• Le Pape François peaufine son encyclique sur l’écologie

    Le Pape, qui attache beaucoup d’importance à l’écologie, a allégé son agenda cette semaine pour boucler son encyclique sur ce thème. -Elisabeth de Baudoüin

    Papa Francesco GMG borsa nera informazione cattolica Ostellino

                                                                                     © Andreas SOLARO / AFP
    Si l’agenda du Pape est moins chargé cette semaine, ce n’est pas parce qu’il est souffrant (bien qu’il soit apparu fatigué place Saint-Pierre, durant l’audience générale du 25 mars), ni même parce qu’il prend des vacances (qui seraient pourtant bien méritées, après sa visite éclair mais intensive à Naples du samedi 21 mars). Non, cette semaine, le Pape se met au vert : il peaufine son encyclique sur l’écologie qui devrait sortir au début de l’été.

    La deuxième encyclique du pontificat de François
    Il avait d’ailleurs lui-même annoncé la couleur, dans l’avion qui le conduisait à Manille en janvier dernier : « En mars, je prendrai toute une semaine pour terminer [cette encyclique] ». La première ébauche du document magistériel avait été préparée par le cardinal Turkson (président du Conseil pontifical Justice et Paix) et son équipe. Le Pape lui-même avait ensuite préparé une nouvelle ébauche, envoyée à la Congrégation pour la doctrine de la foi,
    « pour qu’ils vérifient que je ne disais de bêtises », avait-t-il ironisé dans l’avion. Actuellement, tandis que le Pape s’attelle aux dernières corrections, le long et délicat travail de traduction en plusieurs langues de cette encyclique, la deuxième de ce pontificat après Lumen fidei, publiée en juin 2013 (Evangelii Gaudium étant une exhortation apostolique), a déjà commencé. Très attendu, le document sortira en amont de la Conférence mondiale sur le climat (COP 21) qui se tiendra à Paris en décembre prochain. Il ne sera pas sans influence sur les travaux préparatoires de ce sommet, même si ceux-ci sont déjà bien entamés.

    Ne pas se laisser voler l’écologie par les verts
    François attache beaucoup d’importance au thème de l’écologie. En février dernier, à Sainte-Marthe, il a appelé les chrétiens à ne pas se le laisser voler par les verts : « Faire croître la création, faire en sorte d’en prendre soin en étant fidèles à ses lois, c’est (…)  la première réponse à l’œuvre de Dieu. (…) Lorsque nous entendons parler de réunions pour réfléchir à la façon de préserver la création, nous pouvons penser qu’il s’agit d’une réunion "des verts", avait déclaré le Pape, mais non il ne s’agit pas des verts, mais des chrétiens ! (…) C’est une attitude chrétienne que de protéger la Création, c’est notre réponse à la première Création de Dieu, c’est notre responsabilité. Un chrétien qui ne prend pas soin de la Création, qui ne la fait pas croître, est un chrétien qui n’attache pas d’importance au travail de Dieu ».

    Le Pape ne cache pas ses attentes concernant le sommet de Paris :
    « Le dernier sommet du Pérou m’a déçu, espérons qu’à Paris, ils seront plus courageux ». Sur un tel sujet, le Ciel pourrait peut-être l’entendre…

    Source http://www.aleteia.org
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  • ANALYSE – Un appel oecuménique déroutant

    Le confrère et ami Olivier, de La Vie, propose sa propre lecture de l’Appel publié récemment par un collectif de chrétiens mobilisés autour des urgences environnementales.

    Le texte « Appel du Carême 2015 pour une conversion écologique » rendu public le 7 mars commence par une vigoureuse interpellation : « La maison brûle. Où sont les chrétiens ? ». Elle fait écho à la célèbre phrase prononcé par Jacques Chirac en 2002 lors du Sommet de la Terre à Johannesburg : « La maison brûle et nous regardons ailleurs ». La phrase lui avait été en fait soufflée par l’écologiste Nicolas Hulot, nommé depuis « Envoyé spécial pour la protection de la Planète » par François Hollande.

    Ce texte évoque bien sûr la prochaine encyclique du pape François sur l’écologie, attendue fin juin, mais aussi et surtout le réchauffement climatique et la mobilisation internationale pour y faire face. « Sur ce point, l’année 2015 s’avère décisive , souligne l’Appel. La France est en première ligne : en décembre aura lieu à Paris le grand sommet des Nations-Unies consacré au climat (COP 21). De nombreuses initiatives associatives émergent pour promouvoir des modes de production et de consommation plus équitables et moins destructeurs ». Et de s’exclamer « Changeons le système, pas le climat ! ». Une interpellation portée jusqu’à présent par les groupes altermondialistes et qu’ Hugo Chavez, le leader du Venezuela , avait même citée, en brandissant le poing, à la tribune du sommet de Copenhague en 2009 !

