• Benoît XVI crée un nouveau dicastère pour la nouvelle évangélisation


    pape-encyclique.jpg Le pape a annoncé la création d’un nouveau Conseil pontifical tout spécialement en charge de la nouvelle évangélisation

    Benoît XVI, depuis le début de son pontificat, ne cesse de faire part de sa préoccupation quant à la situation de la foi dans les pays d’ancienne tradition chrétienne. Ses récents voyages en ont témoigné, à Prague, au Portugal, à Chypre. L’éclipse de Dieu est pour lui le défi majeur de ce début de troisième millénaire.

    C’est pourquoi il vient d’annoncer, lors des vêpres de la solennité des saints Pierre et Paul, célébrées en sa présence ce lundi 28 juin à Saint-Paul Hors les Murs, la création d’un nouveau Conseil pontifical. Sa feuille de route est ainsi tracée : « Promouvoir une évangélisation renouvelée dans les pays où a déjà résonné la première annonce de la foi et où sont présentes des Eglises d’antique fondation, mais qui vivent une sécularisation progressive de la société et une sorte d’ « éclipse du sens de Dieu », qui constitue un défi à relever par des moyens adéquats pour proposer à nouveau la vérité éternelle de l’Evangile du Christ. »


    Cet événement, rare dans l’histoire de la Curie romaine, se fonde pour le pape dans une véritable généalogie de l’évangélisation. Pour Benoît XVI, l’Eglise ne se conçoit que missionnaire. Dans son homélie, il rappelle que « la figure de Paul, sa personne, son ministère, toute son existence et son dur travail pour le Royaume de Dieu sont intégralement dédiés au service de l’Evangile . »

    "Un service rendu à toute l'humanité"

    Puis, il se situe dans le sillage de Paul VI, rappelant le synode de 1974 sur l’évangélisation du monde contemporain, puis l’exhortation apostolique « Evangelii nuntiandi » qui débutait ainsi : « L’effort pour annoncer l’Evangile aux hommes de notre temps, exaltés par l’espérance mais en même temps travaillés souvent par la peur et l’angoisse, est sans nul doute un service rendu à la communauté des chrétiens, mais aussi à toute l’humanité. »

    Benoît XVI se dit « frappé par l’actualité de ces expressions », qui traversent tout le concile Vatican II. Longuement, il a rappelé comment Jean-Paul II a représenté « in vivo » la nature missionnaire de l’Eglise, par ses voyages et surtout par son insistance à appeler à une « nouvelle évangélisation » . Celle-ci doit être « nouvelle dans la recherche des modalités qui correspondent à la force de l’Esprit-Saint et seront ajustés aux temps et aux situations, et nouvelle parce que nécessaire dans les pays qui ont déjà reçu l’annonce de l’Evangile. »


    Revendiquant cette « hérédité », le pape diagnostique les difficultés de notre époque : « Les défis de l’époque actuelle sont certainement hors de portée des capacités humaines : défis historiques, sociaux et à plus forte raison spirituels. » Il poursuit : « L’homme du troisième millénaire désire une vie authentique et pleine, il a besoin de vérité, de liberté profonde, d’amour gratuit. Dans les déserts du monde sécularisé, l’âme de l’homme a soif de Dieu, du Dieu vivant. » Et il évoque précisément ces régions d’antique tradition chrétienne, où « le processus de sécularisation a produit une grave crise du sens de la foi chrétienne et de l’appartenance à l’Eglise. »

    "Un parvis des gentils"

    A plusieurs reprises, Benoît XVI a exprimé cette forte intuition, qui le pousse aujourd’hui à créer un nouveau conseil pontifical. . Dans ses vœux à la Curie, le 21 décembre 2009, il avait déclaré : « Au dialogue avec les religions doit aujourd’hui s’ajouter le dialogue avec ceux pour qui la religion est une chose étrangère, pour qui Dieu est inconnu et qui, cependant, ne voudraient pas rester simplement sans Dieu, mais l’approcher au moins comme Inconnu ».

    D’où son idée d’un « Parvis des Gentils », exprimée ce jour-là devant les cardinaux et évêques, « où les hommes puissent d’une certaine manière s’accrocher à Dieu, sans le connaître et avant d’avoir trouvé l’accès à son mystère. » Idée dont s’emparera rapidement Mgr Gianfranco Ravasi, président du conseil pontifical de la culture. En mars 2011, à Paris, devrait ainsi se dérouler à Paris une première rencontre entre l’Eglise et des intellectuels, dont Julia Kristeva.


    Mais Benoît XVI a mis aussi l’accent à plusieurs reprises sur la nécessité de cette « nouvelle évangélisation ». A Porto (Portugal), le 14 mai, il avait précisé : « Le champ de la mission « ad gentes » se présente aujourd’hui notablement élargi  et ne peut être défini seulement sur la base de considérations géographiques : nous sommes attendus non seulement par les peuples non chrétiens et les terres lointaines, mais aussi par les milieux socio-culturels (…) où le silence de la foi est plus grand et plus profond. ».

    Quel fonctionnement pour la Curie romaine?

    Le cardinal Ratzinger, déjà, le 10 décembre 2000, avait appelé à une « nouvelle évangélisation, capable de se faire entendre de ce monde qui ne trouve pas l’accès à l’évangélisation « classique ». Il s’inscrivait là dans la lignée de son prédécesseur. Le 9 juin 1979, à Nowa Huta (Pologne), Jean-Paul II avait déclaré : « Au seuil du nouveau millénaire, une nouvelle évangélisation est commencée, comme s’il s’agissait d’une deuxième annonce, bien qu’en réalité, ce soit toujours la même. ». 

    D’un point de vue purement fonctionnel, la création de ce nouveau dicastère conduit à s’interroger sur le fonctionnement de la  Curie romaine. En effet, c’est bien le conseil pontifical de la culture, présidée par Mgr Ravasi, qui est en charge, depuis sa création le 25 mars 1993 par Jean-Paul II, du dialogue avec les cultures, les non croyants et les indifférents. C’est à ce titre que Mgr Ravasi s’est saisi de l’appel du pape pour un « Parvis des Gentils ». Comment le nouveau dicastère va-t-il s’articuler avec ce projet ? Fonctionnera-t-il sur une base territoriale ou thématique ? Nul ne le sait.


    D’une façon générale, comme le confie un cardinal de curie à
    La Croix, « la transversalité n’est pas le propre de notre organisation ». Le nouveau dicastère devra donc, avec souplesse et pragmatisme, travailler son articulation avec les instances existantes. Ce sera son premier défi.

    Frédéric MOUNIER, à Rome

    Source http://www.la-croix.com/

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  • La repentance de Benoît XVI



    En clôturant l’Année sacerdotale, la semaine dernière, Benoît XVI a repris la formule des grandes repentances de Jean-Paul II. Mais, cette fois, le pape a demandé pardon pour des fautes actuelles de l’Église

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    Benoît XVI, vendredi 11 juin, lors de la messe concélébrée place Saint-Pierre avec 15 000 prêtres du monde entier (AP/Pier Paolo Cito).

    Vendredi 11 juin, les paroles du pape ont résonné jusque sous les colonnes du Bernin bordant la place Saint-Pierre. Mais elles résonnaient également dans les mémoires de prélats, parmi les plus anciens, qui se trouvaient là : en demandant pardon pour les prêtres coupables d’abus sexuels sur mineurs, Benoît XVI a repris ce matin-là, pour la clôture de l’Année sacerdotale, mot pour mot, l’expression employée, au même endroit, par Jean-Paul II, dix ans plus tôt.

    « Nous demandons avec insistance pardon à Dieu et aux personnes impliquées, alors que nous entendons promettre de faire tout ce qui est possible pour que de tels abus ne puissent jamais plus survenir » : ce mea culpa clôturait une année entachée par la révélation des scandales de pédophilie de certains prêtres.

    Pour la première fois, ce pape-là a donc demandé de manière explicite pardon, au nom de l’Église, pour des fautes commises par ses membres. Il mettait ainsi le point final à une démarche préparée par une série de prises de position sans concession sur le sujet depuis 2006, avec l’utilisation d’un vocabulaire de repentance : « la honte ressentie » (aux États-Unis), le « je suis profondément désolé » (à Sydney), la « pénitence nécessaire » (Lettre aux catholiques d’Irlande), et les « péchés dans l’Église » (Fatima).

    Un des aspects novateurs du pontificat de Jean-Paul II

    « C’est la reconnaissance d’une responsabilité collective, et l’expression d’une solidarité de tous les membres de l’Église pour des fautes commises par quelques-uns » souligne le jésuite François Euvé (1). « Benoît XVI a utilisé là exactement la même formule que son prédécesseur lors des grandes repentances du jubilé, le 12 mars 2000 » ajoute Luigi Accattoli, vaticaniste (2).

    Un « nous demandons pardon à Dieu » qui avait été prononcé il y a dix ans, notamment pour les péchés commis au nom de la recherche de la Vérité, ou ceux commis à l’encontre du peuple juif… En 2000 comme en 2010, vient ensuite, juste après le « nous demandons pardon », l’invocation du « jamais plus », qui lie la demande de pardon à une promesse de conversion.

    Les grandes repentances du Jubilé de l’an 2000 avaient constitué l’un des aspects les plus novateurs du pontificat de Jean-Paul II. Mais aussi l’un des plus contestés, notamment par l’aile traditionnelle des catholiques, qui y voyaient une remise en cause des fondements de l’Église.

    Une purification de comportements actuels

    Or, certaines de ces réserves émanant du même cardinal Ratzinger, on avait pu croire que jamais Benoît XVI ne reprendrait, sur ce sujet, l’héritage de son prédécesseur. En réalité, le cardinal Ratzinger n’était pas opposé à ces repentances. Il avait même, comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, présidé la commission théologique internationale, qui en avait dressé le cadre théologique. Et dès son intronisation en 2005, Benoît XVI avait souligné « l’urgence de la purification de la mémoire, tant de fois évoquée par Jean-Paul II ».

