•  L’ASCESE[1]


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    L’ascèse et la psychologie.


    L’homme vit dans une confusion profonde et ignore tout des principes qui régissent son « économie » intérieure. Laissé seul, il s’enfonce dans les névroses et, dans les moments de solitude, aucune forme sociale ne protège ni ne résout les conflits profonds accumulés au fond de son âme. La méconnaissance des lois profondes mène ainsi vers des simplifications où le mal est réduit à l’imperfection et la lutte ascétique à l’hygiène. Système séduisant mais sans mystère et fermé sur lui-même.

    Or, l’homme, qu’il le veuille ou non, n’existe que dans sa relation à l’absolu. S’il n’accepte pas le transcendant, il absolutise l’immanent ou se pose lui-même en absolu. Deus non est, Deus est. Il lui faut donc choisir entre une idée instrumentale, une construction cérébrale, utile, mais à la fin, impuissante, et le Principe qui a tous les pouvoirs : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jean 7, 46)  Ainsi, dans sa quête de santé spirituelle, l’ascète chrétien cherche la restauration de la forme initiale – imago Dei – tendue vers Dieu. Gardant confiance en la vie, en son propre destin et sachant reconnaître le sens concret de sa vie particulière, il accepte le grand mystère évangélique de la croix personnelle.

     

    D’où vient l’homme et où va-t-il ?


    Question fondamentale qui accompagne l’homme de tous les temps. Faute de s’être laissé ouvrir les yeux et donc sans y voir clair, aucune confiance en la vie ne peut habiter l’homme. Sa dignité n’acceptera jamais de petites normes, de petites éternités immanentes et passagères. Seul l’Evangile contient la réponse très exacte : « je viens de mon Père  et je vais vers mon Père » (Jean 16, 28)  Et, face à la solitude redoutable de l’homme, il appelle l’Esprit Saint, l’avocat le consolateur (Jean 14, 16)  Quant l’homme se tourne vers Dieu, il y reconnaît celui qu’il cherche, qu’il avait cherché depuis toujours : c’est le tropisme naturel. Il existe dans la Bible un certain optimisme - l’homme aime ce qui est bon, aspire à la lumière, à la connaissance, à l’augmentation de l’être, il ne peut vivre et trouver la joie que dans les conditions existentielles définies par s. Paul : « Il n’y a que oui en Dieu » (2 Cor. 1, 20) - il n’y a qu’affirmation, intégrité, accroissement sans déclin. « Là où est votre trésor, là est votre cœur » (matth. 6, 21), mais le cœur dans l’immensité de sa soif n’est tendu que vers l’absolument désirable dont parle l’Apocalypse.

    L’ascétisme a toujours frappé puissamment l’imagination par contraste avec toutes les compromissions et les suffisances de la vie courante et médiocre. Les foules venaient jadis au désert contempler les stylites, pour graver dans leur mémoire la vision du pouvoir spirituel sur la matière et sur l’instabilité de la vie ; les gens emportaient des dessins maladroits pour se rappeler constamment la grandeur accessible à l’homme, l’image de la victoire la plus réelle sur le mal.

    La morale, limitée à ses seuls principes et hors de toute métaphysique, ne peut donc jamais résoudre les conflits de l’existence car, ces principes ne peuvent opérer de miracles ni conduire à la « seconde naissance » dans la joie. Ainsi, le « religieux » n’est pas une projection immanente du contenu de l’âme, mais la culture de « l’ouïe spirituelle ».  Les « enseignés par Dieu » reçoivent la suggestion la plus forte, car c’est Dieu qui suggère et qui invite à choisir : « Voici : j’ai mis devant toi la vie et la mort... choisis donc … » (Deut. 30, 15)

     

    L’ascèse.


    Le miracle des noces de Cana, le changement de l’eau en vin, offre l’image classique de la transformation de la nature humaine vers laquelle sont dirigés tous les efforts de l’ascèse. C’est la métanoïa, le bouleversement de toute l’économie de l’être humain ou la seconde naissance dans le monde de l’Esprit. Le rituel de l’exorcisme, lors du baptême, rompt avec le pouvoir du prince de ce monde ; et le rituel de la tonsure veut signifier que tout homme est devenu autre, différent dans sa nature même. C’est donc la rupture la plus radicale avec le passé, sa mort très réelle et l’avènement non moins réel de la nouvelle créature.

    Il y a une différence de nature entre l’ascétisme et le moralisme. Le moralisme règle la conduite en la soumettant à des impératifs moraux. Mais toute construction basée sur les seules forces naturelles est fragile, et une façade éthique peut bien cacher le pharisaïsme de l’ « orgueil des humbles ». Or, la « vertu » selon les ascètes est le dynamisme humain déclenché et vivifié par la présence de Dieu. « Les labeurs et les sueurs » de l’effort ascétique nous appartiennent et ne diminuent en rien la gratuité prévenante des charismes et leur priorité. Il ne faut donc pas voir dans les œuvres, uniquement l’action morale, mais l’agir humain au-dedans de l’agir divin. Au sujet de la drachme égarée, Nicolas Cabasilas note : « C’est le Maître qui s’est incliné vers la terre et a retrouvé son image ». Mais la grâce présuppose la liberté du vouloir. La liberté humaine et la grâce, dans leur synergie parfaite, se fécondent l’une l’autre.

    Ainsi, négativement et vu d’en bas, l’ascétisme est la lutte invisible, incessante, sans répit ; positivement et vu d’en haut, l’ascétisme est illumination, acquisition des dons, charismatisme. Les vierges folles de la parabole évangélique, par exemple, étaient pleines de vertus, car, folles elles étaient pourtant « vierges », mais elles étaient vides des dons de l’Esprit-Saint. C’est pourquoi demandons sans cesse à l’Esprit Saint de venir et de demeurer en nous et de nous purifier de toute souillure.

    Un ascète débute par la vision de sa propre réalité humaine : « Connais-toi toi-même », car « personne ne peut connaître Dieu s’il n’est pas connu d’abord lui-même » (s. Antoine le Grand)

    « Celui qui a vu son péché est plus grand que celui qui ressuscite les morts » et « Celui qui s’est vu soi-même est plus grand que celui qui a vu les anges ». (S. Isaac le Syrien)

    L’humilité, de plus en plus approfondie et cultivée, enveloppe toute la durée de la vie ascétique. Elle est la seule puissance qui détruit radicalement tout esprit de ressentiment, de revendication et d’égocentrisme… car, plus l’homme est vide - de Dieu - et plus il est rempli de lui-même ! L’humilité est la plus grande force car elle déplace l’axe de la vie de l’homme en Dieu ; ce n’est plus l’univers que l’homme fait tourner autour de son ego, mais c’est lui qui se situe dans le centre sacré de la proximité de Dieu et se trouve ainsi exactement à sa place … créature sous le regard de Dieu créateur.

