• La prière de Syméon

    Symeon.jpg

    Cantique de Syméon
    Aert de Gelder (1645–1727)
    Huile sur toile, 107,5 x 94,5 cm
    (photo : Wikimedia)

    Lire Luc 2, 29-32

    La présentation de Jésus au Temple par ses parents est pour Syméon, cet homme juste et pieux, l'occasion d'un cantique d'action de grâce.

    Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur aller en paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière qui se révélera aux nations, et gloire de ton peuple Israël.

         Quels sont les sentiments profondément humains qui se dégagent de cette prière d'un vieillard, au soir de son existence, et qui tient dans ses bras la vie naissante, nouvelle, promue à un avenir? De la lassitude, de l'amertume face aux jours qui déclinent, de la crainte d'être mis à l'écart, de la tristesse, du pessimisme? Non, Syméon accueille dans l'émerveillement, dans la joie et dans la paix ce moment qu'il vit et où Dieu se manifeste.

         Syméon est en paix car il se considère comme un « serviteur » aux pieds de son Maître à qui il reconnaît un droit absolu. Il a servi le Seigneur au Temple, malgré la fatigue des jours, voire certaines oppositions. Mais il n'a jamais cessé de croire à la fidélité de Dieu. Et en toute confiance, il attend la mort, cette heure où il sera congédié de son service.

         Syméon est inondé de paix, car il voit, en la présence de l'enfant que Marie et Joseph présentent au Temple, le signe du salut de Dieu. À n'en pas douter, cet homme de prière a des yeux qui savent lire, un cœur pour interpréter les signes donnés, une foi en Dieu qui ne déçoit pas, une foi qui ne se replie pas sur elle-même, mais qui embrasse Israël et tous les peuples.

         Enfin, l'action de grâces de Syméon indique bien que son cœur est comblé. Lui qui a attendu toute sa vie le serviteur qui serait la lumière des païens (Isaïe 42,6; 46,13; 49,6) désigne le salut qu'apportera cet enfant par les mots de « gloire » et de « lumière ». Or l'Ancien Testament n'accorde à personne la gloire, sinon à Dieu. Et la lumière sera une caractéristique des temps ultimes (Isaïe 60,19). Or Jésus sera la Lumière du monde. Pour Syméon donc, il s'agit bien du don suprême qui dépasse tous les autres dons de Dieu, et son cœur est dans la paix.

         La prière de Syméon (le Nunc dimittis) décrit bien l'attitude d'âme que tous et toutes sont appelés à développer au fil des jours et des années. Cette capacité d'accueillir le caractère toujours nouveau du salut donné; cette ouverture à Dieu et à son amour, qui, au-delà des apparences, nous établit dans la paix.

    Julienne Côté

    source www.interbible.org

    Autres dossiers


    votre commentaire
  •   Chemins de Carême à la rencontre de Dieu

    La curiosité en vaut le détour

    Élie Moïse faisait paître le petit bétail de Jéthro, son beau-père, prêtre de Madiân; il l'emmena par-delà le désert et parvint à la montagne de Dieu, l'Horeb. L'Ange de Yahvé lui apparut, dans une flamme de feu, du milieu d'un buisson. Moïse regarda: le buisson était embrasé mais le buisson ne se consumait pas. Moïse dit: « Je vais faire un détour pour voir cet étrange spectacle, et pourquoi le buisson ne se consume pas. » Yahvé vit qu'il faisait un détour pour voir, et Dieu l'appela du milieu du buisson. « Moïse, Moïse », dit-il, et il répondit : « Me voici. » Il dit : « N'approche pas d'ici, retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte. » (Exode 3, 1-5)

     

         Dieu fait signe à Moïse alors qu’il est en train de faire paître son troupeau. Il y a ici une constante dans la tradition biblique qui nous révèle la manière d’agir de Dieu : celui-ci rejoint l’être humain là où il se trouve. Il n’est pas besoin de sortir du monde ou de passer par des chemins initiatiques pour faire l’expérience du divin, Non. Dieu prend l’initiative de nous rencontrer sur nos routes humaines. Toutefois pour que la rencontre ait lieu, il nous faut faire un détour.

         Notre récit met l’accent sur la curiosité de Moïse. Il laisse monter en lui les questions et cherche des réponses.

