• L'Évangile selon saint Luc (5/7)

    L'aujourd'hui du salut

    Le salut de l’humanité, bien que réalisé une fois pour toutes par le Christ Jésus, à une époque et dans un lieu déterminés, est une réalité toujours actuelle, dynamique et efficace. En tant que révélation de sens et don de vie en plénitude, le salut fait irruption dans la vie d’une personne lorsque celle-ci fait la rencontre du Christ, à la faveur de la Parole proclamée et écoutée. C’est alors le moment de l’aujourd’hui du salut, le début d’un dialogue entre l’expérience de vie d’une personne et la Parole de Dieu. Ainsi se réalise la parole du messager de Dieu envoyé aux bergers de Bethléem : Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur (Luc 2, 11).

         Luc est l’évangéliste de l’aujourd’hui du salut. En effet, le mot « aujourd’hui » apparaît 12 fois dans l’évangile et 10 fois dans les Actes. À titre de comparaison, on ne trouve ce mot que 6 fois chez Matthieu et une fois chez Marc. Il est absent chez Jean. Mis à part les cas où il désigne le « jour d’aujourd’hui », le terme est utilisé par Luc dans un sens théologique, pour signifier que le salut est contemporain de tout être humain.


         La naissance de Jésus à Bethléem constitue l’avènement historique du salut. L’incarnation du Fils de Dieu est un événement décisif dans le cours de l’histoire. Il concerne l’univers et l’humanité tout entière : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes qu’il aime (Lc 2, 14). La prédication de Jésus dans la synagogue de Nazareth inaugure le ministère de Jésus qui sera la manifestation de la faveur, de la grâce de Dieu, l’irruption des temps messianiques : Aujourd’hui, cette écriture est accomplie pour vous qui l’entendez (4, 21). Jésus accomplit l’espérance du salut qui parcourt le Premier Testament et trouve sa plus belle expression dans le texte d’Isaïe 61, 1 proclamé dans la synagogue :

    L'Esprit du Seigneur est sur moi
    parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction.
    Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
    annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres,
    et aux aveugles qu'ils verront la lumière,
    apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits
    accordée par le Seigneur (Lc 4, 18-19)

         La mission de Jésus sera totalement consacrée à la rénovation, à la re-création, de la personne humaine, dans son corps comme dans son âme et son cœur. De la synagogue de Nazareth, le salut rejoint sans crier gare la vie d’une personne, Zachée : Il me faut aujourd’hui demeurer dans ta maison (19, 5). Ne craignant pas de loger chez un pécheur, Jésus renverse la vie de Zachée. Celui-ci fait l’expérience du pardon et devient à son tour bonne nouvelle du salut en réparant les torts causés aux gens qu’il a exploités. Le message inaugural de Nazareth trouve son accomplissement chez cet homme de Jéricho : Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham (Luc 19, 9). Enfin, lorsqu’il est en croix, Jésus libère le brigand repentant de la puissance destructrice du mal et de la mort, en le faisant entrer dans une communion de vie avec lui : Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis (Luc 23, 43).

         Du début à la fin de l’évangile, on découvre que le salut n’est ni abstrait ni théorique. Il fait un avec la personne de Jésus, le Christ Seigneur, le Sauveur. Quiconque accueille Jésus se voit transformer par la puissance de son amour. Toute rencontre de Jésus est le temps favorable, le kairos, qu’il faut saisir sans hésitation pour entrer dans l’aujourd’hui du salut. Et ce temps favorable peut survenir à tout moment dans la vie d’une personne.

    Nous te louons, Père très bon,
    pour l’univers façonné par ta Parole,
    et pour l’humanité créé par ta Sagesse.
    Nous te louons, Père très saint,
    d’avoir choisi des prophètes
    qui ont porté ta Parole qui guide nos pas
    et soutient notre fidélité à te suivre.
    Nous te remercions, Père très bon,
    d’avoir donné à ta Parole
    un cœur, des mains et des pieds,
    pour être la Bonne Nouvelle qui nous accompagne
    sur la route du quotidien.

     

     

    Yves Guillemette, ptre

    source www.interbible.org

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  •      Le prophète volant (2 Rois 2, 1-15)
    prophete-volant.jpg                 Le prophète Élie sur un char de feu
                    vitrail de la cathédrale des Saints Michel et Gudule, baie 3, Bruxelles (Belgique)

    Les récits décrivant la vie du prophète Élie sont remplis d’événements extraordinaires et insolites. Mais aucun n’égale son enlèvement au ciel, car Élie ne peut mourir comme tout le monde. Allez lire ce récit (2 Rois 2,1-15).

         Le livre des Rois décrit qu’au lieu de mourir, Élie est emporté au ciel sur un char de feu. Pour bien comprendre ce récit, il faut connaître la façon dont les hommes et les femmes de la Bible se représentaient le monde qui les entoure. Pour eux, la terre est plate et soutenue par de gros piliers. C’est le lieu de vie des humains. En haut, dans le ciel, se trouvent les eaux, les luminaires, mais surtout Dieu et sa cour divine. Sous la terre, est situé le lieu de la mort : le shéol.

         Dans notre récit, Élie est enlevé de la terre, le lieu de vie des humains, vers le ciel, le lieu de Dieu. On surnommait Élie « l’homme de Dieu ». Il était tellement rempli de Dieu qu’il a été enlevé vers lui à la fin de sa vie.

         Cet enlèvement a lieu au cours d’une tempête. Les tempêtes sont des circonstances classiques des manifestations de Dieu (voir Isaïe 29,6; Jérémie 23,29; 25,32; Ezéchiel 1,4; Nahoum 1,3, etc.) De même, le feu associé au char et aux chevaux symbolise la puissance du Seigneur.
    La transmission de la mission

         L’un des éléments importants du récit est le manteau d’Élie. C’est l’instrument dont il se sert pour séparer les eaux, comme le bâton pour Moïse, au moment du passage de la mer des Joncs (Exode 14,16.22) et du passage du fleuve Jourdain (Josuée 3,13-17). Le lecteur comprend qu’Élie possède des pouvoirs semblables à ceux donnés par Dieu à Moïse. Ce manteau deviendra le symbole de la transmission de sa mission et de ses pouvoirs à Élisée qui, à son tour, séparera les eaux. Il est le signe que l’esprit de Dieu est avec lui, comme il l’a été avec Élie.

