• balado Plusieurs traditions de la mort de Judas

     

    audioCapsule audio : 22 min. ICI

     

    Nous avons deux récits forts différents de sa mort dans le Nouveau Testament et même une troisième version encore plus surprenante provenant d’un père de l’Église. Le premier provient de l’évangile de Matthieu et nous dit qu’il s’est suicidé par pendaison. Le deuxième est transmis par les Actes des Apôtres décrivant que Judas tombe la tête la première; son corps éclate par le milieu et ses entrailles sont répandues sans qu’il ne soit nécessaire d'interpréter l'événement comme un suicide. Finalement, un père de l’Église transmet une tradition où Judas devient si obèse qu’il en meurt. Enfin, nous aborderons la question de l’évangile de Judas et de la controverse autour d’une interprétation positive de la figure de ce disciple que la tradition a discrédité.

    Série « Récits insolites de la Bible » diffusée sur les ondes de Radio Ville-Marie (Montréal).
    Première diffusion le 10 mai 2011 • Réalisation et animation : Sébastien Doane • Lectrice invitée : Marie Laferrière • Technicien : Alain Primeau •  Extraits musicaux : Loreena Mckennit; Fernando Sor, Air #5 Opus 19, Margarita Escarpa; Joaquin Rodrigo, Adagio du Concierto de Aranjuez, Norbert Craft.

    Sébastien Doane, bibliste, est l'auteur de Mais d'où vient la femme de Caïn? Les récits insolites de la Bible (Novalis/Médiaspaul, 2010) dont la série s'inspire.

    Index des balados de la série Récits insolites de la Bible »

     

    Source http://www.interbible.org/

     

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    Un marin compatissant


    Un lépreux vient trouver Jésus; il tombe à ses genoux et le supplie : 'Si tu veux tu peux me puri-fier'. Pris de pitié devant cet homme, Jésus étend la main ...


    pain-unit--2.gif     Il y a plusieurs années un viel homme s'est effondré au coin d'une rue très achalandée dans le centre-ville de Brooklyn. En peu de temps une ambulance l'amena à l'hôpital du quartier où le vieillard demanda pour voir son fils. L'infirmière trouva une vieille lettre de son fils, un marin qui travaillait à Boston.

         Cette nuit là un marin inquiet s'est présenté à l'hôpital. Immédiatement, l'infirmière qui avait trouvé la lettre du vieil homme amena le marin auprès de ce dernier. Le vieil homme était semi-conscient à cause des nombreux calmants qu'il avait pris. L'infirmière lui dit à plusieurs reprises «Votre fils est ici! Votre fils est ici!».

        Finalement, le vieil homme s'est ouvert les yeux. Il ne pouvait pas voir clairement le visage de son fils mais il pouvait reconnaître son habit de marin. Le marin prit la main de son père et la tint longuement dans la sienne.

        Le marin est resté toute la nuit auprès du vieil homme. Il lui prenait souvent la main et lui parlait tendrement. À plusieurs reprises l'infirmière lui a proposé d'aller se reposer et de prendre quelque chose à manger ou à boire. Il a toujours refusé. À l'aube le vieil homme est décédé.

         Quand l'infirmière a présenté ses sympathies au marin, celui-ci répondit : « Qui était cet homme? ». « Ce n'était pas votre père? » demanda l'infirmière. « Non », dit le marin. « Je n'avais jamais vu cet homme de ma vie ». « Pourquoi n'avez-vous rien dit? » lui demanda l'infirmière : «J'ai découvert qu'il était trop malade pour se rendre compte que je n'étais pas son fils. J'ai vite découvert aussi qu'il allait bientôt mourir et qu'il avait besoin d'un fils. Aussi j'ai décidé d'être son fils pour les derniers moments de sa vie ».


    LIEN : C'est Mark Link, un jésuite qui a raconté cette histoire. Après l'avoir raconté il a expliqué qu'il aimait cette histoire pour deux raisons. Premièrement, elle illustre bien le type de compassion que Jésus a montré dans l'Évangile quand il a guéri le lépreux. L'évangéliste nous raconte que lorsque Jésus a vu le lépreux, il a été pris de pitié, il a étendu sa main et l'a guéri.

