•  LE PRINCIPE TRINITAIRE REVELE LA PERSONNE

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     Pour opérer la distinction-identité entre les trois personnes de la Trinité, les Pères de l’Eglise ont utilisé le terme « hypostase ».  Ce terme permet de distinguer ceux qui ont en commun la même essence. Ainsi se précise la notion de la personne dans son unicité comme dans ses rapports avec les autres personnes. Au sein de la Trinité, le Fils est tout ce qu’est le Père, mais il n’est pas le Père ; l’Esprit est tout ce qu’est le Fils, mais il n’est pas le Fils.

    La contemplation des créatures doit nous permettre de remonter jusqu’à la Trinité créatrice, et de discerner dans l’action commune des Trois Personnes divines, le mode créateur propre à chacune. La redécouverte récente d’une théologie de l’Esprit-Saint, en Occident, peut nous inciter à prêter davantage attention à des auteurs qui, en raison même de leur démarche, sont qualifiés de « mystiques » : Augustin, Richard-de-Saint-Victor, Bonaventure, Ruysbroek… auxquels on pourrait ajouter : Karl Rahner, Urs Von Balthasar… Leur théologie témoigne non pas d’une démarche strictement intellectuelle mais plutôt de l’expression d’une expérience profonde, intérieure, en un mot, de leur propre vie spirituelle. Elle témoigne de l’homme – Image de Dieu – en quête d’une relation intime, personnelle, avec le Père, le Fils et l’Esprit-Saint. Leur théologie témoigne donc de la contemplation de Dieu dans le miroir de la création et de l’intelligence du croyant, puisque Dieu a révélé lui-même à l’homme que sa raison dernière est d’être image du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

    Il convient, dans la Trinité, de distinguer la nature qui est, par essence divine, unique, identique aux trois, et de distinguer la personne, chacune bien distincte des deux autres. Le Père se particularise en tant que source de la divinité, le Fils se particularise par sa filiation, et l’Esprit par sa procession. Chacun est ainsi révélé par son propre mode distinctif d’être. C’est cette nature que le Christ est venu partager avec les hommes, en revêtant la nature humaine sous tous ses aspects, hormis le péché. Pour saint Athanase « Dieu est devenu homme pour que l’homme devienne Dieu », dans la plénitude de son être et de sa liberté.

    « Unité, vérité, bonté sont les conditions générales de l’être, mais elles ne se trouvent que dans l’Etre Parfait, c’est pourquoi on ne les trouve dans l’être créé, que sous la triple influence du premier Etre. Plus cette triple influence est intense, c’est-à-dire plus les créatures sont proches de Dieu, et plus leur unité, leur vérité, leur bonté participent aux perfections divines correspondantes. La destinée de la créature spirituelle étant de parvenir à la participation la plus étroite, la vraie religion consiste pour elle à tendre vers ces perfections, jusqu’à l’assimilation. » Ainsi, la distance qui sépare les créatures du Créateur ne se définit pas en termes d’espace, mais en termes de ressemblance. Pour Evagre : « La théologie n’a pas d’autre objet que la contemplation de la Trinité ».

    Dans l’antiquité la notion de personne était quasi inexistante. Le mot « persona » désignait un masque de théâtre, servant à caractériser un individu par son rôle social ou professionnel : homme libre, paysan, militaire, esclave, etc. Chacun était figé dans sa catégorie, les esclaves étant en outre considérés comme des choses plutôt que comme des êtres humains à part entière.

    Or, avec sa venue parmi les hommes, le Christ rétablit la véritable dimension de la créature de Dieu. Il nous apprend à quel point la personne est précieuse, irremplaçable, lorsqu’il nous dit que le berger va jusqu’à abandonner quatre-vingt-dix-neuf brebis pour aller chercher la malheureuse qui s’est égarée. Chaque personne est donc unique aux yeux de Dieu. C’est pourquoi nous agissons, pensons, réagissons, aimons d’une manière unique, personnelle, intime. Parce que la personne est unique aux yeux de Dieu, tout doit être mis en œuvre  pour protéger son intégrité. Grâce à cette prise de conscience, notre rapport au prochain change, nous prenons conscience de la valeur unique de la personne, des dons de Dieu qui sont en chacun de nous et de l’amour de Dieu à recevoir et à répandre.

    Le Christ marque aussi un immense respect envers la personne, quelle qu’elle soit. Il va à la rencontre aussi bien des infirmes, des prostituées, que des notables ou des nantis. Dès lors, l’homme ne doit, ni être soumis à des actes de tortures qui font outrage à l’image de Dieu à laquelle il a été créé, ni subir la peine de mort, car Dieu seul est le maître de la vie et de la mort.

    Saint Paul écrit que, en Christ, il n’y a plus ni Juif, ni Grec, ni esclave, ni homme libre, ni homme ni femme au cœur de cette humanité, de cet « Adam total » où tous peuvent vivre en harmonie dans une complète égalité. Ainsi, la personne atteint son épanouissement dans la mesure où elle vit en communion avec les autres, animée par le sentiment d’amour que le Christ veut faire partager à ses disciples : « Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13,34). Dès lors, les relations entre les hommes, aussi imparfaites soient-elles, sont appelées à refléter, à la mesure humaine, les relations parfaites qui se manifestent au sein de la Trinité.

    Parce que Dieu est une personne trine, les chrétiens peuvent désigner les personnes divines dans l’économie de la création et du Salut et dans l’intimité de la prière de chaque fidèle. Nous pouvons prier Dieu dans une relation personnelle, avec le Père, le Fils et l’Esprit-Saint.

    C’est dans la rencontre avec le Christ Sauveur, dans le face à face et l’intimité de la relation, que l’homme peut atteindre son épanouissement final dans la participation à la vie divine. C’est par la relation de personne à personne que l’homme peut arriver, à travers l’humanité du Christ et dans l’Esprit, à la vision du Père. La finalité de la relation rejoint ainsi la finalité de la création : l’homme qui a été créé à l’image de Dieu a reçu de lui toutes les facultés et énergies nécessaires à la réalisation de la ressemblance.

    « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant,

    Et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu »

                                                   (Irénée de Lyon)

     

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs

    photo : "Sainte Trinité ou l'Hospitalité d'Abraham" Artiste Serbe - Détrempe sur bois ; 101x61 cm. Vers le milieu du XVIè siècle. Decani, Serbie, Monastère.

     

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    Note:

    [1] C’est ce que saint Augustin a exposé tout au long de son opuscule De Vera Religione dans lequel saint Bonaventure a puisé cette doctrine. « La Trinité créatrice d’après saint Bonaventure » Luc Mathieu ofm – éd. Franciscaines



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  • LA FETE DU DON DE L’ESPRIT

    Par le don de l’Esprit, la Pentecôte

    Inaugure sur terre la Nouvelle Alliance

     

     Suzanne art 16"Si tu regardes vers le haut de l'abside il te semble que chaque forme se fige dans une attente extatique... Et au-dessus des nefs, à travers les arcs, au-dessus des ambons, à travers les colonnes, des niches, des angles, de l'ombre, des concavités mystérieuses tu entends, sans cithare et sans voix, s'élever une immense symphonie vers le sommet où le Tout-Puissant, la main levée prête à bénir, regarde comme ne regarde aucun homme et ses yeux contiennent tout le passé et tout l'avenir." (Giuseppe Fedele)

     Photo : "Pentocrator"  - Mosaïque - Cathédrale de Monreale en Sicile.

    « Je n’ai pas commencé de penser l’unité, que la Trinité me baigne de sa splendeur. Je n’ai pas commencé de penser à la Trinité, que l’Unité me ressaisit. Lorsque l’un des trois se présente à moi, je pense que c’est le tout, tant mon œil est rempli … Lorsque j’unis les trois dans une même pensée, je vois un seul flambeau sans pouvoir diviser ni analyser la lumière unifiée… »

    Par ces mots, saint Grégoire le Théologien exprime l’émerveillement qui le saisit lorsqu’il se penche sur le mystère de Dieu en qui trois personnes sont fondues en une seule, et où l’antinomie entre unité et adversité est surmontée dans un acte de foi qui admet que, dans ce cas unique, un égale trois, et trois égale un.

