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  • SOEUR CLAIRE D’ASSISE

     

     

    SAN DAMIANO LE DORTOIR DES CLARISSESUn itinéraire de transfiguration.[1]

    La réflexion que nous allons essayer de faire sur l’itinéraire de sœur Claire est une réflexion sur le mystère de la Transfiguration. Cela pourrait être fait pour tous les saints puisque ce mystère n’est autre que celui de notre vocation commune, vocation à laquelle les saints ont su répondre. Mais peut-être, Claire nous renvoie-t-elle plus particulièrement à ce mystère de la Transfiguration par l’atmosphère de lumière qui se dégage de ses écrits et des témoignages de ceux qui l’ont côtoyée.

    On sait que lorsque Dieu donne un nom dans la Bible, c’est une vocation qui s’y exprime. Le nom qui fut donné à Claire la définit tout entière. Il est révélateur d’une promesse et d’un programme. Paul Evdokimov dans « L’art de l’icône p. 249)  précise que : « Jadis, tout iconographe-moine commençait son ‘art divin’ en peignant l’icône de la Transfiguration. Cette initiation vivante et directe enseignait avant tout que l’icône est peinte non pas tant avec des couleurs qu’avec la lumière thaborique. »

    L’héritage que sœur Claire nous a transmis à travers son choix de vie, ses réponses et son désir fou de Dieu, nous révèle en quoi elle a répondu à la vocation inscrite au cœur de tout homme et que l’apôtre Paul résumera ainsi dans sa lettre aux Ephésiens : 

    « Dieu nous a élus en Jésus-Christ, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus-Christ. » (Ep 1,4)

    C’est bien un itinéraire de transfiguration que la vie de Claire nous propose, itinéraire qui conduit au Royaume où « les élus resplendiront comme le soleil. »

    Se laisser transfigurer à son image, de gloire en gloire

    « Que l’homme de désir reçoive de l’eau de la vie, gratuitement. » (Ap 22,17)

    La vie chrétienne et la vie religieuse est conçue par François comme un exode, comme une marche, comme une Pâque, liée à Jésus par la pauvreté. Il s’agit d’être « pèlerins et étrangers » en ce monde.

    Lorsque Claire quitte le monde, elle sait qu’elle part pour un long voyage et qu’il importe dans ce cas, non seulement de savoir où elle va, mais aussi d’être fermement décidée à ne pas s’arrêter en route. Claire va reprendre textuellement dans sa Règle (VIII) le très beau texte de François.

    Ce qui est révélateur, c’est que sa sortie du monde se situe dans le cadre de la pâque, le dimanche des Rameaux. Celano, dans sa Vie de Sainte Claire (IV, 7/8), nous raconte cet exode de Claire. Il y a là des évènements qui portent en eux-mêmes une richesse, même si Claire  n’en a pas perçu toutes les profondeurs sur le moment, mais richesse qui va fructifier peu à peu.

    Le désir fou de Claire.

    Cette décision de « quitter » et cette ferme intention de ne pas s’arrêter en route, ne peut être que le fruit d’un grand désir, et cela d’autant plus que la route est abrupte et semée de difficultés. Voici ce qu’exprime Nicolas Cabasilas sur le désir de Dieu dans le cœur humain. « A la mesure et en la direction de Dieu, le désir humain a été préparé, dès le commencement, comme un immense écrin, assez vaste pour contenir Dieu lui-même. C’est pourquoi, rien d’ici-bas ne nous rassasie, rien n’assouvit nos désirs. »

    Claire apparaît bien comme une femme brûlée par l’ardent désir de trouver Dieu et d’être configurée au Christ. Il suffit de reprendre les conseils qu’elle donne à Agnès, pour voir que c’est assurément son propre cœur qu’elle nous livre lorsqu’elle l’exhorte à suivre les traces du Christ avec tout l’élan de son amour et de son humilité (cf. A2/7) et à conserver au cœur le brûlant désir de s’unir au Christ pauvre et crucifié. (cf. A 1/13)

