• Notre sœur et amie Suzanne Giuseppi Testut nous partage sa…

     

     Conférence de Carême

    Perpignan le 6 mars 2016

    Sains François d'Assise et la miséricorde

     Chaque fois que François et ses frères entraient dans une église, ou même, quand ils apercevaient un clocher, ils disaient cette prière :

    Nous t'adorons, Seigneur Jésus Christ, dans toutes les églises qui sont dans le monde entier et nous te bénissons parce que, par ta sainte croix, tu as racheté le monde.

    Saint François d'Assise est probablement un des saints les plus humains. C'est justement, au regard de son humanité et de son chemin de sainteté que nous pouvons prendre conscience de l'infinie Miséricorde de Dieu.

                Dieu a le souci de sa créature!

    François, si proche de nous, de nos expériences, de nos limites et de nos difficultés, nous enseigne tant sur le plan humain que sur le plan spirituel. Son expérience est révélatrice de l'Amour de Dieu et du potentiel divin que Dieu dépose en l'homme.

    La force de saint François est de comprendre et d'accepter son histoire et celle des hommes, et d'être capable de la porter. C'est ce terrain d'expérience qu'il offre à ses frères et à nous-mêmes. Terrain sur lequel il découvre la proximité de Dieu, sa miséricorde, sa douceur et sa tendresse. Terrain sur lequel il expérimente le passage de l'amer au doux.

    L'expérience de Dieu est une rencontre avec la miséricorde. Notre misère doit être touchée par Celui qui s'est fait compassion pour l'homme. Pour François, la miséricorde est la vertu de Dieu par excellence. Sublime écoute, rencontre du coeur de celui qui souffre, du miséreux.

    C'est donc au quotidien, avec ses frères, avec les riches et les pauvres, le long des chemins, avec les malades ou les brigands, que François travaille pour que la miséricorde du Seigneur soit connue et accueillie.

    Pour saint François, la miséricorde prend tout son sens et toute sa dimension, si elle s'accomplit dans la réciprocité et si elle s'accomplit dans un "recevoir" et dans un "redonner". Même si nous ne pouvons pas nous mettre au niveau de notre Créateur, Jésus nous dit :

    "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux"  (Lc 6,36).

    C'est en apprenant à accueillir, à "recevoir" la miséricorde infinie de Dieu, en lui exprimant notre reconnaissance et en témoignant de ses bienfaits que nous pouvons partager cette expérience avec nos frères et soeurs en humanité. Là, nous "redonnons" et devenons à notre tour miséricordieux, en faisant usage de la miséricorde de Dieu en nous.

    "Ce que vous ferez au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le ferez". (Mt 25,45)

    "Bienheureux le serviteur qui chérirait autant son frère quand c'est un malade qui ne peut rien faire pour lui que quand c'est un bien portant qui peut le satisfaire." (Adm 24 la véritable affection)

    • Dieu se donne totalement à sa créature et nous, nous avons à nous donner dans notre totalité.

                "Laissons-nous à lui pour que ce soit lui qui fasse tout en nous"

     =+=+=+=

    La miséricorde est évangélisatrice

    Sa condition de riche héritier ne suffit pas à François. Il se lance dans une grande aventure, une aventure guerrière au cours de laquelle il espère gagner des titres de noblesse.

    Mais il oublie ... peut-être même il ne réalise pas qu'en faisant ce choix, en poursuivant son ambition, il risque sa vie, pas seulement la mort de son corps mais aussi la mort de son âme. Il risque de se perdre corps et âme et de passer à côté de sa vie et de sa dimension spirituelle.

    C'est là que Dieu va l'aimer, le protéger et le rattraper. Alors que François se rend en Pouilles pour rejoindre l'armée du Pape, le Seigneur l'interpelle, l'éclaire sur la démesure de ses ambitions et le sens dramatique qu'il donne à sa vie. Il entend la voix du Seigneur lui dire : "Retourne dans la terre de ta naissance". Cela signifie bien plus qu'un retour physique à Assise mais plutôt un retour aux origines de son être.

    Poussé dans le discernement, le moment est décisif. François pressent la miséricorde de Dieu, il accueille la grâce et retourne à Assise.