     

    Puisque le récit nous dit dès le départ que c’est l’ange du Seigneur qui apparaît dans le buisson, nous sommes déjà mis en présence d’une intervention divine et du rapport de l’homme avec Dieu. Moïse fait un détour non pas pour réfléchir sur ses propres affaires, mais pour savoir quelque chose sur un Autre, pour affronter la vérité qui va se dégager de ce qu’il voit. Il est tellement plus facile de ne pas se poser de questions ou de continuer son chemin en toute tranquillité, plutôt que de se confronter au sens des choses qui peut nous révéler une vérité dérangeante. C’est dans le détour pour chercher à savoir ce qu’il est ce de buisson étrange, que Dieu se fera connaître.

     

         Le buisson ardent agit donc comme un dépaysement, comme quelque chose d’étrange ou d’étranger à la vie ordinaire. Il faut un tel dépaysement pour s’approcher de Dieu. Sans quitter la route tracée ni aller hors de la vie, il nous faut faire un détour pour nous approcher de Dieu.

     

         Dieu voit Moïse faire le détour et l’appelle par son nom. Il le connaît et il s’intéresse à lui. En s’identifiant comme le Dieu de ses pères, Abraham, Isaac et Jacob, Dieu exprime la continuité et l’unité historique de ses liens avec le peuple hébreu. Il permet en même temps à Moïse de se situer dans une histoire. Il en est aussi pour nous : le Dieu qui nous cherche est celui qui en appelle à notre mémoire. Notre Dieu est toujours le Dieu de toutes les personnes qui nous ont précédés, qui nous ont éduqués dans la foi.

     

         La voix interdit à Moïse de s’approcher de trop près, car c’est une terre sainte que l’on ne foule pas de manière triomphante, mais avec précaution, humilité et réserve. On ne s’approche de Dieu qu’en ayant conscience de notre fragilité, de nos limites, de notre finitude. Il faut abandonner nos conceptions sur Dieu comme Moïse doit enlever ses sandales. Dieu ne se laisse découvrir que par celui ou celle qui accepte que Dieu soit autre que toutes les idées qu’il a de lui. Dieu ne veut pas se laisser enfermer dans nos systèmes. Il veut plutôt nous faire entrer dans son dessein, dans son mystère infini et indicible comme le buisson ardent qui ne se consume pas.

     

         Dieu a donc l’initiative. C’est lui qui cherche l’homme avant même que nous ayons entrepris une démarche pour le chercher. Pour beaucoup, la recherche de Dieu arrive loin derrière leurs préoccupations. Il faut se «désagiter» de nos occupations habituelles pour pouvoir répondre à l’initiative de Dieu qui nous cherche. Il faut prendre conscience que Dieu nous cherche là où nous penserions qu’il est étranger, dans nos plans et nos projets de vie, partout où nous considérons que Dieu ne peut être présent tellement tout nous semble exclusivement humain.

     

    Yves Guillemette, bibliste

    Source www.interbible.org

    autres dossiers


    votre commentaire
  • Shalom


    un chemin vers la liberteLe mot paix est un mot qu’on rencontre souvent dans les Evangiles et somme toute ce n’est pas étonnant puisque dans cette partie du monde et dans la langue hébraïque pour saluer ou pour quitter une personne on emploie le mot Shalom, paix pour dire bonjour ou au revoir.


    Il me  paraît  intéressant de revenir sur ce mot et d’approfondir son sens  parce que Le Christ l’a employé  me semble t’il d’une manière tout à fait   particulière lorsqu’il   nous dit : Je vous laisse ma paix. C’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la façon du monde. (Jean 14,27). Cette restriction  m’a interpellée et j’ai pensé  qu’il y avait peut être dans le mot Shalom  une autre dimension  que celle d’une simple salutation ou d’un appel à vivre  sans conflit, sans guerre, sans discorde voire sans agressivité  entre nations, dans nos sociétés, dans nos familles.


    Shalom, vient de la racine Shalem : être entier, intact,  achevé, complet ; de shilem s’acquitter d’une dette, payer, se réconcilier.


