• VOYEZ L’HUMILITE DE DIEU

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    Le sous-couvercle d’un coffre du 14ème siècle sur lequel est représenté François d’Assise, la Portioncule, la crèche, le Christ de Saint Damien, le mont Subasio etc.

    Ce coffre se trouve dans le cloître de la cathédrale d’Elne dans les Pyrénées Orientale (12ème/13ème siècle). Pratiquement laissé à l’abandon, je l’ai trouvé derrière une porte et ma curiosité m’a fait soulever le couvercle et là, j’ai découvert cette petite merveille.

     *************

    Greccio Noël 1223.


    François d’Assise contemple le Mystère dans toute sa profondeur, c’est-à-dire, l’Humilité qui nous rapproche des plus humbles. En vérité, François contemple le Fils de Dieu se laissant déposer dans les bras de l’humanité.


    Ce que François d’Assise a voulu montrer au monde en reconstituant la nativité, c’est le Christ dans ses humbles attaches naturelles, dans sa matrice cosmique ; c’est le Christ assumant le destin de l’homme, de cet être « qui prend racine dans la nature animale et, dépassant ce qui est seulement humain, s’élève jusqu’à la divinité » (Jung) ; c’est la descente du Christ dans nos profondeurs, la réconciliation de l’homme avec ses forces obscures François disait à ses frères « Voyez l’humilité de Dieu ». Dieu, pour naître dans l’homme a besoin de tout l’homme, et d’abord de ses racines obscures, vitales et cosmiques. C’est là qu’Il attend.[1]


    Avec l’évènement de Greccio, nous touchons l’esprit franciscain.


    En effet, cultiver la beauté sans s’ouvrir à la misère des hommes ou pour la fuir, c’est se placer au-dessus des réalités du monde. C’est une opération stérile. C’est se condamner à ne jamais connaître le grand émerveillement, cela équivaut à se voiler la face, à refuser la réalité de notre nature humaine et tout ce qu’elle contient. C’est se condamner à ne pas voir « l’Image » derrière la misère humaine, derrière ma propre misère.


    La vie spirituelle ne peut se construire que dans une ouverture à tout ce qui est, elle ne peut être qu’une croissance totale.

    Cependant, vouloir venir en aide aux méprisés, aux humiliés, sans leur apporter la lumière de la beauté, c’est ajouter au mépris et manquer à la vraie fraternité. Cela équivaut à être riche parmi les pauvres, c’est-à-dire à se contenter de poser un acte « charitable » tout en refusant notre hospitalité intérieure, celle du cœur. C’est ne pas donner à l’autre la capacité de s’émerveiller au cœur d’une vraie rencontre, de personne à personne, qui lui permettrait de découvrir sa beauté intérieure.

    Afin de ne pas refuser aux pauvres l’essentiel nous devons nous voir en eux au point de nous partager avec eux.


    Le véritable ré-enchantement du monde ne peut naître que de la rencontre fraternelle des humiliés et de la beauté. Le Christ de nos abîmes est aussi Celui de nos résurrections. C’est parce que le Christ attend au plus profond de notre misère, qu’Il peut nous ressusciter, mais à condition d’aller à Sa rencontre. Pour cela nous ne devons pas renier ce que nous sommes si nous désirons franchir tout ce qui fait obstacle à notre relation.


    « J’ai reçu un jour un témoignage émouvant. Celui d’un homme d’une trentaine d’années. Il avait un visage « taillé au couteau », creusé, ravagé même. Son corps laissait deviner les marques et les raideurs des pires souffrances, des pires expériences. Chaque mot était grave, choisi, pesé dans sa bouche. Cet homme avait touché le fond du fond, il avait fait l’expérience des profondeurs de la vague, de cette vague qui vous entraîne de plus en plus vers les profondeurs abyssales, celles dont on revient rarement. Mais là, devant moi, conscient de sa misère mais aussi de ses pulsions de mort, il était debout, fragile et fort en même temps, animé d’une foi bouleversante. Cet homme qui, à première vue, aurait pu déclencher un jugement négatif tant sa marginalité transparaissait, reflétait par sa beauté intérieure, l’image du Christ. »[2]