    Une vie spirituelle ne peut s’accomplir sans désir. C’est le désir qui met en mouvement notre soif de paix, de vérité. Par le désir nous aspirons à la joie, à l’amour, à la rencontre et à l’unité. Dieu lui-même est fou de désir pour sa créature. Claire ose son désir, elle l’exprime en termes forts, tout le féminin de son être s’exprime et s’élance vers son Dieu. Elle nous rappelle que nous sommes appelés à faire l’expérience de Dieu. Elle nous signifie que, sans l’audace du désir, nous passons à côté de l’Amour, notre vie est alors inanimée.

    Quelles « récompense » pouvons-nous retirer d’une vie inanimée ?

    Ce mot de récompense revient à plusieurs reprises dans les écrits de Claire. Cela peut surprendre si nous ne le replaçons pas dans le langage des Béatitudes. Claire croit en la promesse de son Seigneur et elle l’exprime en terme de récompense. Tous les biens qu’elle attend au terme de son pèlerinage sur terre se résument finalement en ces quelques mots qu’elle formule à la fin de sa lettre à Ermentrude : « Il est notre rédempteur et notre récompense éternelle. » (E 16)

    La récompense que Claire souhaite pour elle-même et pour ses sœurs, c’est l’objet même de cette Promesse qui est au cœur de l’Alliance entre Dieu et l’humanité. Ecoutons Pierre l’exprimer dans sa deuxième lettre (2P 1,4).

    « Les précieuses, les plus grandes promesses nous ont été données, afin que vous deveniez ainsi participants de la nature divine. »

    Et saint Paul ajoute (cf. Ga 3,14) que l’objet de cette Promesse, c’est l’Esprit Saint.

    N’est-ce pas pour cela que Claire précise : « je ne m’arrêterai de courir qu’une fois introduite au cellier. (A 4/31)

    Non seulement Claire marche avec persévérance, mais elle court. Celui qui va, devient ! Emportée par le souffle de l’Esprit elle s’élance, intrépide et de tout son être, vers Celui dont « le souvenir ne quitte pas sa mémoire. » (cf. E 11)

    Sainte Claire d’Assise nous montre la nécessité du courage, vertu essentielle pour cheminer vers Dieu, et les fruits de la persévérance.

    « Ce que tu as acquis, conserve-le soigneusement … ne recule jamais. » (A 2/11)

    « Je suis toute joyeuse à la pensée que toi et tes filles vous arpentez courageusement les routes de la sainteté. » (E 3) « Mène à bien, sans te décourager, l’œuvre que tu as si bien commencée. » (E 14)

    Nous sommes tous généralement capables d’effort mais savons-nous persévérer dans le temps ? Ces deux vertus sont indissociables pour progresser vers Dieu. Sainte Claire, petite plante délicate, a su en faire usage. Sa force ? L’amour. Son moteur ? Le désir d’être configurée au Christ.

    « Puisses-tu être chaque jour davantage embrasée de la ferveur de cet amour ! (A 4/27)

    « … afin que, stimulées par cet exemple, toutes les sœurs grandissent toujours dans l’amour de Dieu et dans l’amour les unes des autres ! » (TC 18

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs



    [1] Claire, femme de contemplation – Collection Centenaire N° 4

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  • Chère lectrice

    Cher lecteur,

     

    suzanne grandVous connaissez, pour la plupart, Suzanne Giuseppi Testut de par ses articles et les Perles du jour; elle nous fait le cadeau d’un enseignement de près d’une heure. Mais pour les besoins ou plutôt les restrictions imposées par l’Internet j’ai dû le diviser en 3 volets que vous pourrez écouter au moment qui vous conviendra.