     

    Suzanne Giuseppi Testut - ofs

    Pour cet article je me suis  inspirée de « La femme et le salut du monde » Paul Evdokimov

      Autres articles et Perles du jour de Suzanne 


     

    Pour votre information voici où vous pourriez rencontrer Suzanne prochainement



    -  Au Québec en Octobre 2010

      

    Sherbrooke le mercredi 13 octobre, Rencontre de ressourcement au Monastère Sainte Claire, 313 Queen, Sherbrooke. Accueil 8h30 fin 16h30, il y aura Eucharistie.  On vous suggère d'apporter votre diner et votre tasse, il y aura la possibilité de commander du poulet (env.10$)
    Contribution suggérée de 10$ et plus si c'est possible pour vous. Pour plus d'informations richard372000ARROBASyahoo.ca (remplacer ARROWBAS par @ )

     

     

    autres endroits au Québec et un en Ontario

     

    Samedi 2 octobre : Rencontre des OFS (Montréal : Responsable : Gilles Métivier).

    Dimanche 3 octobre : Messe de 9h00 (Sainte-Julie) et Messe de 10h30 : Fête paroissiale de S.F.A. (Saint François d’Assise) et repas communautaire avec les bénévoles.

    Mercredi 6 octobre : 19h30 Soirée de rencontre avec les Filles d’isabelle et Chevaliers de Colomb. Paroisse Sainte-Julie.

    Vendredi 8 octobre au dimanche 10 octobre : Horeb Saint-Jacques.  (Responsable : Nicolas Tremblay).

    Vendredi 15 octobre : Fin d’après-midi : Rencontre fraternelle des M.S.A. (Province du Canada).

    Dimanche 17 octobre : Messes de 9h00 ; 9h30 et 10h30 : (Unité pastorale Est Montagne)

    Dimanche 17 au mercredi 20 octobre : 19h30 retraite de l’Unité de l’Est de la Montagne.

    Vendredi 22 octobre : 19h30 : Rencontre avec le Groupe de partage de foi Renouveau- Paroisse de Saint-Constant.

    Samedi 23 octobre : 15h30 : Rencontre à Orléans ONT. Groupe de responsables nationaux de l'OFS (Responsable : Gilles Métivier).

    Dimanche 24 octobre : Visite du Sanctuaire Marie-Reine-des-Cœurs (Chertsey).

    Jeudi 28 octobre : 10h30 : nous aurons la messe à la Résidence Saint Louis et à 14h, une rencontre spéciale conférence sur la spiritualité avec François d'Assise

    Vendredi 29 octobre : 19h30 Café-Rencontre Séminaire de Saint-Hyacinthe avec les couples membres de Week-End Amoureux.

    Samedi 30 octobre : Fondation Père Ménard (40è anniversaire). 10h30 Messe à la Cathédrale Marie-Reine du Monde. Lunch-Conférence à l’Hôtel Reine Élisabeth.

     

     

     

     



    [1] Pour cet article je me suis  inspirée de « La femme et le salut du monde » Paul Evdokimov


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  • Seigneur nous périssons

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    La perle du jour

     

     

    avec Suzanne G Testut ofs

    en collaboration de

    RCF

    La Radio dans l'âme

     

    La perle précédente ICI 

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  • Une autre terre promise

    terre-promise.jpg En étudiant le sens de la terre dans la Bible et chez les pères de l'Église, Frédéric Manns nous invite à porter un  autre regard sur le don de la terre.

         « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ». La Torah comme livre de commandements débute avec le chapitre 12 du livre de l'Exode. Mais ces commandements exigeaient une préface pour expliquer ce que Moïse et Aaron faisaient au pays d'Égypte, alors que leur terre était celle des Hébreux. Rashi, dans son commentaire du livre de la Genèse écrit :

    Si les nations du monde disent à Israël : « Vous êtes des brigands, puisque vous avez conquis les terres des sept nations », Israël leur répondra : « Toute la terre appartient à Dieu. Il l'a créée et l'a donnée à qui est droit à ses yeux. De par sa volonté il la leur a donnée et de par sa volonté il la leur a reprise et nous l'a donnée. »

         Le problème soulevé par ce texte est le suivant : la relation de Dieu à l'homme passe-t-elle par l'impersonnel des lois de la nature ou bien, comme le dit le récit biblique, cette relation passe-t-elle par l'histoire humaine et par l'histoire d'Israël. Dans le premier cas, Dieu serait le Dieu des philosophes, dans le second, il serait le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.

    Les sens du don de la terre

         L'installation en terre promise s'est révélée comme une préfiguration de la possession paisible que les derniers temps allaient assurer à Israël et que devait marquer une extraordinaire fécondité des vignobles. « Les montagnes distilleront du jus de raisin et toutes les collines se liquéfieront... Ils planteront des vignes et en boiront le vin. » (Am 9,13-14) À cette implantation définitive sur la terre : des promesses correspondent chez Osée et Jérémie le thème des épousailles irrévocables de Yhwh avec son peuple. Le vin, l'huile et le blé jouent de nouveau un grand rôle dans cette allégresse nuptiale.

         Pour Origène. dans son Traité des Principes 4,2,8, « ce qui est étonnant c'est qu'à travers des histoires de guerre, de vainqueurs et de vaincus des mystères sont révélés à ceux qui savent examiner cela. Et ce qui est encore plus admirable c'est qu'à travers la législation que contient l'Écriture les lois de la vérité sont prophétisées et tout cela est écrit en ordre logique avec une puissance convenant à la sagesse de Dieu ». Dans son Commentaire sur le livre de Josué, Origène reviendra sur le problème de la terre donnée à Israël.

         Le judaïsme avait donné différentes significations du don de la terre. Pour les Esséniens les humbles qui hériteraient de la terre étaient les fils de lumière qui entraient dans la communauté de l'alliance. Pour Philon d'Alexandrie la terre était le symbole de la sagesse que Dieu donnait. Pour les Pharisiens le don de la terre symbolisait le don de la vie éternelle.