        C'est exactement ce que fit le marin. Quand il a vu le vieil homme, il a été pris de pitié, il a étendu sa main... et prit tendrement celle de cet homme malade. L'histoire montre le marin traitant le vieil homme avec la même compassion que Jésus a montrée pour le lépreux.

         L'histoire est belle pour une seconde raison. L'évangéliste Marc raconte qu'un jour Jésus était tellement occupé avec les gens qu'il n'a pas eu le temps de manger (Marc 3, 20). Jésus s'est toujours engagé personnellement pour ceux et celles qui avaient besoin de lui.

        Cette histoire présente un marin heureux de payer de sa personne la compassion qu'il veut démontrer au vieil homme. Même s'il était fatigué et qu'il manquait de sommeil, il est resté à tenir la main de l'homme toute la nuit. Il a fait exactement ce que Jésus a fait dans l'Évangile.

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    L'Exortation apostolique Verbum Domini (5/6)

    Le Christ Parole et la liturgie

    La deuxième partie de l’Exhortation est consacrée à la Parole de Dieu dans l’Église (no 50-89). Après avoir montré que l’Église, comme autrefois Marie, accueille la Parole de Dieu et que le Christ Parole lui est toujours actuellement présent, on aborde deux grands thèmes qui caractérisent la vie de l’Église : d’abord, la liturgie, comme lieu privilégié de la Parole de Dieu (no 52-71) ; puis diverses fonctions de la Parole dans la vie ecclésiale (no 72-89). Nous nous limiterons ici à souligner que la liturgie nous permet de rencontrer le Christ présent dans sa Parole, en n’oubliant jamais que le Parole est une personne, le Christ Jésus, et que le but ultime de notre rapport avec les Écritures est de faire l’expérience de la rencontre du Christ.

    La présence réelle du Christ Parole

         D’entrée de jeu, l’Exhortation affirme que c’est au cœur de la liturgie que s’exprime, grâce aux Écritures et par l’action de l’Esprit Saint, le dialogue entre Dieu et son peuple et l’actualisation, dans la vie des fidèles, de la Parole de Dieu toujours aussi vivante et actuelle. Le pape reprend certains principes de la constitution conciliaire sur la liturgie. On lit donc ceci au no 52 :

    En considérant l’Église comme « la demeure de la Parole », on doit avant tout prêter attention à la sainte liturgie. C’est vraiment le lieu privilégié où Dieu nous parle dans notre vie présente, où il parle aujourd’hui à son Peuple qui écoute et qui répond. Chaque action liturgique est par nature nourrie par les Saintes Écritures. Comme l’affirme la Constitution Sacrosanctum Concilium, dans la célébration de la liturgie, la Sainte Écriture est de la plus grande importance. C’est d’elle que sont tirés les textes qui sont lus et qui sont expliqués dans l’homélie, ainsi que les Psaumes qui sont chantés; […] Mieux encore, on doit dire que c’est le Christ lui-même qui « est là présent dans sa Parole, puisque lui-même parle pendant que sont lues dans l’Église les Saintes Écritures ». […] L’Église a toujours été consciente que durant l’action liturgique, la Parole de Dieu est accompagnée par l’action intime de l’Esprit Saint qui la rend efficace dans les cœurs des fidèles.

         Les Écritures sont ainsi présentes dans la célébration de tous les sacrements et d’une façon particulière dans l’Eucharistie qui est le mémorial du don que Jésus fait de sa vie pour nourrir et fortifier au quotidien notre vie de baptisé/e. Les Écritures ne sont pas un élément accessoire de la liturgie eucharistique. Tout en respectant la foi dans la présence réelle du Christ dans le sacrement de son Corps et de son Sang, il ne faut pas négliger le fait que le Christ, la Parole faite chair, est aussi réellement présent dans les Écritures que l’on proclame pour que nous les écoutions et les mettions en pratique grâce à l’homélie qui en montre l’actualité. Là-dessus, il est intéressant de lire la référence de l’Exhortation à un enseignement de saint Jérôme : 