    Le chemin qui mène vers la paix est donc aussi  un chemin intérieur qui  nous conduit à la connaissance de nous même afin de redevenir entier. Le Christ nous demande de sortir de nos divisons, contradictions internes, de rallier, d’unifier nos forces, notre volonté, de devenir un pour retourner à l’UN qui nous contient tous. Nous devons aussi  nous acquitter de nos dettes et il n’est pas seulement question ici de nos dettes d’argent mais de tout le poids de nos rancunes et nos rancœurs, nos désirs de vengeance, nos haines tenaces qui  sont autant de contentieux que nous nous transmettons de génération en génération.  Cette paix qui nous semble un bien inaccessible  dans  le Christ nous l’avons déjà, à nous de nous y plonger en conscience par notre oui,  en entrant dans notre chambre cellule,  dans le secret de notre cœur pour le travail intérieur dans la prière et l’oraison. Recevoir la Paix du Christ c’est entrer dans un pardon donné reçu qui rend libre et entier.


     Le mot shalem peut aussi se lire, en découpant en deux le mot : lé(vers) shem(le nom) . Commencer la descente dans ses terres intérieures, percer  son ombre,  c’est aller jusqu’à ses racines pour trouver son  nom, notre nom qui nous dira notre vocation particulière, c’est aussi rencontrer le Nom, celui qui me fonde, qui me donne la vie, le souffle : Dieu. Dans le judaïsme, pour ne pas prononcer en vain le nom de Dieu, on dit tout simplement, Achem, le NOM

     

    Union de prière.
    Elisabeth

    ------------------

    Autres dossiers


    votre commentaire
  • Chemins de désert

    éclosion En ce temps de carême, nous avons 40 jours à notre disposition pour entrer en dialogue avec Dieu, pour approfondir notre foi en Jésus Christ, pour nous mettre à l'école de l'Évangile, pour reprendre contact avec l'essentiel.

         Et si, pour vivre ce temps de carême, nous prenions la route du désert? Mais attention! Lieu inhospitalier par excellence, le désert est pourtant un incontournable de l’univers géographique, historique et spirituel de la Bible. Impossible de se déplacer dans les territoires du Proche-Orient ancien (et même encore de nos jours) sans que le désert se trouve sur sa route. Durant l’exode, les Hébreux ont sillonné les déserts du Sinaï, du Neguev et de Juda. Heureusement les oasis et autres points d’eau constituent des haltes nécessaires pour qui veut survivre à une traversée du désert.

    La symbolique du désert

         Le désert est un lieu symbolique ambivalent. D’une part, c’est un lieu d’épreuve, de solitude et de sécheresse spirituelle, et le repaire des puissances maléfiques et hostiles à l’être humain. D’autre part, le désert est un lieu de rencontre et d’intimité avec Dieu, un lieu de préparation à une mission. Ces deux valeurs symboliques vont souvent de pair. La rencontre de Dieu est souvent accompagnée d’une mise à l’épreuve. La préparation à une mission est fréquemment accompagnée de la tentation de s’y soustraire ou de la détourner de ses fins.

         Le séjour au désert oblige au détachement, à l’humilité et à la confiance. La traversée du désert fut pour les Hébreux un temps de mise à l’épreuve de leur persévérance et de leur fidélité à marcher dans les voies du Seigneur : Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l'a imposée pour te faire connaître la pauvreté ; il voulait t'éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur : est-ce que tu allais garder ses commandements, oui ou non ? Il t'a fait connaître la pauvreté, il t'a fait sentir la faim, et il t'a donné à manger la manne - cette nourriture que ni toi ni tes pères n'aviez connue - pour te faire découvrir que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur (Deutéronome 8, 2-3). Ce chemin ne fut pas parcouru sans murmures et sans tentation de retourner en arrière.

         Au désert l’être humain est confronté à lui-même et se trouve dans l’obligation d’entrer dans les profondeurs de son être, avec tout ce que cela comporte de découvertes tantôt réconfortantes tantôt décevantes. Les récits de séjours au désert nous montrent que la plupart du temps les gens y pénètrent forcés par les circonstances et avec un sentiment d'appréhension. Jésus y sera notamment conduit par l'Esprit. On compare par exemple une période de vie difficile à une traversée du désert, comme un temps d’épreuve, de réorientation de sa vie. Mais rassurons-nous! L'expérience du désert s'avère habituellement féconde. Qu’il soit matériel ou spirituel, ou les deux à la fois, le désert ne peut être traversé qu’en portant une espérance vrillée au cœur : espérance d’une terre accueillante et féconde; espérance de restauration et de conversion; espérance de rencontre de Dieu et de salut.