    Le Dieu-Trinité est partout présent. La Bible est emplie de la vie et de l’action trinitaire. Au tout début de la Genèse Dieu se manifeste par son acte créateur ; son Esprit plane au-dessus de la surface des eaux ; sa Parole, jaillie du silence éternel, sépare la lumière d’avec les ténèbres. Et à la fin des temps, comme l’attestent les derniers versets de l’Apocalypse, les trois personnes de la Trinité sont toujours là.

    Selon les Pères, la Trinité, bien que présente à l’époque où prévalait le polythéisme païen, ne pouvait alors être révélée pleinement sans risquer d’être confondue avec un trithéisme. La conscience de l’humanité n’était pas assez mûre pour recevoir le mystère trinitaire dans sa profondeur. Ainsi, dans l’Ancien Testament, le Père se manifeste en toute clarté, dans le Nouveau Testament le Fils se manifeste en vivant parmi les hommes, et avec la Pentecôte l’Esprit Saint descend avec puissance. Le cycle de la révélation trinitaire parvient alors progressivement à son terme.

     

    Pourquoi la Trinité ?

    La réponse, toute simple, est fournie par saint Jean : parce que « Dieu est amour ». Particulièrement sensible à la communion du Père et du Fils dans l’Esprit, Jean en souligne l’impact pour l’amour des chrétiens entre eux. Leur fraternité doit être une communion totale, où chacun s’engage avec toute sa capacité d’amour et de foi. Dans le monothéisme trinitaire, l’Esprit Saint apparaît comme l’hypostase de l’amour, tout comme il est l’hypostase de la joie et de la beauté.

    La plus haute expression de la vie dans l’Esprit de Dieu est donc l’amour (1 Co 13,13) et c’est ainsi qu’une personne remplie de l’Esprit vit en communion avec Dieu et avec le monde. Elle est libre de beaucoup de choses, mais elle est liée par une seule : la conscience des autres. L’individualisme est incompatible avec la spiritualité chrétienne.

    L’Esprit est donné en vue d’un témoignage à porter aux extrémités de la terre (Ac 1,8). La Pentecôte marque ainsi le commencement de la mission. Dès lors, le jour de la Pentecôte, nous sommes tous renvoyés dans le monde pour y annoncer la Parole de vie et d’espérance !

    L’Esprit de la Pentecôte ne cesse, depuis le temps des apôtres, de combler la communauté  chrétienne des encouragements intérieurs qui lui permettent d’affronter obstacles et persécutions. Durant ces deux millénaires de la vie d’Eglise, il n’y a pas eu de temps ou d’époque où celle-ci ait été à l’abri de dissensions, de conflits ou de désaccords. Tout cela a été et demeure scandale pour les incroyants  et constitue un contre-témoignage de l’Evangile d’amour et de la prière du Christ pour l’unité, avant sa passion. Ces tribulations ne sont-elles pas cause et ferment d’incroyance et d’athéisme dans le monde ?

    Et pourtant, l’Esprit est toujours là, Consolateur. Avec la douceur qui lui est propre, dans l’Aujourd’hui de sa miraculeuse descente sur les croyants, il dit à notre intelligence tournée vers le cœur : « N’aie pas peur, petit troupeau ! » (Lc 12, 32). Et il nous console en nous montrant le Christ à la fois présent avec nous dans le monde et venant vers nous dans ce monde, et pour « le siècle qui vient ».

    La grâce du Saint Esprit ne cesse de nous rassembler, de nous jeter dans les bras les uns des autres. Tous ensemble, notre cœur bat à l’unisson avec le cœur du Maître, dans ce cœur brûlant d’amour et de miséricorde, mais aussi dans ce coeur portant en lui les plaies de  nos infidélités et de notre misère.

    Malgré nos limites, la grâce de l’Esprit Saint  ne cesse de nous renvoyer dans le monde, nous exhortant à témoigner par notre parole et surtout par notre vie, de l’Evangile du salut. Elle nous rappelle sans cesse que confesser le Père, le Fils et le Saint-Esprit, c’est incarner la Trinité et entrer dans son exigence : Exigence de la paternité du Père, fondement de toute paternité et de toute autorité humaines ; exigence d’un véritable retournement avec le Fils « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20) ; exigence de réajustements avec l’Esprit Saint afin de briser tout ce qui fait obstacle en nous à la relation, nous sépare et nous rend étrangers les uns aux autres.

     

    Selon Athanase d’Alexandrie, « Dieu s’est fait porteur de la chair pour que l’homme puisse devenir porteur de l’Esprit ». Alors, par l’Esprit, l’homme tout entier, rassemblé et ouvert dans son « cœur », devient « lieu théologique », pure célébration dont l’expression extrême est le martyre : « Donne ton sang et reçois l’Esprit ».

     

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs

     

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    Les notes ci-dessous

    1 Co 8,7-13 ; 10,29 ; 2 Co 5,11


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  • LE POINT DE DEPART DES TEMPS NOUVEAUX

     

      Suzanne-art-15-Ascension-Monreale-Sicile.JPG - Photo : "L'ascension de Jésus au ciel" La Madone, entre deux anges, et les apôtres sont présents - Mosaïque - Cathédrale de Monreale en Sicile.

     

    L’Ascension du Seigneur marque la fin de la vie terrestre du Christ et le début de l’histoire des disciples, de l’Eglise. Elle constitue si l’on peut dire, le lien, l’intermédiaire, le joint, la transition entre une étape de l’œuvre salvifique de Dieu et celle qui suit. La fin de la première scène et l’ouverture de la suivante.

    « Le Seigneur leur dit : ‘Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint, qui descendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre’ » (Ac 1,8).

    « Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Et il advint, comme il les bénissait, qu’il se sépara d’eux et fut emporté au ciel » (Lc 24, 50-51). « Sous leurs yeux, il s’éleva et une nuée le déroba à leurs regards. Et comme ils étaient là, les yeux fixés au ciel pendant qu’il s’en allait, voici que deux hommes, vêtus de blanc, se trouvèrent à leurs côtés ; ils leur dirent : ‘Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ? Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra de cette manière, comme vous l’avez vu s’en aller vers le ciel’ » (Ac 1, 9-11).

    « Pour eux, s’étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le Temple à louer Dieu » (Lc 24, 52-53)

    Jésus promet à ses disciples la venue de l’Esprit Saint afin, qu’armés de la force de l’Esprit, ils puissent entrer dans leur mission : annoncer l’Evangile. Puis, il les emmène à Béthanie, la maison de l’obéissance, l’Eglise où, à la suite du Christ, les disciples oeuvrent à la volonté du Seigneur sous sa bénédiction et dans la joie de la louange.

    Quarante jours, exactement, après avoir célébré et glorifié avec les disciples, la résurrection, dans l’atmosphère joyeuse de sa présence, nous sommes invités par l’Eglise à nous transporter en esprit au Mont des Oliviers, pour faire nos adieux au Seigneur qui monte au ciel sans pour autant se séparer des siens.

    Le jour de l’Ascension, tous les fidèles, unis aux apôtres, jouissent comme eux de cette vision extraordinaire : Le Christ monte au ciel, sans pour autant se séparer des siens. Il lève les mains pour bénir ses apôtres et son Eglise.  Comme les apôtres, nous pouvons éprouver un mélange de sentiments, puissants et même, contradictoires : la joie, la tristesse mais aussi l’espérance.

     Tout d’abord, c’est la joie, la gloire, la victoire qui dominent. 

    Tel un vainqueur, le Christ s’élève au-dessus de la terre qu’il a sauvée. Le Père l’accueille, les anges et les hommes glorifient en lui le Sauveur. « Portes, levez vos frontons, tous les peuples battez des mains », le Christ est monté là où il était d’abord.

    Cette joie est aussi la joie du salut de l’homme car, le Seigneur, en montant vers le ciel, monte avec son corps humain, sa chair divinisée. En prenant place à la droite du trône de Dieu, le Christ devient le « Précurseur » du genre humain dans la gloire du ciel, de même que, par sa Résurrection, il est devenu le « Premier-né » d’entre les morts.

    En un mot, le Christ a pris sur ses épaules la nature humaine qui s’était égarée et, en s’élevant, il l’a divinisée et  l’a amenée à Dieu, le Père.

    Cependant, joie mêlée de tristesse motivée par la séparation.

