• Le concile Vatican II n’est pas terminé


    «La Croix» et «Études» organisaient mercredi 19 mai, à Rome, une soirée sur « Vatican II, hier et aujourd’hui », avec le cardinal Georges Cottier, théologien émérite de la Maison pontificale, et le théologien jésuite Christoph Theobald

     Cardinal cottier
    http://www.laprocure.com/cache/macarons/Christoph-Theobald.jpg

    Affluence record, mercredi soir 19 mai, à la Villa Bonaparte, ambassade de France près le Saint-Siège, pour une soirée au titre apparemment ordinaire « Vatican II, hier et aujourd’hui ». Mais avec, en arrière-plan, des enjeux essentiels pour l’Église catholique et son avenir.

    Avec
    La Croix, représentée par son rédacteur en chef religieux, le P. Dominique Greiner, et la revue jésuite Études et son rédacteur en chef, le P. Pierre de Charentenay, il s’agissait de s’interroger : comment la différence chrétienne peut-elle, doit-elle, se faire entendre dans la modernité ? Faut-il comprendre le concile Vatican II selon une logique de continuité ou de rupture ?

    Pour ouvrir le débat, le P. Christoph Theobald, jésuite, directeur de la revue
    Recherches de science religieuse, a proposé une clé. Il existe, selon les textes mêmes de Vatican II, deux manières juxtaposées de faire valoir la différence chrétienne, explique-t-il : soit maintenir une culture proprement catholique défensive face à la société, soit inscrire cette différence au sein de la modernité.

    «Comment l’Église peut-elle participer à instruire le dossier sur l’humain ?»

    Le premier modèle est intransigeant, intégral et utopique, tandis que le second, reconnaissant que la dignité humaine est un fruit de l’Évangile, se risque à accepter la croix plutôt que d’imposer la vérité, et veut se mettre au service de l’espérance élémentaire de toute l’humanité.

    Fort de son expérience (il participa au Concile), il restait alors au cardinal dominicain Georges Cottier à rappeler « comment le Concile s’est structuré de l’intérieur, cherchant lui-même son principe d’unité ».


    « L’Église prenant alors conscience d’elle-même », selon le mot du cardinal Montini, futur Paul VI, le cardinal Cottier a expliqué, avec sa bonhomie tranquille, comment le Concile « a mûri de l’intérieur », dans une pluralité de tendances, de débats.


    Déplorant un « colossal oubli », une perte massive de la mémoire, il a acquiescé lorsque le P. Theobald, confirmant les dangers du relativisme (« Si tout est vrai, c’est que rien n’est vrai »), a posé la question essentielle : « Comment l’Église peut-elle participer, aujourd’hui, à instruire le dossier sur l’humain ? » Les participants, une centaine, sont repartis avec cette question à méditer.

    Frédéric MOUNIER

    source http://www.la-croix.com


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  • Un visage africain pour l'Eglise au Ghana
    Interview de l’archevêque de Accra

    http://www.camerounlink.net/newspics/44484b.gifROME, Dimanche 16 mai 2010 (ZENIT.org) - L'Eglise catholique du Ghana, qui a un peu plus de 125 ans, est en train d'opérer la transition entre une Eglise missionnaire et une Eglise véritablement ghanéenne, qui utilise les langues locales pour la Bible et le culte. Ce processus est déjà bien engagé, mais il reste encore de nombreux défis à affronter.

    Dans cette interview accordée à l'émission de télévision « Là où Dieu pleure » du Catholic Radio and Television Network (CRTN) en coopération avec l'Aide à l'Eglise en détresse (AED), Mgr Gabriel Palmer-Buckle, archevêque de Accra, au Ghana, considère les progrès réalisés et le travail qui reste à faire.

    Q : Votre Excellence, le refrain des missionnaires était : « L'Afrique doit être évangélisée par les Africains ». Est-ce le cas aujourd'hui, au Ghana ?

    Mgr Palmer-Buckle : En fait, c'est le pape Paul VI qui, un jour de 1969, lors de la création du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar, comme nous l'appelons, a déclaré : « Vous pouvez et devez avoir un christianisme africain ».

    Q : Et c'est ce qui se passe au Ghana ?

    Mgr Palmer-Buckle : En grande partie oui, tout à fait. Nous avons aujourd'hui 19 diocèses au Ghana, et tous les évêques sont ghanéens. Il y a, en effet, des diocèses au Ghana qui, depuis quatre générations, ont un évêque ghanéen. Le dernier évêque étranger a quitté les côtes du Ghana au début, je crois, des années 70.

    Q : Quelle a été l'importance de ces premiers missionnaires pour l'Eglise du Ghana ?

    Mgr Palmer-Buckle : Nous devons rendre grâces à Dieu pour eux. Les pères de la Société des missions africaines (SMA) ont commencé à œuvrer en 1880. Ils ont été les premiers à arriver dans le sud, à Elmina près de Cape Coast, sur la côte, et ont amorcé une évangélisation progressive le long de la côte, jusqu'au nord.

    Q : Au prix sans doute de grandes souffrances physiques... je veux dire par là, pour ces Européens qui débarquaient au Ghana, non ?

    Mgr Palmer-Buckle : Effectivement, le Ghana était alors appelé le « cimetière de l'homme blanc », car beaucoup mouraient du paludisme dans les six à huit semaines suivant leur arrivée dans le pays. Mais nous devons rendre grâces à Dieu pour leur ténacité, leur persévérance ... Les missionnaires continuaient à affluer. Les hommes sont venus, les femmes sont venues, les Sœurs de Notre-Dame des apôtres, la branche féminine de la SMA. Elles sont arrivées aussi en 1882 et ont accompagné les missionnaires, pour évangéliser progressivement le sud du pays. Au nord, il y avait les SMA qui, descendues à l'époque de Ouagadougou (Haute-Volta, actuellement le Burkina Faso), s'étaient établies en 1906 à Navrongo, pour commencer l'évangélisation de la partie nord et, petit à petit, descendre dans la région centrale du pays. Aujourd'hui, selon les statistiques du Ghana, il doit y avoir quelque 1 400 prêtres, dont environ un millier sont Ghanéens, natifs du pays.

    Q : Une bonne base donc ?

    Mgr Palmer-Buckle : Excellente. Nous avons environ 800 sœurs religieuses, dont la moitié ou plus sont ghanéennes. Nous avons quelque 600 frères religieux, dont plus de la moitié sont également ghanéens.

    Q : Il y a donc une grande espérance pour l'Eglise locale ?

    Mgr Palmer-Buckle : Oui, une très grande espérance, en fait beaucoup plus de défis du fait des gens ... le pays compte une population de quelque 22 millions d'habitants, dont un peu moins de 20% sont catholiques. Les protestants - anglicans, méthodistes, presbytériens, baptistes et autres - représentent environ 18% de la population, légèrement plus que les catholiques  ; les musulmans environ 16%, les pentecôtistes sont encore plus nombreux aujourd'hui. Or ils ne sont arrivés qu'en 1929.

    Q : Mais ils progressent très vite ?

    Mgr Palmer-Buckle : Très vite ; ils représentent aujourd'hui 24% de la population. Ainsi le Ghana peut se vanter de compter 68% de population chrétienne.

    Q : Le peuple ghanéen a un grand amour pour la Parole de Dieu. On sait que si quelqu'un vient au marché et se met à prêcher, tous s'arrêteront pour l'écouter parce qu'il s'agit de la Parole de Dieu. D'où leur vient cet amour pour la Parole de Dieu ?

    Mgr Palmer-Buckle : La Parole de Dieu, ils ne la prêchent pas seulement, vous la trouverez même sur les véhicules ; vous verrez écrit sur les voitures des versets de l'Exode 14 :14 ou Matthieu 7 :7 : « Demandez et vous recevrez », et les gens connaissent parfaitement les Ecritures. Je voudrais dire que nous devons beaucoup aux Eglises protestantes, et en particulier aux pentecôtistes, pour avoir contribué à renforcer l'amour de la Parole de Dieu, des Ecritures, de la Bible  ; mais j'ajoute aussi que nous œuvrons ensemble dans un cadre oecuménique. Par exemple : l'année dernière, quand le Ghana a célébré le 50e anniversaire de l'indépendance du pays, un des projets du Conseil chrétien et de la Conférence des évêques du Ghana avait pour objectif de distribuer un million de Bibles aux jeunes des écoles secondaires. Nous en avons déjà distribué environ 250 000 - pas seulement l'Eglise catholique, [mais] toute la famille chrétienne, et nous continuons à en distribuer d'autres, car les gens aiment lire les Ecritures. Ils aiment se référer à la Bible.

    Q : Le Ghana n'est pas que chrétien, il y a encore beaucoup de religions traditionnelles. Quelles sont les différentes expressions des religions traditionnelles présentes, aujourd'hui encore, dans le pays ?

    Mgr Palmer-Buckle : D'après notre dernier recensement, qui a eu lieu en l'an 2000, seulement 8% environ de la population adhèrent encore fermement à la religion traditionnelle.

    Q : La religion animiste ? De quel type de religion s'agit-il ?

