• MINES – Avec les Navajos, se souvenir pour rester vivant

    2014 Navajo Birth_Cohort_ver2c-300x296Le cri du coeur est celui de soeur Joan Brown une religieuse franciscaine du Minnesota. Elle est aussi la directrice de l’association New Mexico Interfaith Power and Light. Elle s’exprime ainsi après avoir participé à un rassemblement récent, le 16 juillet dernier, à Red Water Pond, dans le territoire navajo du Nouveau Mexique (USA). Ce rassemblement faisait mémoire de la catastrophe qui s’est déroulée ici, à Church Rock, en 1979, du fait d’une fuite de liquide radioactif très dangereuse, émise dans ce lieu d’extraction d’uranium, et qui a contaminé une grande partie de la région, jusque dans l’Arizona. La catastrophe s’est déroulée quatre mois après l’accident nucléaire de Three Mile Island.

    La religieuse dénonce aussi les conditions de travail des ouvriers de cette région. Ils ont travaillé dans ces mines depuis les années 1940, dans un environnement où la présence d’uranium est récurrente, sans qu’on ne leur ai jamais parlé des dangers de cette matière radioactive. Il y a bien eu depuis des compensations financières pour ceux qui travaillaient là avant 1971. Mais pas pour les autres.

    Une étude sanitaire a été effectuée depuis qui montrent la multiplication des cancers, des syndromes de Down, des maladies de la thyroïde et des poumons. Un scientifique navajo qui participe a cette étude appelle de ses voeux à l’arrêt de tout autre projet minier d’uranium et à la remise en état des lieux rapides.

    DL

    Source : Global Sister Report

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  • En Polynésie, des chrétiens devant le don de la Création

    2014 Polynésie pastorale_publicL’Église protestante en Polynésie a vécu, au cours du mois de juillet le 130e synode de l’Église protestante ma’ohi. Un synode particulièrement intéressant puisque le thème de cette année était “la création de Dieu, une projection de son amour pour chacun de nous”. Le diacre de Mahina, Raymond Jamet, partage quelques réflexions nées de ces journées.

    ENVIRONNEMENT

    “Nous parlons bien entendu d’environnement, un environnement que l’être humain a du mal à reconnaître, alors que la création en elle-même, à savoir tout ce qui se trouve de vivant autour de nous, sur terre comme dans la mer ou dans les airs, telle qu’on la trouve dans la Genèse, c’est le couronnement de l’amour de Dieu pour l’être humain. Or, nous constatons que l’être humain a bien du mal à réaliser que cette création de Dieu, c’est la Vie. Une création que Dieu a donné à chacun d’entre nous, et nous devons en être responsable. Sous cet éclairage, nous nous sommes posés la question : comment se fait-il que l’être humain a été créé à l’image de Dieu ? Les questions du péché ont été abordées, de la désobéissance, des excès, nous en avons déduit que l’être humain cherche peut-être à devenir lui-même un ‘petit dieu’. L’Homme reconnaît que Dieu a créé la nature qui se trouve autour de lui, mais cela ne l’empêche pas pour autant de prendre des initiatives de « petit dieu », de faire autre chose de cette création, don de Dieu.”

    DÉVELOPPEMENT

    Le diacre souligne que l’Église n’est pas contre le développement, par exemple pour l’amélioration de la vie de l’être humain, “mais à condition qu’il ne détache pas son regard d’une certaine préservation de ce que Dieu a créé”.

    POLLUTION

    Les débats ont porté sur les craintes d’une pollution à outrance et sur ses dangers, tels que l’élévation des eaux, qui est d’actualité au fenua, avec notamment ses conséquences sur les îles les plus basses de Polynésie.

    “Aujourd’hui, il nous faut revoir tout ça et prendre conscience de nos propres responsabilités en tant qu’êtres humains. Rappelons-nous la décision de Dieu de provoquer le déluge pour dire ‘on arrête tout’. Nous n’en sommes pas là, Dieu nous laisse encore une chance pour pouvoir nous en sortir. C’est une chance qu’il faut saisir. C’est quelque part une remise en question de soi-même.” (…) “L’Église veut faire comprendre que notre environnement, c’est le reflet de l’amour de Dieu dans chacun de nous.”

     DL
     

    Source : La dépêche.frJeannot Rey

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  • Rester "jeûne" d’esprit

    2014 carte-de-france-Jeûne-climatV3C’est donc parti ! A travers la France, plusieurs groupes se sont retrouvés pour démarrer un temps de jeûne volontaire, une fois par mois, pour rester sensible aux enjeux environnementaux. Et aussi pour accompagner les décisions à venir, au cours du sommet COP 21 qui se déroulera à Paris en décembre 2015. Extraits d’un article publié sur Reporterre il y a peu.

    Dans la petite salle du siège parisien du mouvement Pax Christi, cinq personnes se sont rassemblées autour d’une table ronde. Il est midi, l’heure du repas, mais personne ne semble avoir faim. Tous cinq sont catholiques et sensibles à la dégradation de l’environnement. Ils discutent, tranquillement, parfois picorent quelques fruits secs.