         La tradition biblique avait rapproché les termes Adam et Adamah (la terre). La terre représente en effet la matière avec laquelle fut façonné Adam, le terreux. Elle est le symbole de la chair d'Adam. Du coup, la terre promise peut représenter aussi la chair du nouvel Adam, c'est-à-dire la chair du Christ. L’assimilation sera faite dès le deuxième siècle par l'Épître de Barnabé, par Tertullien et Hippolyte.

         La terre promise représente non seulement le corps du Christ dans sa nature humaine, mais toute la nouvelle création recréée dans le Christ (Barnabé 6,13). C'est par le baptême que les chrétiens sont introduits dans une terre excellente. Si la terre est le Christ, elle est aussi l'Église, c'est-à-dire les chrétiens incorporés au Christ.

         Cette terre promise est un symbole de vie parce qu'elle est une terre de liberté par opposition à l'esclavage en Égypte et terre de fécondité par opposition au désert.

         Le Christ, nouvelle terre promise, est symbole de Vie parce qu'il est le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14,6). Il est celui qui nous donne la semence de Vie éternelle, la Bonne Terre qui s'unit à notre terre (ls 62,4) qui n'a plus assez de richesses en elle pour que nous puissions, à notre tour, produire à nouveau de bons fruits. Tout jardinier sait qu'il faut amener de la nouvelle terre pour mélanger à l'ancienne afin qu'elle produise à nouveau car celle-ci est épuisée, elle a perdu sa vitalité! Cette terre ancienne et nouvelle, c'est l'Église. À la fin des temps, la terre pauvre, marquée par le péché va disparaître, il n'y aura plus que la terre nouvelle (Ap 21,1-2).

         La terre glaise du Christ nous apprend la patience du potier qui nous façonne avec l'eau du baptême et le feu de l'Esprit (Mt 3, 11). L’eau représente toutes les potentialités de la création. Jean-Baptiste invite à un baptême de conversion pour retrouver ses potentialités humaines.

         L'eau rend la terre souple, alors que le souffle représente les potentialités divines. L’esprit plane sur les eaux, le souffle symbolise quelque chose de supérieur à l'eau.

         Dans la symbolique de la poterie, l'eau cède sa place au feu, nous n'y voyons pas le symbole du divin qui supprime l'humain car l'humain n'est pas symbolisé par l'eau mais par la terre. Ce sont les potentialités humaines qui sont totalement transcendées par les potentialités divines données par le feu. Autrement dit, l'humanité est divinisée. La terre « enferme », elle a en son centre l'enfer de feu. Autre chose est de marcher sur terre, de la dominer, autre chose est d'être sous-terre, lieu des morts et du feu de l'enfer. Impossible à cet endroit de respirer, pas de souffle de vie possible, c'est le lieu des ténèbres (Dn 7,3.17).

         La terre d'un côté est semence de vie et de l'autre séjour des morts. Ne faut-il pas retourner dans la terre pour renaître à la vie?

    Frédéric Manns

     

    Source www.interbible.org

    Autres articles sur la Bible


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  • Merci à Richard Boileau de nous partager cette réflexion sur saint Thomas More.

    Richard Chamberland ofs

     


    Nous continuons notre série de réflexions sur ces Vies Merveilleuses  en portant notre regard sur saint Thomas More. 

     

    Comme toujours, nous aimerions recevoir vos commentaires sur ces réflexions. Nous vous invitons à transférer ces réflexions à quiconque pourrait les apprécier.

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    Cher ami, chère amie de saint François,  

     

    Thomas-More.jpg La question qui est souvent soulevée concernant la spiritualité franciscaine est de savoir comment une personne peut vivre dans le monde, qu’on définit souvent et régle par l’argent.  Une personne ayant une assez grande fortune personnelle peut-elle être une authentique franciscaine?  Cette question ne s’applique certainement pas aux membres d’Ordres Religieux fondés par saint François d’Assise – les Franciscains, les Capucins, les Conventuels, les Clarisses ou même les membres du Tiers Ordre Régulier, comme les Franciscaines Missionnaires de Marie. Mais cela s’applique aux milliers de personnes devenues membres de l’Ordre Franciscain Séculier aussi bien que pour les légions de personnes qui sont affectées par la spiritualité de saint François.  Heureusement, nous avons un bon nombre d’exemples desquels tirer profit.  Mon favori est la merveilleuse vie de saint Thomas More (1478-1535).

     

    Au début, on a dit que saint Thomas avait considéré la vie des moines chartreux et celle des Franciscains observants, comme les deux  les plus réputés pour la sévérité de leur règle.  Dans les deux cas, il a jugé que ce n’était pas ‘sa’ vocation.  Il a embrassé la spiritualité de saint François, néanmoins, en devenant un tertiaire, un membre du Tiers Ordre de saint François, connu aujourd’hui comme l’Ordre Franciscain Séculier.  Il a gardé une vie pieuse, comme il le faisait depuis son enfance, en assistant à la messe quotidienne.  On a dit qu’il consacrait ses vendredis à des récollections spirituelles.

     

    Selon une anthologie de littérature anglaise publiée sur internet, saint Thomas serait né sur la rue Milk à Londres le 7 février 1478, fils de Sir John More,  juge remarquable.  Il a été étudiant à l’école St. Antony à Londres.  Dans sa jeunesse,  il a servi comme page à la  maison de l’archevêque Morton qui s’attendait à ce que More devienne «un homme remarquable».  More est allé étudier à Oxford, pendant qu’il écrivait ses comédies et étudiait la littérature grecque et latine.  L'un de ses premiers ouvrages a été la traduction anglaise de la biographie latine de l’humaniste italien Pico della Mirandola.  Durant sa vie, il a produit une variété d’œuvres, incluant des poèmes et plusieurs défenses de la doctrine catholique.  Son écrit le plus souvent noté est l’Utopie, qui inclut des références au gouvernement, à l’éducation, au mariage,  à la vie éternelle et à la religion dans une situation idéale. 

