• Consistoire: le Collège cardinalice, appelé à ressembler à un orchestre symphonique

    En ce samedi 30 septembre, place Saint-Pierre, le Pape François a présidé son 9ème consistoire ordinaire au cours duquel 21 nouveaux cardinaux ont été créés. Dans son homélie, le Successeur de Pierre a mis en lumière le récit de la Pentecôte du Livre des Actes des Apôtres, invitant les nouveaux cardinaux à ressembler à «un orchestre représentant la symphonie et la synodalité de l’Église».
     

    Myriam Sandouno – Cité du Vatican

    Fidèles chrétiens, familles, différentes délégations venus des quatre coins du monde entier, près de 12 000 personnes ont pris part à la cérémonie solennelle du 9ème consistoire ordinaire du pontificat de François depuis son élection en 2013. Ce samedi 30 septembre, 20 nouveaux cardinaux présents issus de quatre continents, ont reçu leur barrette des mains du Saint-Père, qui dans son homélie a tout d'abord relevé «une surprise» dans le récit de la Pentecôte, dans laquelle il dit avoir reconnu avec joie l'humour de l'Esprit Saint. Elle consiste «dans le fait que normalement, nous, pasteurs, lorsque nous lisons le récit de la Pentecôte, nous nous identifions aux Apôtres».

    Il est normal qu’il en soit ainsi, a reconnu le Pape. Par contre, ces juifs religieux résidants à Jérusalem dont parle le Livre des Actes des apôtres «Parthes, Mèdes, Elamites, etc…», que «dans mon esprit j’avais associés aux cardinaux, n’appartiennent pas au groupe des disciples, ils sont hors du cénacle, ils font partie de cette “foule” qui s’est “rassemblée” en entendant le bruit causé par le vent impétueux. Les Apôtres étaient “tous Galiléens” (cf. v. 7), tandis que les gens qui s’étaient rassemblés étaient "de toutes les nations sous le ciel"comme le sont les Évêques et les cardinaux à notre époque», a affirmé François.

    La naissance d'une Église sainte, catholique et apostolique 

    Une telle inversion des rôles pousse certes à la réflexion, mais en observant de plus près, elle révèle une perspective intéressante: Il s’agit de «nous appliquer - moi le premier - a déclaré le Pape tout en faisant remarquer ensuite que l’expérience de ces juifs qui, par un don de Dieu, se sont trouvés protagonistes de l’événement de la Pentecôte, c’est-à-dire du “baptême” dans l’Esprit Saint, a donné naissance à l’Église une, sainte, catholique et apostolique».

    Cette perspective se résume à: «redécouvrir avec étonnement le don d’avoir reçu l’Évangile», a souligné François, "dans nos langues"», comme le disaient les Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes le jour de Pentecôte. Mais aussi à «repenser avec gratitude au don d’avoir été évangélisés et d’avoir été tirés de peuples qui, chacun en son temps, ont reçu le Kérygme, l’annonce du mystère du Salut, et qui, en l’accueillant, ont été baptisés dans l’Esprit Saint et sont entrés dans l’Église». Cette «Église mère qui parle dans toutes les langues, qui est une et qui est catholique».

    La grâce de l'Évangile pour les peuples

    Le Pape a estimé qu’avant d’être «apôtres», prêtres, évêques, cardinaux, «nous sommes “Parthes, Mèdes, Élamites” etc. Et cela devrait éveiller en nous l’étonnement et la gratitude pour avoir reçu la grâce de l’Évangile dans nos peuples d’origine respectifs. Je pense que cela est très important et qu’il ne faut pas l’oublier», a-t-il dit, car «c’est là, dans l’histoire de notre peuple, je dirais dans la “chair” de notre peuple, que l’Esprit Saint a opéré le miracle de la communication du mystère de Jésus-Christ mort et ressuscité». Et «il nous est parvenu “dans nos langues”, sur les lèvres et dans les gestes de nos grands-parents et de nos parents, des catéchistes, des prêtres, des religieux...», a ajouté le Souverain pontife. Chacun «peut se souvenir de voix et de visages concrets. La foi est transmise “en dialecte”, par les mères et les grands-mères», a-t-il déclaré.

    Lors du rite de création du consistoire.
    Lors du rite de création du consistoire.

    Un don à renouveler dans la foi

    À tous ces nouveaux cardinaux et fidèles présents, François a rappelé que «nous sommes en effet des évangélisateurs dans la mesure où nous gardons dans notre cœur l’émerveillement et la gratitude d’avoir été évangélisés; ou plutôt d’être évangélisés, parce qu’en réalité il s’agit d’un don toujours actuel qui demande à être continuellement renouvelé dans la mémoire et dans la foi».

    La Pentecôte - comme le Baptême – n’appartient pas au passé, c’est un acte créateur que Dieu renouvelle continuellement, a-t-il précisé. «L’Église - et chacun de ses membres - vit de ce mystère toujours actuel. Elle ne vit pas de “rente”, encore moins d’un patrimoine archéologique aussi précieux et noble soit-il».

    L’action de l’Esprit Saint

    La présence de l’Esprit Saint reste toujours effective, car pour François, «l’Église, et chaque baptisé, vit dans l’aujourd’hui de Dieu par l’action de l’Esprit Saint». «Même l’acte que nous accomplissons ici en ce moment a un sens si nous le vivons dans cette perspective de foi», a-t-il fait remarquer.

    S’adressant directement aux cardinaux, le Pape a affirmé ceci: «vous, nouveaux cardinaux, vous êtes venus de différentes parties du monde, et le même Esprit qui féconda l’évangélisation de vos peuples renouvelle maintenant en vous votre vocation et votre mission dans l’Église et pour l’Église».

    L’image de l’orchestre et la synodalité

    C’est à cela que le Collège cardinalice est appelé à ressembler, a dit François. «Un orchestre symphonique représentant la symphonie et la synodalité de l’Église», non seulement «parce que nous sommes à la veille de la première Assemblée du Synode, qui porte précisément sur ce thème, mais aussi parce qu’il me semble que la métaphore de l’orchestre peut bien éclairer le caractère synodal de l’Église».

    La symphonie

    Poursuivant, le Pape a mis l’accent sur la symphonie qui vit de la composition savante des timbres des différents instruments et à travers laquelle chacun apporte sa contribution, parfois seul, parfois uni à un autre, parfois avec tout l’ensemble. «La diversité est nécessaire, elle est indispensable». Mais «chaque son doit concourir au dessein commun. Et pour cela, l’écoute mutuelle est fondamentale», a déclaré le Pape.

    Le Saint-Père a relevé «qu’il nous est bon de nous reconnaître dans l’image de l’orchestre, pour apprendre davantage à être Église symphonique et synodale. Je la propose en particulier à vous, membres du Collège cardinalice, dans la consolante confiance que nous avons pour maître l’Esprit Saint: le maître intérieur de chacun et le maître du cheminement commun». Il «crée la variété et l’unité, il est l’harmonie même. Nous nous confions à sa conduite douce et forte, et à la protection prévenante de la Vierge Marie», a conclu le Pape François.

    Création des cardinaux 

    Après l'homélie, le Saint-Père a procédé au rite de création des nouveaux cardinaux. L'un d'eux, le père Luis Dri, un frère capucin confessant depuis des années au sanctuaire de Notre-Dame de Pompei, à Buenos Aires, âgé de 96 ans, n'a pas pu effectuer le déplacement. Il recevra la barrette des mains de l’archevêque de Buenos-Aires. 