    Sentiment d’abandon, si douloureux au cœur de l’homme. Cœur empli de larmes et de chagrin. Peur de ne plus voir l’Aimé et de ne plus goûter à son tendre amour. Impression de distance infranchissable qui risque de nous couper du regard et de la relation. Réaction humaine qui nous confronte au sentiment de l’oubli.

    Joie, tristesse, mais aussi espérance.

    Le Seigneur ne nous laisse pas orphelins. Le Verbe est toujours présent au monde, il est à côté de lui. Notre monde n’est pas un monde abandonné, l’Esprit nous le dit par la foi, l’amour et l’espérance qu’il nous inspire.

    Dans sa glorification le Seigneur n’abandonne pas l’être humain, il l’accompagne et l’assiste « Dieu avec nous ». Le Christ désire nous libérer du pouvoir de Satan et nous faire participer à sa vie éternelle !

    Le Seigneur envoie l’Esprit promis, le Paraclet, pour qu’il demeure avec nous jusqu’à la consommation des siècles et apporte au monde la paix. L’Esprit donne aux croyants la vision de la Transparence du Christ dans l’histoire et dans l’actualité. La vie des saints en témoigne : François d’Assise par exemple a reçu le charisme d’être, dans la sanctification de sa vie, transparent à la présence du Verbe incarné.

    L’Ascension est un mystère. Mystère que vit l’Eglise, tous les jours, à chaque instant ; mystère que nous vivons aussi lorsque nous tournons nos yeux vers le ciel, cherchant notre Sauveur. Il est là, il sera toujours là ! Nous recevons ainsi force et courage en prenant conscience de sa présence continuelle et de la douceur de la grâce du Saint-Esprit.  Ainsi, nous pouvons descendre dans la lutte de la vie en marchant sur la terre, mais « en recherchant les choses d’en-haut », en « songeant aux choses d’en-haut », tournés vers le ciel « Là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu » (Col 3, 1)

    Oui, Seigneur, nous savons que tu es là. Fais briller sur nos âmes, ta clarté.

     Suzanne Giuseppi Testut   ofs

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  • LIBERTE ET OBEISSANCE

    Suzanne-art-14.jpgphoto : "Source de sainte Suzanne" à Rivodutri. Réputée, du temps de François d'Assise, pour les maladies des yeux. François passait par là pour se rendre à Poggio Bustone. L'eau y est d'une clarté extraordinaire. Il est toujours possible d'y faire une halte méditative... et peut-être d'y assister à un tendre apprentissage de l'obéissance et de la liberté en y observant maman cygne et bébés cygnes.

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    « Oui, Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il en a fait une image de sa propre nature ; c’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde : ils en font l’expérience, ceux qui lui appartiennent ! (Sg 2,23-24)

    La liberté et l’obéissance forment un couple paradoxal mais sont pourtant des composantes de la vie de tout homme qui vit en société. Dans bien des domaines de la vie (respect de la loi civile, éducation, travail…), nous acceptons sans broncher des principes d’obéissance. Un exemple parmi d’autres : Si nous voulons apprendre à jouer d’un instrument de musique, nous obéirons aux consignes du professeur et appliquerons une méthode.  Nous nous imposerons une certaine ascèse et obéirons à des prescriptions même si nous ne les comprenons pas toujours.

    Alors pourquoi avons-nous autant de mal à accepter l’idée d’obéissance à Dieu ? Est-ce dû au fait que dans l’apprentissage musical, nous identifions clairement notre projet et le moyen de le réaliser, ce qui nous pousse à obéir de plein gré, alors que face au Seigneur, nous avons peur de « l’inconnu de Dieu » ? Il est inquiétant de constater que nous justifions et acceptons la nécessité de ce paradoxe dans la vie en société et le refusons dans la vie en Christ où liberté et obéissance sont imbriquées de manière indissociable.

    Comment comprenons-nous notre projet de chrétiens ? Savons-nous le formuler ?

    Il faut répondre à cette question si nous voulons comprendre notre propre rapport à la liberté et à l’obéissance. Le projet de notre vie chrétienne est clair : nous sommes appelés à la déification, c’est-à-dire, le Créateur nous invite à partager sa vie et à accomplir notre ressemblance avec lui. Le chemin vers cet aboutissement trouve son origine dans le juste équilibre entre liberté et obéissance.

     

    Une des raisons pour lesquelles nous dévions de ce chemin est notre compréhension erronée de la liberté et de l’obéissance.

    Nous avons généralement tendance à mesurer la liberté d’une personne en fonction de sa capacité à faire ce qu’elle veut ou à obtenir et posséder ce qu’elle désire. Dans ce cas, la liberté est assimilée à la volonté individuelle et à la volonté propre.

    L’obéissance est souvent définie comme un état qui résulte d’un rapport de forces : l’esclave face au despote. Cette compréhension  de la notion d’obéissance est assez réductrice, voire dangereuse car elle risque de nous faire passer à côté de l’essentiel dans notre relation avec Dieu.

    L’obéissance et la liberté sont-elles contradictoires ?

    L’obéissance dans la création :

    L’obéissance engendre chez nous la peur d’être manipulés, de perdre son quant-à-soi, sa liberté. De nos jours, refus de l’obéissance et contestation de la hiérarchie sont choses courantes. Pourtant, tout le monde exige protection et assistance et accepte ipso facto l’aliénation correspondante. Encore un paradoxe ! Derrière cette quête d’assistanat, il y a le refus d’assumer notre propre responsabilité, le refus du risque et donc une terrible frilosité qui engendre le refus de la vie tout simplement.

     

    L’obéissance à Dieu.

    C’est la réponse à donner à Dieu pour jouir de la liberté qu’il nous a offerte et profiter de sa promesse de Vie. Par obéissance, il ne faut pas voir quelque chose de négatif et d’aliénant. Dieu n’agit pas envers l’homme en despote, il ne l’asservit pas  ni  le traite en « objet ».

     

    L’homme, au moment de la tentation, se représente Dieu comme une autorité qui dicte ses ordres et exige une obéissance aveugle. En succombant à la suggestion de Satan, Adam pose une distance, un espace entre Dieu et Lui alors qu’au contraire, Dieu lui offre de partager sa Vie. Il lui offre d’adhérer dans la foi à son dessein et de coopérer à la construction d’un  univers.

    En cédant à la suggestion de Satan, Adam obéit à une vision extérieure des choses alors que l’obéissance à Dieu vient de l’intérieur, elle vient du cœur, elle est contemplation de la Vérité et elle s’impose comme telle.

    L’obéissance à Dieu n’est pas abdication de l’intelligence mais, écoute de Dieu, marche sous son regard, foi profonde en sa justice, en son dessein, en sa sagesse, et réponse à la pleine communion de vie à laquelle l’homme est appelé.

    L’obéissance n’est pas une soumission d’esclave, mais une démarche d’amour. L’homme doit être à même d’accueillir dans la foi qui est liberté, le don de sa vie que Dieu lui fait. Car Dieu offre la Vie mais ne l’impose pas. Sa magnanimité appelle de sa créature, réponse et choix libres.

    En fait, par l’obéissance, Dieu nous invite à une vérité d’attitude. Il nous invite à poser l’unique choix : vivre avec Dieu ou vivre en dehors de Dieu.

     

    Nous pouvons dire que Dieu a créé l’homme avec une place vide dans le cœur, une place pour la relation, pour l’amour. L’homme choisit librement d’accorder cette place à Dieu. S’il donne cette place à Dieu, alors il trouve la liberté, parce que Dieu n’est pas un maître despotique mais un maître aimant et que sa volonté est indissociable de son amour pour nous. Mais si on ne lui accorde pas cette place vide, elle est occupée par les choses de ce monde, par le Malin. Voilà la chute. Alors vient l’aliénation. Nous sommes à l’opposé de la liberté.

     

    Liberté et création de l’homme.

    « Faisons-le à notre image » Cette décision trinitaire, lors de la création de l’homme, montre l’immense amour de Dieu pour sa créature et son retrait pour lui laisser l’espace de sa propre liberté. La volonté de Dieu n’a de sens que parce qu’elle est amour total. Le mode d’être en Dieu, c’est d’être en relation, Dieu est un être de relation. Il est amour et l’est de tout temps, avant même que le mot temps ait eu une signification. Dieu a créé l’homme à son image, ce qui veut dire notamment - mais pas uniquement - que tout comme Dieu, l’homme existe en relation ; tout comme Dieu, l’homme est libre, il est libre dans ses relations.