     

    (Une suggestion… placer cette page dans vos favoris ou marque-pages, pour y revenir plus facilement)

      

    Voici donc le 1er volet :  

     

     

      la suite... le 2e volet :

    la fin... le 3e volet de 3 :
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  • L’HUMILITÉ

    Fran+ºois en adoration  

     L’humilité, dans son sens religieux, est fondamentalement une disposition intérieure au service de Dieu et des hommes. Si l’homme - formé par l’Eternel de la poussière de la terre (humus) -, vit conformément aux données de son être, il est humble (humilis).

    L’Ancien Testament nous parle de l’humilité de la créature.

    De part sa nature même elle est humble devant Dieu. Cela peut se traduire par pauvre, misérable, soumis, craintif. Les « hommes pieux » qui se sentent les serviteurs de Yahvé se soumettent à sa volonté. Cela caractérise aussi l’homme qui, de plein gré, se prosterne humblement devant Dieu. Avec l’intériorisation progressive de la foi, l’exigence d’une attitude humble devant Dieu apparaît toujours davantage chez les prophètes, dans les Psaumes et les livres sapientiaux.

    « Cherchez  Yahvé, vous tous les humbles de la terre … Recherchez la justice, recherchez l’humilité… » (So. 2,3)

    Ce sont les humbles de la terre que Dieu prend en pitié, il les regarde avec bienveillance. C’est à eux que Yahvé accorde sa grâce et la sagesse. Ce sont eux qui deviennent porteurs de l’espérance du salut, qui cherchent le droit et la justice envers les autres hommes et désirent servir Dieu dans la crainte. Dès lors, l’orgueil, négation la plus radicale de cette humilité, se trouve condamné ; l’orgueil est reniement de Dieu et commencement du péché car il nous coupe de la relation.

    Si devant Dieu, l’homme est cendres et poussière (Gn 18, 27), cependant : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui ? » (Ps. 8, 5). Ainsi, admiration, humble obéissance, confiance absolue, telle doit être l’attitude de l’homme. Dans l’Ancien Testament cette attitude est avant tout humilité devant Dieu. Ce que signifie cette humilité est bien exprimé par le Psaume 131, 1 :

    « Eternel ! Je n’ai ni un cœur qui s’enfle, ni des regards hautains ; je ne m’occupe pas de choses trop grandes et trop élevées pour moi. »

    L’humilité apparaît souvent en liaison avec la notion de « pauvres » dans le sens de l’Ancien Testament. Les petits sont humbles et pauvres en esprit. Comme aveu de son propre néant et de sa propre impuissance, la pauvreté n’est pas un état mais une attitude que l’on adopte devant Dieu d’abord, mais aussi devant le prochain. La pauvreté anéantit l’orgueil, elle est bonne et a pour synonyme la modestie. Comment dès lors ne pas citer François d’Assise :

    Même s’il voulait que les fils soient en paix avec tous les hommes et se montrent de tout petits auprès de tous, cependant il leur apprit par ses paroles à êtres humbles surtout avec les clercs et il le leur montra par l’exemple. Il disait en effet : « Nous avons été envoyés afin de venir en aide aux clercs pour le salut des âmes, en sorte que nous suppléions à ce qu’on trouve de moins en eux. Chacun recevra sa récompense, non pas selon son autorité, mais selon son labeur…Couvrez, dit-il, leurs chutes, compensez leurs défauts multiples et, une fois que vous aurez agi ainsi, soyez-en plus humbles. » (2C, CVII)

    Dans le Nouveau Testament, l’humilité devient vertu chrétienne par l’exemple du Christ.

    L’humilité, alors, n’a plus son sens péjoratif de « médiocre, sans importance ». La crainte et la soumission décrites dans l’AT prennent également un nouveau sens.  En un passage exceptionnel (Ph. 2, 5-11) nous trouvons l’humilitas Dei, l’abaissement du Fils de Dieu à la condition de serviteur et son exaltation dans la gloire divine. C’est ici l’accomplissement des prophéties de l’AT et la manifestation type de toute soumission et de toute exaltation. L’humilité que le Christ exige de nous est celle dont il nous a donné l’exemple. A sa suite, il nous faut la pratiquer, non seulement devant Dieu, mais aussi devant les hommes.