    Le reste du texte est tout aussi vigoureux puisqu’il exhorte « les chrétiens à prendre toute leur part dans ce combat global pour le respect du vivant, en s’engageant spirituellement et concrètement aux côtés des militants écologistes ». Mais au delà de ces accents écologiques et quasi révolutionnaires, la phrase-clef et pour le coup consensuelle de ce texte – celle qui a permis de recueillir un large éventail de signatures – est sans doute celle-là : « Parce que face à la marchandisation de tout, on ne peut séparer l’écologie humaine de l’écologie environnementale ». Ce qui a permis à l’Appel d’être aussi bien signé par des militants chrétiens d’Europe Ecologie Les Verts (tenants de l’écologie environnementale) que des figures historiques de « La Manif pour tous » (plus sensibles aux thèses de l’écologie humaine).

    Des sensibilités différentes

    Au delà du « patronage » de deux évêques aux sensibilités différentes – Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, président de Pax Christi, co-auteur d’un récent document sur les dangers de l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, et Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, membre de la communauté de l’Emmanuel et soutien traditionnel de La Marche pour la vie (contre l’avortement) – , on y trouve, en effet, des gens par ailleurs opposés par leur choix politiques et sociétaux. Comme François Mandil, militant d’EELV et faucheur volontaire et Guillaume de Prémare, ancien président de la Manif pour tous et directeur d’Ichtus ; François-Xavier Bellamy, maire adjoint de Versailles (divers droite) et Philippe de Roux, fondateur des « Poissons roses », proche du PS ; sans compter d’autres personnalités comme le botaniste Jean-Marie Pelt, l’ écrivain et chroniqueur Jean-Claude Guillebaud, l’économiste Gaël Giraud, Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de La Vie ou encore le prêtre Jean-Luc Souveton, organisateur des Assises chrétiennes de l’écologie, co-organisée avec La Vie, fin août 2015 à Saint-Etienne.

    Cet Appel est né d’une interpellation lors du colloque « Sauver la création : écologie, un enjeu spirituel » , organisée par la Conférence des évêques le 29 novembre 2014. Ce jour-là, à la fin du colloque, François Mandil, militant d’EELV, avait reproché « à certains militants chrétiens d’être plus présents dans les manifestations contre le mariage homosexuel que dans les marches pour le climat ». Une discussion ouverte et sans tabou s’en était suivie qui avait donné naissance à un premier texte rédigé par les Chrétiens Indignés, proches du journaliste Patrice de Plunkett. La suite, François Mandil la raconte à La Vie: « C’est Gaultier Bès, un des Veilleurs et auteur de Nos Limites (Le Centurion, 2014) qui m’a recontacté début 2015 pour signer avec lui ce texte. Au début, moi qui suis un militant écolo de longue date, j’étais plus que circonspect sur cette appellation « écologie humaine » que j’analysais comme de l’affichage. Car pour moi, il n’y a qu’une seule écologie et elle n’a pas besoin d’adjectif. Mais aujourd’hui, je reconnais que chez une partie des Veilleurs c’est une évolution qui me semble sincère. Et face à l’urgence écologique, nous avons besoin de nouveaux alliés que nous venons peut- être de trouver. Je m’en réjouis en tant qu’ écolo et chrétien ».

     Source : Art. Olivier Nouaillas , La Vie, 10/03/2015 et https://ecologyandchurches.wordpress.com/

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  • ROME – Halte à l’hypocrisie

    ''Qui appartient à la communauté chrétienne ne peut penser et commettre des violences contre les gens ou contre l’environnement. S’ils ne sont pas accompagnés d’une conversion réelle et publique, les gestes extérieurs de religiosité sont inutiles pour se considérer en communion avec le Christ et son Eglise. Ils ne servent à rien pour s’affirmer croyants alors que l’arrogance, la méchanceté et l’illégalité typiques de cette criminalité constituent un mode de vie. Je renouvelle mon appel à qui vit ainsi et est affilié à des organisations criminelles à se convertir et à ouvrir leur coeur au Seigneur. (…) La beauté de la Calabre constitue un don divin et un patrimoine magnifique à conserver et à transmettre. Pour ce, l’engagement doit être général, à commencer par les institutions afin que des intérêts mesquins ne ruinent pas de façon irréparable ce trésor ».