         Lorsqu’Élie est enlevé au ciel, Élisée déchire ses vêtements. C’est un geste normal de deuil et il apparaît ailleurs dans la Bible (voir Genèse 37,34; 44,13; Josuée 7,6). Élisée est ensuite prêt à revêtir le manteau d’Élie et à continuer l’action prophétique de son maître. Les vêtements, en particulier le manteau, représentent la personne même de celui qui les porte. À l’époque biblique, on ne connaît pas la diversité vestimentaire qui est la nôtre aujourd’hui. De plus, chaque morceau est unique puisqu’il est confectionné à la main. Tel vêtement représente donc telle personne.

         Ce récit est centré sur la transmission de la mission prophétique d’Élie à Élisée. Les chapitres suivants raconteront les diverses actions d’Élisée qui resteront dans la ligne de celles de son maître.
    Autres ascensions

         Élie n’est pas le seul personnage biblique à être enlevé au ciel. Le premier est Hénok, personnage situé entre Adam et Noé, dans la généalogie du livre de la Genèse. « Hénok vécut en tout trois cent soixante-cinq ans. Ayant suivi les voies du Dieu, il disparut car Dieu l’avait enlevé. » (Genèse 5,23-24) Cet enlèvement d’Hénok restera un thème important dans l’apocalyptique juive.

         On connaît aussi l’ascension de Jésus ressuscité, telle que décrite par l’évangile de Luc (24,51) [1]. Hénok, Élie et Jésus font donc partie d’un club assez sélect!
    Tout comme l’enlèvement d’Hénok, celui d’Élie sera la source de développements apocalyptiques. On s’attend à ce qu’il revienne sur terre pour annoncer la fin des temps. Les légendes juives sont fort nombreuses à propos d’Élie et se retrouvent dans la Aggadah, une collection de textes rabbiniques. Dans ces textes, on voit que les rabbins ont inventé de nouvelles aventures extrabibliques à Élie. Elles commencent après son enlèvement et se terminent à la fin de l’histoire de l’humanité.

         La tradition chrétienne a été beaucoup inspirée par le personnage d’Élie. On retrouve son nom un peu partout dans le Nouveau Testament. L’évangile de Marc, par exemple, voit en Jean-Baptiste, la personne d’Élie qui est revenu sur terre avant la venue du Seigneur! Jean-Baptiste et Élie s’habillent de façon similaire (2 Rois 1,8 et Marc 1,6). Plus loin dans cet évangile, Jésus lui-même laisse entendre que Jean-Baptiste est Élie revenu sur terre (Marc 9,13). Les récits de la transfiguration de Jésus placent Moïse et Élie en sa compagnie, sur la montagne (Matthieu 17,1-9; Marc 9,2-9 et Luc 9,28-36). Lorsque les gens se demandent qui est Jésus, certains affirment qu’il est Élie attendu pour annoncer la fin des temps.

        [1] Le récit de l’ascension de Jésus est assez insolite puisqu’il ne se trouve que dans les livres de Luc, l’évangile (24, 50-51) et les Actes des Apôtres 1, 9-11). Aucun autre évangéliste et aucune lettre de Paul n’en parlent. Curieusement, les Actes des Apôtres la situent quarante jours après la résurrection, alors que l’évangile la situe au soir de la résurrection et des apparitions. Cette différence est particulière puisque les exégètes confirment que l’auteur de l’évangile de Luc et des Actes des Apôtres est la même personne. Pourquoi Luc a-t-il situé l’ascension à deux moments différents?

    Sébastien Doane

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  • L'Évangile selon saint Luc (4/7)

    La croissance du règne de Dieu

     

    À la fin des Actes, Luc montre que le programme missionnaire de Jésus est pleinement réalisé, sans que toutefois l’annonce de l’Évangile soit terminée une fois pour toutes. En résidence surveillée à Rome, Paul proclame le règne de Dieu et enseigne ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ (Ac 28, 30-31). On retrouve la même idée que dans l’introduction où Luc rappelle qu’il a consigné dans son évangile ce que Jésus a fait et enseigné et comment il a entretenu les apôtres du règne de Dieu (Ac 1, 1-3). Le règne de Dieu est vraiment au cœur de l’Évangile, que celui-ci soit annoncé par Jésus ou par les apôtres. La présence de Paul à Rome indique que l’Évangile du Christ a une portée universelle et qu’il peut rejoindre le cœur de tout être humain. Nous en avons même quelques indices dans l’évangile.

     

         Les évangélistes Matthieu, Marc et Luc relient la vocation prophétique de Jean Baptiste au texte d’Isaïe 40, 3-5. Luc est le seul cependant à donner la citation complète qui se termine par : Toute chair verra le salut de Dieu. Le prophète entrevoit que le retour des exilés manifestera avec puissance la gloire du Seigneur de l’univers aux yeux de toute créature. Luc interprète le texte d’Isaïe dans le sens universaliste du salut que Dieu va réaliser par Jésus; un salut auquel il faut se préparer par une démarche de conversion, comme le prêche Jean Baptiste.

     

         À l’autre extrémité de l’œuvre de Luc, un autre texte d’Isaïe sera interprété comme étant désormais accompli. Il s’agit d’Is 6, 9-10 que l’on trouve en Ac 28, 25-31. Paul évoque l’endurcissement du peuple élu qui, dans les temps passés, a maintes fois refusé d’écouter la voix de son Dieu. Cet endurcissement s’est de nouveau vérifié par rapport à l’Évangile. En revanche, l’ouverture des païens à l’Évangile et leur incorporation au peuple de Dieu illustrent la portée universelle du règne de Dieu : Sachez-le donc: c’est aux païens qu’a été envoyé ce salut de Dieu; eux, ils écouteront (Ac 28, 28).