     

    Dieu s’est penché sur son humble servante et il est prêt à secourir toute faiblesse. « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). Jésus nous enseigne l’humilité à la fois par ses paroles et par ses actes. Il exige de nous l’esprit d’enfance, simple, droit et sans malice, comme condition de notre appartenance à la « royauté de Dieu » ; il exige de nous la pauvreté en esprit. Ce qui vaut aux yeux de Dieu, ce n’est pas l’attitude auto-satisfaite du pharisien, mais l’humble aveu du pécheur ; ce n’est pas de chercher à se distinguer des autres ; ce ne sont pas les querelles de préséance des disciples, mais l’esprit de service dans la charité et dans l’amour. Ainsi, à l’exemple du Christ, le plus élevé parmi nous doit être le serviteur de tous : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 45 ; Lc 22, 28). Les disciples de Jésus, eux aussi, doivent, humblement, se laver les pieds les uns aux autres, se libérer, à l’exemple de leur maître, de toute recherche égoïstes. Ils doivent s’oublier eux-mêmes et faire la volonté de Dieu en tout. (Mc 8, 34 ; Jn 6, 38) Plus tard, l’apôtre Paul demande que l’on ait une âme paisible qui ne rumine pas des pensées altières et orgueilleuses mais qui se complaise avec humilité.

    Ainsi, peu à peu, le langage se modifie, l’humilité se met au service du Seigneur ce qui permet à l’homme de mener une vie digne de sa vocation (Ep. 4, 2 ; Col. 3, 12), loin de toute humilité feinte et affectée (Col. 2, 18-23). Et pour définir l’attitude fondamentale du chrétien, saint Paul pose la simple question : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Co. 4, 7)

    L’humilité n’est pas seulement tournée vers Dieu, l’apôtre en souligne aussi le côté social. Chacun doit respecter la valeur de l’autre et se soucier de son bien. Voici comment Paul caractérise cette forme d’humilité, qui est une indispensable attitude communautaire : se prévenir d’égards réciproques et se supporter mutuellement dans l’amour. L’aboutissement de cette vie d’humilité c’est « l’hymne à la charité », charité dont l’indispensable fondement est l’humilité. (1 Co. 13, 4-8)

    Pour les Pères grecs, l’humilité représente un point de doctrine important.

    Par exemple, Origène voit dans l’humilité, la réalisation achevée de l’idéal chrétien ; avant Augustin, il se fait l’apologiste enthousiaste de cette vertu.

    Selon saint Athanase, nous devons lutter de huit manières différentes contre l’orgueil et jeter ainsi les bases solides de l’humilité, seule vertu que le démon ne peut contrefaire. Elle doit consister en une attitude intérieure de l’âme, prendre modèle sur le Christ qui, de riche, s’est fait pauvre pour nous.

    Pour saint Basile, l’humilité renferme en elle toutes les vertus ; le Christ en est pour nous, la mesure et le prototype. L’humilité implique le service du prochain et fait la vraie grandeur de l’homme : « Aime-la et elle te transfigurera ! »

    Pour les Pères latins.

    Saint Augustin développera à fond, mieux qu’aucun autre Père, le thème de l’humilité. Si l’orgueil, comme recherche de sa propre gloire, est égocentrisme total, l’humilité en revanche pousse l’homme à reconnaître sa condition d’homme et à vivre sa vie dans l’accomplissement de la volonté de Dieu. L’humilité est simplicité et esprit d’enfance, pauvreté en esprit ; elle est la note dominante de la vie spirituelle et le fondement de toutes les vertus.

     

    Pour conclure, référons-nous à François d’Assise, l’humble, le pauvre et le pacifique et à son Admonition XIX.