    Mgr Palmer-Buckle : Bien, le mot « animisme » n'est guère plus utilisé, puisque animisme signifie croyance en des esprits. Nous croyons en l'Esprit Saint, mais sommes-nous animistes ? La différence est qu'ils croient que la forêt a un esprit, les eaux ont des esprits, les rochers ont des esprits ; vous savez, toute la création a un esprit, et ils vivent encore avec ces choses. Et ce que nous admirons en eux, c'est leur respect de la création, leur respect de l'écologie pour laquelle, malheureusement nous chrétiens n'avons qu'un intérêt mitigé, et c'est regrettable. Aussi, c'est un aspect sur lequel nous nous penchons maintenant : la protection de la Création, la préservation de l'environnement, que nous avons appris d'eux. Nous mettons l'accent sur cet aspect, et il semble y avoir une bonne résonance avec la religion traditionnelle.

    Une autre chose que nous devons leur reconnaître, c'est qu'ils ont maintenu notre structure de gouvernement et d'organisation traditionnelle : la plupart de nos chefs célèbrent des rituels, qui cadrent avec leur culture religieuse, et qu'il ont conservés. Ils ont préservé l'unité de la famille, le respect dans la famille entre père, mère, parents et enfants ; ils ont maintenu beaucoup de cela, et nous commençons à voir que le christianisme, à un moment donné, a mis davantage l'accent sur le salut individuel, et moins sur la perspective communautaire, sociale, de la communauté dans l'histoire du salut. Nous apprenons également cela d'eux, et nous nous concentrons sur cet aspect.

    Q : Devenir chrétien signifie parfois devoir abandonner un ou plusieurs de ces aspects traditionnels. Où et comment l'Eglise essaie-t-elle de trouver un équilibre sur ce point ?

    Mgr Palmer-Buckle : Nous avons dû admettre que, depuis plus ou moins 1880 jusqu'à Vatican II, la mentalité était que tout ce qui était traditionnel était païen, démoniaque, et n'était pas bien. Grâce à Vatican II, l'Eglise nous a permis d'apprécier les valeurs dans notre culture. Nous commençons maintenant à réaliser qu'il y a de nombreuses similitudes, par exemple, avec les rites de notre peuple. Je viens de Accra ; ils ont un rite qui consiste à porter le nouveau-né à l'extérieur pour l'exposer. Ils l'exposent le huitième jour...

    Q : Qu'est-ce que cela signifie ?

    Mgr Palmer-Buckle : Cela signifie lui donner un nom. On porte l'enfant à l'extérieur et on le présente à la communauté. On lui donne un nom, généralement celui de l'un ou l'autre ancêtre qui a mené une bonne vie, car on croit que l'ancêtre protègera l'enfant. Celui-ci devient ainsi la propriété non plus de son ou ses parents seulement, mais de la tribu tout entière, et la tribu assume la responsabilité de l'enfant. C'est un beau rite. En effet, j'ai fait ma thèse de doctorat sur ce thème, pour montrer la similitude avec notre baptême, par lequel un enfant naît à nouveau dans la famille de Dieu, et on lui donne alors le nom, qui l'identifie dans le christianisme.

    Q : Alors, le baptême est intégré dans le rituel traditionnel ?

    Mgr Palmer-Buckle : Dans beaucoup d'endroits, ils le font : le rituel traditionnel a lieu très tôt le matin, parce qu'il doit être célébré avant le lever du soleil, et ensuite on fait le baptême, dans l'après-midi du samedi.

    Q : Il y a des éléments de la religion traditionnelle que l'Eglise doit corriger, comme la polygamie. Quelle est l'attitude de l'Eglise par rapport aux coutumes locales et traditionnelles dans ces cas ?

    Mgr Palmer-Buckle : Pas seulement la polygamie, nous avons aussi des rites très violents liés au veuvage et autres que nous essayons de traiter...

    Q : Pourriez-vous nous donner des exemples ?

    Mgr Palmer-Buckle : Quand le mari mourait, sa femme était maltraitée, et soumise parfois à des formes de cruauté, chassée même de sa maison dans certains cas...

    Q : Parce qu'on pensait que, d'une façon ou d'une autre, elle était responsable de la mort de son mari ?

    Mgr Palmer-Buckle : Dans certains cas, effectivement, on le pensait, par ignorance ; d'autres fois, il s'agissait d'une sorte de thérapie de choc pour aider la femme à surmonter la douleur de perdre son mari. Il y a là des aspects très positifs et d'autres négatifs - du fait de la faiblesse humaine, les aspects négatifs ont éclipsé parfois les positifs, dans la polygamie par exemple. Quand un homme a été marié à deux ou trois femmes et a des enfants, ils travaillent tous à la ferme avec lui. Ils ont acquis le bien ensemble. Les enfants font plus ou moins partie de la main d'œuvre. Or, la difficulté du christianisme est de devoir dire à l'homme : chasse deux de tes femmes, chasse tes enfants...

    Q : Que faire ?

    Mgr Palmer-Buckle : Que faire ? Peut-être ce que fit Abraham, dans le Livre de la Genèse, qui chassa Hagar et son fils Ismaël. Si on regarde en arrière aujourd'hui, force est d'admettre que certains des problèmes actuels remontent à ceux qui ont leur origine en Isaac et en Ismaël. C'est très triste. Nous dans l'Eglise, nous savons comment traiter ce genre de situation particulière.

    Q : Concrètement, un homme vient vous trouver : « Je veux devenir chrétien, Je veux devenir baptiste, je suis dans une situation de polygamie, j'ai quatre femmes ». Quelle est la réponse de l'Eglise dans ce genre de situation ?

    Mgr Palmer-Buckle : Officiellement, nous disons ce que dit l'Eglise : un homme, une femme. Normalement, nous conseillons à l'homme de choisir la femme la plus âgée, celle avec qui il est. Mais nous essayons de les aider à prendre soin des enfants et des femmes, sans nécessairement faire valoir ce que nous appelons les devoirs conjugaux qui offensent la moralité chrétienne, dans l'adultère etc. Dans certains cas, la progéniture de ces femmes, et l'homme lui-même, ont reproché à l'Eglise d'avoir ruiné leur système familial, car dans de nombreux endroits, ils cohabitaient pacifiquement : les enfants identifiaient les trois femmes comme étant leurs mères  ; en l'absence de leur père, les femmes s'occupaient de tous les enfants. Une situation idéale, naturellement. Mais d'autres situations étaient tout sauf idéales, avec beaucoup de rivalités entre les mères et leurs enfants, et cela créait beaucoup de souffrance.

    Aussi, ce que nous essayons de faire, c'est de les accompagner dans leur croissance. Une fois qu'ils ont accepté le Christ, vous devez les accompagner pour qu'ils grandissent dans leur foi, et à mesure qu'ils grandissent dans la connaissance de leur foi, par la grâce de Dieu, ceux qui ont été baptisés renoncent à ce que nous appelons les résidus condamnables du péché, par exemple, de la polygamie ou des rites de veuvage ou autres, qui ne sont peut-être pas conformes à leur foi catholique ou chrétienne.

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    Propos recueillis par Mark Riedemann, pour l'émission télévisée « La où Dieu pleure », conduite par la Catholic Radio and Television Network (CRTN), en collaboration avec l'association Aide à l'Eglise en Détresse (AED).

    Sur le Net :

    - Aide à l'Eglise en détresse France  
    www.aed-france.org

    - Aide à l'Eglise en détresse Belgique

    www.kerkinnood.be

    - Aide à l'Eglise en détresse Canada  
    www.acn-aed-ca.org

    - Aide à l'Eglise en détresse Suisse 
    www.aide-eglise-en-detresse.ch


    Source www.zenit.org


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  • A Porto, Benoît XVI envoie l'Eglise en mission



    Devant 170 000 fidèles réunis à Porto, Benoît XVI a insisté, vendredi 14 mai, dernier jour de son voyage au Portugal, sur le rôle missionnaire des chrétiens au sein de la société



    Benoît XVI acclamé par la foule des fidèles qui l'attendaient sur l'avenue des Alliés, à Porto, vendredi 14 mai (AP/Gregorio Borgia).

    Au dernier jour de son voyage au Portugal, vendredi 14 mai, Benoît XVI a une nouvelle fois dessiné le rôle et la mission de l'Église dans la société occidentale déchristianisée. Une Église dont il voit, comme il ne cesse de le répéter au fil de ses voyages en Europe, comme une minorité créatrice au sein de la société.

    « Il faut que vous deveniez avec moi des témoins de la résurrection de Jésus. En effet, si vous, vous n’êtes pas ses témoins dans votre milieu de vie, qui le sera à votre place ? », a lancé le pape
    dans son homélie, aux 170 000 fidèles massés sur l'avenue des Alliés, au coeur de Porto.

    « Le chrétien est, dans l’Église et avec l’Église, un missionnaire du Christ envoyé dans le monde », a-t-il martelé, avant d'appeler, un peu plus tard à « vaincre la tentation de nous limiter à ce que nous avons encore, ou que nous estimons avoir, de nôtre et d’assuré : ce serait à terme une mort, quant à la présence de l’Église dans le monde, laquelle, d’ailleurs, ne peut seulement être que missionnaire dans le mouvement d’effusion de l’Esprit ».