    « Nous lisons les Saintes Écritures. Je pense que l’Évangile est le Corps du Christ; je pense que les Saintes Écritures sont son enseignement. Et quand il dit : Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang (Jn 6, 53), ses paroles se réfèrent au Mystère [eucharistique], toutefois, le Corps et le Sang du Christ sont vraiment la Parole de l’Écriture, c’est l’enseignement de Dieu. Quand nous nous référons au Mystère [eucharistique] et qu’une miette de pain tombe, nous nous sentons perdus. Et quand nous écoutons la Parole de Dieu, c’est la Parole de Dieu et le Corps et le Sang du Christ qui tombent dans nos oreilles et nous, nous pensons à autre chose. Pouvons-nous imaginer le grand danger que nous courons? » (In Psalmum. 147: CCL 78, 337-338)

    « La chair du Seigneur est une vraie nourriture et son sang est une vraie boisson; ce vrai bien qui nous est réservé dans la vie présente, consiste à manger sa chair et à boire son sang, non seulement dans l’Eucharistie, mais aussi dans la lecture de la Sainte Écriture. En effet, la parole de Dieu, puisée dans la connaissance des Écritures, est une vraie nourriture et une vraie boisson » (Saint Jérôme, Commentarius in Ecclesiasten, n. 313: CCL 72,278).

     

    Yves Guillemette, bibliste

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  • PHILIPPES 1/5

    Philippes, une ville romaine

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    Ruines de l'antique Philippes (photo : cnsteinle, licence CC) 

    Philippes, octobre 60. On arrive à Philippes en suivant la Voie Egnatia qui, rappelons-le, relie l’Asie mineure à la mer Adriatique, qui sépare la Grèce de la péninsule italienne. La ville de Philippes est construite sur une colline, adossée aux monts Pangée qui ne lui permettent qu’une seule ouverture vers l’ouest. De Thessalonique, en passant par Amphipolis, le voyageur traverse une plaine fertile où se côtoient l’agriculture et l’exploitation de mines d’où l’on extraie de l’or et de l’argent. Une route secondaire relie Philippes au port de Néapolis sur la mer Égée. De ce port, on peut, durant la saison navigable, aborder Éphèse en Asie mineure, épargnant ainsi des semaines de transport terrestre.

         La ville doit son nom à Philippe II, roi de Macédoine et père d’Alexandre le Grand. Dans les années 358-357 avant notre ère, Philippe annexa à son royaume un ensemble de petites bourgades, connues sous le nom de Krenidès et appartenant jusque là à la Thrace. Il en fit une ville fortifiée. En 169, Philippes tombe devant les armées romaines. Quelques années plus tard, lorsque la Macédoine devient province romaine (en 148), Philippes jouit du rôle de ville-relais sur l’importante Voie Égnatia. Dès lors, le sort de Philippes est intimement lié aux destinées de l’empire romain.

         Durant la guerre civile qui suit l’assassinat de Jules César, la plaine de Philippes est le théâtre, en l’an 42 av. J.-C., de la bataille qu’Octave et Antoine ont livrée à Brutus et Cassius, les deux meurtriers de l'empereur. Après la victoire, Antoine colonise la ville. L’entreprise sera poursuivie une dizaine d’années plus tard par Octave, mieux connue sous le nom d’Auguste, vainqueur d’Antoine à Actium (31 avant J.-C.). Auguste installe à Philippes un groupe de vétérans de son armée, faisant ainsi de la ville une colonie militaire.

         Une telle présence d’anciens soldats et d’émigrés provenant d’Italie font de Philippes une ville où l’on vit à la romaine. La ville reçoit le titre de « municipe ». Cela signifie que la ville est annexée à Rome et qu’elle jouit des mêmes privilèges que si elle était située en Italie. Dans le concret, ses dirigeants ou stratèges, au nombre de deux, sont élus chaque année et ont l’honneur, quand ils se rendent au siège du gouvernement, d’être précédés des faisceaux et de la hache, signes du pouvoir civil. De plus, les habitants de la ville jouissent du droit de citoyenneté romaine. Favorisée par l’Empereur, la ville est équipée d’un forum, d’un théâtre et d’un capitole (édifice gouvernemental).