    Admonition XIX – De l’humble serviteur de Dieu.

    Bienheureux le serviteur qui ne se tient pas pour meilleur lorsqu’il est magnifié et exalté par les hommes que lorsqu’il est tenu pour vil, simple et méprisé ; car autant vaut l’homme devant Dieu, autant il vaut et pas plus. Malheur à ce religieux qui a été élevé par les autres et par sa volonté refuse de descendre. Et bienheureux ce serviteur qui, élevé malgré sa volonté, désire toujours être sous les pieds des autres.

     

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs

     

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  • LA GRÂCE

     

     

    sentier forest « Espère, Israël, dans le Seigneur, car auprès du Seigneur est la grâce, et auprès de lui toute délivrance »(Ps 130, 7)

     

    Le terme de grâce peut paraître totalement abstrait, y compris parfois pour un chrétien. Combien de fois ces questions m’ont été posées : Qu’est-ce que la grâce ? Que voulez-vous dire par grâce ? Je ne sais pas ce qu’est la grâce, je ne l’ai jamais expérimentée ? Ou pire : Vous n’arrêtez pas de parler de la grâce, c’est insupportable !

    Pourtant, la proclamation de la grâce de Dieu est un élément essentiel du message biblique. Le terme de grâce correspond à un concept clé. Il exprime la relation fondamentale de Dieu à l’homme. La Bible a beau ne connaître aucune « doctrine de la grâce », le message de la grâce est pourtant dans l’orientation gratuite de Dieu vers l’homme et, en particulier, dans l’action que Dieu exerce sur l’homme pour le sauver.

    Dans l’Ancien Testament par exemple, dans la révélation de Dieu à Moïse, la parole décisive qui introduit le renouvellement de l’alliance avec Israël et la remise des commandements, est la suivante : « Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34,6). L’image de Dieu qui s’exprime dans ces paroles permet de voir en lui le Seigneur fidèle de l’alliance, le maître bienveillant qui est personnellement tourné vers son peuple. Bien plus, il s’avance si près de l’homme qu’il conclut avec lui une alliance. Ainsi, la grâce de Dieu n’est pas seulement une disposition, elle est une action. Le prophète et le psalmiste en témoignent.

    Alliance et grâce de Dieu constituent une unité indissoluble. Dieu tire son peuple de la servitude, il pardonne, il donne vie et fécondité, tout cela est expression et témoignage de sa grâce et d’un amour qui désire que l’homme soit définitivement délié et libéré de toute détresse. « C’est d’un amour éternel que je t’ai aimé, aussi t’ai-je si longtemps conservé ma faveur. » (Cf De 7, 12 ; Is 54,10 ; Ps 89,29). Nous pouvons nous fier à cet amour.

    Les affirmations de l’A.T relatives à Dieu, son essence et son action définissent donc ainsi sa grâce : clémence miséricordieuse et action sur laquelle on peut compter, elle apparaît toujours comme l’orientation libre et personnelle de Dieu vers son peuple et vers l’homme en général. Cette orientation s’exprime dans une fidélité sans condition à l’alliance conclue une fois pour toutes, à la parole donnée ; cette parole n’est pas remise en question par la faute humaine et la punition divine, elle se renouvelle dans le pardon.

     

    Le Nouveau Testament dépasse l’Ancien, mais sa pensée n’en reste pas moins engagée sur le chemin que celui-ci a tracé. Dans le Nouveau Testament, Paul est, par excellence, le messager de la grâce de Dieu. La manière dont il présente  la grâce divine doit sa forme propre et son allure concrète à l’expérience personnelle de l’apôtre. Dieu qui l’a « élu dès le sein maternel » (Ga 1,15) l’a, par sa grâce appelé à la foi et à l’apostolat et a « révélé en lui son Fils » (Ga 1,16). Pour Paul, l’expérience de sa conversion est l’expérience de la grâce de Dieu. Cette grâce consiste dans la révélation du Fils qui se manifeste en lui comme une puissance personnelle qui intervient profondément dans sa vie.