    Le désert et l’expérience spirituelle

         Il n’y a pas d’endroit plus propice que le désert pour susciter la soif de Dieu, ou à l’inverse pour éprouver pour son silence qui est souvent pris pour son absence. L’exode fut pour les Hébreux le temps de leur naissance comme peuple de Dieu, comme peuple témoin aux yeux du monde du projet de libération et de l’alliance que Dieu offrira un jour à toute l’humanité. Ce fut le temps de l’apprivoisement de la liberté, le temps de la croissance dans la foi avec ses moments intenses de communion et ses moments d’infidélité à l’alliance.

         Ne pourrait-on pas comparer l’ensemble de notre vie à un exode, à une longe marche où nous avons à nous maintenir fidèlement dans une relation vivante avec Dieu, à faire entrer en dialogue les divers événements de notre vie avec le dessein de salut que Dieu nous a révélé? Le carême nous est offert comme un temps de désert, d’approfondissement de notre foi et de purification de notre relation avec Dieu.

     

    Yves Guillemette, bibliste


    votre commentaire
  • Mourir d’ennui : la mort-résurrection d’Eutyque

     

    Voici le récit préféré de ceux qui trouvent que la messe est monotone. Peut-être nous permettra-t-il d’être plus indulgents à l’égard des prêtres. Paul parle si longtemps lors du repas du Seigneur qu’Eutyque s’endort, tombe par la fenêtre et meurt! Heureusement, l’histoire se termine bien, avec le retour à la vie du garçon. La fonction de ce récit est de montrer que Paul est bien un Apôtre de Jésus ressuscité, puisqu’il peut, lui aussi, accomplir des miracles et redonner la vie, tout comme le faisait Jésus.

    Série « Récits insolites de la Bible » diffusée sur les ondes de Radio Ville-Marie (Montréal).
    Première diffusion le 24 mai 2011 • Réalisation et animation : Sébastien Doane • Lectrice invitée : Marie Laferrière • Technicien : Alain Primeau •  Extraits musicaux : Loreena Mckennit; J.-B. Pergolèse, Largo, Velev et Fromonteil; G.-F. Handel, Largo de Xerès, Velev et Fromonteil.

    Sébastien Doane, bibliste, est l'auteur de Mais d'où vient la femme de Caïn? Les récits insolites de la Bible (Novalis/Médiaspaul, 2010) dont la série s'inspire.

    Index des balados de la série Récits insolites de la Bible »

     

    audioCapsule audio : 22 min. cliquer ICI

     

    * Le téléchargement est autorisé pour un usage privé seulement. Pour tout autre usage, veuillez nous contacter.


    votre commentaire
  • Connaître

     

    Hébreu : yada
    Grec : ginôskô et oida

    une vie avant la mortLe verbe connaître traduit plusieurs significations possibles. Il caractérise la compréhension qu’un humain a de l’expérience par un de ses sens avec ce qu’il l’entoure. Connaître peut-être mis pour sentir, s’apercevoir, observer, remarquer, reconnaître ou faire l’expérience de quelque chose.

     

         Pour cela, il n’y a rien de particulier, mais lorsque ce verbe est employé par rapport à quelqu’un on retrouve une connotation insolite. En effet, dans la Bible « connaître quelqu’un » laisse entendre qu’il y a une relation intime entre deux personnes. Cette expression laisse entendre qu’il y a eu une relation sexuelle entre un homme et une femme. Par exemple « L’homme connu Ève sa femme. Elle devint enceinte, enfanta Caïn… » (Gn 4,1). La Bible utilise cette même expression pour désigner une relation homosexuelle. Lors du récit de la destruction de Sodome, les hommes de la ville vont dire : « Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit? Fais-les sortir vers nous pour que nous les connaissions. » (Gn 19,5) C’est pourquoi la langue française utilise l’expression « connaître quelqu’un au sens biblique », un euphémisme pour désigner une relation sexuelle.

     

         À un autre niveau, la Bible invite à la connaissance de Dieu. Cette expérience appelle à reconnaître son autorité et obéir à sa volonté. En retour, Dieu connait son peuple. Il s’engage personnellement en faveur de ceux qu’il connait.

     

         Cette signification se poursuivra dans l’évangile de Jean où « connaître » désigne la relation entre Dieu le Père et Jésus son fils. À leur tour les disciples connaissent Jésus et Jésus connait ses disciples. Le verbe ne désigne plus un savoir à posséder, mais une relation qui engage les deux parties.

