• Le premier bienheureux gitan, tertiaire franciscain


    Pentecôte : Benoît XVI recevra 1.400 Gitans au Vatican

    Bx-Ceferino.jpg Anniversaire de la naissance du Bx Ceferino

    ROME, Mardi 7 juin 2011 (ZENIT.org) ;Benoît XVI recevra quelque 1.400 Gitans au Vatican Samedi prochain, à la mi-journée, annonce le Conseil pontifical pour la Pastorale des Migrants et des personnes en déplacement.


    Depuis des décennies, des congrès pastoraux organisés par le même dicastère ont attiré au Vatican des milliers de Gitans.

    Le premier bienheureux gitan


    Des Gitans de différentes ethnies : Roms, Sinti, Manouches etc... et venus de toute l'Europe, fêteront en effet par un pèlerinage à Rome, à la Pentecôte, le 150eanniversaire de la naissance du premier Gitan reconnu comme martyr de la foi, le bienheureux Ceferino (Zéphyrin) Giménez Malla, victime, en 1936, de la persécution qui s'est développée en Espagne sous couvert de la Guerre civile. Il a été fusillé pour avoir défendu un prêtre et pour avoir refusé de se défaire de son chapelet, ce que lui conseillait un ami anarchiste qui voulait le sauver.

    Mgr Antonio Maria Veglio, président du dicastère romain, recevra les participants samedi, 11 juin, et il devrait évoquer l'engagement croissant des gens du voyage au sein de l'Église où ils peuvent, dit-il, « trouver un soutien, dans leur existence souvent marquée par la marginalisation et la méfiance ».

    La vie des gens du voyage sera illustrée à Benoît XVI par quatre témoignages, dont celui d'une rescapée des camps de concentration nazis.

    Les Gitans et les papes


    Paul VI, pourtant souffrant ce jour-là, avait voulu rencontrer la communauté des Gitans, le 26 septembre 1965 à Pomezia, près de Rome. Jean-Paul II a reçu les participants de différents congrès à Rome, et, pour le Grand Jubilé de l'An 2000, il a demandé pardon pour les péchés commis par des membres de l'Église catholique contre des Gitans.

    Il y aurait actuellement quelque 36 millions de Gitans dans le monde, dont 18 millions en Inde, leur pays d'origine, et entre 12 et 15 millions en Europe, en particulier à l'Est.

    Le bienheureux Ceferino a été béatifié par Jean-Paul II à Rome le 4 mai 1997. Recevant un groupe de Gitans français, il leur déclara que « Ceferino était un Gitan admirable par la sagesse et le sérieux de sa vie d'homme et de chrétien », et « un bel exemple de fidélité dans la foi pour tous les chrétiens, surtout pour vous, les Gitans, qui êtes proches de lui par la nationalité et la culture.

    Laïc et martyr


    Ceferino (Zéphyrin) Gimenez Malla, laïc et martyr (1861-1936) avait d'abord été marié d'abord selon la coutume des Gitans. Mais en 1874 il demande à recevoir le sacrement du mariage, à l'Eglise. Comme il n'a pas d'enfant, Zéphyrin adopte une des nièces de sa femme et il la traite comme sa fille.

    Le « Pelé », c'est son surnom, est maquignon, et il se déplace de foire en foire. Il est difficile, constate-t-il, « d'être commerçant sans pécher ». Mais sa droiture et sa sagesse lui permettent d'être choisi, quoique analphabète, parmi les dix conseillers de la ville de Barbastro, en Aragon. Artisan de paix, il sert souvent de médiateur parmi ses pairs : on l'appelle le « maire des Gitans ». L'évêque lui-même, Mgr Florentin Asensio Barroso, n'hésite pas à le consulter.

    Devenu tertiaire franciscain en 1926, El Pelé fait aussi partie de la Conférence de Saint-Vincent de Paul et se dévoue pour les malades et les plus pauvres.


    A la fin de sa vie il participe quotidiennement à la messe, se montre assidu à l'adoration eucharistique le jeudi, et, une fois par mois, la nuit. Il enseigne le catéchisme aux enfants et porte toujours son chapelet.

    Au moment de la persécution religieuse qui a précédé puis accompagné la Guerre civile, il est finalement arrêté par des miliciens, pour avoir pris la défense d'un jeune prêtre. Emprisonné, il refuse de se défaire de son chapelet, ce qui lui aurait valu la liberté. Et il est fusillé, le même jour que son évêque : ils ont aussi été béatifiés le même jour ! Il meurt après avoir lancé « Vive le Christ Roi ». Son corps est jeté dans la fosse commune et ne sera jamais retrouvé.

    Anita S. Bourdin

    source  www.zenit,org

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  • L'Évangile selon saint Matthieu (2/5)
         
    Matthieu et son récit de la Passion de Jésus

    http://ekladata.com/5QSQPbIeuC5OC-JaCgcVbK8L2cc.jpgD’entrée de jeu, la passion de Jésus est l’exécution de la menace qui pesait sur Jésus depuis la décision d’Hérode de faire périr le nouveau-né qu’il considérait comme son rival éventuel (Mt 2, 13.20). 

         Ceci étant dit, jetons un regard sur les particularités du récit de la passion selon Matthieu. On y trouve d’abord le même souci de montrer l’unité de la révélation. Il y a abondance de références aux prophètes, attestant ainsi l’accomplissement des Écritures. Le principe est exposé dans la scène de l’arrestation  (26, 51-56).

         Quelle est l’identité de Jésus qui souffre la passion? Matthieu n’évacue pas l’horreur et le scandale de la passion de Jésus. À partir de son principe que la passion accomplit les Écritures, Matthieu présente Jésus comme celui qui est maître de la situation. Il la connaît d’avance et l’accepte volontairement. Par exemple, à propos de la préparation de son repas pascal, Jésus donne comme motif que « son temps est proche » (26, 18); en même temps qu’il déclare que son temps est venu, le Sanhédrin se réunit et décide d’arrêter Jésus (26, 1-4). Il sait que Judas va le livrer (26, 25); il consent de son plein gré à son arrestation (26, 53). Matthieu donne une dimension cosmique et eschatologique à la mort de Jésus. Il ajoute d’autres prodiges à ceux de Marc, comme l’ouverture des tombeaux, le fracassement des rochers, la résurrection des saints, phénomènes propres à la littérature apocalyptique (Ez 36, 12-13; Dn 12, 2). La mort de Jésus signe l’avènement de l’ère finale du salut promis dans le Premier Testament.

         Matthieu est lui aussi un témoin de la valeur sacrificielle de la mort de Jésus, telle qu’on la trouve dans le récit de la Cène. À la différence de Marc, il ajoute que son sang sera versé pour la rémission des péchés : Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant: « Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés » (26, 27-28). Cette idée avait déjà été annoncée dans la signification du nom de Jésus : Elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus: car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés (1, 21).