    C’est le pape François qui le dit, en recevant ce matin un pèlerinage de 7000 paroissiens de Calabre où le pape argentin s’est rendu il y a quelques mois, y dénonçant notamment les méfaits calamiteux des pratiques mafieuses sur la gestion des déchets urbains.

    Occasion du souligner les intéressantes enquêtes dans Le Monde sur la criminalité environnementale. Le dernier volet évoque notamment la « pesticides connection ». Edifiant.

    DL

     

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  • CAREME – 40 jours pour changer

    2015 GCCM2015 GCCM Le temps du Carême est un temps pour la conversion. En cette année 2015, celle-ci s’avère encore plus pressante, face aux défis planétaires qui s’annoncent. Des représentants de 45 pays s’engagent à un jeûne de Carême pour la justice climatique durant les 40 jours à venir.

    C’est le Global Catholic Climate Movement qui est à la barre pour cette opération. Les participants à ce jeûne de Carême s’engagent à prier pour l’unité sur les enjeux de changement climatique au sein de l’Eglise catholique et demandent aux responsables de prendre toutes les mesures possibles pour éviter de dépasser une augmentation de la température globale de 1,5°C, notamment en permettant un accord fort et engageant lors de la COP21 à Paris.

    Les participants sont invités à réduire à la fois leur consommation alimentaire et leur empreinte carbone, en diminuant leur usage de pétrole, d’électricité, de papier, de plastique, d’eau et de toxines.

    Ce jeûne de 40 jours organisé par la GCCM est une des opérations de l’opération qui dure toute l’année du  #FASTFORTHECLIMATE qui a démarré le 1er décembre 2014. La GCCM travaille aussi avec le Jeûne carbone des « Green Anglicans » et le Jeûne pour le climat de  « Our voices ».

    DL

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  • ECOLOGIE – Et si on se parlait vraiment ?

        
    Basta Le site d’information Basta !, édité depuis fin 2008 par l’association Alter-médias, est un média indépendant particulièrement sensible aux enjeux économiques, sociaux, environnementaux, dialoguant avec les milieux associatifs et militants… Un positionnement marqué politiquement, comme le montre l’analyse qu’il propose de la dernière rencontre des catholiques de l’ « écologie humaine ». Un article éclairant sur ces clivages traditionnels de l’écologie à la Française…

    Pour le dire donc vite, il y a d’un côté les altermondialistes de gauche, solidaires et anti-capitalistes. Et de l’autre, les traditionnalistes ou conservateurs catholiques (presque un pléonasme pour certains médias), anthropocentrés à l’excès et compromis avec le grand capital. Bon… Et à part ça, ça va comment la vie, la vraie ? Là où les gens se parlent avant de s’enfermer dans des étiquettes ? Pour le reste, l’article est une bonne invitation à réfléchir sur la manière dont, effectivement, le monde catholique se réfugie, à raison pour une part (mais trop vite), derrière une vision exclusivement anthopocentrique, alors que depuis belle lurette la théologie chrétienne nous rappelle que nous ne sommes pas le centre du monde : comme le dit saint Paul à maintes reprises, le centre de notre vie, c’est le Christ et lui seul. Et c’est en lui que la Création toute entière (!) est récapitulée et sauvée…

        Ils passent de la lutte contre le mariage gay à la défense de la biodiversité, de la remise en cause du droit à l’avortement au soutien des « zones à défendre »… De nombreux activistes catholiques traditionalistes se convertissent à l’écologie. Une conversion qui n’est qu’apparente : elle permet de verdir une certaine vision réactionnaire de la famille sans véritablement interroger les défis environnementaux. Les dirigeants du mouvement Ecologie humaine ne cachent pas, par exemple, leur proximité avec l’industrie agroalimentaire ou nucléaire. Enquête sur ce verdissement des droites conservatrices.Ils sont catholiques, plutôt jeunes, combattent le droit à l’avortement et le mariage pour tous, et maîtrisent parfaitement les réseaux sociaux. Galvanisés par les manifestations contre la Loi Taubira en 2012 et 2013, ces activistes nouvelle génération continuent à occuper l’espace public. Ils multiplient les terrains d’intervention, du blasphème à la théorie du genre. Un nouveau sujet les mobilise plus particulièrement : l’écologie. En quelques mois, conférences, livres et blogs se sont emparés de la question.Gautier Bès de Berc, 25 ans, est professeur de français dans la banlieue lyonnaise, et cofondateur des Veilleurs, un mouvement d’opposition au mariage homosexuel. Il publie en juin 2014 un petit ouvrage très commenté dans la cathosphère conservatrice : Nos limites – pour une écologie intégrale [1]. En octobre 2014, l’association Les alternatives catholiques, lancée par des normaliens lyonnais, organise une série de conférences à connotation écolo avec, entre autres, le journaliste et blogueur Patrice de Plunkett (« Les catholiques face aux enjeux et défis écologiques ») et un jeune théologien, Fabien Revol (« Jalons pour une théologie de la Création » [2]).