     

    Saint Thomas était une figure remarquable dans un moment pivot de l’histoire anglaise mais ce qui  nous importe aujourd’hui, c’est qu’il était un homme d’une foi solide, d’une espérance résiliente et d’un amour très enraciné.  Durant les années de la Réforme, il était un homme puissant et  de grandes  possessions, il était un avocat remarquable.  Puis il s’est attaché à la cour royale du roi Henri VIII et, finalement, nommé chancelier du roi, l’équivalent d’un premier ministre.  Dans sa vie publique, il avait la réputation d’une personne honnête et juste; mais, dans sa vie privée,  il était reconnu comme un homme de prière, un ami fidèle  et un homme attentif à  sa famille, sans aucun compromis.     

     

    Assister à la messe quotidienne était la clef de sa vie privée.  Apparemment, il a été critiqué parce que cela n’était pas jugé digne, pour une personne laïque  si accaparée, de recevoir la communion  fréquente.  Sa réponse était caractéristiquement sage et spirituelle : « Vous avancez ces excellentes raisons qui nécessitent justement la communion fréquente.  Lorsque je suis distrait, la sainte communion m’aide à me recueillir.  S’il se trouve des occasions quotidiennes d’offenser mon Dieu,   je me réconcilie chaque fois avec Dieu dans ce combat  en recevant l’eucharistie.  Si je suis en grand besoin de lumière et de prudence pour me décharger du fardeau de mes tâches, je cherche secours auprès de mon Sauveur et cherche conseil et lumière auprès de Lui. » 

     

    Thomas More a été canonisé par le pape Pie XI en 1935.

     

    La sottise humaine a accru la valeur de l’or et de l’argent à cause de leur rareté.  Alors que la nature, comme un bon parent, nous a donné gratuitement  les meilleures choses comme l’air, la terre et l’eau mais a nous caché ce qui est vain et inutile

    Saint Thomas More, Utopie

     

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    Il n’y a peut-être aucun plus grand signe de détachement de la part de saint Thomas que  son consentement à donner sa vie pour des valeurs plus importantes que celles de la richesse.  En ce sens, il faut comprendre que saint Thomas n’était pas seulement bien informé en ce qui concerne la doctrine mais aussi astucieux en ce qui concerne le monde.  Par exemple, dans Utopie, il a noté : « ce que tu ne peux changer en bien, tu dois en faire le moins de mal possible ». Cela révèle la sagesse de quelqu’un qui baigne dans les affaires du monde tout en étant conscient des exigences de l’Évangile.  C’est pourquoi sa vie est si importante à considérer pour nous, elle est un signe d’espérance dans un temps de radicalisme.   

     

    Le meilleur de mes films préférés, c’est A Man for All Seasons, produit en 1966 avec la formidable équipe composée de Paul Scoffield, Orson Well, Susannah York et John Hurt. Il s’agit d’un chef-d’œuvre de piété pragmatique, d’argumentation éthique et de courage personnel.  C’est aussi, à mon humble opinion, l’une des récits les plus parlants de véritable martyre.  C’est différent de la  hagiographie sentimentale qui, trop souvent, n’est pas digne de la sainteté de ceux/celles qui versent leur sang au nom de la vérité.   

     

    Martyre est un mot dur. Il  fait peur à ceux-celles d’entre nous qui peuvent imaginer un temps, pas si reculé, un espace, pas si lointain, où il n’y avait pas de place pour l’équivoque ni pour l’hypocrisie.  Une personne  doit prendre une décision ferme et l’assumer, en souffrir les conséquences.  Nous utilisons souvent mal ce mot martyr.  Nous l’utilisons pour parler d’auto-sacrifice parfois pathologique ou de victimisation, réel ou imaginaire. Sa véritable signification est plus simple.     

     

    En accord avec l’Encyclopédie Catholique, le mot grec martus signifie un témoin qui rend compte d’un fait qu’il a observé personnellement.  C’est en ces termes qu’il est d’abord apparu dans la littérature catholique. Les apôtres ont été « témoins » de tout ce qu’ils ont observé dans la vie publique de Jésus, aussi bien que de tout ce qu’ils avaient appris de « ses enseignements à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’à l’extrimité de la terre » (Ac 1, 8). Peu après, ce mot a été réservé pour décrire « des témoins » qui ont fait les frais de ce qu’ils croyaient être la vérité, au péril de leur vie. 

     

    Ceci a été le cas pour saint Thomas.  Contre l'avis de tous, il refusa de prêter serment après la création de l'Église d'Angleterre, schismatique, alors que le Roi l'exigeait pour asseoir son autorité. Il se retrouva, donc, dans le plus grand dénuement, en prison à la Tour de Londres, accusé de trahison. Il fut décapité au côté de l’évêque Fisher le 6 juillet 1535.

     

    Saint Thomas avait une grande fortune et beaucoup de pouvoir. Il avait une vie de prestige et de privilège.  Mais tout cela n’a été, pour lui, qu’un instrument pour sa vocation.  Il a été destiné à une vie de leadership, à la fois social et moral.  Il a fait l’ascension jusqu’à un rôle politique qui lui a permis d’appliquer le meilleur des connaissances de sa foi religieuse, noyée dans un environnement séculier.  Dans cette situation, et dans la situation de toutes les personnes qui misent sur les vraies valeurs, le pouvoir accorde l’opportunité d’affecter la vie de milliers de personnes, si ce n’est de millions, pour les aider à comprendre le sens d’une vie stimulée par la quête d’amour et de vérité.     

     

    Généralement, s’accrocher à la richesse et au pouvoir est un signe de l’insécurité qui se cache en chacun-e de nous.  Il est rare qu’une personne puisse cacher une profonde impulsion si enracinée et, éventuellement, être indifférent au jugement des autres, indépendamment de l’étape de la vie ni des circonstances.  Saint Thomas était l’un de ces hommes.      



    Je me soucie guère de ce que les hommes disent de moi,  dans la mesure où Dieu m’approuve.

    Saint Thomas More dans une lettre à Erasmus

     

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    Quelle est, pour nous, la leçon à retenir de la vie de saint Thomas, en regard du conseil évangélique sur la pauvreté dans la réalité de la vie séculière qui requiert l’usage légitime de possessions, de prestige et de pouvoir? La réponse est simple en théorie, mais difficile en pratique. Nous ne devons pas avoir peur ni abuser de l’argent ou de la propriété, qui peuvent servir pour un meilleur bien, ni  les aimer comme quelque chose à amasser ou à en être gêné pour développer de bonnes relations.      