         Il faut aussi souligner une autre caractéristique de la passion selon Matthieu : Jésus accomplit lui-même ce qu’il demande à ses disciples, en particulier dans le discours sur la montagne. Lui qui affirme que ses disciples doivent faire la volonté du Père (7, 21) et prier pour qu’elle se fasse sur terre comme au ciel (6, 10), finira par ce soumettre lui-même à cette volonté au moment de l’agonie: Que ta volonté soit faite (26, 42). Lui qui interdit toute violence (5, 38-42), agira de même lorsqu’un de ses disciples tranche l’oreille d’un serviteur du grand prêtre (26, 52). Lui qui déclare heureux les persécutés pour la justice, se verra déclaré juste par la femme de Pilate qui en a eu connaissance dans un songe : Or, tandis qu'il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire: «Ne te mêle point de l'affaire de ce juste; car aujourd'hui j'ai été très affectée dans un songe à cause de lui» (27, 19).

         Matthieu considère comme les autres évangélistesque les autorités juives sont les responsables de la mort de Jésus. Il l’indique lorsqu’elles négocient la somme versée à Judas (26, 14-16) et que, par la suite, elles refusent de reprendre l’argent, déclarant que c’est le prix du sang (27, 6). La foule sera entraînée par eux. Ayant rejeté le Fils, Israël voit le royaume de Dieu s’écarter de lui et être offert aux nations. Cet accès des païens est esquissé dans le récit de la passion, avec la femme de Pilate, mais aussi avec la profession de foi des soldats : Quant au centurion et aux hommes qui avec lui gardaient Jésus, à la vue du séisme et de ce qui se passait, ils furent saisis d'une grande frayeur et dirent: « Vraiment celui-ci était fils de Dieu! » (27, 54). On trouve la même formule que l’on trouve dans la bouche des apôtres quand Jésus s’avance vers eux sur la mer (14, 33), dans la confession de foi de Pierre (16, 16) ou dans la déclaration de Jésus devant le Sanhédrin (26, 63-64).

    Yves Guillemette, ptre

     source www.interbible.org

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  • En collaborration avec les Editions franciscaines nous publierons Le texte franciscain du mois, étant en retard, vous recevrez aux deux semaines les 5 premiers et par la suite, un par mois. Merci aux  Editions franciscaines de nous donner un apperçu du contenu du nouveau TOTUM.(le rédacteur  L'Auteur des articles

     

     

    Le texte franciscain du mois – Avril 2011

     
     

                  Le texte : Légende des trois compagnons, § 11 : 

     

    Un jour qu’il priait le Seigneur avec ferveur, il obtint cette réponse : « François, tout ce que tu as charnellement chéri et désiré avoir, il te faut le mépriser et le haïr si tu veux connaître ma volonté. Après que tu auras commencé à faire cela, ce qui auparavant te semblait suave et doux te sera insupportable et amer[1] ; en ce qui te faisait horreur auparavant, tu puiseras une grande douceur et une immense suavité.»

     

    Réjoui donc par ces paroles et conforté dans le Seigneur, comme il chevauchait près d’Assise, il rencontra un lépreux sur sa route. Comme il avait d’ordinaire une grande horreur des lépreux, se faisant violence, il descendit de cheval et lui offrit un denier en lui baisant la main. Ayant reçu de lui un baiser de paix, il remonta à cheval et poursuivit son chemin. À partir de ce moment, il se mit à se mépriser de plus en plus, jusqu’à parvenir à une parfaite victoire sur lui-même par la grâce de Dieu.

     

    Quelques jours plus tard, prenant beaucoup d’argent, il se rendit à l’hôpital des lépreux et, les réunissant tous ensemble, il donna une aumône à chacun en lui baisant la main. À son retour, il est vrai que ce qui lui était auparavant amer – c’est-à-dire de voir et de toucher des lépreux – fut changé en douceur[2]. Comme il le dit, elle lui avait en effet été à ce point amère, la vision des lépreux, qu’il refusait non seulement de les voir, mais même de s’approcher de leurs habitations. Et s’il lui arrivait parfois de passer le long de leurs maisons ou de les voir, bien que la pitié le pousse à leur faire l’aumône par personne interposée, pourtant il détournait toujours le visage et se bouchait le nez de ses propres mains. Mais par la grâce de Dieu, il devint à ce point familier et ami des lépreux que, comme il atteste en son Testament[3], il séjournait parmi eux et les servait humblement.

     

     

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    [1] Construit par inversion de Test 3 pour ouvrir la voie à la transformation qui suit.

    [2] Voir Test 1-3.

    [3] Voir Test 3

     

     

    © Éditions du Cerf / Éditions franciscaines, 2011

     Le contexte

     

    Le 4 octobre 1244, le chapitre de Gênes élit Crescent de Iesi ministre général de l’Ordre des Frères mineurs. Peu après, celui-ci invite les frères ayant partagé la vie de François d’Assise à transmettre par écrit leur témoignage concernant ses faits et gestes et, surtout, ses miracles. Le 11 août 1246, en réponse à cet appel, trois proches compagnons du petit Pauvre : Léon, Ange et Rufin, envoient à Crescent un paquet de documents accompagné d’une lettre signée de leurs trois noms. Ce paquet se compose pour l’essentiel d’une liasse de fiches rédigées par Léon et de la version originelle de la Légende dite des trois compagnons[1]. Celles-ci constitueront les deux principales sources de la Seconde Vie de François écrite par Thomas de Celano en 1246-1247. On peut donc dater avec certitude la Légende des trois compagnons des années 1244-1246. Son titre est fallacieux car il ne s’agit pas à proprement parler d’une légende[2] et l’analyse littéraire révèle qu’elle a été rédigée par une seule main et non par trois. Son attribution collective à Léon, Ange et Rufin provient de ce que, dans les manuscrits, elle s’accompagne presque toujours de la lettre cosignée par ces trois frères. Cette « légende » reprend de nombreux passages du texte intitulé Du Commencement de l’Ordre, écrit par frère Jean, compagnon du bienheureux Gilles ; elle a sûrement été rédigée par un habitant d’Assise ayant côtoyé le jeune François car son auteur connaît remarquablement bien la vie de cette cité et corrige, en maintes occasions, les versions des faits de Thomas de Celano et de Jean. Une hypothèse plausible, mais non avérée, est que son texte soit dû à la plume du seul Rufin.

     

    La Légende des trois compagnons constitue clairement notre meilleur témoin des étapes de la conversion initiale du petit Pauvre, dont elle retrace avec soin la chronologie. Elle nous apprend que, de retour à Assise après l’échec de l’expédition en Pouille du printemps 1205 [3], François participa à un dernier banquet organisé par la compagnie de jeunes Assisiates dont il était membre. Au sortir de ce festin, qu’il paya vraisemblablement de ses deniers, il vécut une bouleversante expérience intérieure de la douceur divine (3S 7), qui l’amena à commencer de se détacher des valeurs du monde et à prier fréquemment dans des lieux retirés (3S 8). Il devint aussi plus généreux envers les pauvres, au point de ne jamais en laisser un le quitter les mains vides (3S 8-9). Enfin, probablement au début de l’automne 1205, il fit un pèlerinage à Rome, sans doute pour discerner quelle orientation donner à sa vie, au cours duquel il revêtit les habits d’un mendiant et passa plusieurs heures à demander l’aumône (3S 10). Sa rencontre avec le lépreux advint dans les semaines qui suivirent son retour de la Ville éternelle.