        « Verdissement » des droites conservatrices

        Le mouvement de « verdissement » des droites conservatrices est général. Le lobby de la Manif pour tous au sein de l’UMP, Sens commun, publie dans Le Figaro, en octobre 2014, une tribune au titre explicite : « Pourquoi la droite doit développer une conscience écologique », qui dénonce le projet du barrage de Sivens. Mais ceux qui suscitent le plus d’échos fin 2014 sont les fondateurs du courant L’écologie humaine. Leurs premières Assises nationales, réunies les 6 et 7 décembre 2014 à Montreuil (93), rassemblent plusieurs centaines de personnes et sont relayées par de nombreux médias. Leur thème aurait pu être celui d’un rassemblement d’Europe Ecologie – les Verts : « Changeons le monde par nos initiatives ». L’une des conférences d’introduction a été donnée par Dominique Bourg, professeur à l’Université de Lausanne, spécialiste réputé des questions d’environnement, peu soupçonnable d’accointances avec les thèses catholiques conservatrices [3]. « J’y suis allé parce que je connais un des organisateurs, avec qui j’ai travaillé, mais très sincèrement ce courant m’intéresse assez peu, confie-t-il. Je leur ai parlé du concept de « crise écologique », que je réfute car il suggère que le problème se pose dans une période brève alors que nous vivons une modification profonde des conditions d’habitabilité de notre planète. Par ailleurs, j’y ai entendu des témoignages intéressants d’expériences locales. »

    Références à Pierre Rabhi ou à la gauche radicale…

        Les circuits courts, à l’image des Amap, y ont été mis à l’honneur, comme dans les conférences des Alternatives catholiques ou dans le livre de Gaultier Bès. Ce dernier revendique la notion de « sobriété heureuse », développée par l’agriculteur et essayiste Pierre Rabhi, qu’il cite comme une de ses références. Gaultier Bès va plus loin encore dans la transgression, en couplant son discours écologique à une critique du système économique dominant, n’hésitant pas à citer des penseurs de la gauche radicale, tel l’économiste Jacques Généreux, conseiller de Jean-Luc Mélenchon, ou le philosophe Jean-Claude Michéa.

        « On trouve chez certains chrétiens une critique de la technique toute puissante, qui s’inscrit parfaitement dans la pensée écologique, observe Dominique Bourg. Par exemple lorsqu’ils dénoncent avec virulence le transhumanisme. » Une pensée critique qui s’inscrit également dans une tradition chrétienne récente, où apparaissent les noms de Jacques Ellul et d’Ivan Illich, abondamment cités par nombre de ces activistes. Leur militantisme écologique montre cependant certaines limites. Gaultier Bès et les fondateurs de l’Écologie humaine proposent des systèmes d’analyse globale et des pistes de réflexion politique assez faibles, en dehors du soutien à des initiatives locales existantes. « Je n’ai lu aucun texte ni entendu aucun discours au sein de ce mouvement qui fasse une critique approfondie des problèmes d’environnement tels que le réchauffement climatique ou la transition énergétique », souligne Ludovic Bertina, doctorant à l’École pratique des hautes études, membre du laboratoire GSRL (Groupe Société Religion Laïcités), qui suit L’écologie humaine depuis sa création, en 2013.