     

         La proclamation de l’Évangile parmi les nations, qui est un fait accompli à l’époque de Luc, correspond à la volonté de Jésus, telle qu’exprimée au moment où il prend congé de ses apôtres. L’ascension est l’événement charnière qui unit le récit évangélique et le livre des Actes. En effet, les Actes commencent là où l’évangile s’est terminé, soit par l’envoi des apôtres en mission, depuis Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1, 8; Lc 24, 46-47).

     

         Dans la section réservée aux récits d’enfance de Jésus, le vieillard Siméon aura une parole prophétique à propos de l’enfant qu’il tient entre ses bras : Car mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé face à tous les peuples: lumière pour la révélation aux païens et gloire d’Israël ton peuple (Lc 2, 30-32). Or cette parole renvoie à un texte du prophète Isaïe (49, 6). Elle concerne la proclamation du salut par Jésus. Dans le livre des Actes, la même citation est attribuée à Paul et définit sa vocation et sa mission : Paul et Barnabé eurent alors la hardiesse de déclarer: C’est à vous d’abord que devait être adressée la parole de Dieu!  Puisque vous la repoussez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, alors nous nous tournons vers les païens.  Car tel est bien l’ordre que nous tenons du Seigneur : Je t’ai établi lumière des nations, pour que tu apportes le salut aux extrémités de la terre (Ac 13, 46-47). Pour le lecteur des Actes, la mission de Paul, l’apôtre des nations, est ainsi justifiée par le recours à la volonté du Seigneur.

     

         Ce bref survol illustre le lien étroit existant entre l’Évangile selon saint Luc et les Actes. Une même ligne maîtresse traverse ainsi toute l’œuvre de Luc : Jésus est venu inaugurer le Règne de Dieu. Ce Règne est étendu à toutes les nations. C’est à l’Église qu’incombe la responsabilité d’annoncer le Christ ressuscité pour que son règne parvienne à tous les peuples. L’Esprit Saint, qui a reposé sur Jésus et qui a été répandu sur les apôtres à la Pentecôte, assiste, inspire et pousse l’Église à remplir la mission que le Ressuscité lui a confiée.

     

    Yves Guillemette, ptre

    Source www.interbible.org

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  • Babylone, ville du mal ou ville lumière?

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    Raphael Lacoste, Babylon on Sunset (deviantART)

    Babylone est une ville bâtie sur les rives du fleuve de l’Euphrate au sud-ouest de l’actuel Bagdad en Irak. Ses ruines sont immenses : elles couvrent près de 10 km2. Lors de son apogée, Babylone est un symbole de beauté et ses jardins suspendus font partie des merveilles du monde. On y trouvait d’importants monuments tels que la ziggourat de l’Ésagil, le temple de Marduk qui s’élevait à 90 mètres et dominait la ville. Avec ces sept étages, on la désignait comme la « porte de dieu ». Cette ziggourat inspirera de la fameuse tour de Babel du livre de la Genèse (11,1-9). Ce récit qui se termine dans le chaos linguistique fit de Babel le symbole de la confusion. On peut aussi comprendre cette histoire comme une critique de la civilisation urbaine et l’excès de grandeur dans les constructions humaines. 

    Ville du mal

         Sous la gouverne de Hammurabi (1718-1676), Babylone devient le centre d’un empire qui couvrira l’entière Mésopotamie. Marduk est leur dieu national. Leur expansion vient bouleverser le peuple de la Bible. Jérusalem, son Temple et son palais seront détruits par l’armée des Babyloniens conduite par Nabuchaudonosaur. Ce moment marquera Israël pour toujours. D’un coup, les Israélites ont perdu l’indépendance de leur royaume, leur roi, leur Temple et l’élite de la population est déportée à Babylone en exil. Cet exil prendra fin lorsqu’en 539 Cyrus de Perse va prendre Babylone. La chute de Babylone permettra aux Juifs de revenir à Jérusalem et reconstruire le Temple.

         On retrouve plusieurs traces de l’exil à Babylone dans la Bible. Le Psaume 137 est un bon exemple. Il rappelle la nostalgie des exilés au bord du fleuve de Babylone assis tout éploré pensant à Jérusalem. Ce psaume porte aussi des marques de la haine et de la violence de la destruction subie.

         Babylone restera le symbole de tous les empires opposés à Dieu et à son peuple. Dans le livre de l’Apocalypse, on va l’appeler la « grande prostituée », alliée de l’Antéchrist (Ap 18,9-24). Au temps des premiers chrétiens, Rome est qualifié de « grande Babylone » pour les persécutions qu’elle leur fait vivre. Leur espoir c’est qu’un jour elle soit anéantie comme l’a été Babylone.

         Pour les Pères de l’Église, Babylone est devenue symbole du pêché et du mal. Par exemple, saint Augustin va opposer dans La Cité de Dieu (413-424) la cité profane de Babylone à la ville sacrée de Jérusalem. À l’époque de la Réforme, Martin Luther et les protestants, font de la ville du Pape la cité du pêché, reprenant l’image de Babylone, la Grande Prostituée de l'Apocalypse.

         Ce portrait négatif du terme Babylone a traversé le temps. Ainsi, divers groupes messianiques et millénaristes actuels utilisent encore la métaphore babylonienne pour qualifier l'origine de ce qui est vécu comme une persécution, et New York est parfois désignée comme une « Babylone moderne ». On retrouve aussi cet emploi du nom de la ville antique pour condamner l'oppression et la corruption dans des discours du mouvement rastafari. Un exemple se trouve dans la célèbre chanson Rivers of Babylon chantée par plusieurs artistes et dont les paroles sont reprises du Psaume 137.

    Ville lumière

         À partir du XVIIIe siècle, certains auteurs critiques des autorités religieuses nuancent l'image négative de Babylone, par exemple Voltaire qui fait référence à cette ville dans plusieurs de ses écrits. Les découvertes archéologiques sont alors prises en compte pour mettre en lumière la grandeur de cet empire qui se développe comme un centre spirituel et intellectuel important de l’époque.