     

         Certains mouvements chrétiens des premiers siècles vont mettre l’accent sur diverses connaissances mystiques à acquérir. Cette gnose (du grec gnôsis : connaissance) visait le salut de l'âme par sa libération du monde matériel grâce à une connaissance (expérience ou révélation). Ces mouvements seront jugés hérétiques.

    Sébastien Doane


    votre commentaire
  •  

     

    La tentation du Christ

    Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle (Marc 1, 15).


    ou-est-dieu.jpgVoici une scène d'Évangile imaginée par Malcolm Muggeridge :

         Lucius Gradus Senior entend Jésus parler et prêcher. Il est très impressionné. Un message remarquable. Et un marché potentiel extraordinaire dans toutes les tranches de la société.

     

         Il prend rendez-vous avec Jésus. Il lui offre de le prendre en charge et de construire son image. Une nouvelle coupe des cheveux et de la barbe. Une nouvelle robe. Des retouches à ses histoires. Un changement de décor : des fontaines, de la musique, des témoignages venant d'étudiants et de professeurs de l'Institut de philosophie d'Athènes.

     

         Bien sûr il y aurait des ajustements mineurs. Être un peu plus accommodant avec l'establishment juif. Laisser tomber l'allusion au Fils de l'Homme devant mourir et ressusciter - ça ne passe pas bien dans les sondages. Les groupes-cibles aiment les histoires et les apprécieraient davantage si le bon Samaritain devenait le Bon Observateur de la Loi et si quelques changements mineurs étaient faits dans le discours.

     

         Les résultats? De plus grandes foules, bien sûr. Une visibilité accrue. Et une augmentation des dons (au grand plaisir de Judas Iscariote).

         Jésus écoute poliment. Il remercie Lucius Gradus et refuse son offre.

     

         « Dommage ! », répond l'autre. « Vous auriez pu avoir un pouvoir remarquable, une réelle influence ».

         Jésus se met en route vers sa prochaine destination, Capharnaüm. Il ne changera pas son discours : Convertissez-vous : le règne de Dieu est tout proche (Connections, 1993).

    *****

    LIEN: Ce premier dimanche de Carême nous propose un choix semblable à celui que Jésus a dû faire. Choisir entre le profit personnel, le confort, la renommée ou la gloire de Dieu.

    Source www.interbible.org

    Autres dossiers


    votre commentaire
  • La danse érotique du roi David
    2 Samuel 6, 12-23

    dance-erotique-david.jpg

    Rebecca Brogan
    David dansant près de l'arche
    Graphite sur papier

    L’arche de l’alliance fait son entrée à Jérusalem dans la joie, la danse et… la nudité!

    On vint dire au roi David : « Le Seigneur a béni la maison de Oved-Édom et tout ce qui lui appartient à cause de l’arche de Dieu. » David partit alors et fit monter l’arche de Dieu de la maison de Oved-Édom à la Cité de David, dans la joie. Or donc, lorsque les porteurs de l’arche du Seigneur eurent fait six pas, il offrit en sacrifice un taureau et un veau gras.

    David tournoyait de toutes ses forces devant le Seigneur – David était ceint d’un éphod de lin. David et toute la maison d’Israël faisaient monter l’arche du Seigneur parmi les ovations et au son du cor.

    Or quand l’arche du Seigneur entra dans la Cité de David, Mikal, fille de Saül, se pencha à la fenêtre : elle vit le roi David qui sautait et tournoyait devant le Seigneur et elle le méprisa dans son cœur.

    On fit entrer l’arche du Seigneur et on l’exposa à l’endroit préparé pour elle au milieu de la tente que David lui avait dressée. Et David offrit des holocaustes devant le Seigneur et des sacrifices de paix. Quand David eut fini d’offrir l’holocauste et les sacrifices de paix, il bénit le peuple au nom du Seigneur, le tout-puissant.

    Puis il fit distribuer à tout le peuple, à toute la foule d’Israël, hommes et femmes, une galette, un gâteau de dattes et un gâteau de raisins secs par personne, et tout le peuple s’en alla chacun chez soi.

    David rentra pour bénir sa maison. Mikal, la fille de Saül, sortit au-devant de David et lui dit : « Il s’est fait honneur aujourd’hui, le roi d’Israël, en se dénudant devant les servantes de ses esclaves comme le ferait un homme de rien! »

    David dit à Mikal : « C’est devant le Seigneur, qui m’a choisi et préféré à ton père et à toute sa maison pour m’instituer comme chef sur le peuple du Seigneur, sur Israël, c’est devant le Seigneur que je m’ébattrai.