    La véritable liberté n’est pas de « faire ce que je veux », mais de connaître la vérité incarnée qu’est le Christ. Le connaître, c’est être en relation vivante avec lui. Ce qui nous rend libres, c’est notre relation avec le Christ, notre écoute du Christ, notre confiance en lui, en d’autres termes, notre obéissance.

     

     L’obéissance face à la liberté ne peut être que l’obéissance d’Esprit. L’œuvre n’est féconde que dans la mesure où elle est du Christ.

     

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs

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    L’Ancienne Alliance nous permet de le pressentir : (Sg 2,23-24) (Gn 1, 26-27)

     


     

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  • SOYEZ PARFAITS COMME VOTRE PERE EST PARFAIT

     

    (Lys Martagon)

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    La chrétienté a trop souvent mis l’accent sur le divin au détriment de l’humain. Notre société actuelle est marquée par l a révolte de l’humain contre le divin. Cependant, alors que l’homme  est le centre du monde, paradoxalement, il est de plus en plus décentré de lui-même. Aujourd’hui, à la révélation  plénière de Dieu à l’homme, Dieu qui est le Christ - dans sa plénitude divino-humaine -, doit correspondre la révélation de l’homme à lui-même, lui faisant découvrir sa propre intériorité, sa réalité profonde dans l’Esprit Saint, « l’image de Dieu » qui est en lui et qui lui donne sens.

    La croix est pour le chrétien, au centre de la foi. Si les dialogues interreligieux fleurissent et sont une très belle occasion d e connaissance mutuelle et de paix, ils ne doivent pas nous faire courir le risque d’un appauvrissement du message, par lequel le Christ devient un sage parmi les sages. Pour tout chrétien, l’histoire procède de l’œuvre du Christ dans son Incarnation, elle est préparation active de la Parousie (la seconde venue du Christ).

    C’est bien cet ultime aujourd’hui entre le « déjà » de l’incarnation et de la Résurrection et le « pas encore » du Royaume qui donne tout son sens à l’héritage chrétien. La perfection de l’homme se joue donc dans notre aujourd’hui.

    Le Christ nous dit : Soyez parfaits comme votre Père est parfait » (Mt 5, 48)

    Toute créature est « inaccomplie » mais en devenir « d’ « accomplissement ». Le chrétien doit donc  murir  pour arriver à sa « plénitude », c’est-à-dire à sa « perfection ». En ce sens, tous les chrétiens sont appelés à être parfaits. Créés à l’Image, nous sommes appelés, dès ici bas, à parfaire la Ressemblance. Toutefois, l’apôtre Paul, connaissant bien le danger issu de l’orgueil de l’homme, nous donne quelques précisions dans Romains 8, 28-30 : Il ne peut pas exister un état de vie ou un ministère plus parfait qu’un autre. Il nous met donc en garde contre les comparaisons ou la tentation de se mesurer au prochain.

     

    Pour mieux cerner la voie de la  perfection, prenons quelques éléments tirés du livre « la déposition ». (p. 61-62 ; 71-72 ; 149 ; 245 ; 272 ; 156)

    La remise en question personnelle est d’une importance capitale.

    Elle doit être quotidienne car elle permet non seulement de nous confronter aux réalités journalières mais encore de changer totalement notre vision des problèmes humains. Enfin, elle nous aide à nommer nos stérilités pour que Dieu puisse les rendre fécondes. Chemin de repentir, de partage, de libération et de plénitude.

    La vertu de douceur, inséparable de l’humilité est fondée sur la foi en l’amour de Dieu.

    Loin d’être faiblesse, elle s’oppose à la vanité et à l’orgueil. L’humble est modeste, il n’a pas de prétention déraisonnable, il sait rester dans la mesure et la simplicité. Dieu nous donne la force du Saint-Esprit pour changer ce qui peut l’être et l’humilité pour accepter ce qui ne peut pas l’être. François d’Assise l’exprime avec une extrême finesse dans son Cantique des Créatures (v. 10-14)

     

    Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux qui pardonnent par amour pour toi ; qui supportent épreuves et maladies : heureux s’ils conservent la paix, car par toi, Très Haut, ils seront couronnés.

    Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre sœur la Mort corporelle à qui nul homme vivant ne peut échapper. Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ; heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté, car la « seconde mort » ne pourra leur nuire.

    Louez et bénissez mon Seigneur, rendez-lui grâce et servez-le en toute humilité ! »

    Quand l’homme se sait pauvre et que l’esprit d’enfance l’anime, c’est-à-dire quand il vit de la voie de la perfection découverte dans l’Evangile, il permet à la force divine de se révéler.

    Entrer dans notre chambre intérieure.

    Il est une intelligence qui pousse à l’humilité : prenant conscience de ses limites et de ses faiblesses, l’homme en vient à se confier à Dieu. Dans un acte d’abandon, il se re-pose en Dieu. Dieu ne nous condamne pas, il met en œuvre sa grâce et sa puissance pour nous sauver. Dieu nous a créés dans un état de perfection, maintenant il nous aide à le découvrir. Nous parler, nous rendre plus proches, nous faire ressentir sa compassion et sa tendresse, son amour, sa présence, tel est le désir de son cœur.

    Devenir plus humains, ne pas couper les liens, maintenir l’esprit de fraternité.

    Intégrer notre humanité y compris nos zones d’ombre pour en faire humblement un chemin vers Dieu. C’est aussi intégrer l’ombre d’autrui. Cette attitude nous apprend à aimer gratuitement, joyeusement, même dans l’adversité. Elle nous introduit dans la joie parfaite qui n’est pas le fruit de la perfection de nos actes mais plutôt de l’ombre assumée avec amour.

    Redescendre de notre piédestal le plus vite possible.

    Soit, comme le jeune homme riche, présenter notre « perfection » à Jésus, nous jeter à genoux devant Lui en demandant : « Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » … et repartir tristes.

    Soit, contempler Jésus dans sa beauté et le rejoindre par la foi. Redescendre en vérité de notre piédestal. Regarder plus loin afin de se dépouiller de l’esclave et de dévoiler le Fils qui est en nous, c’est-à-dire laisser jaillir sur notre visage l’image du Fils unique que nous venons de contempler, afin de nous présenter devant le Père avec cette beauté-là.

     

    Cela nous enseigne une chose essentielle : c’est dans ce monde que nous avons à préparer notre vie future. Notre pèlerinage sur cette terre consiste à faire de notre existence un atelier de perfectionnement afin d’aiguiser toutes nos facultés, toutes nos qualités, pour entrer dans l’existence future que nous propose le Christ.

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs

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    Du Samedi 1er au Dimanche 2 mai 2010 - de 9h à 18h. 

    SAINT FRANCOIS D'ASSISE ET LE CHRIST DE SAINT DAMIEN

    Mystère et Symbolisme "Icône de la Résurrection, cette croix tient lieu de Livre et d'Eglise"

     (J'anime cette retraite avec le frère Francisco Liborio T.O.R.)


    - A la Maison diocésaine de Bordeaux - Centre Louis Beaulieu - 145 rue Saint Genès 33082 BORDEAUX

    Le Jeudi 6 mai à 20h.

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    - Conduite et animation du Pèlerinage à Assise avec le groupe de la Vallée de la Cèze du 23 au 31 mai
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  • LA PASSION REDEMPTRICE DE L’AMOUR DIVIN

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    Le Christ de Greccio

    « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. … Mon Père s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » (Mt 26, 37 ; 42)

    *La prière du Christ à Gethsémani est, sans aucun doute, la plus élevée de toutes les prières par sa valeur exemplaire et sa force rédemptrice pour le monde. Elle est en même temps l’une des révélations les plus précieuses sur Dieu et sur l’homme. Offerte à Dieu le Père dans l’esprit de l’amour divin, éternellement présente dans l’existence du monde, elle agit comme une lumière qui ne diminue jamais. Nous éprouvons la puissance de sa force quand nous prions pour le monde entier.