         Parvenu à Philippes, j’éprouve un sentiment de fierté en parcourant ses rues, puisque c’est ici que l’apôtre Paul foula pour la première fois, en l’an 50, le sol de l’Europe pour y proclamer la Bonne Nouvelle du Christ à des gens qui appartenaient à une culture différente du judaïsme.

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    Dossier franciscain


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  • EUCHARISTIE DES PREMIERS CHRÉTIENS 4/4

    La pratique de l'Eucharistie au IIe siècle

    Eucharistie prem chrétiens

    Fresque paléochrétienne représentant la dernière Cène

    C'est à partir du IIe siècle que l'on commence à trouver des informations plus explicites sur la liturgie eucharistique de l'Église.

         Un premier témoignage nous vient de la Didachè (ou: Doctrine du Seigneur transmise aux nations par les douze apôtres) qui est une sorte de guide disciplinaire pour la vie d'une communauté chrétienne. On date cet ouvrage approximativement entre 90 et 160. L'extrait suivant rapporte les bénédictions qui sont prononcées sur le pain et le vin ainsi qu'une mise en garde sur la qualité des participants.

    Pour ce qui est de l'eucharistie, rendez grâces ainsi, d'abord sur le calice : Nous te rendons grâces, notre Père, pour la sainte vigne de David ton serviteur, que tu nous as fait connaître par Jésus ton serviteur.À toi la gloire pour les siècles. Puis sur le pain rompu : Nous te rendons grâces, notre Père, pour la vie et la connaissance que tu nous as fait connaître par Jésus ton serviteur. — À toi la gloire pour les siècles.

    Comme ce pain rompu, d'abord dispersé sur les montagnes, a été recueilli pour devenir un, qu'ainsi ton Église soit rassemblée des extrémités de la terre dans ton royaume. Car à toi appartiennent la gloire et la puissance par (Jésus Christ) pour les siècles.

    Que personne ne mange ni ne boive de votre eucharistie, si ce n'est les baptisés au nom du Seigneur; car c'est à ce sujet que le Seigneur a dit : « Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens. » (Mt 7,6). • Didachè 9, 1-5

         L'autre témoignage provient de saint Justin et nous fait voir le développement que la liturgie eucharistique a connu au milieu du IIe siècle dans l'Église de Rome. On remarquera que la lecture de la Loi a été remplacée par celle des Évangiles que l'on appelle « mémoires des Apôtres ».

    Le jour qu'on appelle « jour du soleil », tous, qu'ils habitent dans les villes ou les campagnes, se rassemblent en un même lieu. On lit alors les mémoires des Apôtres ou les Écrits des Prophètes, aussi longtemps que le temps le permet. Quand le lecteur a terminé, celui qui préside prend la parole et exhorte a imiter ces beaux enseignements. Nous nous levons ensuite tous ensemble et nous prions, à haute voix. Puis, comme nous l'avons déjà dit plus haut, lorsque la prière est terminée, on apporte du pain, du vin et de l'eau. Celui qui préside fait alors des prières et des actions de grâce, autant qu'il peut. Et tout le peuple répond par l'acclamation : Amen! On distribue et on partage alors les eucharisties à chacun, et on envoie des diacres en porter à ceux qui sont absents. • Justin, Première Apologie, chapitre 67, 35

    Yves Guillemette

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  • L'Exortation apostolique Verbum Domini (4/6)

    La rencontre du Christ Parole dans les Écritures

    Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, affirme-t-on dans le Prologue de l’Évangile selon saint Jean. Ce verset inspire la première partie de l’Exhortation Verbum Domini qui porte sur Jésus Christ, la Parole de Dieu. Ce Verbe, cette Parole, faut-il insister, c’est une personne, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu qui nous conduit à connaître le Père et à communier à sa Vie.

     

         Le texte des Écritures se situe dans la logique de l’Incarnation. De même que le Verbe de Dieu a pris chair et a vécu dans un contexte historique précis, de même le texte des Écritures apporte un support physique et matériel à la Parole de Dieu dans le cours de l’histoire et de la tradition vivante de l’Église.