         Aujourd’hui, Babylone apparaît dans différentes formes d'expression artistique (littérature, arts plastiques, cinéma, jeux vidéo, etc.) qui s'inspirent selon les cas plutôt des traditions bibliques présentant la ville comme symbole du mal ou bien des acquis des recherches archéologiques qui montre Babylone comme une ville importante pour son époque.

    Sébastien Doane

    Source www.interbible.org

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  •  

    C'est Chopin


    F-Chopin.jpg«Il les interrogeait de nouveau : 'Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?'
    Pierre prend la parole et répond : 'Tu es le Messie'»
    (Marc 8, 29).


    La fenêtre était ouverte et on entendait quelqu'un qui jouait au piano. Une jeune fille se tenait près de la fenêtre en silence. Un passant s'arrêta et lui demanda : « Qu'est-ce que vous faites-là?» Elle répondit : «Chut! j'écoute Chopin qui joue». «Qui vous a dit que c'est Chopin qui joue?» «C'est mon cœur qui me le dit», reprit la jeune fille.

         Pour entendre Chopin, il faut un sens musical pour goûter l'expression propre du piano et surtout, il faut l'expérience d'un cœur blessé comme celui de Chopin.

    LIEN: Il en va de même dans la découverte du Christ. Là aussi, il faut avoir de «l'oreille» et la tendre pour écouter la musique de ses pas. Pour reconnaître Jésus, il faut être sensible à sa voix, à sa Parole. Il nous faut un cœur qui vibre à la souffrance des autres, autrement nous risquons de nous faire une fausse idée de Jésus, Fils de Dieu, serviteur souffrant.

    *****

    Si tu veux le connaître

         À ses cinquante ans de mariage, une brave dame me disait : «Déjà cinquante ans ... et on fait juste commencer à se connaître».

         Devant mon regard étonné, elle continua : «Mais oui! Au début de notre mariage, je croyais bien le connaître, mon mari. Mais, j'ai compris avec le temps que ce que je connaissais, c'était plutôt mes idées sur lui, l'image que je m'étais fabriquée de lui à partir de mes rêves. Ce n'est pas en s'assoyant devant quelqu'un qu'on le connaît, c'est en le suivant. Et c'est après avoir suivi mon mari dans ses projets, dans ses échecs, que j'ai vu de quelle étoffe il était fait, quelles valeurs le nourrissaient et le tenaient debout».


    LIEN: N'en est-il pas ainsi de notre relation avec le Christ? Parce que nous avons lu sur Jésus et parcouru la Bible nous croyons le connaître. Mais la vraie connaissance du Christ ne survient que lorsque nous le suivons.

         C'est en le suivant que nous découvrons de l'intérieur qui est Jésus Christ, ce qui fait la solidité de son message, ce qui le fait marcher jusqu'au don total (Georges Madore).

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  • L'Évangile selon saint Luc (3/7)

    Une histoire sainte en trois temps

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    L’œuvre de Luc, divisée en deux tomes, l’évangile et les Actes des Apôtres, présente une vaste fresque de l’histoire du salut. Cette histoire se répartit en trois temps : le temps de la promesse, le temps de Jésus et le temps de l’Église. Ces trois temps s’articulent autour d’un axe central : le règne de Dieu. Celui-ci plonge ses racines dans l’alliance conclue avec Israël, est réalisé par Jésus et se déploie dans le monde entier par la mission évangélisatrice confiée par le Christ à l’Église. L’Esprit Saint agit comme le moteur de cette histoire tandis que le Christ Jésus et l’Église en sont les acteurs. L’Évangile est au cœur de cette histoire du règne de Dieu. D’abord annoncé par Jésus, l’Évangile devient, après la résurrection, la personne même du Ressuscité. Quiconque accueille dans la foi la parole des apôtres, non comme une simple parole humaine mais comme la Parole de Dieu, voit s’actualiser dans sa vie l’aujourd’hui du salut.

    Le temps de la promesse

         Le premier temps de l’histoire du salut est celui de la promesse qui se développe tout au long du Premier Testament et atteint son sommet avec Zacharie, Élisabeth, Jean Baptiste, Anne, Syméon et Marie. Luc nous les présente comme des personnes espérant la réalisation des promesses messianiques. Leur foi les rend attentifs aux manifestations de Dieu et l’Esprit Saint en fait des serviteurs de Dieu qui se prêteront à la venue du salut dans le monde. La figure de Syméon est remarquable à ce titre : Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit Saint était sur lui. Il lui avait été révélé par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur (Lc 2, 25-26). Marie occupe une place de choix parmi ces personnes que l'on peut déjà considérer comme des disciples de Jésus. Elle est d’ailleurs saluée par Élisabeth d’une béatitude : Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur (1, 45). Luc s'attarde aussi à la figure de Jean Baptiste: c'est lui qui exhortera son peuple à la conversion afin d'accueillir la visite de Dieu. En gros, le temps de la promesse correspond aux premiers chapitres de l'évangile jusqu'à la prédication de Jésus à la synagogue de Nazareth.

    Le temps de l’accomplissement

         Le deuxième temps, celui de Jésus, est consacré à la réalisation du dessein de Dieu. Dans la synagogue de Nazareth, Jésus, habité par l’Esprit, proclame la réalisation de la promesse, l’aujourd’hui du salut (4, 16-21). Une fois terminé le ministère en Galilée (4, 13-9, 50), Luc organise ses matériaux de telle façon que toute l'activité de Jésus s'insère dans une montée vers Jérusalem (9, 51-19, 28). Jésus y sera condamné et mis à mort. C'est là également que Dieu manifestera sa puissance en ressuscitant Jésus et en le glorifiant (19, 29-24, 54). De Jérusalem, l’Évangile prendra son essor pour parcourir le monde entier par le ministère des apôtres.