    A partir de son retour à Assise, il va se rendre docile - c'est un retournement total - et entrer dans l'écoute, dans le recevoir et l'apprentissage de la miséricorde. Cela va l'amener plus tard à redonner, à faire mémoire du don de Dieu au coeur de sa fragilité humaine et, à son tour, à faire oeuvre de miséricorde. En fait, François accepte de descendre en lui-même sous le regard de Dieu. Toute sa vie il se reconnaitra pécheur et c'est pour cela qu'il sera un grand évangélisateur.

    "... pourtant j'étais bien fragile au début de ma conversion. Toutefois, jusqu'au jour de ma mort, je ne cesserai d'enseigner à mes frères, par mon exemple et par ma vie, comment marcher sur le chemin que le Seigneur m'a montré et que je leur ai montré à mon tour ..." (LP 76)

    François avait une santé fragile mais il avait aussi découvert d'autres fragilités en lui qui faisaient obstacle à sa rencontre avec Dieu.

    C'est cette attitude et cette capacité de "recevoir" la miséricorde et de la "redonner" qui va sauver François en tant qu'homme et faire de lui un témoin de la grâce, c'est-à-dire, un évangélisateur. Sa vraie vie sauvée, l'homme nouveau pourra émerger.

    Evangélisé par la miséricorde, il se sait débiteur, envers Dieu et ses frères, de tout ce qu'il a reçu gratuitement.

    • Au seuil de sa mort, dans son Testament, il nous livre son intimité : "Le Seigneur me révéla, me conduisit, me montra".

                 Tout est don, tout est miséricorde, l'amour de Dieu nous précède toujours!

     

    =+=+=+=

     

    La miséricorde est preuve d'amour

    La miséricorde de Dieu fait découvrir à François qu'il est aimé d'une façon unique et  personnelle.

    Alors qu'il est en errance, que tout son idéal - gagner des titre de noblesse, devenir prince pourquoi pas - est en train de s'effondrer et qu'il ne sait pas quel sens donner à sa vie, poussé par l'Esprit, il entre dans la petite église délabrée de Saint Damien. Là, il rencontre le Christ, vrai Dieu, vrai Homme. Il comprend alors, sous le regard miséricordieux du Seigneur, qu'il est aimé et qu'il est capable d'aimer. Il prononce alors une prière et sa vie va basculer.

    "O Dieu haut et glorieux, illumine les ténèbres de mon coeur.

    Et donne-moi la foi droite, l'espérance certaine et la charité parfaite,

    le sens et la connaissance, Seigneur, pour que, moi, je fasse ton saint et véridique commandement".

    Devant le Crucifié/Ressuscité, François ne peut douter de l'amour de Dieu, il se dépose, dans un acte de foi et d'espérance, il dépose son fardeau.

    Se sachant reconnu par Dieu, se sentant exister sous son regard et protégé

    Malgré ses erreurs ou ses péchés, malgré l'incompréhension et le rejet de ses proches ou la violence de son père, François entre à partir de ce jour dans une obéissance et une humilité aimantes qui vont se traduire en miséricorde.

    Il peut dès lors porter un nouveau regard sur ses frères et soeurs en humanité et découvrir en lui et en l'autre, l'image de Dieu.

    Le chemin de miséricorde s'accomplit toujours au coeur d'une relation.

    Il apprend ainsi à regarder l'autre au-delà de son humanité et c'est là, dans ce regard qui voit l'autre autrement, dans ce qu'il peut devenir, que l'esprit de miséricorde s'accomplit en François.

                - Regard de miséricorde et de pardon.

                - Regard qui ouvre la porte du repentir et du "devenir" en Christ.

    C'est ainsi qu'il demande un jour, à un frère ministre qui vient se plaindre de ses frères et veut démissionner, "d'avoir un coeur débordant de miséricorde" même si, dit-il, le même frère "péchait mille fois devant tes yeux". Et le frère doit pouvoir reconnaître et ressentir cette miséricorde à la façon dont le ministre le regarde (LMin v. 10-11)

    "Après avoir vu tes yeux, [qu'il] ne s'en aille jamais sans ta miséricorde, s'il demande miséricorde. Et s'il ne demandait pas miséricorde, toi, demande-lui s'il veut la miséricorde. Et si après cela il péchait mille fois devant tes yeux, aime-le plus que moi pour le tirer au Seigneur ; et sois toujours miséricordieux pour de tels frères. Et fais savoir aux gardiens, quand tu le pourras, que, pour toi, tu es décidé à faire ainsi.

    • Pour François, aimer vaut mieux que condamner. La miséricorde triomphe du jugement.