    En ce 1e juillet 2014, comme des centaines d’autres personnes, toutes confessions confondues, ils ont commencé le jeûne pour le climat. Ils le pratiqueront chaque premier jour du mois jusqu’aux négociations climatiques de décembre 2015, qui auront lieu à Paris. Treize autres rassemblements ont eu lieu en France ce 1e juillet, dans des lieux tels qu’un temple protestant à Orléans, un presbytère à Sautron, près de Nantes ou chez un particulier à Bordeaux. Les rassemblements se veulent interreligieux. A Arras, il aura lieu le 3 juillet et réunira dans un temple protestant l’évêque du diocèse, des personnes de confession musulmane, des élus locaux, un député européen, etc.

    A l’origine de ce mouvement : le geste symbolique de Yeb Saño, chef de la délégation des Philippines lors de la conférence mondiale sur le changement climatique de Varsovie (Pologne), en novembre 2013. Alors qu’un typhon venait de frapper son pays, tuant plus de sept mille personnes, il avait décidé de jeûner jusqu’à ce que les négociations conduisent à des avancées concrètes. Catholique pratiquant, il avait ensuite lancé le mouvement Fast for Climate (Jeûne pour le climat), actuellement suivi par vingt-deux pays. Le 4 juin dernier, Yeb Saño a donné une conférence de presse à Paris pour lancer l’initiative en France. La Fédération protestante de France, la Conférence des évêques de France, l’Assemblée des évêques orthodoxes étaient représentées et ont accepté de suivre le mouvement. Des organisations laïques étaient aussi présentes, telles que le réseau action climat-France.  (…)

     « Par le jeûne, nous voulons responsabiliser les gens, que chacun puisse prendre conscience de son rôle dans la société », dit Catherine Billet, de Pax Christi. « Et puis jeûner, c’est aussi une façon d’être solidaire avec ceux qui le vivent sans l’avoir choisi », c’est-à-dire les victimes du changement climatique qui souffrent de famine, partout dans le monde.Mais le jeûne est aussi un acte spirituel individuel, qui permet de faire appel à autre chose que les forces physiques. « Faire un jeûne ne laisse pas indifférent, indique Laura Morosini. En sautant un, deux ou trois repas, on se sent plus engagé. »

    Une émission récente sur RND permet d’en savoir plus aussi. A découvrir ici.

     

    Source : Article de Flora Chauveau (Reporterre)

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  • Des circuits (courts) à Dayton ?

    2014 Dayton670 millions de dollars. Une coquette somme pour un investissement écoresponsable à moyen terme. Et c’est le comité d’investissement de l’université américaine de Dayton (Ohio) qui vient de l’annoncer.

    Le président de l’université marianiste, Daniel Curran, explique que son soucis est de manifester la cohérence de son établissement avec les invitations de l’Eglise.

    "C’est notre manière d’assumer la mission qui nous est confiée, en continuant de réfléchir et d’agir sur les questions religieuses, de droits humains et de durabilité environnementale."

    Puisqu’il n’est plus possible de ne pas tenir compte de l’impact des changements climatiques en cours, qui frappe d’abord les populations les plus pauvres, Curran souligne qu’il y a un service humanitaire à rendre en agissant selon les principes de la doctrine sociale et de l’héritage marianiste, de manière catalyser des changements positifs qui bénéficieront à la planète entière.

    Cette mobilisation passe donc par des décisions importantes concernant les politiques d’investissement financiers de l’université, répondant ainsi aux appels de nombreux ONG, dont 350.org. La campagne "Go Fossil Free" est déjà travaillée sur plusieurs campus catholiques dans le pays, dont Georgetown et Boston.

    Mais à Dayton, c’est le comité d’investissement lui-même qui a initié la réflexion et non pas les étudiants de base. Interpellé par les appels de la Conférence des évêques américains et ceux du pape François, le comité a évalué comme possible une politique de diversification de ses investissement, vers des pratiques plus écoresponsables. Elle a donc mis en place un programme concernant les 34 millions de son portefeuille qui soutiennent de près ou de loin des entreprises développant l’usage de ressources non-renouvelables. Dans un deuxième temps, il s’agira d’investir fortement dans des technologies vertes et durables, tout en continuant de filtrer les futurs investissements dans les fonds de pension. Un travail qui sera évalué dans 18 mois.

    Bien sûr, l’action reste symbolique quand on connaît le poids des industriels de l’énergie américains. "Mais nous avons senti que nous devions être du bon côté, en ce qui concerne une telle action", explique Curran. L’univesité prévoit aussi, à hauteur de 2050 de devenir "neutre" sur le plan de sa consommation en ressources carbonées.

    DL

    Source : Article Eco Catholic, NCR, de Brian Roewe. Traduction et synthèse : DL

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  • L’écologie de François ne manque pas d’assise

    imagesTrouvé par hasard sur un blog, un compte rendu intéressant de la rencontre sur le thème "Saint François d’Assise et l’écologie", proposée par l’association Oekologia, en mai dernier.

     

    François d’Assise : un saint pour les pauvres, mais pas que

    François et le franciscanisme sont d’abord profondément ancrés en Christ : un Christ humain, pauvre parmi les pauvres. Dieu s’abaisse jusqu’à rencontrer notre humanité : tel est le fondement de la sensibilité de François et de sa foi. Le franciscanisme est donc, comme chacun sait, associé à la pauvreté. Si François n’a pas inventé le principe de frères itinérants, n’ayant comme le Christ « pas même une pierre où reposer la tête », il en a fait, de son vivant, un ordre réunissant des centaines de frères, et reconnu par l’Église, ce qui n’est d’ailleurs pas allé de soi.