        Des « écolos » proches des banques et de l’industrie nucléaire

        Un constat aisément vérifiable en visitant leur site internet. Le profil du trio fondateur le confirme également. L’initiateur, Tugdual Derville, est surtout connu pour ses combats contre le droit à l’avortement ou le mariage pour tous. Il est depuis 1994 le délégué général de l’association Alliance Vita (fondée par Christine Boutin en 1993) et depuis 2012 un des porte-paroles de la Manif pour tous. Pierre-Yves Gomez, lui, est enseignant à l’école supérieure de commerce EM Lyon – Business School, et conseiller en stratégie de grandes entreprises et de banques : Bolloré énergie, BNP, Société Générale. Des banques qui ne se distinguent pas par leurs investissements écologiques… Il travaille également pour deux mastodontes de l’agroalimentaire : Danish Crown, deuxième exportateur de viande de porc dans le monde, et Soufflet (céréales, restauration rapide… ; chiffre d’affaires de 4,7 milliards d’euros en 2013). On est assez loin des circuits courts… Quant à Gilles Hérard-Dubreuil, le plus « écolo » du trio, il s’est spécialisé, avec son cabinet Mutadis, dans le contrôle des sites nucléaires et l’accompagnement des populations exposées aux radiations, n’ayant sur le sujet aucun point de vue tranché : « Mutadis n’est ni pro-nucléaire, ni anti-nucléaire », explique-t-il sur son site.

        Surtout, ces nouveaux militants écologistes demeurent limités par une approche identitaire. Le principe central autour duquel tournent tous leurs raisonnements est celui d’une « loi naturelle » qui place l’homme au centre de tout et lui ordonne certains comportements impératifs tels que protéger la vie « de la conception à la mort » ou fonder une famille. Principe qui s’annonce en conclusion systématique de tous leurs discours. « Pour ces courants chrétiens, il y a des degrés de valeur entre la nature et l’homme, ce dernier étant au centre de toute préoccupation, constate Dominique Bourg. Ceci les éloigne de la pensée écologique, qui a parmi ses piliers fondateurs la critique de l’anthropocentrisme. »


        La morale conservatrice avant la biodiversité ou le climat

        Le concept d’« écologie humaine », que Tugdual Derville et ses amis ont emprunté à Jean-Paul II, est une illustration de cet anthropocentrisme catholique : « A la croisée des considérations écologiques et du milieu humain s’établit un discours que Jean-Paul II nommera « écologie humaine » et qui se focalisera avant tout sur la défense des valeurs familiales, explique Ludovic Bertina. Si la crise environnementale est morale, alors, tout redressement de la société passera par la consolidation de son noyau, la famille » [4] Leurs priorités ne sont pas la biodiversité ni le climat, mais le statut de l’embryon ou celui des personnes homosexuelles. Leur intérêt nouveau pour l’écologie ressemble alors à une opération de récupération, de greenwashing. « Beaucoup de courants de pensée se réapproprient l’écologie, c’est très à la mode », constate Dominique Bourg (c’est également le cas au FN). Gaultier Bès, lorsqu’il conteste le projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes, avance par exemple ce type de slogans : « Défense du mariage, défense du bocage, même combat ! » Marianne Durano, membre des Veilleurs, résume leur philosophie en une formule : « L’idée est moins de sauver la création que de sauver l’humanité » [5].

        Leur intransigeance en matière de bioéthique et de famille, outre qu’elle interroge la cohérence de leur pensée écologiste, pose la question des alliances, dans une perspective politique. De nombreux chrétiens (et athées) ont su trouver des terrains de lutte communs avec des défenseurs de l’environnement qui ne partageaient pas forcément leurs convictions en matière de bioéthique, à propos de la gestation pour autrui par exemple (Dominique Bourg confie y être opposé, tandis qu’EELV la défend). Ceux qui se revendiquent d’une « écologie humaine » feront-ils passer la lutte contre le réchauffement climatique et la défense de la biodiversité avant la promotion de leur conception de la famille ? Comme souvent chez les catholiques, la réponse pourrait venir d’en-haut. La prochaine encyclique du pape François, prévue pour l’été 2015, portera sur l’écologie. Habitué à secouer son institution depuis qu’il la dirige, osera-t-il quelque nouvelle provocation en prenant du recul avec la tradition catholique anthropocentriste ? Il pourrait par exemple citer ce concept très cher au continent qui l’a vu naître : la Pachamama (Terre mère), qui place la protection de la nature au-dessus de tous les autres principes. Il en a déjà esquissé le geste, en déclarant, à l’occasion d’un congrès de la FAO (Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), le 20 novembre 2014 : « Dieu pardonne toujours, les hommes pardonnent parfois mais la Terre ne pardonne jamais. »

        Martin Brésis


        Notes

        [1] Coécrit avec Marianne Durano et Axel Rokvam / Ed. Le Centurion.

        [2] Cette conférence a fait l’objet d’une synthèse publiée… sous forme de tweets.

        [3] co-auteur, en 2014, de La pensée écologique – Une anthologie (Presses universitaires de France), dont un chapitre est consacré au christianisme.