    Tout son être exprime une bonté fondamentale, capable de faire découvrir à quelqu'un, au-delà d'une attitude répréhensible ou d'une faute, que tout ce qui est nécessaire, c'est un peu d'amour.

    Dans la "Lettre aux fidèles", considérée comme un des écrits les plus importants[1] de François, il insiste sur la manière, dont ceux qui ont accepté un pouvoir, doivent juger les autres

    Que ceux qui ont reçu le pouvoir de juger les autres exercent le jugement avec miséricorde, comme ils veulent obtenir eux-mêmes miséricorde du Seigneur. Le jugement, en effet, sera sans miséricorde pour ceux qui n'auront pas fait miséricorde. (2LFid 28)

    La miséricorde révèle la pédagogie divine

    Derrière la miséricorde il y a, bien évidement, l'amour de Dieu, le tendre amour du Père envers sa créature. L'amour du Père qui pardonne, qui est là parce que justement il aime au-delà de tout.

    Mais, derrière la miséricorde, il y a aussi toute la pédagogie divine, il y a tout un apprentissage de la vie. La miséricorde de Dieu dans notre vie a une fonction profondément éducative.

                Prenons un premier exemple 

                le procès de François, intenté par son père devant l'évêque d'Assise

    Nous nous rendons compte à sa lecture, à quel point la miséricorde agit dans les coeurs.

    Elle aide François à devenir un homme, à se séparer de son père terrestre pour justement se mettre sous le regard de son Père du ciel et se laisser éduquer par Lui.  

    François comparait devant Guido, évêque d'Assise, en présence de son père, de sa mère et de nombreux témoins. Guido comprend qu'il y a quelque chose de Dieu qui est en train de se préparer chez ce jeune homme un peu fantasque. L'Esprit Saint veille, Il est à l'oeuvre

    Faisant confiance à son intuition, l'homme de Dieu va se conduire miséricordieusement alors qu'il pourrait agir tout autrement compte tenu des actes de François. En effet, si on s'arrête seulement aux actes - François a volé son père pour réparer l'église de saint Damien - la réponse de l'évêque aurait pu être bien différente.

    Or, Guido, après avoir écouté les différentes parties, se contente d'engager François à se conduire comme un homme et à restituer à son père ce qui lui appartient... "car il n'est pas permis de dépenser pour des usages sacrés ce qui a été mal acquis" (2C 12). Et ainsi, immédiatement, contre toute attente, il prend François sous sa protection. C'est complètement inattendu.

    Une nouvelle fois, François est à l'écoute de la miséricorde et il va la saisir

    "De ce jour, je dirai librement : "Notre Père qui es aux cieux" et non : mon père Pierre Bernardone".

    François renonce à l'usage des biens de son père et abandonne les droits qu'il pouvait avoir sur eux. Dieu seul suffit!

                - Ainsi, de miséricorde en miséricorde, François découvre la pédagoie divine. Il intègre peu à peu ce regard d'amour, il s'imprègne de ce regard. Il découvre la gratuité du don de Dieu.

                - Je crois que la miséricorde a bien une fonction éducative de la part de Dieu. En sommes-nous conscients ? Elle nous aide à devenir des hommes et des femmes, des personnes responsables, sous le regard de Dieu.

    Mais au-delà de cette responsabilité, il y a toujours l'amour et c'est cela la miséricorde, c'est     une responsabilité inséparable de l'amour.

    Le Seigneur enseigne à François le détachement et la désappropriation, l'humilité et l'obéissance, le courage et la tendresse. Il le confronte à l'apprentissage des vertus. La Miséricorde de Dieu prépare François à entrer dans sa véritable vocation : obéir à Dame Pauvreté et devenir le frère de toutes les créatures.

    "Où règne miséricorde et discernement, il n'y a ni récrimination ni endurcissement" (Adm 27)

    François ne se fie plus à son propre sens, il ose questionner le Seigneur, il se met à l'écoute.

                Prenons un second exemple de pédagogie divine

                l'évènement bien connu du baiser au lépreux

    Comme il chevauchait près d'Assise, il rencontra un lépreux sur sa route. Comme il avait d'ordinaire une grande horreur des lépreux, se faisant violence, il descendit de cheval et lui offrit un denier en lui baisant la main. Ayant reçu de lui un baiser de paix, il remonta à cheval et poursuivit son chemin (3S 11)

    François est travaillé par cet évènement, et il en parlera dans son Testament comme d'un évènement capital dans sa vie.