    « Si quelqu’un est en Christ, dit l’apôtre, il ou elle est une créature nouvelle ; le monde ancien est passé, voici que tout est devenu nouveau, une réalité nouvelle est là ». (2 Co5,17 ; Ga 6,15)

    L’apôtre témoigne : « Nous avons contemplé sa gloire, la gloire du Fils unique envoyé par son Père : plénitude de grâce et de vérité » (Jn 1,14)


    La Bible nous présente Moïse occupé à dialoguer avec Dieu sur le mont Sinaï. Soudain il s’écrie : « Fais-moi de grâce voir ta gloire ! » Ce vœu exprime bien le désir de tout être humain. Or, le principal obstacle à la foi n’est-il pas justement le fait qu’on ne peut voir Dieu ? Mais la réponse du Seigneur est toute empreinte  de douceur : « Je ferai passer devant toi toute ma bonté (beauté)… » (Exode 33, 18-19)


    La venue de Jésus sur terre est une révélation.

    Dieu a aimé, Dieu aime. Dieu a donné, Dieu se donne ! Voilà ce que répètent les Noëls qui reviennent année après année. Voilà ce que redira la naissance du Christ aussi longtemps qu’il y aura des hommes pour lire l’Evangile et pour recevoir son message.


    Demandons-nous encore une démonstration de puissance ? Mais, dans la crèche, Dieu se révèle et nous révèle tout son amour. Et cette révélation d’amour, c’est une personne, Jésus-Christ, un être de chair et de sang, dont le cœur peut s’émouvoir à l’unisson de notre cœur. Quelle joie, quelle paix dans cette certitude.


    La plus belle des crèches est donc à l’intérieur de nous, au plus profond de notre cœur.

    Aussi, le soir de Noël, lorsque nous recevrons l’hostie dans le creux de notre main, réalisons que ce n’est pas un simple morceau de pain que nous tenons. C’est l’Enfant Jésus qui est là. Contemplons-le, berçons-le et ensuite, laissons-le se déposer en nous et laissons-nous bercer à notre tour.

     

    Redevenons enfants avec l’Enfant. Notre joie sera parfaite.

     

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs

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    [1] Eloi Leclerc « Le Cantique des créatures »

    [2] Suzanne Giuseppi Testut « La déposition » Ed. Nouvelle Cité


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  • Vrai Dieu et vrai homme

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  • LE DESIR ET LE MANQUE

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    A mes frères et sœurs de la fraternité franciscaine séculière de la région
    Rhône-Alpe, réunis à Lyon les 20 et 21 novembre 2010.

     

    Le désir naît de la découverte d’un manque en soi.

    Il va nous permettre de cheminer vers la connaissance. Si nous nous découvrons en défaut de connaissance de Dieu et si nous déposons humblement notre ignorance sous son regard, alors nous nous mettons en route et nous commençons notre cheminement vers l’Etre. Le Christ va nous aider à faire un retour sur nous-mêmes et à nous découvrir en manque de Dieu. De là, naît le désir.


    Le Seigneur veille sur l’âme en train d’enfanter. Il va aiguiser notre désir d’aller plus loin : de se questionner, de se découvrir, de se déterminer. Désir aussi de L’appeler, de L’entendre, de Le connaître dans et par l’épreuve et ainsi de donner sens aux évènements de notre vie. Véritable chemin de découverte qui nous entraîne vers un autre désir : celui de restaurer la relation avec nous-mêmes, avec l’autre et avec le Tout-autre. Désir de se laisser aimer, de s’aimer et d’aimer. Véritable chemin d’enfantement et de réconciliation où nous apprenons à déposer notre fardeau pour nous relever et entrer dans la joie. Nous pouvons alors aller à la rencontre des dons que le Seigneur a déposés en nous et poser des actes en coopération avec la grâce, en un mot, entrer dans un cœur à cœur avec le Seigneur.