    Certes, présentant, en 2000, devant la presse, ces repentances du Jubilé, le cardinal Ratzinger avait manifesté quelques réserves, réserves qui éclairent sa démarche aujourd’hui. Attention, avait-il dit, de ne pas poser l’Église actuelle en juge de l’Église passée : « L’Église ne peut se sentir exempte du péché, et identifier comme source du mal les péchés des autres, du passé : la confession du péché des autres ne doit pas priver de reconnaître les péchés du présent. »

    Reconnaître les péchés du présent, c’est exactement ce que Benoît XVI a fait, vendredi 11 juin : contrairement à Jean-Paul II, il n’a pas demandé pardon pour le passé, mais bien pour aujourd’hui. Démarche par certains aspects plus exigeante : une chose est de s’excuser pour des actes commis il y a plusieurs siècles. Autre chose est de pointer les fautes de l’Église aujourd’hui, dans une purification non pas de la mémoire, mais de comportements actuels.

    Une «conception toute "augustinienne"» de l'histoire

    « Un acte rare de gouvernement, souligne même le P. Philippe Bordeyne, doyen du Theologicum de Paris : le pape, comme premier des évêques, assume la responsabilité collégiale de ce qui est arrivé. » C’est une manière de remettre en cause certains dysfonctionnements de gouvernance, que Benoît XVI avait d’ailleurs en partie pointés dans la Lettre aux catholiques d’Irlande (silence de la hiérarchie, insuffisant discernement des vocations…).

    En revanche, « alors que les repentances de Jean-Paul II s’étaient appuyées sur un important travail d’analyses historiques, pour délimiter et souligner les responsabilités, cette repentance-là n’a pas donné lieu à ce même travail », note le P. Euvé. D’où peut-être l’insatisfaction des victimes, tant que l’analyse des dysfonctionnements n’a pas été faite à à la lumière des sciences humaines.

    Enfin, cette repentance porte la marque du théologien Ratzinger. Elle reflète, ajoute encore le P. Euvé, « la conception toute "augustinienne" d’une histoire où l’homme serait radicalement pécheur ». Une vision que l’on retrouve dans ses ouvrages.

    Peut-être faut-il y voir aussi la trace du poids tragique de l’histoire allemande. « Benoît XVI est un pape qui perçoit de manière particulière le mystère du péché », souligne encore Luigi Accattoli. Et notamment du péché dans l’Église, si l’on se souvient de sa méditation pour le Vendredi saint, en 2005, avant la mort de Jean-Paul II, où il avait fustigé « les vêtements et le visage souillés de l’Église ».

    Isabelle de GAULMYN

    (1) Auteur de Crainte et tremblement, Une histoire du péché, Seuil.
    (2) Auteur de
    Quand le Pape demande pardon, Albin Michel.

     

    Source http://www.la-croix.com

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    Le pape répond aux questions des prêtres (veillée du jeudi 10 juin)

    pape Ench

    Texte intégral

    ROME, Lundi 14 juin 2010 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral des questions posées à Benoît XVI par cinq prêtres des différents continents ainsi que les réponses données par le pape au cours de la veillée de clôture de l'Année sacerdotale, jeudi 10 juin, place Saint-Pierre.

    La première question porte sur l'emploi du temps particulièrement chargé des curés de paroisse ; la deuxième sur la théologie, quelle est la vraie théologie ; la troisième sur le célibat sacerdotal ; la quatrième sur l'Eucharistie et le monde ; la cinquième sur la baisse des vocations et comment y faire face.

     

    1. Question d'Amérique

    Très Saint-Père, je m'appelle José Eduardo de Oliveira y Silva et je viens d'Amérique, du Brésil plus précisément. La plus grande partie d'entre nous ici présents sommes engagés dans la pastorale directe, en paroisse, et non seulement avec une communauté, mais parfois nous sommes désormais des curés de plusieurs paroisses, ou de communautés particulièrement étendues. Avec toute la bonne volonté, nous essayons de subvenir aux nécessités d'une société qui a beaucoup changé, qui n'est plus entièrement chrétienne, mais nous nous rendons compte que notre « action » ne suffit pas. Où aller, Votre Sainteté ? Dans quelle direction ?

     

    Benoît XVI - Chers amis, tout d'abord, je voudrais exprimer ma grande joie parce que des prêtres de toutes les régions du monde sont réunis ici, dans la joie de notre vocation et dans la disponibilité à servir de toutes nos forces le Seigneur à cette époque qui est la nôtre. Pour répondre à la question, je suis bien conscient qu'aujourd'hui il est très difficile d'être curé même et surtout dans les pays d'ancienne chrétienté ; les paroisses deviennent de plus en plus étendues, des unités pastorales... il est impossible de connaître tout le monde, il est impossible de faire toutes les tâches que l'on pourrait attendre d'un curé. Et ainsi nous nous demandons réellement comment aller de l'avant, comme vous l'avez dit. Mais je voudrais dire tout d'abord : je sais qu'il y a de très nombreux prêtres dans le monde qui donnent réellement toute leur force pour l'évangélisation, pour la présence du Seigneur et de ses sacrements. Et à ces curés fidèles, avec toute la force de leur vie, de leur passion pour le Christ, je voudrais dire un grand « merci » en ce moment. J'ai dit qu'il n'est pas possible de faire tout ce que l'on souhaite, tout ce qu'il faudrait peut-être faire, parce que nos forces sont limitées et les situations sont difficiles dans une société toujours plus diversifiée, plus compliquée. Je pense qu'il est surtout important que les fidèles puissent voir qu'un prêtre ne fait pas seulement son « job », son horaire de travail et puis qu'il est libre et vit uniquement pour lui-même, mais que c'est un homme passionné par le Christ, qui porte en lui le feu de l'amour du Christ. Si les fidèles voient que le curé est plein de la joie du Seigneur, ils comprennent aussi qu'il ne peut pas tout faire, ils acceptent ses limites et ils l'aident. C'est donc là qu'est le point le plus important : que l'on puisse voir et ressentir que le curé se sent réellement un appelé du Seigneur ; et qu'il est rempli de l'amour du Seigneur et des siens. S'il en est ainsi, on comprend, on peut aussi voir l'impossibilité de tout faire. Par conséquent, la première condition est d'être remplis de la joie de l'Evangile de tout notre être. Et puis il faut faire des choix, avoir des priorités, voir ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Et je dirais que les trois priorités fondamentales, nous les connaissons : ce sont les trois piliers de notre existence sacerdotale. Premièrement, l'Eucharistie et les sacrements : rendre possible et présente l'Eucharistie, surtout le dimanche, et autant que possible pour tous, et la célébrer de manière à ce qu'elle devienne réellement l'acte visible d'amour du Seigneur pour nous. Puis, l'annonce de la Parole dans toutes ses dimensions : du dialogue personnel jusqu'à l'homélie. Et le troisième point est la « caritas », l'amour du Christ : être présents pour ceux qui souffrent, pour les petits, les enfants, pour les personnes en difficulté, pour les exclus ; rendre réellement présent l'amour du Bon Pasteur. Et puis une priorité très importante est aussi la relation personnelle avec le Christ. Dans le bréviaire, le 4 novembre, nous lisons une belle homélie, un texte de saint Charles Borromée, un grand pasteur qui s'est vraiment donné totalement, et qui nous dit, à tous les prêtres : « Ne néglige pas ta propre âme : si ton âme est négligée tu ne peux pas donner aux autres tout ce que tu devrais donner. Donc pour toi-même également, pour ton âme tu dois avoir du temps ». En d'autres termes, la relation avec le Christ, le dialogue personnel avec le Christ est une priorité pastorale fondamentale, c'est la condition pour notre travail pour les autres ! Et la prière n'est pas une chose marginale : c'est réellement une « profession » pour le prêtre de prier, également comme représentant des personnes qui ne savent pas prier ou qui ne trouvent pas le temps de prier. La prière personnelle surtout, la prière des Heures, est la nourriture fondamentale pour notre âme, pour toute notre action. Et enfin, reconnaître nos limites, s'ouvrir aussi à cette humilité. Nous nous rappelons la scène de Marc, au chapitre 6, où les disciples sont « anxieux », ils veulent tout faire et le Seigneur leur dit : « Venez à l'écart et reposez-vous un peu » (cf. Mc 6, 31). Cela aussi est un travail pastoral, dirais-je : trouver et avoir l'humilité, le courage de se reposer. Et donc, je pense que la passion pour le Seigneur, l'amour pour le Seigneur, nous montre les priorités, les choix, nous aide à trouver la route. Et le Seigneur nous aidera. Merci à vous tous !

     

    2. Question d'Afrique

    Votre Sainteté, je m'appelle Mathias Agnero, et je viens d'Afrique, de Côte-d'Ivoire précisément. Vous êtes un Pape-théologien, tandis que nous, lorsque nous y parvenons, à peine lisons-nous quelques livres de théologie pour la formation. Il nous semble toutefois qu'une fracture s'est créée entre théologie et doctrine et, plus encore, entre théologie et spiritualité. On sent la nécessité que l'étude ne soit pas seulement académique, mais alimente notre spiritualité. Nous en ressentons le besoin dans notre propre ministère pastoral. Parfois la théologie ne semble pas avoir Dieu au centre et Jésus Christ comme premier « lieu théologique », mais elle a en revanche des goûts et des tendances diffuses ; et cela a pour conséquence la prolifération d'opinions subjectives qui permettent l'introduction, même dans l'Eglise, d'une pensée non-catholique. Comment ne pas être désorientés dans notre vie et dans notre ministère, lorsque c'est le monde qui juge la foi et non l'inverse ? Nous nous sentons en « décalage » !