    Sa démarche s’inscrit dans son siècle, celui d’un monde médiéval qui change et commence à ressembler au nôtre. C’est le temps de l’essor des villes, des échanges marchands internationaux. La richesse matérielle, le profit, l’accumulation des biens prennent une importance nouvelle, et la bourgeoisie marchande est la classe montante de ce temps. Issu de cette même classe et de ce même monde urbain et commerçant, François ancre au cœur des villes son ordre ouvert sur le monde et prône un autre rapport aux biens, enraciné dans la pauvreté du Christ. Dépossession sera son maître mot.

    François, un anarchiste ?

    François s’oppose à la notion classique de propriété en lui substituant une sorte de simple droit d’usage : je peux disposer d’un bien jusqu’à ce qu’un plus démuni que moi s’avère en avoir davantage besoin. Puisque tout vient de Dieu, que tout est don de Dieu, je ne saurais accaparer ce bien commun pour un usage exclusif. Sa destination universelle prime et je ne peux revendiquer une propriété au sens usuel, qui me permet, par exemple, de détruire mon bien (d’en priver le monde) si j’en ai envie.

    Cette notion pourrait faire de François un révolutionnaire proto-anarchiste. Mais ce serait oublier, d’une part, son attachement profond à l’Eglise, avec laquelle il n’a jamais imaginé devoir rompre; et d’autre part, qu’il n’est pas question chez lui de devenir son propre maître. Les « frères mineurs » s’obéissent les uns aux autres, à l’image du Christ serviteur, et toute la pensée franciscaine est pénétrée d’un sentiment profond de dépendance à l’égard du Créateur de toute chose.

    C’est dans ce dernier point que s’enracine également sa relation à la Création.

    François, un père de l’écologie ?

    Il sera plus simple ici de répondre par l’affirmative. François, au XIIIe siècle, ne peut guère avoir de notion scientifique du caractère épuisable des ressources, ni de la finitude physique de notre planète : c’est un ancrage spirituel qu’il donne à des notions éminemment écologiques et modernes. La nécessité pour le chrétien de respecter et de gérer avec prudence la Création qui lui est confiée découle de son origine divine. Ce monde nous est donné, nous ne l’avons pas fabriqué ; nous n’en avons pas la propriété, mais l’usage ; en lui, nous devons découvrir un projet divin, que nous ne saurions anéantir pour notre bon plaisir.

     Nous y reviendrons…

    François, un panthéiste mièvre ?

    Du Cantique des Créatures, on fait souvent une lecture un brin condescendante : voici donc un saint applaudissant aux petites fleurs-petits z’oiseaux, qui s’épancherait en une louange cuculiforme, voire sulfureuse et fleurant le panthéisme. Grave erreur !

    Le regard que François pose sur le monde est sans aucun doute influencé par une réaction au catharisme. Celui-ci, en effet, considère l’ici-bas comme irrémédiablement impur, prison pour les âmes, et lieu de perdition où Dieu n’aurait certes pas pu venir se compromettre. La vision franciscaine, canonique en ce qu’elle considère la Création comme bonne – jusqu’à la Chute, pour ce qui concerne l’homme – prend le contrepied complet. Pour François, puis pour Bonaventure, compilateur si l’on peut dire de la théologie franciscaine, la Création et l’Incarnation constituent LE projet divin, la manifestation du désir éperdu d’un Dieu humble, tout amour, de rencontrer un autre : l’Homme. Le Christ n’est pas un simple agent intervenant pour résoudre un problème (le péché) : il est la réalisation de ce projet. L’Univers est, dès l’origine, tourné vers l’Incarnation, qui est accomplissement, et non réparation d’un accident.

    La Création est tout sauf souillure : elle est écrin et support de cette rencontre, invitation à rencontrer le Christ – « la Création toute entière gémit dans les douleurs de l’enfantement » (Rm 8, 28) En Christ, Dieu s’humanise, se vide de lui-même (kénose) et par là même l’homme, mais aussi toute la Création sont divinisés (mais pas déifiés !). En Christ, toute la Création est récapitulée, et sa vérité révélée. Respecter la Création revient alors, non à acclamer niaisement la beauté du ciel bleu, mais à mettre à sa juste place cet élément du projet divin.

    Cette lecture se fonde dans une vision cosmique de l’anthropologie chrétienne dont François hérite, et qui culminait à l’époque romane, par exemple avec Hildegarde de Bingen : toute la Création, unie, reliée, est appelée à la Louange divine. Celle-ci n’est pas l’apanage de l’homme seul, isolé dans un décor peuplé de créatures sans importance réelle ni valeur, tout juste bonnes à finir dans son assiette. (Pour cette dernière vision, il faudra attendre Descartes.) A l’homme, être de relation, capable de Dieu, revient la tâche de « tirer vers le haut » la Création, d’en porter la louange vers Dieu.

