• EUCHARISTIE DES PREMIERS CHRÉTIENS 2/4

    La Cène, un geste prophétique de Jésus

      Eucharistie-prem-chretiens.jpg

    Fresque paléochrétienne représentant la dernière Cène

     

    Quand les premiers chrétiens se réunissent pour le Repas du Seigneur, ils savent qu'ils accomplissent un rite qui a été reçu du Seigneur Jésus lui-même et transmis par les Apôtres. Est-ce une répétition qui consiste strictement à obéir à un ordre reçu de Jésus? Est-ce un pieux souvenir que ses anciens adeptes se plaisaient à remémorer avec un brin de mélancolie? Certes non! Plusieurs avenues s'offrent à nous pour comprendre la signification qu'avait l'expression « faites ceci en mémoire de moi », tant pour Jésus que pour les premiers chrétiens. Pour saisir cette signification, nous nous situerons en fonction de la mentalité religieuse de la Bible.

     

         L'homme biblique est devenu familier, grâce aux prophètes, de certains signes venus de Dieu qui anticipent de façon mystérieuse mais réelle un événement futur. Ainsi en est-il de Jérémie qui brise une cruche devant ses compatriotes en disant : « Ainsi parle Yahweh Sabbaot : je vais briser ce peuple et cette ville, comme on brise le vase du potier qui ne peut plus être réparé. » (Jr 19,10-11) Une note de la Bible de Jérusalem (voir Jr 28,19) dit que ces gestes prophétiques sont « moins un besoin d'expression que l'exigence d'un réalisme religieux : un lien est établi entre le geste significatif et la réalité dont il est le signe, en sorte que la réalité annoncée est désormais aussi irrévocable que le geste accompli ».

     

         C'est probablement dans ce contexte que les premiers chrétiens ont dû comprendre les gestes et les paroles de Jésus. Celui-ci, d'après ce qu'en disent les Évangiles, avait assez de lucidité pour savoir que sa présence tirait à sa fin. C'est alors que dans un geste prophétique, la fraction du pain et le partage de la coupe, il annonce sa mort imminente, sa propre pâque. Ainsi Jésus veut-il faire comprendre à ses Apôtres, et à tous les disciples qui viendront par la suite — puisque le sang est répandu pour la multitude des êtres humains —, que sa propre mort a pour signification le don libre de sa vie.

    Texte biblique

    Et quand ce fut l'heure, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Et il leur dit : « J'ai tellement désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. Car, je vous le déclare, jamais plus je ne la mangerai jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le Royaume de Dieu. » Il reçut alors une coupe et après avoir rendu grâce il dit : « Prenez-la et partagez entre vous. Car, je vous le déclare : Je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne jusqu'à ce que vienne le Règne de Dieu. » Puis il prit du pain et après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna en disant : « Ceci est mon corps donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi. » Et pour la coupe, il fit de même après le repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang versé pour vous. » • Luc 22, 14-20

    Yves Guillemette

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  • La Parole est une personne : Jésus Christ

    Tout Synode génère un nombre impressionnant de documents : les Lineamenta (qui sont comme des grandes lignes de pensée), l’Instrument de travail, les communications orales et écrites des participants, d’autres formes d’intervention et les Propositions finales de l’Assemblée synodale (55 dans le cas présent). Le défi est de réaliser une synthèse de tout le travail accompli, ce qui a produit l’Exhortation Verbum Domini.

    Le Prologue de Jean, articulation de l’Exhortation

         Benoît XVI a relevé le défi en fixant notre attention sur Jésus Christ, car il est le Fils unique de Dieu qui prend la nature humaine, et la Parole que Dieu nous adresse pour nous révéler son être intime du Père et son amour pour l’humanité. C’est donc autour du prologue de l’Évangile selon saint Jean (1, 1-18) que le Pape a choisi d’articuler l’Exhortation. Celle-ci se divise en trois grandes parties. Chacune comprend d’abord un exposé théologique suivi d’applications pastorales regroupées autour de certains thèmes.

    1e partie : Verbum Dei (Le Verbe de Dieu, no 6-49)

    Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu (…) Et le Verbe s’est fait chair (Jean 1, 1.14).

         Cette première partie propose une réflexion sur Jésus Christ, la Parole de Dieu « en personne » (no 6-28). Le Christ est au centre du dialogue entre Dieu et l’être humain. Comme cette Parole est inscrite dans l’histoire humaine, il est important d’avoir recours aux sciences exégétiques et à la théologie pour interpréter, en fidélité avec la tradition vivante de l’Église, les textes sacrés et assurer leur actualisation dans l’aujourd’hui de la vie des croyants (no 29-49).