     

    Benoît XVI - Merci, vous touchez là un problème très difficile et douloureux. Il existe réellement une théologie qui se veut avant tout académique, qui veut apparaître scientifique, et oublie la réalité vitale, la présence de Dieu, sa présence parmi nous, sa parole prononcée aujourd'hui, et pas seulement dans le passé. Saint Bonaventure, à son époque, distinguait déjà deux formes de théologie. Il a dit : « il y a une théologie qui vient de l'arrogance de la raison, qui veut tout dominer, qui transforme Dieu de sujet en objet que nous étudions, alors qu'il devrait être le sujet qui nous parle et nous guide ». Cet abus de la théologie existe vraiment, cette arrogance de la raison qui ne nourrit pas la foi, mais voile la présence de Dieu dans le monde. Puis il y a une théologie qui veut connaître plus par amour de l'aimé, qui est stimulée par l'amour et guidée par l'amour, qui veut mieux connaître l'aimé. Et celle-ci est la vraie théologie qui vient de l'amour de Dieu, du Christ, et veut entrer plus profondément en communion avec le Christ. En réalité, les tentations aujourd'hui, sont grandes ; c'est surtout la fameuse « vision moderne du monde » (Bultmann, « modernes Weltbild ») qui s'impose, en devenant le critère de ce qui est possible ou impossible. Et ainsi, avec ce critère selon lequel rien ne change, selon lequel tous les événements historiques sont du même genre, on exclut précisément la nouveauté de l'Evangile, on exclut l'irruption de Dieu, la vraie nouveauté qui est la joie de notre foi. Que faire ? Je dirais d'abord aux théologiens : soyez courageux. Et je voudrais dire un grand merci aussi aux nombreux théologiens qui font du bon travail. Il y a des abus nous le savons, mais il y a dans toutes les parties du monde beaucoup de théologiens qui vivent réellement de la Parole de Dieu, qui se nourrissent de la méditation, qui vivent la foi de l'Eglise et veulent contribuer à rendre la foi présente dans notre monde d'aujourd'hui. A ces théologiens, je voudrais dire un grand « merci ». Et je dirais aux théologiens en général : « n'ayez pas peur de ce fantasme de la scientificité ! ». Je suis la théologie depuis 1946. J'ai commencé à étudier la théologie en janvier 1946. J'ai donc vu près de trois générations de théologiens. Et je peux dire que les hypothèses qui à cette époque-là, puis dans les années soixante-dix et quatre-vingts, étaient les plus nouvelles, absolument scientifiques, absolument presque dogmatiques, ont vieilli entre-temps et n'ont plus de valeur ! Beaucoup d'entre elles apparaissent presque ridicules. Il faut donc avoir le courage de résister à l'apparente scientificité, ne pas se soumettre à toutes les hypothèses du moment, mais penser réellement à partir de la grande foi de l'Eglise, qui est présente en tous temps et nous ouvre l'accès à la vérité. Surtout aussi ne pas penser que la raison positiviste qui exclut le transcendant - qui ne peut pas être accessible -, serait la vraie raison ! Cette raison faible, qui présente seulement les choses dont on peut faire l'expérience, est vraiment une raison insuffisante. Nous théologiens devons utiliser la grande raison, qui est ouverte à la grandeur de Dieu. Nous devons avoir le courage d'aller au-delà du positivisme jusqu'à la question des racines de l'être. Cela me semble d'une grande importance. Il faut donc avoir le courage de la grande, vaste raison, avoir l'humilité de ne pas se soumettre à toutes les hypothèses du moment, vivre de la grande foi de l'Eglise de tous les temps. Il n'y a pas une majorité contre la majorité des saints : la vraie majorité sont les saints dans l'Eglise et ce sont les saints qui doivent nous orienter ! Puis aux séminaristes et aux prêtres, je dis le même chose : pensez que les Saintes Ecritures ne sont pas un Livre isolé. Elles sont vivantes dans la communauté vivante de l'Eglise, qui est le même sujet dans tous les siècles et garantit la présence de la Parole de Dieu. Le Seigneur nous a donné l'Eglise comme sujet vivant, avec la structure des évêques en communion avec le Pape. Et cette grande réalité des évêques du monde en communion avec le Pape nous garantit le témoignage de la vérité permanente. Nous avons confiance dans ce magistère permanent de la communion des évêques avec le Pape qui représente la présence de la Parole. Et puis nous avons aussi confiance dans la vie de l'Eglise. Surtout, nous devons être critiques. La formation théologique, je voudrais m'adresser ici aux séminaristes, est certes très importante à notre époque. Nous devons bien connaître les Saintes Ecritures également contre les attaques des sectes ; nous devons être réellement des amis de la Parole. Nous devons aussi connaître les courants de notre époque pour pouvoir répondre de manière raisonnable, pour pouvoir rendre - comme le dit saint Pierre - « raison de notre foi ». La formation est très importante. Mais nous devons aussi être critiques. Le critère de la foi est le critère avec lequel il faut aussi voir les théologiens et les théologies. Le Pape Jean-Paul II nous a donné un point de référence absolument sûr dans le « Catéchisme de l'Eglise catholique » : nous y voyons la synthèse de notre foi et ce catéchisme est vraiment le critère pour voir où va une théologie acceptable ou non. Je recommande donc la lecture, l'étude de ce texte, et nous pouvons ainsi aller de l'avant avec une théologie critique au sens positif, c'est-à-dire critique contre les tendances de la mode et ouverte aux vraies nouveautés, à la profondeur inépuisable de la Parole de Dieu, qui se révèle nouvelle à toutes les époques, y compris la nôtre.

     

    3. Question d'Europe

    Très Saint-Père, je suis le père Karol Miklosko et je viens de l'Europe, de Slovaquie précisément, et je suis missionnaire en Russie. Quand je célèbre la messe je me trouve moi-même et je comprends que je rencontre là mon identité, la racine et l'énergie de mon ministère. Le sacrifice de la Croix me révèle le bon Pasteur, qui donne tout pour son troupeau, pour chacune de ses brebis. Et quand je dis : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang », donné et versé en sacrifice pour vous, alors je comprends la beauté du célibat et de l'obéissance, que j'ai librement promis au moment de l'ordination. Malgré les difficultés naturelles, le célibat me semble évident si l'on regarde le Christ, mais je suis bouleversé lorsque je lis tant de critiques du monde sur ce don. Je vous demande humblement, Très Saint-Père, de nous éclairer sur la profondeur et sur le sens authentique du célibat ecclésiastique.

     

    Benoît XVI - Merci pour les deux parties de votre question. La première, où vous montrez le fondement permanent et vivant de notre célibat ; la seconde qui montre toutes les difficultés dans lesquelles nous nous trouvons à notre époque. La première partie est importante parce que le centre de notre vie doit être réellement la célébration quotidienne de la sainte Eucharistie. Les paroles de la consécration sont ici centrales : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ». Nous parlons donc in persona Christi. Le Christ nous permet d'utiliser son « moi », nous parlons avec le « moi » du Christ, le Christ nous « attire en lui » et nous permet de nous unir, il nous unit avec son « moi ». Et ainsi à travers cette action, le fait qu'Il nous « attire » à lui de telle façon que notre « moi » s'unisse au sien, réalise la permanence, l'unicité de son sacerdoce. Ainsi il est réellement l'unique Prêtre, et toutefois il est très présent dans le monde, parce qu'il nous « attire » en lui et rend ainsi présente sa mission sacerdotale. Cela veut dire que nous sommes « attirés » dans le Dieu du Christ. C'est cette union avec son « moi » qui se réalise dans les paroles de la consécration. Même dans le « je t'absous » - parce que personne d'entre nous ne pourrait absoudre des péchés - c'est le « moi » du Christ, de Dieu, qui seul peut absoudre. Cette unification de son « moi » avec le nôtre implique que nous sommes « attirés » aussi dans sa réalité de Ressuscité. Nous allons de l'avant vers la vie pleine de la résurrection, dont Jésus parle aux Sadducéens, dans le chapitre 22 de Matthieu. C'est une vie « nouvelle » dans laquelle nous sommes déjà au-delà du mariage (cf. Mt 22, 23-32). L'important est que nous nous laissions toujours à nouveau pénétrer par cette identification du « moi » du Christ avec nous, par cette manière d'être « attirés vers l'extérieur » vers le monde de la résurrection. En ce sens, le célibat est une anticipation. Nous transcendons ce temps et nous allons de l'avant, en « attirant » ainsi nous-mêmes et notre temps vers le monde de la résurrection, vers la nouveauté du Christ, vers la vie nouvelle et vraie. Le célibat est donc une anticipation rendue possible par la grâce du Seigneur qui nous « attire » à lui, vers le monde de la résurrection ; il nous invite toujours à nouveau à nous transcender nous-mêmes, à transcender ce présent, vers le vrai présent de l'avenir qui devient présent aujourd'hui. Et nous sommes ici à un point très important. Un grand problème de la chrétienté, du monde d'aujourd'hui, est que l'on ne pense plus à l'avenir de Dieu : seul le présent de ce monde semble suffisant. Nous voulons avoir seulement ce monde, vivre seul dans ce monde. Et nous fermons ainsi les portes à la vraie grandeur de notre existence. Le sens du célibat comme anticipation de l'avenir est précisément d'ouvrir ces portes, de rendre le monde plus grand, de montrer la réalité de l'avenir qui doit être vécu par nous comme déjà présent. Vivre donc ainsi dans un témoignage de la foi : nous croyons réellement que Dieu existe, que Dieu a quelque chose à voir avec ma vie, que je peux fonder ma vie sur le Christ, sur la vie future. Et nous connaissons à présent les critiques du monde dont vous avez parlé. Il est vrai que pour le monde agnostique, le monde où Dieu n'a rien à voir, le célibat est un grand scandale, parce qu'il montre précisément que Dieu est considéré et vécu comme une réalité. Avec la vie eschatologique du célibat, le monde futur de Dieu entre dans la réalité de notre temps. Et cela devrait disparaître ! En un certain sens la critique permanente contre le célibat à une époque où il devient toujours plus à la mode de ne pas se marier pourrait surprendre. Mais ce non mariage est une chose totalement, fondamentalement différente du célibat, parce que le non mariage est basé sur la volonté de vivre uniquement pour soi-même, de ne pas accepter de lien définitif, de posséder la vie à chaque instant en pleine autonomie, de décider à chaque instant que faire, ce que prendre de la vie ; et donc un « non » au lien, un « non  » au caractère définitif, une manière de posséder la vie seulement pour soi-même. Tandis que le célibat est précisément le contraire : c'est un « oui » définitif, c'est laisser Dieu nous prendre par la main, s'offrir entre les mains du Seigneur, dans son « moi » et donc c'est un acte de fidélité et de confiance, un acte qui suppose aussi la fidélité du mariage ; c'est précisément le contraire de ce « non », de cette autonomie qui ne veut pas se donner d'obligations, ne veut pas entrer dans un lien ; c'est précisément le « oui » définitif qui suppose, confirme le « oui » définitif du mariage. Et ce mariage est la forme biblique, la forme naturelle de l'être homme et femme, fondement de la grande culture chrétienne, des grandes cultures du monde. Et si cela disparaît, la racine de notre culture est détruite. C'est pourquoi le célibat confirme le « oui » du mariage avec son « oui » au monde futur, et nous voulons ainsi aller de l'avant et rendre présent ce scandale d'une foi qui fait reposer toute l'existence sur Dieu. Nous savons qu'à côté de ce grand scandale que le monde ne veut pas voir, il y a aussi des scandales secondaires de nos insuffisances, de nos péchés, qui cachent le vrai et grand scandale, et laissent penser : « Mais ils ne vivent pas réellement sur le fondement de Dieu ! ». Mais il y a une si grande fidélité ! Le célibat, et ce sont précisément les critiques qui le montrent, est un grand signe de la foi, de la présence de Dieu dans le monde. Prions le Seigneur pour qu'il nous aide à nous libérer des scandales secondaires, pour qu'il rende présent le grand scandale de notre foi : la confiance, la force de notre vie qui se fonde en Dieu et en Jésus Christ !