    Dans cette prière, le Seigneur a embrassé tout ce qui s’est déroulé depuis la création du premier Adam jusqu’au dernier homme à naître d’une femme. Jésus, depuis son Incarnation, par ses enseignements et jusqu’à sa Passion, nous révèle que sa patience, son courage et son amour sont sans limites. C’est donc en découvrant peu à peu dans les Evangiles, le sens, la signification et la valeur rédemptrice des souffrances du Christ, que l’homme apprend à se situer par rapport à elles et peut « porter du fruit ». La Passion résume toute la souffrance humaine possible, depuis la trahison jusqu’au sentiment d’abandon et jusqu’à l’ultime prière de Jésus adressée dans un cri au Père.

    « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Lc 23, 46)

    Aussi, pour pouvoir ne serait-ce qu’un petit peu, prendre conscience de ce qui s’est passé au Golgotha et pouvoir contempler d’une manière existentielle le chemin parcouru par le Christ, (voir 1 Co 13, 12) nous devons tous passer par l’expérience des épreuves. En effet, quand s’abattent sur nous toutes sortes de malheurs, tournons notre esprit vers la contemplation des tourments de tous ceux qui souffrent sur la terre ; incluons-les – par nos propres douleurs – dans la prière de notre cœur. Notre cœur ainsi s’élargira et embrassera tous les frères et toutes les sœurs écrasés par tant de désastres, comme une mère embrasse ses enfants malades dans l’élan d’un douloureux amour. 

    Que notre prière devienne ainsi le cri de la terre entière vers Dieu, notre Père ! Une telle prière, par l’action du Saint-Esprit, nous rend participants de la passion rédemptrice de l’amour divin du Seigneur.

    Ce n’est pas la souffrance qui est rédemptrice, mais la rencontre qui peut s’opérer au cœur de la souffrance.

     « Personne n’a jamais souffert autant que le Christ »

    La profondeur de la souffrance est en rapport direct avec le degré de sensibilité de chacun. Entre les hommes, la différence est immense : Une inattention n’aura aucune conséquence chez l’un et provoquera une blessure chez l’autre ; l’oreille du musicien est douloureusement écorchée par une fausse note, imperceptible pour d’autres ; l’homme spirituellement sensible perçoit l’état du coeur de celui qu’il rencontre, alors que la plupart des gens ne ressentent rien.

     

    Si cela vaut pour les hommes, qui donc pourra comprendre le Christ, Créateur de l’univers ? Nous le savons, plus nous aimons profondément, plus nous ressentons douloureusement le plus petit des conflits. Qu’a-t-il éprouvé, Lui, l’amour éternel, quand les hommes ont repoussé avec tant de haine le témoignage qu’il rendait au Père ? Qu’a-t-il éprouvé, Lui, la Vérité, quand il s’est livré au jugement de ceux qui l’ont condamné à mort ? Quel était l’état de son cœur quand ses proches l’ont renié ? Calomnié, insulté, déshonoré, cruellement battu, abandonné des siens, Il nous a aimé jusqu’à la fin. L’enfer du Christ ne pouvait être l’enfer de la haine, il fut au contraire l’enfer le plus douloureux, celui de l’amour.

    Bien que notre esprit ne puisse vraiment le saisir, tout cela nous confronte à l’amour dû à Dieu et au prochain.

    La révélation - même partielle - de la vie intérieure du Christ, est donc d’une valeur inestimable pour nous. Par une longue ascèse, par la prière, par la contemplation de sa Sainte Face, nous pénétrons peu à peu le sens éternel et le caractère spécial de ses souffrances. Nous comprenons qu’elles dépassent, non seulement qualitativement, mais aussi par leur puissance, tout ce que le monde connaît. C’est dans la mesure où nous connaîtrons ses souffrances rédemptrices que sa gloire éternelle et sa grâce reposeront sur nous aussi.

    Ainsi, que ce soit dans l’épreuve ou après l’épreuve, dans la souffrance ou après la souffrance, comment ne pas nous étonner d’être encore là ? Comment ne pas nous étonner d’être encore debout et comment ne pas nous demander si ce n’est par la force agissante de la grâce ?

    Bien que victorieux dans l’éternité, l’amour du Christ continue toujours à souffrir ! En effet, Dieu est tellement fou d’amour pour sa créature, qu’il attend « en souffrant » à la porte du cœur de chaque homme, la réponse libre de son enfant. Il attend, en souffrant de la souffrance de chacun.

    « Voici je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi » (Ap 3, 20)

    Pèlerinage de pauvreté et d’humilité. Jésus nous appelle à Le rencontrer jusque dans nos faiblesses et nos limites, en toute situation de vie, « abandon à l’amour du Père avec Jésus en croix ».

    Suzanne Giuseppi Testut  ofs 

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    * Certains passages sont inspirés de « Voir Dieu tel qu’il est » père Sophrony, Cerf/Sel de la Terre, 2004) moine du Mont Athos, puis fondateur du monastère Saint-Jean-Baptiste, à Maldon, dans l’Essex (Grande-Bretagne).

     


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  • APPELES A ETRE TEMOINS DE LA PAROLE  

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    Origène compare l’Ecriture sainte à « Un océan de mystère ».


    La Genèse, et toute l’Ecriture avec elle, s’ouvre sur deux mots : « Au commencement… » Le prologue de l’Evangile de Jean précise : « Au commencement était le Verbe… Et le Verbe était Dieu »

    L’Ancienne Alliance est placée sous le régime du Verbe. Les prophètes le rappelaient sans cesse et le peuple avait le choix de l’accepter ou de le refuser. La Nouvelle alliance est sous le régime de l’icône, qui est le Verbe en action et qu’il faut continuellement activer car il faut toujours dire à l’autre : « Viens et vois ». C’est ainsi que nous sommes tous appelés à être des témoins, solidaires du Christ. Ceux qui nous regardent doivent voir Dieu. Autrement, Dieu ne se fait voir de personne, si ce n’est de ceux qu’il choisit directement.

    Notre vie dans l’Eglise trouve sa force dans le Sauveur et demeure illuminée en Lui. Mais, nous sommes entourés de tous ceux dont le cœur est « de ce monde » et s’y trouve ancré ;  de tous ceux qui ne veulent pas approcher Son visage dans le sérieux et la vérité.

    Mais de tous ceux aussi qui ne savent pas comment  revenir :


    - Ceux qui se sont éloignés de l'Eglise ou sont allés voir ailleurs et qui un jour se disent : "Et si ce que j'attends se trouvait au sein de la Tradition Chrétienne ?"
    - Ceux qui, pendant ou après diverses thérapies ont réalisé qu'il manquait quelque chose pour parfaire leur guérison et pressentent que leur guérison implique ce retour vers Dieu et don un vrai dépassement.
    - Ceux qui ont pris conscience de la profondeur de leurs souffrances, de leurs blessures ou de leurs erreurs. Le cri "ça suffit" leur fait parfois entrevoir qu'il existe un chemin de guérison selon la Tradition chrétienne.
    - Ceux qui, baptisés ou non, riches de leur quête de sens, de leur histoire et riches de leur beauté intérieure - souvent ignorée - découvrent un désir, celui d'avancer sous le regard aimant de Dieu, sans renier leur humanité mais avec un regard lucide.

     

    Nous sommes accompagnés aussi dans notre vie en Eglise, de tous les jeunes, confrontés aux dures réalités de notre temps, en quête d’une spiritualité humaine et solide.

     

    Nous sommes toujours attristés dans le temps des hommes, c’est ce qui nous permet de goûter la force de la Résurrection. On ne peut porter la Croix qu’en s’associant à ceux qui l’abhorrent, qu’en aimant ceux qui éconduisent le Christ, qu’en étant à l’écoute de ceux qui doutent ou ne comprennent pas. Ils souffrent eux aussi, mais sans savoir trouver le chemin de la Résurrection au sein de leur douleur. Ils sont aussi nos frères dans l’espérance !

     

    Ainsi, la vie dans l’Eglise est loin d’être aisée car elle est à la recherche de ce qui n’est pas entièrement accompli. La particularité du chrétien engagé est que seul le ciel le dépasse. En ce sens, il est, sans aucune relâche, en tension vers le haut. Quel que soit le degré de justice atteint, il est toujours blessé par le péché. Le Christianisme est une aspiration alimentée par la promesse de la vie éternelle. Cette vie éternelle commence dès les premiers pas de notre cheminement vers Dieu. On peut devenir chrétien, non dans le sens de l’accomplissement d’un système clos mais dans le sens d’une vie dans l’espérance.  Engagé dans cette vie, le croyant reçoit Dieu et il est reçu par lui dans la gratuité de la compassion divine.