    2e partie : Verbum in ecclesia (Le Verbe dans  l’Église, no 50-89)

    Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jean 1, 12).

         L’Église, en tant que peuple rassemblé par Dieu, est le milieu de vie de la Parole, tout comme Marie, sous l’action de l’Esprit Saint, a conçu et donner chair à la Parole du Père (no 50-51). Le Christ continue d’être réellement présent à son Église en toutes circonstances, mais en particulier lorsqu’elle proclame la Parole dans la liturgie, plus particulièrement dans la célébration des sacrements et surtout dans l’Eucharistie (no 52-71). Outre la liturgie, toute la vie ecclésiale est présentée dans son rapport avec la Parole de Dieu : animation biblique de toute la pastorale, catéchèse, formation biblique des chrétiens, vocation baptismale, vocations sacerdotales religieuses. On consacre aussi un long exposé à la Lectio divina, ou lecture priante de la Sainte Écriture (no 86-87). Nous avons notamment développé ce sujet dans cette chronique en octobre dernier (pour consulter le 1er numéro de la série sur la Lectio divina et les cinq suivants).

    3e partie : Verbum mundo(Le Verbe dans le monde, no 90-120)

    Nul n’a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, Lui l’a fait connaître (Jean 1, 18).

         Enfin, une troisième partie est consacrée à la mission de l’Église dans le monde. De même que le Père a pris parole et engager le dialogue avec l’humanité en donnant son Fils, ainsi les baptisés sont envoyés dans le monde par le Christ Jésus pour témoigner de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu, source de la vie en plénitude. L’annonce de la Parole est constitutive de la mission de l’Église (no 90-97).

         Le Christ étant en lui-même la Parole vivante de Dieu, c’est lui qui pousse l’Église (concrètement les fidèles baptisés) à s’engager au service des plus petits de ses frères, auprès des jeunes, des immigrants, des personnes souffrantes, des pauvres; à interpeller la société sur des enjeux tels que la justice, la réconciliation et la paix entre les peuples, la solidarité, la sauvegarde de l’environnement; à engager le dialogue avec le monde du savoir et de la culture; à promouvoir le dialogue avec les autres religions (no 98-120)

    « Cette complaisance de Dieu se réalise de manière indépassable au moment de l’Incarnation du Verbe. La Parole éternelle qui s’exprime dans la création et qui se communique dans l’histoire du salut est devenue dans le Christ un homme, né d’une femme (Ga 4, 4). La Parole ne s’exprime plus ici d’abord à travers un discours, fait de concepts ou de règles. Ici, nous sommes mis face à la Personne même de Jésus (no 11).

     

    Yves Guillemette, bibliste


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  • balado

              La famille de Jésus

     

    On véhicule souvent une image parfaite de la famille de Jésus. Elle est même appelée la « Sainte Famille ». Tous les tableaux de maîtres ont cherché à rendre la tendresse qui devait régner entre Marie, Joseph et Jésus. Pourtant, d’autres pages des évangiles présentent une image bien différente de cette famille. Dans le récit étudié, la famille n’est pas tendre à l’égard de Jésus : elle lui dit qu’il a perdu la tête! Elle veut le ramener à la maison pour qu’il cesse de parler et d’agir comme il le fait. Et ce récit parle des frères et de sœurs de Jésus. Qui sont-ils?

     

    audioCapsule audio : 22 min. ICI

     

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  • L'Exortation apostolique Verbum Domini (1/6)

     Un peu d'histoire

    pape-encyc.jpg Le 30 septembre 2010, le pape Benoît XVI publiait un important document sur la pastorale biblique intitulé Exhortation apostolique post synodale Verbum Domini sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église. Au cours des six prochains numéros, je vous propose de découvrir cette Exhortation.