    «Nous n’imposons rien, mais nous proposons toujours»

    Envoi en mission donc, avec pour feuille de route le décret conciliaire sur la mission, Ad gentes . Car, explique Benoît XVI, aujourd'hui, le champ de la mission « ne peut être défini seulement sur la base de considérations géographiques ». « Au cours de ces dernières années, a-t-il développé, le cadre anthropologique, culturel, social et religieux de l’humanité a changé : aujourd’hui l’Église est appelée à affronter de nouveaux défis et elle est disposée à dialoguer avec les diverses cultures et les religions, cherchant à construire avec toute personne de bonne volonté la cohabitation pacifique des peuples. »

    Cette mission, le pape la conçoit ainsi avant tout comme un « dialogue » : « Nous n’imposons rien, mais nous proposons toujours », prévient-il, concevant cette proposition de la foi comme un service à rendre à une humanité qui est en attente de Christ, même si elle fait mine de ne pas le demander.


    Et Benoît XVI de regretter une nouvelle fois que l'annonce du Christ, tâche première de l'Eglise, soit parfois mise de côté. « Que de temps perdu, que de travail renvoyé à plus tard sur ce point par inadvertance ! », a-t-il lancé avant d'appeler les fidèles à « renouveler la face de la terre en partant de Dieu, toujours et seulement de Dieu ! ».

    Nicolas SENEZE

    Source http://www.la-croix.com


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  • Au Portugal, Benoît XVI vit la crise de l'Eglise sur un mode spirituel



    Aux premiers jours de son voyage au Portugal, le pape est revenu sur la crise que traverse l'Eglise, et à laquelle il appelle à répondre avec foi et espérance par la pénitence, la purification, la prière et la conversion personnelle


    Benoît XVI salut la foule, mardi 11 mai, à son arrivée pour la messe célébrée Terreiro do Paço, à Lisbonne (AP/Armando Franca).

    Tout se passe comme si, depuis son arrivée au Portugal, Benoit XVI avait décide de reprendre la main. Reprendre la main sur la gestion médiatique de la crise pédophile en affirmant, dès le décollage de Rome, que le péché était présent a l' intérieur de l'Église, que la persécution pouvait aussi venir de l'intérieur.

    Disant cela le pape balaie d'une parole les propos de ceux qui, dans son entourage, ne voyaient dans la crise pédophile qu'un complot animé par les adversaires traditionnels de l'Église. Non, le P. Lombardi l'a bien précise mardi soir face aux journalistes : le pape vit cette crise de façon spirituelle c'est à dire existentielle.

    Elle prend place pour lui dans la longue histoire du christianisme, durant laquelle le bien et le mal ne cessent de s'affronter, à la lumière de l'assurance donnée et vécue par le Christ : la Résurrection. Tel est pour Benoit XVI la lecture la plus juste des secrets de Fatima : face au mal seuls comptent la pénitence, la purification, la prière, la conversion personnelle, sans oublier les trois vertus théologales la foi, l'espérance et la charité.

    Des centaines de milliers de fidèles attendus à Fatima

    Peut etre, le pape s'est-il senti, mardi, liberé du poids nauséabond des incompréhensions ? Toujours est-il que, durant sa premiere journée au Portugal, son regard pétillait, ses gestes manifestaient ecoute et chaleur. Les Portugais l'ont saisi qui n'ont pas hésite a l'interrompre a plusieurs reprises durant son homélie, créant une sorte de dialogue que le pape a visiblement apprecié.

    Face au Tage, dans le cadre grandiose de la place Terreiro de Paco, dans une liturgie aussi simple que belle, balayée par le souffle de l'Atlantique, le dialogue entre un pape porteur de la Tradition vivante de l'Église et un peuple travaillé par les forces de la sécularisation pouvait commencer.

    C'était le sens, mercredi matin 12 mai, du discours attendu au monde de la culture. Le pape a mis temporairement de côté les trois F du Portugal (football, fado et Fatima) pour s'adresser au monde de la culture rassemblé au magnifique Centre culturel Belem, au bord du Tage. Très longuement ovationné par quelques 3000 représentants du monde académique, des médias, mais aussi de l'économie et de la politique, il s'est situé dans la lignée de son discours parisien des Bernardins, ou le 21 novembre 2009 à la Chapelle sixtine devant 300 artistes du monde entier ou encore à Prague, en septembre 2009 devant l'université Charles.

    Une position modeste et dialoguante

    A partir de ces lieux marques par une culture chrétienne très ancienne, le pape choisit de dessiner les contours des défis de la modernité. Pour cela, il lui importe d'abord d'identifier clairement les sources et les racines de sa parole. Pour le Portugal : "L'idéal chrétien de l'universalité et de la fraternité avait inspiré cette aventure commune également marquée par les influences des Lumieres et du laïcisme". Mais "aujourd'hui l'élan de la société absolutise le présent, le détachant du patrimoine culturel du passé et sans l'intention de tracer les contours d'un avenir".

    Et le pape insiste : "Pour une société formée en majeure partie de catholiques et dont la culture a été profondement marquée par le christianisme, la tentative de chercher la verite en dehors deJesus Christ s'avère dramatique."

    Une fois posé ce constat, sévère mais peut-être juste, Benoît XVI adopte alors une position modeste et dialoguante. "L'existence dans l'Église de sa ferme adhésion au caractère pérenne de la vérité avec le repect pour les autre vérités ou avec la vérité des autres est un apprentissage que l'Église elle même est en train de faire".

    Identifier les creux de la modernité pour proposer une nouvelle sagesse

    Le "pauvre vicaire du Christ" tel que s'était défini mardi soir le pape devant les jeunes venus lui souhaiter une bonne nuit a la nonciature, se situe alors clairement dans le sillage de Vatican II.

    "C’est justement dans le but de "mettre le monde moderne en contact avec les énergies vivifiantes et pérennes de l’Évangile" (Jean XXIII, Const. Ap. Humanae salutis, n.3), qu’a eu lieu le Concile Vatican II, au cours duquel l'Église, partant d’un conscience renouvelée de la tradition catholique, prend au sérieux et discerne, transfigure et dépasse les critiques qui sont à la base des courants qui ont caractérisé la modernité, c’est-à-dire la Réforme et les Lumières. Ainsi, d’elle-même, l'Église accueille et régénère le meilleur des exigences de la modernité, d’une part en les assumant et en les dépassant et d’autre part en évitant ses erreurs et les chemins sans issues. L’événement conciliaire a posé les prémisses d’un authentique renouveau catholique et d’une nouvelle civilisation - la "civilisation de l’amour" - comme service évangélique à l’homme et à la société."

    A en juger par la réaction a la sortie des auditeurs "navigateurs du Bien, de la Vérité et de la Beauté" , comme le pape les a appelés, cette volonté d'identifier les creux de la modernité pour proposer une nouvelle sagesse pourrait bien interesser, notamment les jeunes générations portugaises.

    Destination maintenant Fatima, pour la grande rencontre, à partir de mercredi soir, avec le peuple de l'Église. On y attend plusieurs centaines de milliers de fidèles.

    Frédéric MOUNIER, à Lisbonne

    source http://www.la-croix.com


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  • Les ennemis de l’Eglise ? Le péché, à l’intérieur, déplore le pape
    Conférence de presse dans l’avion pour Lisbonne

    http://www.famillechretienne.fr/data/imgs/articles/benoit-xvi_126285614950849800.jpgROME, Mardi 11 mai 2010 (ZENIT.org) - Pour Benoît XVI, la grande persécution contre l'Eglise ne vient pas d'ennemis extérieurs, mais du péché, à l'intérieur, qui se manifeste de façon « terrifiante ». Mais, ajoute le pape, « la bonté de Dieu a toujours le dernier mot dans l'histoire »

    Comme à son habitude lors des voyages internationaux, le pape a répondu aux questions des journalistes, sur l'Airbus 320 de l'Alitalia qui est parti de l'aéroport romain de Fiumicino 8 h 50 ce mardi matin pour arriver à l'aéroport de Lisbonne Portela vers 12 h heures de Rome.

    Pour ce qui est du message de Fatima, du rapport - au-delà de ce qui concerne la vie du pape Jean-Paul II et de l'attentat de 1981 - avec les souffrances de l'Eglise, y compris du fait des scandales de la pédophilie, le pape répond que les attaques « ne viennent pas seulement de l'extérieur ».

     

    « Les souffrances de l'Eglise, a souligné le pape, viennent de l'intérieur même de l'Eglise, du péché qui existe dans l'Eglise. Cela aussi on l'a toujours su, mais nous le voyons aujourd'hui de façon réellement terrifiante : la plus grande persécution contre l'Eglise ne vient pas d'ennemis du dehors, mais elle naît du péché dans l'Eglise, et l'Eglise a donc un profond besoin de ré-apprendre la pénitence, d'accepter la purification, d'apprendre d'une part le pardon mais aussi la nécessité de la justice. Le pardon ne remplace pas la justice ».

     

    Le pape ajoute : « Nous devons nous rappeler que le Seigneur est plus fort que le mal et la Vierge est pour nous la garantie visible, maternelle, de la bonté de Dieu, qui a toujours le dernier mot dans l'histoire ».