    Le Seigneur me donna ainsi à moi, frère François, de commencer à faire pénitence : comme j'étais dans les péchés, il me semblait extrêmement amer de voir des lépreux. Et le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je fis miséricorde avec eux. Et en m'en allant de chez eux, ce qui me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l'esprit et du corps ; et après cela, je ne restai que peu de temps et je sortis du siècle. (Test 1-3)

                - Il y a dans ces paroles toute la saveur biblique du "bon Samaritain".

    Ce moment est crucial car, là, se joue tout son avenir spirituel, là se joue le chemin de sainteté de François. La pédagogie divine est à l'oeuvre, la grâce l'entraine dans un dépassement de lui-même, elle l'appelle à un nouvel état de vie, elle l'appelle à la fraternité de l'extrême.

    Travaillé au coeur et au corps, François est en train de devenir "hospitalité" et de s'ouvrir à la grâce et à la miséricorde de Dieu. Par la joie ressentie, il découvre dans le frère lépreux la beauté sans limite du Créateur.

    Accompagné par le Christ, François vient de poser son premier acte d'évangélisation, il embrasse la miséricorde de Dieu et apprend ainsi à aimer Eucharistiquement. (chair/sang)

    Encore un "reçu" et un "redonné" de la grâce qui vont conduire frère François beaucoup plus loin. Ecoutons bien ce que nous dit la Tradition :

                "François baise la main du lépreux et il reçoit de lui un baiser de paix".

    Entre Dieu et François, il y a le lépreux miséricordieux. Le lépreux devient ainsi, "relai", témoin d'un Dieu de miséricorde qui redonne vie. Cadeau de Dieu qui révèle l'Amour, l'Illimité.

                - Cela fera comprendre à François que la distance la plus courte entre Dieu et l'homme passe      par le prochain!

    Le réel est à embrasser, si répugnant nous semble-t-il au premier abord : c'est la condition de la joie"[2]

    Cet amour infini, qui se révèle et s'accomplit au coeur de cet évènement, va permettre à François d'entrer dans sa dimension fraternelle, d'arriver même à une dimension fraternelle universelle. L'esprit de fraternité qui anime François à partir du baiser au lépreux et de son acte de miséricorde, l'entraîne vers une responsabilité nouvelle.

                - Toute sa vie, jusqu'à sa mort, il aura le souci de ses frères, de tous ses frères et soeurs en humanité mais aussi de toute la création.

    La miséricorde fera de lui un artisan de paix.

    =+=+=+=

    La miséricorde est témoignage

    L'amour miséricordieux, répandu dans le coeur de l'homme qui se donne gratuitement, va permettre à l'autre de se savoir aimé, et de croire en la possible bonté de l'homme et ainsi, peu à peu, de découvrir, au-delà de toutes ses lèpres, la miséricorde et l'amour infini de Dieu.

                - Ainsi, François, épris maintenant de miséricorde, voit l'autre avec les yeux de Dieu et redonne au frère lépreux, au malade, sa dignité d'enfant de Dieu.

    La miséricorde ouvre la porte du ciel et donne à celui qui la reçoit, la possibilité d'aimer et de témoigner à son tour de l'amour gratuit de Dieu et de sa tendresse.

    François témoignait de la miséricorde en touchant le coeur des personnes qu'il rencontrait.

    Il les attirait par son écoute attentive, profonde, vraie, sincère et sans jugement. Il les attirait par son regard bienveillant et aimant, par ses gestes de tendresse. Tous ses actes traduisaient son attachement à la Parole de Dieu et à l'amour du Christ.

    Ainsi, François ne s'arrêtait pas à l'apparence, il regardait les coeurs. Il savait que tout homme ou toute femme est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. Il se savait porteur et se voulait témoin de l'Image. Il regardait donc au-delà de la partie visible de l'autre.

                - L'autre, quels que soient ses péchés, doit pouvoir reconnaître et ressentir cette miséricorde à la façon dont nous le traitons.

    On ne trouve sa propre humanité qu'en allant vers l'autre et tout particulièrement vers le pauvre.

    François précise qu'on ne devient véritablement Homme, qu'en épousant le pauvre... qui est en moi.