    En la fête de saint Jérôme

         La date retenue pour la publication, le 30 septembre, était significative puisque c’est le jour de la fête liturgique de saint Jérôme. Il vaut la peine de dire un petit mot sur ce prêtre et docteur de l’Église auquel l’Exhortation fait référence à quelques reprises. Né en Dalmatie vers 347, il étudia à Rome et y fut baptisé; nourri de toute la culture antique, mais attiré par la vie contemplative, il fit dans le désert de Syrie l’apprentissage de la vie monastique et fut ordonné prêtre. Revenu à Rome, il fut secrétaire du pape saint Damase. Il a aussi beaucoup de succès auprès des laïcs : un petit cercle de dames chrétiennes, des admiratrices inconditionnelles dont il est le père spirituel, se rassemble autour de lui. Elles le suivent même jusqu’à Bethléem où il fonde pour elles un petit monastère. Il leur donne des cours de bible et écrit pour elles des commentaires des livres bibliques. Le nom de saint Jérôme est associé à la traduction de la Bible en latin, la Vulgate. Il mourut à un âge avancé en 420 à Bethléem. Benoît XVI a dit de saint Jérôme qu’il a mis « la Bible au cœur de son existence et en réalisa une traduction latine. Il la commenta dans ses écrits mais surtout il s’appliqua à la vivre quotidiennement » (Audience du 7 septembre 2007).

    Un document important

         L’Exhortation apostolique Verbum Domini est le premier document du Magistère de l’Église à être publié depuis la Constitution dogmatique sur la Révélation divine, mieux connue sous son nom latin Dei Verbum. Les deux documents revêtent une importance fondamentale car ils sont issus des travaux des évêques, réunis soit en Concile soit en Synode.

         D’entrée de jeu, le pape écrit que ce Synode « fut une profonde expérience de rencontre avec le Christ, Verbe du Père, qui est présent là où deux ou trois sont réunis en son nom (cf. Mt 18, 20) ». En reprenant tout ce qui a été élaboré par le Synode pour le faire connaître à l’ensemble du Peuple de Dieu, Benoît XVI se fixe comme objectif « d’indiquer quelques lignes fondamentales pour une redécouverte, dans la vie de l’Église, de la Parole divine, source de renouvellement constant, souhaitant en même temps qu’elle devienne toujours plus le cœur de toute activité ecclésiale ».

         Un peu plus de 40 ans se sont écoulés entre la Constitution dogmatique conciliaire Dei Verbum (en 1965) et l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini. Dei Verbum avait affirmé la place fondamentale de la Parole de Dieu dans la vie de l’Église et reconnu l’importance de la recherche exégétique pour mieux comprendre l’enracinement historique et culturel des Écritures saintes. Le monde catholique avait beaucoup de rattrapage à faire dans ce domaine.

         Je me rappelle l’effervescence du mouvement biblique qui s’est manifesté non seulement au niveau exégétique par l’étude critique des textes, mais aussi au niveau de l’animation biblique populaire. On a assisté à un foisonnement d’initiatives comme la formation de groupes bibliques dans les paroisses, la publication de livres d’initiation à la Bible, de revues, du Feuillet biblique notamment, l’offre diversifiée de cours populaires d’introduction à la Bible.

         Une quarantaine d’années plus tard, l’Exhortation Verbum Domini confirme le chemin parcouru par la pastorale biblique durant toute cette période. On doit surtout être attentif aux volets théologique et pastoral qui découlent de la relation vitale entre l’Église et la Parole de Dieu. Comme l’indique le titre de l’Exhortation, il s’agit de la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église. On retiendra l’affirmation fondamentale que la Parole de Dieu est d’abord et avant tout une personne : le Christ Jésus. Et nous sommes invités à vivre l’expérience de le rencontrer et de nous laisser entraîner par lui dans un dialogue avec Dieu.

    Yves Guillemette, bibliste

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    Qasr Al-Yahud : lieu de baptême et zone militaire



    J’étais sur le toit de la maison dans la vielle ville de Jérusalem lorsque j’ai entendu que, depuis quatre jours, il était possible de visiter le site du baptême de Jésus par Jean « Quasr Al-Yahud » suite à un accord entre Israël et la Jordanie. En effet, ce site au sud du Jourdain juste avant la mer Morte était fermé depuis 60 ans puisqu’il était dans la zone militarisée entre la Jordanie et Israël. Ayant déjà un horaire chargé, je me suis dit que n’aurais probablement pas la chance d’y aller.

         Pourtant, le lendemain en partant de Qumrân pour aller vers Jéricho, je me suis perdu. En fait, je ne savais pas qu’il n’y avait qu’un accès à la ville et que les autres routes bien que présente sur Google map était bloquées par des militaires. En retournant sur mes pas pour aller vers l’unique accès de la ville, je vois un petit panneau indiquant Quasr Al-Yahud. Je prends une chance et je tourne dans cette direction. Quelques mètres plus loin je constate que je suis dans la zone militaire entre Israël et la Jordanie. Il y a de grandes barrières, du barbelé et même une montagne artificielle permettant aux militaires israéliens de voir ce qui se passe de l’autre côté de la frontière. Des affiches indiquent qu’on doit rester sur le chemin puisque la région est parsemée de mines anti-personnelles.