    En ce qui concerne la réalité de la sécularisation dans la société portugaise, naguère profondément catholique, le pape reconnaît tout d'abord les siècles de « foi courageuse, intelligente et créative » dont le Portugal a témoigné même au loin, comme au Brésil.

    Il a aussi fait observer que la « dialectique entre foi et sécularisation » n'est pas nouvelle au Portugal, mais il souligne que nombreux ont été ceux qui ont voulu créer des « ponts », « créer un dialogue », entre les deux pôles et que cette tâche est encore très actuelle.

     

    « Je pense, a précisé le pape, que justement la tâche, la mission de l'Europe dans cette situation est de trouver ce dialogue, d'intégrer foi et rationalité moderne dans une unique vision anthropologique qui complète l'être humain et rend aussi les cultures humaines communicables. La présence de la sécularisation est une chose normale, mais la séparation, l'opposition entre sécularisation et culture de la foi est anormale, et doit être surmontée. Le grand défi de notre temps est la rencontre des deux, de façon à ce qu'elles trouvent leur vraie identité. C'est une mission de l'Europe et une nécessité humaine dans notre histoire ».

     

    Enfin, pour ce qui est de la crise économique - avec le danger récent que la crise grecque contamine aussi le Portugal - le pape Benoît XVI a reconnu que « souvent » par le passé, la foi catholique a relégué les questions économiques dans le domaine du « salut individuel ».

    Or, le pape a mis en évidence l'importance de l'enseignement social de l'Eglise qui demande d'élargir l'aspect éthique et de la foi au-delà de l'individu, à la « responsabilité du monde », à une « rationalité informée par l'éthique ».

     

    Pour ce qui est des turbulences du marché des deux ou trois dernières années, le pape y voit la « démonstration que la dimension éthique est interne à l'économie et doit par conséquent entrer dans les choix économiques ». C'est ainsi, que l'Europe, a conclu le pape, « réalise sa mission ».

    Anita S. Bourdin

    Source www.zenit.org

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  • Le pape arrive dans un Portugal où l'Eglise perd de son influence



    Plusieurs lois sur le divorce, la procréation médicalement assistée, l’avortement, le mariage homosexuel ont été récemment votées au Portugal. Ce qui n’empêche pas l’Église d’entretenir de bonnes relations avec le monde politique


    Procession de la satue de la Vierge, le 13 mai 2009 à Fatima (Portugal), pour le 91e anniversaire des apparitions (AFP/ FRANCISCO LEONG).

    Simple coïncidence ? Il n’est pas anodin que Benoît XVI ait choisi de se rendre au Portugal l’année même où le pays célèbre le centenaire de la République (la monarchie a été renversée le 5 octobre 1910) et la séparation de l’Église et de l’État (avec confiscation des biens de l’Église, qui ont été rendus en 1940).


    Les relations entre l’Église et l’État portugais peuvent en effet sembler difficiles après les votes successifs de lois contraires à l’anthropologie chrétienne et à l’enseignement de l’Église : légalisation du divorce pour tous en 2005 (jusque-là, le divorce des couples mariés à l’Église n’était pas reconnu) ; autorisation sans restriction des procréations médicalement assistées en 2006 ; assouplissement de la législation de l’avortement en 2007 (autorisé depuis 1984 dans certains cas strictement encadrés) ; reconnaissance du mariage entre personnes du même sexe en 2010…


    Débattue depuis plusieurs mois, cette dernière loi devrait être définitivement entérinée fin mai, « après la visite du pape », souligne Isabel Texeira da Mota, journaliste politique à
    Jornal de Noticias qui a provisoirement quitté son travail pour devenir porte-parole de la Coordenação-geral da visita de Bento XVI 2010, mise en place pour la venue de Benoît XVI au Portugal du 11 au 14 mai. Selon cette jeune femme, membre du Chemin néocatéchuménal, « l’influence de l’Église dans la vie sociale a nettement diminué depuis une quarantaine d’années ».

    L’écart s'est creusé entre un Sud déchristianisé et un Nord plus rural

    Certains datent cette perte d’influence de la « Révolution des œillets » de 1974, encore très présente dans les esprits (pour connaître l’orientation politique d’un Portugais, rien de tel que de lui demander « ce qu’il a fait le 25 avril »).

    En réalité, l’Église n’était guère soutenue par le régime dictatorial de Salazar et bien des activités ecclésiales (scoutisme, université catholique…) n’ont été autorisées qu’après 1974. Mais il est vrai que les femmes ont massivement commencé à travailler à partir de 1974, ce qui, selon Garça Mira Delgado, responsable de la pastorale familiale du diocèse de Lisbonne, a entraîné une rapide augmentation du nombre des divorces, cohabitations et naissances hors mariage, ainsi que des changements dans l’éducation des enfants nés après 1974 : « devenus parents à leur tour, ces “enfants de la Révolution” ne peuvent transmettre les valeurs qu’ils n’ont pas reçues ».


    Et l’écart qui a toujours existé semble se creuser entre un Sud déchristianisé et un Nord plus rural où chaque village célèbre toujours son saint patron.

    L'Église peut se faire entendre en élaborant une «stratégie d’influence»

    Pour d’autres, c’est l’entrée du Portugal dans l’Union européenne en 1986 qui marque le début de ces évolutions. « Les lois récentes ont été votées non pas tant sous la pression des institutions européennes que sous celle de l’idéologie de la modernité », estime pourtant le P. Victor Feytor Pinto, curé de la paroisse de Campo Grande, en plein quartier universitaire de Lisbonne, et consulteur au Conseil pontifical pour la pastorale de la santé.

    Il est très respecté au Portugal pour avoir été sous-secrétaire d’État au ministère de l’éducation (responsable des questions interculturelles) puis haut commissaire pour la lutte contre la drogue (1992-1998) ; il a également travaillé à la commission de révision du concordat en 2004 (pour actualiser celui de 1940).


    Selon le P. Pinto, ce n’est pas en combattant « frontalement » les projets gouvernementaux à partir de sa doctrine que l’Église peut se faire entendre sur ces questions d’éthique et de respect de la vie mais en élaborant une « stratégie d’influence ».

    «La mission de l’Église n’est pas de lutter contre le Parlement»

    C’est en ce sens qu’il commence à réfléchir en vue de la « prochaine étape » législative qui concernera l’euthanasie. « La mission de l’Église n’est pas de lutter contre le Parlement mais d’éclairer les consciences », résume-t-il, avant de se féliciter des bonnes relations qu’Église et État entretiennent au Portugal – à la différence de l’Espagne.

    Garça Mira Delgado, également présidente du Mouvement de défense de la vie (MDV, fondé en 1978 par le P. Pinto), prône ce même dialogue avec le monde politique. Certes, l’actuel gouvernement socialiste a supprimé l’agrément qui permettait aux formateurs du MDV en éducation affective et sexuelle d’être rétribués lors de leurs interventions en établissements scolaires publics et privés. Mais le MDV garde bon espoir de pouvoir récupérer cet agrément car « la nouvelle ministre de l’éducation, Isabel Alçada, est de tradition catholique et ouverte ».


    S’il n’existe ni quotidien ni télévision catholique au Portugal (RTP2, la 2e chaîne de la télévision d’État, diffuse cependant des émissions religieuses quotidiennes et RTP1 retransmet la messe tous les dimanches), la très populaire radio catholique Radio Renascenca arrive en tête des sondages d’audience.

    «Cette venue de Benoît XVI est bien perçue»

    « Nos médias et nos intellectuels en général sont attentifs à ce que dit l’Église », insiste Henrique Leitão, professeur d’histoire des sciences à l’université de Lisbonne, qui mettait la dernière main, la semaine dernière, à une exposition sur les écrits de Benoît XVI à l’occasion de sa venue. Comme d’autres, il attend avec intérêt la rencontre du pape avec le monde de la culture, mercredi matin au centre culturel de Belém où 1 300 invités sont attendus.

    De son côté, l’Université catholique du Portugal organisait un colloque sur « la pensée de Benoît XVI » le 3 mai avec la participation d’une trentaine d’universitaires et journalistes plus ou moins proches de l’Église mais « intéressés par la manière dont Benoît XVI fait appel à l’exercice de la raison », selon le P. Peter Stilwell, vice-recteur de l’UCP à Lisbonne et délégué diocésain au dialogue interreligieux.


    « Cette venue de Benoît XVI est bien perçue », confirme Manuel Vieira da Cruz, éditeur et père de cinq enfants qui s’est mis en disponibilité pendant cinq mois pour aider à la communication autour de la visite du pape.

    «Le pape est très aimé au Portugal»

    Et de citer l’historien et écrivain José Pacheco Pereira, ancien secrétaire général du Parti communiste portugais, qui défend souvent et publiquement les valeurs chrétiennes, ou l’ancienne ministre des sciences, Maria da Graça Carvalho aujourd’hui députée (PSD, Parti social-démocrate, centre droit) du Parlement européen, qui a récemment publié dans Público (quotidien portugais de référence) un plaidoyer pour « l’Église catholique, inspiratrice d’une nouvelle relation à l’environnement ».