    Considère, ô homme, dans quelle excellence t'a placé le Seigneur Dieu : il t'a créé et formé à l'image de son Fils bien-aimé quant au corps, et à sa ressemblance quant à l'esprit. (Adm 5, 1)

    =+=+=+=

    L'ermitage de la miséricorde de Dieu

    Rappelons maintenant un évènement d'une grande importance pour François et l'avenir des frères mineurs.

    Cela se passe dans le petit ermitage de Poggio-Bustone, situé dans la plaine de Rieti, appelé depuis " Ermitage de la Miséricorde de Dieu"

                - François y a reçu l'assurance du pardon de Dieu.

                - C'est de ce lieu que les frères se sont séparés deux par deux pour partir en mission

     "Un jour, confondu par la miséricorde du Seigneur qui répandait sur lui ses grâces, il (François) souhaita connaître ce qu'il adviendrait de lui-même et des siens. Il se retira donc, comme il le faisait souvent, en un lieu favorable à la prière, se plongea longuement avec crainte et terreur, dans la contemplation du Maître de la terre entière et, revoyant dans l'amertume de son âme, ses mauvaises années, il répétait : "Mon Dieu, aie pitié de moi qui suis un pécheur". Et peu à peu une indicible joie et une grande suavité filtrèrent au plus intime de son âme ; le ravissement commença, et disparurent alors les angoisses et ténèbres qui s'étaient comme épaissies dans son âme à la pensé troublante de ses anciens péchés ; avec la certitude du pardon complet, l'assurance lui fut donnée qu'il pouvait se reposer sur la grâce.... (Totum 1C 26)

    Dans cet ermitage j'ai trouvé ce très beau texte

    Angoissé à l'idée de ses péchés et de sa conduite passé, un jour, François en pleurs dit à Jésus :

                - J'aime le soleil, j'aime les étoiles, j'aime Claire, et les petites soeurs, j'aime le coeur des hommes, j'aime toutes les choses belles. Oh, Seigneur, tu dois me pardonner parce que je devrais seulement t'aimer.

    Souriant, le Seigneur lui répondit ainsi :

                - J'aime le soleil et les étoiles, j'aime Claire et les petites soeurs, j'aime le coeur des hommes et j'aime toutes les belles choses. Oh François, tu ne dois plus pleurer parce que j'aime ce que toi tu aimes.

                                                                          fin de citation

     Ainsi, la racine de l'amour chrétien, ce n'est pas de vouloir aimer, mais c'est de croire qu'on est aimé. Et là, on peut aimer!

    • Oser, comme François d'Assise, contempler le visage du Christ, vivre dans l'esprit du Christ crucifié, c'est vivre dans la confiance en la fidélité et en la miséricorde de Dieu. C'est se rappeler le :

    "Je t'aime, je suis avec toi" que Dieu prononce dans le coeur de l'homme.

    Son obéissance amoureuse conduira François à désirer une union profonde avec le Christ. Dieu, dans sa Miséricorde, la lui accordera sur la montagne de la Verna où il recevra les stigmates.

    "... La passion du Seigneur s’imprima en son cœur par une empreinte profonde […] Comme son esprit au-dedans avait revêtu le Seigneur crucifié, ainsi son corps entier revêt-il au-dehors la croix du Christ » (3C 2).

                                                                           =+=+=+=                   

    Le "Grand pardon d'Assise" - ou "Pardon de la Portioncule"

    Message destiné à toute personne se rendant à Assise.

    La Portioncule : petite église réparée par François et considérée comme "tête et mère" de  l'Ordre Franciscain.

    François ose demander au Pape Honorius III que soit accordée à la Portioncule une indulgence plénière, sans offrande. Ne l'oublions pas, nous sommes au temps des croisades, celui qui part en croisade reçoit une indulgence. On achète aussi les indulgences. (Cf chapelle du Muro Rupto/Assise). François revendique ainsi le droit des pauvres... Ne sommes-nous pas, tous, des pauvres ?

                Voici quels sont les termes de cette indulgence accordée par le Pape :

    "A partir de maintenant, nous concédons que quiconque viendra et entrera dans la susdite église, bien confessé et contrit, soit délié de peine et de coulpe. Et nous voulons que cela ait valeur pour toujours, chaque année, mais seulement pour un seul jour naturel, depuis les premières Vêpres jusqu'aux Vêpres du jour suivant, la nuit incluse."

    Alors, François ayant incliné la tête sortit du palais. Le pape voyant qu'il s'en allait le rappela et lui dit : "O simplet, où vas-tu ? Qu'emportes-tu comme preuve de cette indulgence ?"

