et elle fut ensevelie au-dessous de Béthel, sous le chêne ; aussi l’appela-t-on le Chêne-des-Pleurs. (Genèse 35,8)

    Un verset pour dire la vie d’une femme, c’est bien peu! Et pourtant, les mots de ce verset rebondissent et s’entrechoquent sur d’autres dans le même chapitre. En fait, tissés les uns aux autres dans un texte, les mots ne sont plus ce que les dictionnaires s’emploient à définir, mais des figures qui s’ouvrent pour nous amener ailleurs. Et où donc irons-nous avec elles?

    Béthel, la Maison de Dieu

    À Béthel, sans doute, puisque c’est là que meurt Débora. Béthel, c’est la « Maison de Dieu » où Jacob avait jadis rêvé d’une échelle où circulaient des anges (28,10-22). C’est l’endroit où il avait pris conscience qu’il venait de rencontrer mystérieusement Dieu lui-même. Être ensevelie à Béthel, c’est donc en quelque sorte pour Débora se fixer pour toujours dans un lieu qui se définit par la présence de Dieu, un endroit où la terre est reliée au ciel. Ce n’est pas rien, même si personne encore à cette époque reculée ne songe même à la possibilité d’une résurrection d’entre les morts.

    Le Chêne-des-pleurs

    Mais avant Béthel, il nous faut passer, en même temps que Jacob, sa famille et tout son clan, donc aussi Débora, par Sichem où se trouve justement un autre chêne (Gn 35,3-5). Au pied de ce chêne, Jacob cache tous les objets qui liaient les siens à des idoles. Cet arbre devient dès lors un lieu d’oubli, tandis que celui qui abritera bientôt la sépulture de Débora sera, lui, un lieu de mémoire portant un nom : « Chêne-des-pleurs ». Ceux qui ont connu et sans doute aimé Débora viendront y laisser couler des larmes que la terre pourra recueillir et conduire doucement jusqu’aux restes de celle qui, autrefois, laissa généreusement couler son lait pour nourrir des vies nouvelles. Ils raconteront aux autres, qui n’auront pas connu Débora, qu’il vaut la peine de pleurer les femmes qui veillent sur les enfants d’Israël.

    De la terre et du ciel

    Ensuite, il nous faut suivre tout le clan pour nous diriger vers Éphrata (Gn 35,16-20). Et là, une femme meurt en donnant la vie, une femme livre son dernier souffle en appelant son enfant Ben-Oni, « Fils de ma tristesse ». Benjamin, comme le renomme aussitôt son père Jacob, devra, pour vivre, téter d’autres seins que ceux de Rachel. Il dépendra d’une nourrice qui fera déborder sa générosité maternelle vers un sang qui n’est pas le sien. Cette femme sera ainsi mystérieusement liée à Débora, la nourrice de la grand-mère de l’enfant qu’elle blottira dans ses bras. Et cet endroit, connu aussi sous le nom de Bethléem, la Maison du pain, deviendra un autre lieu de mémoire indiqué non par un arbre, mais par une stèle de pierre. Celle-ci, tout comme le Chêne des pleurs, pointera à la fois vers le ciel et vers la terre, comme pour dire que les femmes qui donnent la vie et qui meurent appartiennent aux deux.

    Anne-Marie Chapleau est bibliste et professeure à l’Institut de formation théologique et pastorale de Chicoutimi (Québec).

    source http://www.interbible.org/

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