    Ce qui n’empêche pas un grand nombre de prêtres et laïcs de considérer qu’il faut « rendre le message chrétien plus incisif pour la vie des Portugais », selon l’expression de Henrique Leitão. C’est d’ailleurs ce qu’avait demandé Benoît XVI aux évêques portugais lors de leur visite
    ad limina en novembre 2007, en les incitant à dynamiser leurs propositions de la foi et à « changer le style d’organisation de la communauté ecclésiale ».

    Certains l’ont déjà bien compris. Ainsi, le P. Mário Rui Pedras, curé de Saint-Nicolas, paroisse dans la Baixa, le centre historique de Lisbonne reconstruit après le séisme de 1755, qui a su renouveler l’offre liturgique – messes et sacrement de réconciliation tout au long de la journée ; adoration du saint sacrement 24 heures sur 24 ; banque alimentaire pour 150 familles ; visite de personnes âgées ; site Internet – tout en maintenant les nombreuses processions traditionnelles.


    « Le pape en tant que tel est très aimé au Portugal », s’enthousiasme le P. Pedras, également responsable de l’organisation de la messe de ce soir à Lisbonne, sur la vaste esplanade Terreiro do Paço où sont attendus plus de 160 000 fidèles. « Nous l’accueillons avec un cœur joyeux ! »

    Claire LESEGRETAIN , à Lisbonne

    Source http://www.la-croix.com


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  • Le Zimbabwe attend sa résurrection, par Mgr Dieter Scholz (II)

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    (image http://go.hrw.com/atlas/norm_map/zimbabwe.gif)

    ROME, Dimanche 9 mai 2010 (ZENIT.org) - Zimbabwe dans la langue locale signifie « demeure de pierres ». Aujourd'hui, cette demeure s'écroule, déplore l'évêque de Chinhoyi.

    Selon Mgr Dieter Scholz, le chômage est estimé à environ 80% dans son pays, et ceux qui perçoivent un salaire ont tout juste de quoi acheter une savonnette, ou peut-être trois quignons de pain.

    Dans cette interview accordée à l'émission de télévision « Là où Dieu pleure » du Catholic Radio and Television Network (CRTN) en coopération avec l'Aide à l'Eglise en détresse (AED), l'évêque a évoqué la situation actuelle dans son pays, comment elle a évolué, et le rôle qu'il a joué en tant que pasteur de l'Eglise. Nous publions ci-dessous la deuxième partie de l'entretien. Pour la première partie, cf. Zenit du 2 mai.

    Q : Comment voyez-vous votre rôle de Pasteur maintenant, et celui de l'Eglise ? Alors que toutes les structures s'écroulent, l'Eglise semble rester l'une des dernières voix de l'opposition dans la situation actuelle. Comment vous voyez-vous, vous-même, dans ce rôle particulièrement difficile de Pasteur et, en même temps, comment donner une voix à ceux qui n'ont pas de voix  ?

    Mgr Scholz : Mon rôle principal est de soutenir les prêtres dans leur travail devenu encore plus difficile.

    Ils ont traversé une véritable période de persécution depuis la lettre pastorale intitulée « Dieu écoute le cri des opprimés », publiée l'année dernière. A la suite de la lettre de Pâques 2007, nos prêtres ont été persécutés, en particulier dans notre province.

    Q : Comment ont-ils été persécutés ?

    Mgr Scholz : appels téléphoniques anonymes, appels menaçants, insultes par des catholiques éminents, des femmes catholiques, des femmes catholiques importantes dans notre diocèse appelant au téléphone le président du conseil pastoral pour lui dire que votre prêtre - autrement dit celui qui lui donne la Sainte Communion quand il vient à la messe le dimanche - vos prêtres sont des délinquants, des voleurs et des ivrognes, et s'ils ne cessent pas de parler comme ils le font, ils verront ce que nous leur ferons. Ce genre de menaces.

    Et je pense qu'il s'agit d'un défi pastoral que nous aurons encore besoin d'affronter quand les choses se seront calmées ; confronter nos propres fidèles et leurs consciences avec les exigences de la foi : les simples exigences de justice d'une part, et la façon dont ils ont enduré ce qui s'est passé cette année entre mars et juin d'autre part, ainsi que la manière de se comporter et de parler quand ils venaient à la messe et s'habillaient pour aller à l'église.

    Nous n'avons pas pu le faire en raison des tensions existant au sein de la communauté chrétienne, mais aussi au sein de la communauté dans son ensemble, et de l'intimidation constante à laquelle nous avons été exposés.

    Je dirais donc que ma première tâche, et j'ai essayé de la remplir de mon mieux, a été de soutenir mes prêtres quand ils étaient contraints de fuir leurs paroisses, comme certains d'entre eux ont dû le faire ; nous les avons accueillis dans la maison de l'évêque ou au centre pastoral, en nous assurant qu'ils seraient en sécurité.

    J'ai déjà pu envoyer le premier en Angleterre pour un temps de repos et de récupération, de renouvellement spirituel, et deux autres suivront dans les prochaines semaines.

    Q : Il y a donc un problème d'épuisement chez vos prêtres ?

    Mgr Scholz : Epuisement, oui, épuisement physique, mais aussi émotionnel et psychologique.

    Il est difficile d'imaginer la société fermée du Zimbabwe où règne l'illégalité ; où si on vous agresse verbalement ou physiquement et on va à la police pour porter plainte, ou si moi je vais à la police porter plainte, je serai arrêté pour trouble à l'ordre public et pour agression contre autrui.

    Je vous dirais donc que les principales tâches de l'évêque sont de soutenir les prêtres et soutenir les fidèles lors de mes visites dans le diocèse, qui couvre toute la partie nord et nord-est du Zimbabwe.

    J'ai parlé aux fidèles et tenté de raviver leur foi. Très souvent, ces déplacements sont liés au fait de donner le sacrement de la Confirmation, et c'est une merveilleuse opportunité de leur parler des dons de l'Esprit Saint : l'esprit de consolation, l'esprit de foi, l'esprit d'espérance.

    Et j'ai toujours reçu, et senti que je recevais, bien plus que j'aurais pu donner à travers mes paroles, en observant la foi des chrétiens au milieu de leurs souffrances.

    Je pense que la persécution fait ressortir peut-être le pire chez les persécuteurs, mais aussi le meilleur parmi les fidèles

    Q : Vous avez parlé très franchement avec nous. N'avez-vous pas peur ? Jusqu'à quel point êtes-vous prêt à porter votre croix dans cette situation ? Vous parlez très ouvertement en ce moment, vous vous êtes exprimé publiquement au Zimbabwe, les autres évêques aussi, à travers la publication de la lettre pastorale. Jusqu'où les évêques, vous-même, êtes disposés à aller compte tenu de la situation ?

    Mgr Scholz : Ce n'est pas vraiment un problème pour moi, en partie parce que durant la guerre de libération, j'ai participé à la Commission catholique pour la Justice et la Paix avec Mgr Lamont, qui était alors notre président, et trois autres. J'ai été arrêté. J'ai été incarcéré. J'ai été expulsé. Nous avons dit la vérité, et nous devons, je crois, dire la vérité maintenant, et c'est ce que nous avons fait dans notre Lettre pastorale. Une autre confirmation que nous sommes allés au coeur de la question a été la colère sans précédent du gouvernement. Ils étaient vraiment, vraiment enragés.

    Aujourd'hui encore, lorsque nous rencontrons des fonctionnaires du gouvernement, il n'y a pas une seule fois où la « Lettre pastorale » n'est pas mentionnée ; nous en avions écrit d'autres auparavant, et après aussi, mais ils ne mentionnent que « la lettre pastorale. »

    Je pense que c'était nécessaire. Vous avez demandé plus haut ce que font les évêques. Je crois que notre rôle est, d'une part, de soutenir nos prêtres, de cheminer avec les gens en cette heure très sombre, peut-être la plus sombre de l'histoire récente de notre pays, et en même temps de remplir notre mission prophétique, notre ministère prophétique, de dire tout haut la vérité.

    Q : Et cette résurrection se profile-t-elle à l'horizon ?

    Mgr Scholz : Oui, et la vérité a été entendue des deux côtés.

    Q : Vous avez beaucoup parlé de la situation interne du Zimbabwe. Mais qu'en est-il avec la communauté internationale  ? Vous êtes-vous sentis négligés, abandonnés par rapport à la situation au Zimbabwe ?

    Mgr Scholz : Non. Nous avons reçu des paroles de soutien et de l'aide du monde entier : e-mails, lettres, dons petits et grands, et précisément quand nous avons eu cette crise dont j'ai parlé, entre les élections de la fin mars et le second tour de la présidentielle. Nous possédons cinq hôpitaux dans notre diocèse et, avec l'effondrement du secteur de la santé publique, ceux qui étaient traumatisés par les agents de la police d'Etat venaient se faire soigner dans nos hôpitaux. Au début, il leur a été refusé pendant des semaines de recourir à l'aide médicale. Mais quand ils arrivaient ensuite avec d'énormes blessures sur les fesses - vous pouviez mettre votre poing dans la blessure - nous n'avions pas assez de médicaments. C'était la période où le père Halamba est arrivé de l'AED (Aide à l'Eglise en détresse) ; je lui ai exposé la situation et, en quelques jours, il nous a procuré généreusement des médicaments, qui nous ont permis de réapprovisionner nos hôpitaux.