    Et François répondit : "Votre parole me suffit. Si cela est l'oeuvre de Dieu, Il prendra soin lui-même de le manifester ; je ne veux aucun autre papier à ce sujet, mais seulement que la Vierge Marie en soit le parchemin, que le Christ en soit le notaire et que les anges en soient les témoins"

                                                   (François Bartholi, Traité de l'Indulgence de la Portioncule, c.6.)

     Huit cent ans ont passé et je crois que saint François est toujours étonnamment actuel.

    Nous voyons la joie de l'homme capable d'aimer, d'aller vers l'autre, de s'abandonner véritablement au point de mourir à lui-même et de devenir plus "pauvre" que le pauvre afin de témoigner librement de la miséricorde et de la paix du Christ en lui.

    Aimons tous, de tout notre coeur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de toute notre vertu et toute notre force, de toute notre intelligence, de toutes nos énergies, de tout notre effort, de toute notre affection, de toutes nos entrailles, de tous nos désirs et volontés, le Seigneur Dieu, qui nous a donné et qui nous donne à tous tout notre corps, toute notre âme et toute notre vie, qui nous a créés, rachetés et qui nous sauvera par sa seule miséricorde, qui, à nous misérables et miséreux, putrides et fétides, ingrats et mauvais, nous a fait et nous fait tant de bien. (1 Reg 23 8)

    PACE ET BENE

    PAIX ET BIEN

    =+=+=+=

     

    [1] Cela tient au fait que ce texte inclut un grand nombre de valeurs et de thème de la fraternité mineure primitive.

    [2] Thierry Collaud "Une pédagogie du consentement au corps"

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  • "Ce que je veux, c'est la miséricorde" (cf Mt 9, 11-13 ; Os 4,2 ; 6,6)


    source de l'image http://www.sjsc.fr/Le langage courant associe la miséricorde à la compassion ou au pardon. Plus rarement à la fidélité qui en dévoile pourtant une autre richesse. La compassion ou le pardon, expriment plus particulièrement l'attachement instinctif d'un être à un autre. Ce sentiment a son siège dans les entrailles, dans le coeur d'une mère, d'un père, d'un frère... qui se traduit aussitôt par des actes : de compassion à l'occasion d'une situation difficile ou de pardon des offenses.

    L'autre richesse met en évidence la piété c'est-à-dire la relation qui unit deux êtres et implique fidélité. Dieu est le "rocher" d'Israël. Ce nom symbolise la solidité de ses promesses, son immuable fidélité, la vérité de ses paroles. Ses paroles ne passent pas, ses promesses seront tenues. De ce fait, la miséricorde reçoit une base solide, elle n'est plus seulement l'écho d'un instinct de bonté mais la bonté elle-même, consciente, voulue. Elle est même réponse à un appel intérieur, fidélité à soi-même. C'est pourquoi, pour mieux en préciser le sens, les mots oscillent de la miséricorde à l'amour en passant par la tendresse, la pitié, la compassion, la clémence, la bonté et même la grâce qui pourtant est infiniment plus vaste car, don de Dieu qui contient tous les autres. Malgré cette variété, nous pouvons cerner l'intelligence biblique de la miséricorde.

    La miséricorde divine a un visage, celui du coeur de Dieu, le Père. Du début à la fin, Dieu manifeste sa tendresse à l'occasion de la misère humaine ; à son tour, l'homme doit se montrer miséricordieux envers son prochain, à l'imitation de son Créateur. A cause de nos coeurs étroits, ne refusons pas la tendresse immense de Dieu, n'étouffons pas la miséricorde, ce que Dieu veut c'est qu'on observe le commandement de l'amour fraternel (cf Ex 22,26).

    Tous les actes de Jésus "Grand prêtre miséricordieux et fidèle" (He 2,17) traduisent la miséricorde divine. Les préférés de Jésus sont les "pauvres" mais Il a compassion de tous. Les pécheurs trouvent en lui un "ami" qui ne craint pas de les fréquenter et de leur proclamer l'Evangile de la miséricorde infinie.