    Dans la Tradition chrétienne, l’amour de Dieu est un amour qui s’épanche à l’extérieur.

    Il y a l’aimant, il y a l’aimé, et il y a le témoin de l’amour, le co-aimé, capable de faire déborder l’amour, de partager ce qu’il a et de le multiplier à l’infini.

    Ceux qui nous regardent doivent voir Dieu … Entrons dans cette exigence de l’image. Fixons-nous comme objectifs de faire découvrir des chemins dans lesquels nous pouvons rencontrer le Christ, de faciliter la réflexion et de jalonner ces chemins en donnant des éléments de repositionnement concrets et humains, d’enrichir le chrétien mais aussi le non-chrétien. En un mot, ayons pour objectif d’ouvrir des chemins à l’évangélisation : Rencontrons dans la foi, partageons dans l’expérience, vivons l’Alliance dans l’amour.

    Convions ceux qui nous entourent à la rencontre avec le Christ Sauveur. Aidons-les à découvrir ce qui détermine l’homme dans sa structure ; à appeler Dieu, l’entendre et le connaître dans et par l’épreuve et ainsi donner un sens aux évènements de leur vie ; à restaurer la relation avec eux-mêmes, avec l’autre et avec le Tout-Autre ; à se laisser aimer, s’aimer et aimer ; à poser leurs premiers pas sur le chemin de la réconciliation.

    Aidons-les à déposer leur fardeau pour se relever et entrer dans la joie ; à aller à la rencontre de leurs dons et à poser des actes en coopération avec la grâce ; à déposer dans un cœur à cœur avec le Seigneur.

    « Dans l’amour on est « un » parce que l’amour nous unit. Dans l’amour on est « un » parce que l’amour nous respecte. Dans l’amour on est « trois » parce que l’amour nous dépasse. » (Fr. Théophane - Abbaye ND de Maylis - France)

     

    Suzanne Giuseppi Testut  ofs

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     Samedi :

    "poussé par l'Esprit, saint François apprend à déposer sa vie entre les mains du Christ"

    "La déposition est une initiation à la vie intérieure"

    Dimanche :

    "Le repentir - voie d'Espérance et de guérison"

    "Pourquoi recourir à Dieu et que nous permet-il ?"

     


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  • PARDONNER C’EST DIRE OUI  A L’AMOUR


      Suzanne-10--Poggio-Bustone-lieu-du-pardon-de-Francois.JPG

    Image : Ermitage (supérieur) de Poggio bustone - lieu du pardon de François - lieu de départ en mission des premiers frères. Lieu très très fort lorsque j'accompagne les pèlerins. Lieu que j'aime!

     

    « Loué sois-tu mon Seigneur, pour ceux qui pardonnent par amour pour toi ; qui supportent épreuves et maladies : heureux s’ils conservent la paix, car par toi, Très Haut, ils seront couronnés ». (François d’Assise - Cantique des Créatures v.10-11)

     

    Quel don est le plus précieux pour la vie de l’homme, sinon le pardon, don du Christ. Sans le pardon, nous serions voués définitivement à la mort car le processus de réconciliation qui nous ouvre à la vie éternelle, ne pourrait s’accomplir.

    Quand le Christ annonce : « Le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés », il nous dit : « Je prends sur moi de pardonner. Je ferai ce qu’il faut, je m’en charge auprès du Père. Je vous offre la possibilité de revenir au Père. » Quelle promesse, quel engagement ! Le Christ nous donne la certitude qu’avec son pardon il fait de nous des « hommes nouveaux » et nous fait renaître à la vie.

     

    Savons-nous vraiment apprécier ce don fait à chacun en particulier et sans contrepartie ?

    Savons-nous en ressentir la valeur profonde ? Ou pensons-nous que nous pouvons continuer à vivre notre vie sans la grâce du pardon et de la réconciliation ?

    Sommes-nous conscients que ce don nous permet à notre tour de pardonner ?

    Les Pères de l’Eglise nous rappellent tous : « Votre frère est votre vie » « Tu aimeras ton prochain comme ton propre moi ». Ainsi, pardonner est un acte d’amour envers soi et envers l’autre. C’est de cette façon que nous nous accomplissons en tant qu’êtres humains faits à l’image de Dieu.

    Sommes-nous tous prêts à accepter le pardon purificateur que le Christ nous offre et l’apaisement qui l’accompagne ?

    Il semble bien que non. Certains d’entre nous vont même jusqu’à dire : « Je ne me pardonne pas » « Je suis impardonnable ». Quel orgueil ! Nous nous plaçons au dessus de Dieu par notre refus de nous pardonner, par le refus du pardon de l’autre et celui du pardon de Dieu. Il faut d’ailleurs bien comprendre les deux sens de notre refus : nous pouvons refuser de pardonner à l’autre mais nous pouvons aussi refuser son pardon. Nous pouvons refuser le pardon de Dieu et nous ne pardonnons pas à Dieu. Sans réciprocité d’accueil du pardon, il ne peut y avoir de véritable conversion.

     

    Si le pardon est tellement difficile à demander, à donner ou à recevoir c’est que nous cherchons à nous justifier coûte que coûte : ce n’est pas moi le coupable, c’est l’autre qui a allumé les hostilités. La première brisure avec Adam et Eve, à l’aube de l’histoire humaine, s’ouvre sur une relation d’amour blessée suivie d’un sentiment de honte. Notre difficulté à pardonner, ou à recevoir le pardon, est engendrée par ce sentiment de honte plus ou moins refoulé, nous tenons à le cacher mais sans succès car, comme dit Job : « Dieu met à découvert ce qui est caché dans les ténèbres » (Jb 12,22)

    Dieu prend l’initiative de la guérison de la brisure, c’est-à-dire du péché qui est éloignement de la source de vie, dislocation de l’être. Il répare, rétablit l’unité. Alors, tout pardon formulé sur terre a une résonance au ciel : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Nous pouvons pardonner parce que Dieu, le premier, offre son pardon. Parce qu’il est disposé à nous prêter main-forte.

    Comme disait le curé d’Ars : « Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon, mais c’est Dieu qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui. »

    Ecoutons le Pater paraphrasé de saint François d’Assise - v 9-10

    « Pardonne-nous nos offenses

     Par la vertu de la Passion de ton Fils bien-aimé

                Notre Seigneur Jésus-Christ ;

    Par les mérites et par l’intercession

                De la bienheureuse Vierge Marie

                Et de tous tes élus.

    Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

    Et ce que nous ne pardonnons pas pleinement,

    Toi, Seigneur, fais que nous le pardonnions pleinement :

    Que nous aimions vraiment nos ennemis à cause de toi ;

    Que nous arrivions à te prier sincèrement pour eux ;

    Qu’à personne nous ne rendions le mal pour le mal,

    Mais que nous nous appliquions à faire du bien à tous, en toi !

     

    Il était évident que, pour François d’Assise, nous sommes responsables de la paix dans le monde, bien au-delà du cercle où nous évoluons. « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera ». Ces mots doivent forger en nous un cœur nouveau. La violence et le mal sont terriblement contagieux, mais le bien et la paix le sont aussi. Poser des gestes de pardon avec son conjoint, un voisin de palier grincheux, un collègue de bureau irascible, c’est peut-être faire lever un rayon de paix à l’autre bout de la planète, car nous sommes solidaires et responsables pour tous et en tous. Mais si nous n’apprenons pas à faire la paix, à pardonner, à partager un peu d’amour, alors, comme le dit le Christ, « les pierres crieront ».

     

    Que faire si nous n’arrivons pas à pardonner ou si cela nous paraît humainement impossible ?

    C’est par la voie de l’humilité  et de l’amour que le Christ accorde le pardon. Et quand il veut pardonner aux bourreaux qui le crucifient - c’est chacun de nous - le Christ ne s’approprie pas le pardon à lui tout seul, mais il le demande au Père : « Père, pardonne-leur… » Aussi, quand nous n’arrivons pas à pardonner parce que la blessure est trop grande ou que la haine s’est installée, faisons mémoire du pardon de Dieu et nous réaliserons que ce pardon est sans condition.