    Q : N'êtes-vous pas indigné de ce qui arrive à votre pays ?

    Mgr Scholz : Bien sûr que je suis en colère, et quand je suis en colère, le soir je me retire dans ma chapelle, j'attends que ma colère passe et que la paix revienne et, dans la prière, je trouve cet équilibre. Mais quand peut-on être en paix quand un séminariste de troisième année, qui va être ordonné diacre, à mon retour vient me trouver et me dit : « Mon père a été tué hier, à 62 ans, parce qu'ils le soupçonnaient de faire partie de l'opposition, ce qui était faux » ?

    Un voisin qui lui gardait rancune l'avait dénoncé à la milice, et les miliciens sont venus, ont pris des planches en bois et l'ont battu à mort, sous les yeux de sa femme. Comment peut-on ne pas être en colère ? Ils ont voulu téléphoner à la police, et on leur a répondu. « Nous ne pouvons pas ouvrir le registre, nous n'avons pas de photocopieuse. »

    C'est ce que je veux dire quand je dis que la vérité doit éclater au grand jour. Les auteurs de ces crimes devront un jour être désignés par leur nom. Ils devront répondre de leurs actes, et c'est alors que nous pourrons entamer le processus de réconciliation, peut-être même d'amnistie.

    C'est l'erreur, si je puis me permettre d'ajouter, que nous avons commise à la fin de la guerre civile, la guerre de libération. Dans un geste de grande générosité, mais, selon moi, de naïveté, Robert Mugabe a déclaré : « Nous traçons une ligne ici. Nous ne reviendrons pas sur le passé, et nous inaugurons un nouveau départ. »

    Je crois que quand il a fait cette déclaration à la veille de l'indépendance, il était sincère. Ce n'était pas un stratagème. Je connais des Blancs qui avaient décidé d'émigrer en Afrique du sud, de fuir à cause de ce que Ian Smith avait dit que leur ferait Robert Mugabe. Je connais une famille qui s'est réellement arrêtée au bord de la route, a récité une prière et, après discussion, a fait demi-tour pour rentrer chez elle et poursuit son activité agricole dans le pays. C'était peut-être très généreux, mais nous sommes tous des êtres humains et les règlements de comptes de cette guerre continuent au sein des communautés locales.

    Q : Il ne peut donc y avoir de paix sans justice ?

    Mgr Scholz : Il ne peut y avoir de réconciliation sans vérité. La vérité doit se faire jour. Elle doit être reconnue.

    Je pense que le pardon doit être demandé, pour ensuite être accordé. Dans une communauté idéale, nous pourrions peut-être dire que nous tirons un trait et faisons un nouveau départ. Mais, étant ce que nous sommes, qui nous sommes, les blessures du cœur guérissent beaucoup plus lentement que les blessures du corps. Maintenant, je le vois bien.

    Q : Quel serait votre appel ? Quel serait votre appel aux catholiques qui observent ce programme pour le Zimbabwe ?

    Mgr Scholz : Mon premier appel est de continuer à prier pour le Zimbabwe, de prier pour la paix, de prier pour que les dirigeants qui ont perdu l'élection aient le courage de se résigner, d'accepter dans l'intérêt du peuple et de la nation qu'un autre prenne les commandes.

    Les élections ont été un vote pour le changement. Ce n'était pas un vote pour un programme bien défini.

    Le peuple a simplement dit : « Nous sommes fatigués, nous avons faim, nous sommes sans travail, sans écoles, sans hôpitaux, nous voulons le changement. »

    Si nos dirigeants reconnaissaient cela et se montraient assez généreux pour lâcher prise en dépit de la crainte de ce qui les attend, alors les prières des catholiques qui suivent ce programme seraient exaucées. Ce serait un miracle, mais un miracle qui pourrait se réaliser.

    Propos recueillis par Mark Riedemann


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  • Le Zimbabwe attend sa résurrection, par Mgr Dieter Scholz (I)

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    (photo: http://nocameranointervention.files.wordpress.com/2009/01/zimbabwe.jpg)

    ROME, Dimanche 2 mai 2010 (ZENIT.org) - Zimbabwe dans la langue locale signifie « demeure de pierres ». Aujourd'hui, cette demeure s'écroule, déplore l'évêque de Chinhoyi.

    Selon Mgr Dieter Scholz, le chômage est estimé à environ 80% dans son pays, et ceux qui perçoivent un salaire ont tout juste de quoi acheter une savonnette, ou peut-être trois quignons de pain.

    Dans cette interview accordée à l'émission de télévision « Là où Dieu pleure » du Catholic Radio and Television Network (CRTN) en coopération avec l'Aide à l'Eglise en détresse (AED), l'évêque a évoqué la situation actuelle dans son pays, comment elle a évolué, et le rôle qu'il a joué en tant que pasteur de l'Eglise.

    Q : Comment décririez-vous la situation des Zimbabwéens ?

    Mgr Scholz : On peut dire, je crois, que beaucoup de personnes au Zimbabwe, pour ne pas dire la majorité, ont perdu l'espoir de voir un jour la situation s'améliorer. Au cours de la dernière décennie, ils ont espéré que les choses iraient mieux, que leurs souffrances, la faim, le chômage, la pauvreté, les maladies dont ils souffrent et qui ne peuvent plus être soignées dans les hôpitaux, connaîtraient une fin. Il y a bien eu de nombreuses tentatives pour remédier à la situation, mais toutes ont échoué, d'une façon ou d'une autre.

    Q : Pouvez-vous nous citer des exemples personnels pour nous donner une idée de cette souffrance qui n'en finit pas ?

    Mgr Scholz : Durant la crise, entre l'élection générale de la fin de mars 2008 et le soi-disant deuxième tour de l'élection présidentielle de la fin juin, au cours donc de ces trois mois il y a eu une tentative pour éliminer physiquement l'opposition au parti au pouvoir, le Mouvement pour le changement démocratique. (Movement for Democratic Change, MDC). Eliminer cette opposition à coups de matraquages, de tortures, et d'exécutions.

    Dans une de mes paroisses, à Banket, à 20 km [12 miles] à peine de Chinhoyi, un jeune homme, qui était notre responsable des jeunes, Joshua Bakacheza, a été enlevé dans le courant du mois de mai ; il était déjà entré dans la clandestinité, parce qu'il était employé comme chauffeur pour le Mouvement pour le changement démocratique, et c'était là réellement son seul lien avec l'opposition.

    Il a été enlevé un jour, et pour le retrouver - car il était toujours dans la clandestinité - les agents de la Police de Sûreté de l'Etat sont allés chez son jeune frère et lui ont dit : « Nous avons trouvé un bienfaiteur disposé à t'offrir une bourse d'étude pour toute ta période scolaire, jusqu'à la fin de tes études secondaires » ; et, comme ils l'avaient prévu, le jeune garçon a aussitôt téléphoné à son frère avec son portable pour lui demander de venir signer le contrat. Il est donc venu et, à peine arrivé à l'école, il a été arrêté. On ne l'a plus revu pendant trois semaines, puis son corps a été retrouvé à moitié brûlé et mutilé, à proximité de la place appelée Beatrice, au sud de Harare, la capitale. Cela a provoqué un énorme sentiment de colère, de tristesse et de désespoir dans tout le diocèse, où il était bien connu.

    Un cas parmi d'autres, et je pourrais vous en raconter bien d'autres, de prêtres qui ont été attaqués, dont les maisons ont été incendiées, sous prétexte qu'ils étaient sympathisants de l'opposition politique.

    Nous n'arrivons pas à comprendre comment des positions politiques différentes peuvent conduire à de tels actes de barbarie ; c'est un mystère, et personne n'aura de difficulté à croire qu'il n'existe pas seulement le Mal dans le monde, mais que le Malin envoie aussi ses esprits mauvais, comme l'affirme saint Ignace dans les Exercices spirituels de la première semaine, un texte que je connais bien.

    Ignace s'exprime avec les images et dans le langage de son temps quand il évoque Lucifer dans la grande plaine de Babylone, assis dans une chaire élevée, toute de feu et de fumée, appelant autour de lui tous les démons et les répandant dans l'univers avec ses instructions pour commettre le mal.

    Pendant ces trois mois, j'ai compris les images et le langage dans lesquels saint Ignace s'exprimait au 16e siècle ; ils sont plus réels que je l'avais pensé.

    Nous avons vu le Mal traverser tout le pays du nord au sud, d'est en ouest.

    Q : Pourquoi, selon vous, le Zimbabwe a-t-il été choisi pour porter cette croix ?

    Mgr Scholz : C'est une longue histoire. Comme vous savez, les premiers colons, arrivés au 19e siècle, ont conquis la terre par la violence, la cupidité et la fraude. Ils se sont appropriés les terres. Ils ont forcé les gens à travailler pour eux. Il est vrai que les infrastructures que nous possédons aujourd'hui sont le fruit du travail des gens et du savoir-faire des colons ; il y a eu, cependant, beaucoup de cruauté, beaucoup d'injustice, même si elles n'étaient pas aussi institutionnalisées qu'en Afrique du sud, sans compter une ségrégation et discrimination raciales. Cela a conduit à la guerre civile, au soulèvement du Mouvement nationaliste africain. Il existait en fait deux mouvements. Robert Mugabe était le chef de l'Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU).