     

    4. Question d'Asie

    Très Saint-Père, je m'appelle Atsushi Yamashita et je viens de l'Asie, plus précisément du Japon. Le modèle sacerdotal que Votre Sainteté nous a proposé cette année, le curé d'Ars, voit au centre de l'existence et du ministère l'Eucharistie, la pénitence sacramentelle et personnelle et l'amour pour le culte, dignement célébré. J'ai devant les yeux les signes de la pauvreté austère de saint Jean-Marie Vianney, ainsi que sa passion pour les choses précieuses, pour le culte. Comment vivre ces dimensions fondamentales de notre existence sacerdotale sans tomber dans le cléricalisme ou dans un éloignement de la réalité, que le monde actuel ne nous permet pas ?

     

    Benoît XVI - Merci. La question est donc comment vivre le caractère central de l'Eucharistie sans se perdre dans une vie purement cultuelle, éloignée de la vie de tous les jours des autres personnes. Nous savons que le cléricalisme a dans tous les siècles été une tentation des prêtres et il l'est encore aujourd'hui. Il est d'autant plus important de trouver la vraie façon de vivre l'Eucharistie, qui n'est pas une fermeture au monde, mais précisément l'ouverture aux besoins du monde. Nous devons garder à l'esprit le fait que dans l'Eucharistie se réalise ce grand drame de Dieu qui sort de lui-même, quitte - comme le dit la Lettre aux Philippiens - sa gloire, sort et s'abaisse jusqu'à devenir l'un de nous, s'abaisse jusqu'à la mort sur la croix (cf. Ph 2). L'aventure de l'amour de Dieu qui s'abandonne lui-même pour être avec nous - et cela devient présent dans l'Eucharistie ; le grand acte, la grande aventure de l'amour de Dieu est l'humilité de Dieu qui se donne à nous. Dans ce sens, il faut considérer l'Eucharistie comme l'entrée dans ce chemin de Dieu. Saint Augustin dit dans le livre X du De Civitate Dei : « Hoc est sacrificium Christianorum : multi unum corpus in Christo », c'est-à-dire : le sacrifice des chrétiens est d'être unis par l'amour du Christ dans l'unité de l'unique corps du Christ. Le sacrifice consiste précisément à sortir de nous-mêmes, à nous laisser attirer dans la communion de l'unique pain et de l'unique corps, et entrer ainsi dans la grande aventure de l'amour de Dieu. Nous devons ainsi toujours célébrer, vivre, méditer l'Eucharistie comme l'école de la libération de notre « moi » : entrer dans l'unique pain qui est le pain de tous, qui nous unit dans l'unique Corps du Christ. C'est pourquoi l'Eucharistie est donc, en soi, un acte d'amour, elle nous oblige à cette réalité de l'amour pour les autres : que le sacrifice du Christ est la communion de tous dans son Corps. C'est donc de cette façon que nous devons apprendre l'Eucharistie, qui est précisément le contraire du cléricalisme, de la fermeture sur soi. Pensons également à Mère Teresa, qui est vraiment le grand exemple dans ce siècle, à notre époque, d'un amour qui s'abandonne, qui laisse derrière lui toute sorte de cléricalisme, d'éloignement du monde, et qui va vers les plus marginalisés, les plus pauvres, les personnes proches de la mort, et qui se donne totalement à l'amour pour les pauvres, les exclus. Mais Mère Teresa, qui nous a donné cet exemple, et la communauté qui suit ses traces, plaçait toujours comme première condition de ses fondations la présence d'un tabernacle. Sans la présence de l'amour de Dieu qui se donne, il n'aurait pas été possible de réaliser cet apostolat, il n'aurait pas été possible de vivre dans cet abandon de soi ; ce n'est qu'en s'insérant dans cet abandon de soi en Dieu, dans cette aventure de Dieu, dans cette humilité de Dieu, qu'elles pouvaient et qu'elles peuvent réaliser aujourd'hui ce grand acte d'amour, cette ouverture à tous. Dans ce sens, je dirais que vivre l'Eucharistie dans son sens originel, dans sa véritable profondeur, est une école de vie, et la protection la plus sûre contre toute tentation de cléricalisme.

     

    5. Question d'Océanie

    Très Saint-Père, je m'appelle don Anthony Denton et je viens de l'Océanie, d'Australie. Nous sommes ici ce soir très nombreux. Mais nous savons que nos séminaires ne sont pas remplis de prêtres et qu'à l'avenir, dans diverses parties du monde, nous attend une baisse, même brutale. Que pouvons-nous faire de véritablement efficace pour les vocations ? Comment proposer notre vie, dans ce qu'elle a de grand et de beau, à un jeune de notre temps ?

     

    Benoît XVI - Merci. Vous évoquez de nouveau un problème réellement important et douloureux de notre temps : le manque de vocations, à cause duquel les Eglises locales courent le risque de devenir arides car elle n'auront pas la Parole de vie, la présence du sacrement de l'Eucharistie et des autres sacrements. Que faire ? La tentation est grande de prendre nous-mêmes les choses en main, de transformer le sacerdoce - le sacrement du Christ, le fait d'être élu en lui - en une profession normale, en un job à heures fixes, et le reste du temps, n'appartenir qu'à soi-même ; le faisant ainsi devenir semblable à n'importe quelle autre vocation : le rendre accessible et facile. Mais il s'agit d'une tentation qui ne résout pas le problème. Cela me fait penser à l'histoire de Saül, le roi d'Israël qui avant la bataille contre les Philistins, attend Samuel pour le sacrifice nécessaire à Dieu. Et lorsque Samuel, le moment venu, ne vient pas, il accomplit lui-même le sacrifice, bien que n'étant pas prêtre (cf. 1 Sm 13) ; il pense ainsi résoudre le problème, mais naturellement, il ne le résout pas, car s'il prend lui-même en main ce qu'il ne peut pas faire, il se fait lui-même Dieu, ou presque, et il ne peut pas s'attendre à ce que les choses aillent vraiment dans le sens de Dieu. Et ainsi, si nous n'exercions nous-mêmes qu'une profession comme d'autres, en renonçant au caractère sacré, à la nouveauté, à la diversité du sacrement que seul Dieu donne, qui ne peut venir que de sa vocation et pas de notre « action », nous ne résoudrions rien. Nous devons d'autant plus - comme le Seigneur nous y invite -, prier Dieu, frapper à la porte, au cœur de Dieu, afin qu'il nous donne des vocations ; prier avec une grande insistance, avec une grande détermination, avec une grande conviction également, car Dieu ne se dérobe pas devant une prière insistante, permanente, confiante, même s'il laisse faire, attendre, comme dans le cas de Saul, au-delà des temps que nous avions prévus. Cela me semble le premier point : encourager les fidèles à avoir cette humilité, cette confiance, ce courage de prier avec insistance pour les vocations, de frapper au cœur de Dieu, afin qu'il nous donne des prêtres. J'ajouterais peut-être trois autres points à cela. Le premier : chacun de nous devrait faire de son mieux pour vivre son sacerdoce de façon à être convaincant, de façon à ce que les jeunes puissent dire : ça c'est une véritable vocation, on peut vivre comme ça, on fait ainsi quelque chose d'essentiel pour le monde. Je pense qu'aucun d'entre nous ne serait devenu prêtre s'il n'avait pas connu des prêtres convaincants dans lesquels brûlait le feu de l'amour du Christ. Ceci est donc le premier point : essayons nous-mêmes d'être des prêtres convaincants. Le deuxième point est que nous devons inviter, comme je l'ai déjà dit, à prendre l'initiative de la prière, à avoir cette humilité, cette confiance de parler avec Dieu avec force, avec décision. Et le troisième point : avoir le courage de parler avec les jeunes pour savoir s'ils peuvent penser que Dieu les appelle, car souvent, une parole humaine est nécessaire pour s'ouvrir à l'écoute de la vocation divine ; parler avec les jeunes et surtout également les aider à trouver un contexte vital dans lequel ils puissent vivre. Le monde d'aujourd'hui est tel qu'il semble presque exclu qu'une vocation sacerdotale puisse y mûrir. Les jeunes ont besoin de milieux dans lesquels on vit la foi, dans lesquels apparaît la beauté de la foi, dans lesquels cela apparaît comme un modèle de vie, « le » modèle de vie, et donc ils ont besoin qu'on les aide à trouver des mouvements ou une paroisse - la communauté au sein d'une paroisse -, ou d'autres contextes dans lesquels ils soient véritablement entourés de la foi, de l'amour de Dieu, et où ils puissent donc être ouverts afin que la vocation de Dieu arrive et les aide. Du reste, rendons grâces au Seigneur pour tous les séminaristes de notre temps, pour les jeunes prêtres, et prions. Le Seigneur nous aidera ! Merci à vous tous !