    Le temps de la mission

         Enfin, le troisième temps est décrit dans le livre des Actes. Les Apôtres, investis par l’Esprit au jour de la Pentecôte, poursuivent la mission de Jésus ressuscité. Ils doivent être ses témoins à Jérusalem, en Judée et en Samarie, jusqu'au bout du monde. Deux figures  dominent la vie de l'Église naissante: Pierre et Paul. L'Église s'organise petit à petit sur les lieux mêmes où vécut Jésus et y subit quelques persécutions. Pierre exerce la primauté pastorale sur les communautés chrétiennes. L'arrivée de Paul et de ses compagnons force l'ouverture de l'Église aux païens, réalisant ainsi le commandement de Jésus. Toute la deuxième partie du livre (15, 36-28, 31) est consacrée à l'activité missionnaire de Paul en Asie Mineure et en Grèce. L'Évangile est annoncé à tous les peuples et l'Église, par la fondation de communautés locales, s'enracine peu à peu parmi les nations.

         Ainsi donc, du début de l’évangile à la fin des Actes, Luc raconte comment le règne de Dieu est inauguré par Jésus et prend de l’expansion par la proclamation de l’Évangile. Luc parle d’expérience, puisque lui-même a fait la rencontre du Christ à la suite de l’annonce de l’Évangile. La prochaine chronique reprendra ce thème de la croissance du règne de Dieu.

     

    Yves Guillemette, ptre

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  • L'Évangile selon saint Luc (2/7)

    La fiche d'identité de Luc

    Le nom de Luc n’apparaît pas dans les évangiles ni dans la liste des apôtres. Il n’est donc pas un disciple de la première heure. Il a cependant fait la rencontre du Christ par l’entremise de l’annonce de l’Évangile du Christ Jésus, cet Évangile de la grâce de Dieu, comme Paul le dit si bien dans son discours d’adieu (Actes 20, 24).

     

         Absente des évangiles, la figure de Luc apparaît ailleurs dans le Nouveau Testament, notamment dans l’entourage de Paul. Celui-ci mentionne le nom de Luc à trois reprises, en le désignant comme « le cher médecin » (Colossiens 4, 14) et l'un de ses collaborateurs (Philémon 24). Dans la Seconde lettre à Timothée, Paul écrit que Luc est seul avec lui (4, 11). Luc est également l'auteur des Actes des Apôtres. Or, dans certains passages de ce livre (16, 10-17; 20, 5-15; 21, 1-18; 27, 1-28, 16), Luc utilise le pronom « nous ». Ce procédé littéraire laisse croire qu'il était un des compagnons de voyage de Paul : Prenant la mer à Troas, nous avons mis le cap directement sur Samothrace (Ac 16, 11).

     

         La qualité et la maîtrise du grec commun (la koinè), le style élégant des passages qui lui sont propres, l’art de raconter, l’emprunt de certains procédés aux historiens et écrivains grecs sont autant d’indices attestant que Luc appartient à la culture hellénistique, c'est-à-dire la civilisation grecque postérieure à Alexandre le Grand.

     

         De ce fait, Luc est un témoin de l’inculturation de l’Évangile dans le monde grec. Son évangile reflète le souci de transmettre et de rendre le message du Christ intelligible et crédible pour des gens qui ne sont pas familiers de l’univers biblique dans lequel Dieu s’est révélé. Il était important pour lui de bien inscrire dans le cours de l’histoire les événements qu’il rapporte pour en montrer la réalité et la vérité. À cet effet, il choisit d’écrire à la manière des historiens grecs, comme il l’annonce dans le prologue de l’évangile. Il précise sa méthode, donne ses sources, choisit ses matériaux et fixe son objectif pour produire un récit ordonné. Cet ordre toutefois est davantage didactique que chronologique, car l’auteur veut transmettre l’enseignement de Jésus et tracer le portrait du disciple authentique. La même méthode sera également appliquée dans les Actes des Apôtres où Luc raconte l’expansion de l’évangélisation depuis Jérusalem jusqu’à Rome, au cœur de l’empire.

     

         Certains pensent que Luc aurait été un sympathisant de la religion juive, un craignant-Dieu, à l’instar d’autres païens qui étaient insatisfaits du vide religieux véhiculé par le polythéisme et ses mythologies discréditées par les philosophes, ainsi que par la religion officielle qui divinisait l’empereur. Les craignant-Dieu étaient attirés par la foi monothéiste et les valeurs morales de la religion juive. Mais ils n’allaient pas jusqu’à se convertir, car cela impliquait la circoncision. Ils la refusaient non seulement parce qu’elle était considérée comme une mutilation dégradante mais aussi parce qu’elle impliquait un changement d’appartenance nationale.

     

         La prédication des apôtres remporta un certain succès auprès des craignant-Dieu, de même qu’auprès des païens. Ces gens accueillirent l’Évangile avec bonheur car la personne et le message de Jésus comblaient leurs aspirations religieuses et morales. La religion chrétienne jouissait d’un atout précieux : son universalité. La communauté chrétienne faisait bon accueil aux personnes de toutes cultures, langues, origines ethniques et appartenances nationales. Il suffit de penser à la triple mention de centurions dans l’ensemble de son œuvre.

     

         Enfin, la tradition chrétienne des premiers siècles apporte quelques témoignages au sujet de Luc. En 180, l'évêque de Lyon, Irénée, est le premier à affirmer que Luc est l'auteur du troisième évangile : « Luc, le compagnon de Paul, a consigné en un livre l'évangile que celui-ci prêchait. » À la même époque, le Canon de Muratori le confirme également : « Le troisième évangile est selon Luc. Luc est ce médecin qui, après l'ascension du Christ, fut emmené par Paul comme compagnon de ses voyages et qui écrivit en son nom. Cependant, il n'a pas vu lui-même le Seigneur durant sa vie terrestre. Il commence son récit à partir de la naissance de Jean». Tertullien et Origène (3e siècle), Eusèbe de Césarée et Jérôme (4e siècle) abondent dans le même sens.