     

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    (photo © Sébastien Doane)

         Comme le site vient d’ouvrir, il ressemble encore à une zone militaire et non à un lieu touristique. J’aperçois un militaire et je lui demande où est le site baptismal. Il me dit de continuer un peu et que je verrais le Jourdain. En arrivant au Jourdain, je vois la fameuse rivière au milieu de la haute végétation. C’est la plus grande rivière en Israël, mais au Canada, elle serait considérée comme un simple cours d’eau. En effet, à cette hauteur en été il n’y a qu’un à deux mètres de largeur. L’eau est complètement verte et presque sans courant.

    inter-2.jpg Le Jourdain (photo © Sébastien Doane)

     

         En comparant la première photo avec celle-ci, vous pouvez voir comment ce fleuve en plein milieu du désert aride et chaud (il faisait 40 degré Celsius lors de mon passage) est une bénédiction. La région est aride, sans végétation sauf pour les quelques mètres des rivages du Jourdain.

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    (photo © Sébastien Doane)


         Un espace est aménagé pour descendre dans la fameuse rivière. De l’autre côté, on voit la Jordanie et les visiteurs venus de ce pays pour voir le site du baptême de Jésus par Jean le baptiste. Et, puisqu’on est au Moyen-Orient, on voit aussi un soldat Jordanien faisant face au soldat Israélien de notre côté.


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    Un baptême par immersion (photo © Sébastien Doane)


         Malgré la présence militaire, le site est beaucoup plus calme et naturel qu’à Yardennit un deuxième site baptismal situé au début du Jourdain proche du lac de Galilée. Ce site avait été organisé puisque l’accès à Quasr Al-Yahud n’était plus possible depuis des décennies. Malheureusement, il est très commercial. On y vent divers articles dont des robes blanches pour se faire baptiser. D’ailleurs, lorsque je visité ce site, une équipe de télévision évangélique hispanophone faisait tout un spectacle pour leur caméra en se baptisant de tous les angles, à plusieurs reprise, en criant la parole de Dieu…

    Sébastien Doane

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    EUCHARISTIE DES PREMIERS CHRÉTIENS 1/4


         
    Le Repas du Seigneur



    Christ-et-emaus.jpgComment les premiers chrétiens célébraient-ils ce qu'ils appelaient le « Repas du Seigneur » ou la « Cène »? Est-ce qu'on se limitait au simple geste de la fraction du pain? Quelles prières faisait-on à ce moment?

         Le Nouveau Testament apporte peu de réponses à ces questions sur la façon de célébrer le Repas du Seigneur. Tout ce que nous savons, c'est que les premiers chrétiens se réunissaient, le jour du Seigneur ou le premier jour de la semaine, pour le rite de la fraction du pain. La rencontre avait lieu dans la maison de l'un des leurs. En plus de la fraction du pain, on prenait un repas en commun. On peut sans doute penser que les premiers chrétiens ont puisé dans le trésor de la prière rituelle juive les actions de grâces et les bénédictions dont ils avaient besoin pour leur célébration. Tout compte fait, il faut attendre des auteurs chrétiens du IIe siècle, tel le philosophe Justin, pour obtenir plus de détails sur le contenu des rencontres « eucharistiques » .

         Cette rareté d'informations « rituelles » ne doit pas nous faire douter de la pratique de l'eucharistie. N'oublions pas que trois évangélistes : Matthieu, Marc et Luc, ainsi que Paul (1 Co 11,17-34) rapportent l'institution de l'Eucharistie. Ces quatre recensions d'un même événement sont un indice de l'importance que le dernier repas de Jésus a joué dans la mémoire chrétienne. Saint Paul, qui n'a pourtant pas participé à la Cène, considère que la fraction du pain appartient à la tradition chrétienne. Quand il exhorte les Corinthiens à plus de convenance lors de leurs agapes fraternelles, il fait les premiers pas vers une théologie de l'eucharistie. L'évangéliste Jean, quant à lui, ne fait aucune mention de l'institution de l'eucharistie, mais il en donne largement la signification dans le discours du pain de vie (Jn 6,22-58).