     

    La lèpre sévissait déjà en Occident, à l’état endémique, durant le haut Moyen Âge. Elle progressa considérablement aux XIe-XIIIe siècles, en raison de la croissance démographique et des croisades, et atteignit son ampleur maximale aux alentours de 1250. Elle reflua ensuite progressivement, jusqu’à sa totale éradication au XVIIe siècle. À l’époque de François, le monde latin devait compter entre cinquante et cent mille lépreux ; ceux-ci jouissaient encore d’une réelle liberté de circulation, les autorités publiques se bornant à leur interdire l’accès des cités. Leur ségrégation devint par la suite de plus en plus rigoureuse, au point d’aboutir à leur exclusion totale et à la célébration de leur « mort sociale » au début du XIVe siècle.

     

    © Éditions franciscaines, 2011

     

    [1] Cette première version connaîtra des remaniements ultérieurs ; Voir l’introduction de J. Dalarun à la Légende des trois compagnons in François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages, vol. 1, p. 1064-1066.

    [2] Au Moyen Âge, une légende ne désigne pas une histoire merveilleuse mais un écrit destiné à être lu en public (legenda provient de legere, « lire ») et obéissant à des règles précises de composition.

    [3] Voir TFM de mars 2011.

     

     

      

      Francois-et-mandiant.jpg

     

    © Éditions franciscaines Evangile Aujourd'hui n°161

     François et le lépreux

     

     

    Le commentaire

     

    Le Testament de François, rédigé au cours du printemps 1226, ne mentionne qu’un seul épisode de son existence antérieur à l’arrivée des frères : la rencontre et le service des lépreux. C’est la preuve que cette expérience représentait, aux yeux du petit Pauvre, l’élément décisif de son chemin personnel de conversion. Il vaut la peine de transcrire le passage en question :

     

    « Le Seigneur me donna ainsi à moi, frère François, de commencer à faire pénitence : comme j’étais dans les péchés, il me semblait extrêmement amer de voir des lépreux. Et le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je fis miséricorde avec eux. Et en m’en allant de chez eux, ce qui me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l’esprit et du corps ; et après cela, je ne restai que peu de temps et je sortis du siècle[1]. »

     

    L’expression « faire pénitence » signifie, au Moyen Âge, « se convertir ». La formule « je fis miséricorde avec eux » indique que François s’est mis à servir et soigner les lépreux, dans une maladrerie des environs d’Assise[2], non pas de façon extérieure et détachée mais en étant atteint au tréfonds de son cœur par leurs souffrances. Enfin, la dernière phrase exprime le renversement de valeurs caractéristique de toute conversion authentique – on peut songer aux paroles adressées par l’évêque Rémi à Clovis lors du baptême de celui-ci : « Brûle ce que tu as adoré ; adore ce que tu as brûlé ! » L’originalité de l’expérience de François réside dans le fait que non seulement son comportement mais ses sensations mêmes se transforment du tout au tout : « ce qui me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l’esprit et du corps ». L’engagement de Francesco di Bernardone en faveur des lépreux précède de peu sa « sortie du siècle », c’est-à-dire sa rupture avec la société assisiate et sa consécration à Dieu. La raison en est que le service des lépreux procède de valeurs diamétralement opposées à la recherche du profit, qui régit l’activité marchande, et à la soif de pouvoir, qui gouverne la vie politique. La commune d’Assise a, certes, le souci de nourrir les lépreux et les indigents, mais elle les traite en assistés et s’avère incapable de leur ménager une place au sein de la société. Si un citoyen d’Assise entre dans une relation de cœur à cœur avec eux, sa situation deviendra vite intenable et il devra rentrer dans le rang ou bien sortir de l’enceinte de la cité et aller partager leur existence, devenant lui-même un marginal… François choisira la seconde voie.

     

    Ce passage du Testament constitue l’arrière-plan des deux plus anciens récits relatant la démarche de miséricorde de François envers les lépreux : 1C 17  [3] et 3S 11, lesquels s’attachent à en expliciter les circonstances concrètes. Contrairement aux deux autres textes, 1C 17 situe (à tort) l’événement après la renonciation de François à tous ses biens devant l’évêque d’Assise et l’interprète en un sens ascétique. La phrase de 3S 11 : « À partir de ce moment, il se mit à se mépriser de plus en plus, jusqu’à parvenir à une parfaite victoire sur lui-même par la grâce de Dieu. » lui est empruntée quasiment à la lettre. La Légende des trois compagnons offre une narration mieux construite et plus détaillée de l’épisode et, davantage encore que Test 1-3, insiste sur la transformation des sentiments intérieurs de François et le retournement de ses valeurs. 1C 17 et 3S 11 s’accordent, en revanche, pour faire découler son engagement auprès des lépreux de sa rencontre avec l’un d’eux sur une route, ce dont le Testament ne dit mot. Thomas de Celano déclare simplement que le petit Pauvre embrasse ce lépreux, mais la Légende des trois compagnons précise qu’il lui baise la main et reçoit de lui, en retour, un baiser de paix. Cette précision est d’une grande portée symbolique car, à l’époque féodale, le baiser des mains et le baiser de paix constituent deux éléments de la cérémonie de l’hommage vassalique. Le premier, donné par le vassal alors qu’il est à genoux, exprime son allégeance envers son seigneur ; le second, donné par le seigneur sur la bouche de son vassal juste après l’avoir relevé, est un signe d’accueil et d’égalité. 3S 11 indique donc implicitement, mais très clairement, que François considère le lépreux comme son seigneur. Il ne s’agit pas là – ou du moins pas seulement – d’une de ces exagérations dont François est coutumier. Le XIIe siècle a vu se répandre, en effet, la dévotion à l’humanité de Jésus et l'idée que le pauvre était l'image du Christ souffrant. C'est cette dernière thématique que la Légende des trois compagnons reprend et pousse à l’extrême : dans le lépreux, qu’il ose enfin dévisager, François voit une image, et peut-être même une personnification de son Seigneur, le Christ en croix.

     

    Une autre caractéristique de 3S 11, par comparaison avec Test 1-3 et 1C 17, est la place que tient l’argent dans ce récit : François donne un denier au lépreux rencontré sur la route et lorsqu’il se rend à la maladrerie, dans les jours qui suivent, il octroie une généreuse aumône à tous ceux qui y résident. Est-ce à dire qu’il se situe dans l’agir, et non dans l’être, et qu’il ne sait se positionner que comme celui qui donne, et non comme celui qui reçoit ? Cette question comporte probablement une part de vrai car François, à cette époque, est encore au début de son itinéraire spirituel et, malgré la victoire qu’il vient de remporter sur lui-même, il ne s’est pas totalement libéré de l’esprit du monde. Cependant, la profonde compassion qu’il éprouve envers les lépreux lui fait déjà dépasser ce stade. Bientôt, ainsi que le rapporte la Compilation d’Assise[4], qui rassemble les souvenirs de Léon, il nommera les lépreux ses « frères chrétiens ». L’usage du terme « chrétien » pour désigner les lépreux est attesté depuis le début du XIe et n’a rien d’original. L’apport propre de François est de l’employer comme adjectif, et non comme substantif, et de le faire précéder du mot « frère ». Ainsi le lépreux est-il, à ses yeux, fondamentalement et d’abord un frère, et accidentellement et secondairement une personne atteinte de la lèpre.