    Chacun des 20 nouveaux cardinaux présents, se mettant en ligne devant le Pape François, ont professé leur foi et juré fidélité et reconnaissance aux saints apôtres de l’Église Romaine. Le Saint-Père a ensuite remis à chacun d'eux la barrette et l’anneau cardinalice.

    Désormais, le collège cardinalice compte 242 membres, 138 cardinaux-électeurs en cas de conclave. Parmi les nouveaux cardinaux figurent: deux Français Mgr François Bustillo, l’évêque d’Ajaccio en Corse, et Mgr Christophe Pierre, nonce apostolique aux États-Unis depuis 2016. Trois nouveaux cardinaux sont membres de la Curie. Il s'agit de Mgr Robert Francis Prevost, préfet du dicastère pour les Évêques, Mgr Claudio Gugerotti, à la tête du dicastère pour les Églises orientales, et Mgr Victor Manuel Fernández, nouveau préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi. 

    Figurent également Mgr Stephen Ameyu Martin Mulla, archevêque de Juba au Soudan du Sud, qui a accueilli le Pape en début d’année, mais aussi Mgr Sebastian Francis, archevêque de Penang en Malaisie, engagé et dévoué dans le dialogue interreligieux, et Mgr Pierbattista Pizzaballa qui devient le premier patriarche latin de Jérusalem à obtenir la pourpre. 

    Les nouveaux cardinaux.
    Les nouveaux cardinaux.
     
     
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  • Pour le Pape, Marseille a permis un regard humain sur la Méditerranée

    Comme la tradition l’exige à chaque retour de voyage apostolique, le Pape a consacré sa catéchèse de l'audience générale du mercredi 27 septembre au sens de son dernier déplacement hors de Rome. Revenant sur les Rencontres méditerranéennes, ayant réunies 140 jeunes et évêques de la Mare nostrum du 17 au 24 septembre dernier, à Marseille, le Pape a exhorté à poser un regard humain et non idéologique sur la Méditerranée, et à, pour ce faire, redonner l'espérance aux jeunes Européens.
     

    Delphine Allaire – Cité du Vatican

    Le Pape François a repris quelques traits de sa feuille de route pour la Méditerranée délivrée au palais du Pharo samedi matin 23 septembre à Marseille pour rappeler place Saint-Pierre la vocation de la Méditerranée: «Être un laboratoire de civilisation et de paix».

    «La Méditerranée est un berceau de civilisation, et un berceau, c'est pour la vie! On ne peut pas permettre qu'elle devienne un tombeau, encore moins une zone de conflit. La mer Méditerranée est ce qui s'oppose le plus au choc des civilisations, à la guerre, à la traite des êtres humains», a d’emblée assuré le Souverain pontife, évoquant les liens entre trois continents que cette mer permet, aussi entre «les personnes et les cultures, les peuples et les langues, les philosophies et les religions». Une mer «périlleuse», mais recelant «des trésors de vie, ses vagues et ses vents portant des navires de toutes sortes». 

    Un lieu de rencontre et non d'affrontement, de vie et non de mort, a résumé le Pape, insistant sur la dimension spirituelle originelle et fondatrice: «Depuis sa rive orientale, il y a deux mille ans, l'Évangile de Jésus-Christ a entrepris de proclamer à tous les peuples que nous sommes les enfants d'un seul Père qui est aux cieux et que nous sommes appelés à vivre en frères et sœurs; que l'amour de Dieu est plus grand que nos égoïsmes et nos replis, et qu'avec l'aide de sa miséricorde, une coexistence humaine est possible». Cela ne se fait pas par magie et n'est pas acquis une fois pour toutes, a reconnu François, appelant chaque génération à œuvrer en ce sens «en lisant les signes des temps qu’elle vit».

    Les migrations forcées, un signe des temps

    La rencontre de Marseille fait suite à celles qui se sont tenues à Bari en 2020 et à Florence l'année dernière. «Il ne s'agit pas d'un événement isolé», mais «d'un pas en avant dans un parcours» qui trouve son origine dans les "Colloques méditerranéens" organisés par le maire Giorgio La Pira à Florence à la fin des années 1950. «Un pas en avant pour répondre, aujourd'hui, à l'appel lancé par saint Paul VI dans son encyclique Populorum Progressio, pour "la promotion d'un monde plus humain pour tous, un monde où tous auront à donner et à recevoir, sans que le progrès des uns soit un obstacle au développement des autres." (n° 44)», a réitéré l'évêque de Rome.

    Un regard humain sur la Méditerranée

    Le Pape a ensuite abordé les premiers fruits immédiats de la rencontre marseillaise: selon lui, en est sorti «un regard sur la Méditerranée simplement humain, ni idéologique, ni stratégique, ni politiquement correct, ni instrumental, non, humain, c'est-à-dire capable de tout rapporter à la valeur première de la personne humaine et à sa dignité inviolable». Et en même temps, est apparu un regard d'espérance, a noté le Saint-Père. «C'est toujours surprenant: quand on écoute des témoins qui ont vécu des situations inhumaines ou qui les ont partagées, et que c'est d'eux que l'on reçoit une "profession d'espérance".»

    L’espérance doit s’organiser et se concrétiser

    Cette espérance ne peut et ne doit pas "se volatiliser", a affirmé le Pape, souhaitant au contraire, qu'elle s'organise, se concrétise dans des actions à long, moyen et court terme. «Pour que les personnes, en toute dignité, puissent choisir d'émigrer ou de ne pas émigrer», en écho au thème du message de la Journée du migrant et du réfugié 2023. «La Méditerranée doit etre un message d’espérance», a insisté le Pape, indiquant quelques moyens pour la retrouver.

    Redonner l’espérance à nos sociétés européennes

    Redonner de l'espérance aux jeunes Européens en particulier apparait prioritaire pour le Pape, qui s'interroge «Comment accueillir les autres si nous n'avons pas nous-mêmes un horizon ouvert sur l'avenir? Comment des jeunes sans espérance, enfermés dans leur vie privatisée, préoccupés par la gestion de leur précarité, peuvent-ils s'ouvrir à la rencontre et au partage? Nos sociétés malades de l'individualisme, du consumérisme et de l'évasion vide ont besoin de s'ouvrir, d'oxygéner leurs âmes et leurs esprits pour pouvoir lire la crise comme une opportunité et l'affronter positivement».

    “Comment accueillir les autres si nous n'avons pas nous-mêmes un horizon ouvert sur l'avenir?”

    L’Europe doit retrouver passion et enthousiasme

    Pour ces raisons, «l'Europe a besoin de retrouver passion et enthousiasme», a lancé François, confiant les avoir trouvées à Marseille «dans son pasteur, le cardinal Aveline, dans les prêtres et les consacrés, dans les fidèles laïcs engagés dans la charité, dans l'éducation, dans le peuple de Dieu qui a manifesté une grande chaleur lors de la messe au stade Vélodrome. Je les remercie tous, ainsi que le Président de la République, dont la présence a témoigné de l'attention de la France entière à l'égard de l'événement de Marseille», a relevé l’évêque de Rome, concluant en invoquant Notre-Dame de la Garde: «Que Notre-Dame, que les Marseillais vénèrent sous le nom de Notre-Dame de la Garde, accompagne le chemin des peuples de la Méditerranée, afin que cette région devienne ce qu'elle a toujours été appelée à être: une mosaïque de civilisation et d'espérance».