    © Copyright du texte original en italien : Libreria Editrice Vaticana

    Traduction : Zenit

    Source www.zenit.org

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  • Devant les prêtres du monde entier, Benoît XVI demande pardon


    Clôturant vendredi 11 juin l’Année sacerdotale, devant 15 000 prêtres du monde entier, Benoît XVI a demandé pardon à Dieu et aux victimes d’abus sexuels. Tout en brossant le portrait du prêtre de demain

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    Le pape Benoît XVI a concélébré au milieu de plus de 15000 prêtres du monde entier (AP/Cito).

    Ce fut la plus grande concélébration du monde. Devant 15 000 prêtres venus d’une centaine de pays, Benoît XVI a célébré vendredi matin, sur la place Saint-Pierre, l’eucharistie de clôture de l’Année sacerdotale. Année secouée par les scandales des abus sexuels commis par des prêtres à travers le monde.

    Et c’est précisément là, devant ses frères prêtres et évêques réunis en un événement rarissime, que le pape a choisi de prononcer, pour la première fois, les paroles attendues (lire p. 17) : demande de pardon aux victimes et à Dieu pour les « abus à l’égard des petits », promesse d’une grande rigueur dans la sélection et la formation des candidats au sacerdoce. Ce serait une erreur toutefois de ne retenir de cette rencontre internationale de trois jours que la repentance, déjà contenue en germe dans la lettre aux catholiques d’Irlande.

    Les deux matinées précédentes, à Saint-Jean-de-Latran et à Saint-Paul-Hors-les-Murs, l’émotion avait été palpable. Au même moment, dans ces deux basiliques majeures, plusieurs milliers de prêtres du monde entier avaient déjà concélébré. Souvent jeunes, plus qu’on ne peut le croire en Europe, tous en aube blanche, avec des étoles de toutes les couleurs, ils apparaissaient très divers. Sur les bas-côtés, les confessionnaux n’ont pas désempli. « Hoc est enim corpus meum » : des milliers de mains droites se sont levées en un geste de consécration. « Ubi caritas » : sur ce chant lancinant, tous ont communié par intinction, au corps et au sang. Et, à la fin de chaque célébration, l’adoration eucharistique les a réunis longuement, très longuement, en un silence impressionnant, tous à genoux.

    "Une expérience unique"

    Le P. Edison, 39 ans, ordonné en 1997, est venu des Philippines avec 30 autres prêtres : « C’est très important pour moi de renouveler, ici à Rome, les promesses de mon ordination, en solidarité avec mes frères prêtres du monde entier. C’est une expérience unique dans ma vie. » À ses côtés, le P. Patrick, du Kenya, semble un peu perdu. À 33 ans, ordonné l’an dernier, il a fait le voyage seul, depuis sa paroisse de brousse, et cherche ses confrères. C’est son premier séjour hors de son pays : « J’attends du pape qu’il nous encourage, et qu’il nous incite à être toujours plus engagés dans notre mission. »

    C’est bien ce à quoi se sont employés, durant ces trois journées, les cardinaux prédicateurs de cette gigantesque retraite sacerdotale. Le cardinal Joachim Meisner, archevêque de Cologne, avec rudesse : « Là où le prêtre n’est plus confesseur, il devient travailleur social religieux et traverse une grave crise d’identité. Dans une église vide, un confessionnal où attend un prêtre est le symbole le plus touchant de la patience de Dieu qui attend. » Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État, prophétique : « Le prêtre est un homme de Dieu et de la communion, le prophète d’un monde nouveau. Frère de toute personne humaine, homme et femme, qu’il sert et qu’il aime avec un dévouement total, sans aucun attachement, sans la recherche de son intérêt propre. Ainsi se comprennent la beauté et l’actualité du célibat. »

    Le cardinal Claudio Hummes, préfet de la congrégation pour le clergé, plus politique : « Les destinataires de notre mission sont particulièrement les pauvres. Ce sont les bien-aimés de Dieu. Ceux qui sont marginalisés et exclus de la table des biens matériels sociaux, culturels, sont les premiers qui ont le droit de recevoir la Bonne Nouvelle que Dieu est un père qui les aime sans réserve. » Le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec et primat du Canada, plus résolu : « Le scandale permanent de la division des chrétiens, les tensions récurrentes entre clercs, laïcs et religieux, l’harmonisation laborieuse des charismes, l’urgence d’une nouvelle évangélisation, appellent sur l’Église et sur le monde une nouvelle Pentecôte. Ces défis sont accompagnés de l’épreuve des persécutions. »

    Le pape a pris son temps

    Ces brassées de mots, le pape les a rassemblées en une gerbe personnelle lors de la veillée de jeudi. Sur la place Saint-Pierre magnifiquement illuminée, dans la douceur du soir, Benoît XVI a pris son temps. Manifestement heureux d’être là, au milieu de « ses » milliers de prêtres, il a laissé de côté son discours écrit pour improviser, en réponse aux questions posées par cinq prêtres des cinq continents. Comment éviter le risque du cléricalisme ? : « La célébration quotidienne de l’Eucharistie permet d’éviter la fermeture sur soi. » Qu’est-ce qu’une théologie juste ? « Ne pratiquons pas une théologie qui serait le fruit d’une arrogance de la raison, qui obscurcirait la foi et oublierait la réalité vitale de Dieu. » Comment pallier la chute des vocations ? « Une tentation facile serait de transformer le sacerdoce en un travail comme les autres. Mais il nous faut prier, demander à Dieu le don des vocations pour une nouvelle évangélisation. »

    Comment comprendre le célibat ? « L’un des grands problèmes de notre monde est de s’en tenir au présent, et ne plus penser au futur de Dieu. Mais le célibat est une anticipation du futur de Dieu, par le Christ qui nous entraîne vers sa Résurrection. Nous savons qu’il est un scandale pour le monde. Mais le vrai scandale, ce sont nos péchés. » Les difficultés de la vie en paroisse ? « J’en suis très conscient. Enracinez-vous dans la prière personnelle. Et trouvez l’humilité et le courage de vous reposer ! »

    Tel n’est pas le programme du P. Jean Bertin, prêtre africain du diocèse de Batouri au Cameroun, dans la grande forêt de l’Est. Ordonné en 1999, il est missionnaire à Djibouti, dessinant ainsi les nouveaux contours de l’Église universelle. Là-bas, elle ne compte que six prêtres : « Je suis venu à Rome pour me “doper”, redécouvrir le sens de mon engagement. Tout petit déjà, je voulais être missionnaire. À Djibouti, j’expérimente la largeur de la famille humaine, qui est pour moi la famille de Dieu. »

    Cette communion, si fortement vécue

    Cette famille, dans sa dimension sacerdotale, s’est donc réunie avec bonheur durant ces trois journées romaines. Les milliers de signes de paix échangés, entre prêtres, lors de la célébration finale, et l’envoi par le pape, en huit langues, ont témoigné de cette communion, si fortement vécue, peut-être parce qu’elle était fortement attendue…

    Mais la clé essentielle de ces journées pourrait passer inaperçue, parce que silencieuse : lors de la veillée, le pape est resté à genoux, en adoration silencieuse devant le Saint Sacrement, pendant plus de trente minutes.

    Frédéric MOUNIER , à Rome

    Source http://www.la-croix.com

     

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  • A Rome, la diversité en marche des prêtres français



    Venus à Rome en grand nombre participer à un pèlerinage sur la via Appia et célébrer, du 9 au 11 juin, la fin de l’Année sacerdotale, les prêtres français ont affiché une tranquille diversité


    Des prêtres français réunis sur l'esplanade des Invalides, à Paris, à l'occasion de la messe célébrée par Benoît XVI pendant son voyage en France, le 13 septembre 2008 (Photo : Gilles RIGOULET/CIRIC).

    Un succès, peut-être inattendu. Selon le P. Jean Quris, secrétaire général adjoint de l’épiscopat, 750 prêtres français, soit 5% de l’effectif total, sont présents à Rome depuis le mercredi 9 juin pour la clôture de l’Année sacerdotale. Venus avec 30 évêques, le tiers de la conférence épiscopale française, ils représentent près de 8% des 10 000 prêtres participant à ces journées de prières et de rencontres. C’est donc une très forte délégation.

    Mais les chiffres ne disent pas tout. Car ce qui frappe, au vu de ce vaste groupe, c’est sa diversité. Par l’âge, certes, mais aussi par la tenue : jeans, soutanes et cols romains cohabitent et… se parlent. Comme les «3G», ainsi qu’ils se désignent eux-mêmes, trois jeunes prêtres venus de Rennes, rencontrés sur le parvis de la basilique Saint-Jean-de-Latran, à l’issue de la première matinée consacrée à une conférence du cardinal Joachim Meisner, archevêque de Cologne, sur le thème « Conversion et mission ».

    «Revenir à la source pour se réunifier, faire le plein»

    Le P. Gaël Sachet, né un 14 juillet il y a trente ans, ordonné il y a trois ans, est aujourd’hui vicaire en périphérie de Rennes. En tee-shirt et en jean, il est venu « porter la prière de sa paroisse à Rome, intercéder pour le peuple de Dieu ». À ses côtés, son ami le P. Nicolas Guillou, vicaire en paroisse, aumônier d’étudiants et dans l’enseignement catholique, né en 1968, en col romain. Il est venu ici pour « vivre une fête de famille, avec tous les âges, toutes les sensibilités. Alors que le sacerdoce est malmené, il faut serrer les rangs. » Il a beaucoup apprécié, tout à l’heure, l’adoration eucharistique, « tous réunis devant Celui qui nous a appelés ».