     

    Désormais, toute grâce de Dieu se manifeste « en force de rédemption par le Christ Jésus » (Rm 3,24) « par lequel nous avons accès à cette grâce » (Rm 5,2. C’est par le Christ que Paul a « reçu grâce et apostolat » (Rm 1,5), le Ressuscité lui étant apparu à lui aussi, « le dernier de tous », et ayant fait de lui un témoin (Cf 1 Co 15,8).

    Paul, « le dernier de tous » montre ce qui fonde la position centrale du Christ dans l’action gratuite de Dieu. « Dieu nous a prouvé son amour pour nous en ce que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous »  (Cf Ro 5). Or, cette œuvre inconcevable de salut signifie que, maintenant justifiés par le sang du Christ, nous avons accès à la grâce et à l’union vivifiante avec Dieu. Cet évènement, décisif pour l’homme parce que nécessaire à son salut, montre la surabondance de la grâce de Dieu.  

    Ainsi, le terme de grâce désigne avant tout, chez Paul, le fait que Dieu, dans son action salvatrice, se tourne personnellement vers l’homme, et cela, « par le Christ » ; l’union au Christ rendant possible une vie nouvelle et l’accès à Dieu même, l’homme peut faire l’expérience de la grâce. Toute grâce est don divin introduit dans le « maintenant » de l’homme. Il met l’être humain en chemin vers le « bientôt » de l’accomplissement.

     

    Les croyants, eux aussi, sont, comme l’apôtre, « appelés par la grâce du Christ » (Ga 1,6). Mais qu’est-ce qui fonde l’union au Christ dans la vie de l’individu ? Par la force divine de l’Esprit-Saint, le Christ intervient avec puissance dans la vie du croyant, il crée la vie et la liberté par rapport à la faillibilité de l’homme et à la loi. C’est bien cette présence agissante du Christ à l’intérieur de l’homme qui est preuve de la grâce de Dieu et expression de son amour. « L’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous est donné » (Rm 5,5) Tous les charismes produits par l’Esprit sont donc produits par Dieu « qui opère tout en tous » (1 Co 12,6)-[1]

    Cependant, c’est au plus profond de l’individu que l’orientation et le bon usage de la grâce deviennent réalité. Ainsi, la grâce de Dieu nous est donnée pour qu’on lui réponde. L’homme peut aussi bien « étouffer » l’Esprit qui lui est donné que recevoir en vain la grâce mais il peut également laisser la grâce agir en lui. C’est dans la foi que l’homme donne sa réponse, la « croissance dans la grâce » (2 P 3,18). Foi et grâce vont donc de pair puisque la preuve de la faveur salvatrice de Dieu, n’est donnée et ne cesse pas de l’être qu’en vertu de la foi : « l’homme est justifié par la foi » (Ep 2,8).

     

    Le don de cette grâce s’insère dans l’histoire. L’histoire devient une histoire du salut qui a pour fin l’accomplissement de la création. Aussi, dans la prédication apostolique, toute réflexion sur la grâce de Dieu, n’est-elle qu’interprétation de la volonté divine de salut manifestée en Jésus (Cf Tt 2,11).

    Comme la grâce signifie le secours venu de Dieu, sa bienveillance et sa proximité, le terme de grâce peut finir par désigner (1 P 5,12 ; Jude 4) dans sa totalité, le nouvel état du chrétien sauvé, cet état dans lequel il s’agit de demeurer.

     

    Dans l’évangile de Jean, la grâce signifie vie, lumière et manifestation de l’amour de Dieu.

     

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs

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    [1] Cf  notre article n° 20 « Aller à la rencontre des dons et de la grâce » et  notre livre « La déposition », chapitre VIII, Nouvelle Cité.


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  • Louez le Seigneur ...

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