     

    Texte biblique

        Le premier jour de la semaine, alors que nous étions réunis pour rompre le pain, Paul, qui devait partir le lendemain, adressait la parole aux frères et il avait prolongé l'entretien jusque vers minuit. Les lampes ne manquaient pas dans la chambre haute où nous étions réunis. Un jeune homme, nommé Eutyque, qui s'était assis sur le rebord de la fenêtre, fut pris d'un sommeil profond, tandis que Paul n'enfinissait pas de parler. Sous l'emprise du sommeil, il tomba du troisième étage et, quand on voulut le relever, il était mort. Paul descendit alors, se précipita vers lui et le prit dans ses bras : « Ne vous agitez pas! Il est vivant! » Une fois remonté, Paul rompit le pain et mangea; puis il prolongea la conversation jusqu'à l'aube et alors il s'en alla. Quant au garçon, on l'emmena vivant et ce fut un immense réconfort. • Actes 20, 7-12.

    Yves Guillemette

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  • L'Évangile selon saint Marc (6/6)

         
    Un plan d'évangile



    http://ekladata.com/bv5bO5ix_nmkpQ8afD2cX5IwfXw.jpgNous vous proposons un plan de l’Évangile selon saint Marc qui s’articule autour de la révélation progressive de l’identité de Jésus. Ce plan vous servira de guide dans la lecture de la Bonne nouvelle de Jésus, le Christ et le Fils de Dieu.
    1. La préparation du ministère de Jésus : 1, 1‑13.

        Présentation de la Bonne Nouvelle de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu (1, 1).
        Sur les bords du Jourdain : le passage de Jean-Baptiste à Jésus (1, 2-8).
        Le baptême de Jésus par Jean. La voix du Père se fait entendre : la première identification de Jésus, le Fils bien-aimé (1, 9-13).

    2. Qui donc est Jésus? : 1, 14 ‑ 8, 26.

        Jésus et les foules. La proximité du règne de Dieu est manifestée par les paroles et les actes de Jésus (1, 14 - 3, 6).
        Jésus et son entourage immédiat (3, 7 - 6, 6).
        Jésus enseigne ses disciples. Les hommes émettent diverses opinions sur Jésus tandis que les Apôtres, associés à sa mission, sont amenés à saisir, le mystère de sa personne (6, 6 ‑ 8, 26).

    3. La profession de foi de Pierre : 8, 27‑30.

         Cette péricope est le pivot central de l'évangile. Pierre reconnaît de manière solennelle que Jésus est le Christ ou Messie. À partir de ce moment, Jésus commence à révéler à ses disciples l'orientation de sa mission.
    4. Jésus se révèle comme Messie souffrant : 8, 31 ‑ 16, 8.

        Jésus amorce sa montée à Jérusalem (8, 31-10, 52).
        -Jésus annonce sa passion. C’est le chemin que devront aussi prendre ses disciples (8, 31-9, 1) ;
        -En réponse à la confession de foi de Pierre, la voix du Père se fait entendre, lors de la transfiguration, pour affirmer de nouveau que Jésus est le Fils bien-aimé (9, 2-8).

        Le jugement de Jérusalem (11, 1 - 13, 37).

             À Jérusalem, le Fils de David connaîtra l'échec. La parabole des vignerons homicides (12, 1-12) en donne la clé de lecture. Jésus s'identifie au fils du propriétaire de la vigne que les ouvriers mettent à mort pour avoir son héritage.

        La condamnation et la mort du Messie (14, 1-15, 47).
        -Devant le Sanhédrin, Jésus déclare qu'il est le Christ, le Fils de Dieu (14, 53‑65). Ce qui amène le motif d'accusation: Jésus blasphème, puisqu'il se présente comme l'égal de Dieu, aux yeux des membres du Grand Conseil de la nation. Il s'ensuit un débat sur l'identité du «roi des Juifs» devant Pilate (15, 1‑15).
        -En regardant Jésus en croix, un centurion de l'armée romaine, un païen, confesse que Jésus est fils de Dieu (15, 39).

         Cette confession de foi fait écho à celle de Pierre. On reconnaît dans ces deux confessions de foi les deux aspects de la personne de Jésus mentionnés au début de l’évangile : le Messie et le Fils de Dieu.
    5. Le tombeau vide (16, 1-8).

         Malgré l’ordre de communiquer la nouvelle de la résurrection aux disciples, les femmes s’enfuient bouleversées et gardent le silence.
    6. Les débuts de la mission apostolique : l’annonce de l’Évangile (16, 9-20)
         Après le désarroi des femmes devant le tombeau vide, Jésus ressuscité se manifeste à ses Apôtres et les envoie en mission pour annoncer la Bonne Nouvelle de par le vaste monde.