     

    La constatation que Test 1-3 ne mentionne pas la rencontre et l’embrassade du lépreux a été invoquée pour expliquer que ce récit était une pieuse invention de Thomas de Celano, reprise par la Légende des trois compagnons, mais l’argument n’est guère convaincant. D’une part, la sobriété de 1C 17 et la vraisemblance de cet épisode – au vu du caractère entier de François et du dégoût que lui inspiraient les lépreux, une victoire inopinée et décisive sur lui-même est fort crédible – militent en faveur de son historicité. D’autre part, le Testament est un texte synthétique, qui se concentre sur l’essentiel. Or l’important, aux yeux de François, n’est pas la façon dont il a surmonté sa répugnance envers les lépreux mais le fait que cette victoire est le fruit d’une initiative divine et, surtout, qu'elle l’a conduit à s’engager durablement à leur service. Au moins jusqu’à son départ pour l’Orient, en 1219, le service des lépreux restera un élément constitutif de la vocation de Frère mineur. La Compilation d’Assise offre un précieux témoignage à ce sujet : « au début de la religion, après que les frères commencèrent à se multiplier, il voulut que les frères demeurent dans les hôpitaux des lépreux pour les servir ; c’est pourquoi, en ce temps où venaient à la religion nobles et non nobles, entre autres choses qui leur étaient annoncées, on leur disait qu’il leur faudrait servir les lépreux et demeurer en leurs maisons[5] ».

     

     

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    [1] Test 1-3 ; traduction de J.-F. Godet Calogeras in François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages, vol. 1, p. 308.

    [2) Il doit s’agir de l’hôpital San Lazzaro dell’Arte, situé non loin de Saint-Damien ; lorsqu’ils s’établiront à la Portioncule, François et ses frères fréquenteront aussi l’hôpital Saint-Sauveur-des-murs, tenu par les Croisiers.

    [3] VJS 12 ne doit pas être pris en compte, car ce texte reproduit presque mot pour mot 1C 17.

    [4] Voir CA 64 [LP 22]

    [5 CA 9 [LP 102] ; traduction de F. Delmas-Goyon in François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages, vol. 1, p. 1218-1219. Voir également CA 64 [LP 22].

     

     

     

     

    Pour nous, aujourd’hui

     

    Au temps de François d’Assise, les lépreux représentaient la catégorie sociale la plus rejetée et la plus marginale, du fait du risque de contagion. Le petit Pauvre est allé parmi eux, leur a fait l’aumône et les a soignés. Qu’en est-il de notre propre attitude vis-à-vis des exclus et des indigents ? Cédons-nous à l’indifférence et à la peur, ou bien pratiquons-nous le partage avec eux, en particulier par le biais des organismes caritatifs ? Et, si nous en avons le temps, osons-nous fraterniser avec eux et lutter à leurs côtés pour le respect de leurs droits et de leur dignité ? Du point de vue franciscain et chrétien, nous ne sommes jamais les propriétaires absolus des biens dont nous disposons, car c’est à Dieu qu’ils appartiennent ultimement. Nous en sommes juste les intendants et avons le devoir de faire don, au minimum, de notre superflu à ceux qui en ont le plus besoin.

     

    François a répondu avec fougue et générosité à la grâce divine. Le texte de ce mois nous interroge aussi sur notre propre réponse à la grâce et, par voie de conséquence, sur la qualité de notre foi en Dieu, le Père de Jésus Christ. Celle-ci est-elle fervente et irrigue-t-elle toute notre existence, ou bien n’en constitue-t-elle qu’un ornement, une simple « cerise sur le gâteau » ? De même, le Christ est-il vraiment pour nous « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), ou bien juste une grande figure du passé, dont nous nous inspirons… à condition que cela n’entraîne aucun changement notable dans notre mode de vie ?

     

     © Éditions franciscaines, 2011 

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  • Croatie : Veillée de prière de Benoît XVI avec les jeunes
    Discours intégral

    papeE-S-M.jpg ROME, Samedi 4 juin 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous la traduction du discours que Benoît XVI a adressé aux jeunes croates lors de la veillé qu’il a présidée sur la placeJosip Jelacic de Zagreb, le samedi 4 juin au soir.

    Chers jeunes,

     

    Je vous salue tous avec beaucoup d’affection ! Je suis particulièrement heureux d’être avec vous sur cette place historique qui est le cœur de la ville de Zagreb. C’est un lieu de rencontres et d’échanges, où prévalent souvent les bruits et les mouvements de la vie quotidienne. Maintenant, votre présence la transforme presqu’en un « temple », dont la voûte est le ciel lui-même qui, ce soir, semble se pencher sur nous. Dans le silence, nous voulons accueillir la Parole de Dieu qui a été proclamée afin qu’elle illumine nos esprits et réchauffe nos cœurs.

    Je remercie vivement Mgr Srakić, Président de la Conférence Épiscopale, de ses paroles pour introduire à notre rencontre ; et, de façon particulière, je salue et je remercie les deux jeunes, qui nous ont offert leurs beaux témoignages. L’expérience que Daniel a vécue rappelle celle de saint Augustin : c’est l’expérience de la recherche de l’amour « au-dehors » puis de la découverte qu’il est plus proche de moi que moi-même, qu’il me « touche » en mon for intérieur et me purifie… Mateja, par contre, nous a parlé de la beauté de la communauté, qui ouvre le cœur, l’esprit et le caractère… Merci à tous les deux !

     

    Dans la Lecture qui a été proclamée, saint Paul nous a invités à être « toujours dans la joie du Seigneur » (Ph 4, 4). C’est une parole qui fait vibrer l’âme, si nous considérons que l’Apôtre des nations écrit cette Lettre aux chrétiens de Philippes alors qu’il est en prison, en attente d’être jugé. Il est enchaîné, mais l’annonce et le témoignage de l’Évangile ne peuvent être emprisonnés. L’expérience de saint Paul révèle qu’il est possible, dans notre cheminement, de conserver la joie même dans les moments d’obscurité. À quelle joie se réfère-t-il ? Nous savons tous que dans le cœur de tout homme demeure un fort désir de bonheur. Toute action, tout choix, toute intention renferme en soi cette exigence intime et naturelle. Toutefois, très souvent, nous nous rendons compte que nous avons mis notre confiance en des réalités qui ne satisfont pas ce désir, bien plus, qui montrent toute leur précarité. Et c’est en ces moments que nous expérimentons le besoin de quelque chose qui va « au-delà », qui donne un sens à notre vie quotidienne.