    Q : Dans les guerres de brousse (la « Guerre du Bush »), n'est-ce pas ?

    Mgr Scholz : Oui, oui, des guerres de brousse du point de vue des guérillas représentant les intérêts de la population locale ; mais, naturellement l'armée rhodésienne, soutenue par l'Afrique du sud, a utilisé une technologie et des méthodes de guerre modernes, et c'est vraisemblablement pourquoi les guérillas ont fini par gagner parce que, au bout du compte, c'était une guerre de brousse, une guerre civile menée dans la brousse.

    Q : Mais si je vous suis bien, vous êtes en train de me dire que la terre du Zimbabwe est née de la violence ?

    Mgr Scholz : Ce que je suis en train de dire c'est que, pour toute la période qui s'étend de l'arrivée des colons à ce jour, le pays n'a jamais connu un moment de paix sereine et calme.

    La violence a toujours été présente. Pas toujours physique, parfois structurelle à travers les lois discriminatoires qui contraignaient à la pauvreté, privaient le peuple du droit de vote. Et quant à l'avenir, laissez-moi vous dire ceci maintenant, mais peut-être y reviendrons-nous plus tard  : j'ai bon espoir que le fait d'avoir traversé ces souffrances et ce mal a changé les gens, les Blancs comme les Noirs.

    Q : Dans quel sens ?

    Mgr Scholz : Cela les a changés en ce sens que après la guerre civile, dans les années 80, j'ai rencontré des Blancs qui m'ont dit que la guerre les avait aidé à comprendre la bonté, les qualités réellement chrétiennes du peuple africain, et notamment leur formidable patience, tolérance et capacité à pardonner. Côté africain, les qualités que je viens de souligner ont fait que la rhétorique raciste des leaders politiques n'a jamais eu de prise sur le peuple. Les gens sont vraiment très amicaux avec les rares blancs qui restent au Zimbabwe, peut-être quelques milliers. Dans un sens, Robert Mugabe est prisonnier de son propre passé, prisonnier de sa génération politique. Je perçois en lui de nombreuses similitudes avec Ian Smith.

    Q : A la fin de sa période de pouvoir ?

    Mgr Scholz : Vers la fin.

    Q : Vous êtes en train de dire que nous arrivons à la fin de la Passion du Zimbabwe et que nous sommes dans l'attente de la Résurrection du pays ?

    Mgr Scholz : Exactement. Nous devons passer par là et, à mon sens, Robert Mugabe et sa génération devront finir ce qu'ils ont commencé, mais les prochaines générations seront très différentes. Je connais les gens. Le Zimbabwe est promu à un grand avenir. Comme vous savez, au temps de l'indépendance et malgré la guerre civile, les Zimbabwéens possédaient le niveau d'instruction le plus élevé parmi les Africains subsahariens, et il ne fait pas de doute que le travail des missionnaires y a largement contribué, les écoles que nous avons construites et les études dont nous avons fait bénéficier les étudiants africains. Morgan Tzvangerai a fait ses études à Silveira House, où j'ai travaillé pendant dix ans. Silveira House a formé les premiers dirigeants syndicaux noirs.

    Q : Il a une formation catholique ?

    Mgr Scholz : Il a une formation catholique, une culture catholique, même s'il n'est pas catholique. Et pour Robert Mugabe, Silveira House a été pour ainsi dire son foyer pendant et après la guerre. Nous avons employé ses deux sœurs, Brigit et Sabina, pour qu'elles puissent avoir un revenu, pour leur donner du travail et, surtout, leur offrir une protection. Robert Mugabe ne l'a pas oublié. Il est venu à mon ordination il y a deux ans et m'a offert un superbe cadeau.

    Q : Il va à la messe ?

    Mgr Scholz : Il allait à la messe. Il n'y va plus aussi souvent qu'il en avait l'habitude ; un autre mystère dans sa vie que je n'arrive pas à comprendre : comment peut-il concilier en conscience sa foi, sa politique et son action.

    Q : Comment voyez-vous votre rôle de Pasteur maintenant, et celui de l'Eglise ? Alors que toutes les structures s'écroulent, l'Eglise semble rester l'une des dernières voix de l'opposition dans la situation actuelle. Comment vous voyez-vous, vous-même, dans ce rôle particulièrement difficile de Pasteur et, en même temps, comment donner une voix à ceux qui n'ont pas de voix  ?

    Mgr Scholz : Mon rôle principal est de soutenir les prêtres dans leur travail devenu encore plus difficile.

    Ils ont traversé une véritable période de persécution depuis la lettre pastorale intitulée « Dieu écoute le cri des opprimés », publiée l'année dernière. A la suite de la lettre de Pâques 2007, nos prêtres ont été persécutés, en particulier dans notre province.

    Q : Comment ont-ils été persécutés ?

    [Fin de la première partie. La deuxième partie sera publiée  dans peu de temps)

    Propos recueillis par Mark Riedemann

    Source www.zenit.org


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  • Voilà un autre article qui n'est pas réjouissant pour les catholiques d'Allemagne et du reste du monde. Je mets ma confiance en l'Esprit Saint, qui je crois travaille déjà très fort pour que la vérité et la justice se fasse. Ne lisons nous pas dans la Bible Matt 10, 26 - Rien, en effet, n'est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu.

    Richard


    En Bavière, l'Eglise catholique voit trembler ses bases



    Les catholiques allemands, sonnés par les révélations en série d’affaires de pédophilie, attendent avec une crainte mêlée d’espoir le grand rassemblement œcuménique qui s’ouvrira mercredi 12 mai

    Sur son bureau, dans la cure flambant neuve de Solln, un quartier résidentiel de Munich, des enveloppes posées par la secrétaire, que le P. Wolfgang Neidl compte, une à une. « Quatre, annonce-t-il, rien que ce matin. » Quatre, c’est le ombre de demandes de « sorties d’Église » reçues aujourd’hui par la paroisse Saint-Jean-Baptiste. « Il en arrive chaque jour », soupire le jeune curé ; rien qu’au cours des quatre premiers mois de 2010, le nombre de sorties d’Église a déjà dépassé celui de l’année dernière.

    Cette possibilité donnée aux Allemands de rayer leur nom des listes fiscales – de façon à ne plus payer l’impôt d’Église – est devenue le cauchemar des prêtres allemands. Depuis le début de la crise, née de la révélation de cas de pédophilie dans l’Église, ces départs se multiplient.


    Chaque diocèse fait ses comptes : pour le seul mois de mars, l’évêché de Bamberg (Bavière) en a reçu 1 400, contre 200 à 300 les mois précédents. Celui de Fribourg (Bade-Wurtemberg) en recensait, mi-avril, trois fois plus qu’en 2009. À Augsbourg (Bavière), où Mgr Walter Mixa, accusé de maltraitance sur mineurs et de malversations, a présenté sa démission, c’est une hémorragie : 4 300 départs depuis janvier…

    "Verra-t-on enfin une image positive de l’Église ?"

    De tels chiffres témoignent de l’ampleur de la crise que traverse aujourd’hui l’Église catholique. Dans ce contexte, chacun attend avec un espoir mêlé de crainte le début de l’Ökumenische Kirchentag qui devrait rassembler à partir de mercredi près de 200 000 chrétiens catholiques et protestants dans la capitale bavaroise.

    « Verra-t-on enfin une image positive de l’Église ? » s’interroge Johannes Hagl. Cet assistant pastoral de la paroisse Saint-Ansgar, marié et père de deux enfants, ne cache plus son dégoût. « Deux, trois pages chaque jour dans les journaux, jamais on n’aura autant parlé de l’Église qu’avec ces histoires d’abus sexuels », observe-t-il, amer. La semaine dernière, quand il fut en plus question des malversations dont se serait rendu coupable l’évêque de la ville voisine d’Augsbourg, là, « c’était trop, j’ai arrêté de lire »…


    Comme lui, les catholiques allemands sont sonnés. À la hauteur, sans doute, du rôle que joue encore l’institution ecclésiale dans le pays. Michael Kroll, la quarantaine, responsable à la Caritas locale, est depuis son plus jeune âge très impliqué dans l’Église : au sein de l’Association de la jeunesse catholique, dont il fut président, puis du Comité central des laïcs (ZDK).

    "Mon premier réflexe, ce fut de partir"

    Depuis trois mois, il tourne et retourne dans sa tête ces histoires : « On savait qu’il y avait eu ces choses-là dans certains internats. Mais à ce point ! » Comme tous ici, c’est l’étendue des scandales d’abus sexuels qui l’a étonné.

    Meurtri, également, le P. Jan Roser, tout jeune jésuite, philosophe, qui se décrit lui-même comme un « produit » des collèges jésuites : « Mon premier réflexe, ce fut de partir, comme on quitte une famille dont on a honte. Puis j’ai voulu comprendre. » La crise marque pour lui la fin d’une certaine naïveté : « Jusqu’ici, j’étais persuadé que les jésuites avaient le meilleur système d’éducation… »


    L’horreur devant de tels actes s’est rapidement doublée d’un étonnement devant les réactions de l’opinion publique. « Il s’agit quand même souvent d’affaires relativement anciennes et qui ne concernent pas seulement les institutions catholiques », note-t-il. Mais c’est l’Église catholique qui s’est rapidement retrouvée au cœur de la tempête.