         L’évangile se termine comme il a commencé, soit par la proclamation de la Bonne Nouvelle. Mais cette fois la Bonne Nouvelle est une personne: Jésus, le Christ, le Fils de Dieu, dont la proclamation fera le tour du monde.
    Pour enrichir vos connaissances

    BABUT, Jean-Marc, Actualité de Marc, coll. Lire la Bible 126, Paris, Les Éditions du Cerf, 2002, 342 pages.

    BONNEAU, Guy, L’impact prophétique de l’Évangile de Marc, coll. Parole d’actualité, Montréal, Médiaspaul, 1992, 47 pages.

    CUVILLIER, Elian, L’Évangile de Marc, « Bible en face », Paris-Genève, Bayard-Labor et Fides, 2002, 324 pages.

    HERVIEUX, Jacques, «L’Évangile de Marc», Les Évangiles, textes et commentaires, Paris, Bayard Compact, 2001, pages 299-536.

    «Jésus selon saint Marc», Les Dossiers de la Bible, no 94 (2002).

    Revue Biblia, Paris, Les Éditions du Cerf : deux dossiers sur l’Évangile de Marc :
          • « Une si bonne nouvelle » (Marc 1-8, 30), no 14, décembre 2002 ;
          • « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » (Marc 8, 31-16), no 15, janvier 2003.

    Yves Guillemette, ptre

     Yves Guillemette, ptre

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  • L'Évangile selon saint Marc (5/6)


         
    Jésus, le prédicateur du Royaume

    st marc L’annonce du règne de Dieu est au centre de la prédication de Jésus : Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée, proclamant l'Evangile de Dieu et disant:«Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche: repentez-vous et croyez à l’Évangile.» (1, 14-15). Le temps est accompli, il a atteint sa pleine mesure, car une intervention surnaturelle de Dieu est en train de se réaliser. Il est urgent de saisir ce temps favorable, ce kairos comme on dit en grec, en s’engageant dans une démarche de conversion et en croyant à l’Évangile. L’Évangile du règne de Dieu est comparable à une semence jetée dans le champ du monde et dans le cœur de tout être humain, tel que l’illustre la parabole du semeur (4, 1‑9). Le règne de Dieu se développe lentement, comme la semence qui pousse toute seule pendant que dort le cultivateur (4, 26-29 ; 4, 30‑32) mais qui atteindra des proportions considérables.

         Le règne de Dieu, dans la conception de Jésus, est toutefois différent de celle de ses contemporains. Ceux-ci s’attendaient à ce que le règne de Dieu vienne par la restauration d'un État national autonome. Jésus se devait donc d'expliquer à ses disciples la nature mystérieuse de ce règne qu'il venait inaugurer. Cette révélation commence à partir de la confession de foi de Pierre qui reconnaît en Jésus le Messie (8, 27‑30) et de la transfiguration (9, 2-8). Pour éviter toute confusion sur le type de messie qu’il est, Jésus annonce dès lors qu’il devra subir la passion et passer par la mort avant que ne soit manifestée en lui la gloire de Dieu (14, 22-25). C'est au moment de la Résurrection que cette gloire resplendira. Alors le règne de Dieu sera pleinement manifesté et établi.

         Le règne de Dieu est un don divin offert à l’humanité. Il y grandit sans toutefois y être pleinement accompli. Les êtres humains sont appelés à entrer dans le monde nouveau de Dieu en se laissant évangéliser dans toutes les dimensions et situations de leur vie. Dès ici-bas, il leur faut offrir leur vie, comme un sacrifice spirituel, pour que Dieu l’établisse dans une communion de vie et d’amour avec lui. Ils sont invités à suivre le même chemin que celui de Jésus: tous sont promis à la gloire de la résurrection à condition de vivre le dépouillement de la croix.

         « Le Royaume, comme l’écrit si bien Jean Radermakers, n'est pas la projection d'un idéal de fraternité humaine, le rêve d'un amour qui se fait et se défait au gré des désirs de chacun, l'utopie d'une société sans classe. Le Royaume, c'est le Christ, c'est se laisser mener vers le Père, dans une communauté de vie et de destin avec le Fils bien‑aimé, souffrant nos souffrances d'hommes et nous livrant avec lui à l'amour de Dieu» (La Bonne Nouvelle de Jésus selon saint Marc, Tome 2, Lecture continue, p. 291.)
    Le secret messianique