    Le troisième « G », c’est le P. Noël (né un 24 décembre) Guiblin. Lui porte soutane – « Je ne suis ni tradi, ni intégriste, dit-il, je ne la porte pas tout le temps, mais avec elle je me sens enveloppé dans mon sacerdoce » – et casquette. Il est venu « vivre le point d’orgue de cette Année sacerdotale, revenir à la source pour se réunifier, faire le plein ».

    Ces trois-là sont manifestement heureux d’être ensemble. À leurs côtés, un « ancien », ordonné en 1953, s’étonne ingénument : « La célébration eucharistique m’a rappelé ma jeunesse. Il y avait vraiment beaucoup de latin. Mais bon, il y avait dans la basilique toutes les nationalités : il faut bien une langue commune. »

    «Il nous faut dépasser ces divisions stériles»

    Le bonheur de se retrouver semble largement partagé, loin devant l’échange international. L’après-midi, lors de leur pèlerinage sur la via Appia Antica inondée de soleil, ils ne cesseront d’échanger, de partager leurs expériences pastorales, toutes sensibilités confondues. « On ne se voit jamais », disent-ils.

    Ainsi le P. Gérard Lorgnier, 62 ans, qui vient de célébrer ses trente-cinq ans d’ordination. Venu avec 25 prêtres de son diocèse de Cambrai, il avoue que c’est la première fois qu’il vient à Rome « se replonger dans Pierre et Paul, et aussi rencontrer d’autres prêtres ».

    Au Latran, le matin, il a été attentif à l’homélie de Mgr Mauro Piacenza, secrétaire de la Congrégation pour le clergé : « Donner la miséricorde de Dieu, c’est le cœur de mon sacerdoce. » Son évêque, Mgr François Garnier, marchant gaillardement sous le soleil, renchérit : « Depuis Pierre et Paul, l’Église n’a cessé d’être diverse. Il nous faut dépasser ces divisions stériles que nous entretenons. »

    «L’important, c’est de retrouver la communion»

    « Les clivages s’effondrent dès que nous vivons une expérience fraternelle, parce que nous sommes complémentaires et différents », souligne le P. Jean-Marie Launay, doyen de Cambrai. Ce que confirme à La Croix le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence épiscopale : « La vraie façon de faire l’unité d’un presbyterium, c’est de célébrer ensemble. Il s’agit là du seul lieu d’unité absolue, car sacramentelle. »

    L’idée de ce micro-pèlerinage sur la via Appia est venue de Mgr Hervé Giraud, évêque de Soissons et président de la Commission épiscopale pour les ministres ordonnés : « Je voulais, dans les pas de Paul, dans la gratuité du chemin, que les prêtres se brassent, que ceux de Cambrai rencontrent ceux d’Albi. »

    Après cette année bien secouée pour la figure du prêtre, n’était-ce pas risqué ? « Non. Après un coup dur en famille, il faut se parler. Cette Année sacerdotale nous a permis de montrer qu’en dépit des difficultés nous avions confiance en nos prêtres. L’important, c’est de retrouver la communion, dans ce lieu de communion par excellence qu’est Rome. »

    « Ailleurs qu’en France, ils n’ont pas tous les cheveux gris ! »

    Bien sûr, certains aînés boudent un peu : « Attention, la figure du prêtre qu’on nous présente à Rome risque de tourner au prêtre pour lui-même. Sans création, la Tradition est stérile. Nous sommes prêtres pour les communautés locales. »

    Le P. Guibert, lui, est venu de Vendée. Alors que ses pas le mènent au bout de la via Appia, en attendant les vêpres célébrées mercredi soir à Saint-Jean-de-Latran autour des cardinaux André Vingt-Trois et Jean-Pierre Ricard, il se félicite : « Après cette année douloureuse, nous avions besoin de renouveler la conscience de notre identité. » Lui, ce qui le frappe durant ces journées romaines, c’est de « voir tous ces jeunes prêtres venus de partout dans le monde. Ailleurs qu’en France, ils n’ont pas tous les cheveux gris ! »

    Frédéric MOUNIER, à Rome

    http://www.la-croix.com/

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  • Selon Zenit (9-06-10) 10,000 prêtres sont réuni en ce moment à Rome

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    À Rome, du 9 au 11 juin, se déroulera la Rencontre internationale des prêtres, qui clôturera l’Année sacerdotale voulue par Benoît XVI en coïncidence avec le 150e anniversaire de la mort du Curé d’Ars. Cette manifestation, organisée par la Congrégation pour le clergé, a pour thème : Fidélité du Christ, fidélité du prêtre, et s’adresse aux prêtres du monde entier.

    La première journée sera placée sous le sceau de la conversion et de la mission, et le Cardinal Joachim Meisner, Archevêque de Cologne (Allemagne), proposera une méditation en la Basilique Saint-Paul-Hors-les-murs, retransmise en direct à la Basilique Saint-Jean-de-Latran. Cette médiation sera suivie d’une adoration eucharistique. Les messes aux Basiliques Saint-Paul et Saint-Jean seront présidées par le Cardinal Cláudio Hummes, OFM, Préfet de la Congrégation pour le clergé, et par Mgr Mauro Piacenza, Secrétaire de ce dicastère.

    La deuxième journée sera sous le signe de l’Esprit et de la communion : « Le cénacle, prier l’Esprit avec Marie, en communion fraternelle ». La méditation sera assurée, dans les mêmes conditions que la veille, par le Cardinal Marc Ouellet, PSS, Archevêque de Québec (Canada). Les messes seront présidées par le Cardinal Tarcisio Bertone, Secrétaire d’État à Saint-Paul, et par Mgr Robert Sarah, Secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, au Latran.

    Jeudi soir 10 juin, la veillée de prière se déroulera à la Place Saint-Pierre. Après des témoignages de prêtres, avec liaisons télévisées depuis Ars, le Cénacle de Jérusalem, une banlieue pauvre de Buenos Aires et Hollywood, il y aura un dialogue avec le Saint Père et une adoration eucharistique conclusive.

    Enfin, vendredi à 10 h, en la solennité du Sacré Cœur, la messe de clôture de l’année sacerdotale sera présidée par le pape en la Place Saint-Pierre. Cette messe comprendra le renouvellement des promesses sacerdotales et la proclamation de saint Jean-Marie Vianney, patron universel des prêtres.

     

    Extrait de l'homélie de ce jour prononcée par
    le Cardinal Humes

    Vraiment, le prêtre est un disciple de Jésus, rejoint par Jésus, dans le mystère de Son infinie miséricorde. Aimé par Lui d’un amour d'élection et de prédilection, il est appelé par Jésus à se configurer à Lui, le Seigneur mort et ressuscité, la Tête et le Pasteur du peuple de Dieu, et à être envoyé par Lui pour la mission dans le monde entier.

    Cela s'est réalisé au moment de l'ordination sacerdotale. En effet, dans l'ordination nous avons été sacramentellement configurés au Christ, Tête et Pasteur. Ainsi, outre le fait d'être disciples par la foi et le Baptême, nous sommes aussi des têtes et des pasteurs de la communauté des disciples. Par la foi et le Baptême, avec tous les autres disciples, hommes et femmes, nous avons été ornés du sacerdoce commun des fidèles, mais par l'ordination sacerdotale nous avons été ornés également du sacerdoce ministériel, essentiellement différent du sacerdoce commun des fidèles, parce qu'il nous a rendus têtes et pasteurs de la communauté des disciples.

    Saint Augustin l'a dit, en s'adressant à la communauté : « Avec vous je suis chrétien, mais pour vous je suis évêque ». Le Saint Curé d'Ars a dit que « le sacerdoce, c’est l'amour du Cœur de Jésus ». Cela veut dire que Jésus a aimé l'humanité jusqu'à la fin et que c’est pour cela qu’il est devenu Souverain prêtre pour notre salut, et qu’il a appelé quelques hommes parmi ses disciples pour les configurer à Lui-même, unique Prêtre de la Nouvelle Alliance, pour qu'ils continuent son œuvre sacerdotale dans le monde à travers l'histoire.

     Source:  http://www.messagelumiere.org/jeudi.htm#ML

     

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  • « Revenir aux racines de l’esprit évangélisateur »
    Le P. Lombardi commente le voyage du pape à Chypre

     http://www.lepoint.fr/content/system/media/6/20100604/104013_49903.jpg

    ROME, Lundi 7 juin 2010 (ZENIT.org) - Le choix de Benoît XVI de commencer sa visite à Chypre par Paphos est « excellent » car jadis la ville était la capitale du pays et c'est là que Paul et Barnabé sont arrivés et qu'ils ont pu annoncer l'Evangile à la plus haute autorité romaine de l'île de l'époque, qui s'est convertie.

    « C'est donc, dans l'histoire de l'évangélisation, un lieu extrêmement significatif », a expliqué le père jésuite Federico Lombardi, directeur du bureau de presse du Saint-Siège, dans un entretien à Radio Vatican lors du voyage à Chypre. 

    « Le pape est vraiment venu ici en pèlerin pour continuer l'itinéraire qu'il a entamé en Terre Sainte et qu'il a poursuivi également à Malte pour l'anniversaire de Saint Paul. C'est donc un lieu très évocateur et riche d'inspiration pour tous les thèmes de l'évangélisation dans le monde, car le monde auquel Paul s'adressait n'était pas un monde chrétien mais un monde païen ». 

    Dans le monde actuel aussi, a-t-il relevé, « nous ressentons, sous tant d'aspects, le devoir de revenir aux racines de l'esprit de l'évangélisation, dans un monde qui, vraiment, n'accepte pas ou connaît mal le message de l'Evangile et auquel nous devons encore l'apporter ». 