     

    Chers amis, votre jeunesse est un temps que le Seigneur vous donne pour découvrir le sens de l’existence ! C’est le temps des grands horizons, des sentiments vécus avec intensité, mais aussi des peurs pour les choix qui engagent et qui sont durables, des difficultés dans les études et dans le travail, des interrogations sur le mystère de la douleur et de la souffrance. Plus encore, ce temps merveilleux de votre vie porte en lui une aspiration profonde, qui n’annule pas tout le reste mais l’élève pour lui donner sa plénitude. Dans l’Évangile de Jean, Jésus dit en s’adressant à ses premiers disciples : « Que cherchez-vous ? » (Jn 1, 38). Chers jeunes, cette parole, cette question franchit le temps et l’espace, elle interpelle tout homme et toute femme qui s’ouvre à la vie et cherche la juste route… Et voici ce qui est surprenant : la voix du Christ vous répète à vous aussi : « Que cherchez-vous ? ». Jésus vous parle aujourd’hui à travers l’Évangile et l’Esprit Saint, il est votre contemporain. C’est lui qui vous cherche, encore avant que vous ne le cherchiez ! Respectant pleinement votre liberté, il s’approche de chacun de vous et il se propose comme la réponse authentique et décisive à cette aspiration qui vous habite, au désir d’une vie qui vaille la peine d’être vécue. Laissez-le vous prendre par la main ! Laissez-le s’introduire toujours plus comme un ami et un compagnon de route ! Faites-lui confiance, il ne vous décevra jamais ! Jésus vous fait connaître de près l’amour de Dieu le Père, il vous fait comprendre que votre bonheur se réalise dans l’amitié avec lui, dans la communion avec lui, parce que nous avons été créés et sauvés par amour et c’est uniquement dans l’amour, celui qui veut et recherche le bien de l’autre, que nous expérimentons vraiment le sens de la vie et que nous sommes contents de la vivre, même dans les difficultés, les épreuves, les déceptions, en allant aussi à contre-courant.

     

    Chers jeunes, enracinés dans le Christ, vous pourrez vivre pleinement ce que vous êtes. Comme vous le savez, c’est sur ce thème que j’ai écrit mon Message pour la prochaine Journée Mondiale de la Jeunesse, qui nous réunira en août à Madrid et vers laquelle nous sommes en marche. Je suis parti d’une expression incisive de saint Paul : « Soyez enracinés en lui, construisez votre vie sur lui ; restez fermes dans la foi » (Col 2, 7). En grandissant dans l’amitié avec le Seigneur, à travers sa Parole, l’Eucharistie et par votre appartenance à l’Église, avec l’aide de vos prêtres, vous pourrez témoigner à tous votre joie d’avoir rencontré Celui qui vous accompagne constamment et vous appelle à vivre dans la confiance et dans l’espérance. Le Seigneur Jésus n’est pas un Maître qui leurre ses disciples : il dit clairement que marcher avec lui requiert engagement et sacrifice personnel, mais cela en vaut la peine ! Chers jeunes amis, ne vous laissez pas désorienter par des promesses alléchantes de succès faciles, de styles de vie qui privilégient le paraître au détriment de l’intériorité. Ne cédez pas à la tentation de mettre votre confiance entière dans l’avoir, dans les choses matérielles, en renonçant à découvrir la vérité qui va au-delà, comme une étoile haut dans le ciel, là où le Christ veut vous conduire. Laissez-vous conduire vers les hauteurs de Dieu !

     

    Durant le temps de votre jeunesse, le témoignage de nombreux disciples du Seigneur qui, à leur époque, ont vécu en portant dans leur cœur la nouveauté de l’Évangile, vous soutient. Pensez à François et Claire d’Assise, à Rose de Viterbe, à Thérèse de l’Enfant-Jésus, à Dominique Savio : combien de jeunes saints et saintes dans la grande assemblée de l’Église ! Mais ici, en Croatie, nous pensons, vous et moi, au Bienheureux Ivan Merz. Un jeune homme brillant, pleinement inséré dans la vie sociale qui, après la mort de la jeune Greta, son premier amour, entreprend le chemin universitaire. Durant la Première Guerre mondiale, il se trouve face à la destruction et à la mort, mais tout cela le modèle et le forge, lui faisant surmonter des moments de crise et de combat spirituel. La foi d’Ivan se renforce à tel point qu’il se consacre à l’étude de la Liturgie et commence un apostolat intense parmi les jeunes eux-mêmes. Il découvre la beauté de la foi catholique et comprend que la vocation de sa vie c’est de vivre et de faire vivre l’amitié avec le Christ. De combien d’actes de charité, de bonté, qui étonnent et émeuvent, est rempli son chemin ! Il meurt le 10 mai 1928, alors qu’il n’a que 32 ans, après quelques mois de maladie, en offrant sa vie pour l’Église et pour les jeunes.

     

    Cette jeune existence, donnée par amour, exhale le parfum du Christ et est pour tous une invitation à ne pas avoir peur de s’en remettre au Seigneur, tel que nous le contemplons, de façon particulière en la Vierge Marie, la Mère de l’Église, qui est ici vénérée et aimée sous le titre de « Majka Boja od Kamenutih vrata » [« Mère de Dieu de la Porte de Pierre »]. Ce soir, je veux lui confier chacun de vous, pour qu’elle vous accompagne de sa protection et surtout pour qu’elle vous aide à rencontrer le Seigneur et à trouver en lui le plein sens de votre existence. Marie n’a pas eu peur de se donner tout entière au projet de Dieu. En elle, nous voyons le but auquel nous sommes appelés : la pleine communion avec le Seigneur. Notre vie entière est une marche vers l’unité et trinité d’amour qu’est Dieu. Nous pouvons vivre en étant certains de n’être jamais abandonnés. Chers jeunes croates, je vous embrasse tous comme des fils et des filles ! Je vous porte dans mon cœur et je vous donne ma Bénédiction. « Soyez toujours dans la joie du Seigneur » ! Que sa joie, la joie du véritable amour, soit votre force. Amen. Que Jésus et Marie soient loués !

    © Copyright : Libreria Editrice Vaticana

    Traduction distribuée par la salle de presse du Saint-Siège

    source www.zenit.org

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  • Homélie de la Pentecôte

    Abbé Jean Compazieu


     

    assension Textes bibliques : Lire


    Nous sommes rassemblés en ce dimanche pour fêter la Pentecôte. Alors nous pouvons nous poser la question : quelle est l’origine de cette fête ? Que représente-t-elle pour nous ? Dans notre monde sécularisé, beaucoup ont oublié. Le risque est grand de réduire cette fête à un long week end. De plus, les fêtes votives organisées à cette occasion peuvent amplifier la confusion. Il est donc important que nous allions à la source et au cœur de notre foi.


    La Pentecôte trouve son origine dans l’Ancien Testament, bien avant Jésus Christ. Cette appellation vient d’un mot grec qui signifie « cinquantaine ». Au départ, on célébrait la première moisson des blés. C’était une fête joyeuse où l’on remerciait Dieu pour les dons de la nature. Et nous, pensons-nous à lui rendre grâce pour tous les biens qu’il nous donne ? Plus tard, cette fête prendra une signification nouvelle. Sous la direction de Moïse, le peuple d’Israël avait été libéré de l’esclavage. Il a traversé la Mer Rouge pour aller vers la Terre promise. Chaque année, on célébrait la Pâque pour commémorer cet événement. Et cinquante jours plus tard, on a fêté la Pentecôte, c’est-à-dire le don de la loi à Moïse sur le Sinaï.


    Nous chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes les bénéficiaires d’un nouveau Sinaï. Dieu donne son souffle saint aux disciples. Désormais, la loi de Dieu n’est plus inscrite sur la pierre mais dans les cœurs. L’alliance entre Dieu et les hommes ne se limite plus au seul peuple d’Israël. Elle est offerte à tous les hommes du monde entier. Certains voudraient une Eglise ou les chrétiens seraient bien entre eux. Ce n’est pas cela que Jésus a voulu. Pour le comprendre il suffit de lire les textes bibliques de ce dimanche.