         La venue du règne de Dieu fait irruption notamment lors de guérisons ou de libérations de l’emprise du pouvoir du mal. Jésus impose très souvent l’injonction de garder le silence,  afin que son identité de Messie ne soit pas divulguée de son vivant. C’est ce qu’on appelle le secret messianique. On retrouve cette interdiction lors de la guérison d'un lépreux (1, 40‑45), d'un sourd (7, 32‑37), d'un aveugle (8, 22‑26) et de la réanimation de la fille de Jaïre (5, 21‑43). Tous ces miracles ont une signification messianique évidente. Il n'appartient pas aux hommes de révéler que Jésus est le Messie. Il veut rester le seul maître du moment opportun et de la manière appropriée d'en faire la révélation. Jésus redoute que ses concitoyens se méprennent sur son identité de messie, dans un contexte où la population attend avec fébrilité la venue d'un libérateur qui secouerait le joug romain. Jésus vient plutôt libérer les cœurs des entraves du péché.

         Cette injonction au silence crée donc un effet dramatique au fur et à mesure qu’avance le récit évangélique. La messianité de Jésus sera dévoilée au moment de la résurrection et fera l’objet de l’annonce par les apôtres de l’Évangile de Jésus, Christ et Fils de Dieu.
     
    Yves Guillemette, ptre

    Yves Guillemette, ptre

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  • Nazareth, un modeste village  

    nazareth.jpg

    Nazareth
    David Roberts
    Lithographie, 1842

    Nazareth, petit village de Galilée, n’a jamais été le théâtre de grands événements historiques. Sa mention est totalement absente de l’Ancien Testament. Les évangiles sont les premiers à en parler, comme ville propre de la famille de Jésus.

         La littérature juive des premiers siècles de l’ère chrétienne, y compris l’historien Flavius Josèphe, ne la mentionne pas davantage. Eusèbe de Césarée, au IVe siècle, le déclare encore comme un pauvre petit village de Galilée. Nos sources écrites révèlent qu’une église y est construite au VIe siècle. Le village connaîtra aussi les misères des guerres perses et arabes; il sera totalement rasé en 1263 par le sultan égyptien Baybars, pour être ensuite laissé en ruines jusqu’au XVIIe siècle.

          Avant la construction d’une nouvelle église sur l’emplacement de celle du XVIIe siècle, le père Bellarmino Bagatti, archéologue franciscain, étudia avec soin les diverses couches de débris jusqu’au roc naturel [1]. Les résultats importants de ces travaux ont paru voilà plusieurs années, et il est regrettable que le grand public n’en soit pas mieux informé.

         De la période israélite, on n’a pu repérer que quelques morceaux de céramique. Aucun village permanent n’était fondé en cet endroit, d’où le silence de l’Ancien Testament.

         À l’époque romaine, donc au temps de Jésus, le village ne comptait que quelques familles, accrochées à un mamelon rocheux et isolé, qui ne dépassait pas beaucoup le site de l’église de l’Annonciation et ses environs immédiats. On comprend alors l’intention des gens du village de vouloir jeter Jésus au bas de cet escarpement. Des grottes creusées dans ce roc et sous les maisonnettes servaient de caves, et même parfois de lieux d’habitation. Entre les maisons, on aménagea dans le même sol rocheux des silos à grains, des pressoirs, des citernes; quelques tombes ont été aussi repérées.

    Vue de Nazareth

    Plan de l'église byzantine

         C’est au-dessus d’une de ces petites maisons, munie de sa cave-grotte, que des chrétiens construisirent une première petite église. Il n’en reste que quelques fondations de murs, et de bons morceaux de sols en mosaïques, dont les motifs comportent des croix. Elle a donc dû être construite avant 427, car c’est à cette date que Théodose II défend de mettre des croix sur le sol des églises. Au cours du VIe siècle, une deuxième église plus grande fut bâtie au-dessus de la première (voir le plan). Elle présente le plan bien connu des architectes byzantins : un petit bâtiment à trois nefs précédé d’un grand atrium ou cour ouverte, à droite, une sacristie et des chambres, pour les prêtres.

         Cette église fut totalement détruite lors des invasions arabes au XIIe siècle. Les Croisés en bâtiront une autre, négligeant le plan de l’époque byzantine, sauf qu’ils la centrent davantage sur la maisonnette de l’époque romaine. Nous ne connaissions rien de cette dernière, car elle avait été rasée par Baybars en 1263; les fouilles en révélèrent le plan entier, de même que de très beaux chapiteaux, comparables à ceux de Vézelay.