    "Ils ont cherché à tout prix à préserver l’appareil"

    Dans son bureau, face à la Marienplatz, le centre religieux de la ville, le professeur Alois Baum gartner essaie de comprendre la « vague médiatique ». Ce laïc, théologien, président du très puissant conseil diocésain des catholiques du diocèse, évacue d’un geste la théorie du complot, dans un pays pourtant encore marqué par le Kulturkampf, le combat culturel mené autrefois par Bismarck contre les catholiques. Il attribue avant tout cette « concentration » sur l’Église à « la hiérarchie elle-même, qui a très mal géré le scandale car elle l’a d’abord caché. Puis elle a refusé de voir le problème, a menti et a répondu en ordre dispersé. »

    Partout, les évêques sont montrés du doigt. Notamment par les prêtres, qui tentent de limiter les dégâts dans l’opinion publique. Dans le quartier branché de Saint-Maximilien, sur les rives de l’Isar, le P. Rainer Maria Schiessler est célèbre dans toute la ville pour savoir porter, lors de la fameuse fête de la bière, cinq chopes dans chaque main…


    Cet homme à la stature imposante ne manie pas la langue de bois. « Enfin, s’exclame-t-il, l’Église va peut-être en finir avec cette tradition du silence ! » Le curé n’a pas de mots assez durs pour fustiger des responsables « qui ont d’abord été au service d’un système, et non du Christ ». « Il faut retrouver l’humilité, suivre l’exemple du Christ », tonne-t-il.


    Les laïcs ne sont pas en reste. Hanns Peters, ancien président du conseil de doyenné, a consacré quasiment toute sa vie à l’Église. « Tous mes enfants ont grandi sous les crucifix des écoles de Bavière », précise ce laïc. Aujourd’hui, le vieil homme tremble d’indignation : « La sainteté de l’institution a été considérée comme plus importante que celle du peuple de Dieu ! Ils ont cherché à tout prix à préserver l’appareil. Tout le monde savait, personne ne disait rien… »

    "Personne n’ose faire la vérité sur cette époque"

    En cause, les évêques, et… le pape, dont c’est l’ancien diocèse. « Personne n’ose faire la vérité sur cette époque », marmonne encore Hanns Peters. Ici, chacun regrette que Benoît XVI n’ait pas écrit une lettre aux catholiques allemands, comme il l’a fait avec les catholiques irlandais.

    « La crise que nous vivons n’est pas une crise de la foi, mais une crise de la crédibilité de l’institution », constate le P. Neidl, à Solln, en jouant sur la racine allemande glauben (croire, au sens de foi et de crédible). Même un évêque comme Mgr Franz Joseph Baur, l’un des responsables du séminaire de Munich – fondé par le cardinal Ratzinger – en convient : « Nous devons être professionnels. Il faut en finir avec les structures autoritaires où les décisions viennent d’en haut, sinon jamais l’Église ne pourra reconquérir la confiance des catholiques. »


    Le catholicisme allemand est appelé à vivre ce que le jeune père jésuite Jan Roser nomme un « tournant copernicien » : « L’Église doit faire le choix de la victime, lui donner la priorité à elle, et non à l’institution. » Dans la très catholique Bavière, voilà qui ne va pas de soi.


    Fort de son expérience d’ancien ministre de l’éducation de ce Land, Hans Maier, qui fut aussi président du Comité central des catholiques, y voit lui aussi un tournant historique : « Traditionnellement, l’Église catholique, après le Kulturkampf, s’est mise dans une position de défense de l’institution, avant tout. Nous devons désormais en finir avec cette priorité, car ce n’est plus tenable. »

    "La société est plurielle, la foi ne va plus de soi"

    Mgr Baur va plus loin : « Jusqu’ici, les catholiques allemands se considéraient naturellement comme “bien-pensants”, apportant une contribution majeure à la culture », raconte-t-il. Une certitude qui aurait culminé avec l’élection de Benoît XVI. « Avec cette crise, poursuit le responsable de séminaire, est apparue brutalement avec force dans l’opinion publique des courants remettant en cause la place du christianisme : la société est plurielle, la foi ne va plus de soi… » C’est bien le rôle de l’Église dans la société qui est en jeu, désormais.

    « Que va devenir l’Église ? » Eva-Maria Heerde pose carrément la question. Directrice du centre Misereor de Munich, cette ancienne volontaire en Bolivie se bat, en Amérique latine comme à Munich, pour les plus pauvres. « Ici, les catholiques sont partout, dans l’assistance sociale, les hôpitaux, les maisons de retraites... Va-t-on perdre cette tradition de coopération avec la société ? », s’interroge-t-elle.


    Elle sait que ce rôle est d’abord fondé sur l’argent : « Si tout le monde quitte l’Église, il n’y aura plus d’impôt, donc plus d’argent. » Ancien banquier, le P. Wolfgang en est presque malade, qui, chaque jour, reçoit des avis de départ. « J’ai fait les comptes pour tout le diocèse avec les premiers chiffres, le manque à gagner va être considérable », déplore-t-il.


    « Si nous n’avons plus de place, plus de rôle, plus de légitimité, qui portera la voix de l’Évangile dans la société ? », s’inquiète aussi Michael Kroll. Le jeune employé de la Caritas ne baisse pas les bras. Au contraire, il voit dans l’Ökumenische Kirchentag la possibilité pour les chrétiens, avec plus de 2 900 ateliers proposés au long de ces trois jours, de manifester tout ce que le christianisme fait de bien dans le pays. « Nous devons montrer que, comme chrétiens, nous avons l’espoir, encore d’améliorer le monde », affirme-t-il, avant de corriger, pensif : « d’améliorer le monde… et d’améliorer aussi l’Église ».

    Isabelle de GAULMYN, à Munich

    Source http://www.la-croix.com/


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  • Les familles en deuil apprécient l'accueil de l'Église



    Une vaste enquête réalisée par l’hebdomadaire «Pèlerin» publiée jeudi 4 mars montre que le déroulement des obsèques religieuses est jugé favorablement, qu’il soit assuré par un prêtre ou par une équipe de laïcs

    http://www.la-croix.com/mm/illustrations/Multimedia/Actu/2010/3/3/funerailles_article.jpg 

    Funérailles accompagnées par des laïcs à Sucy-en-Brie, dans le Val-de-Marne (Photo : MERCIER/CIRIC).

    Près de 6500 lettres parvenues à la rédaction et 602 messages envoyés par Internet ! Sollicités par leur hebdomadaire, à l’automne dernier, pour répondre à un questionnaire sur les funérailles, les lecteurs de Pèlerin (1) – propriété du groupe Bayard, éditeur de La Croix –, ont manifesté un vif intérêt pour le sujet.

    À titre de comparaison, une opération similaire, lancée à propos des homélies, avait enregistré 3400 réponses. En outre, un lecteur sur dix a éprouvé le besoin d’accompagner son questionnaire d’une lettre, souvent longue, dont le courrier des lecteurs de Pèlerin publie de forts instructifs extraits, dans son numéro qui sort jeudi 4 mars.

    Le déroulement des funérailles, d’un parent ou d’un proche, tient particulièrement à cœur aux familles, qui expriment leur souci d’être soutenues dans ce moment douloureux. À ce propos, 96% des lecteurs – 1090 réponses ont été analysées à partir d’un tri aléatoire – jugent « très bon » (72%) ou « assez bon » (24%) l’accompagnement par un prêtre ou par une équipe de laïcs. Seul petit bémol, la satisfaction diminue chez les personnes âgées de moins de 55 ans, sans doute en raison d’une moins grande proximité avec l’institution, comme le note le P. Joël Morlet, sociologue et théologien, qui commente l’étude de Pèlerin.

    «Écoute, accueil et proclamation de la Résurrection»

    En revanche, le déroulement de la cérémonie religieuse est unanimement apprécié (94%), sans distinction d’âge, de sexe ou de degré de pratique religieuse. Ce chiffre sans appel, qui témoigne de l’implication des équipes de préparation aux funérailles, est à mettre en relief avec le jugement nettement moins favorable que suscite la cérémonie civile : seulement 40 % des lecteurs s’en disent satisfaits.

    En ce qui concerne la cérémonie religieuse, l’un des principaux enseignements du sondage tient à la présence ou non d’un prêtre. 54% des répondants estiment qu’elle n’est pas indispensable. Une évolution sociologique notable qu’il convient toutefois de nuancer : 60% d’entre eux affirment que cette même présence est indispensable… pour leurs propres funérailles.

    Quel doit être l’objectif de cette cérémonie ? Pour 64% des lecteurs de Pèlerin, le rôle du célébrant réside d’abord dans « l’écoute, l’accueil et la proclamation de la Bonne Nouvelle de la Résurrection ». Mais ils sont presque autant (54%) à estimer que « l’écoute et l’accueil dans le respect des convictions de chacun sont primordiaux ». Comme le signe que l’Église doit concilier attention humaine et témoignage de l’espérance dans ce moment capital de l’existence.

    Bruno BOUVET

    Source www.la-croix.com

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