    Si nous ne pouvons y accéder mais que notre désir de pardon est profond et sincère, demandons au Seigneur de nous aider à accomplir ce pardon en nous-mêmes.

    Mais quand le mal est trop profond et qu’il nous ronge au point d’endurcir notre cœur, cessons de nous faire du mal avec le mal que l’on nous a fait, demandons au Seigneur qu’il mette le désir du pardon dans notre cœur.

     

    Pardonner, c’est donner de son sang. Pardonner, c’est donner une partie de soi-même. Pardonner, c’est communier au corps et au sang du Christ et prendre pour modèle la Miséricorde de Dieu.

     

    Pardonner, c’est laisser résonner en nous la voix de Dieu qui pardonne :  

    « Père, pardonne-leur… »

     

    Suzanne Giuseppi Testut  ofs

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    DEPOSER SA VIE AVEC FRANCOIS D'ASSISE

     Samedi :

    "poussé par l'Esprit, saint François apprend à déposer sa vie entre les mains du Christ"

    "La déposition est une initiation à la vie intérieure"

    Dimanche :

    "Le repentir - voie d'Espérance et de guérison"

    "Pourquoi recourir à Dieu et que nous permet-il ?"

     


    - Temps de mission - Parcours spirituel (depuis un an) - district de la Vallée de la Cèze - le 25 avril


    - Poursuite de la formation du groupe d'Orthez (Landes) les 30 avril - 1er et 2 mai


    - Au Couvent des Clarisses - 35 rue Saint Gilles 64300 ORTHEZ - Tél : 05.59.69.46.55

    Du Samedi 1er au Dimanche 2 mai 2010 - de 9h à 18h. 

    SAINT FRANCOIS D'ASSISE ET LE CHRIST DE SAINT DAMIEN

    Mystère et Symbolisme "Icône de la Résurrection, cette croix tient lieu de Livre et d'Eglise"

     (J'anime cette retraite avec le frère Francisco Liborio T.O.R.)


    - A la Maison diocésaine de Bordeaux - Centre Louis Beaulieu - 145 rue Saint Genès 33082 BORDEAUX

    Le Jeudi 6 mai à 20h.

    CONFERENCE SUR "LA DEPOSITION’’


    - Conduite et animation du Pèlerinage à Assise avec le groupe de la Vallée de la Cèze du 23 au 31 mai


    - Partage sur la déposition avec les Clarisses Françaises d'Assise, début juin


    - Au Québec en Octobre 2010, plus de détails dans un proche avenir.

             - Sherbrooke le mercredi 13 octobre (plus de détails bientôt)


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  • LA RESURRECTION - UN EVENEMENT  NOUVEAU  

     

    suzanne-Croix--9.JPG la photo : Le Christ de l'ermitage de Collepino (près d'Assise). (Ce Christ est gravé sur la vitre de la chapelle de l'ermitage. C'est la Mère Abbesse (carmélite) qui l'a dessiné. Cette chapelle est d'une très grande beauté car d'un dépouillement et d'une pureté extraordinaires. La symbolique y est exprimée avec une très grande subtilité. J'y amène les pèlerins en fin de pèlerinage à Assise. Suzanne

     

    La résurrection du Christ, « re-surgi » du tombeau le troisième jour, est un évènement suprêmement et incomparablement nouveau. La résurrection du Christ signifie un changement fondamental dans l’orientation du temps et de l’histoire. Le temps qui se dirigeait vers la mort, est devenu un temps en marche vers la vie éternelle, vers la Fin, vers le Siècle à venir. Et puisque la résurrection du Christ représente l’inauguration de l’Eschaton (les fins dernières), nous pouvons dire que le temps et l’histoire, au lieu d’être un mouvement du passé vers le présent, est devenu un mouvement à partir du futur vers le présent : l’histoire vient à nous depuis le futur, depuis le jour dernier, depuis la résurrection finale¸ lorsque toutes choses auront été faites nouvelles.

     

    Voici que par la croix la joie est venue dans le monde entier.

    L’autre nouveauté que le Christ confère, comme en témoignent les pèlerins d’Emmaüs, c’est la joie.

    Ainsi commence l’Evangile selon Luc : « Ne craignez point ; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie » (Lc 2,10)

    Voici comment il se termine : « Après l’avoir adoré, ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie » (Lc 24,52)

     

    Cependant, jusqu’au second avènement, la « joie » que le Seigneur incarné et ressuscité nous apporte, ira toujours de pair avec le fait de porter la croix. Ce n’est pas sans raison qu’à partir de notre baptême, consciemment ou non,  nous portons une croix.

    Notre propre transformation prend du temps et nous en faisons tous les jours la douloureuse expérience. Nous ne passons pas subitement des ténèbres à la joie, c’est-à-dire, du Vendredi Saint jour de la crucifixion, au dimanche, jour de la Résurrection où les ténèbres se transforment en Lumière. Entre les deux il y a le Samedi Saint, jour de transformation où, par sa mort, le Christ a vaincu la mort. Bénissons ce jour car il est celui où le Christ nous prend par la main, par sa Parole, et où l’Esprit Saint entre dans notre cœur afin de donner à notre vie cohérence et consistance, amour, compassion et joie. Le Christ attend que nous Lui laissions revivre en nous le mystère de Pâques.

     

    Comment devons-nous entrer dans cette « nouveauté » de la Résurrection ?

    Associés à la mort du Christ et à sa résurrection, nous sommes invités à choisir la conversion du cœur et à passer par la « porte étroite ». Pour cela, nous avons à nous désencombrer, à nous détacher de notre propre vie. Toutefois, Dieu ne nous demande pas de renoncer à nos affections les plus naturelles mais, parce qu’Il est au cœur de ces affections de par son humanité, Il veut simplement leur donner une dimension plus profonde. Il nous invite à descendre en nous-mêmes et à extirper de nous les racines de la mort par la transformation de notre vie en une offrande d’amour. En effet, il ne peut pas y avoir d’acte d’offrande sans amour. La chose la plus importante qui puisse se produire entre Dieu et l’homme, et également entre une personne humaine et une autre, c’est le fait d’aimer et d’être aimé. C’est l’amour qui est au cœur du mystère divin de la Sainte Trinité ; c’est l’amour qui est au coeur du mystère de l’homme créé à l’image de Dieu et à sa ressemblance ; c’est l’amour qui est à l’origine de l’Incarnation ; c’est l’amour qui se manifeste sur la croix.



     

    Comment devons-nous partager la « nouveauté de la Résurrection avec les autres ?

    Il nous arrive d’entendre : « Vous avez de la chance. Vous êtes chrétiens. Pour vous, c’est plus facile ». Ou encore : « J’aimerais croire comme vous, je souffrirais moins ». Nous pouvons avec raison réagir en affirmant que, comme tout un chacun, nous pleurons, nous souffrons, nous connaissons la tristesse et la douleur des séparations, des angoisses, des échecs, des injustices. Mais nous pouvons rajouter avec amour et compassion que nous croyons que le Christ est aux côtés de tout être humain dans l’épreuve. Nous pouvons témoigner que nous faisons l’expérience de sa présence illuminant notre existence, parce qu’il est lui-même, « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). En toute simplicité de cœur nous pouvons alors dire que notre vie n’est pas plus facile mais, qu’avec le Christ, elle est remplie de la joie de sa présence et de la force de son Esprit.

     

    Témoignons que nous aimons notre condition d’hommes et de femmes car nous sommes créatures privilégiées, objets d’un amour sans borne et d’une miséricorde sans limite. Le Seigneur est un écoutant sans faille qui nous assiste et nous accompagne dans nos morts et nos résurrections successives. Par son écoute, il éveille en nous le goût de la rencontre. Ainsi, nous avons tous la capacité d’accéder à la Beauté et à la Résurrection.

    Si nous bénissons Dieu pour tout ce qui nous est donné, nous guérissons, car l’action de grâce est puissance de réconciliation et de résurrection.

     

    En Jésus Sauveur, le futur est déjà là.

    Dans notre présent, la vie éternelle a commencé.

    Le Christ nous offre une plénitude de vie qui se poursuivra après la mort. Nous goûtons aujourd’hui à ce qui durera toujours si, dans une totale confiance, nous nous laissons saisir par le Ressuscité. Il affirme en effet : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais » (Jn 1,25-26)

    Notre résurrection commence donc ici-bas, chaque fois que nous nous dépassons, nous ressuscitons.