     

         Quiconque lit les Écritures se trouve à un moment où l’autre dans la situation du fonctionnaire éthiopien qui, après être allé en pèlerinage à Jérusalem, retournait chez lui (Actes 8, 26-40). Encore tout imprégné de son expérience religieuse, il lit « la bible », en particulier un passage d’Isaïe. Rejoint par Philippe qui lui demande s’il comprend ce qu’il lit, le voyageur répond : « Comment le pourrais-je si je n’ai pas de guide? »  On ne peut faire abstraction de la distance historique qui nous sépare des Écritures. Nous aussi avons besoin d’assistance pour comprendre le langage des textes sacrés et découvrir la signification du message qu’ils contiennent.

    L’herméneutique

         L’Exhortation se penche ainsi longuement sur l’herméneutique de l’Écriture sainte dans l’Église (no 29-49). Entre Dieu qui parle à l’homme et l’homme qui lui répond, il y a la nécessité de discerner le sens de cette Parole qui s’est exprimée en paroles humaines, sous la conduite de l’Esprit Saint.

    « La Parole de Dieu s’exprime donc en paroles humaines grâce à l’action de l’Esprit saint. La mission du Fils et celle de l’Esprit saint sont inséparables et constituent une unique économie du salut. L’Esprit, qui agit au moment de l’Incarnation du verbe dans le sein de la vierge Marie, est le même Esprit qui guide Jésus au cours de sa mission et qui est promis aux disciples. Le même Esprit, qui a parlé par l’intermédiaire des prophètes, soutient et inspire l’Église dans sa tâche d’annoncer la Parole de Dieu et dans la prédication des apôtres. Enfin, c’est cet Esprit qui inspire les auteurs des Saintes Écritures. » (no 15)

         L’herméneutique est un acte de recherche, de discernement et d’interprétation de la signification du contenu de ce dialogue qui a pris forme dans les Écritures. C’est une activité qui doit se vivre en tenant compte d’abord de l’action de l’Esprit saint tout au long de l’histoire du salut, puis dans la communion de l’Église car elle est au service de la rencontre de Jésus Christ. Elle accorde une importance à une lecture intelligente et éclairés des Écritures, grâce au travail de l’exégèse qui emploie diverses méthodes (comme la méthode historico-critique) pour mieux comprendre le texte dans son contexte historique, culturel, intellectuel.

         L’exégèse critique doit se faire dans le respect de la tradition vivante de l’Église et en lien avec la réflexion théologique. Exégèse et théologie doivent s’unir comme deux compagnes de travail pour produire une lecture canonique des Écritures et conduire à une rencontre de la Parole, le Christ. Cette herméneutique ecclésiale est utile pour aider l’animation biblique de la pastorale, la liturgie, la vie spirituelle, l’engagement dans le monde. Car dans tous ces domaines, il ne faut jamais perdre de vue l’expérience de la rencontre de Jésus Christ.

         Il y a une vive préoccupation, dans l’Exhortation,  à l’égard de la nécessité de concilier exégèse scientifique et réflexion théologique. On énumère notamment deux dangers que rencontrerait  une exégèse scientifique exclusive (no 35).

         Le premier danger, c’est de faire de l’Écriture un texte du passé de sorte qu’on ne peut « en aucune façon comprendre l’événement de la Révélation de Dieu par sa Parole qui se transmet à nous dans la Tradition vivante et dans l’Écriture. »

         Le second, c’est qu’en absence d’une herméneutique de la foi à l’égard de l’Écriture s’inscrit inévitablement une autre herméneutique, une herméneutique sécularisée, positiviste, dont la clé fondamentale est la conviction que le divin n’apparaît pas dans l’histoire humaine.

     

    Yves Guillemette, bibliste

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  • Frère

     

    Hébreu : âh
    Grec : adolphos

    Tout comme aujourd’hui, le mot frère dans la Bible a un sens strict et plusieurs sens larges.

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    Ainsi dans l’Ancien Testament, on désigne par « frère » les fils de mêmes parents (Gn 4,2), un cousin (Gn 29,15), un proche parent (Gn 9,25), un ami intime ou un allié (Ne 5,10), un membre d’une même tribu (Jg 9,18) ou d’un même peuple (Ex 2,11).