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  • Together         Together  

    «Together», la grande veillée œcuménique qui précédera le Synode

    Dans l'après-midi du 30 septembre, le Pape sera sur la place Saint-Pierre avec le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, l'archevêque de Canterbury Welby et d'autres responsables de l'Église pour prier pour le travail de l'assemblée qui s'ouvrira le 4 octobre. L'événement est organisé par la communauté de Taizé en collaboration avec les dicastères du Vatican et le vicariat de Rome. Des milliers de jeunes sont attendus d'Europe, des États-Unis, d'Afrique et d'Asie.
     

    Le 30 septembre, «Together (ensemble en français) - Rassemblement du peuple de Dieu» ouvrira idéalement dans la prière l'assemblée sur la synodalité, prévue du 4 au 29 octobre. Le Pape a voulu que ce soit un moment œcuménique de recueillement et d'invocation à l'Esprit Saint qui précède le début du Synode.

    François arrivera sur place Saint-Pierre à 18 heures pour partager la prière avec le patriarche œcuménique orthodoxe Bartholomée, l'archevêque de Canterbury Justin Welby et de nombreux autres responsables de l'Église, ainsi que des milliers de chrétiens de différentes confessions. Avant l'arrivée de François, une célébration de gratitude aura lieu de 17 à 18 heures autour de quatre dons: reconnaissance pour le don de l'unité et pour le chemin synodal, pour le don de l'autre, pour le don de la paix et pour le don de la Création. Le programme précédant, la prière et la veillée seront retransmis en direct par Vatican Media, sur son canal YouTube, avec une traduction en 8 langues.

    De nombreux pays à Rome

    La veillée est principalement préparée par la communauté de Taizé avec la collaboration du Secrétariat du Synode des évêques, du dicastère pour la Promotion de l'unité des chrétiens, du dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie, et du vicariat de Rome. La place Saint-Pierre sera l'épicentre d'une série d'initiatives similaires dans le monde entier, à la fois en conjonction avec la veillée du 30 septembre et autour de cette date. Jusqu'à présent, plus de 200 initiatives ont été planifiées, avec des chrétiens de différentes Églises partageant la prière et la réflexion dans leurs pays respectifs, mais la liste est en train d'être mise à jour.

    Rencontres et tables rondes pour les jeunes

    Pendant la période où les Églises célèbrent le Temps de la Création, la place Saint-Pierre elle-même sera transformée en un «jardin», plein d'arbres et de fleurs, où se détachera la Croix de saint François et de saint Damien. Pour les milliers de jeunes de 18 à 35 ans, sont prévus, outre la veillée, un programme d'ateliers et de rencontres. Ils se dérouleront du 29 septembre au 1er octobre et comprendront une prière de louange et d'adoration dans la basilique Saint-Jean-de-Latran le samedi après-midi. Les thèmes des ateliers comprennent l'écoute des réfugiés, leurs expériences, l'apprentissage d'autres confessions et religions, la visite du travail des missions de la ville avec les personnes marginalisées, la reconnaissance du Christ dans la diversité des différentes traditions, la participation à des tables rondes œcuméniques, et le souci de la Création.

    Le projet de la Veillée

    L'idée du rassemblement de prière est née en octobre 2021, lorsque frère Alois, prieur de Taizé, a été invité à prendre la parole à l'ouverture du processus synodal de l'Église catholique. Il a déclaré à cette occasion: «Par le baptême et par l’Écriture Sainte, nous sommes sœurs et frères en Christ, réunis en une communion encore imparfaite mais bien réelle, même quand des questions théologiques restent en suspens. Un tel rassemblement – ici à Rome et en même temps ailleurs dans le monde – aurait en son cœur une célébration sobre à l’écoute de la parole de Dieu, avec un long moment en silence et une intercession pour la paix.»

    source https://www.vaticannews.va/

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  • Conférence de presse du Pape dans le vol retour de MarseilleConférence de presse du Pape dans le vol retour de Marseille  (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

    François aux journalistes: Marseille est une mosaïque créative et un message pour l'Europe

    François répond aux questions des journalistes sur le vol de retour de Marseille: «Les migrations bien conduites sont une richesse». Sur l'euthanasie, il demande de faire «attention aux colonisations idéologiques qui détruisent la vie humaine». Sur l'Ukraine, il exhorte à ne pas «jouer avec le martyre de ce peuple».
     

    Vatican News

    Matteo Bruni: Bonsoir Votre Sainteté, bonsoir à tous. Merci pour le temps que vous nous accordez au retour de ce voyage. Ce fut un voyage particulier au cours duquel vous avez pu constater toute l’affection des français qui, comme le disait le cardinal Aveline, sont venus prier avec vous. Je pense qu'il y a quelques questions que les journalistes voudraient vous poser, à moins que vous ne souhaitiez nous dire quelque chose ?

    Merci beaucoup pour votre travail. Avant que je n’oublie, je voudrais dire deux choses. D’abord, je crois que c’est le dernier vol de Roberto Bellino (technicien du Dicastère pour la communication, ndr) qui prend sa retraite. Merci. Et la deuxième chose : aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Rino. L'ineffable Rino (Anastasio). Maintenant, je vous invite volontiers à poser vos questions.

    Raphaële Schapira, France Télévisions: Votre Sainteté bonsoir. Vous avez commencé votre pontificat à Lampedusa en dénonçant l'indifférence. Dix ans plus tard, vous demandez à l'Europe de faire preuve de solidarité. Cela fait dix ans que vous répétez le même message. Cela signifie-t-il que vous avez échoué ?

    Je ne pense pas. Je dirais que c’est une avancée qui progresse lentement. Aujourd'hui, il y a une prise de conscience du problème des flux migratoires. Il y a une prise de conscience et la conscience que c'est quelque chose qui est arrivé à un point tel, comme une patate chaude qu’on ne sait pas comment affronter. Angela Merkel a dit un jour qu'on résoudrait le problème en allant en Afrique et en permettant au peuple africain d’élever son niveau de vie. Mais il y a des accidents de parcours, très violents, où les migrants sont renvoyés à leur point de départ. C’est comme un ping-pong. Et nous savons que souvent ils finissent dans des camps, dans des situations pires que celles qu’ils connaissaient avant de partir.

    J’ai suivi le parcours d’un garçon, Mahmoud, qui a tenté de fuir ces camps. Mais à la fin il s’est pendu. Il n’a pas résisté, il n’a pas toléré cette torture. Je vous ai déjà dit de lire ce petit livre «Hermanito». Il faut savoir que les migrants qui arrivent ont été vendus. Un jour où l’autre on leur prend leur argent pour payer. Ensuite ils doivent appeler leurs familles pour qu’elle leurs donnent plus d’argent. C’est une vie terrible. J'ai écouté une personne qui a été témoin. Une nuit, au moment de l'embarquement, elle a vu une simple embarcation, sans sécurité, et quelqu’un qui ne voulait pas embarquer. Pan, pan! Fin de l’histoire. C’est le règne de la terreur. Les migrants ne souffrent pas seulement parce qu’ils sentent le besoin de s’en sortir, mais aussi parce que le règne de la terreur fait d’eux des esclaves. Nous ne pouvons pas ne pas voir les choses, les renvoyer en arrière comme une balle de ping-pong. C'est pourquoi je répète le principe selon lequel les migrants doivent être accueillis, accompagnés, promus et intégrés. Si vous ne pouvez pas l'intégrer dans votre pays, accompagnez-le, intégrez-les dans leurs pays, mais ne les abandonnez pas aux mains de ces cruels trafiquants d’êtres humains.

    Le drame des migrants est bel et bien là, lorsque nous les renvoyons et qu'ils tombent entre les mains de ces délinquants qui font tant de mal, qui les vendent, qui les exploitent. Ces migrants essaient de fuir, de s’en sortir. Il y a quelques groupes de personnes qui se consacrent à sauver ces migrants des griffes du mal. J'ai invité l'un d'entre eux à participer au Synode, un responsable de “Mediterranea Saving Humans“. Ces gens-là vous racontent des histoires terribles. Pour mon premier voyage, comme vous l’avez souligné, je suis allé à Lampedusa. Les situations se sont améliorées, vraiment. Il y a une plus grande conscience aujourd’hui. Il fut un temps où ces choses ne se savaient pas et où on ne nous disait pas la vérité. Je me souviens d’une réceptionniste à la maison Sainte-Marthe qui était éthiopienne, fille d'Éthiopiens, et qui connaissait la langue. Elle suivait mon voyage à la télévision, et il y avait (à Lampedusa) une personne, un pauvre Éthiopien qui m'expliquait les tortures et toutes ces choses. Et le traducteur m’a ensuite dit que ce garçon m’avait menti, qu’il avait édulcoré la situation. C’est difficile de faire confiance. Et il y a tant de drames. Et lorsque j’étais là-bas, une femme médecin m’a dit: regardez cette femme qui va et vient au milieu des cadavres. Elle regardait les visages pour tenter de reconnaitre celui de sa fille qu’elle ne retrouvait pas. Si nous regardons ces drames en face, ils nous rendront plus humains, et par conséquent plus divins.

    C’est un appel. Je voudrais que ce soit comme un cri. Faisons attention faisons quelque chose. La conscience a vraiment changé, il y a aujourd’hui une plus grande conscience, pas seulement parce que j’en ai parlé, mais parce que les gens se sont rendus compte du problème et ils en parlent beaucoup. Ce fut mon premier voyage et là, j’ai entendu quelque chose de l’intérieur. Je ne savais même pas où était Lampedusa. Mais j’ai écouté les récits, j’ai lu des choses, et dans la prière j’ai entendu que je devais me rendre sur place, comme si le Seigneur m’envoyait là-bas, pour mon premier voyage. 

    Clément Melki, AFP: Ce matin vous avez rencontré Emmanuel Macron après avoir exprimé votre opposition à l’euthanasie. Le gouvernement français se prépare à approuver une loi controversée sur la fin de vie. Pourriez-vous nous dire ce que vous avez dit au président français sur ce sujet-là? Et si vous pensez pouvoir lui faire changer d’avis?

    Aujourd’hui nous n’avons pas parlé de ce thème mais nous l’avons fait lors d’une autre visite lors de laquelle nous nous sommes rencontrés. J’ai parlé clairement quand il est venu au Vatican. Je lui ai donné mon avis, très clairement. Avec la vie, on ne joue pas, ni au début ni à la fin. On ne joue pas.

    Mon avis, c’est de protéger la vie. Au final, vous finirez avec une politique de la non-douleur, une euthanasie humaniste. À ce propos, je voudrais reparler d’un livre, lisez-le. C’est un roman écrit en 1907 par Benson qui s’intitule «Le Maïtre de la terre». C’est un futuriste qui montre comment ce sera à la fin. Ils abolissent toutes les différences, ils enlèvent les douleurs, et l’euthanasie est une de ces choses. La mort douce, le choix de la naissance. Cela montre comment cet homme voyait les conflits d’aujourd’hui. Faisons attention aux colonisations idéologiques qui détruisent la vie humaine, qui vont contre la vie humaine. Aujourd’hui, on efface la vie des grands-parents, par exemple, quand la richesse humaine se trouve dans le dialogue entre les petits-enfants et les grands-parents. On les efface: ils sont vieux, ils ne servent pas. Avec la vie on ne joue pas. Cette fois je n’en ai pas parlé avec le président mais la dernière fois oui, quand il est venu. Je lui ai donné mon avis: avec la vie on ne joue pas. Que ce soit la loi qui ne laisse pas grandir l’enfant dans le sein de la mère, la loi sur l’euthanasie pour les maladies liées à la vieillesse. Je ne dis pas que c’est une histoire de foi, c’est quelque chose d’humain. C’est de la mauvaise compassion. Un jour, la science est arrivée à faire que certaines maladies douloureuses le soient moins grâce à des médicaments. Mais avec la vie, on ne joue pas.  

    Javier Martínez Brocal Ogáyar, ABC: Saint-Père, merci d'avoir répondu aux questions à l’occasion de ce voyage très intense et dense. Jusqu’au dernier moment, vous avez parlé de l'Ukraine et le cardinal Zuppi s'est rendu à Pékin. Y a-t-il des progrès dans cette mission? Au moins concernant la question humanitaire du retour des enfants? Une question un peu dure, mais comment vivez-vous personnellement le fait que cette mission n'ait pas réussi à obtenir des résultats concrets jusqu'à présent. Lors d'une audience, vous avez parlé de frustration. Ressentez-vous de la frustration? Je vous remercie.

    C'est vrai que l'on ressent une certaine frustration, parce que la Secrétairerie d’État fait tout pour aider, même la "mission Zuppi" qui s'est rendu là-bas. Il y a quelque chose de positif qui bouge avec les enfants, mais concernant cette guerre, il me vient à l'esprit qu'elle est aussi un peu affectée non seulement par le problème ukraino-russe, mais aussi par la vente d’armes, par le commerce des armes. Un économiste a dit il y a quelques mois, qu'aujourd'hui les investissements qui rapportent le plus sont les usines d'armement, certainement des usines de la mort ! Le peuple ukrainien est un peuple martyr, il a une histoire de martyre, une histoire qui fait souffrir. Ce n'est pas la première fois: à l'époque de Staline, il a beaucoup souffert, beaucoup, c'est un peuple martyr. Mais nous ne devons pas jouer avec le martyre de ce peuple, nous devons l'aider à résoudre possiblement les choses, concrètement, faire notre possible. Dans les guerres, concrètement il faut faire son possible, mais il ne faut pas se faire d'illusions, imaginer que demain les deux dirigeants en guerre aillent manger ensemble. Mais dans la mesure du possible, humblement, nous ferons notre possible. Aujourd'hui, j’ai vu qu’un pays avait fait marche arrière, qu'il ne donnera plus d'armes, commençant ainsi un processus dont le martyr sera certainement le peuple ukrainien. Et c'est une mauvaise chose!

    Vous avez changé de sujet. C'est pourquoi je voudrais revenir au premier sujet, le voyage. Marseille est une civilisation de nombreuses cultures, c'est un port de migrants.

    À une époque, ils allaient à Cayenne où se rendaient les condamnés... L'archevêque (de Marseille, ndlr) m'a offert «Manon Lescaut» pour me rappeler cette histoire. Mais Marseille est une culture de la rencontre! Hier, on l’a vu lors de la rencontre avec les représentants des différentes confessions -musulmans, juifs, chrétiens coexistent- il y a coexistence, c'est une culture de l'aide. Marseille est une mosaïque créative, c'est cette culture de la créativité. Un port qui est un message à l'Europe: Marseille accueille. Elle accueille et fait la synthèse sans nier l'identité des peuples. Il faut repenser cette question pour les autres: la capacité d'accueil. Pour en revenir aux migrants, il y a cinq pays qui subissent de nombreux de migrants, mais dans certains de ces pays, il y a des villages qui sont vides. Je pense à un cas concret que je connais, il y a un village où vivent moins de 20 personnes âgées et rien de plus. S'il vous plaît, que ces villages fassent l'effort d'intégrer. Nous avons besoin de main-d'œuvre, l'Europe en a besoin. Une migration bien menée, c'est un atout, c'est un atout. Réfléchissons à cette politique migratoire pour qu'elle soit plus fructueuse et qu'elle nous aide beaucoup.

    Maintenant c’est l’heure de la fête pour Rino et pour le départ de Roberto. Arrêtons-nous ici, merci beaucoup pour votre travail et vos questions.

     


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  • Le Pape François au mémorial des marins et migrants disparus en mer, à Marseille, vendredi 22 septembre 2023. Le Pape François au mémorial des marins et migrants disparus en mer, à Marseille, vendredi 22 septembre 2023.   (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

    Le Pape exhorte à donner un visage aux personnes disparues en mer

    Pour le deuxième rendez-vous de cette première journée dans la cité phocéenne, vendredi 22 septembre, après une prière mariale à la basilique Notre-Dame de la Garde, à 18 heures, François a pris la direction du mémorial pour les migrants et disparus en mer, pour un moment émouvant de recueillement avec les responsables religieux.
     

    À 200 mètres de Notre-Dame de la Garde, sur les hauteurs de la ville bleue et blanche, la croix de Camargue veille. Sur la stèle sur laquelle repose la croix, sont gravés les noms de ceux qui ont pris la mer et n’en sont jamais revenus. 

    Le cardinal Jean-Marc Aveline a d’abord ouvert l'événement, «et maintenant, nous voici devant cette stèle, érigée ici, face à la mer, en hommage aux marins et aux migrants qui ont péri dans le linceul des flots. Dans le cours de votre voyage à Marseille, cette étape est sans doute l’une des plus émouvantes.». Dans le soleil de cette fin d'après-midi, l’archevêque de Marseille a également rappelé que «quand des hommes, des femmes et des enfants, ne connaissant rien à la navigation, fuyant la misère et la guerre, sont dépouillés de leurs biens par des passeurs malhonnêtes, qui les condamnent à mort en les faisant monter sur des embarcations vétustes et dangereuses, c’est un crime !», avant de remercier chaleureusement les responsables de toutes les religions présents dans la Cité phocéenne.

    La mer, source de vie et de mort

     

    C’est entouré de responsables de l’association interreligieuse Marseille-Espérance, une association fondée en 1990 qui réunit les responsables religieux de la ville et leurs délégués autour du maire de Marseille, de l’association Stella Maris, et du Secours-catholique de Gap-Briançon que François a ensuite pris la parole, gravement, sur un sujet fil rouge de son pontificat. «La mer se trouve devant nous; elle est source de vie, mais aussi un lieu qui évoque la tragédie des naufrages causant la mort», a noté le Souverain pontife. «Nous sommes réunis en mémoire de ceux qui n'ont pas survécu, qui n'ont pas été sauvés» a-t-il ajouté.

    Les naufrages ne doivent pas être considérés comme des faits divers, et les morts des numéros, a soupiré le Pape, précisant que «ce sont des noms et des prénoms, ce sont des visages et des histoires, ce sont des vies brisées et des rêves anéantis». Les paroles ne servent à rien, a-t-il continué, invitant à un moment de silence.

    Un devoir de civilisation

    Cette mer magnifique surplombée par la Bonne Mère est devenue «un immense cimetière où de nombreux frères et sœurs se trouvent même privés du droit à une tombe, et où seule est ensevelie la dignité humaine.»

    La Méditerranée est un carrefour de civilisations, a continué l’évêque de Rome, avant de lancer un vibrant appel:

    “Nous ne pouvons pas nous résigner à voir des êtres humains traités comme des monnaies d'échange, emprisonnés et torturés de manière atroce ; nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l'indifférence. Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu’elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation !”

    Au pied de la stèle, François a rappelé que «le Ciel nous bénira si, sur terre comme sur mer, nous savons prendre soin des plus faibles, si nous savons surmonter la paralysie de la peur et le désintérêt qui condamne à mort, avec des gants de velours.»

    La croix de Camargue flottant sur la mer Méditerranée.
    La croix de Camargue flottant sur la mer Méditerranée.

    La croix de Camargue réunit les symboles des trois vertus théologales: la foi, représentée par la Croix latine, l'espérance  représentée par l'ancre et la charité, représentée par le cœur.

    Un accueil exemplaire

    Entouré de représentants religieux, le Pape les a invités à l’exemplarité face aux personnes sur la route de l’exil, «Dieu, en effet, a béni Abraham qui a été appelé à quitter sa terre d’origine: ‘’Il partit sans savoir où il allait’’ (He 11, 8). Hôte et pèlerin en terre étrangère, il accueillait les voyageurs qui passaient devant sa tente (cf. Gn 18): ‘’Exilé de sa patrie, sans abri, il était lui-même la maison et la patrie de tous’’, (St Pierre Chrysologue, Discours, 121)».

    Aux racines des trois monothéismes méditerranéens se trouve donc l'hospitalité, a rappelé le Souverain pontife, au cœur d’une ville reconnue pour son sens de l’accueil. «Croyants, nous devons donc être exemplaires dans l’accueil mutuel et fraternel».

    Le Pape François au mémorial de Marseille, le vendredi 22 septembre 2023.
    Le Pape François au mémorial de Marseille, le vendredi 22 septembre 2023.

    Enfin, François a également alerté sur le «virus de l’extrémisme et du fléau idéologique du fondamentalisme qui rongent la vie réelle des communautés.» «Que personne ne garde dans son cœur des sentiments de haine pour son prochain, mais d’amour, car celui qui hait ne serait-ce qu'un seul homme ne pourra pas se tenir tranquille devant Dieu,» a-t-il dit, faisant siens les mots de Césaire d’Arles, un moine français du VIe siècle.

    L’engagement auprès des populations migrantes

    François a tenu à remercier les associations à ses côtés pour leur engagement solidaire: «Vous êtes le Marseille de l’avenir. Avancez sans vous décourager, afin que cette ville soit pour la France, pour l'Europe et pour le monde une mosaïque d'espérance», comme l’indique le thème des Rencontres méditerranéennes 2023.

    En conclusion, au pied de cette stèle qui honore la mémoire de ceux morts en mer, François a invité, s’adressant aux dirigeants européens, à «cesser d'avoir peur des problèmes que la Méditerranée nous pose! Pour l'Union européenne et pour nous tous, notre survie en dépend».  

    À Marseille, le rêve du Pape pour enraciner la paix en Méditerranée
    22/09/2023
     

    À Marseille, le rêve du Pape pour enraciner la paix en Méditerranée

    Le successeur de Pierre se rend dans la cité phocéenne les 22 et 23 septembre pour réaffirmer la paix et la réconciliation dans cette région berceau de l’humanité en crise. Depuis ...
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     source  https://www.vaticannews.va/fr

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  • JEAN-FRANÇOIS CHAUVIN, EX-SDF « ILS NOUS PRENNENT POUR DES SOUS-HOMMES »

     

    Prions afin que les personnes qui vivent en marge de la société, dans des conditions de vie inhumaines, ne soient pas oubliées par les institutions et ne soient jamais rejetées.

    Sera-t-il possible un jour de ne plus reléguer aux marges de la société les personnes qui vivent dans des conditions de vie inhumaines ? Ce défi du pape François s’adresse à chacun, mais aussi à la société et aux institutions. Le défi est de taille et la parabole de l’homme riche et du pauvre Lazare indique qu’un gouffre infranchissable sépare les nantis des exclus, au point que ces derniers deviennent invisibles au seuil de leur porte.

    Et pourtant, au long des siècles, des femmes et des hommes ont soutenu celles et ceux qui vivaient dans l’oubli ou le rejet. On peut évoquer Vincent de Paul invitant les religieuses à faire de la rue leur cloître et des masures des pauvres leur cellule. Plus proche de nous, à l’hiver 1954, l’abbé Pierre alerte une France endormie alors que des enfants meurent dans la rue à Paris. Il créera avec et pour les exclus la communauté Emmaüs. En Égypte, sœur Emmanuelle quitte son poste d’enseignante et recueille les enfants chiffonniers des décharges du Caire.

    Depuis son élection, le pape François ne cesse d’inviter l’Église à servir en priorité les pauvres et à oser aller vers les périphéries de notre société. On ne peut oublier non plus les personnes et associations qui se dépensent sans compter au service des exclus : enfants porteurs de handicaps, personnes privées du nécessaire… Chacun peut continuer la liste des défenseurs, souvent inconnus, de la dignité de chaque personne, si abîmée soit-elle.

    Reconnaissons que les personnes qui vivent en marge dérangent ou font peur. Il arrive même qu’on les expulse des centres villes où leur présence est ressentie comme un trouble à l’ordre public. La vidéo de ce mois propose d’écouter Jean-François, un ex-sdf de Lille, soutenu par une association de réinsertion. Ce reportage nous invite à accueillir avec bienveillance son témoignage, sans jugements ou conseils trop hâtifs et à prendre le temps de prêter une oreille attentive à ses paroles et les laisser faire leur chemin en nous.

    Après avoir visionné cette vidéo, je prends un temps de silence pour être à l’écoute des sentiments qui m’habitent. Quels mots peuvent traduire ce que je ressens : gêne, malaise, compassion… ?

    Quelles paroles m’ont plus particulièrement marqué : que m’ont-elles fait découvrir de la vie de Jean-François et de son parcours difficile, de ce qui lui permet d’avancer ou de ce qui le maintient dans l’exclusion ?

    Dans la prière, je confie au Seigneur les exclus de la société et je rends grâce pour les personnes, les associations engagées afin que les personnes en marge reprennent place parmi les hommes et ne soient plus rejetées.

    Paul Dima, Réseau Mondial de Prière du Pape France

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  • Echange entre le Pape et l'ancien président Bill Clinton ce lundi 18 septembre 2023.

    Echange entre le Pape et l'ancien président Bill Clinton ce lundi 18 septembre 2023. 

    Le Pape souhaite que «cessent les projets de conquête et d'agression»

    Depuis le Vatican, le Pape est intervenu ce lundi à un évènement de la Clinton Global Initiative. Pour faire face aux défis mondiaux les plus urgents de l'époque, François plaide pour une culture de la rencontre et le retour de la diplomatie. Une responsabilité commune est attendue. «Ce n'est qu'ensemble que nous sortirons grandis». La précieuse mission de l'hôpital pédiatrique Bambino Gesù a été évoquée.
     

    Marie Duhamel – Cité du Vatican

    Une nouvelle fois, le Pape dit «non» à la guerre et appelle à s'engager dans la lutte contre le changement climatique avant qu'il ne soit trop tard. François est intervenu ce lundi 18 septembre, dans le cadre d'un événement de deux jours à New York organisé par la Clinton Global Initiative afin d’identifier et de partager les moyens de mettre en œuvre une véritable conversion des modes de vie pour avancer ensemble à petits pas.

    Comment aller de l'avant, malgré les difficultés, pour construire un avenir plus fort pour tous? Gravitant autour de cette question, plusieurs panels ont été organisés pour discuter de questions cruciales qui interpellent l'opinion publique et les dirigeants politiques du monde entier. L'événement central de la matinée (aux États-Unis) s'est ouvert sur une conversation spéciale entre le président Clinton et le Pape François, retransmise à distance.

    Œuvrer ensemble pour le bien commun

    Dans une intervention prononcée en espagnol et diffusée en direct en visioconférence, le Pape constate un «changement d’époque» qui appelle selon lui une réponse commune. «Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons en sortir grandis (…) que nous pourrons guérir le monde de l'anonymat qu'est la mondialisation de l'indifférence». Pour parvenir à cet élan collectif, François suggère de «diffuser une culture de la rencontre, une culture du dialogue, une culture de l'écoute et de la compréhension», mais aussi de «partager l'opinion sur la manière de contribuer au bien commun», enfin de ne pas laisser de côté les personnes les plus vulnérables. Trois attitudes «nécessaires» estime François.

    Cette ‘méthode’ proposée par le Souverain pontife vaut pour affronter les nombreux défis d’aujourd’hui. Dans son intervention précédant celle du Pape, l’ancien président américain, le démocrate Bill Clinton, a évoqué le changement climatique, les crises humanitaires qui touchent les migrants et les réfugiés, la protection des enfants. Le Pape tient à en ajouter un dernier: «le vent de la guerre qui souffle sur le monde».

    «Non à la guerre»

    «Il est temps que les armes cessent. Il est temps de revenir au dialogue, à la diplomatie. Il est temps que cessent les projets de conquête et d'agression militaire. C'est pourquoi je répète: “non à la guerre”», clame François. Il faut là, assumer une grande responsabilité commune, estime-t-il. Le Pape qui exhorte les «enfants de Dieu», les hommes et femmes de bonne volonté, à ne pas baisser les bras face à l’adversité.

    «Les difficultés font partie de la vie», elles révèlent le pire ou le meilleur, «c’est là que réside le défi». François plaide en faveur d’un combat qui vise à remplacer «l'égoïsme, le narcissisme, la division, par la générosité, l'humilité, le dialogue», « mieux vaut l'unité que le conflit».

    Climat et migration

    Concernant le climat, le Pape explique son choix d'écrire un nouveau document, dix ans après l'encyclique Laudato Si’. Parce qu’il «est temps», là aussi, de «travailler ensemble» pour éviter la catastrophe. «S’il vous plaît, arrêtons pendant qu'il est encore temps» a lancé François.

    Concernant les urgences migratoires, le Pape rappelle l’importance de se souvenir des yeux des enfants dans les camps de réfugiés. Ce sont des hommes et non des chiffres.

    Le Bambino Gesù, un signe de qualité et de gratuité

    Enfin, concernant la protection des enfants, le Pape s’attarde sur ce qui explique les raisons de sa présence à cet événement de la fondation Clinton, l’hôpital pédiatrique du Bambino Gesù, situé à deux pas du Vatican. «Il est connu dans le monde entier comme l'hôpital du Pape, mais ce n'est pas pour cela qu'il est "unique"». Conscient des limites imposées par la structure – «notre petit hôpital ne peut pas résoudre les problèmes des enfants malades du monde entier»- François souligne le témoignage offert par l’établissement. Il montre «qu'il est possible (au milieu de tant d'efforts) de combiner une recherche scientifique de grande qualité afin de guérir les enfants, et l'accueil gratuit de ceux qui sont dans le besoin». Un signe qui unit science et hospitalité. Des enfants venus du monde entier sont accueillis au Bambino Gesù. Plus de deux mille enfants ukrainiens y ont été soignés.

    «Dans le domaine de la santé, aujourd'hui plus que jamais, la première et la plus concrète forme de charité est la science, la capacité de guérir, qui doit cependant être accessible à tous». Le Bambino Gesù est un signe concret de la charité et de la miséricorde de l'Église. «Il y a des maladies inguérissables, mais il n'y a pas d'enfants incurables», précise le Pape qui insiste: «il y a des maladies inguérissables, mais il n'y a pas d'enfants incurables». C'est la marque de fabrique de cet hôpital pédiatrique qui tient tant au cœur du Pape.

    Clinton Global Inititiative

    La Clinton Global Inititiative, lancée par l'ancien président Clinton en 2005, est un projet qui a permis de créer une communauté de personnes qui ont élaboré une série d'«engagements à agir». Elles sont plus de 3 900 à ce jour, émanant de plus de 9 000 organisations. 

    source https://www.vaticannews.va/
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  • LE PAPE FRANÇOIS ET LA FRANCE, DES RELATIONS AMBIVALENTES

    Un article rédigé par Odile Riffaud - RCF, le 13 septembre 2023  -  Modifié le 15 septembre 2023

    Le pape est très attendu à Marseille, les 22 et 23 septembre prochains. Pourtant, il l'a répété, au risque de susciter l'incompréhension parmi les fidèles : il ne vient pas en France, mais auprès des évêques des pays bordant la Méditerranée réunis dans la cité phocéenne. Quelles relations le pape argentin entretient-il avec la France ? 

    Le pape François reçoit Emmanuel Macron au Vatican, le 26/11/2021 ©Vatican MediaLe pape François reçoit Emmanuel Macron au Vatican, le 26/11/2021 ©Vatican Media 

    Le pape François l'a bien dit dans l'avion de retour des JMJ : il "n’a rien contre la France". La "fille aînée de l'Église" n'est pas la priorité de ce souverain pontife sensible aux "périphéries". Est-ce aussi simple que cela ? À bien y regarder, les relations entre François et la France apparaissent complexes et plutôt ambivalentes. 

    Le pape ne se rend pas en France, mais… 

    Le pape se rend aux Rencontres méditerranéennes et non en France ; il était au Parlement européen en 2014 mais pas à Strasbourg... C'est le type de précisions qui a de quoi étonner les fidèles, quand elles ne suscitent pas l'incompréhension. Ainsi son 41e voyage apostolique en Hongrie en avril 2023, avait pour objectif de "réparer un malentendu" avec les catholiques. Malentendu causé lors de sa venue en septembre 2021, où il avait fait le déplacement pour le 52e congrès eucharistique mondial... mais pas en Hongrie.  

    Le diocèse de Marseille a annoncé le 10 septembre dernier que le pape François irait à la rencontre des habitants, à bord de la papamobile sur l'avenue du Prado. Selon les observateurs c'est au cardinal Jean-Marc Aveline que l'on doit la messe au stade Vélodrome. 

    → À LIRE : "Je n'ai rien contre la France", assure le pape François dans l'avion de retour des JMJ 

    François et Emmanuel Macron, des chefs d'État qui s'apprécient

    Lire la suite ici

    source https://www.rcf.fr/

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  • Angélus: la correction fraternelle avec amour et non les commérages

    «Lorsqu'un frère dans la foi commet une faute à ton égard, tu l'aides, sans rancune, en le corrigeant». Telle est l’exhortation faite par le Pape François lors de la prière de l’Angélus, devant de nombreux fidèles et pèlerins rassemblés sur la Place Saint-Pierre. Le Saint-Père s’est focalisé ce dimanche 10 septembre, sur la correction fraternelle, évoquée dans l’Évangile selon saint Matthieu.
     

    Myriam Sandouno – Cité du Vatican

    La correction fraternelle est l'une des expressions les plus élevées de l'amour, mais aussi l'une des plus exigeantes, a tout d’abord affirmé François. Cette correction se fait avec aide et sans rancune, a souligné le Saint-Père. Aujourd’hui, dans la société, dans les différentes communautés, ou encore dans la vie professionnelle, «malheureusement, la première chose qui se crée souvent autour de ceux qui font le mal, c'est le commérage, où tout le monde est au courant de la faute, avec tous les détails, sauf la personne concernée», constate le Saint-Père. «Ce n'est pas bien et cela ne plaît pas à Dieu», a-t-il lancé.

    Les commérages, source de division 

    Le Pape voit les commérages comme un «fléau pour la vie des personnes et des communautés», car «ils apportent la division, la souffrance et le scandale, et n'aident jamais à s'améliorer et à grandir». Et de rappeler ensuite cette pensée de saint Bernard de Clairvaux, qui disait que «la curiosité stérile et les paroles superficielles sont les premiers pas sur l'échelle de l'orgueil, qui ne conduit pas vers le haut, mais vers le bas, précipitant l'homme vers la perdition et la ruine».

    Que dit Jésus?

    «Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère» (v. 15). Jésus enseigne à se comporter ainsi, a rappelé le Souverain pontife ajoutant: «Parle-lui "seul à seul", loyalement, pour l'aider à voir son erreur. Fais-le pour son bien, en surmontant la honte et en trouvant le vrai courage, qui n’est pas de dire du mal, mais de lui dire les choses en face avec douceur et gentillesse», a-t-il conseillé.

    Et si cela ne suffit pas, «il faut alors chercher de l'aideMais attention! a-t-il précisé, pas celle du petit groupe qui bavarde!» Jésus dit: «Prends une ou deux personnes avec toi», c'est-à-dire des personnes qui veulent vraiment aider ce frère ou cette sœur qui a mal agi, a affirmé le Successeur de Pierre, soulignant ensuite que «s’il ne comprend toujours pas», l’idéal serait d’impliquer la communauté.

    Unir les efforts pour aider 

    Mais, même ici, a-t-il précisé: «Il ne s'agit pas de mettre la personne au pilori, de lui faire honte publiquement, mais plutôt d'unir les efforts de tous pour l'aider à changer. Montrer les gens du doigt n'est pas une bonne chose, cela rend souvent plus difficile le fautif de reconnaître son erreur». Au contraire, a-t-il ajouté: «la communauté doit lui faire sentir que, tout en condamnant l'erreur, elle est proche par la prière et l'affection, toujours prête à offrir le pardon et à recommencer».

    Poursuivant, François est également revenu sur la Parole de Jésus dans ce contexte soulignant que «si le frère n'écoute même pas la communauté, considère-le "comme un païen et un publicain"». Mais «nous savons que l'une des choses que les "bien-pensants" de l'époque ne lui pardonnaient pas était précisément d'être avec les païens et les publicains», a-t-il fait savoir. L'évangéliste Matthieu lui-même, qui écrit, le sait, parce qu'il a été l'un d'entre eux, appelé par Jésus alors qu'il était publicain, a dit le Pape.

    Trouver le chemin du bien par l'intercession de Marie 

    Au terme de son enseignement, le Saint-Père a invité les fidèles présents et les chrétiens à l’introspection: «Comment dois-je traiter ceux qui se trompent à mon égard? Est-ce que je garde cela en moi et accumule la rancune? Est-ce que j'en parle derrière leur dos? Ou bien est-ce que j'essaie de leur parler? Est-ce que je prie pour lui ou elle, est-ce que je demande de l’aide pour faire le bien?» Parlant des communautés, le Pape s'est ainsi interrogé: «prennent-elles soin de ceux qui tombent, pour qu'ils puissent se relever et commencer une nouvelle vie? Pointent-elles du doigt ou ouvrent-elles les bras?»

    «Que Marie, qui a continué à aimer alors qu'elle entendait les gens condamner son Fils, nous aide à toujours chercher le chemin du bien», a ainsi prié François.

    source https://www.vaticannews.va/

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  • Le Pape et le cardinal Giorgio Marengo à Oulan-BatorLe Pape et le cardinal Giorgio Marengo à Oulan-Bator  (Vatican Media)

    Entretien: «les paroles du Pape en Mongolie ont frappé même les non-catholiques»

    «Beaucoup m'ont écrit parce qu'ils ont été frappés par les paroles du Saint-Père qui a exalté la beauté et la valeur de l'histoire et du peuple mongols», rapporte le préfet apostolique d'Oulan-Bator qui dresse pour nous le bilan du 43e voyage apostolique de François. «Passeur de paix», il a livré un message pour le monde: «Il a montré que tout n'est pas déterminé uniquement par la logique du calcul, du pouvoir, de la prévarication».
     

    Salvatore Cernuzio - Envoyé à Ulaanbaator (Mongolie)

    Le cardinal Giorgio Marengo se félicite de la récente visite du Pape en Mongolie, dont il est l'un des architectes, et qui a donné de «grands résultats» pour le présent et l'avenir du pays. Et pas seulement. Des résultats en outre «inattendus» pour une Église qui dispose de peu de moyens mais qui s'est trouvée dans l'obligation d'organiser un événement inédit dans l'histoire: le voyage d'un Pape au pays de Gengis Khan; un pays charnière d'Asie centrale coincé entre la Russie et la Chine et qui abrite une «Église enfant» d'un peu moins de 1 500 baptisés.

     

    Mise en garde du Pape contre les idéologies dans l'Église et dans le monde

    Préfet apostolique d'Oulan-Bator depuis 2020, acteur clé du consistoire de 2022 en raison de son âge - 49 ans – ce qui en fait le plus jeune membre du Collège des cardinaux, Giorgio Marengo s’est trouvé aux côtés du Pape à chaque étape de ce voyage: de l'arrivée à l'aéroport, où il a déclenché des applaudissements spontanés à la vue de l'A330 d'ITA Airways, à l'inauguration, le 4 septembre, de la Maison de la Miséricorde, au cours de laquelle il a présenté François aux malades et handicapés.

    Sollicité entre appels téléphoniques et visites inopinées, le très jeune pasteur de cette toute jeune Église a accueilli Vatican News à la préfecture apostolique, résidence du Pape François à Oulan-Bator. À l'intérieur du bâtiment en briques rouges, situé dans le district de Bayanzurkh entre un garage, un supermarché et un chantier, il nous accueille entouré des drapeaux, des affiches de la visite papale. On y découvre également une fascinante chronologie graphique de l'arrivée et du développement de l'Église catholique en Mongolie. 

     

    Cardinal Marengo, ou plutôt «Père Giorgio» comme tout le monde vous appelle ici. Commençons par votre sentiment personnel à l’issue du voyage du Pape François en Mongolie.

    Eh bien, je dirais vraiment que ce fut une grâce totale, je ne sais pas comment le définir autrement, un immense cadeau que nous avons reçu et, comme tout cadeau gratuit, il est allé bien au-delà de nos espérances, de nos attentes. Tout le travail et la fatigue même de la préparation - parce que, justement, notre réalité est si petite que nous n'avions pas les moyens et les personnes adaptés à un tel événement - ont été balayé par la joie d'avoir le Saint-Père avec nous, par son témoignage si humble, si simple et si proche. Il a immédiatement créé une harmonie avec les gens, et de tous les horizons possibles.

    La rencontre avec la communauté catholique était au cœur de cette visite, mais qu'est-ce que cela signifiait pour le reste de la population - les non-croyants ou ceux d'autres confessions, donc la majorité - de voir cette figure universelle venir ici, parler, se faire connaître et faire connaître son rôle ?

    J'ai reçu plusieurs commentaires très positifs de la part de personnes, pour la plupart non liées à l'Église, sur la manière dont le Pape a réussi à mettre en évidence la beauté, l'originalité de ce peuple; ses discours contenaient vraiment des éléments qui ont rendu les gens fiers d'être ce qu'ils sont, parce qu'une grande place était accordée à la beauté, à la richesse de ce peuple, à ses traditions, à son histoire. Alors, voir un chef religieux de renommée mondiale venir ici physiquement, même avec l'élément de fragilité qui le caractérise, avec ses soucis de santé, et le voir apporter ce message désarmant de fraternité, de coopération, d'harmonie, a certainement créé une brèche dans le cœur de ce peuple. Et cela a finalement contribué à une connaissance de sa personne et de ce qu'il représente qui, jusqu'à la veille de sa venue, n'était pas si profonde, peut-être un peu superficielle.

    Tout en appréciant la beauté et l'histoire de la Mongolie, le Pape a également souligné le rôle de la Mongolie sur l'échiquier international pour la paix dans le monde et envoyé des messages aux deux pays voisins, la Russie et la Chine. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ? Cela a-t-il quelque peu éclipsé la visite ou cela a-t-il donné un nouvel élan, précisément en raison du rôle mondial que le Pape demande à la Mongolie de jouer ?

    Je pense que le témoignage de paix du Pape, de messager de paix, ou, comme il s'est lui-même qualifié à plusieurs reprises de pèlerin, de passeur de paix, cette manière de se présenter a certainement contribué à créer une perspective. La devise même (de ce voyage) Espérer ensemble” signifie qu'il y a de l'espoir, que tout n'est pas déterminé uniquement par la logique du calcul, du pouvoir, de la prévarication, de l'intérêt, mais qu'il existe un véritable monde spirituel, un monde moral, fondé sur des relations authentiques qui peuvent créer les conditions d'une paix durable. Le fait que le Pape se soit présenté de façon simple et direct comme un messager de paix, je crois que cela a contribué à lire la visite avec les bons yeux, sans faire de raisonnements qui n'étaient peut-être même pas dans ses intentions, mais en s'ouvrant au message en tant que tel c'est-à-dire comment chaque peuple - au-delà de sa taille et de son poids relatif - a une responsabilité dans la construction de la paix. Les Mongols en ont fait l'expérience avec la Pax mongolica, comme l'a mentionné le Saint-Père lui-même. Cette expérience a été une réalité et nous pourrions peut-être en tirer des leçons pour notre présent.

    Le Pape a également invité à la liberté religieuse, au respect des droits et à la coexistence pacifique entre les religions. Selon vous, cette visite peut-elle réellement déboucher sur de tels résultats ou risque-t-elle de rester quelque peu cristallisée dans ce grand événement comme une fin en soi ?

    Nous espérons tous que cette graine semée par la visite du Pape François va ensuite grandir, s'enraciner et devenir de plus en plus une réalité. Nous souhaitons que ces messages transmis avec courage, avec franchise, avec candeur, se transforment en programmes concrets de vie et de collaboration. Nous avons bon espoir que tout cela devienne vraiment un chemin, un chemin concret, car nous savons que ce pays tient aussi ses promesses. Nous sommes donc certains qu'il y aura des résultats positifs.

    Et pour la petite Église de Mongolie, quels résultats espérez-vous, en tant que pasteur ?

    Tout d'abord la croissance, l'approfondissement de la foi, qui est fondamentale, la redécouverte toujours nouvelle de la beauté de la foi, qui se transformera sûrement en un enracinement plus profond et plus efficace, et donc en la capacité d'exprimer cette foi et de la vivre en tant que citoyen de son propre pays. C'est un don et aussi une responsabilité pour nous tous.

    L'Église comme un enfant qui devient adulte...

    Oui, mais espérons qu'elle reste toujours dans cette enfance spirituelle qui n'est pas un enfantillage, mais un regard tourné vers le Seigneur qui se concrétise dans la confiance, dans l'abandon, dans la capacité de pardon et de réconciliation.

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    04/09/2023

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