     

    Yves Guillemette, ptre

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    C'est un vrai miracle! http://ekladata.com/pdub8RWZBCYlxWjqBzqsgm80hIQ.jpg

    Guérison d'un sourd-muet : Marc 7, 31-37
    Autres lectures : Isaïe 35, 4-7a; Psaume 145(146); Jacques 2, 1-5

     

    « C’est un vrai miracle! » On parle de miracles quand le cours naturel des choses est changé. Ça peut être une guérison inespérée, un défi aux lois de la nature ou un événement imprévu et salutaire. Mais attention, tout est dans l’interprétation! On pourrait assister au même événement et le comprendre de façons très différentes. Par exemple, lors de la guérison spontanée d’un cancer, un croyant pourrait affirmer que c’est un miracle et que ses prières ont été entendues. Par ailleurs, les médecins, en écrivant leur rapport, n’utiliseront pas ce type de langage religieux pour décrire la même réalité.

    La guérison du sourd-muet

         Le premier verset de l’évangile de ce dimanche nous amène de Tyr et Sidon vers la mer de Galilée par la Décapole. Cette description géographique est assez vague, mais elle situe le récit en dehors du territoire de la terre d’Israël. Ce miracle de Jésus va se produire en terre païenne. C’est une façon pour Marc de montrer que la mission de Jésus ne s’adresse pas seulement aux Juifs.

         La guérison comme telle est opérée selon un rituel qui nous paraît assez bizarre et très peu hygiénique. D’abord, il y a une série de gestes : mettre un doigt dans les oreilles, cracher, toucher la langue. Jésus entre en contact avec les parties du corps qui ne fonctionnent pas. Nous avons affaire à un sourd-muet, alors Jésus se met en contact avec ses oreilles et sa bouche. Puis, il prononce une parole : « Ephata » qui signifie « ouvre-toi ». L’auteur de l’évangile laisse l’expression en araméen, la langue que parlait Jésus. Ce mot montre l’efficacité de la parole de Jésus. Le lecteur peut s’imaginer Jésus en train de le dire en araméen.

         Le récit se termine par un avertissement de Jésus de ne pas parler de cette guérison. Un élément typique de l’évangile de Marc appelé « secret messianique ». Pourtant, la foule en parle qu’en même, et ils le font avec les paroles d’Isaïe 37,5-6 (les sourds entendent et les muets parlent) un texte qui annonçait le retour de l’Exil et qui portait l’espoir du Messie.

    Les miracles dans la Bible

         Les écrivains bibliques discernent la signature de Dieu dans la création et dans l'histoire. Les prodiges racontés dans la Bible veulent montrer la présence protectrice de Dieu. Par ailleurs, plusieurs récits miraculeux sont en lien avec des phénomènes naturels courants. Par exemple, dans les plaies d'Égypte, l'invasion de sauterelles n'a rien de surnaturel, mais dans ce contexte de libération, elle devient un signe de l’intervention de Dieu en faveur de son peuple. Tout est dans l’interprétation de ces phénomènes qui pour un croyant y voit l’œuvre de Dieu.

    Les miracles de Jésus

         Les miracles de Jésus prennent une place importante dans les Évangiles. Lorsque comparés aux autres textes de l’Antiquité, les récits évangéliques se distinguent par une grande sobriété dans la description du merveilleux. Ils montrent que les miracles accomplis par Jésus sont le signe que Dieu agit par lui. On y retrouve beaucoup de guérisons, des exorcismes, quelques miracles de la nature et des résurrections.

    Est-ce que Jésus a réellement fait des miracles?

         Les récits bibliques de miracles et de guérisons ne sont pas de simples narrations inventées de toutes pièces. Est-ce que la Bible dit vrai lorsqu’elle parle de miracles? Oui, la Bible dit vrai, mais c’est une vérité théologique. Les textes bibliques sont des interprétations religieuses qui veulent montrer comment Dieu œuvre dans l’histoire humaine. Le but des auteurs bibliques n’est pas d’écrire un procès verbal des événements, mais d’éduquer ses lecteurs à relire les événements avec foi.

         Et Jésus lui, est-ce qu’il a fait des miracles? Les évangiles nous le présentent de cette façon. Sur les 666 versets de l’Évangile de Marc, 209 traitent de miracles. C’est environ 1/3 de cet évangile. On retrouve dans le Nouveau Testament des récits de miracles provenant de sources et traditions différentes. Tous les évangiles en parlent. De plus, il y a même un non-chrétien, Flavius Josèphe 1 qui le décrit comme un «faiseur de miracles».

    Y a-t-il un docteur dans la salle?

         Notons que les guérisons de Jésus sont réalisées dans un monde très différent du nôtre. À l’époque, il n’y avait pas d’hôpitaux ou de système de santé. Lorsqu’on était malade, il y avait des guérisseurs qui utilisaient à la fois des remèdes empiriques, mais aussi des incantations ou des formules magiques. En Israël, la maladie était comprise comme une punition divine. La santé était en lien avec les règles de pureté et de sainteté. Il était donc normal de faire appel à un guérisseur qui soit aussi vu comme un homme de Dieu. Jésus était un guérisseur parmi d’autres. Il n’y a rien d’exceptionnel dans le fait d’être guérisseur dans ce contexte. Ce qu’il y a de particulier, c’est que ses guérisons sont comprises comme des signes de l’avènement du Royaume de Dieu.

         Jésus a accompli des actes qui étaient compris par ses contemporains comme des miracles puisqu’ils y voyaient la puissance de Dieu. Ses gestes de guérison envers les malades sont en cohérence avec sa prédication au sujet du Royaume de Dieu. Les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. (Luc 7,22)

    Et nous?

         Si être chrétien, c’est de suivre Jésus Christ, nous sommes aussi appelés à guérir comme lui. Sans nécessairement devenir thaumaturges et réaliser des miracles, nous pouvons aider ceux qui comme ce sourd-muet sont malades et exclus. Dans l’évangile, Jésus prend le temps d’amener le sourd-muet à l’écart et d’entrer en relation avec lui en ayant un contact physique avec ses oreilles et sa langue. Lorsqu’on rencontre quelqu’un qui souffre, exclu de la communauté ou enfermé sur lui-même, prenons le temps de le rencontrer pour de vrai. Qui sait, peut-être qu’il y aura un miracle et qu’on pourra être au cœur d’une guérison? Si elle n’est pas physique, elle pourra être spirituelle.