        [4] Article de Ludovic Bertina et Romain Carnac : « L’écologie humaine » du Vatican (Jean-Paul II – Benoît XVI) – La rencontre entre une réflexion écologique et une morale sexuelle naturaliste. » (revue Genesis, 2013), publié dans la revue Genesis (2013)

        [5] Intervention au colloque « Sauver la Création. Écologie enjeu spirituel » organisé par la Conférence des évêques de France le 29 novembre 2014.

     
    Article de Martin Brésis, de Basta mag

    source https://ecologyandchurches.wordpress.com
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  • PAPE – Le pape, porté ONU ?

    2015 Pape et ONUUne petite information en passant, concernant les mois à venir. Le programme du voyage du pape aux Etats-Unis se précise

    Ce séjour aux Etats-Unis dévrait se dérouler du 22 au 27 septembre. Arrivé à Washington où il devrait notamment prononcer un discours devant le Congrès, le pape rejoindra le 24 après midi La « Big apple ». A New York, en effet, dans la matinée du 25, il assistera à l’ouverture du sommet de 3 jours consacré au développement durable, au siège des Nations Unies. Le discours qu’il y prononcera fera sans doute écho à l’encyclique qui s’annonce pour juin prochain. Et interpellera sans doute les nations qui se retrouveront à Paris deux mois plus tard, pour tenter de trouver un accord contraignant de manière à limiter le dérèglement climatique en cours. Ensuite, est prévue une rencontre inter-religieuse qui, elle aussi, pourrait bien être le lieu d’un appel fort à la mobilisation des consciences à travers la planète.

    DL

     Source https://ecologyandchurches.wordpress.com
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  • ANIMAL – Vivants et sensibles… c’est déjà ça.

    2014 1814093-inlineLe Sénat et l’Assemblée n’ayant pas réussi à se mettre d’accord, c’est finalement le Parlement qui vient de reconnaître aux animaux la qualité symbolique d’« êtres vivants doués de sensibilité », dans un projet de loi de modernisation et de simplification du droit adopté définitivement mercredi 28 janvier par l’Assemblée nationale.
    Si ce texte répond à des demandes venant d’associations de protection animale (cf. pétition de 30 millions d’amis lancée il y a deux ans), il a fallu d’abord, en octobre que le Code civil s’aligne sur l’expression des Codes pénal et rural qui, plutôt que de « biens meubles », parlent des animaux comme « des êtres vivants et sensibles. » La FNSEA craignit d’être menacée dans ses pratiques ordinaires d’élevage avant de considérer que la tournure, au final, était un moindre mal. Le pire aurait été pour eux que les animaux acquièrent un statut juridique à part entière. En attendant l’UMP a voté contre, le Front de gauche s’est abstenu.

        En attendant, on peut rappeler les expressions, elles aussi soigneusement choisies, du Catéchisme de l’Eglise catholique : « Les animaux sont des créatures de Dieu. Celui-ci les entoure de sa sollicite providentielle. Par leur simple existence, ils le bénissent et lui rendent gloire. Aussi les hommes leur doivent-ils bienveillance. (…) Dieu a confié les animaux à la gérance de celui qu’Il a créé à son image. Il est donc légitime de se servir des animaux pour la nourriture et la confection des vêtements. (…) Il est contraire à la dignité humain de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies. (…) On peut aimer les animaux. On ne saurait détourner vers eux l’affection due aux seules personnes. » (n° 2416-2418)

    Occasion de rappeler aussi que fin décembre, la justice argentine a reconnu un orang-outan comme une « personne non-humaine », bénéficiant ainsi de droits. Le juriste Jean-Marc Neumann (blog Animaletdroit), spécialisé dans le domaine, s’en réjouit, tout en doutant de la portée de cette décision. VOici quelques extraits de sa réflexion sur le sujet (entretien accordé à La Croix) :

        Cette décision se base sur une interprétation dynamique du droit. Elle affirme qu’il est « nécessaire de reconnaître l’animal comme sujet de droit, car les êtres non-humains (les animaux) bénéficient de droits ». Mais elle ne précise pas de quels animaux il s’agit ni comment ils devraient en bénéficier. Il est un peu difficile d’interpréter ce que les juges argentins ont voulu faire. Des juristes s’interrogent sur la motivation de cette décision et sur sa portée, à l’instar de Steve Wise. Cet activiste du Nonhuman rights project (projet pour les droits des non-humains, NDLR) avait lancé il y a quelque temps aux États-Unis une procédure pour faire libérer des chimpanzés qui a été rejetée par la cour de New York.