    Le livre des Actes des Apôtres nous dit que les disciples étaient enfermés en un même lieu. Ils n’étaient qu’entre eux. Or voilà que le jour de la Pentecôte, ils sont remplis de l’Esprit Saint. Ils sont poussés dehors pour proclamer les merveilles de Dieu. Pour en parler, saint Luc utilise un langage très imagé. Il y est question de vent et de feu. Comme un vent violent, l’Esprit Saint emporte la peur des apôtres. Comme un feu puissant, il chasse leurs ténèbres ; il illumine leur nuit. Devant la foule, les apôtres se mettent à proclamer les merveilles de Dieu. La première de ces merveilles, c’est l’annonce de Jésus Christ mort et ressuscité. Ils n’ont plus peur de témoigner, même devant ceux qui l’ont fait mourir sur une croix.


    L’Esprit Saint que les apôtres ont reçu est appelé l’Esprit de Vérité. Nous nous rappelons qu’un jour, Jésus a dit : « Je suis le chemin, la Vérité et la vie ; personne ne va au Père sans passer par moi. » Aller vers Jésus, c’est aller vers la vérité ; écouter Jésus, c’est accueillir la vérité ; c’est se laisser imprégner de l’amour qui est en Dieu. Cela ne sera possible que si nous avons un cœur de pauvres. Certains sont imbus de certitudes qu’ils pensent être la vérité. Mais ces certitudes ne résistent pas au souffle de la Pentecôte. Ce qu’il faut annoncer au monde, c’est d’abord Jésus mort et ressuscité.


    Cet événement de la Pentecôte est aussi une bonne nouvelle pour nous. Comme les apôtres au soir de Pâques, nous vivons parfois avec la peur au ventre. Nous verrouillons les portes ; nous nous replions sur nous-mêmes. Dans un monde indifférent ou hostile à la foi chrétienne, il y a de qui être inquiet. Mais comme au soir de Pâques, Jésus nous rejoint. Sa première parole est un souhait de paix. Cette salutation répétée vient renforcer la joie des apôtres et la nôtre. Ce qui est encore plus merveilleux, c’est qu’il continue à nous faire confiance malgré nos infidélités. « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Le Christ compte sur nous pour être les messagers de l’Evangile et pour cela, il nous donne l’Esprit Saint. Ainsi, comme Jésus et avec lui, nous pourrons vivre dans l’amour du Père.


    Nous sommes donc envoyés pour annoncer l’Evangile. Comprenons bien, il ne s’agit pas de répéter un message appris par cœur comme si le sens était donné une fois pour toutes. Nous vivons dans un monde qui a beaucoup changé. L’Esprit saint est là pour nous inviter à le rejoindre dans ce qu’il vit. Il vient nous rappeler que ce qui est premier, ce n’est pas le confort matériel ni l’argent mais la personne. Le Christ ressuscité nous entraîne à le suivre et à aimer comme lui et avec lui. A la suite des apôtres, l’Eglise d’aujourd’hui est appelée à communiquer la paix et à manifester le pardon. Cette œuvre peut paraître impossible face aux défis du monde moderne. Mais au souffle de l’Esprit, le rêve de communion fraternelle peut devenir réalité.


    Ensemble, nous supplions le Seigneur : Donne-nous d’être dociles à l’Esprit, comme toi, comme tes apôtres. Que nous sachions nous tourner vers lui, source de Lumière et de force. Amen

    D’après diverses sources


    http://dimancheprochain.org

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  • Qohélet : le bonheur des joies simples (Qohélet 1; 5; 11)

    Capsule vidéo de 10 min. avec Jean Duhaime, professeur d'interprétation biblique
    Faculté de théologie et de sciences des religions, Université de Montréal

    Qohélet, l’un des derniers sages de la Bible, porte un regard décapant sur la condition humaine et sur sa fragilité. Son expérience de la finitude l’amène à s’ouvrir à l’action de Dieu et à apprécier chaque moment de bonheur, si modeste soit-il, comme un don.

    Chronique « Portrait biblique » dans le cadre de l'émission Parole et vie diffusée sur Vox (Vidéotron) et Cogéco
    Première diffusion le 27 mars 2011 • Réalisation : Lise Garneau • Production : Auvidec

    Index des vidéos de la série Portraits bibliques »

    Pour aller plus loin

    Introduction au livre de Qohélet (Bible en français courant)

    Source www.interbible.org

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  • QUELQUES REFLEXIONS A PROPOS DE LA PRIERE

     

     

    des hommes et des dieux La prière et le sentiment religieux font partie de l’homme tout au long de son histoire… « Par la création, Dieu appelle tout être du néant à l’existence … Même après avoir perdu la ressemblance avec Dieu par son péché, l’homme reste à l’image de son créateur. Il garde le désir de Celui qui l’appelle à l’existence. Toutes les religions témoignent de cette quête essentielle des hommes. »[1]

    Ainsi, « le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ». L’image du Créateur est imprimée dans son être et il ressent le besoin de trouver une lumière pour donner une réponse aux questions qui concernent le sens profond de la réalité. 

     

    Il n’est pas rare que des personnes qui se déclarent non croyantes réclament nos prières à l’occasion d’un évènement malheureux, d’une maladie, d’un décès ou d’une décision importante à prendre ou même d’un désir qu’elles souhaitent voir s’accomplir. Il est vraisemblable que ces personnes croient qu’il y a quelque chose ou quelqu’un qui peut influencer le cours des évènements. D’une certaine manière, elles savent qu’il est possible de s’adresser à Dieu et qu’il est possible de Le prier. Elles croient à la force de la prière car elles portent en elles une soif d’infini, une nostalgie d’éternité, une recherche de beauté, un désir d’amour, un besoin de lumière et de vérité qui les poussent vers l’Absolu. Elles portent en elles le désir de Dieu.

    Dans ce besoin de s’ouvrir à autre chose ou à quelqu’un, nous pouvons les aider à sortir d’elles-mêmes pour aller vers Celui qui est en mesure de remplir l’ampleur et la profondeur de leur désir. C’est l’occasion de leur dire qu’elles peuvent elles-mêmes prier et que Dieu entendra leur prière.

     

    Une objection peut surgir : Je ne sais pas prier. Ou bien : Prier c’est difficile. Nous le savons bien. Savons-nous réellement prier ? La prière est une attitude intérieure, avant d’être une série de pratiques et de formules éprouvées ; elle est une manière d’être devant Dieu, avant d’être l’accomplissement d’actes de culte ou la prononciation de paroles. La prière a son centre et plonge ses racines au plus profond de la personne. La prière est d’abord un acte de gratuité, un regard tourné vers l’Invisible, un acte de déposition qui nous fait expérimenter la force de la filiation et de l’amour.

    Dans la prière, l’homme se considère lui-même et déclare ses limites, sa faiblesse, son besoin, son désir et tout ce qui peut jaillir de son existence. Il se dépose face à Dieu, à partir de Dieu et par rapport à Dieu. Il se sait « pécheur ». Il fait l’expérience d’être une créature qui a besoin d’aide, incapable de se procurer toute seule l’accomplissement de sa propre existence et de sa propre espérance.