         Ephata, ouvre-toi! Cette expression est un appel à l’ouverture : à Dieu, aux autres et à soi-même. Sortons de nos façons de penser centrées sur soi et ouvrons-nous aux autres.

         On pourrait relire notre évangile de façon symbolique en se disant que le lecteur est invité à son tour à sortir de sa surdité et de son mutisme en écoutant la Bonne Nouvelle pour pouvoir en témoigner par la suite.

    _________________________

    1 Flavius Josèphe est un historien juif qui écrivait pour les Romains. Antiquités judaïques (18, 63).

     

    Sébastien Doane, bibliste

     

    Source: Le Feuillet biblique, no 2324. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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  • Réactions « Marie et Joseph : un couple véritable »

     

    http://ekladata.com/hgKBAn3JNefbNuSAd3Vl1_HpKi4.jpgSuite à l’article d’André Myre Marie et Joseph : un couple véritable plusieurs personnes nous ont contactés pour nous donner leurs réactions et commentaires sur cette question. Cet article portait sur Mt 1,25a qui parle de Joseph et de sa femme : « Il n’eut pas de relations sexuelles avec elle avant la naissance de leur fils. » L’implication est évidemment qu’ils en eurent après. Voici la teneur des courriels reçus en réaction à ce texte controversé.


    Pour ma part, j'ai bien cru comprendre d'après les textes du Nouveau Testament que Marie était vierge jusqu'à la naissance de Jésus. Le fait que par la suite, elle aurait eu une vie maritale normale avec Joseph ne fait pas d'elle une femme qui a moins de valeur. Pour moi, elle est la Femme choisie, la mère du Christ qu'elle ait eut des relations sexuelles ou non après la naissance du Sauveur. Dieu n'a-t-il pas choisi la sexualité comme moyen de multiplier la race humaine? Elle est cette femme merveilleuse que j'aime comme une mère et à qui je demande souvent d'intervenir auprès de son Fils quand je vis des moments difficiles. (Denise)


    La parole de l'Archange à Joseph « Ne craint pas de prendre Marie pour épouse », combinée à d'autres passages tels qu’« Il ne la connut point avant qu'elle ait mis au monde son fils » et le passage mentionnant les frères de Jésus indique très clairement que Marie a eu d'autres enfants après Jésus. Cela ne me pose aucun problème de savoir que Marie et Joseph ont eu une vie matrimoniale normale, épanouie et fidèle, après la naissance de Jésus, et jusqu'à la mort de Joseph. Marie et Joseph n'avaient tout simplement pas que Jésus dans leur vie, car ils avaient d'abord l'un et l'autre, l'un pour l'autre, comme tout couple normal.

     

    Mais que l'Église affirme le contraire, cela ne doit pas vraiment surprendre. Plusieurs Pères de l'Église, du reste très savants sur certaines questions, ont tracé tout de même de drôles de chemins, au nom de la Tradition.

     

    Le fait est simple : la quasi-totalité des personnes de sexe masculin exerçant un pouvoir religieux ont eu de tout temps, et continuent d'avoir, de sérieux problèmes quant à la perception d'une sexualité normale, spirituellement positive. L'union d'un homme avec une femme est restée dans leur imaginaire comme le boulevard du péché (confusion totale entre plaisir et péché).

     

    Je ne méprise pas le célibat consacré, mais je lui dénie toute « suprématie vertueuse » sur le mariage, car l'un de ses plus grands fondements, à savoir l'argument selon lequel « on ne se marie pas au Royaume de Dieu » est carrément mal compris : on ne mange ni ne boit non plus au Royaume de Dieu, mais ce ne sera jamais une raison valable pour que tout le monde essaie d'aller en grève de la faim!

    Les motivations de la croyance en une Marie n'ayant eu que Jésus pour enfant, et ayant conservé une « virginité perpétuelle » apparaissent clairement comme contraires à la Bible et on peut les rechercher partout ailleurs, sauf dans l'humble acceptation de la vérité. (Conrad)

     

    Je suis tout à fait d’accord pour replacer la perspective de la virginité de Marie dans le contexte historique et social du Nouveau Testament. Je peux comprendre que les premiers pères de l’Église aient voulu sanctifier le symbole de la virginité, mais toute cette croyance contribue malheureusement aujourd’hui à rendre la foi moins crédible aux yeux des non-initiés. Les gens trouvent plus raisonnable de croire aux événements qui s’expliquent de façon naturelle plutôt que surnaturelle. Cela n’enlève rien à la grandeur d’âme de la mère de Dieu. (F. Beauregard)

    Bravo, c’est la première fois que je lis des choses aussi claires sur un site catholique. Vous avez bien raison de bien séparer la lecture biblique et la tradition dogmatique. Résultat, on risque un dédoublement de notre être de chrétien!
    Je pense qu’il faut privilégier le texte de la Bible, surtout quand il est si clair, ce qui est loin d’être toujours le cas. Il faut aussi accepter plusieurs lectures, dont une lecture traditionnelle (les Pères de l’Église, les grands saints). À condition que la réciproque soit vraie. Et pour le reste penser que c’est la Tradition, en distinguant cependant les conciles et les ajouts jamais vraiment reconnus, par exemple la virginité « avant, pendant et après »... La Tradition c’est toute une culture qui nous a façonnés, qui a donné des œuvres sublimes, et qui a eu un sens et sans doute en garde un pour nos jours. L’idée d’une virginité perpétuelle est une image forte, d’un engagement total, de tout l’être, d’un don total à Dieu. Oui, Marie est la Servante du Seigneur, ce n’est sans doute pas une femme, une épouse, une ménagère ordinaire! J’espère que nous aurons une suite à cette ouverture. Merci pour tout. (S. Ceruti)