     

    Aspect œcuménique

    Le porte-parole du Saint-Siège a aussi rappelé que Chypre « est aujourd'hui, avec son Eglise orthodoxe et l'archevêque Chrysostomos en particulier, une des réalités orthodoxes les plus actives dans le domaine œcuménique ». 

    « Nous nous trouvons dans un lieu qui a été stratégique dans l'histoire pour les chemins du christianisme naissant et qui évangélisait, et qui l'est encore aujourd'hui pour les chemins de l'œcuménisme dans notre temps », a-t-il ajouté. 

    L'Eglise orthodoxe de Chypre, entretient par exemple « une excellente relation » avec l'Eglise orthodoxe de Moscou. Elle a donc « un rôle important dans le dialogue entre les Eglises orthodoxes », et comme telle « se propose aussi comme pont et comme lieu de rencontre également avec l'Eglise catholique et avec les autres communautés chrétiennes ». 

    Chypre est en même temps un « carrefour au Moyen-Orient », « le seul lieu où il est actuellement possible de converger sans difficulté de tous les pays » de la région. 

     

    Synode du Moyen-Orient

    Pour ces raisons l'île de la Méditerranée est « un lieu où il est naturel d'aller pour ouvrir ce chemin synodal qui se poursuivra ensuite à Rome au mois d'octobre ». 

    « Sont présents ici ces jours-ci, des représentants de communautés de traditions catholiques orientales et latines différentes, invités par le pape à grandir dans la communion, à retrouver le sens, l'enthousiasme d'être une communauté au sein du monde actuel, et ainsi pouvoir apporter leur témoignage, et se sentir également encouragés et soutenus mutuellement », leur communauté étant « en grande partie minoritaire » et en proie à des « situations difficiles », a rappelé le P. Lombardi. 

    « Ils ont un message à eux dont ils doivent être fiers et qui peut être une grande contribution aussi pour le dialogue avec d'autres personnes d'autres religions, dans la société où ils vivent, qu'ils aient à faire à des musulmans, des juifs ou des personnes de bonne volonté », a-t-il ajouté. 

     

    Source www.zenit.org

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  • A Chypre, un pape modeste mais déterminé



    Premier souverain pontife en visite à Chypre, île blessée par la partition entre Grecs et Turcs, Benoît XVI, sur les pas de saint Paul, a lancé plusieurs appels à la paix et au dialogue entre les communautés


    Le pape Benoît XVI a brièvement rencontré samedi 5 juin une personnalité musulmane chypriote turque, le cheikh Nazim Haqqani (photo Osservatore Romano/AP).

    Pour un pape en visite à Chypre, pas de papamobile, pas de grands rassemblements, ni de foules massées au long du parcours. Ici, les orthodoxes – pas tous favorables à la venue du pape de Rome, toujours accusé de prosélytisme – se comptent en centaines de milliers, les maronites en milliers, les latins et les arméniens en centaines.

    Sans oublier des milliers d’immigrés asiatiques catholiques. Non, ce voyage à Chypre se voulait symbolique : pour la première fois de son pontificat, le pape allait à la rencontre de l’orthodoxie. Mais aussi, il plongeait au cœur du Moyen-Orient pour remettre aux Églises liées à Rome l’« instrumentum laboris », le document de travail de leur synode prévu à Rome du 10 au 24 octobre prochain.

    Alors que la tension monte à quelques centaines de kilomètres d’ici, autour de la bande de Gaza, alors que les Chypriotes sont déchirés par l’occupation turque, Benoît XVI, avec modestie et détermination, propose une alternative spirituelle à la violence.

    Premier moment fort

    Ce sera son fil rouge, sur les pas de saint Paul et de son compagnon chypriote Barnabé, premiers évangélisateurs de Chypre. En témoigne le choix de la première étape du pape : Paphos, au sud-ouest de l’île, là où la tradition rapporte les démêlés de Paul et de Barnabé avec l’occupant romain. Aujourd’hui, la très sobre église byzantine élevée au XIIe siècle, appartenant aux orthodoxes, est utilisée aussi bien par les catholiques que par les anglicans ou les luthériens.

    C’est d’ailleurs ici que s’est réunie, en octobre dernier, la commission de dialogue théologique entre catholiques et orthodoxes, sur le thème de « la primauté de Pierre au premier millénaire », suscitant une certaine agitation au sein des évêques orthodoxes.

    D’où ce premier moment fort : Benoît XVI lit en grec les Actes des Apôtres (13, 1-12), en plein air, dans le vent méditerranéen, au milieu du site archéologique. Il y avait bien ce vendredi après-midi 2 500 personnes venues entendre le pape. Benoît XVI est là aux sources mêmes de la foi chrétienne à Chypre et, plus largement en Europe : c’est de là qu’ont commencé les voyages apostoliques de Paul.

    Le pape a souligné son rôle de «pont entre l’Est et l’Ouest»

    L’archevêque orthodoxe de Chypre n’est pas sur le même registre. Chrysostomos II, bien que fervent partisan de l’œcuménisme, s’est fait l’écho de la détresse de son peuple : « La Turquie a envahi de façon barbare et conquis par les armes 37 % de notre territoire. Ses forces planifient notre destruction nationale. Notre héritage culturel a été sauvagement détruit et nos œuvres d’art vendues à des trafiquants. » D’où cet appel au pape : « Notre peuple qui souffre et mène son combat aux côtés de notre gouvernement, en appelle à votre coopération active. »

    Lors de son arrivée à l’aéroport, Benoît XVI avait prévenu : il venait sur cette île coupée en deux « comme un pèlerin et comme le serviteur des serviteurs de Dieu ». À Paphos, il s’en est donc tenu à cette ligne, soulignant l’ancienneté de l’Église locale, son rôle de « pont entre l’Est et l’Ouest », sa place dans « la communion réelle, bien qu’imparfaite, qui nous unit déjà et qui nous pousse à surmonter nos divisions et à œuvrer pour restaurer l’unité pleine et visible qui est la volonté du Seigneur pour tous ses disciples. »

    Une réponse en deçà des attentes des orthodoxes chypriotes, même si Benoît XVI, au moment de quitter l’île a pris soin de souligner combien il avait été « profondément ému » d’apprendre « la perte d’une part significative d’un héritage culturel qui appartient à toute l’humanité » et d’entendre « des Chypriotes du nord qui souhaitent retourner en paix dans leurs maisons et leurs lieux de culte »…

    "Nicosie, dernière capitale européenne divisée"

    Le soir, de ses fenêtres, depuis la nonciature apostolique située au cœur du no man’s land administré par les casques bleus entre les deux parties de Chypre, le pape a pu méditer sur cette blessure qui traverse ici, non pas seulement le cœur des hommes mais aussi la terre. Sous ses yeux, une église arménienne désaffectée et deux minarets qui furent clochers, témoins des centaines d’églises de la partie nord transformées en musées, hôtels, casernes ou entrepôts.

    Samedi 5 juin, même tonalité : alors que le président chypriote Demetris Christofias, recevant le pape à sa résidence, lui rappelait les souffrances de son peuple, « Nicosie restant la dernière capitale européenne divisée », Benoît XVI lui a répondu par une modeste réflexion de morale politique.

    Peu après, s’adressant à la communauté catholique à l’école Saint-Maron, après que Mgr Joseph Soueif, archevêque des maronites, lui a, lui aussi, détaillé les spoliations dont est victime sa communauté depuis la séparation de l’île, Benoît XVI a répondu : « Ce n’est que par un patient travail que la confiance mutuelle peut être bâtie, le fardeau de l’histoire dépassé et les différences politiques et culturelles entre les peuples devenir une raison pour travailler à une compréhension plus profonde. » Tout juste a-t-il cité, au dernier moment, les quatre villages maronites désormais abandonnés et interdits d’accès par l’occupant turc.

    Accent discordant

    Le point fort œcuménique de ce voyage fut sans doute la visite du pape à l’archevêché orthodoxe de Nicosie. Manquait à l’appel le métropolite Athanase de Limassol, déjà excusé la veille à Paphos.

    Nonobstant cet accent discordant, alors qu’il se trouvait sous les voûtes émouvantes de la cathédrale orthodoxe intégralement peintes « à fresques » au XVIIIe siècle, Benoît XVI l’a affirmé : « Les communautés chrétiennes de Chypre peuvent devenir un espace très propice à la coopération œcuménique. »

    Pour cela, le pape a souhaité que « tous les habitants de Chypre aient la sagesse et la force nécessaires pour travailler ensemble à un juste règlement des problèmes restés jusque-là sans solution, pour rechercher la paix et la réconciliation ». Au dehors, un muezzin lançait son appel à la prière.

    Paroles d’encouragement en forme de programme

    La matinée du dimanche 6 juin fut consacrée à une étape essentielle de la future assemblée spéciale du Synode des évêques pour le Moyen-Orient : la remise par le pape, devant 10 000 fidèles venus de toute la région, du document de travail qui lui servira de base.

    En quelques mots précis, Benoît XVI prodigue des paroles d’encouragement en forme de programme : « Vous contribuez d’innombrables manières au bien commun, par exemple par l’éducation, le soin des malades et l’assistance sociale, et vous travaillez à la construction de la société. Vous désirez vivre en paix et en harmonie avec vos voisins juifs et musulmans. Souvent, vous agissez en artisans de paix dans le difficile processus de conciliation. Vous méritez la reconnaissance pour le rôle inestimable que vous remplissez. C’est mon sérieux espoir que tous vos droits soient de plus en plus respectés, y compris le droit à la liberté de culte et à la liberté religieuse, et que vous ne souffriez plus jamais de discrimination d’aucune sorte. »

    Mais surtout : « Je réitère mon appel personnel en faveur d’un effort international, urgent et concerté, pour résoudre les tensions actuelles au Moyen-Orient, spécialement en Terre sainte, avant que de tels conflits ne conduisent à de plus grandes tragédies. »

    "Une ligne de présence calme"

    Si, comme l’a confié le fondateur de Sant’Egidio, Andrea Riccardi, présent à Chypre, Benoît XVI a « choisi une ligne de présence calme », sa seule venue est déjà « un geste diplomatique fort » alors qu’« aucun chef d’État ne vient, ni aucune personnalité parce que personne ne veut s’embarrasser avec la Turquie »…

    C’est enfin avec un appel à l’œcuménisme que le pape a souhaité conclure son voyage à Chypre, inscrivant – lors de son discours d’adieu à l’aéroport – explicitement son dialogue avec les orthodoxes dans les pas de Paul VI et Athénagoras lors de leur célèbre rencontre en 1964 : « J’espère que ma visite, ici à Chypre, sera vue comme un autre pas du parcours initié avant nous à Jérusalem, par l’accolade entre le regretté patriarche Athénagoras et mon vénéré prédécesseur le pape Paul VI. Ces premiers pas prophétiques nous indiquent le chemin que nous devons aussi emprunter. »

    À quelques kilomètres de là, de l’autre côté de la ligne verte, la Turquie a sculpté la montagne, en grand format, à la forme et aux couleurs de son drapeau. Pour que nul n’ignore, côté grec, la blessure chypriote.