        Quels peuvent être les effets d’une telle décision ?

        J-M N : C’est difficile à dire. On ne sait pas si l’orang-outan, Sandra (née en captivité, elle est au zoo de Buenos Aires depuis vingt ans, NDLR), va recouvrer sa liberté. Les responsables du zoo envisagent apparemment de la placer dans un sanctuaire au Brésil, mais les juges ne disent rien de tout ça. Il y a beaucoup d’interprétations et d’approximations autour de cette décision.

        Est-ce que ça ne signifie pas par exemple la disparition à terme de lieux comme les zoos ?

        J-M N : On va sans doute aller à terme dans cette direction. Ce qui est réjouissant, c’est que ce jugement s’inscrit dans un mouvement qui est de reconnaître aux animaux, et particulièrement aux grands singes, des droits fondamentaux. Cela est évidemment de nature à remettre en cause leur présence dans des zoos, des parcs. Cette décision a au moins une portée symbolique forte. Mais il faut se garder de tout emballement. Il y a un mouvement pour la reconnaissance de droits fondamentaux pour les animaux qui a débuté il y a plusieurs années. Par exemple en Inde, où des dauphins ont été reconnus comme bénéficiant de droits. Le Nonhuman right project veut se baser sur l’Habeas Corpus (le droit de ne pas être emprisonné sans jugement – NDLR) pour exiger la remise en liberté des grands singes. Et maintenant l’Argentine… Mais le problème est celui de la définition de l’animal : est-ce qu’il se situe entre l’humain et le végétal ? Est-ce qu’on va reconnaître des droits à tous ? Ou seulement aux êtres vivants doués d’une capacité cognitive proche de l’homme, comme les grands singes et les cétacés ?

    DL
    Source https://ecologyandchurches.wordpress.com
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  • De Lima à Paris, ombres et lumières

    autour du climat

    Il s’est passé quelque chose d’important lors des négociations internationales sur l’avenir du climat en décembre à Lima, capitale du Pérou. Les 195 États signataires de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques se sont engagés à soumettre l’an prochain un plan national de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) à mettre en œuvre à partir de 2020.

    Les États conviennent enfin que pour avoir une chance de maintenir la hausse de la température moyenne globale à 1,5 ou 2 degrés Celsius, il est nécessaire de réduire substantiellement les émissions de GES d’ici 2050 et de réduire les émissions nettes à « près de zéro gigatonne de dioxyde de carbone équivalent, ou moins, d’ici 2100 ». Les Parties reconnaissent également que l’attribution d’un prix au carbone constitue une approche efficace et cohérente pour une réduction globale des GES.

    Malgré cette avancée significative, plusieurs ombres viennent noircir le tableau :
    • Le Fonds vert pour le climat détient à ce jour un capital évalué à $10 milliards US, bien loin de l’engagement des pays développés de mettre $100 milliards par an à partir de 2020, un montant d’ailleurs bien inférieur aux besoins.
    • Aucune entente sur un format de communication commun des « contributions volontaires nationalement déterminées ».
    • Aucun examen externe ou de révision de ces contributions avant leur agrégation.
    • Des divisions Nord/Sud restent toujours vives alors que les pays du sud attendent toujours un engagement pré-2020 d’actions d’atténuation des pays développés en échange de la négociation par le Sud d’un accord universel post-2020.
    • Dans l’accord de Lima, le Canada entérine ce que Stephen Harper refuse de faire depuis huit ans! Signer n’entraîne pas forcément action… Lors des négociations, le premier ministre canadien a osé affirmer qu’il serait « fou » de réglementer le secteur pétrole et gaz alors que c’est celui dont les émissions augmentent le plus au Canada…

    Malgré sa portée potentiellement immense, le projet d’accord n’est pas encore à la hauteur de l’urgence et de l’importance de l’enjeu. Comme un fumeur invétéré qui ferait le vœu de changer son comportement après que le médecin lui eut annoncé qu’il allait mourir s’il continuait sa mauvaise habitude, le monde se trouve à la croisée des chemins et espère beaucoup de la prochaine conférence à Paris à l’automne 2015.

    L’AQLPA sera encore une fois sur le terrain en 2015 parce que nous jugeons essentiel de fournir aux Québécoises et Québécois une vision éclairée des tenants et aboutissants de ces négociations, en parallèle des discours officiels. En vulgarisant ces questions complexes et faisant état de l’évolution des négociations, notre objectif est de vous amener à comprendre l’importance de ces rencontres et d’être mieux à même d’agir et de réagir pour le bien-être de nos collectivités.