         Dans le Nouveau Testament, presque tous les auteurs parlent des frères et sœurs de Jésus [1]. Alors qu’on ne connait pas le nom des sœurs de Jésus, les noms de ses frères nous sont transmis : Jacques, Joseph, Jude et Simon. La famille de Jésus semble avoir été opposée à son ministère. Lorsque sa mère et ses frères viennent pour lui demander d’arrêter et de revenir à la maison, Jésus dit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères? Montrant ses disciples, il dit : “Voici ma mère et mes frères; quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère.” » (Mt 12,48-50)


         On voit très bien par cet extrait que Jésus veut proposer un nouveau rapport entre humains. La famille biologique n’est plus le lien le plus important. Ce qui compte vraiment, c’est le lien de fraternité entre ceux qui se reconnaissent comme fils du Père céleste. D’ailleurs, le mot frère est employé environ 160 fois dans le Nouveau Testament pour désigner les membres de communautés chrétiennes. La tradition chrétienne va garder cet usage. Bien qu’avec le temps ce sont surtout dans les communautés religieuses qu’on va s’appeler frère au point d’en faire un titre.


         À l’opposé, on retrouve aussi des « faux-frères » dans les lettres de Paul (2 Co 11,26; Ga 2,4). Cette expression désigne des prédicateurs itinérants pouvant se glisser dans la communauté avec un message jugé hérétique.


         Au Moyen-âge, François d’Assise dans son Cantique des créatures va étendre la qualité de frère à toutes les créatures de Dieu : « Mon frère de soleil… » Avec le temps, l’idéal de fraternité va sortir du cadre spécifiquement chrétien pour devenir un élément clé de la Révolution française et des droits humains.

    [1] Mt 12,46; 15,55; Mc 3,31; 6,3; Lc 8,19; Jn 2,12; 7,3; 20,17; Ac 1,14; 1 Co 9,5; 10,33; 2 Co 1,8; Ga 1,1, etc.

    Sébastien Doane

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  • EUCHARISTIE DES PREMIERS CHRÉTIENS 3/4

    En mémoire de Jésus

    Eucharistie prem chrétiens

    Fresque paléochrétienne représentant la dernière Cène

    Quand les premiers chrétiens réitérent les gestes et les paroles de Jésus, selon son invitation, ils font mémoire du don que Jésus a fait de sa vie pour le salut du monde. Ce « faire mémoire » n'a rien de commun avec l'acte de se souvenir : c'est la participation effective au geste fondateur du salut, au sacrifice de Jésus. Il en est des premiers chrétiens qui partageaient le Repas du Seigneur comme les Israélites qui célébraient la Pâque : « À chaque génération chaque Israélite doit se considérer comme étant lui-même sorti d'Égypte » (Mishnah, Traité Pesahim 10,5). Ainsi, les premiers chrétiens pouvaient-ils saisir que la participation au Repas du Seigneur était en fait participation au don rédempteur de la vie de Jésus, comme si eux-mêmes avaient été présents à la Cène et au Calvaire.

         Il y a donc un lien entre le fait de célébrer l'Eucharistie en mémoire de Jésus et la démarche du croyant qui entend se rattacher, en communiant au Corps et au Sang du Christ, au sacrifice de Jésus. L'Eucharistie affirme ainsi la réalité permanente de la rédemption pour toutes les générations de chrétiens et de chrétiennes. C'est d'ailleurs dans ce sens que saint Paul explique aux Corinthiens avec quels respect et dignité ils doivent célébrer le Repas du Seigneur : « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. » (1 Co 11,26).

         Les premiers chrétiens ont établi très tôt un lien entre l'Eucharistie et l'amour fraternel. Le témoignage de saint Justin (voir plus bas) ne peut pas être plus clair. De même que l'on fait mémoire de l'amour du Christ qui a donné sa vie pour le salut du monde, ainsi faut-il continuer de faire mémoire de lui en posant des gestes concrets d'amour fraternel et de don de soi à l'égard des plus pauvres de la communauté. Le partage du Corps eucharistique du Christ atteint sa pleine vérité et illustre tout son dynamisme vital lorsqu'il se traduit par des gestes concrets d'amour fraternel. On se situe ici dans la ligne du service mutuel qui est l'autre façon de faire mémoire de Jésus, voulu par lui et symbolisé par le lavement des pieds.