    Dans le Cantique des créatures, plus ancien poème qui soit en italien et non en latin, on trouve à plusieurs reprises le mot « per » : par exemple « Laudato si’, mi’ Signore, per sora luna e le stelle ». La traduction usuelle donne « Loué sois-tu mon Seigneur pour sœur la Lune et les étoiles ». Or, « per » peut aussi bien avoir le sens de « pour » que « par », et c’est ce dernier terme qui semble le plus pertinent. En effet, il s’agit d’appeler les créatures à louer Dieu, de « faire remonter la Louange » et non de se prosterner devant ce qui n’est qu’une créature. Une créature avec laquelle, cependant, François nous appelle à une communauté profonde.

    François, qui voulait que ses frères fussent qualifiés de « frères mineurs », n’hésite pas à entretenir avec l’animal un rapport d’égalité, y compris avec le plus humble ver (Je suis un ver et non un homme, Ps 22, 6). En effet, parmi les créatures, l’animal, exempt de péché, accomplit tout naturellement ce qui est pour lui le projet de Dieu. L’homme pécheur, ne peut en dire autant ! De là, une relation d’humilité empreinte de douceur : qu’il s’adresse aux oiseaux ou au loup, François se fait obéir des animaux, parce qu’il obéit à Dieu.

    Enfin, en un temps qui pense par symboles, François et Bonaventure ont conscience d’une Création théophanique. Il s’agit ici de trouver Dieu en toute chose : l’expérience de contuition (intuition à travers les créatures d’un Créateur plus grand) revient à lire dans chaque être un signe, un mot du Verbe divin. Un mot, notons-le bien, et c’est là qu’on est à l’opposé d’un panthéisme. La créature est un signe, un des signes, pas plus, et pas moins. Un signe unique, un signe différent des autres, mais un élément d’un tout. Ce tout constitue un Livre, que nous devons au Verbe, tout comme l’autre Livre – mais le péché obscurcit nos yeux au moment de saisir ce qui les unit.

    François pour l’écologie aujourd’hui ?

    Voilà posées de nombreuses bases pour une écologie chrétienne.

    Avant tout, la notion de dépendance à notre Créateur répond à l’ivresse de toute-puissance qui s’empare de l’homme de notre siècle ; un homme qui prétend désormais remplacer la Création, jugée imparfaite et sans valeur, par le vivant artificiel considéré comme plus abouti – en fait, surtout plus soumis à nos désirs de l’instant. Combien plus libre est l’homme qui se laisse diviniser, et la Création avec lui – libéré de ses pulsions autocentrées, de ses fantasmes de toute-jouissance, de sa gloutonnerie toujours insatisfaite !

    Quant à l’expérience de Dieu en chaque créature, si nous ne pensons plus par symboles comme les contemporains de François, cette rencontre ne nous en est pas moins proposée chaque jour. Pour l’écologiste, le vivant est une source infinie d’émerveillement, de découverte de ce caractère unique de chaque espèce : son histoire, ses adaptations, sa niche écologique. Loin des pauvres productions de notre technique obsédée par le standard, par le Même,l’infinie diversité de la Création passée et présente offre autant d’occasions de louange. Nous pouvons du reste noter que la profonde unité au-delà de l’unicité de chaque être, l’interdépendance de tous, et l’existence d’un projet pour chacun, ces notions pressenties, sous l’angle théophanique, par Hildegarde de Bingen ou François, trouvent d’étonnantes résonances dans les réalités écologiques dévoilées par la science moderne.

    De ces rencontres enracinées dans le Christ, projet final et récapitulation du projet divin pour l’Univers, nous pouvons tirer un nouveau rapport, humble, respectueux, fait de contemplation, d’usage sage et modéré, libéré des pulsions d’appropriation et de dévoration ; un regard écologique empli d’amour.

    source http://ecologyandchurches.wordpress.com

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  • N'apprendrons-nous jamais...

    Kikuchi persiste et signe

    japan-kikuchi1Il y a quelques jours, le pape François recevait Abe Shinzo, le Premier ministre japonais. Un dirigeant qui espère pouvoir relancer bientôt l’industrie nucléaire dans un pays pourtant durement touché par la catastrophe de Fukushima.  La veille de la rencontre, l’évêque de Niigata, Mgr Kikuchi Isao, avait rappelé dans un entretien accordé au Vatican Insider, que l’Eglise du Japon était résolument opposée au projet gouvernemental de remise en marche du parc des réacteurs nucléaires japonais.

    Cette position est le fruit d’un discernement qui a trouvé son aboutissement après la catastrophe nucléaire de Fukushima. En novembre 2011,  les évêques publiaient un document très clair, intitulé : « Mettre fin à l’énergie nucléaire aujourd’hui ».  Depuis 1999, la commission Justice et Paix avait déjà appelé à l’abandon du nucléaire et deux ans plus tard un document épiscopal appelait au développement de moyens alternatifs pour produire de l’énergie.