    L’espoir résidant dans l’action, nous espérons compter sur vos dons pour continuer notre travail.



    Alain Brunel, directeur climat-énergie, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)
     

    Consultez le Blogue AQLPA pour lire les articles et communiqués diffusés par l'équipe AQLPA pendant la Conférence à Lima.


    Une année chargée devant nous!

    En 2015, l’AQLPA entend bien continuer sa lutte pour le bien commun. Quelques exemples d'actions qui jalonneront la prochaine année : appui aux initiatives municipales de biométhanisation, suite du déploiemeqnt du Chantier québécois en efficacité énergétique, promotion de l'électrification des transports et veille et réactions sur les grands enjeux environnementaux au Québec et au Canada.

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    source http://www.aqlpa.com/
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  • ROME – McCarthy chasse désormais les gros pollueurs
    ROME – McCarthy chasse désormais les gros pollueurs 

    McCathyGina McCarthy passe au Vatican aujourd’hui. Une nouvelle pas anodine puisqu’il s’agit de la directrice de l’Agence pour l’environnement (EPA) américaine et qu’elle est venue parler « climat » avec les responsables du Saint-Siège.
    Parmi les rencontres programmées, le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et paix, est évidemment incontournable. Elle a prévu aussi de rencontrer les journalistes catholiques dans la matinée et des responsables du monde de l’entreprise dans l’après midi. Cette visite est liée à l’initiative prise par l’ambassadeur américain auprès du Saint-Siège, Ken Hackett.

     Pour Mme McCarthy, la visite au Vatican sera le coeur d’une visite de 5 jours qui lui permettra aussi de se rendre à Rome, Genève et Florence. Cette rencontre romaine a notamment pour sujet le plan d’action pour le climat que le président Barack Obama a présenté l’été dernier, proposant notamment de réduire les émissions de CO2 des industries américaines consommant du charbon, de 30 % d’ici 2030. Mme McCarthy précise :

        « De manière très claire, le changement climatique est un défi qui impacte non seulement la manière dont nous allons protéger les plus vulnérables mais aussi notre  responsabilité à protéger les ressources naturelles que Dieu nous a confié. Je crois que le président et moi-même sommes d’accord pour dire que le changement climatique est d’abord un défi moral. Il s’agit en effet de protéger les plus vulnérables et le travail de l’EPA, en se concentrant sur la santé publique et la protection de l’environnement, a toujours été orienté vers cette attention aux plus vulnérables, de manière à ce que, quand nous engageons une action, nous répondions d’abord à leurs besoins de manière la plus efficace possible. »

    Les responsables américains sont bien conscients de l’encyclique qui s’annonce. Ils espèrent qu’elle pourra contribuer à prendre des décisions importante à Paris, au cours de la COP 21. Aux Etats-Unis, en tout cas, l’EPA travaille déjà à connecter les communautés religieuses pour qu’elles puissent participer à la sensibilisation de tous à ces défis urgents. Le projet du Clean Power Plan a ainsi accueilli de nombreux commentaires, issus aussi des communautés chrétiennes. La conférence des évêques américains encourageait d’ailleurs les fidèles à participer à la discussion, organisant 8 rencontres débats à travers le pays. Les évêques ont aussi écrit par deux fois à l’EPA, soulignant la responsabilité morale à infléchir les émissions de CO2, au nom du respect des plus pauvres. La présence des réseaux caritatifs à travers le monde permettant facilement de voir les effets des dérèglements climatiques dans les pays les plus vulnérables. Le président Obama lui-même, à la fin du voyage qu’il vient de faire en Inde, a déclaré avec son homologue indien que le « changement climatique est une vraie menace envers l’humanité et les impératifs du développement durable, de la croissance et de l’éradication de la pauvreté. »

        « Gardons à l’esprit que les défis environnementaux ne sont pas simplement un problème de ressources naturelles ou de sécurité. Il s’agit aussi d’une menace fondamentale pour les économies à travers  le monde, rajoute McCarthy. C’est pourquoi il est important que le pape François continue de parler aussi clairement que possible parce qu’il y a des millions – si ce n’est pas des milliards- de personnes qui sont menacées ici, des personnes dont l’Eglise catholique et les autres religions prennent soin depuis de longues années. C’est au nom de ces personnes que nous devons parler. Et pour elles que nous devons agir. »

    DL
    Source : article de Brian Roewe

    Source https://ecologyandchurches.wordpress.com
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