    Je m’abaisserai encore plus et je m’humilierai à mes propres yeux, mais, près des servantes dont tu parles, auprès d’elles, je serai honoré. » Et Mikal, fille de Saül, n’eut pas d’enfant jusqu’au jour de sa mort. (2 Samuel 6,12-23)

         Dans sa joie d’accueillir le Seigneur, David danse de toutes ses forces alors qu’il est vêtu d’un éphod de lin. Il s’agit d’un vêtement porté par les prêtres du Temple. Les opinions divergent quant à sa forme. Selon Flavius Josèphe, historien juif du Ier siècle, il s’agit d’une espèce de tunique courte, avec une ouverture au niveau de l’abdomen. On comprend que la façon de danser de David fait en sorte que le vêtement remonte un peu trop haut et que tout le monde peut voir sous sa tunique.

         Comme le montrent certains des récits insolites de la Genèse, la nudité publique n’était pas bien vue dans les temps bibliques. C’était un déshonneur de montrer certaines parties de son corps.

    Mikal méprise David

    Mikal méprise David
    James Tissot (1836-1902)
    Aquarelle, 91 x 69 cm, circa 1896–1902

         La femme de David, Mikal, lui reproche une conduite qu’elle juge indigne du roi d’Israël. Mikal est à la fois la première de ses femmes et la fille du roi Saül, rival de David. Le narrateur du récit, la présente par son lien avec Saül plutôt que par son lien avec David. Elle est donc placée en opposition à David. Le récit se termine par la déclaration de la stérilité de Mikal, qui apparaît comme le symbole de la fin de la maison de Saül. La dynastie de David devient maintenant celle du Seigneur. 

         Cette façon de danser, susceptible de faire entrer en transe le danseur, se retrouve dans les pratiques de certains groupes de prophètes extatiques rencontrés dans la Bible (1 S 10,5; 2 R 3,15; 1 Ch 25,3). 

         Le récit a pour rôle de présenter David comme prêtre, prophète et roi. Il s’habille en prêtre, offre des sacrifices, et bénit le peuple. Il danse comme le faisaient certains prophètes. Il donne de la nourriture au peuple et il affirme que son élection provient de Dieu. Le texte n’est donc pas une simple anecdote sur la façon « libérale » de danser de David. Il vise plutôt à faire de David la personne qui, au sein du peuple, rassemble les trois pouvoirs. Lorsque ce récit est écrit, plusieurs siècles après sa mort, il sert à montrer toute l’importance de David dans l’histoire du peuple juif : le Seigneur soutient sa dynastie et pourrait même rétablir son règne d’une autre façon. C’est la forme que prendra l’espoir messianique, au retour de l’exil : Dieu suscitera un messie comme David.

         La suite du second livre de Samuel raconte la fameuse prophétie de Nathan. Le prophète révèle à David que le Seigneur établira sa dynastie pour toujours : « Devant toi, ta maison et ta royauté seront à jamais stables, ton trône à jamais affermi. » (2 S 7,16) Notre récit insolite de la danse du roi prépare la prophétie qui redonnera espoir aux Juifs en exil, au VIe siècle av. J.-C. À partir de ce moment-là, ils attendront la venue d’un messie. Quelques siècles plus tard, des disciples de Jésus croiront que lui, le descendant de David, est le messie attendu.

    La danse rituelle

         Dans le judaïsme, la danse n’est pas mal vue. L’hommage à Dieu peut prendre la forme de l’expression corporelle. On s’accorde à trouver là l’origine du balancement des juifs, au moment de la prière.

         Dans plusieurs traditions spirituelles, les danses religieuses vont de pair avec des états modifiés de conscience. La danse et la musique permettent d’entrer en contact avec l’altérité. Le battement du pied appelle les énergies et la gestuelle des bras oriente vers le ciel. L’être humain devient ainsi un pont entre le ciel et la terre.

    Réflexions

         La danse fait partie encore aujourd’hui de la manière de vivre la religion juive. Elle est toujours présente dans les célébrations de mariage et de bar-mitsvah, le rite de passage qui fait entrer le jeune garçon dans l’âge adulte.