         L’archéologie enrichit beaucoup notre connaissance de Nazareth; surtout, nous savons maintenant que, dès le IVe siècle, la tradition chrétienne y avait identifié une des maisonnettes de Nazareth comme celle de la famille de Jésus. Des invocations à Jésus et à Marie gravées sur des fragments de murs plâtrés d’une citerne peuvent remonter même au IIIe siècle.

    [1] B. Bagatti, Excavations in Nazareth, Jérusalem, Franciscan Printing Press (Studium Biblicum Franciscanum 17), 1969.

    Guy Couturier

    Source www.interbible.org

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            * Album des crèches


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  • L'Évangile selon saint Marc (4/6)

    Jésus, un messie souffrant

    La recherche de l’identité de Jésus, qui occupe les huit premiers chapitres, culmine dans la profession de foi de Pierre : Tu es le Christ,qui agit comme pivot central de l’évangile (8, 27-30). À partir de ce moment, Jésus entreprend de préparer ses disciples à la dure réalité de sa mission. Il ne sera pas le messie triomphant de la conception populaire, mais un messie souffrant. L’intelligence des disciples s’ouvre difficilement à la révélation de la souffrance, de la mort et de la résurrection du Christ et Fils de Dieu. L’attitude de Jésus devant la souffrance et la mort suscitera au pied de la croix une autre profession de foi, celle du soldat romain : Vraiment cet homme était fils de Dieu (15, 39).

     

         En regard de ce type de messie souffrant, Jésus a des exigences radicales pour quiconque veut être son disciple, car il faut marcher à sa suite sur un chemin où l’espérance d’« entrer chez Dieu » n’éclipse pas les épreuves de la vie. Aux disciples Jacques et Jean qui rêvent de siéger à la droite et à la gauche de Jésus dans sa gloire, Jésus répond : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire et être baptisés du baptême dont je vais être baptisé? » Ils lui dirent: « Nous le pouvons. » Jésus leur dit: « La coupe que je vais boire, vous la boirez, et le baptême dont je vais être baptisé, vous en serez baptisés; quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m'appartient pas de l'accorder, mais c'est pour ceux à qui cela a été destiné » (10, 35-45; voir aussi 3, 31‑35; 8, 34 ‑ 9, 1; 9, 33‑37; 10, 17‑22). En suivant le chemin de Jésus, il est donc important de toujours avoir à l’esprit la question : Qui est Jésus ? Et d’être capable d’y répondre.

     

         La personne de Jésus se situe comme il se doit au cœur de l'évangile. Il s'agit de se laisser saisir par sa mort et sa résurrection, car c'est cela être disciple. La croix est plantée au cœur de l'Évangile; c'est elle qui révèle Jésus et opère un discernement parmi les personnes qui s'approchent de lui. L’enjeu de la foi se situe au niveau d’une confrontation entre la personne et le message de Jésus et les conceptions humaines de la vie.

     

         Ceux qui sont prêts à suivre Jésus doivent savoir qu'il est un Messie souffrant. Jésus ne cesse de le rappeler aux disciples, évitant qu’ils fassent de lui un libérateur idéal, un révolutionnaire politique qui utiliserait et soumettrait la religion à ses ambitions de puissance, un utopiste ou un thaumaturge populaire : Il instruisait ses disciples et il leur disait: « Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes et ils le tueront, et quand il aura été tué, après trois jours il ressuscitera. » Mais ils ne comprenaient pas cette parole et ils craignaient de l'interroger (9, 31-32 ; voir aussi 8, 31-33; 10, 32-34). Il n’est pas surprenant que plusieurs personnes se soient retirées, puisque le disciple doit suivre son maître sur le chemin de la souffrance et de la mort, à cause de son Nom et de l’Évangile.

     

         Choisir Jésus et marcher à sa suite, ne consiste pas à se trouver des croix. Elles viennent d’elles-mêmes. La croix est le regard de foi et d’espérance que nous portons sur les épreuves de la vie. En tant que chrétien/nes et disciples de Jésus Christ, nous choisissons d’accueillir sa présence à nos côtés en toutes circonstances et de trouver du sens même quand il ne semble pas y en avoir de prime abord, tellement la souffrance occupe tout le terrain. Marcher à la suite du Christ, le messie souffrant, c’est avancer dans la vie à la lumière qu’y projette le Ressuscité, lui qui appartient à la vie dans toute sa plénitude. C’est aussi être réconforté par la présence chaleureuse d’un frère, d’une sœur dans la foi, qui a fait l’expérience de la présence réconfortante du Christ quand il ou elle a dû affronter une croix dans sa propre vie.

     

    Yves Guillemette, ptre

    Source www.interbible.org

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