     

    C’est l’amour de l’argent qui est la source de tant de péchés et de souffrance, pas des pièces inanimées.  La monnaie, par définition, n’est pas une fin en soi mais un moyen qui peut être constructif ou destructif.  La pureté de nos intentions et l’éthique de nos comportements portent  ont plus de valeur que les comptes ou les porte-folios.  Il est souvent dit que si nous pouvions tenir les dons de Dieu dans une main ouverte au lieu d’un poing fermé, le monde serait meilleur.  Si nous pouvions voir ce que nous recevons comme quelque chose à partager, nous aurions plus de paix et de joie.  Saint Thomas avait compris que cela s’applique à tout, même à la vie elle-même.   

     

    Celui qui cherchera à préserver sa vie la perdra mais celui qui perdra sa vie la conservera.

    Luc 17, 33

     

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    Puisse la bonté du Seigneur vous guider par ces vies merveilleuses de personnes sages et courageuses comme saint Thomas.  Puisse l’Esprit Saint vous assister à la suite des pas de Jésus, image parfaite de l’amour du Père. 

     

    Fraternellement,

     

    Richard Boileau

    Crib and Cross

    Franciscan Ministries


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  • Source: Le cours fondamental sur le charisme missionnaire franciscain

    Les signes de temps

    Tau-fam-franc.jpg « Entre le mystique et la pastorale sociale  - à propos de la situation actuelle de la théologie de la libération au Brésil»

    Ainsi était le thème d’une manifestation remarquable organisée dans le gymnase franciscain Kreuzburg à Grosskrotzenburg (Allemagne) le 24 juin 2010. L’invitation était de l’Œuvre franciscaine de Formation asbl en collaboration avec le Centre de Développement Franciscain et l’Initiative des lecteurs Forum Public. La grande salle du gymnase était remplie avec environ 300 personnes dont plusieurs jeunes. Un grand remerciement à l’invité de marque, Professeur Leonardo Boff du Brésil, qui est toujours en Allemagne le théologien le plus connu de la théologie de la libération. Mais certainement aussi son interlocuteur, Professeur Udo Schmälzle OFM, théologien pastoral à Münster et directeur pédagogique à Kreuzburg.

    Lors de la manifestation organisée comme un dialogue entre les deux théologiens, Leonardo étonna le public avec son ordre d’engagement. Son souci principal ne se trouve pas dans la théologie de la libération, mais plutôt la conservation et l’intégrité de la création constitue le grand défi de nos jours. Pour les familiers cela n’est pas étonnant, mais cependant il est connu, depuis des années, comme un avocat passionné de la Mère Terre, qui est exploitée sans merci. « Nous aurions besoin de trois fois la planète Terre, afin de permettre à tout le monde de jouir du standard de vie prôné par les sociétés de bien-être des riches nations industrialisées », dit-il. Il se souvient de la  charte de la terre, publiée voici bientôt dix ans. Modestement –comme il apparut dans la salle- il ne mentionnait naturellement pas, qu’il y a apporté énormément. Après le premier sommet écologique de l’ONU en 1992 à Rio, l’ancien président de l’Union soviétique Michael Gorbatschow était très mécontent avec le résultat. Il convoqua une commission des experts, qui devait développer pour l’ONU une charte contraignante de la terre semblable à la charte des droits de l’homme. Il résuma son souci en ces mots : « Si nous voulons conserver la terre pour les futures générations comme un lieu habitable, alors nous devons tous nous convertir. Mais on se convertit seulement, si on a une spiritualité. » C’est pourquoi il invita les leaders religieux dans sa commission, dont Leonardo Boff. Il lui confia la mission suivante : « Tu dois prendre soin que ce document ait une spiritualité, sinon cela ne vaut pas la peine que nous l’écrivions. »

    Depuis lors la conservation et l’intégrité de la création est devenue un thème principal pour Leonardo Boff. Plusieurs y virent une fuite en avant de son temps de souffrance dans la querelle autour de la théologie de la libération. Mais au contraire il soutient que cela n’est qu’une logique continuité de la théologie de la libération, notamment de ne pas écouter seulement le cri des pauvres, mais aussi celui de la terre torturée, des animaux et des plantes. Au même rang que nous ils appartiennent à la création, qu’il nomme pratiquement comme le corps visible du Dieu trinitaire et plein d’amour. De ce fait l’écologie devient ainsi une question théologique importante et appartient aussi au souci pastoral de l’Église. Naturellement nous en sommes encore très éloignés, parce que les soucis quotidiens nous sont encore très proches et parce que les problèmes et les cas des conflits dans le voisinage –comme la polémique publique autour des abus dans l’Église- détournent encore notre regard et notre attention sur des tels scénarios globaux de menace. Même si la crise actuelle de l’Église est très douloureuse, elle ne doit pas devenir un thème dominant sur les autres problèmes.

    Très impressionnant était le fait que Leonardo Boff restait aussi serein et calme dans les questions difficiles et provocatrices. Malgré qu’il en aurait eu une raison dans l’histoire de sa vie, il ne se laissa pas conduire ni à l’animosité, ni à un règlement personnel de compte. Aussi durant la soirée lorsque la situation précaire de la théologie de la libération fut abordée, il resta le défenseur de l’Église des pauvres. Il sait naturellement, que dans certains milieux de l’Église et des sociétés européennes, on parle à mort le surgissement des Églises libératrices latino-américaines comme une erreur qui fut vite oubliée, grâce à Dieu. Il présente tout simplement ses expériences. Il parle toujours encore de plus ou moins 100.000 communautés de base au Brésil, qui dirigent encore la vie religieuse à la base. « Selon son être l’Église était toujours l’Église du peuple et non l’Église de la hiérarchie. » Selon le document « Lumen Gentium » du concile l’Église est le peuple de Dieu. Elle est l’Église des saints et l’Église des pécheurs. Elle s’occupe de ceux qui sont tombés dans la misère et appelle les égoïstes à la conversion. Cela est pratiqué dans l’Église de base de l’Amérique Latine. Elle n’est donc pas une Église parallèle, mais plutôt la vraie Église, qui s’occupe du bien-être intégral des hommes. La théologie de la libération est très vivante dans ces communautés de base. Là-bas se rencontrent chaque semaine des millions des personnes, afin de confronter leurs problèmes à l’esprit de l’écriture sainte. Là-bas la vie est fêtée et l’espoir est transmis. Et c’est pourquoi il n’est pas étonnant que ce soient les chrétiens, enthousiasmés par le projet de Jésus, qui s’engagent aujourd’hui pour la conservation de la forêt, qui combattent pour les droits de la population indigène et qui ne capitulent pas tout simplement devant le désir ardent de profit d’un système économique sans merci. C’est pourquoi les communautés de base avaient toujours une grande force de rayonnement, bien qu’elles n’étaient pas alimentées « d’en haut » ; elles se dirigeaient seules, parce qu’elles étaient convaincues que l’esprit de Dieu était toujours présent, partout où deux ou trois personnes se rencontraient en son nom. Ceci est l’espoir des hommes et l’espoir pour le projet de Jésus, qui ne passe pas devant aucun besoin des hommes.