    Si nous avons le désir de participer à la vie divine, nous essayons de faire de notre quotidien « notre chant d’aujourd’hui » c’est-à-dire : « Agir dans la pensée de Dieu sur les petites choses, ne rien laisser passer, pour l’offrir » (Thérèse de Lisieux) Nous passons de la routine, de la récrimination, de la discussion ou même de l’obligation et du devoir, au désir de bien faire et partant, à la joie d’exister.


    C’est en vivant le moment présent que nous pouvons entrer dans le désir de vie et que nous pouvons apprendre à vivre en vérité c’est-à-dire, éviter les chemins sans issue et sortir de l’inattention à ce qui vient, sortir de la surdité, de l’aveuglement et de la répétition.

    Dès lors, nous entrons de plus en plus dans un désir d’écoute. Entrer dans l’écoute c’est entrer sur le chemin pour naître à soi-même, c’est avoir le désir de purification du cœur puis de restauration de l’esprit.

    « De même que la construction de la cité commence par la démolition des ruines, de même que la culture de la terre commence par le brûlis des ronces, le chemin de la vie commence par la purification du cœur. » (Macaire)


    Accepter de se laisser purifier, c’est accepter de mourir à soi-même et cela ne peut être vécu qu’à partir d’un désir immense de rencontre, de communion, désir qui balaie tout sur son passage pour faire place à la détermination, à la confiance et à l’espérance. Désir de renaître, désir de vivre de la vie du Christ. Désir de « faire le vide » pour laisser la place à Dieu en nous et pouvoir dire comme l’apôtre : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20)

    Si notre désir est de contribuer et de coopérer au projet du Christ, il va nous faire participer à cette révélation : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14,6)Qu’il est doux alors de se laisser conduire par Lui. Unis par cette douce et ferme complicité, nous essayons de devenir avec Lui un seul cœur pour avoir les mêmes désirs et nous en réjouir ensemble. Nous veillons sur la vie qui nous a été donnée afin de ne pas détruire après avoir reçu. Nous cherchons ensemble les moyens de la garder afin de sauvegarder la grâce et de demeurer, jusqu’à la fin, vivants. Le sens de la vie, c’est l’éternité.


    Pace e Bene

    Avons-nous le désir d’entrer dans la paix du Christ ?

    Avons-nous le désir d’accueillir la promesse ?

    Cela relève de notre responsabilité personnelle, c’est-à-dire de notre résolution, de notre volonté de détermination et de notre fidélité mais cela relève aussi de la grâce. Plus nous ressentons le désir d’entrer dans la paix du Christ, plus nous osons nous mettre sous le regard de Dieu dans un acte de déposition[1] et plus nous désirons entrer dans le silence et le recueillement pour y accueillir la grâce. « Car mon joug est doux et mon fardeau léger ».

    Avons-nous le désir de sanctification ? Le désir de l’homme qui s’ouvre au désir de Dieu !


    Le désir. Et le manque ?

    Nous tentons parfois de comparer le désir que le Christ vient réveiller en nous, avec celui que notre prochain manifeste. Même si un dé à coudre suffisait à contenir le nôtre, ne persistons pas dans la comparaison qui entretient le manque, accueillons plutôt cette grâce car nous risquons de la gaspiller ou d’en faire un mauvais usage. Gérons-là car c’est peut-être la seule mesure que nous sommes capables d’accueillir pour l’instant et faisons-la fructifier, il nous en sera donné davantage. C’est en redonnant au Seigneur le fruit de la grâce reçue que notre désir grandit et que nous grandissons avec Lui.

     

    Osons la vie.

    Laissons-nous remplir par Dieu, de désir, de fraternité et d’audace. Osons la vie pour passer de l’espérance au désir, afin de donner une dimension nouvelle à l’esprit de miséricorde qui se met à la portée de notre faiblesse. Puissance de désir qui nous rétablit pour nous ramener sur la voie, nous redonner des forces, pour nous guérir et nous faire exister de nouveau.