    Cet appel radical, les évêques japonais le revendique aujourd’hui encore, demandant pour cela de changer de paradigme économique et de style de vie. Une position pas toujours comprise, même par certains catholiques japonais Extraits de l’entretien de Mgr Kikuchi, du diocèse de Honshu et président de Caritas Japon et donc très sensible à la question des populations déplacés après l’explosion des réacteurs de Fukushima-Daiichi :

    « Si nous persistons à préserver notre style de vie actuel, qui suppose un niveau très élevé de consommation d’énergie, promouvoir des sources d’énergie alternatives [au nucléaire] me semble bien hypocrite. Chaque personne doit être vraiment prête à renoncer volontairement à quelque chose pour le bien commun de l’humanité, de ses enfants et de toutes les créatures que Dieu a faites. »

    "L’Eglise catholique au Japon veut marcher à côté des victimes de la tragédie qui a eu lieu il y a trois ans, jusqu’à ce qu’elles puissent retourner à une vie normale. Beaucoup d’entre eux vivent encore dans des conditions précaires. D’autres souffrent d’angoisses ou de dépression. Ils semblent avoir perdu l’espoir. Nous essayons de les accompagner sur leur chemin de vie pour qu’ils puissent retrouver de la confiance et de l’espoir dans l’avenir. C’est là le chemin du pardon."

    Il faudra bien s’interroger un jour sur la portée d’une telle position auprès de l’épiscopat français, pourtant lui aussi confronté à un modèle énergétique monolithique et peu sensible à la critique.

    Occasion aussi de lire la lettre publié par ce même évêque à l’occasion du troisième anniversaire de cette sinistre catastrophe. 

    Chers amis,

    Trois années ont passé depuis qu’un gigantesque tremblement de terre, suivi d’un tsunami, ont frappé la zone de Tōhoku au Japon, détruisant et bouleversant la vie d’énormément de personnes dans le pays. Plus de dix-sept mille vies ont ainsi été perdues. Après la catastrophe, au milieu des séquelles chaotiques de cette totale dévastation de la vie courante, nous avons commencé à croire en un possible rétablissement. Nous pensions alors, compte tenu de la force économique et de l’avancement technologique du Japon, que trois ans seraient plus que suffisants pour que la zone frappée par le désastre retourne à la normale.

    Il n’en est pas ainsi. Pour plus de 270 000 personnes, il n’est toujours pas possible de rentrer chez soi. Presque autant vivent encore dans des abris temporaires. Et pour ce qui est des centrales nucléaires de Fukushima, personne ne sait réellement ce qui se passe à l’intérieur de ces centrales endommagées, même si le premier ministre a déjà fait des déclarations, à l’occasion de rassemblements internationaux, comme quoi la situation serait sous contrôle. La zone frappée par le désastre fait partie du Diocèse Catholique de Sendai et Caritas Japon a soutenu les efforts de secours de ce diocèse. Des communautés entières de l’Église Catholique du Japon ont travaillé ensemble pour aider le diocèse de Sendai. Récemment en février, nous autres, Évêques Catholiques du Japon, avons renouvelé notre résolution de continuer les efforts pour mobiliser les communautés Catholiques du Japon dans leur ensemble pour encore 3 ans. Dans notre pays, l’Église Catholique s’est engagée à accompagner les personnes de la zone frappée par la catastrophe aussi longtemps qu’elles auront besoin de nous. Nous avons donc encore besoin de soutien et de prières.

    Je voudrais profiter de l’occasion pour tous vous remercier, vous, nos amis au sein de la famille Caritas, pour votre généreux soutien et vos prières pour le Japon. Nous sommes infiniment reconnaissants pour vos gestes de solidarité. Comme je le mentionnais ci-dessus, tout en vous remerciant tous du fond du cœur, je suis aussi dans l’obligation de renouveler notre appel à l’aide afin d’être aux côtés de toutes ces personnes des zone sinistrées qui n’arrivent pas à retrouver foi en l’avenir et qui vivent dans l’obscurité du désespoir et de la perte. Mille mercis pour votre générosité, et que Dieu vous bénisse tous.

    Mgr l’Évêque Isao Kikuchi, S.V.D.
    Président de Caritas Japon

    DL
    Source:Vatican Insider /  Eglises d’Asie, le 6 juin 2014 et http://ecologyandchurches.wordpress.com

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  • Des arbres paroissiaux

    783439Au Togo, depuis 1977, le 1er juin est dédié aux arbres. Ainsi se multiplient dans le pays ce jour là les actions de reboisement et de protection de l’environnement. Ce fut le cas aussi cette année dans la paroisse du village d’Anyron, à 56 km de la capitale, Lomé.

    L’occasion était belle puisque ce 1er juin était aussi l’occasion d’une fête locale, la Rallye, rassemblant toutes les forces vives du lieu. Ce moment de convivialité veut pouvoir renforcer la place de cette église pour qu’à terme elle devienne une station-mère dans la région. Après la vente aux enchères de produits agricoles, de jeunes plants d’arbres ont été mis en terre, du côté du dispensaire local et du collège de la ville.

    "Nous avons décidé aujourd’hui, de célébrer la fête de Rallye, qui est une fête pour les chrétiens catholique. A travers cette fête, les chrétiens s’entraident pour le développement de l’église dans le village. Anyron a déjà fêté les 100 ans de l’église. Et comme la journée coïncide avec la journée de l’arbre, le 1er Juin, nous avons fait d’une pierre deux coups. Nous en avons profité pour planter de jeunes plants dans le Collège du Village et du dispensaire. Je me bats toujours pour le développement et le social.", a expliqué un responsable local.