    Ainsi est abordé le problème fondamental de la crise actuelle de l’Église. Il s’agit de « l’option pour les pauvres », une option argumentée bibliquement et inaliénable. Cela suppose une Église, qui vit et sent avec les pauvres ; une Église, qui élève sa voix là où les structures économiques ne laissent pas de la place pour ces hommes qui ne sont pas intéressants comme producteurs ou consommateurs. A tout cela se somme, selon Boff,  l’exploitation sans merci et la destruction de la nature, dont les pauvres sont de nouveau les premières victimes. L’Église a perdu de vue ceci il y a long temps. Et c’est pourquoi elle porte aussi la responsabilité pour tout ce qui ne va pas aujourd’hui.

    Si bien les deux conférenciers (Boff et Schmälze) avaient aussi des divergences sur certains problèmes dans ces domaines, ils étaient sur la même ligne au sujet de l’évaluation de la crise globale dans la société et dans l’Église. Les deux savent qu’il n’y a pas de solution sans une nouvelle manière de penser et  sans agir dans une nouvelle direction.

    Malgré toutes les critiques compréhensives sur l’état actuel de l’Église, qui se sont fait entendre lors du débat, Boff a confiance à l’Église et aux religions plus que beaucoup de personnes dans notre pays.  A la question de savoir si l’Église n’était pas plus la cause du problème que sa solution, il répondit très fermement : « L’Église et les religions ne sont pas fautives dans tout ; bien qu’elles soient une partie du problème elles sont aussi une partie de la solution, car tout de même,  elles sont très saines en soi. » Dans une interview avec la radio Vatican qu’il donna à partir de Grosskrotzenburg, il y ajouta encore : « Les chrétiens sont un peu perplexes, parce qu’ils voient que l’Église est tombée dans une crise morale… Mais cela n’est pas une raison pour moi qu’ils quittent l’Église, car le côté sombre de l’Église est normal et  fait partie de notre existence. Nous tous avons des côtés sombres et devrons nous efforcer à les surmonter. Cela vaut aussi pour l’Église. Les faiblesses et la maladie sont possibles, cependant elles n’appartiennent pas au centre de l’Église, son centre est plutôt l’évangile. »

    Nous, tous, sommes des coresponsables que cela devienne visible de nouveau. Ainsi pourrait-t-on résumer un plaidoyer pour l’Église. Il s’agit de la libération des erreurs et des contraintes. Nous vivions dans plusieurs dépendances qui rendent la vie inhumaine. La libération est un processus afin de pouvoir vivre humainement. Comment cela est il possible, déclare Boff, le Notre Père nous l’apprend. Il parle d’une confiance primaire au Père du ciel et de la justice, afin que tous aient le pain quotidien. La confiance et la justice sont indissociables l’une de l’autre.

    Andreas Müller OFM

    Source http://www.ccfmc.net

     

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  • L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL


    « Avancer en vérité dans l’amour vers l’Amour »[1]

     

    Une-rue-d-Assise.JPGNe nous voilons pas la face.

    Ne mettons pas de masque sur notre visage. En clair, ne nous cachons pas derrière une façade de respectabilité qui nous maintient dans une fausse sécurité car au moindre petit trait de lumière nous découvrons nos noirceurs insoupçonnées.

     

    J’ai reçu un jour un témoignage émouvant. J.F avait un visage « taillé au couteau », creusé, ravagé même. Son corps laissait deviner les marques et les raideurs des pires souffrances, des pires expériences. Chaque mot était grave, choisi, pesé dans sa bouche. J.F avait touché le fond du fond, il avait fait l’expérience des profondeurs de la vague, de cette vague qui vous entraîne de plus en plus vers les profondeurs abyssales, celles dont on revient rarement. Mais là, devant moi, conscient de sa misère mais aussi de ses pulsions de mort, il était  debout, fragile et fort en même temps, animé d’une foi bouleversante. J.F qui, à première vue, aurait pu déclencher un jugement négatif tant sa marginalité transparaissait, reflétait par sa beauté intérieure, l’image du Christ.

     

    Alors, creusons, dépassons les couches visibles de celui ou celle qui croise notre regard, même si elles nous rebutent, et nous y découvrirons peut-être la vraie réalité, sa raison d’exister. Soyons prudents aussi car, derrière le « bien net » et le « bien propre » il y a parfois de nombreuses couches de crasse, bien recouvertes. Et surtout, osons creuser en nous-mêmes, ne soyons pas rebutés par ce que nous voyons, pressentons ou refusons de voir ! Déposons-le.

     

    Le découragement qui découle de nos erreurs, de nos actes ratés peut être fort et lorsque nous prenons conscience de la sainteté de Dieu, notre propre misère apparaît encore plus. C’est alors que le découragement et le sentiment de culpabilité sont les plus destructeurs car ils sont l’œuvre du Malin qui nous fait « envier » la perfection de Dieu. En fait, le Malin veut anesthésier la présence de Dieu en nous. Dans ces conditions, comment tenir debout ? Prisonniers de cette perception mensongère, ni notre libération, ni notre purification ne peuvent alors s’accomplir. L’homme doit combattre avec l’aide du Christ car sans lui nous ne pouvons pas vaincre.

     

    L’accompagnement spirituel.

    Rien ne sert de vouloir mener ce combat tout seul, c’est présumer de ses forces. D’où le rôle primordial de l’accompagnement spirituel. Dans ce combat, l’accompagnateur spirituel sera pour nous le compagnon, le garde-fou, celui qui marche derrière pour pousser, pour préserver de l’abîme qui est à droite ou à gauche de la route.