     

    Faut-il savoir prier pour prier ? L’important est de savoir que, même si l’homme oublie son créateur, Dieu ne cesse de nous appeler le premier à la rencontre mystérieuse de la prière. Ainsi, « cette démarche d’amour du Dieu fidèle est toujours première dans la prière, la démarche de l’homme est toujours une réponse »[2]. Par la prière nous allons à Dieu, par elle, Dieu nous est donné comme une présence.

    Au fur et à mesure, au cœur de cette réciprocité d’appel, nous apprenons à prier en nous plaçant sous son regard, sachant que si nous ne le voyons pas, il est là, au fond de notre cœur, dans ce lieu sacré que rien ni personne, quels que soient les évènements de notre vie, ne peut ou n’a pu atteindre ni souiller. Il est là dans ce lieu unique, réservé, prêt pour accueillir cet instant où va se vivre la force de cette énergie et de cette communion.

    L’expérience de la certitude de la Présence ne relève pas d’une réflexion intellectuelle ni même du fruit de notre imagination, mais d’un état et d’une vision intérieure inattaquables. La prière ouvre le cœur de l’homme à Dieu. Elle sacralise le temps et transforme l’homme.

     

    La prière nous porte et nous éveille chaque jour davantage. Lorsque, au cours de la journée, nous interrompons notre activité pour faire place à la prière, nous prenons un temps pour « faire le point ». La force qui nous anime dans ces moments-là, nous permet de reconsidérer les évènements et de poursuivre notre activité dans la vigilance. Il est alors possible de trouver un équilibre entre présence au monde et contemplation, communion et solitude ou silence intérieur.

    Sous l’effet de la persévérance et de la grâce, la prière progresse au rythme de notre transformation. Si au début elle est chargée de nos préoccupations et de nos craintes, de nos demandes ou de nos supplications, peu à peu, elle se spiritualise.

     

    La prière est ce dont nous avons le plus besoin dans notre vie. Apprenons à déposer nos vies davantage devant Dieu, apprenons à reconnaître dans le silence, dans l’intimité de nous-mêmes, sa voix qui nous appelle et nous ramène à la profondeur de notre existence et à la source de la vie. La prière est un souffle issu du Souffle. Souffle jaillissant des profondeurs de l’être pour faire place au dialogue d’amour. Or, l’amour vrai est audacieux, il questionne, il cherche. Il demande même des explications. L’amour vrai sait attendre, il ne force pas les évènements, Dieu est là ! L’amour vrai sait aussi se taire, il sait aller à Dieu non pour lui parler mais pour l’entendre nous parler.

     

    Par la prière, ouvrons-nous à la relation avec Dieu, qui est Amour infini.[3]

     

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs

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    [1] Catéchisme de l’Eglise Catholique. Cité par Benoît XVI – Audience générale 11 mai 2011

    [2] Op. Cit

    [3] Cf. Audience Générale, Benoît XVI du 11 mai 2011 ;

    Cf. notre livre « La déposition », p. 296-304, Nouvelle Cité


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  • « Découvre ton chemin » : Festival vocationnel de la JMJ
    logo-JMJ-Madrid-2011.gif Pour faire connaître aux jeunes les nombreux chemins vocationnels

    ROME, Mardi 31 mai 2011 (ZENIT.org) – 80 stands pour connaître et découvrir les mouvements et institutions de l'Église seront ouverts aux milliers de jeunes lors des JMJ de Madrid, en Espagne, du 16 au 21 août, pour le traditionnel « Festival vocationnel » au Retiro, le grand parc du centre ville.

     

    Le festival vocationnel 2011, où seront représentés divers pays, comme la France, la Norvège, les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Irlande, la Belgique, le Guatemala, le Chili et le Pérou, a pour objectif « d’aider les jeunes participants des JMJ à faire connaissance par eux-mêmes de ce qui est proposé dans l'Église en termes de vocation et à susciter en eux une recherche de ce que Dieu attend d’eux », soulignent les organisateurs.

     

    Mais il sera aussi l’occasion pour les familles religieuses, les mouvements, associations de fidèles et autres institutions d'Église du monde de se présenter aux jeunes, en leur faisant écouter les témoignages de personnes vivant leur vocation.

    Les organisateurs rappellent à ce propos l’appel lancé par le pape Benoît XVI à l’occasion de la Journée mondiale de prière pour les vocations, le dimanche 15 mai dernier : « Aujourd’hui aussi, quand la voix du Seigneur risque d’être oubliée au milieu de tant d’autres voix, chaque communauté d'Église est appelée à promouvoir et à prendre soin des vocations au sacerdoce et à la vie consacrée »

     

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    400.000 inscrits à la JMJ de Madrid 2011
    L’archevêque de Madrid rappelle l’importance d’une telle Journée

    ROME, Mardi 31 mai 2011 (ZENIT.org) – A trois mois de la prochaine Journées mondiale des jeunes à Madrid, du 16 au 21 août, le nombre des inscriptions s‘élève à 400.000, a précisé le cardinal Antonio María Rouco, archevêque de Madrid et président du comité organisateur de la JMJ, lors d’une conférence, jeudi 26 mai. Les inscrits, a-t-il précisé, proviennent de 182 pays.

    Durant cette conférence, intitulée justement : « A trois mois des prochaines Journées mondiales de la jeunesse », le cardinal a réaffirmé que ces Journées étaient une réelle « opportunité » pour les jeunes, car ces derniers ont « toute la vie devant eux ». L’opportunité de « se laisser éclairer par le Christ », et de découvrir « dans leur cœur et dans leurs sentiments, le ciment pour leur vie, un esprit d’offrande et de solidarité ».

    « Les fruits des Journées mondiales de la jeunesse peuvent se voir à court terme, a-t-il ajouté, grâce aux nombreuses vocations au sacerdoce, à la vie consacrée ou au mariage qui sont nées lors d’une édition des JMJ ; mais aussi sur le long terme, supposant une contribution à la société actuelle : l’énergie pour résoudre la crise et affermir le chemin de la paix ».

    Dans le contexte de crise financière, spécialement difficile pour les jeunes, a réaffirmé le cardinal Rouco, « les problèmes des jeunes ne se trouvent pas seulement dans les situations de chômage, mais surtout dans leur cœur, et c’est là qu’ils peuvent trouver une solution ».

    « La démocratie vit sur des ambitions qu’elle ne peut atteindre par elle-même. Il faut aller boire à d’autres sources d’humanité », a-t-il dit, renvoyant alors l’assemblée à la dernière encyclique de Benoît XVI, Caritas in veritate, où « aucun des problèmes de la société actuelle n’est laissé de côté », et où tous « ont un point de référence en commun : le sacrifice, la solidarité, la charité ».

    A l'issue de la conférence, le cardinal-archevêque de Madrid a remercié pour leur soutien toutes les personnes et entreprises et notamment les centaines de milliers de volontaires des JMJ de toutes les nations qui forment une ‘ONU’ très spéciale ».

    Source www.zenit.org

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  • Bonjour,

    Qu’un vent de Pentecôte souffle dans tes voiles les effluves de joie et de soleil qui feront de ton été, un havre de paix ! 
    "Signe de vie" fait relâche en juillet et août.  Bonnes vacances sur le balcon ou au grand large !