    Plan_ECOVILLAGE2Occasion de découvrir aussi le travail de "terre des jeunes", une ONG qui, en Afrique, travaille à la sensibilisation aux urgences environnementales. Elle est présente aussi au Togo. Cette année, elle participe à la formation de "leaders en changement climatique", à travers dix rencontres dans le pays. La première s’est déroulée le 13 avril dernier. Les autres suivront jusqu’en novembre.L’ONG prévoit aussi de réaliser le premier (et unique) écovillage au Togo. Dans un style traditionnel et dans le respect des normes écologiques, le site sera appelé "Terre des jeunes". 

    Il faut parier que cette ONG participera activement à la 5ème édition de la Journée africaine de l’Ecologie qui se déroulera à Lomé en juillet prochain (20 au 22 juillet). Et par ailleurs le réseau Groupe de Réflexion des Organisations Ecologiques des Caraïbes et d’Afrique Francophone (GROECAF), va aussi inaugurer son siège à Lomé. Partie d’une simple initiative nationale de la section togolaise du GROECAF, la journée de l’Ecologie est devenue, de nos jours, continentale. C’est une occasion au cours de laquelle partis politique et société civile réfléchissent sur les problèmes écologiques auxquels font face le continent africain et les Iles Caraïbes. Les responsables expliquent le sens de leur démarche :

     « la bonne santé d’une population dépend d’un environnement sain ; et qui respecte l’environnement, respecte la population ». Pour cela, il va falloir que « la jeunesse aille vers cette population pour lui expliquer l’interaction qui existe entre l’environnement et elle ». Par exemple, les pays côtiers, « sont exposés à l’avancée de la mer qui fait décimer au jour le jour des villages et fait reconstruire des infrastructures. En ce qui concerne les pays sahéliens, un des problèmes écologiques à leur niveau est la chaleur qui détruit à petit coup les environnements forestier et animalier ».

    En dehors du Togo, le réseau GROECAF existe en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Gabon au Burkina Faso et en Haïti et ambitionne de créer une université ou d’un centre de recherche sur l’écologie.

    DL

    source http://ecologyandchurches.wordpress.com

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  • Les vagues d’une encyclique à venir

    christiana_figueresAlors que l’encyclique sur une "écologie humaine" est encore en préparation, elle fait déjà son effet. Ainsi Christiana Figueres, secrétaire générale du réseau onusien pour la Convention sur le changement climatique (UNFCC) depuis 2010, a exprimé son soutien à cette démarche à venir.

    Pour cette diplomate du Costa Rica qui a reçu en 2001 le titre de Héros pour la planète, il semble clair que les Nations Unies sauront soutenir le futur texte papal. "Nous réfléchissons encore pour savoir comment nous pourrons profiter de cette opportunité à venir", a t-elle déclaré début mai, en marge d’un évènement qui se déroulait à la cathédrale Saint Paul à Londres. "Tout le monde attend ce texte."

    Même s’il sera publié après le sommet sur le climat désiré par Bon Ki-moon en septembre. Mais l’annonce du texte et le soutien de l’ONU pourrait bien aussi lui donner une importance toute particulière dans les négociations en cours, en vue du grand sommet qui se déroulera à Paris en 2015 puisque toutes les parties engagées devront rendre leur copie dès le mois de mars. Le Saint Siège pour autant, qui ne fait pas partie de l’UNFCC pour des raisons techniques, n’est pas liée par cette contrainte, mais a tout de même des représentants dans cette institution. L’année dernière déjà, le représentant du Saint-Siège à Varsovie, Mgr Migliore, avait évoqué le nécessaire travail commun à mener pour "sauvegarder les conditions morales d’une écologie humaine authentique."

    En retour, Christiana Figueres a appelé les groupes religieux de tous les continents à entrer dans un pèlerinage politique qui pourrait faire du sommet de Paris une étape décisive dans la prise de conscience collective en cours. Pour elle, ce projet relève du même défi moral qui a consisté à bannir l’esclavage, l’apartheid et les restrictions des droits des femmes. En ce sens, notre réponse au changement climatique en cours est bien devenu "un compas moral" de notre monde. Il faut donc pour garder le cap un "amour profond, un amour suffisant pour prendre des décisions importantes parce que nous savons que c’est la bonne chose à faire."

    DL

    Source : Article de Sophie Yeo

    Source http://ecologyandchurches.wordpress.com

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  • Quel but pour les gardiens

    20.3.7. Nature et écologieUn avant goût de l’encyclique à venir ? Ce matin, au cours de l’audience générale qui s’est tenue place Saint-Pierre à Rome, le pape François s’est livré à une réflexion sur la responsabilité qui revient à l’humain face à la Création. Un appel à devenir de bons gardiens de la terre…

    C’est dans le cadre de ses catéchèses sur les dons de l’Esprit Saint que le pape François a abordé ce matin le don de la "science", cette connaissance intérieure qui sait rejoindre le désir de Dieu pour nous et pour ce monde. Le texte, très pastoral, rappelle ce que le pape avait déjà ébauché au début de son pontificat : l’attitude que révèle la foi judéo-chrétienne face au monde créé est celui de l’attention des "gardiens" et non pas la cynisme des exploiteurs. On retrouve aussi la tension que soulignait déjà Benoît XVI : ni utilitarisme ni panthéisme. Mais l’émerveillement qui rend sensible et responsable. Un émerveillement qui nous rend à notre dignité propre, non pas dans une supériorité de puissance mais dans le déploiement du désir de Dieu pour ses créatures. A noter aussi le retour de cette expression, assez étonnante, d’une "nature" qui ne sais pas pardonner quand on la maltraite…