    Pour répondre au désir de Dieu, notre cœur doit se laisser « toucher » et entrer dans un rapport amoureux avec l’Ecriture sainte et la Parole. Nous expérimentons alors la réciprocité d’amour, cette merveilleuse force de propulsion, l’unique désir de Dieu, qui nous rend capables de démasquer les illusions et nous fait surmonter toutes les déceptions.

     

    « Quel autre ai-je au ciel que toi ?

    Et sur la terre je ne prends plaisir qu’en toi.

    Ma chair et mon cœur peuvent se consumer :

    Dieu sera toujours le rocher de mon coeur et mon partage » (Ps 73, 25-26)

     

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs

     

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  • Zacharie prophétisant 

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  • Un week-end pour " Reprendre souffle "

     

    Suzanne Telle était l'invitation faite aux membres engagés dans la Fraternité Séculière de la Région Rhône-Alpes.

    En ayant fait appel à Suzanne Giuseppi Testut (auteur de " La déposition " aux éditions Nouvelle Cité), nous avons eu la chance d'entrer dans une dynamique : avancer dans le cheminement de la déposition et se recentrer sur l'engagement pris, quelquefois depuis très longtemps, dans la Fraternité.

     

    L'invitation datait de l'été, et c'est sous le soleil automnal que nous nous retrouvâmes un peu plus de 40 membres.

     

    Quatre temps d'intervention de Suzanne, quatre temps de silence, de prière et/ou de relecture de nos promesses de vie, deux temps pour des questions tous ensemble et pour se reconnaître frères et sœurs, tel était le programme.

     

    Les temps d'écoute de Suzanne nous entraînèrent à revisiter l'interpellation que nous fait notre Dieu au cœur de notre quotidien : redécouvrir notre désir de Dieu qui nous mène sur un chemin d'espérance, de foi et d'amour. Devenir vivant en énonçant notre désir, déposer le vieil homme qui est en chacun, et à la manière de François, intégrer l'homme nouveau. Oser expérimenter notre " être-au-monde ", être ce que nous sommes vraiment, sachant que dans ce désir, Dieu va nous aider. Oser déposer son fardeau d'humanité afin d'être purifié, émondé et rendre grâce pour le bien que le Seigneur nous montre et nous donne.

     

    S'abandonner au désir de Dieu et répondre à son appel. Se laisser saisir par la grâce, redécouvrir le sens de notre engagement.

    François nous apprend par sa vie à nous déposséder, à passer du " je " au " nous ", à être frères.

     

    Comment redynamiser notre désir dans l'aujourd'hui ?

    Tout va dépendre de la façon de donner notre confiance à Dieu.

    Le désir de Dieu devient notre désir et l'on peut redire " oui " dans l'abandon en Dieu.

     

    Ce bref résumé de la parole de Suzanne témoigne de la façon dont nous avons été bousculés. Les temps de prière nous ont aidés à nous re-poser en Dieu, et au final de ces deux journées, à célébrer ensemble le renouvellement de la promesse de vie : chacun fut invité à apporter à l'autel une petite lumière en redisant devant ses frères et sœurs quelle avancée, quelle transformation, quelle conversion s'était opérée dans sa vie depuis qu'il ou elle s'était engagé(e).

     

    Rendons grâce au Seigneur pour ce temps béni, vécu en vérité sous le regard miséricordieux de notre Père du ciel.

     

                                Françoise OLISLAEGER ofs

                                               (20-21 novembre 2010)

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  • Que sera cet enfant ?

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  • NOTRE DESIR DE DIEU DANS L’AUJOURD’HUI

     

    Eau---Lumiere.JPG Dieu est tellement fou d’amour pour sa créature, qu’il la cherche sans cesse. Son désir est tel, qu’il se fait mendiant auprès de nous. Dieu se révèle et cherche l’homme inlassablement, non pour le convaincre et l’asservir mais pour le « rencontrer » au cœur d’une vraie relation. Il nous prend comme nous sommes, où nous sommes et où nous en sommes. Un seul regard de notre part et son regard en retour nous enveloppe de sa lumière, un seul appel et il est là, un seul mot d’amour et il nous prend dans ses bras.