    Il est là pour mettre en évidence la pédagogie divine et nous aider à la discerner. Pour cela, il s’appuie toujours sur l’Ecriture et particulièrement sur les Evangiles. Il a pour mission, non pas d’être « un théologien » au sens académique du terme mais « d’être théologien » afin de mettre en évidence l’action salvifique de Dieu.

     

    Il est essentiellement un relais car la décision, le choix, l’acte à poser nous appartiennent. Toutefois, rien ne peut se faire sans une confiance réciproque, confiance qui doit bien sûr être éprouvée et vérifiée dans le temps. La véritable entrée dans l’accompagnement spirituel se produit vraiment le jour où nous acceptons totalement l’humanité de notre accompagnateur spirituel, c’est-à-dire le jour où nous sommes capables de discerner en lui, au sein de son humanité, la grâce agissante de l’accompagnement.

     

    C’est seulement le christ qui marche devant. Le rôle de l’accompagnateur spirituel est de faire de nous des disciples du Christ et non pas ses propres disciples. L’exigence de la plus grande simplicité s’impose donc à lui car Dieu seul guide et corrige. L’accompagnateur est le « serviteur inutile », le point d’appui qui nous aide à aller vers notre liberté. Il est celui qui, par la grâce de l’esprit Saint, reçoit « l’autre » tel qu’il est, l’aide à se dire à son rythme, et surtout va discerner sa beauté intérieure au-delà de toute son histoire et la lui faire découvrir.

     

    L’accompagnateur spirituel est là pour aimer, aimer sans s’aliéner et sans aliéner, pour qu’à un moment donné nous puissions par nous-mêmes entendre la Parole et expérimenter personnellement la présence du seigneur. Il est là pour aimer de l’amour du Christ c’est-à-dire pour faire usage de l’autorité de l’amour, faite de rigueur, de miséricorde et de tendresse. Aimer pour que l’Amour de Dieu soit aimé.

     

    La rencontre n’est pas évidente, le pas à franchir pour entrer dans l’accompagnement n’est pas particulièrement facile, mais cela se produit le jour où nous sommes prêts, prêts à déposer notre « manteau » et à nous dire en vérité. Sans sincérité, sans amour, sans confiance, sans courage et sans esprit positif, l’accompagnement n’est pas possible.

    Cependant, pour goûter aux bienfaits de l’accompagnement spirituel, il est indispensable de choisir « un » accompagnateur et de s’y référer. Surtout ne pas « papillonner » auprès de plusieurs « accompagnateurs possibles » à la recherche de la réponse la plus proche de celle que nous souhaitons entendre car alors, nous ne sommes pas centrés sur Dieu mais sur notre petit « moi ».

     

    Il est en outre indispensable de persévérer au-delà de nos incompréhensions, de nos agacements ou encore des coups de projecteurs douloureux et de « creuser » avec l’intelligence du cœur. Ce n’est qu’à ce prix que nous ferons vraiment l’expérience de cette merveilleuse grâce. Merveilleuse grâce qui nous permettra d’expérimenter l’obéissance, la vraie, celle qui s’accomplit dans un « dire », dans un partage, dans une communion et nous conduit vers la paix intérieure.

     

    En réalité, il est pure folie de vouloir cheminer seul, compte tenu de notre égo et de la puissance mais aussi des embûches de plus en plus subtiles que le Malin pose sur la route du cheminant. Le jour où nous découvrons la « montagne » qui est à l’intérieur  de nous, nous cessons de nous prendre au sérieux, nous devenons sérieux. Là, le travail spirituel commence vraiment. Les questions abordées ne se limitent plus alors aux seules préoccupations de ce monde, même si celles-ci ont une valeur « éducatrice », mais elles ont surtout pour objet notre désir de purification du cœur et des pensées. Notre regard se porte sur notre intériorité et nous acceptons les réponses de notre accompagnateur dans l’esprit de confiance et d’obéissance.

     

    Après plusieurs années de cheminement, unis par l’Esprit Saint dans le respect, la confiance, l’esprit fraternel, l’amour du Christ  et dans le même désir de coopérer au projet de Dieu, l’accompagnement spirituel peut évoluer vers un véritable compagnonnage.

    Saint François et sainte Claire d’Assise nous en donnent un merveilleux témoignage. En effet, frère François était le père spirituel de sœur Claire mais lorsque François, au cœur de sa dépression, a senti le danger qui le guettait, il est allé trouver Claire et a accepté son accompagnement. Et, qu’a fait Claire, sinon reprendre à la lettre, les Paroles de Vie que François lui avait lui-même enseignées, car elles venaient du Christ. Quand un accompagnateur et « son enfant » spirituel peuvent vivre cette grâce, l’Amour en Christ se révèle alors bien au-delà de la lettre.

     

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs

    [1][1] Cf. SGT « la déposition » p 223 et ss.)

     

    Autres articles et Perles du jour de Suzanne 


     

    Pour votre information voici où vous pourriez rencontrer Suzanne prochainement



    -  Au Québec en Octobre 2010

      

    Sherbrooke le mercredi 13 octobre, Rencontre de ressourcement au Monastère Sainte Claire, 313 Queen, Sherbrooke. Accueil 8h30 fin 16h30, il y aura Eucharistie.  On vous suggère d'apporter votre diner et votre tasse, il y aura la possibilité de commander du poulet (env.10$)
    Contribution suggérée de 10$ et plus si c'est possible pour vous. Pour plus d'informations richard372000ARROBASyahoo.ca (remplacer ARROWBAS par @ )

     

     

    autres endroits au Québec et un en Ontario

     

    Samedi 2 octobre : Rencontre des OFS (Montréal : Responsable : Gilles Métivier).

    Dimanche 3 octobre : Messe de 9h00 (Sainte-Julie) et Messe de 10h30 : Fête paroissiale de S.F.A. (Saint François d’Assise) et repas communautaire avec les bénévoles.

    Mercredi 6 octobre : 19h30 Soirée de rencontre avec les Filles d’isabelle et Chevaliers de Colomb. Paroisse Sainte-Julie.

    Vendredi 8 octobre au dimanche 10 octobre : Horeb Saint-Jacques.  (Responsable : Nicolas Tremblay).

    Vendredi 15 octobre : Fin d’après-midi : Rencontre fraternelle des M.S.A. (Province du Canada).