    La virginité de Marie, après la naissance de Jésus, pourrait-elle signifier que Marie est restée « en tout point fidèle » au Dieu d’Israël? Bien à vous et merci pour le travail réalisé. (F. Dermaux)

    Si Marie et Joseph ont eu tant d’enfants après Jésus, pourquoi celui-ci a-t-il, du haut de la Croix, confié Marie à Jean? Tous les autres étaient déjà morts? (J. Lafourcade)

     

    Pour moi, le fait que le Nouveau Testament ne dit pas que Marie est vierge après sa cohabitation avec son époux Joseph se comprend parce que la vraie question est la résurrection de Jésus Christ. Le Nouveau Testament indique et insiste sur cette question centrale et non sur les détails comme les faits et gestes quotidiens de Marie et de Joseph. L’important est l’action salvatrice du Dieu d’amour qui veut que tout homme soit sauvé. L’important est que le Père très miséricordieux par l’amour du Fils Rédempteur dans la force de l’Esprit Saint redonne la Vie éternelle d’amour, de joie et de beauté à toute l’humanité. (M. Tonetti)

     

    Et vous qu’en pensez-vous? Écrivez-nous pour nous dire ce que vous pensez de cette discussion au sujet de la virginité de Marie suite à la lecture du texte d’André Myre Marie et Joseph : un couple véritable.

     

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  • L'Évangile selon saint Luc (1/7)

    par Yves Guillemette, ptre-curé

    Avec cette première livraison de la rentrée automnale, nous amorçons la découverte de l'Évangile selon saint Luc.

    L'évangéliste et son projet d'écriture

    St-Luc.jpg

     

    Avec cette première livraison de la rentrée automnale, nous amorçons la découverte de l’Évangile selon saint Luc. Cette série complétera donc notre tour d’horizon des évangiles.

     

         Ce ne sont pas les scènes d’évangile qui manquent dans l’album de notre mémoire religieuse. Si vous parcourez cet album, vous y trouverez sans doute un grand nombre de passages provenant de l’évangile de Luc, en commençant par les récits de l’enfance de Jésus, notamment l’annonciation à Marie et la naissance de Jésus à Bethléem. Mais qui ne connaît pas la parabole de l’enfant prodigue ou celle du bon Samaritain, le repas de Jésus chez Marthe et Marie, le crucifiement de Jésus entre deux brigands, la rencontre du Ressuscité par les deux disciples d’Emmaüs et le récit de l’Ascension. Et si on passe aux Actes des Apôtres, du même saint Luc, on connaît bien le récit de la Pentecôte, le martyre d’Étienne et la conversion de Saul le persécuteur qui deviendra Paul l’évangélisateur. Voilà pour ce petit exercice de mémoire que vous pouvez continuer par vous-même.

     

         L’évangéliste a ceci de particulier qu’il nous présente d’entrée de jeu les objectifs de son projet d’écriture : offrir aux lecteurs, représentés par Théophile, un récit ordonné des événements entourant la vie et la mission de Jésus afin qu’ils puissent constater la solidité des enseignements reçus (cf. Lc 1, 1-4). Bien qu’ils soient considérés comme des œuvres littéraires, les évangiles ne peuvent être assimilés à des récits biographiques, des livres d’histoire, des essais ou des ouvrages savants, même si nous pouvons y découvrir quelques similitudes avec ces types d’ouvrages familiers. Il est indéniable qu’ils renferment des éléments biographiques sur Jésus, des données historiques, des réflexions théologiques. Mais Luc précise que son objectif, qui est sans doute partagé par les autres évangélistes, se situe à un autre niveau.

     

         Pour emprunter une formule de plus en plus fréquente dans notre Église, osons comparer l’évangile à un parcours de catéchèse qui favorise l’éducation continue des personnes qui ont mis leur foi dans le Christ, grâce à une première annonce de l’Évangile. Ainsi Luc se propose de consolider la foi de son cher Théophile, un amant de Dieu comme l’indique son nom, en lui racontant ce que lui-même a reçu de la tradition des apôtres, les témoins oculaires de Jésus, depuis les débuts de son ministère jusqu’à sa résurrection, et qui sont devenus, par la puissance de l’Esprit, les serviteurs de la Parole.

     

         Luc propose à Théophile un parcours dans la vie et l’enseignement de Jésus qui se subdivise en 5 parties : une introduction constituée par les récits d’enfance jusqu’au baptême de Jésus, suivie de quatre périodes.

    1. Introduction : 1, 1 – 4, 13
         • L’enfance de Jean Baptiste et de Jésus : 1-2
         • La préparation du ministère de Jésus : la prédication de Jean Baptiste : 3, 1-20
         • Le baptême de Jésus, la généalogie et l’enracinement de Jésus dans l’histoire universelle, la tentation au désert : 3, 21-4,13.

    2. Première période : Jésus exerce son ministère en Galilée : 4, 14 – 9, 50
         • Le commencement de la prédication dans la synagogue de Nazareth : 4, 14-30
         • L’annonce de l’Évangile du salut par des activités de guérison et d’enseignement, dont le discours dans la plaine : 4, 31 – 9, 50.
               
    3. Deuxième période : Jésus entreprend sa montée vers Jérusalem : 9, 51 – 19, 27
         • Les pivots de l’existence chrétienne : l’amour du prochain, la prière, la primauté de la Parole, la confiance en la Providence : 9, 51 – 13, 21
         • Le cœur de l’évangile : la miséricorde de Dieu envers ceux qui sont perdus; les obstacles au salut, le danger des richesses, le conflit avec les autorités, le discernement des signes de la venue du Fils de l’homme : 13, 22 – 19, 27.

    4. Troisième période : le ministère de Jésus à Jérusalem : 19, 28– 21, 38
         • L’entrée du Messie à Jérusalem : 19, 28-40
         • L’enseignement au Temple : 19, 41 – 21, 38

    5. Quatrième période : la passion et la résurrection : 22 – 24
         • La passion et la mort de Jésus : 22, 1 – 23, 56
         • La résurrection et l’ascension : 24

     

    Yves Guillemette, ptre

    Source www.interbible.org

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