     

    Ainsi Dieu se révèle et cherche l’homme avec une intensité d’amour infinie. Mais dans son immense respect pour sa créature, il attend d’elle le signe de son désir et il assume jusqu’au bout la liberté qu’il nous a donnée. Participer à la vie intime de Dieu, relève donc de notre désir et de notre choix posés en toute liberté d’amour.[1]

     

    Nous savons tous que demeure de toute éternité au plus profond de l’homme, le désir d’aimer et d’être aimé qui est « Un désir infini que le fini ne peut combler ». Et ce désir infini – qui n’a pas de limite – n’est rien d’autre qu’un désir de vie. Il serait donc pure folie que de vouloir tuer le désir, ou même d’anéantir le désir tout à fait légitime de réussir sa vie.

     

    En tant que franciscains, nous avons un « Maître » en la matière : François d’Assise. En effet, François est un être de désir et tout au long de sa vie, du début de sa quête de Dieu où devant le Christ de saint Damien il dépose son désir de vivre autrement, et jusqu’à son dernier souffle, il n’a cessé de désirer, de déposer sa vie sous le regard de Dieu et de se convertir continuellement. Or, l’important est de savoir vers où orienter son désir : vers les choses de ce monde ou vers Dieu ?

     

    François a su écouter et réorienter son désir vers sa vraie fin : l’Amour. Il entre alors de plein pied dans une nouvelle dynamique. Il apprend peu à peu à déposer le vieil homme et à revêtir l’homme nouveau, à passer de l’esclavage du monde à la liberté des enfants de Dieu, à passer de la mort à la vie. Il comprend que : « Le comble du désir c’est de pouvoir aspirer à participer à la vie divine » (Grégoire de Nysse) Dès lors, pour lui, finies les performances de ce monde, il entre dans l’apprentissage de l’exercice de la liberté et apprend à en faire bon usage. Comme l’écrit le fr. Thaddée Matura[2], « il va s’exercer au bonheur, à la joie d’être soi-même, noblesse suprême de l’être humain ».

    « Vous suivrez entièrement la voie que le Seigneur votre Dieu vous a prescrite afin que vous viviez et que vous soyez heureux » (Dt 5,33)

    « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Dt 6,4-5)

    Appel à l’écoute, à être attentif pour un chemin de croissance vers un accomplissement

     

    L’homme ne devient vivant que s’il exprime son désir !

    Le Seigneur rappelle que l’homme est pleinement capable de vivre la voie proposée. Il lui suffit de la désirer.

    « Ce commandement que je te prescris aujourd’hui n’est certainement point au-dessus de tes forces et hors de ta portée … cette parole au contraire est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur afin que tu la mettes en pratique » (Dt 30,11-14)

    Le mot commandement traduit le mot hébreu mitsvoth qui signifie « exercice ». Il ne faut donc pas entendre le mot « commandement » comme un ordre mais comme un appel à exercer nos capacités, mieux, à prendre goût à la méditation de la parole de Dieu pour la mettre en pratique.[3]

     

    Le désir est indissociable de la foi et de l’amour.

    « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Ga 5,14)

    L’apôtre Paul précise dans Rm 13,10 : « L’amour est l’accomplissement de la Loi ». Le verbe « aimer » est employé ici au futur. En effet, il ne nous est pas commandé d’aimer car on ne peut aimer sur commande mais il nous est proposé de cheminer vers l’amour, d’apprendre à aimer. On ne peut pas aimer sur commande mais Dieu va y arriver en toi. Exerce-toi donc à l’amour en accueillant la Parole. Merveilleux encouragement qui dévoile la capacité que chacun porte en lui-même : Désirer, croire et aimer.

     

    Comment dynamiser notre désir de Dieu dans l’aujourd’hui ?