    Dimanche 17 octobre : Messes de 9h00 ; 9h30 et 10h30 : (Unité pastorale Est Montagne)

    Dimanche 17 au mercredi 20 octobre : 19h30 retraite de l’Unité de l’Est de la Montagne.

    Vendredi 22 octobre : 19h30 : Rencontre avec le Groupe de partage de foi Renouveau- Paroisse de Saint-Constant.

    Samedi 23 octobre : 15h30 : Rencontre à Orléans ONT. Groupe de responsables nationaux de l'OFS (Responsable : Gilles Métivier).

    Dimanche 24 octobre : Visite du Sanctuaire Marie-Reine-des-Cœurs (Chertsey).

    Jeudi 28 octobre : 10h30 : nous aurons la messe à la Résidence Saint Louis et à 14h, une rencontre spéciale conférence sur la spiritualité avec François d'Assise

    Vendredi 29 octobre : 19h30 Café-Rencontre Séminaire de Saint-Hyacinthe avec les couples membres de Week-End Amoureux.

    Samedi 30 octobre : Fondation Père Ménard (40è anniversaire). 10h30 Messe à la Cathédrale Marie-Reine du Monde. Lunch-Conférence à l’Hôtel Reine Élisabeth.




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  • Voici la version PDF de la dernière publication de la Revue des Missions des Franciscains. Petite erreur: la dernière page de la revue apparaît en premier...Ce qui n'est pas le cas dans la réalité, c'est mon erreur lorsque je l'ai scanné.

    Richard Chartier, ofs
    Directeur
      Missions des Franciscains

    Mission-franc-aout-2010.jpg

    À télécharger ICI


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  • Une vidéo réalisé par Cristian Echin, de la clôture de la marche des jeunes à Assise, pour la célébration à Notre-Dame des Anges. Merci frère Luc de nous l'avoir transmit. Le son n'est pas très bon, mais il y a de la vie... Bravo !

    jeunes-Assise.jpg


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  • Nous avons ''fait la fête'' avec Ste-Claire et les Clarisses

     

    Le 11 Août 2010 nous avons participé avec nos sœurs Clarisses de Sherbrooke à une très belle et fraternelle fête en l’honneur de Saint Claire, l’Eucharistie fut présidée par notre frère France Salesse, provincial des Capucins et que dire de la belle homélie sur Claire.

     

    Par la suite nous étions invités à une autre table pour un festin digne des jours de grande fête.

     

    Pour terminer, une comédienne et metteure en scène, Marianne Gagnon qui nous partagé un magnifique récit de la vocation de sainte Claire, tiré d’un texte de Jean Egan dans ‘’Le mendiant magnifique’’

     

    Merci chères sœurs d’avoir partagé avec vos amis-es cette magnifique journée.

     

    Voici quelques photos prises par Gérald Quirion, de la Fraternité Sainte Colette, à cette occasion.

    Fete claire 2010 (7)   Fete claire 2010 (8)
     Fete claire 2010

     

    Fete claire 2010 (6)

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     Fete-claire-2010--01-.JPG
      Fete claire 2010 (4)
       
       

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    Incendies en Russie - La canicule et la pollution font des ravages à Moscou

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    Photo : Agence Reuters Alexander Demianchuk
     
    Le smog recouvrait Moscou hier pour la sixième journée consécutive. Dans ce nuage, les concentrations en monoxyde de carbone et en particules toxiques sont deux à trois fois plus élevées que le niveau maximal considéré comme sans danger pour la santé.
    Moscou — Les morgues sont au bord de la saturation à Moscou, où la mortalité a doublé sous l'effet de la longue canicule et de la pollution toxique provoquée par les incendies de forêt qui ravagent l'ouest de la Russie.

    Les autorités recensent à présent 700 décès par jour, soit deux fois plus que l'été dernier, a rapporté hier le chef des services de santé moscovites, Andreï Seltsovky. Avec 1300 cadavres, les morgues de la capitale sont en passe d'atteindre leur pleine capacité et pourraient bientôt ne plus pouvoir faire face, a-t-il déclaré aux agences de presse russes.

    Andreï Seltsovky impute cette surmortalité à la vague de chaleur sans précédent qui étouffe la capitale depuis des semaines et à l'épais nuage de smog qui y rend l'atmosphère âcre.

    Cette pollution recouvrait la ville hier pour la sixième journée consécutive. Dans ce nuage, les concentrations en monoxyde de carbone et en particules toxiques sont deux à trois fois plus élevées que le niveau maximal considéré comme sans danger pour la santé. La pollution de l'air a même atteint un record ce week-end: elle était proche du septuple de ce plafond.

    En ce début de semaine, environ 550 incendies de forêt étaient dénombrés à travers la Russie, pour la plupart dans l'ouest du pays, selon le ministère des Situations d'urgence. Autour de Moscou, une quarantaine d'incendies faisaient rage.

    Les flammes ont pris dans les forêts et les tourbières au milieu de la pire canicule qu'ait connue la Russie depuis le début des relevés de températures il y a 130 ans. Se basant sur d'autres documents historiques, le chef des services météorologiques russe Alexandre Frolov estime même que ce record pourrait porter sur une période bien plus longue. «En 1000 ans, nos ancêtres n'ont ni observé ni enregistré une telle vague de chaleur», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. «Ce phénomène est absolument unique».

    Les maximales à Moscou flirtent quotidiennement avec les 38 degrés Celsius, contre une moyenne estivale habituelle de 24 degrés. Les prévisions ne laissent entrevoir aucun répit cette semaine.

    Au moins 52 personnes sont mortes directement dans les incendies de forêt qui ont détruit plus de 2000 maisons.

    Des vols à destination de Moscou ont été retardés ou dirigés vers d'autres aéroports. Le match de football qui doit opposer mercredi la Russie à la Bulgarie a été déplacé de Moscou à Saint-Pétersbourg à cause du smog.

    Les autorités russes ont reconnu que les 10 000 pompiers mobilisés ne suffisaient pas et ont envoyé des milliers de militaires combattre les flammes.

    Sur la blogosphère russe, de nombreux contributeurs laissaient éclater leur colère. Sur le site LiveJournal, très fréquenté, un blogueur appelait à la démission du premier ministre, Vladimir Poutine, du maire de Moscou, Youri Loujkov, et d'autres responsables politiques.
    Source http://www.ledevoir.com

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