         Nous pouvons retenir de ce récit que la prière peut être corporelle et joyeuse. Nos messes catholiques n’ont pas à ressembler à des rencontres organisées par un club de l’Âge d’or. Plusieurs groupes chrétiens créent des musiques entraînantes qui vont du gospel au rock chrétien. Certains rassemblements de jeunes chrétiens évangéliques ressemblent presque à des concerts rock, où tout le monde chante et danse pendant des heures, dans un état d’ouverture à la Transcendance. Ces manifestations sont tout à l’opposée des célébrations monastiques, avec leur calme et leur silence. Il existe donc deux façons très différentes de s’ouvrir à Dieu et elles sont complémentaires. Une communauté ou une personne qui ne goûte pas l’expérience du silence passe à côté d’une source intarissable. Pourtant, si une communauté ou une personne n’exprime pas sa foi et ne la célèbre pas dans la joie, elle passe aussi à côté d’une fontaine abondante et bienfaisante.

         Peu importe la façon d’exprimer sa prière, ce qui compte, c’est la qualité de la relation avec Dieu. La disposition intérieure reste fondamentale. Dans sa prière dansée, David était authentiquement plein de joie et il ne s’arrêtait pas à ce que les autres pouvaient penser de lui.

    Sébastien Doane

    Source www.interbible.org

    Autres dossiers


    votre commentaire
  • Les cieux c'est quoi?


    Dieu Un Rabbi demandait  à ses disciples : où Dieu Habite t-il ? Ils lui répondirent : dans le ciel. Le Rabbi reprit : Dieu réside partout où l’Homme le laisse entrer. N’avons-nous pas appris nous aussi, dans la prière du Notre Père que Dieu était aux cieux, des âmes chagrines n’ont-elles pas  crié, restez y !


    Notre Père qui êtes aux cieux, répétons nous parfois pour ne pas dire machinalement sans nous demander quel sens nous mettons dans cette petite phrase. Une multitude de scénarios pourtant  s’offrent à notre pensée. Dieu  habitant un lieu précis, inaccessible avec  le risque de l’y enfermer, et celui  de sombrer dans le désespoir car la distance entre lui et nous semble insurmontable.  Un Dieu créateur  me regardant de sa maison, le ciel et moi  vivant  sous son regard à la fois bienveillant et sévère sous le régime  de la rétribution, récompense et punition, engendré par la révélation de Sa loi. Ou bien, Notre Père qui est aux cieux pour tout simplement lever les yeux et dans ce mouvement qui me sort de moi même, c’est tout mon être ébloui et désarmé qui s’élève et s’agenouille dans un élan de louange et de gratitude.


    Mais le ciel est-il bien le ciel, n’est- il pas aussi autre chose ? C’est ce que va nous révéler son nom en hébreu Shamaïm. Ce mot est composé de deux mots Esch feu et maïm eaux. Les cieux c’est du feu et de l’eau, c’est le lieu ou les contraires, les antagonistes vivent non seulement en bonne entente, en paix mais aussi en créant une nouvelle création tout a fait extraordinaire qui s’appelle les cieux ou chacun d’entre nous aime à se plonger .Ce bleu incomparable,  qui soigne tous les bleus de l’âme, ce bleu évasion  si léger qui me tire et m’attire vers le haut, vertige de mon âme énamourée.


    Dieu demeure là où les contraires vivent dans la paix et l’harmonie s’unissant pour donner naissance à une création, une situation nouvelle  qui les contient toute les deux sans qu’elles ne s’annulent ou fusionnent. Le feu est masculin, l’eau est  féminine…leur union, leur entente c’est la paix dans le couple, l’enfant. C’est aussi  la paix  dans l’individu qui les contient toutes les deux et qui a réussi ses noces intérieures donnant naissance à l’enfant de lumière qu’il portait en lui.

     

    On fait les cieux chaque fois que nous parvenons à unir sans les détruire nos différences, nos particularités, chaque fois que nous sortons  de la dualité, de la division et de la séparation pour entrer dans la danse d’amour de l’UN qui contient le TOUT.


    Le ciel  est sur terre.