    Tout va dépendre de notre « vouloir vers le bien » De notre désir de donner notre foi et notre confiance au Christ. Si nous n’avons pas le désir de Dieu, nous n’accueillons pas sa Parole, nous n’appelons pas, nous n’avons pas, comme François d’Assise, le souci de Lui faire plaisir. Nous nous coupons de la Relation et donc de tout progrès spirituel. Si nous re-posons notre vie en Dieu, son désir devient notre désir et de là surgit un choix prioritaire : lui dire « oui » dans la confiance et l’abandon. Nous entrons alors dans une disponibilité et disons « oui » à la vie de tout notre être.

     

    Posons-nous une question : Est-ce que je veux faire du Christ le Maître de ma vie ?

    De ma réponse dépend le dynamisme de mon désir !

    MON DIEU ET MON TOUT !

     

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs

       

    [1] « La déposition » p. 13-14-15

     

    [2] « Héritage et héritiers du 8ème siècle » p 41-42

    [3] « Le chemin de l’homme selon la Bible » Philippe Dautais

     

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  • Nouvelle Alliance

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  • SOLIDARITE ET PARTAGE

     

    Lors de notre rencontre franciscaine à Sherbrooke, le 13 octobre dernier, dont le thème était : « Poussé par l’Esprit, saint François apprend à déposer sa vie entre les mains du Christ » et «Quelle richesse spirituelles pouvons-nous retirer de l’expérience de François d’Assise », un sujet particulier a été soulevé : Le combat du mal dans le monde – la question des pauvres et des exclus.

     

    frère universel C’était un sujet trop important pour qu’on ait pu y consacrer le temps nécessaire. D’une grande profondeur, il touche à toute la dimension humaine sous le regard de Dieu.

    L’échelle  des valeurs des droits humains peut être différente selon les peuples, comme par exemple, le droit à la liberté de conscience, à la liberté d’opinion, à la liberté d’action etc. Toutefois, les droits relatifs à la survie et à la vie sont prioritaires, tel le droit à la vie, à la santé, à un foyer, à une habitation. Nous devons les aborder d’un point de vue théologique en se référant au droit divin et en particulier au droit des pauvres. Aussi, bien au-delà d’une démarche humanitaire ou caritative, c’est une démarche de foi et d’amour.


    Réfléchissons sur Jésus. Que dit-il ? Que fait-il en premier ? Il commence par soigner les aveugles, les boiteux, les malades, il libère les enchaînés, rappelle les égarés, il chasse les démons etc. Il annonce la Bonne Nouvelle signe que le Royaume de Dieu est là. A partir de ces évènements, la miséricorde du Père est à l’œuvre, qui aime aussi les malheureux de ce monde, les ingrats, les méchants.


     « Jamais homme (Jésus) n’a respecté les autres comme cet homme. Pour lui, l’autre est toujours plus et mieux que ce à quoi les idées reçues, même des sages et des docteurs de la Loi, tendent à le réduire. Il voit toujours en celui ou celle qu’il rencontre, un lieu d’espérance, une promesse vivante, un extraordinaire possible, un être appelé, par delà et malgré ses limites, ses péchés, et parfois ses crimes, à un avenir tout neuf. Il lui arrive même d’y discerner quelques merveilles secrètes dont la contemplation le plonge dans l’action de grâce ! … » (Cardinal Decourtray) 


    François d’Assise n’a pas fait autre chose que de vivre à sa manière et à son époque le message que le Christ nous a laissé. En quoi consiste pour François, la valeur de la pauvreté ? En premier lieu, dans un sens théologique, vivre à la suite du Christ pauvre. Ce qui attire l’attention, c’est sa volonté d’être frère du pauvre. « Pauvre » et « Frère » sont les deux mots que François utilise le plus. Cependant, François n’a utilisé aucune stratégie pour libérer les pauvres ; il n’a pas fondé de léproseries ou d’autres institutions de bienfaisance. La seule chose qu’il voulait c’était de vivre  avec les pauvres, laver leurs plaies, partager leur sort. Les premières fraternités de frères étaient souvent situées près des léproseries. Jourdain de Giano raconte que le premier chapitre provincial d’Allemagne s’est célébré « près des lépreux, « hors de la ville ». (1223, à Spire. Jourdain de Giano 33)


    « A Erfurt, sur décision des habitants de la ville et de quelques clercs, les frères furent logés dans la résidence officielle du chapelain des lépreux, hors des murs, jusqu’à ce que les citoyens puissent mieux organiser leur résidence » (Jourdain de Giano 39 ; LP 65)

    Cette « convivence » avec les lépreux a une grande signification. Le contact physique avec François avait pour les pauvres un effet libérateur, leur faisant recouvrer leur dignité et leur donnant un visage humain, après avoir si longtemps vécu en marge de la société. « François, petit pauvre et père des pauvres, voulut vivre en tout comme un pauvre ; il souffrait de rencontrer plus pauvre que lui, non point par vanité, mais à cause de la tendre compassion qu’il leur portait… » (1 C76 ; cf 2    C5 et 83)


    Le Christ sauve le monde en assumant pleinement son humanité, il nous engage à faire de même afin d’aider notre frère, le pauvre, à faire de même à son tour. Ainsi, la relation avec les pauvres n’est pas seulement de l’ordre de l’assistance, mais de l’ordre de la libération, parce qu’on croit dans le pauvre et que l’on vit en union avec lui.

    « Sur aucun homme, mais surtout sur aucun frère, nul frère ne se prévaudra jamais d’aucun pouvoir  dominateur » (1 Reg 5, 9-12 ; cf Mt 20, 26) 


    Au commencement de l’Ordre, François voulait que les frères « … vivent dans les hôpitaux des lépreux pour les servir... » A cette époque, quand des postulants se présentaient, nobles ou roturiers, on les avertissait entre autre choses, qu’ils auraient à servir les lépreux et à vivre avec eux. Pour François, le projet de fraternité consistait à se lier aux hommes à partir du lien avec les pauvres. Cette relation est toujours libératrice. La recherche de la proximité, dans une attitude pastorale, accentue l’aspect de la bonté de chaque homme. Nous apprenons à regarder les pauvres avec les yeux du pauvre et non à partir de l’optique du riche. Nous apprenons à abandonner nos certitudes, nos peurs, nos méfiances, nos jugements, nos condamnations. Cela signifie que nous savons découvrir en eux les valeurs qui les humanisent et les transforment. La grâce de la « conversion » change notre vision de l’homme, nous pouvons alors le voir avec des yeux nouveaux, au-delà de l’apparence, de l’extériorité des choses, au-delà de la blessure. Nous reconnaissons en lui, Jésus, le « serviteur souffrant ».


    Ainsi, vivre l’Evangile, vivre la solidarité et le partage, relèvent d’attitudes intérieures, relèvent de la foi et de l’amour. L’expérience du Christ et, à sa suite, celle de François d’Assise, nous invitent à déposer nos certitudes, et à partir humblement à la rencontre de l’autre… comme un pauvre qui dit à Dieu : « Je ne comprends pas, je n’ai pas l’intelligence suffisante, je n’ai pas le cœur assez ouvert. Apprends-moi » Cette rencontre permet d’entrer dans un « agir en Christ », elle devient alors don de Dieu.  Dès lors, il ne s’agit pas de « vouloir faire » mais de « l’action en Christ », ni de « devoir faire » mais de « l’agir en Christ ».


    Grâce à Dieu, il est possible de dénoncer les injustices de ce monde et de les combattre sans relâche en tant que témoins du Christ, en faisant usage de tous les moyens que le Seigneur nous offre.


    Les pauvres sont les vrais maîtres. Ce sont eux qui provoquent et qui forment l’être humain en profondeur. Aucun professeur d’université, aucun livre, aucune connaissance, si élevée soit-elle, ne peuvent toucher la profondeur dans laquelle l’homme commence à être un homme. Seuls les pauvres s’ouvrent à cette profondeur. (Congrès Missionnaire Interfranciscain 1982) 


    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs

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     Note de Richard: Voilà une très belle réponse MERCI!

     

     


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