    C’est dès maintenant que doit germer en nous le projet de vie du Christ pour qu’il s’accomplisse.

    C’est dès maintenant que nous devons apprendre de Lui « ce qu’il a entendu de son Père ».

    Notre pèlerinage consiste à faire de notre existence un atelier de perfectionnement afin d’aiguiser toutes nos facultés, toutes nos qualités, pour entrer dans l’existence future que nous propose le Christ.

     

    Le Christ est ressuscité et sa résurrection est bien l’évènement central de notre foi !

     

    Paix et joie au long de votre route !

     

    Suzanne Giuseppi Testut  ofs

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      Pour votre information voici où vous pourriez rencontrer Suzanne dans les prochaines semaines.

     


    - Au Foyer Franciscain - Rue A. de Quartery 1  1890 St-MAURICE, SUISSE - Tél : +41 (0) 24.486.11.11

    Week-end de formation franciscain et conférence les 17 et 18 avril à Saint Maurice en Suisse 

    Du Samedi 17 au Dimanche 18 avril 2010 - de 9h à 17h30

    DEPOSER SA VIE AVEC FRANCOIS D'ASSISE

     Samedi :

    "poussé par l'Esprit, saint François apprend à déposer sa vie entre les mains du Christ"

    "La déposition est une initiation à la vie intérieure"

    Dimanche :

    "Le repentir - voie d'Espérance et de guérison"

    "Pourquoi recourir à Dieu et que nous permet-il ?"

     


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    SAINT FRANCOIS D'ASSISE ET LE CHRIST DE SAINT DAMIEN

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    Le Jeudi 6 mai à 20h.

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  • L’ACTE DE DEPOSITION DANS LA TENTATION DU DESESPOIR

     

     

     

    L’acte de déposition du Christ à Gethsémani est décisif pour l’humanité car il réconcilie l’homme avec Dieu le Père, et lui ouvre ainsi la voie du Salut.

     

    Suzanne-Oliviers-d-Assise--8.jpgJésus à Gethsémani.

    « Là-dessus, Jésus alla avec eux dans un lieu appelé Gethsémani, et il dit aux disciples : Asseyez-vous ici, pendant que je m’éloigne pour prier. Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, et il commença a éprouver de la tristesse et des angoisses. Il leur dit alors : Mon âme est triste jusqu’à la mort, restez ici et veillez avec moi. Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta sur sa face, et pria ainsi : Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. Et il vint vers les disciples, qu’il trouva endormis, et il dit à Pierre : vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi ! Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation ; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. Il s’éloigna une seconde fois, et pria ainsi : Mon Père, s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! Il revint, et les trouva encore endormis ; car leurs yeux étaient appesantis. Il les quitta, et, s’éloignant, il pria pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles … » (Mt 26,36-44)

    … Plus tard, Jésus dit à Judas : « Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le. » (Mt 26,50)

     

    Comme nous allons le voir, l’acte de déposition peut nous éviter de succomber à la tentation du désespoir :

    « Il commença à éprouver de la tristesse et des angoisses. »

    Jésus souffre. Il dit : « Mon âme est triste jusqu’à la mort » Cela est l’expression même du désespoir. Jésus est « familier de la souffrance » : Il souffre de la foule « incrédule et pervertie » (Mt 17,17) ; il souffre du rejet des siens « qui ne l’ont pas reconnu » (Jn 1,11) ; il pleure devant Jérusalem (Lc 19,41 ; Mt 23,37). Jésus pleure sur toute la souffrance des hommes, conséquence du péché. Mais ici, à Gethsémani, il est troublé à la pensée de sa passion. Sa souffrance devient alors une détresse mortelle, une agonie, un combat dans l’angoisse et la peur. Jésus est dans une situation de désespoir. Que fait-il ? Il entame un processus de déposition.

    « Il se jeta sur sa face et pria. »

    Etait-ce pour masquer son trouble, ses larmes ? C’est en tout cas un acte d’urgence accompli dans la plus grande humilité. Non seulement, Dieu est descendu jusqu’à nous, jusqu’à la dernière marche de l’échelle, mais il s’agenouille même face contre terre et se frotte à la poussière !

    « S’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi ! »

    Ce n’est pas un ordre que lance Jésus, c’est une demande claire, précise, un appel direct qu’il adresse à son Père. C’est une supplication. Jésus ne recherche pas la souffrance, il est tenté de repousser cette épreuve et il l’exprime. Par cet acte de déposition, il ose en faire part à son Père. Il dépose sa souffrance. C’est l’humilité de cette plainte qui arrache le Christ au désespoir. Elle exprime le lien indissoluble qui l’unit au Père et l’engage vis-à-vis de sa volonté.

    « Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » … « Que ta volonté soit faite ! »

    C’est cet acte de déposition qui a permis à Jésus d’entrer librement dans sa Passion et d’échapper au désespoir. Il accepte la volonté du Père et il la fait sienne car il sait « pour qui » et « pour quoi » il l’accomplit. Il peut aller maintenant jusqu’au bout de sa promesse et, jusqu’au golgotha, il témoignera qu’il est aussi vrai Homme en éprouvant jusqu’au bout les sentiments humains tout en s’abandonnant et en obéissant à la volonté de son Père.

    « Ce que tu es venu faire, fais-le. »

    Ici, Jésus donne un ordre ! Par cet ordre il prouve que son acceptation est totale. Il ne résiste pas et pose l’acte qui, ici et maintenant, va dans le sens de la volonté de son Père. Dans ce dernier acte de déposition, il montre comment l’union des deux volontés s’accomplit. Nous assistons là au déroulement du plus bel acte de déposition que l’on puisse imaginer. Il choisit de s’unir à la volonté du Père c’est-à-dire à l’Amour qui connaît le bon chemin pour sortir des embûches humaines. Il est en total accord avec cette volonté et il dit « oui » car il sait que refuser la croix, c’est refuser de pardonner ; refuser la croix, c’est refuser la liberté ; refuser la croix, c’est dire oui à la mort et non à la vie. Dieu dit tout quand il se tait pour mourir, la Croix est parole de révélation.

     

    Il nous faut aimer sans restriction, l’Amour de celui qui nous a beaucoup aimés ! Il est remarquable de noter comment, à travers sa passion, le Christ nous met sur le chemin de la déposition afin d’éviter le désespoir :

    Voir et nommer sa souffrance. Surtout ne pas la nier.

    Prier dans l’humilité.

    Adresser au Père une demande claire et précise tout en acceptant de ne pas être exaucé.

    Accepter la volonté du Père et la faire sienne.

    Poser un acte en conséquence.

    Affirmer son oui.

    Se re-poser en Dieu, le Père, pour aimer jusqu’au bout.

    Entrer dans le silence et prier.

    La déposition est essentiellement un cheminement du cœur, un acte d’amour librement consenti, qui s’accomplit sous le regard de Dieu. (sugg. reprendre l'article en cliquant sur - Vivre la relation de Dieu à l’homme du 17.02.2010)

     

    Nous pouvons nous aussi, au cœur de notre déposition, trouver refuge dans cet acte suprême de confiance. Nous saurons alors que nous sommes « entre ses mains », qu’elles nous soulèvent et nous portent. Ayant vécu sa Passion, Jésus ne peut être insensible à la douleur humaine. Il ne peut être témoin d’une souffrance sans en être profondément ému d’une miséricorde divine (Mt 9,36 ; 14,24 ; 15,323). Et, parce que le Christ a connu le comble de la souffrance, il peut devenir le Confident, le Consolateur, l’Ami qui va nous aider non seulement à la porter mais aussi à la transformer, peut-être même jusqu’à la joie, la joie parfait de la « révélation » (Jn 11,4)

     

    L’homme, par la déposition, est en mesure d’entrer en relation personnelle et vitale avec Celui qui s’est fait homme. C’est à travers notre désir, notre amour, notre obéissance à la Personne du Christ que se parfait l’union à Dieu.

     

    « Si tu veux arriver à posséder le Christ, ne le cherche jamais sans la croix. Celui qui ne cherche pas la croix du Christ ne cherche pas la gloire de Dieu. » (Ermitage de Cordoue/Espagne)

     

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs

     

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