    "Aujourd’hui, je voudrais mettre en lumière un autre don de l’Esprit Saint, le don de la science. Quand nous parlons de science, nous pensons tout de suite à la capacité de l’homme de connaitre toujours mieux la réalité qui l’environne, pour en découvrir les lois qui régissent la nature et l’univers tout entier. La science qui vient de l’Esprit saint, cependant, ne se limite pas à la connaissance humaine : elle est un don spécial, qui nous pousse à accueillir à travers la Création la grandeur de l’amour de Dieu et la profondeur de sa relation avec toute créature.

    1. Quand nos yeux sont illuminés par l’Esprit, ils s’ouvrent à la contemplation de Dieu, dans les beautés de la nature et la grandeur du cosmos, et ils nous portent à découvrir à quel point tout parle de Lui et de son amour. Tout cela suscite en nous un grand étonnement et un sens profond de la gratitude ! C’est un peu la même sensation quand quand nous admirons une œuvre d’art ou une merveille quelconque qui soit le fruit de l’esprit et de la créativité humaine. Ainsi, l’Esprit nous porte à louer le Seigneur de toute la profondeur de notre cœur et à reconnaître, en tout ce que nous avons et que nous sommes, un cadeau inestimable de Dieu et un signe de son amour infini pour nous.

     2. Dans le chapitre premier de la Genèse, tout au début de toute la Bible, il est facile de voir que Dieu se "félicite" de sa création plusieurs fois, lorsqu’il souligne la beauté et la bonté de toutes choses créées. Au terme de chaque journée, il est écrit: Dieu vit que cela était bon (Gn (1)12.18.21.25). Si Dieu voit que la création est une bonne et belle chose, nous devons nous aussi assumer cette attitude : nous devons voir la Création comme une belle et bonne chose. C’est le cadeau de la science qui nous permet de voir cette beauté. Dons, louons le Seigneur et remercions-le pour le don de toute cette beauté. Et quand Dieu finit par créer l’homme, il ne dit pas simplement "il vit que cela était bon" , mais le texte précise que cela était "très bon" (Gn 1, 31). Aux yeux de Dieu, nous sommes la chose la plus belle, la plus grande, la meilleure au sein de la Création : même les anges sont un cran en-dessous puisque nous sommes plus que les anges, comme le rappelle le livre des Psaumes. Le Seigneur nous aime! Nous devons l’en remercier. Le cadeau de la science nous met en syntonie profonde avec le Créateur et il nous fait participer à la limpidité de son regard et de son jugement. C’est à partir de là que nous pouvons mieux comprendre en quoi l’homme et la femme sont bien le sommet de la Création, comme accomplissement d’un dessein d’amour gravé en chacun de nous et qui nous fait reconnaître comme frères et sœurs.

    3. Tout ceci est motif de sérénité et de paix et il fait du chrétien un témoin joyeux de Dieu, à la suite de saint François d’Assise et de beaucoup de saints qu’ils ont su louer et chanter son amour à travers la contemplation de la Création. De plus, le don de la science nous aide à ne pas tomber dans des attitudes excessives ou incorrectes. L’une d’entre elles est de nous considérer comme les "maîtres" de la Création. Or, elle ne nous appartient pas et nous ne pouvons donc pas la commander à notre guise. Elle n’est pas la propriété de quelques uns qui en bénéficierait beaucoup alors que d’autres n’auraient que des miettes. Non, la Création est un cadeau, c’est un cadeau merveilleux qui nous ai donné, parce que nous en prenons soin en et nous l’utilisons au bénéfice de tous, toujours avec grand respect et gratitude. Une autre attitude erronée est de nous arrêter aux créatures, comme si celles-ci pouvaient offrir la réponse à toutes nos attentes. Avec le don de la science, l’Esprit nous aide à ne pas tomber dans cette erreur. Encore un mot sur la première attitude, incorrecte : vouloir commander la Création au lieu de la garder. Nous devons garder la création car c’est un cadeau que le Seigneur nous a donné, un cadeau pour nous et nous sommes donc les gardiens de la Création. Quand nous exploitons la Création, nous détruisons le signe de l’amour de Dieu. Détruire la Création revient donc à dire à Dieu : "Tu ne me plais pas !" voilà bien le péché de cette attitude. Avoir soin de la Création est donc vraiment une manière de garder le don de Dieu. C’est lui dire : " Merci, je suis le gardien de la Création. Pour avancer, je ne dois jamais détruire ce que Tu me donnes." Voilà ce que doit être notre attitude vis-à-vis de la Création: garde-la parce que si nous la malmenons, elle nous détruira en retour ! N’oubliez-pas cela ! Je me rappelle de la parole que j’ai entendu un jour, alors que j’étais à la campagne, de la part d’une personne simple qui aimait beaucoup les fleurs et qui les "gardait". Cet homme m’a dit : " Nous devons garder ces belles choses qui nous ont été données ; la Création est pour nous pour que nous en profitions bien. Il ne faut donc pas l’exploiter mais la garder, parce que si Dieu pardonne toujours, et si nous, les humains nous arrivons parfois à pardonner, la nature, elle, ne pardonne jamais. Si tu ne prends pas soin d’elle, elle te détruira. "

    Cela doit nous faire réfléchir. Nous devons demander à l’Esprit Saint le don de la science pour bien comprendre que la Création est le plus beau don de Dieu. En elle, il a multiplié les belles et bonnes choses, jusqu’à la plus belle qui est la personne humaine.