    Texte patristique

    Après cela (l'Eucharistie), nous renouvelons le souvenir de ces choses parmi nous. Ceux qui ont des ressources viennent en aide à tous ceux qui sont dans le besoin, et nous nous prêtons toujours assistance. [...] Ceux qui sont dans l'abondance et qui le désirent, donnent comme ils l'entendent, chacun ce qu'il veut. On recueille ces dons et on les remet à celui qui préside. C'est lui qui assiste les orphelins et les veuves, ceux qui sont dans le besoin par suite de maladie ou pour tout autre cause, les prisonniers, les étrangers de passage; en un mot, il secourt tous ceux qui sont dans le besoin. • Justin, Première Apologie, chapitre 67, paragraphes 1 et 6.

    Yves Guillemette

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    Le vrai bon prof


    On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes (Marc 1, 23).
    bon pasteur
         Nous avons tous eu un professeur spécial à un moment donné de notre vie, un professeur qui nous a marqué, qui est devenu un mentor, plus tard un ami.

         Ce professeur avait un talent unique pour stimuler le désir d'apprendre chez ses élèves. Il nous communiquait son enthousiasme et sa fascination pour la matière qu'il enseignait, que ce soit les maths, l'histoire, les sciences... Son enseignement a ouvert le chemin aux carrières que nous avons embrassées plus tard.

         Dans la classe de ce professeur, les notes n'étaient pas l'objectif principal, rester éveillé n'était pas un problème, et l'étude et la recherche jamais un fardeau. Ce professeur aimait assez sa matière pour être toujours ouvert aux nouveautés, aux découvertes; ce professeur aimait assez ses élèves pour prendre le temps de les aider à développer tout leur potentiel, pour leur indiquer le chemin et pour les accompagner quand il le fallait (Connections).

    LIEN: Jésus aussi a su établir son autorité par son enseignement mais n'a-t-il pas d'abord inspiré confiance en étant près des siens, en partageant leurs préoccupations, leur peine et leur joie. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.


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    Le guérisseur mystérieux


    Un prophète qui oserait dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, ou qui parlerait au nom d'autres dieux, ce prophète-là mourra (Deutéronome 18, 20).

        Un jour, arrive au village un inconnu qui se dit guérisseur; il promet de guérir tous ceux et celles qui se présenteront à la salle le soir même.

         Le moment venu, la salle est comble; de nombreux fauteuils roulants se trouvent à l'avant.

         Le supposé thaumaturge s'adresse justement à ceux-ci : « Je vous ferai marcher si vous avez confiance en moi. Prions ensemble le Seigneur et surtout soyez généreux car il exaucera votre générosité ». Aussitôt commencent les prières, les invocations ... et la quête. Après quelques instants, il ne s'est encore rien passé. Alors, le thaumaturge s'écrie : « Il faut être plus généreux si vous voulez que votre père, votre frère, votre enfant puisse marcher. Dieu bénira certainement votre générosité ». Les paniers débordants passent alors dans les allées.

         Notre homme reprend de plus belle ses incantations. Tout à coup, emportés par l'hystérie de la foule, deux ou trois paralytiques bondissent. Miracle! c'est l'euphorie. La foule entoure les miraculés, les félicite. Mais aussitôt, ceux-ci s'écroulent de nouveau dans leur fauteuil.

         Mais où est donc notre guérisseur? Quelqu'un dit qu'il l'a vu, un gros sac à la main, s'engouffrer dans une luxueuse voiture qui l'attendait avec son chauffeur en avant de la salle. On ne l'a plus jamais revu!

         Seul Jésus est l'envoyé du Père capable d'enseigner avec autorité et il n'y en a pas d'autre. La parole de Jésus chasse le mal et fait jaillir la vie.