     

    Union de prière.
    Elisabeth


    votre commentaire
  • L'Exortation apostolique Verbum Domini (6/6)

    La mission de l'Église : annoncer la Parole

    http://ekladata.com/A4mpGzrGxi6fIOPOv0BTtbnryCE.jpgDans la troisième partie, intitulée Verbum mundo, la Parole dans le monde, l’Exhortation envisage la mission de l’Église (no 90-120). Le Christ ressuscité a confié aux apôtres l’annonce de l’Évangile aux hommes et aux femmes de toutes langues et de toutes cultures. La communauté ecclésiale ne peut se replier sur elle-même pour devenir un club fermé. L’Église ne saurait exister sans prendre au sérieux cette responsabilité de rendre témoignage au Christ.

     

         De même que Dieu, par le don de sa Parole, s’est communiqué aux êtres humains pour nouer le dialogue avec eux, ainsi l’Église doit-elle poursuivre l’œuvre de Dieu en entrant en dialogue avec l’humanité actuelle. C’est ainsi que l’annonce du Christ, Parole de Dieu, pousse tous les membres de l’Église à un engagement effectif dans la société en faveur de la justice, de la réconciliation et de la paix. L’amour du prochain apparaît comme la manifestation concrète de l’accueil de la Parole et de la conversion qu’elle opère dans le cœur des croyants. Ainsi, à la suite du Christ, l’engagement social s’exprime par une charité agissant à l’égard de tous les hommes, en particulier de ceux qui sont atteints dans leur dignité, des pauvres, des personnes souffrantes, des immigrants (no 99-108). À propos de l’engagement dans la société, on peut lire ces mots :

    « La Parole de Dieu pousse l’homme à des relations animées par la droiture et par la justice; elle atteste la valeur précieuse, face à Dieu, de tous les efforts de l’homme pour rendre le monde plus juste et plus habitable. C’est la Parole de Dieu elle-même qui dénonce sans ambiguïté les injustices et qui promeut la solidarité et l’égalité. À la lumière des paroles du Seigneur, reconnaissons donc « les signes des temps » présents dans l’histoire, ne refusons pas de nous engager en faveur de ceux qui souffrent et sont victimes de l’égoïsme. Le Synode a rappelé que s’engager pour la justice et la transformation du monde est une exigence constitutive de l’Évangélisation (no. 100).

    La mission de l’Église d’annoncer la Parole à l’humanité passe aussi par le dialogue avec la culture actuelle et les autres traditions religieuses » (no 109-120).

    L’animation biblique de toute la pastorale

         Je ne peux terminer cette courte présentation de l’Exhortation sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église sans relever une interpellation de l’Assemblée synodale adressée à toutes les communautés chrétiennes. Il s’agit de considérer sérieusement l’animation biblique de toute la pastorale. Ce sujet est exposé au no 73.

         Si nous voulons prendre au sérieux cette exhortation pressante, il faudra procéder à une conversion de nos manières de faire. Nous sommes habitués à concevoir la pastorale biblique comme la transmission d’un savoir par le moyen de cours, de groupes bibliques, d’ouvrages de vulgarisation, etc. Toutes ces activités seront toujours bonnes et utiles. Mais l’animation biblique de la pastorale se situe à un autre niveau. C’est, à mon avis, une question d’esprit, de mentalité qui doit animer et guider l’ensemble de nos activités pastorales. Tout en précisant ce que ne serait pas l’animation biblique de la pastorale, l’Exhortation laisse tout grande ouverte la porte à la recherche des moyens pour que l’on ait à cœur, dans nos activités pastorales, « la rencontre personnelle avec le Christ qui se communique à nous dans sa Parole ». Écoutons ce que nous en dit l’Exhortation apostolique :

    « Dans cette ligne, le Synode a invité à un engagement pastoral particulier pour faire ressortir la place centrale de la Parole de Dieu dans la vie ecclésiale, recommandant «d’intensifier “la pastorale biblique” non en la juxtaposant à d’autres formes de la pastorale, mais comme animation biblique de toute la pastorale».

    Il ne s’agit donc pas d’ajouter quelques rencontres dans la paroisse ou dans le diocèse, mais de s’assurer que, dans les activités habituelles des communautés chrétiennes, dans les paroisses, dans les associations et dans les mouvements, on ait vraiment à cœur la rencontre personnelle avec le Christ qui se communique à nous dans sa Parole. Ainsi, si « l’ignorance des Écritures est ignorance du Christ », l’animation biblique de toute la pastorale ordinaire et extraordinaire conduira à une plus grande connaissance de la personne du Christ, Révélateur du Père et plénitude de la Révélation divine.»

     

    Yves Guillemette, bibliste

    Source www.interbible.org

    Autres dossiers


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique