• Le Pape dans l'avion le raccompagnant en Italie.Le Pape dans l'avion le raccompagnant en Italie.  (ANSA)

    Mise en garde du Pape contre les idéologies dans l'Église et dans le monde

    Lors de son dialogue avec les journalistes dans l'avion qui le ramenait de Mongolie, François a parlé du Synode en expliquant que «ce n'est pas une émission de télévision» et que ce n'est pas une assemblée parlementaire. Le Souverain pontife a expliqué le sens de ses récentes paroles aux jeunes Russes, répétant qu'il s'agissait d'une invitation à ne pas oublier leur grand héritage culturel.
     

    Vatican News

    Vous trouverez ci-dessous la transcription intégrale non officielle de la conférence de presse qui s’est déroulée dans l’avion raccompagnant le Pape François en Italie.

    Matteo Bruni, le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège a introduit la conférence de presse: «Merci Sainteté pour ces journées intenses de rencontre avec ce petit peuple riche en culture dans un grand pays comme vous l'avez appelé et avec une communauté chrétienne vivante qui témoigne de sa foi avec fraîcheur. Les journalistes ont pu s'intéresser et voir ce lieu et ont encore des questions à vous poser».

    Le Pape François s’est ensuite adressé aux journalistes à ses côtés dans l’avion: «Bonne journée à vous tous et merci pour la compagnie. Merci pour le travail que vous avez accompli, en montrant dans les médias, la culture de ces gens, l'histoire. Merci beaucoup».

    Jargalsaikhan Dambadarjaa (The Defacto Gazete): Merci beaucoup, Sainteté, pour votre visite en Mongolie. Ma question est la suivante: quel était l'objectif principal de cette visite et êtes-vous satisfait du résultat obtenu?

    L'idée de visiter la Mongolie m'est venue en pensant à la petite communauté catholique. Je fais ces voyages pour visiter les communautés catholiques et aussi pour entrer en dialogue avec l'histoire et la culture du peuple, avec la mystique d'un peuple. Il est important que l'évangélisation ne soit pas conçue comme du prosélytisme. Le prosélytisme restreint toujours. Le Pape Benoît a dit que la foi ne grandit pas par le prosélytisme mais par l'attraction. La proclamation de l'Évangile entre en dialogue avec la culture. Il y a une évangélisation de la culture et une inculturation de l'Évangile. Car les chrétiens expriment aussi leurs valeurs chrétiennes dans la culture de leur propre peuple. C'est le contraire d'une colonisation religieuse. Pour moi, le voyage a consisté à connaître ce peuple, à dialoguer avec ce peuple, à recevoir la culture de ce peuple et à accompagner l'Église sur son chemin avec beaucoup de respect pour la culture de ce peuple. Et je suis satisfait du résultat. 

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    Ulambadrakh Markhaakhuu (ULS Suld Tv): Le conflit de civilisations d'aujourd'hui ne peut être résolu que par le dialogue, comme vous l'avez dit, Sainteté. La ville d'Oulan-Bator peut-elle servir de plateforme pour un dialogue international entre l'Europe et l'Asie?

    Je pense que oui. Mais vous avez une chose très intéressante, qui favorise également ce dialogue, et que j'appellerai la "mystique du troisième voisin", qui vous pousse à poursuivre une politique de troisième voisin. Vous pensez qu'Oulan-Bator est la capitale d'un pays situé le plus loin de la mer, et nous pouvons dire que votre pays se trouve entre deux grandes puissances, la Russie et la Chine. C'est pourquoi votre mystique consiste à essayer de dialoguer même avec vos "troisièmes voisins": non pas par mépris pour ces deux pays, car vous avez de bonnes relations avec eux, mais par désir d'universalité, pour montrer vos valeurs au monde entier, et aussi pour recevoir les valeurs des autres afin de pouvoir dialoguer. Il est curieux que, dans l'histoire, le fait de partir à la recherche d'autres terres ait souvent été confondu avec le colonialisme, ou le fait d'entrer pour dominer, toujours. Au lieu de cela, avec cette mystique du troisième voisin, vous avez cette philosophie de partir à la recherche pour dialoguer. J'ai beaucoup aimé cette expression du troisième voisin. C'est votre richesse. 

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    Cristina Cabrejas (EFE): Hier, vous avez envoyé un message au peuple chinois et demandé aux catholiques d'être de bons citoyens après que les autorités du pays ont refusé la venue d'évêques en Mongolie. Quelles sont les relations avec la Chine à l'heure actuelle? Des nouvelles du voyage du cardinal Zuppi à Pékin et de la mission en Ukraine?

    La mission du cardinal Zuppi est une mission de paix que je lui ai confiée. Le cardinal Zuppi est un homme de grand dialogue et de vision universelle, il a dans son histoire l'expérience du travail accompli au Mozambique dans la recherche de la paix et c'est pour cela que je l'ai envoyé. Les relations avec la Chine sont très respectueuses, très respectueuses. Personnellement, j'ai une grande admiration pour le peuple chinois, les canaux sont très ouverts. Pour la nomination des évêques, il y a une commission qui travaille depuis un certain temps avec le gouvernement chinois et le Vatican, puis il y a beaucoup ou plutôt il y a quelques prêtres catholiques ou intellectuels catholiques qui sont souvent invités dans les universités chinoises pour donner des cours. Je crois que nous devons progresser sur le plan religieux pour mieux nous comprendre et pour que les citoyens chinois ne pensent pas que l'Église n'accepte pas leur culture et leurs valeurs et qu'elle dépend d'une autre puissance étrangère. La commission présidée par le cardinal Parolin s'acquitte bien de cette tâche amicale: elle fait du bon travail et, du côté chinois également, les relations sont en bonne voie. J'ai beaucoup de respect pour le peuple chinois.

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    Gerard O'Connell (America Magazine): Sainteté, les relations entre le Vietnam et le Saint-Siège sont très positives en ce moment, elles ont fait un grand pas en avant récemment. De nombreux catholiques vietnamiens vous demandent de leur rendre visite, comme vous l'avez fait en Mongolie. Est-il possible que vous vous rendiez au Vietnam, le gouvernement vous a-t-il invité à le faire? Et quels autres voyages prévoyez-vous?

    Le Vietnam est l'une des plus belles expériences de dialogue que l'Église ait connues ces derniers temps. Je dirais que c'est comme une sympathie dans le dialogue. Les deux parties ont eu la bonne volonté de se comprendre et de chercher des moyens d'avancer. Il y a eu des problèmes, mais au Vietnam, je crois que tôt ou tard, les problèmes seront surmontés. Il y a peu, nous nous sommes entretenus librement avec le président du Vietnam. Je suis très optimiste quant aux relations avec le Vietnam, un bon travail est en cours depuis des années. Je me souviens qu'il y a quatre ans, un groupe de parlementaires vietnamiens est venu nous rendre visite: nous avons eu un dialogue agréable avec eux, très respectueux. Lorsqu'une culture est ouverte, le dialogue est possible; s'il y a fermeture ou suspicion, le dialogue est très difficile. Avec le Vietnam, le dialogue est ouvert, avec ses avantages et ses inconvénients, mais il est ouvert et nous avançons lentement. Il y a eu quelques problèmes, mais ils ont été résolus. En ce qui concerne le voyage au Vietnam, si je n'y vais pas, Jean XXIV y ira certainement. Il est certain qu'il ira, parce que c'est un pays qui mérite d'y aller, qui a ma sympathie. Pour les autres voyages, il y a Marseille et puis il y a un projet dans un petit pays d'Europe et nous sommes en train de voir si nous pouvons le faire mais, à vrai dire, pour moi maintenant faire un voyage n'est pas aussi facile qu'au début, je suis limité dans la marche et cela me limite, mais nous verrons.

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    Fausto Gasparroni (ANSA): Sainteté, vos déclarations aux jeunes catholiques russes concernant la grande Mère Russie, l'héritage de personnages tels que Pierre le Grand et Catherine II, ont récemment suscité un débat. Ce sont des déclarations qui - disons-le - ont fortement irrité les Ukrainiens, elles ont également eu des conséquences dans la sphère diplomatique et ont été quelque peu perçues comme une exaltation de l'impérialisme russe et une sorte d'approbation des politiques de Poutine. Je voulais vous demander pourquoi vous avez ressenti le besoin de faire ces déclarations, si vous avez envisagé de les faire, si vous les répéteriez; et aussi, par souci de clarté, si vous pouvez nous dire ce que vous pensez des impérialismes et en particulier de l'impérialisme russe?

    Rappelons le contexte de ces paroles: un dialogue avec les jeunes Russes. Et à la fin de ce dialogue, je leur ai donné un message, un message que je répète toujours: prendre en charge leur héritage. Premier point: prenez en charge votre héritage. Je répète la même chose partout. C'est aussi avec cette vision que j'essaie de faire dialoguer les grands-parents et les petits-enfants: laissez les petits-enfants prendre en charge l'héritage. C'est ce que je dis partout et c'est le message que j'ai fait passer. Le deuxième point consiste à rendre l'héritage explicite: j'ai parlé en fait de l'idée de la grande Russie, parce que l'héritage russe est très bon, il est très beau. Pensez à la littérature, à la musique, jusqu'à un Dostoïevski qui nous parle aujourd'hui d'humanisme mûr; cet héritage a assumé cet humanisme, qui s'est développé, dans l'art et la littérature. Ce serait un deuxième point, quand je parlais de l'héritage, n'est-ce pas ? Le troisième, peut-être pas très heureux, mais en parlant de la grande Russie dans le sens non pas tant de la géographie que de la culture, je me suis souvenu de ce qu'on nous avait appris à l'école: Pierre Ier, Catherine II. Et il y a eu ce troisième (point, ndlr), qui n'est peut-être pas tout à fait juste. Je ne sais pas. Laissons les historiens nous le dire. Mais c'est un ajout qui m'est venu à l'esprit parce que je l'avais étudié à l'école. Ce que j'ai dit aux jeunes Russes, c'est de prendre en charge leur héritage, de prendre leur héritage, c'est-à-dire de ne pas l'acheter ailleurs. Assumer son propre héritage. Et quel héritage la grande Russie a donné: la culture russe est d'une grande beauté, d'une très grande profondeur; et elle ne devrait pas être effacée à cause de problèmes politiques. Il y a eu des années sombres en Russie, mais l'héritage est toujours resté ainsi, en main. Vous parlez ensuite d'impérialisme. Je ne pensais pas à l'impérialisme en disant cela, je parlais de la culture, et la transmission de la culture n'est jamais impériale, jamais; c'est toujours un dialogue, et je parlais de cela. C'est vrai qu'il y a des impérialismes qui veulent imposer leur idéologie. Je m'arrête là: quand la culture est distillée et transformée en idéologie, c'est le poison. La culture est utilisée, mais distillée en idéologie. Il faut faire la distinction entre la culture d'un peuple et les idéologies qui naissent ensuite chez un philosophe ou un politicien de ce peuple. Et je dis cela pour tout le monde, même pour l'Église. Souvent, des idéologies sont introduites dans l'Église, qui la détachent de la vie qui vient de la racine et qui va vers le haut; elles détachent l'Église de l'influence de l'Esprit Saint. Une idéologie est incapable de s'incarner, elle n'est qu'une idée. Mais l'idéologie prend sa place et devient politique, elle devient généralement dictature, n'est-ce pas, non? Elle devient une incapacité à dialoguer, à s'entendre avec les cultures. Et c'est ce que font les impérialismes. L'impérialisme se consolide toujours sur la base d'une idéologie. Dans l'Église aussi, nous devons faire la distinction entre doctrine et idéologie: la vraie doctrine n'est jamais idéologique, jamais; elle est enracinée dans le peuple saint et fidèle de Dieu; au contraire, l'idéologie est détachée de la réalité, détachée du peuple... Je ne sais pas si j'ai répondu.

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    Robert Messner (DPA): Bonjour. J’ai une question concernant votre mise à jour de Laudato si'. Peut-on la comprendre comme une manifestation de solidarité à l'égard des militants écologistes membres de groupes tels que "dernière génération", ceux qui organisent des protestations spectaculaires ? Peut-être y a-t-il aussi un message dans cette mise à jour pour les jeunes activistes qui descendent dans la rue ?

    De manière générale, je ne suis pas favorable à ces extrémistes. Mais les jeunes sont inquiets. Un scientifique italien reconnu - nous avons tenu une réunion à l'Académie - a fait un beau discours qui s’achevait ainsi: «Je ne voudrais pas que ma petite-fille, qui est née hier, vive dans un monde aussi laid dans trente ans». Les jeunes pensent à l'avenir. Et en ce sens, j'apprécie qu'ils se battent bien. Mais quand l'idéologie ou la pression politique s'en mêle, ça ne va pas. Mon exhortation apostolique sera publiée le jour de la Saint-François, le 4 octobre, et fera le point sur ce qui s'est passé depuis la COP de Paris, qui a peut-être été la plus fructueuse des COP à ce jour. Il y a des nouvelles concernant certaines COP et certaines questions qui n'ont pas encore été résolues et il est urgent de les résoudre. Ce n'est pas aussi important que Laudato si', mais il fait avancer Laudato si' vers de nouvelles choses et propose une analyse de la situation.

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    Etienne Loraillere (KTO Tv): Vous souhaitez une Église synodale, en Mongolie et dans le monde. L'assemblée d'octobre est déjà le fruit du travail du peuple de Dieu. Comment sera-t-il possible d'impliquer les baptisés du monde entier dans cette étape ? Comment éviter la polarisation idéologique ? Et les participants pourront-ils parler et partager publiquement ce qu'ils vivent, afin que nous puissions marcher avec eux ? Ou bien tout le processus sera-t-il secret ?

    Vous avez parlé d'éviter les pressions idéologiques. Dans le Synode, il n'y a pas de place pour l'idéologie, c'est une autre dynamique. Le Synode est un dialogue, entre les baptisés, entre les membres de l'Église, sur la vie de l'Église, sur le dialogue avec le monde, sur les problèmes qui affectent l'humanité aujourd'hui. Mais quand on pense (à prendre) un chemin idéologique, le Synode s'arrête. Dans le Synode, il n'y a pas de place pour l'idéologie, il y a de la place pour le dialogue. Se confronter, entre frères et sœurs, et confronter la doctrine de l'Église. Aller de l'avant. Je tiens ensuite à souligner que la synodalité n'est pas une invention de ma part. C'est une invention de saint Paul VI. À la fin du Concile Vatican II, il s'est rendu compte qu'en Occident, l'Église avait perdu la dimension synodale, alors que l'Église orientale l'a conservée. C'est pourquoi il a créé le Secrétariat du Synode des évêques, qui, au cours de ces soixante années, a poursuivi la réflexion de manière synodale, en progressant continuellement, en allant de l'avant. Lors du cinquantième anniversaire de cette décision de saint Paul VI, j'ai signé et publié un document sur ce qu'est le Synode, sur ce qu'il est devenu. Et maintenant, il a progressé, il a mûri davantage, et c'est pourquoi j'ai pensé qu'il était très bon d'avoir un Synode sur la synodalité, qui n'est pas une mode, c'est une vieille chose, l'Église orientale l'a toujours eue. Mais comment vivre la synodalité ? Il faut la vivre en tant que chrétien. Et, comme je l'ai déjà dit, sans tomber dans l'idéologie. Comment se déroulera l'assemblée ? Il y a une chose que nous devons préserver, c'est l'atmosphère synodale. Il ne s'agit pas d'une émission de télévision où l'on parle de tout. Non. Il y a un moment religieux, un moment d'échange religieux. Pensez que dans les introductions au synode, il y aura trois à quatre minutes chacun, trois (discours, ndlr) et ensuite il y aura trois à quatre minutes de silence pour la prière. Puis trois autres, et la prière. Sans cet esprit de prière, il n'y a pas de synodalité. Ce serait de la politique, du parlementarisme. Le Synode n'est pas un parlement. En ce qui concerne le secret, il y a un département dirigé par Paolo Ruffini (ndlr: Paolo Ruffini est préfet du dicastère pour la Communication), qui est ici et qui fera les communiqués de presse sur les progrès du Synode. Dans un Synode, il faut veiller à la religiosité et à la liberté des personnes qui s'expriment. C'est pourquoi il y aura une commission, présidée par le Paolo Ruffini, qui fera le rapport sur les progrès du Synode.

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    Antonio PELAYO (Vida Nueva): Saint-Père, vous venez de parler du Synode et nous sommes tous d'accord avec vous pour dire que ce Synode suscite beaucoup de curiosité et d'intérêt. Malheureusement, il suscite également beaucoup de critiques provenant des milieux catholiques. Je voudrais faire référence à un livre dont le prologue est signé par le cardinal Burke, qui affirme que le Synode est la boîte de Pandore d'où sortiront toutes les calamités pour l'Église. Que pensez-vous de cette position ? Pensez-vous qu'elle sera dépassée par la réalité ou qu'elle conditionnera le Synode ?

    Je ne sais pas si je l'ai déjà dit une fois. Il y a quelques mois, j'ai appelé une carmélite. Je lui ai demandé «comment vont les nonnes, Mère Supérieure ?» - il s'agit d'un carmel non italien. La prieure m'a répondu, pour finalement me dire: «Votre Sainteté, nous avons peur du Synode». «Mais que se passe-t-il ? - lui dis-je en plaisantant, voulez-vous envoyer une religieuse au synode?». «Non, m’a-t-elle dit, nous avons peur qu'il change notre doctrine». C'est ce que vous dites: il y a cette idée... Mais si vous allez à la racine de ces idées, vous trouverez des idéologies. Toujours, quand dans l'Église on veut se détacher du chemin de la communion, ce qui se détache toujours, c'est l'idéologie. Et on accuse l'Église de ceci ou de cela, mais on ne l'accuse jamais de ce qui est vrai: elle est pécheresse. Jamais ils ne disent péché... Ils défendent une «doctrine», qui est comme l'eau distillée, qui n'a de goût pour rien et qui n'est pas la vraie doctrine catholique qui est dans le Credo. Et cela scandalise si souvent, comme scandalise l'idée que Dieu s'est fait chair, que Dieu s'est fait homme, que la Vierge a conservé sa virginité. Cela scandalise.

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    Cindy WOODEN (CNS): Bonjour Votre Sainteté, je voudrais répondre à la question de mon collègue français sur le Synode et l'information. Tant de fidèles laïcs ont consacré tant de temps, de prières, d'implication dans la prise de parole, d'écoute. Ils veulent savoir ce qui se passe pendant le synode, l'assemblée. Vous avez parlé de votre expérience du Synode sur les religions, au cours duquel certains membres du Synode ont dit «ne mettez pas ceci», «vous ne pouvez pas dire ceci...». Nous, journalistes, n'avons même pas accès à l'assemblée et aux sessions générales, comment pouvons-nous être sûrs que ce que l'on nous donne comme information est vrai ? N'y a-t-il pas moyen d'être un peu plus ouvert avec les journalistes ?

    Mais c’est très ouvert, ma chère, très ouvert ! Il y a une commission présidée par Paolo Ruffini qui donnera des nouvelles tous les jours… mais plus ouvert que cela je ne sais pas, non je ne sais pas... et il convient que cette commission soit très respectueuse des interventions de chacun et qu'elle essaie de ne pas faire de bavardage, mais de dire des choses sur le processus synodal qui sont constructives pour l'Église. Si vous voulez -ou si quelqu'un veut- que la nouvelle soit: celui-ci s'en est pris à celui-là pour ceci ou cela, c'est du bavardage politique. La commission a la tâche difficile de dire: aujourd'hui, la réflexion va dans telle ou telle direction, et de transmettre l'esprit ecclésial, et non l'esprit politique. Un parlement est différent d'un synode. N'oubliez pas que le protagoniste du synode est l'Esprit Saint. Et comment le transmettre ? C'est pourquoi la tendance ecclésiale doit être transmise.

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    Vincenzo Romeo (RAI TG 2): Bonjour Votre Sainteté. Vous êtes le Pape des périphéries et les périphéries, surtout en Italie, souffrent beaucoup. Nous avons eu des épisodes de violence, de dégradation... par exemple, près de Naples, où un curé, Don Patriciello vous a même invité à vous rendre, ensuite à Palerme... Que peut-on faire ? Vous vous êtes rendu dans les villas miserias à Buenos Aires, vous avez donc de l'expérience en la matière. Notre Premier ministre a également visité l'une de ces banlieues. Que peut-on faire, que peuvent faire l'Église et les institutions de l'État pour surmonter cette dégradation et faire en sorte que les périphéries fassent véritablement partie d'un pays ?

    Tu parles là des périphéries comme des bidonvilles. Il faut y aller, s'y rendre et y travailler, comme cela a été fait à Buenos Aires avec les prêtres qui y travaillaient: une équipe de prêtres avec un évêque auxiliaire à leur tête et vous travaillez sur place. Nous devons être ouverts à cela, les gouvernements doivent être ouverts, tous les gouvernements du monde, mais il y a des périphéries qui sont tragiques. Je reviens sur une périphérie scandaleuse que l'on essaie d'occulter: celle des Rohingyas. Les Rohingyas souffrent, ils ne sont pas chrétiens, ils sont musulmans, mais ils souffrent parce qu'ils ont été convertis en périphérie, ils ont été chassés. Nous devons voir les différents types de périphéries et apprendre que la périphérie est l'endroit où la réalité humaine est plus évidente et moins sophistiquée - (il y a aussi) des mauvais moments, je ne veux pas idéaliser) - mais elle est mieux perçue. Un philosophe a dit un jour quelque chose qui m'a beaucoup frappé: «C'est à partir des périphéries que l'on comprend le mieux la réalité». Nous devons parler aux périphéries et les gouvernements doivent faire preuve d'une véritable justice sociale, d'une véritable justice sociale, avec les différentes périphéries sociales et également avec les périphéries idéologiques, car bien souvent, c'est une exquise périphérie idéologique qui provoque les périphéries sociales. Le monde des périphéries n'est pas facile. Je vous remercie.

    source: https://www.vaticannews.va/

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     Pour la première fois de l’histoire, un pape se rend en Mongolie - KTO

    Pour la première fois de l’histoire, un pape se rend en Mongolie ! François a été accueilli ce vendredi matin à Oulan-Bator, dans ce pays majoritairement bouddhiste, empreint de chamanisme, et encore marqué par l'athéisme soviétique. 

     

    Entre la Russie et la Chine, les enjeux ne manquent pas. Le Saint-Père vient aussi manifester sa proximité avec la toute petite Église en Mongolie, de moins de 1500 fidèles. La devise de ce voyage, « Espérer ensemble », souligne la volonté de François d’encourager la fraternité dans ce pays, et traduit l'Espérance que suscite sa venue chez les catholiques en Mongolie.

     

    Suivez ce voyage inédit du 31 août au 4 septembre, en direct sur KTO et ktotv.com. Et retrouvez les flashs quotidiens de nos envoyés spéciaux en Mongolie

     

    Les prochains directs (UTC+2, heure de Paris) :

     

    Samedi 2 septembre 2023

    ​​​​​​Dimanche 3 septembre 2023

    Lundi 4 septembre 2023

    Découvrir la programmation spéciale
     
    Pour la première fois, un Pape se rend en Mongolie

    Pour la première fois, un Pape se rend en Mongolie

    Étienne Loraillère, envoyé spécial de KTO sur le vol papal, évoque le contexte et les enjeux de ce 43e voyage apostolique du pape François en dehors d'Italie.

    Mongolie, l'Évangile murmuré

    Mongolie, l'Évangile murmuré

    À travers ce film documentaire, KTO vous propose de découvrir le visage de cette Église des périphéries qui accueille les plus pauvres, et de partir à la rencontre de ce peuple resté pour partie nomade.

    Une coproduction

    SOURCE  https://www.ktotv.com/

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  • Audience générale: portons nos croix quotidiennes avec patience et espérance

    Durant sa catéchèse lors de l’audience générale du mercredi 30 août, le Pape François est revenu sur la figure de Kateri Tekakwitha, la première femme autochtone nord-américaine à avoir été canonisée. En prenant exemple sur la dévotion totale de cette sainte pour la croix, le Saint-Pierre nous appelle à nous engager «avec un cœur sans partage dans la vocation et la mission» confiée par Dieu.
     

    Alexandra Sirgant – Cité du Vatican

    Le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèses sur la passion de l’annonce de l’Évangile et le zèle apostolique ce mercredi 30 août lors de l’audience générale tenue dans la salle Paul VI. Le Souverain pontife est revenu en particulier sur la figure de Kateri Tekakwitha, la première sainte autochtone d’Amérique du Nord. À l'image de Kateri, le Pape invite chacun à s’engager quotidiennement «avec un cœur sans partage dans la vocation et la mission que Dieu lui a confieés».

    Porter nos croix quotidiennes avec patience et espérance

    Née vers l’an 1656 dans un village du nord de l'actuel État de New York, Kateri Tekakwitha était la fille d'un chef mohawk non baptisé et d'une mère chrétienne algonquienne. C’est cette dernière qui lui transmet l’amour de Dieu. «L'évangélisation commence souvent de cette manière», souligne le Saint-Père, «par de petits gestes simples, comme des parents qui aident leurs enfants à apprendre à parler à Dieu dans la prière et leur racontent son amour grand et miséricordieux». Il ajoute de ne pas oublier que «la foi est toujours transmise en dialecte, par les mères, par les grands-mères. (...) Elle [Kateri] l'avait reçue en dialecte par sa mère, le dialecte de la foi». 

    À l’âge de quatre ans, Kateri et son peuple sont frappés par une grave épidémie de variole, entrainant la mort de ses parents et de son jeune frère. Désormais orpheline, Kateri va connaitre de nombreuses autres difficultés: des problèmes de santé, des persécutions et des menaces de mort, en raison de son baptême en 1676. Et pourtant, ces événements vont renforcer son amour pour la croix. «Le témoignage de l'Évangile ne se limite pas en fait à ce qui plaît; nous devons aussi savoir porter nos croix quotidiennes avec patience, confiance et espérance», explique François. «La patience est une grande vertu chrétienne. Celui qui n'a pas de patience n'est pas un bon chrétien. La patience de tolérer: tolérer les difficultés et aussi tolérer les autres». 

    Le don total au Seigneur

    Après son baptême, Kateri se réfugie dans la mission jésuite près de la ville de Montréal, au Canada. Elle y mène une vie pieuse, allant à la messe tous les matins et priant le Chapelet. «On a reconnu en Kateri une sainteté qui attirait parce qu'elle provenait de son amour profond pour Dieu. C'est le propre de la sainteté d'attirer. Dieu nous appelle par attraction, il nous appelle avec cette envie d'être proche d'elle [Kateri], et elle a ressenti cette grâce de l'attraction divine», détaille le Pape. 

    En plus de ses pratiques spirituelles, Kateri consacre une partie de son temps à enseigner la prière aux enfants de la Mission et à soigner les personnes malades et les personnes âgées, offrant «un exemple de service humble et plein d’amour à Dieu et au prochain». François ajoute que «la foi s'exprime dans le service. La foi, n'est pas pour se maquiller l'âme». 

    Ne pouvant entrer dans la vie consacrée mais voulant se consacrer entièrement au Christ, la jeune femme émet le vœu de virginité perpétuelle le 25 mars 1679. Un choix qui révèle un autre aspect du zèle apostolique: «le don total au Seigneur». 

    Kateri Tekakwitha témoignera de sa vocation pour le Christ jusqu’à sa mort, le 17 avril 1680, à l’âge de 24 ans. «Nous aussi, en puisant notre force dans le Seigneur (…) apprenons à accomplir des actions ordinaires de manière extraordinaire et ainsi à grandir chaque jour dans la foi, la charité et le témoignage zélé du Christ» a conclu le Pape. «N'oublions pas que chacun de nous est appelé à la sainteté, à la sainteté quotidienne, à la sainteté de la vie chrétienne commune. Chacun de nous reçoit cet appel.»

    Ce choix de mettre en avant une sainte autochtone nord-américaine s’inscrit dans la continuité du voyage du Saint-Père au Canada, dans le parcours de réconciliation avec les peuples autochtones.

     
    Un an après le voyage du Pape, le Canada poursuit son chemin de réconciliation
    26/07/2023
     

    Un an après le voyage du Pape, le Canada poursuit son chemin de réconciliation

    Il y a un an, le Pape François effectuait son voyage apostolique au Canada. Six jours de «pèlerinage pénitentiel» selon l’expression du Souverain pontife, pour encourager la ...

     source https://www.vaticannews.va/

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  • Angélus: le Christ, un protagoniste du temps présent

    Lors de sa catéchèse avant la prière de l’Angélus, dimanche 27 août, depuis la fenêtre du palais apostolique et devant une place Saint-Pierre remplie de pèlerins et touristes, François est revenu sur la présence du Christ dans la vie d’aujourd’hui, le Christ non pas comme un personnage de l’Histoire mais comme «le Dieu du présent».
     

    Dès le début de sa méditation, revenant sur la profession de foi de Pierre dans l’Evangile selon Matthieu, François a expliqué qu’il ne fallait pas considérer Jésus comme un personnage du passé, car dans le cas échéant, «Il ne serait qu’un beau souvenir d’une époque révolue».  

    «Jésus ne veut pas être un protagoniste de l'Histoire, mais de votre aujourd'hui; pas un prophète lointain, mais le Dieu qui est proche !», a clarifié le Souverain pontife depuis le palais apostolique, avant d’ajouter, «Le Christ n'est pas un souvenir du passé, mais le Dieu du présent»

    En revanche, en considérant Jésus comme un personnage historique, a développé François, «nous nous trouverions devant le grand fossé du temps et surtout devant son modèle, qui est comme une montagne très haute et inaccessible; nous voudrions l'escalader, mais nous n'en aurions pas la capacité et les moyens nécessaires.» 

    A nos côtés sur les sentiers difficiles

    Au contraire, Jésus est ancré dans le temps présent, «il est à nos côtés», «heureux de nous accompagner sur les sentiers les plus difficiles et les montées les plus inaccessibles», et il rend ainsi chacun capable de gravir «le sommet de la vie chrétienne», tout en accueillant les fragilités de tous, «Avec Lui à nos côtés, tendons nous aussi la main les uns vers les autres et renouvelons notre confiance: avec Jésus, ce qui nous semble impossible seul, ne l'est plus», s’est enthousiasmé le Successeur de Pierre.

    En conclusion de sa catéchèse, François a invité les pèlerins à se poser une série de questions: «Pour moi, qui est Jésus? Un grand personnage, une référence, un modèle inaccessible? Ou bien le Fils Dieu, qui marche à mes côtés, qui peut me conduire au sommet de la sainteté, là où seul, je ne peux arriver ?».

    Après la récitation de la prière mariale, il a pris le temps d'évoquer son prochain voyage apostolique: la Mongolie, du 31 août au 4 septembre. Il a également fait part de ses prières pour les victimes des incendies dans la nord-est de la Grèce et de sa solidarité envers le peuple ukrainien. 

     


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  • Francois à l'occasion de la 10e rencontre nationale des jeunes catholiques à Saint-Pétersbourg, Russie, le vendredi 25 août.

    Francois à l'occasion de la 10e rencontre nationale des jeunes catholiques à Saint-Pétersbourg, Russie, le vendredi 25 août.  

    Le Pape aux jeunes Russes: «Soyez des artisans de paix au milieu des conflits»

    François est intervenu en visioconférence vendredi 25 août, pour s’adresser aux participants des Journées russes de la jeunesse qui se déroulent à Saint-Pétersbourg. Il les a invités à être «des semeurs de graines de réconciliation, de petites graines qui, en cet hiver de guerre, ne germeront pas maintenant dans un sol gelé, mais fleuriront lors d’un prochain printemps».
     

    Antonella Palermo - Cité du Vatican

    Les 2500 kilomètres qui les séparent n’ont pas empêché le Pape et les jeunes catholiques russes d'être «un peu ensemble». Pendant un peu plus d'une heure, en visioconférence, François a dialogué avec environ 400 garçons et filles participant à la 10e journée russe de la jeunesse qui se tient à Saint-Pétersbourg jusqu'au 27 août. 

    Unis sous le manteau de l'Église universelle

    Ces journées, qui ont lieu depuis l’an 2000, sont organisées cette année pour la première fois à Saint-Pétersbourg, certains participants ont dû parcourir jusqu'à 9000 kilomètres pour s'y rendre. En effet, les jeunes rassemblés à Saint Pétersbourg viennent de 54 villes de la Fédération, de Kaliningrad à Vladivostok. Mais grâce à la technologie, «nous pouvons nous rassembler dans l'Esprit qui nous est donné, comme l'étreinte de Marie à Élisabeth», a déclaré Mgr Paolo Pezzi, archevêque de la Mère de Dieu à Moscou, en introduction de la rencontre. C’est l'une des rares occasions de se connaître, de partager des témoignages de foi; la communication avec le Pape apporte une joie particulière, souligne-t-il d'emblée, parce qu'elle permet de faire l'expérience non seulement de l'unité au sein de l'Église locale, mais aussi de l'unité avec l'Église universelle.

    Remplacer les peurs par les rêves

    S'adressant aux jeunes Russes, après avoir écouté les deux témoignages d'Alexandre et de Varvara, le Pape reprend trois idées issues du thème des JMJ de Lisbonne, «Marie se leva et partit en hâte» (Lc 1,39), afin qu'ils puissent, dit-il, réfléchir ultérieurement.

    «Je vous souhaite, jeunes Russes, d'être des artisans de paix au milieu de tant de conflits et au milieu de tant de polarisations qui viennent de toutes parts et qui affligent notre monde. Je vous invite à être des semeurs de graines de réconciliation, de petites graines qui, en cet hiver de guerre, ne germeront pas maintenant dans le sol gelé, mais fleuriront lors d’un prochain printemps. Comme je l'ai dit à Lisbonne: "Ayez le courage de remplacer les peurs par des rêves; ne soyez pas des administrateurs de peurs, mais des entrepreneurs de rêves! Offrez-vous le luxe de grands rêves!».

    François reprend l'épisode de la rencontre entre Marie et Elisabeth. Il rappelle que le Seigneur commence par nous appeler par notre nom, avant nos talents, avant nos mérites, «avant nos ténèbres et nos blessures». Il rappelle ces deux femmes qui deviennent «témoins de la puissance transformatrice de Dieu», et la hâte de Marie pour répandre sa joie.

    «Quand Dieu nous appelle, nous ne pouvons pas rester immobiles, nous devons nous lever et nous dépêcher, parce que le monde, le frère, le souffrant, celui qui se tient à l'écart et ne connaît pas l'espérance de Dieu a besoin de le recevoir, de recevoir la joie de Dieu».

    10e rencontre des jeunes catholiques de Russie, cathédrale Sainte Catherine de Saint Pétersbourg
    10e rencontre des jeunes catholiques de Russie, cathédrale Sainte Catherine de Saint Pétersbourg
     
     
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  • L'Université centraméricaine (UCA), géré par les Jésuites, a été confisqué le 15 août. L'Université centraméricaine (UCA), géré par les Jésuites, a été confisqué le 15 août.  

    Une semaine après la confiscation de l’Université centraméricaine (UCA), le gouvernement nicaraguayen annonce ce mercredi 23 août révoquer le statut juridique de l’ordre religieux des Jésuites, et confisquer ses biens mobiliers et immobiliers. Une décision que condamne dans un communiqué les Jésuites d’Amérique centrale qui appellent à «cesser la répression».
     

    Vatican News, avec AFP

    Nouvelle étape dans le conflit qui oppose le gouvernement nicaraguayen et l’Église catholique dans le pays. Managua a annoncé ce mercredi révoquer le statut juridique de la Compagnie de Jésus, et confisquer ses biens mobiliers et immobiliers. Cette annonce intervient une semaine après la confiscation de l’Université centraméricaine (UCA), fondée par des prêtres jésuites en 1960 , l’accusant d’être un «centre de terrorisme». Le gel de ses comptes bancaires avait été ordonné quelques jours plus tôt.

    Le gouvernement du président Daniel Ortega reproche cette-fois ci aux Jésuites des irrégularités administratives, notamment l’absence de présentation des états financiers entre 2020 et 2022.

    «Cette décision a été prise sans que les procédures administratives prévues par la loi n’aient été suivies» dénoncent les Jésuites d’Amérique centrale dans un communiqué publié dans la foulée, «sans donner aux Jésuites la possibilité de se défendre légitimement et sans qu'une instance judiciaire impartiale ne juge et ne mette un terme à ces abus totalement injustifiés et arbitraires».

    Le communiqué précise ensuite que le gouvernement a également confisqué le 19 août la résidence à Managua où vivaient certains des membres de l’ordre religieux: «les résidents ont été expulsés sans leur donner un délai raisonnable pour rassembler et retirer leurs effets personnels».  

    La Compagnie de Jésus dirige au moins deux écoles à Managua et plusieurs autres dans le reste du pays. 

    «Répression systématique» 

    Cette «nouvelle agression (…) s’inscrit dans un contexte national de répression systématique» et est «qualifiée de "crimes contre l’humanité" par le groupe d’experts des Nations unis sur les droits de l’homme au Nicaragua» selon les Jésuites d’Amérique centrale. Ils appellent le couple présidentiel à «cesser la répression» et à chercher «une solution rationnelle».

    Le gouvernement de Daniel Ortega accuse l'Église catholique d'avoir soutenu les manifestants qui réclamaient en 2018 sa démission ainsi que celle de son épouse et vice-présidente Rosario Murillo. Depuis, l'Église est la cible de harcèlements et d'intimidations, ainsi que de plusieurs attaques et profanations.

    Il y un an, le 19 août 2022, l'évêque Rolando Álvarez, du diocèse de Matagalpa, dans le nord du pays, et condamné à plus de 26 ans de prison pour haute trahison, atteinte à l'intégrité nationale et diffusion de fausses nouvelles. L'évêque est actuellement détenu dans une prison de haute sécurité à Managua.

    Dans un communiqué du vendredi 18 août, la commission interaméricaine pour les droits de l'homme (CIDH) et le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l'homme pour l’Amérique centrale et les Caraïbes anglophones (OHCHR), ont dénoncé la violation des droits de l'homme contre l'évêque de Matagalpa. Au cours des derniers mois, plusieurs organisations ont multiplié les appels en faveur de sa libération. 

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    Nicaragua: une communauté jésuite expulsée de sa résidence à Managua

    22/08/2023
     

    Nicaragua: une communauté jésuite expulsée de sa résidence à Managua

    Les autorités nicaraguayennes ont ordonné à une communauté de prêtres de la Compagnie de Jésus de quitter leur résidence privée à Managua, dans un contexte de répression continue ...
     
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  • Le Pape François recevant une délégation d'avocats européens, le 21 août.
     
    Le Pape François recevant une délégation d'avocats européens, le 21 août.  (Vatican Media)

    Le Pape salue l'engagement des avocats européens pour l'État de droit
    François a reçu le 21 août au Vatican une délégation d'avocats des pays membres du Conseil de l'Europe, signataires de l'Appel de Vienne en 2022. L’évêque de Rome les a remerciés «pour leur contribution importante à la promotion de la démocratie et au respect de la liberté et de la dignité humaine».
     

    Olivier Bonnel-Cité du Vatican

    «Je vous remercie pour la contribution importante que vous offrez à la promotion de la démocratie et au respect de la liberté et de la dignité humaine» a lancé le Pape à cette délégation d'avocats, rappelant qu'ils étaient signaitaires de l'Appel de Vienne. Signée le 11 juin 2022, en marge de la Conférence des présidents et bâtonniers des barreaux d’Europe à Vienne, les avocats des 25 pays membres du Conseil de l’Europe, (soit 38 organisations) avaient adopté cette déclaration qui invite notamment «les États membres du Conseil de l’Europe à prendre des engagements forts sur l’État de droit et l’indépendance de la justice dans le contexte de crise que traverse l’Europe». 

    De fait, a rappelé le Souverain pontife, «les temps de crises sociales, économiques, sécuritaires et identitaires mettent au défi les démocraties occidentales d’y répondre efficacement, mais en restant toujours fidèles à leurs principes; des principes sans cesse à reconquérir et dont la sauvegarde demande une grande vigilance». Pour François, il apparaît important que ces avocats réclament, dans l'une de leurs propositions, que «l’État de droit ne fasse plus jamais l’objet de la moindre exception, y compris en temps de crise» (Appel de Vienne, n. 7). 

    Le fondement de la dignité humaine dans la transcendance 

    L'Etat de droit, a poursuivi le Saint-Père est en effet «au service de la personne humaine et vise à en sauvegarder la dignité, ce qui ne souffre jamais aucune exception». Mais les crises contemporaines ne sont pas les seules à menacer les libertés de l'État de droit au sein des démocraties, a encore expliqué le Pape François: «une conception erronée de la nature et de la personne humaines se répand de plus en plus, une conception qui en fragilise la protection même et qui ouvre peu à peu à de graves abus sous couvert de bien».

    Rester fidèle à ses racines

    «Le respect des droits humains ne peut être assuré, et un État de droit ne peut trouver de solidité, a poursuivi François, que dans la mesure où les peuples restent fidèles à leurs racines qui s’alimentent de la vérité, qui constitue la sève vitale de n’importe quelle société qui désire être vraiment libre, humaine et solidaire». Sans cette recherche de la vérité, la tentation est que chacun ne devienne que la mesure de lui-même et de son propre agir. Et «un malentendu sur le concept de droits humains, et leur abus paradoxal, pourraient livrer les peuples «aux purismes angéliques, aux totalitarismes du relativisme, […] aux fondamentalismes anhistoriques, aux éthiques sans bonté et aux intellectualismes sans sagesse» a t-il encore précisé en citant son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (231).

    François a ainsi salué l'Appel de Vienne qui compte parmi «les points de vigilance concernant» leur profession, tout comme le respect du secret professionnel dont la violation est parfois hélas régulière dans plusieurs États membres du Conseil de l'Europe. Remerciant les avocats également pour leur engagement au service de "la maison commune", le Pape a enfin renouvelé ses encouragements envers leur profession, «orientée au service de la vérité et de la justice, nécessaires à l’établissement de la paix dans le monde et à l’harmonie de nos sociétés».

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    Reprenant son discours devant le parlement européen à Strasbourg en 2014, le Pape a ainsi voulu rappeler que «le fondement de la dignité de la personne humaine se trouve dans son origine transcendante qui en interdit, par conséquent, toute violation». 

     

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  • Photo de Soeur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Secrétariat général du Synode des évêques. Photo de Soeur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Secrétariat général du Synode des évêques.  

    Les JMJ, une «expérience de l’Église synodale»

    Retour sur les 37èmes Journées Mondiales de la Jeunesse avec Sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Secrétariat général du Synode des évêques. Une délégation était présente à Lisbonne pour aller à la rencontre des jeunes et faire connaître le Synode.
     

    Une équipe du Secrétariat général du Synode des évêques était présente aux JMJ de Lisbonne, qui se sont tenues du 1er au 6 août dernier. Parmi les représentants, sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire nommée par le Pape François en février 2021. «Les JMJ sont une expérience de l’Église synodale !» assure la religieuse xavière. Ces journées sont une «démarche de pèlerinage» où «on marche tous ensemble : les jeunes, les prêtres, les religieuses consacrées, les laïcs, les évêques et le Pape François !».

    La synodalité et la jeunesse 

    Le Synode a tenu un stand à la Cité de la Joie des JMJ, lieu dédié à la promotion des vocations, pour sensibiliser mais aussi «écouter les jeunes». Et selon les échanges réalisés avec les pèlerins rencontrés, «ceux à quoi aspirent les jeunes, c’est une Église synodale». Le thème de la synodalité est au coeur du prochain Synode, voulu par le Pape François, et dont la première session de travail se tiendra en octobre, avant une prochaine session en octobre 2024.  

    «Les JMJ se préparent dans une démarche très synodale» explique soeur Nathalie Becquart, en soulignant l’aide des paroisses locales, et la responsabilité accordée aux jeunes. C’est ce qui explique selon elle le nombre records de 40 000 français présents aux JMJ cette année.

    «Ce qui ressort de la démarche synodale, c’est le désir d’être écouté » en particulier par «ceux qui se sentent le plus en marge de l’Église» notamment «les jeunes, les femmes, et les plus pauvres». Selon la religieuse, le thème commun à toutes les rencontres continentales réalisées, c’est la préoccupation de réussir à joindre les jeunes. Le synode d’octobre sera l’occasion «d’avancer dans la réception du Synode des jeunes» et «dans la mise en œuvre de Christus vivit», l’Exhortation Apostolique post-synodale de 2018 du Pape François. «Aux JMJ on a pu voir Christus Vivit en actes !» se réjouit-elle. 

    Synode sur la synodalité: la liste des participants dévoilée
    08/07/2023 

    Synode sur la synodalité: la liste des participants dévoilée

    La liste des noms composant l’assemblée générale du Synode qui se tiendra au Vatican en octobre prochain a été présentée par le Bureau de presse du Saint-Siège vendredi 7 juillet. ...

    source https://www.vaticannews.va/fr

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  • CYPRUS TURKEY EARTHQUAKE

    L'appel du Pape à convertir les dépenses militaires
    en aide humanitaire

    À l'occasion de la Journée mondiale de l'aide humanitaire, samedi 19 août, François a lancé, depuis le compte @pontifex sur la plateforme Twitter renommée X, un appel à déposer les armes afin d'encourager une culture favorable au soutien des 130 millions de personnes parmi les plus démunis, en raison des guerres ou des catastrophes naturelles.
     

    Antonella Palermo - Cité du Vatican

    Dans la publication du compte @pontifex du samedi 19 août, à l'occasion de la Journée mondiale de l'aide humanitaire, François revient sur une des plus grandes préoccupations de son magistère: la construction de la paix, les efforts que cela exige, un engagement social, et le changement de paradigme des institutions internationales des armes vers les besoins urgents des peuples en difficulté.

    «Il est de notre responsabilité de contribuer à éradiquer la haine et la violence des cœurs. Nous encourageons le dépôt des armes, la réduction des dépenses militaires au profit des besoins humanitaires, la transformation des instruments de mort en instruments de vie.»

    #NoMatterWhat, "quoi qu'il arrive"

    De la nourriture, de l'eau, un abri, l'éducation, la santé, et la protection. C'est ce que les organisations humanitaires offrent dans la plupart des situations où les populations sont fragilisées, en danger ou dans la misère. La Journée mondiale de l'aide humanitaire, instituée par l'Assemblée générale des Nations unies en 2008, rend hommage au courage et au dévouement des travailleurs humanitaires du monde entier. Le thème choisi cette année est "Peu importe qui, peu importe où, peu importe quoi", que l’on peut retrouver sur le site internet de l’ONU dédié à cette Journée. Plus de 130 millions de personnes sont actuellement en situation de crise, en raison de guerres ou de catastrophes naturelles, et ont besoin d'une aide humanitaire.

    Vingt ans après l'attentat contre l'hôtel Canal à Bagdad

    «Combien de guerres ont commencé à cause de l'arrogance, de l'indifférence et du manque d'intérêt pour les motivations des autres?», s'était interrogé Sergio Vieira de Mello, Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, parmi les 22 victimes de l'attentat meurtrier contre l'hôtel Canal à Bagdad, le 19 août 2003, qui a réduit le siège de l’ONU dans la capitale irakienne à l'état de ruines.

    ONU: la réduction de l’aide humanitaire est inacceptable

    Aujourd'hui, les opérations humanitaires dans le monde touchent dix fois plus de personnes qu'il y a vingt ans, peut-on lire dans le message du secrétaire général de l'ONU, António Guterres, publié à l'occasion de cette journée. Il s'agit d'apporter une aide vitale à 250 millions de personnes dans 69 pays. «Alors que les crises se multiplient, il est inacceptable que les travailleurs humanitaires soient contraints de réduire l'aide apportée à des millions de personnes dans le besoin», dénonce-t-il, tout en observant que les tensions géopolitiques se sont accrues au cours des deux dernières décennies. Il existe «un mépris flagrant du droit international humanitaire et des droits de l'homme, des campagnes de désinformation et des agressions délibérées». L'humanitaire lui-même", affirme-t-il, «est aujourd'hui attaqué».

    Dans ce contexte, cependant, des défis ont rendu la communauté humanitaire mondiale plus forte, souligne le message de la Journée. «Les humanitaires, qui sont pour la plupart des employés nationaux travaillant dans leur propre pays, sont encore plus proches des personnes qu'ils servent. Ils trouvent de nouveaux moyens de s'aventurer plus profondément dans les régions frappées par les catastrophes et plus près des lignes de front des conflits, animés par un seul but: sauver et protéger des vies».

    Caritas Internationalis: des réponses aux crises complexes et prolongées

    «Aujourd'hui, notre monde est confronté à trois menaces principales: l'inégalité croissante, la multiplication des conflits et l'urgence climatique. Les travailleurs humanitaires doivent répondre à des situations d'urgence de plus en plus complexes et à des crises prolongées», déclare Alistair Dutton, secrétaire général de Caritas Internationalis. «Nos travailleurs humanitaires sacrifient chaque élément de leur personne, leur sécurité, pour servir les plus vulnérables et veiller à ce que leurs droits humanitaires leur soient garantis. Ils sont présents avant, pendant et longtemps après chaque catastrophe», souligne Caritas dans un communiqué.

    Et de préciser: «Les personnes que nous servons ne sont pas de simples bénéficiaires de l'aide humanitaire, mais elles sont au centre de notre action», soulignant que tous les besoins sont pris en compte: matériels, sociaux, psychologiques et spirituels, dans une perspective intégrale. «Dans des pays déchirés par la guerre comme l'Ukraine ou la Syrie, les travailleurs humanitaires continuent de travailler même si leurs proches ont été tués ou enlevés, ou si leurs maisons ont été détruites et qu'ils sont eux-mêmes déplacés». Alistair Dutton rapporte qu’après le tremblement de terre en Syrie et en Turquie du 6 février dernier, «de nombreux membres du personnel de Caritas Anatolie ont été contraints de dormir dans leur voiture, mais ils n'ont jamais cessé de distribuer de l'aide». Pourtant, constate amèrement le secrétaire général, le dévouement se heurte malheureusement aux nombreuses crises, souvent oubliées, comme en Éthiopie, où plus de 20 millions de personnes risquent de mourir de faim, à l'extrême pauvreté et au manque d'attention de la part de la communauté internationale.


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  • Amets Arzallus et Ibrahima Balde, auteurs de 'Hermanito' (photo: Susa Argitaletxea)Amets Arzallus et Ibrahima Balde, auteurs de 'Hermanito' (photo: Susa Argitaletxea) 

    "Hermanito", le livre sur l’odyssée d’Ibrahima Balde, souvent cité par François

    «Hermanito (Petit frère en français), lisez-le et vous verrez le drame des migrants». Dans l’avion qui le ramène de la JMJ de Lisbonne dimanche 6 août 2023, François a une fois de plus cité ce petit ouvrage publié en 2021 par Amets Arzallus qui raconte les trois ans d’odyssée d’Ibrahima Balde entre son pays, la Guinée, et l’Espagne.
     

    Jean Charles Putzolu – Cité du Vatican

    Régulièrement cité par le Pape François depuis 2001, "Hermanito" est un ouvrage qui raconte l'odyssée d'un garçon guinéen parti de chez lui il y a plus de huit ans. Ibrahima Balde est l’ainé de la famille. Depuis la mort de son père, il sent sur ses épaules le poids des responsabilités familiales vis-à-vis de son petit frère notamment, parti plus tôt en direction de la Libye dans l’intention de traverser la Méditerranée et arriver jusqu’en Europe. Dans le but d’accomplir la mission que son père lui a confiée, de faire tout le possible pour assurer l’éducation de son petit frère, Ibrahima part à son tour, non pas pour émigrer, mais pour retrouver son cadet avant qu’il ne se lance dans la traversée en mer. Son périple vers le nord lui fait traverser le Mali, l'Algérie, jusqu’à la Libye, sans retrouver la moindre trace de son frère. Ibrahima décide de poursuivre son chemin jusqu’en Espagne, où il arrive en 2018, trois ans après avoir quitté la Guinée. Il fait alors le deuil de son frère, et devient habité par un sentiment de culpabilité lié à l’échec de ses recherches.

    Quatre ans de clandestinité en Espagne

    Ibrahima travaille aujourd’hui dans un garage de Madrid. Il est mécanicien et a un contrat en règle. Pendant 4 ans, sa demande d’asile ayant est refusée. Il vit alors dans l’illégalité, et est soutenu et aidé entre autres par Amets Arzallus. En plus de son métier de journaliste au Pays basque, ce dernier aide bénévolement les migrants. Amets l’aide à constituer son dossier. Pour ce faire, les deux hommes décident de mettre par écrit toutes les étapes de l’odyssée d’Ibrahima dans le but de faciliter la narration du parcours devant les autorités espagnoles. En vain, puisque la première demande d’asile échoue. À force de persévérer, les autorités espagnoles lui ont finalement délivré un permis de séjour d’un an qui arrivera à échéance en avril 2024.

    L’histoire d’Ibrahima, éditée en langue basque d’abord, puis en espagnol et traduite dans plusieurs langues depuis, ressemble tristement à celle de tant d'autres migrants. 

    Amets et Ibrahima vivent aujourd’hui à 400 km l’un de l’autre et sont des amis très proches. Ils se téléphonent plusieurs fois par semaine. Cette historie a changé la vie d’Amets: «Je pense que chaque personne voudrait vivre et planifier sa vie sur sa terre natale, là où vit sa famille», dit le journaliste basque, «mais en connaissant le malheur et la situation économique ou sociale dans des pays comme la Guinée, on se rend compte que beaucoup de gens sont obligés de planifier leur avenir ailleurs, en tentant d'aller vers l'Europe». Ibrahima a ceci de particulier précise Amets Arzallus. Quand ils se sont rencontrés à Madrid, le jeune guinéen a tout de suite souligné que son objectif n’était pas de venir en Europe. «Ce point de départ a quelque peu changé les stéréotypes, et l'archétype du migrant que j'avais en tête». 

    La naissance du livre

    «Je ne sais plus trop comment on est passé des notes à l’idée du livre», admet Amets. «Nous y avons passé des mois», ajoute-t-il. Au départ, les notes rassemblées pour constituer le dossier de demande d’asile d’Ibrahima avaient demandé une matinée de dialogue. «Ibrahima ne savait ni lire ni écrire lorsqu’il est arrivé en Espagne», il a fallu l’aider, mais il avait une incroyable capacité à mettre des mots sur ce qu’il avait vécu en près de trois ans d’errance depuis son départ de Guinée. «Quand on demande à un migrant  de nous parler des pays qu'il a traversé pendant deux ou trois ans, où il a vécu beaucoup d'atrocités, beaucoup de violences, ce n'est pas facile, il faut passer du temps». Amets et Ibrahima se donnent plusieurs rendez-vous pour, petit à petit, reconstruire le puzzle des kilomètres parcourus. «Une relation s’est créée», poursuit le basque. «Nous sommes devenus amis et j’ai découvert une histoire à laquelle je ne m’attendais pas». Amets n’a jamais écrit de livre avant "Hermanito"; son activité de journaliste l’avait limité jusqu’ici à la rédaction d’articles et de reportages. Mais l’idée que les notes sur l’odyssée d’Ibrahima finissent entre les mains d’un policier au commissariat sous une pile de demandes d’asile lui était insupportable. «Ibrahima m’a fait confiance, j’ai écrit un petit livre en basque, ma langue maternelle et de travail».

    Des consciences endormies

    «Tous les jours, à la radio, dans les journaux, on entend et on lit des tragédies», soupire Amtes Arzallus, et de continuer: «Je pense qu'on nous a éduqués pour avoir une certaine distance envers cette actualité qui est inhumaine et difficile à digérer». Le journaliste et maintenant écrivain se sent comme anesthésié et presque déshumanisé, contraint d’être tenu à distance de la réalité. «Je pense qu'il faut se rapprocher un petit peu», dit-il, «il faut essayer d'être plus humain et réapprendre à sentir la douleur» des autres. La conversation continue et retrace la dramatique actualité des migrants sur les côtes de Lampedusa, des Canaries: «combien de drames, de tragédies, combien de naufrages?»

    Amets se lance dans une vive critique de la politique migratoire occidentale et de l’Europe en particulier: «Il y a une responsabilité directe […] Cette politique migratoire, trop violente et inhumaine, est racontée en laissant les choses à une certaine distance, pour ne pas trop gêner la conscience des gens[…]. Il faut qu'on arrête de regarder la réalité comme s’il s’agissait d’une fiction parce que c'est une réalité dure, pure et dure, très violente. Il faut qu'on arrive à changer le monde, c'est plus possible».

    "Hermanito" et le Pape

    D’entendre et de lire que le Pape François cite régulièrement ce livre «a été une grande surprise. On ne pouvait pas s’y attendre, je ne sais même pas comment le Pape a eu le livre. J'ai eu du mal à le croire. Je suis toujours étonné». Lorsque le Pape reprend "Hermanito" pour parler de la tragédie des migrants, de la Tunisie, de la Libye, ou encore de la politique extérieure de l’Europe qui tend à vouloir freiner les migrations, «ce n’est plus moi qui le dit. Le fait que ce soit le Pape a une toute autre résonnance, et les choses sont entendues de manière différente»«En tous les cas, je remercie», conclut Amets, heureux de constater que le petit ouvrage puisse peut-être contribuer à «réveiller les consciences».

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