     

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  • L'Exortation apostolique Verbum Domini (3/6)

    Dieu et l'homme en dialogue

    On peut lire, au no 11 à 13 de l’Exhortation Verbum Domini, une présentation « panoramique » de l’histoire du salut à laquelle on a donné le titre de « Christologie de la Parole ». Il s’agit en somme de montrer comment, depuis la parole créatrice de Genèse, tout le Premier Testament se présente comme l’histoire dans laquelle Dieu communique sa Parole. À travers l’alliance et l’enseignement des prophètes, le peuple d’Israël a fait l’expérience des voies de Dieu avec les hommes jusqu’au jour où la Parole de Dieu est devenue un homme né de Marie. En Jésus Christ, toute l’humanité est conviée au dialogue avec Dieu en faisant l’expérience de « la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation définitive » (Encyclique « Dieu est Amour » , no 1, Benoît XVI).

    • Par le don de son amour, dépassant toute distance, Dieu fait vraiment de nous ses «partenaires», réalisant ainsi le Mystère nuptial de l’amour entre le Christ et l’Église. Dans cette perspective, chaque homme apparaît comme destinataire de la Parole, interpellé et appelé à entrer dans ce dialogue d’amour par une réponse libre (no 22).

    Les trois lieux de dialogue possibles

         Le dialogue se poursuit et nous en sommes les partenaires actuels. Mais comment nouer le dialogue avec Dieu qui se communique à nous sans pour autant entendre quelque son que ce soit. L’Exhortation présente ce que j’appelle trois lieux qui rendent possible le dialogue entre Dieu et nous : la vie même de l’être humain (no 23), la prière des psaumes (no 24) et la foi (no 25). Je vous propose quelques extraits concernant chacun de ces lieux de rencontre et de dialogue.

    La vie même de l’être humain

         « Il est donc important, d’un point de vue pastoral, de présenter la Parole de Dieu dans sa capacité de répondre aux problèmes que l’homme doit affronter dans la vie quotidienne. Jésus se présente justement à nous comme celui qui est venu pour que nous puissions avoir la vie en abondance (cf. Jn 10, 10).

         Pour cela, nous devons déployer tous nos efforts pour que la Parole de Dieu apparaisse à chacun comme une ouverture à ses problèmes, une réponse à ses questions, un élargissement des valeurs et en même temps comme une satisfaction apportée à ses aspirations. »

    La prière des psaumes

         « Dans les Psaumes, en effet, nous trouvons toute la gamme des sentiments que l’homme peut éprouver dans son existence et qui sont présentés avec sagesse à Dieu: la joie et la douleur, l’angoisse et l’espérance, la peur et l’anxiété trouvent ici leur expression. De cette façon, la parole que l’homme adresse à Dieu devient à son tour Parole de Dieu, confirmant le caractère de dialogue de toute la révélation chrétienne.

         L’existence tout entière de l’homme devient, dans cette perspective, un dialogue avec Dieu qui parle et écoute, qui appelle et engage notre vie. La Parole de Dieu révèle que toute l’existence de l’homme se situe dans le champ de l’appel divin. »

    La foi

         « La réponse propre de l’homme à Dieu qui parle est la foi. En cela il est évident que "pour accueillir la Révélation, l’homme doit ouvrir sa conscience et son cœur à l’action de l’Esprit Saint qui lui fait comprendre la Parole de Dieu présente dans les Écritures Saintes" (Dei Verbum). En effet, c’est précisément la prédication de la Parole divine qui fait surgir la foi, par laquelle nous adhérons de tout notre cœur à la vérité révélée et nous nous confions totalement au Christ : « La foi naît de ce qu’on entend, et ce qu’on entend, c’est l’annonce de la parole du Christ » (Rm 10, 17). C’est toute l’histoire du salut qui, de façon progressive, nous montre ce lien intime entre la Parole de Dieu et la foi qui s’accomplit dans la rencontre avec le Christ. Avec lui, la foi prend la forme de la rencontre avec une personne à laquelle on confie sa propre vie. Le Christ Jésus demeure aujourd’hui dans l’histoire, dans son Corps qui est l’Église; ainsi, notre acte de foi est simultanément un acte personnel et ecclésial. » 

     

    Yves Guillemette, bibliste


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