    Avec tendresse,

    Laurette

     

    voilier.jpg SOUFFLE DANS NOS VOILES

     

     L’Esprit-Saint est comme le vent

    qui souffle dans nos voiles.

     

    Le souffle... comme c’est vital !  Quand on manque de souffle, quand on est à bout de souffle, la fin n’est pas loin...  Il en est de même dans l’Église, quand nous touchons des limites, quand la fatigue nous gagne, quand le souffle faiblit.  Nous sommes alors tentés de baisser les bras, de regarder en arrière ou de tout  lâcher.

     

    Pourtant, la puissance de l'Esprit manifestée dans les Actes des apôtres est encore à l'oeuvre dans le temps d’aujourd’hui.  C’est le même Esprit que Jésus donne à son Église, afin qu’elle puisse annoncer avec force, Celui qui donne sens à la vie et bonheur au monde.  Et ce vent de l’Esprit Saint souffle partout.  Il fait de nous des membres de pleins droits de la famille de Dieu.  Nous avons droit à tous les trésors de Dieu.  « L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur; c'est un Esprit qui fait de vous des fils » (Rm 8, 14).

     

    Le vent gonfle la voile du bateau pour lui permettre d’avancer.  L’Esprit-Saint gonfle la voile de notre vie pour la pousser au grand large, le large d’une foi entreprenante, d’une audace courageuse, d’un souffle vivifiant qui fait naître la communion entre les personnes.    Souffle de la tendresse plus forte que l'indifférence, souffle de la foi plus forte que le doute, souffle du don de soi plus fort que l'égoïsme.  Ainsi, comme Jésus, animés par son Esprit, nous pouvons, avec respect et audace, proposer à nos frères de respirer le souffle de son amour.  "Avance au large" (Lc 5, 4).  Au large, dans les eaux mouvantes de la culture moderne, aux convictions et aux valeurs éclatées.

     

    Mais l’Esprit ne prend franchement le large qu’à partir de l’instant où chaque membre est disposé à larguer les amarres.  Nos voiles se gonflent quand l'imprévu nous désinstalle du rivage et que l'aventure nous entraîne vers le large.  Nos voiles se gonflent quand devant nous, paraissent des horizons nouveaux et que l'espérance nous invite à l'abandon.  Nos voiles se gonflent quand nous voyons l'amour transfigurer le monde et que nos actions et nos prières se rencontrent. 

     

    Qu’attendons-nous pour avancer tous ensemble ? Quand oserons-nous agir pour que les choses changent ?   Hissons donc nos voiles et laissons l’Esprit souffler !  Cap au large, il nous donnera de répondre aux défis actuels, de faire du neuf, de témoigner de l'Évangile dans les mots d'aujourd'hui.  Nos visages alors refléteront sa lumière et sa paix.

     

    Laurette Lepage

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  • L'Évangile selon saint Matthieu (1/5) 


      Matthieu et sa communauté

     
    saint MatthieuNous vous proposons, à partir d’aujourd’hui jusqu’à la fin du mois de juin, une découverte de l’Évangile selon saint Matthieu. Nous voulons aller au-delà des passages retenus par la liturgie dominicale pour vous présenter une vue d’ensemble de cet évangile qui occupe une place d’honneur dans la tradition chrétienne. En effet, Matthieu apparaît en tête du corpus des évangiles même s’il n’est pas le plus ancien, cette place étant occupée par Marc. C’était aussi l’évangile de prédilection jusqu’à la réforme liturgique du Concile Vatican II qui a institué le cycle triennal des lectures bibliques pour la messe dominicale. Selon l’exégète réputé Raymond E. Brown, Matthieu a été considéré dès les premiers siècles comme le « document fondateur » qui enracine l’Église dans l’enseignement de Jésus.  Cet enseignement du maître, Matthieu l’a regroupé en cinq grands discours qui occupent un peu plus de 30% de l’évangile qui compte 28 chapitres et 1 068 versets. Rappelons-nous la fin de l’évangile où le Ressuscité demande aux apôtres de faire des disciples et de leur apprendre à observer tout ce qu’il leur a enseigné. Avant d’aborder les éléments typiques de l’évangile, faisons connaissance avec l’auteur et sa communauté.

     

         Matthieu est mentionné dans toutes les listes d’Apôtres (Matthieu 10, 3; Marc 3, 18; Luc 6, 15; Actes 1, 13). Son nom en hébreu Mattatyah(u) se traduirait par « Théodore » ou « Dieudonné ». Dans le récit de son appel à devenir disciple, Marc (2, 14) et Luc (5, 27) le nomment Levi tandis que dans l’Évangile selon saint Matthieu il porte le nom de Matthieu. Ce même évangile est aussi le seul à préciser qu’il exerce la profession de publicain, c’est-à-dire de collecteurs des impôts et des douanes pour le compte du gouvernement romain (Mt 10, 3), dans la petite ville de Capharnaüm.

     

         Origène, saint Jérôme et d’autres Pères attribuent l’évangile à Matthieu et affirment que celui-ci s’adresse à des chrétiens venus du judaïsme. La langue, les procédés littéraires, le vocabulaire, la connaissance approfondie des Écritures et l’habileté à les interpréter à la lumière du Christ révèlent l’érudition de l’auteur de l’évangile. On note par exemple 130 références à l’Ancien Testament, dont 44 citations directes et 86 allusions. Une question se pose : un collecteur d’impôts pouvait-il avoir cette compétence? Se pourrait-il, en revanche, que Matthieu se dissimule derrière la figure du scribe qui, instruit du Royaume des cieux, c’est-à-dire devenu un disciple, sait tirer du neuf et du vieux de son trésor (13, 52)?

     

         On estime que l’évangile provient de Syrie, et plus particulièrement d’Antioche où vivaient d’importantes communautés juives et chrétiennes. On se rappellera que Paul y a prêché durant deux sabbats consécutifs (Actes 13). Un grand nombre de spécialistes datent l’évangile des années 80-90, soit une dizaine d’années après la prise de Jérusalem et la destruction du Temple par les armées romaines de Titus. Cet événement a eu un impact considérable sur la communauté juive qui, privée désormais de son Temple et de ses institutions religieuses, a dû se redéfinir sur la seule base de la Loi. Les Pharisiens, réfugiés à Jamnia, ont été les artisans de cette réorganisation qui a entraîné des conséquences malheureuses pour la jeune communauté chrétienne.

     

         En effet d’après l’Évangile de Matthieu, « il ressort que l’opposition était vive entre le judaïsme traditionnel et le christianisme naissant qui faisait figure d’hérésie » (Jean Radermakers, Au fil de l’évangile selon saint Matthieu, tome II : Lecture continue, Institut d'études théologiques, Bruxelles, 1974, page 13). L’évangile s’élabore dans le climat de polémique et de controverse qui s’était installé entre les deux communautés, la ligne de partage étant la confession de foi en Jésus, Fils de Dieu et Messie, en qui s’accomplit l’espérance d’Israël. Le conflit s’est soldé par l’exclusion de la communauté synagogale des chrétiens qui confessent que Jésus est le Christ, comme en fait foi la crainte des parents de l’aveugle-né de se prononcer sur celui qui a donné la vue à leur fils  (Jean 9, 22).

     

     

    Yves Guillemette, ptre

     source www.interbible.org

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