    DL

    source http://ecologyandchurches.wordpress.com

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  • José, Gérard, Noël et les autres

    AVT_Gerard-Leclerc_438Le site du Figaro donne la parole à Gérard Leclerc, éditorialiste à France catholique et Radio Notre Dame. Ce journaliste et philosophe analyse la prise de position de José Bové, soutenu depuis par Noël Mamère (lire aussi le texte au bas de cet article ici), concernant la question de la PMA. Une bonne occasion pour évoquer le clivage idéologique de l’écologie politique française.

     Dans un article sur Reporterre , Noël Mamère a pris la défense de José Bovécritiqué par son camp pour avoir déclaré la PMA incompatible avec les valeurs écologistes. Il lui emboite le pas déclarant que l’extension de la procréation médicalement assistée aux couples homosexuels et la gestation pour autrui n’ont pas à être promues au nom de l’écologie. Que pensez-vous de la position de ces deux frondeurs: est-elle logique? Se convertiraient-ils à l’écologie humaine?

    N’allons pas trop vite en besogne. Mais cet article est très intéressant, Noël Mamère, fait référence à Jacques Ellul, philosophe et théologien précurseur de l’écologie dont il a été l’élève à Bordeaux. Dans le sillage d’Heidegger, celui-ci a pensé une critique de la raison technicienne et sa toute-puissance, qui assujettit l’homme. Jacques Ellul était croyant, il pensait l’écologie dans le cadre de la Création et de la place de l’homme par rapport à cette création.

    Mamère (comme José Bové), contrairement à beaucoup d’autres Verts, a une conception philosophique de l’écologie, charpentée et assez globale. Il comprend bien qu’on ne peut pas être à la fois contre les OGM et pour la PMA, même si cela touche à des problématiques différentes. Il ne réduit pas l’écologie à sa dimension environnementaliste, de simple lutte contre le réchauffement climatique et pour la protection de la nature. Hélas il n’est pas majoritaire dans son camp…

     En effet, dans le même temps les élus EELV Sergio Coronado et Esther Benbassa ont déposé une proposition de loi pour légaliser la PMA. Y aurait-il une profonde division dans le parti des verts, entre les adeptes de l’écologie intégrale et les tenants d’une idéologie libertaire?

    Il y a en effet plusieurs familles chez les écologistes: de l’écologie modérée, à la décroissance, en passant par le fondamentalisme de l’écologie profonde (deep ecology) qui voit dans l’homme un prédateur à abattre. En France, l’écologie s’est alliée avec une certaine extrême-gauche libertaire. Une alliance idéologique qui laisse songeur: on ne voit pas très bien le rapport qu’il pourrait exister entre le libertarisme qui prône l’illimité et la mesure qu’implique l’écologie…D’ailleurs, les libertaires qui se sont ralliés à la cause écologique (type Cohn-Bendit) font souvent preuve d’un écologisme cosmétique, qui défend l’évolution des mœurs avant tout.

    Qu’est-ce que l’écologie chrétienne?

    L’écologie chrétienne s’inscrit dans une vision théologique du monde où la création a été remise à l’homme pour qu’il la domine dans le dessein de la cultiver, de l’enrichir, et non pas de la détruire. On a fait souvent un faux procès au christianisme: celui d’avoir légitimé, par la Bible l’emprise totale de l’homme comme «maitre et possesseur de la nature». Or Dieu dans la Genèse remet la Terre aux hommes en gérance, qui en deviennent les «ménagers» mais qui ont aussi pour mission de sauvegarder la création.

    L’écologie est-elle un une forme de conservatisme?

    L’écologie est une forme de sagesse fondée sur le respect du cosmos et de la vie. Elle réside tout de même principalement dans la préservation de l’intégrité de la nature, dans un respect de la création qui s’oppose à la primauté de la technique, et à une certaine mentalité progressiste agressive. Ellul notamment s’est opposé à l’idée selon laquelle la technique allait sauver l’homme, et à la conception des Lumières d’un progrès associé à la science. Günther Anders, le mari d’Hannah Arendt, philosophe allemand, a lui aussi critiqué la modernité technicienne. Dans L’obsolescence de l’homme, il met en garde contre la primauté de la technique qui transforme l’homme en objet et le rend donc obsolète.

    Une opposition à la technique qui conduit donc à un refus de la PMA et de la GPA…

    Oui, l’écologie chrétienne s’oppose à la technicisation du corps de la femme impliquée par la PMA et la GPA, qui consistent en une intrusion de la technique au cœur même du rapport fondamental de l’homme et de la femme, ce qui du point de vue d’une écologie intégrale, est inacceptable.

    DL

    Source : Par Eugénie Bastié, publié le 16/05/2014 à 10:40

    source http://ecologyandchurches.wordpress.com

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