    Frédéric MOUNIER, à Nicosie (Chypre)

    Source http://www.la-croix.com

     

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    « Ce n’est pas parce que l’on est prêtre que l’on n’a pas de sexualité »



    L’engagement au célibat, « dans une société très érotisée », ne va pas de soi


    (Photo : Matthieu ZAZZO/CIRIC)

    ENTRETIEN
    P. Luc Crepy
    Supérieur du séminaire d’Orléans (1)

    La Croix : Comment prépare-t-on les futurs prêtres à une vie affective sans relations sexuelles ?

    P. Luc Crepy : En préalable, il faut préciser que la sexualité ne se limite pas à sa dimension génitale, tout comme la vie affective est plus large que la vie sexuelle. Même si ce domaine est évidemment important.

    De plus, au séminaire, on ne va pas s’intéresser seulement à cette dimension particulière du futur prêtre, aussi importante soit-elle, mais on va chercher à promouvoir un développement intégral, en tenant compte de l’ensemble de la formation humaine.


    Cela étant posé, pour répondre à votre question, cela se prépare de plusieurs manières. D’abord, et Jean-Paul II l’a bien rappelé dans
    sa lettre postsynodale Pastores dabo vobis sur la formation des prêtres, par une attention à la vie en communauté. Pour l’équilibre affectif, la vie relationnelle est un bon lieu de discernement.

    Ensuite, il faut susciter la réflexion et la discussion autour de la sexualité. Dès la première année, nous proposons une session avec des psychologues, et nous réfléchissons à partir des données des sciences humaines.


    Troisième élément, le terrain pastoral, là où le futur prêtre fait ses premières armes, lors de stages, de confrontation à toute sorte des personnes. Parfois, ce qui se passe sur le terrain révèle des fragilités dont on n’avait pas pris garde. Inversement, un futur prêtre peut ne pas très bien vivre la dimension communautaire du séminaire, et au contraire se révéler comme pasteur, sur le terrain.


    Enfin, l’accompagnement spirituel est évidemment essentiel. Il s’agit d’unifier sa vie, d’y intégrer toutes ses dimensions.

    Il y a quand même un renoncement à consentir ?

    Oui, il y a renoncement à l’expression génitale de la sexualité. Ce n’est pas facile, d’autant plus qu’aujourd’hui, compte tenu de l’âge moyen d’entrée au séminaire (28 ans), certains séminaristes ont eu des expériences sexuelles, voir de vie de couple, avant d’entrer au séminaire.

    Nous devons réfléchir avec eux à comment gérer ce renoncement à partir de cette « mémoire du corps ». Mais ceci n’est pas propre aux séminaristes, car dans un couple aussi il faut travailler à un certain renoncement : la fidélité demande de renoncer à des relations sexuelles autres. Il est bon de ne pas faire du renoncement des futurs prêtres quelque chose de marginal, d’exceptionnel.


    Il existe aussi des célibataires, dans notre société, qui ne réduisent pas la vie affective et sexuelle à sa dimension génitale, refusent une relation qui ne serait pas une relation dans la durée. Notre société accorde un primat à la relation sexuelle.


    Mais l’Église envisage, elle, la relation sexuelle dans un engagement vis-à-vis de l’autre qui nécessite une certaine maturité affective. Pour que cela ait du sens, l’apprentissage d’un certain renoncement est nécessaire.

    Comment est envisagée la question du célibat au séminaire ?

    Soyons clairs : on n’entre pas au séminaire simplement pour être célibataire ! Le célibat prend sens dans quelque chose de plus large, le service de l’Église, l’amour du Christ. Comment ce célibat s’inscrit-il dans un projet de vie globale ? Si ce célibat est considéré comme un boulet à traîner, cela ne marchera pas.

    La question à poser est finalement celle-ci : dans ce désir de devenir prêtre, comment le célibat et le renoncement qu’il implique s’intègrent-ils et prennent-ils du sens dans le projet de devenir prêtre ? Encore une fois, ce n’est pas parce que l’on est prêtre que l’on n’a pas de sexualité ! Mais c’est un choix de vivre et de donner sens à sa sexualité dans un projet qui la dépasse sans la nier.


    Ce qui est en jeu, c’est de vivre sa sexualité d’une manière libérante : il y a, dans le choix du célibat, une dimension de liberté. Mais attention, la sexualité, pour un célibataire comme pour un couple, est un équilibre qui est toujours à construire, tout au long de sa vie.

    En quoi cet engagement au célibat est-il plus difficile aujourd’hui ?

    Chaque époque retravaille la question de la sexualité. Elle n’est pas une question, comme on le croit trop souvent, uniquement intime et personnelle. Elle est portée par une culture. Il est vrai que dans une société très érotisée, valorisant la génitalité au détriment d’une sexualité plus large, cela ne va pas de soi. On est surtout dans une immédiateté au détriment de l’harmonie sexuelle sur le long terme. Je crois que justement, la sexualité est un des lieux les plus intéressants mais difficile pour exercer sa propre liberté.

    Après le séminaire, comment l’Église assure-t-elle un accompagnement de cette dimension affective ?

    Cela n’est pas très facile. Les premières années de prêtrise peuvent être rudes. La vie au séminaire est, pour certains, un milieu très protégé, parfois même un cocon ; et lorsqu’un séminariste est en paroisse, il est souvent très entouré, car chacun s’émerveille de son engagement. Mais ensuite, il faut retomber dans une réalité plus dure, souvent plus seule.

    Nous poussons beaucoup les jeunes prêtres à faire partie d’une équipe de vie : un groupe de prêtres de leur génération, qui se retrouvent régulièrement pour partager ce qu’ils vivent. Beaucoup de diocèses mettent aussi en place des accompagnements pour les jeunes prêtres. J’invite aussi toujours les prêtres à prévoir un accompagnement spirituel.


    Je crois aussi que c’est, sur le terrain, aux laïcs et aussi aux autres prêtres de veiller sur les plus jeunes, la fraternité sacerdotale ne doit pas être seulement un mot.


    D’une manière générale, il est important de permettre aux jeunes prêtres d’avoir dans leur diocèse des interlocuteurs privilégiés avec qui ils puissent faire régulièrement le point. Une rencontre entre l’évêque et chaque jeune prêtre au bout d’un an d’ordination peut être opportune, ainsi qu’une attention régulière du vicaire épiscopal.


    Tout ceci est sans doute nécessaire pour que les jeunes prêtres, face aux difficultés inhérentes aux premières années de ministère, ne restent pas seuls.


    Recueilli par Isabelle de GAULMYN


    (1) Co-auteur de La Sexualité… Tout simplement, avec Marie-Noëlle Fabre. (L’Atelier, 159 p., 16€).
    Source http://www.la-croix.com

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  • Une nouvelle sainte franciscaine séculière !!!!!!!!!!!!

    La bienheureuse Teresa Manganiello, disciple de François d’Assise
    Allocution du pape lors de la prière du Regina caeli (2)

    http://www.missiomariae.com/images/catalogo/nostri_modelli/NM_Teresa_Manganiello.jpgROME, Dimanche 23 mai 2010 (ZENIT.org) - Teresa Manganiello, une laïque italienne, du Tiers Ordre franciscain a été béatifiée aujourd'hui à Bénévent : Benoît XVI a souligné, après la prière du Regina Caeli, comment elle avait été une vraie disciple de saint François d'Assise.

     

    « Née à Montefusco, onzième enfant d'une famille de paysans, elle a eu une vie simple et humble, entre les tâches ménagères et l'engagement spirituel dans l'église des Capucins », a rappelé le pape.

    Benoît XVI a résumé ainsi sa spiritualité : « Comme saint François d'Assise, elle cherchait à imiter Jésus Christ en offrant ses souffrances et ses pénitences pour réparer les péchés et elle était pleine d'amour pour son prochain : elle se dépensait pour tous, spécialement les pauvres et les malades ».

     

    « Toujours souriante et douce elle est partie au ciel à seulement 27 ans, où son cœur habitait déjà. Rendons grâce à Dieu pour ce lumineux témoin de l'Evangile », a invité le pape.

    Teresa Manganiello (1849 - 1876) est en effet morte de tuberculose. Sa vie a inspiré les Franciscaines de l'Immaculée, appelées aussi « Immacolatines » fondées à Pietradefusi en 1881 par le capucin italien Ludovico Acernese. Elles la considéraient comme une « pierre angulaire ».

     

    C'est la Supérieure générale des Franciscaines de l'Immaculée, Mère Mariangela Santedicola, qui avait remis au pape Jean-Paul II, le 18 juin 2000, une requête pour la reconnaissance des vertus héroïques de leur inspiratrice.

     

    C'est Benoît XVI qui a reconnu ces vertus héroïques, en juillet 2009, et qui a reconnu un miracle comme dû à l'intercession en même temps que les vertus héroïques de Jean-Paul II, en décembre 2009.

     

    Anita S. Bourdin


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