    Le père est à l'affut du retour de son fils prodigue et, quand il l'aperçoit de loin, il est "touché de compassion" et court à sa rencontre. François d'Assise écrit dans son Testament en parlant des lépreux : "Le Seigneur me conduisit parmi eux et je fis miséricorde" - "je les soignais de tout mon coeur". Il y a dans ces paroles toute la saveur biblique du "Bon Samaritain". (Lc 10,30-37)

    Cette tendresse doit me rendre tel le Bon Samaritain, proche du misérable que je rencontre sur mon chemin et plein de pitié à l'égard de celui qui m'a offensé parce que Dieu a eu pitié de moi. Aussi, serons-nous jugés d'après la miséricorde que nous aurons exercée, inconsciemment peut-être à l'égard de Jésus en personne (Mt 25,31-46).

    La miséricorde est un regard, le regard de Dieu qui parle au coeur de l'homme ; le regard nouveau de l'homme sur sa propre misère et qui, dans un cri, Miserere, se re-tourne vers Dieu : "Pitié pour moi, en ta bonté! En ta grande tendresse, efface mon péché" (Ps 51,3); le regard de l'homme sur ses frères et soeurs en humanité, pécheurs, mais créés comme lui à l'image de Dieu et aimés de Dieu.

    "François d'Assise s'est laissé regarder et aimer par le Christ. La miséricorde divine a peu à peu touché son coeur profond. Essayons de rentrer dans l'esprit de François, dans la profondeur de son regard de foi et de ses actes qui ont su toucher tant de coeurs et, pourquoi pas, de consentir à ce qu'il veut nous communiquer et nous faire vivre aujourd'hui : la tendresse et la miséricorde éternelles de Dieu."[1]

    François puise sa joie dans la vision de la face glorieuse du Dieu très haut qui se fait humble et pauvre par amour pour l'homme et dans son regard empli de miséricorde. Malgré sa misère, il sait qu'aux yeux de Dieu, l'homme est "la plus grande et la plus digne des créatures" (3LAg 2)

    Dès lors, le chrétien doit aimer et "sympathiser" (Ph 2,1), avoir une bonne compassion dans le coeur (Ep 4,32 ; 1 P 3,8) ; il ne peut "fermer ses entrailles" devant un frère qui se trouve dans la nécessité.

    L'amour de Dieu ne demeure que dans ceux qui exercent la miséricorde. (1 Jn 3,17)

    Suzanne Giuseppi-Testut - ofs

    [1] Suzanne Giuseppi-Testut, Extrait du livre "François d'Assise - Le prophète de l'extrême" Ed. Nouvelle Cité.
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    Séjour au Québec de Suzanne Giuseppi-Testut - ofs

     C-R - Séjour au Québec de Suzanne Giuseppi-Testut - ofsDéjà venue au Québec il y a six ans à l'occasion de la parution de son premier ouvrage "La Déposition, parcours spirituel à l'école de Saint François d'Assise", Suzanne GIUSEPPI-TESTUT a accepté avec joie de revenir, à l'invitation du Père Christian RODEMBOURG - MSA, membre du Conseil exécutif du SIAF[1], Recteur de la Co-Cathédrale Saint Antoine de Padoue-Diocèse de Saint-Jean-Longueuil - à l'occasion de la parution de ses deux nouveaux ouvrages : "Les Mouvements Intérieurs de l'âme - Passions et vertus selon Saint François d'Assise et les Pères de l'Eglise" et "François d'Assise, le prophète de l'extrême" (Prix spiritualité d'aujourd'hui 2015).

    Durant trois semaines, du 23 avril au 13 mai, Suzanne a sillonné le Québec, de Longueuil à Saint-Jean-sur-Richelieu, puis Salaberry-de-Valleyfield - Brossard - Montréal - Sherbrooke - Québec - Rivière-du-Loup - Beauport et retour à Longueuil.

    Lors de ce nouveau séjour, les interventions de Suzanne se sont adressées principalement à la Famille Franciscaine : Frères Mineurs, Frères Capucins, Clarisses, Soeurs de Saint François d'Assise, Soeurs Missionnaires Notre-Dame des Anges, Ordre Franciscain Séculier.

    Trois conférences ont eu lieu à la Co-Cathédrale Saint Antoine de Padoue à Longueuil :

    La première sur "la déposition". La deuxième sur le second ouvrage de Suzanne "Les Mouvements Intérieurs de l'âme". Et la troisième sur son dernier livre "François d'Assise, le prophète de l'extrême".

    L'assistance a été chaleureuse, très attentive, sensible et très active. Les interventions de Suzanne mettant en évidence la spiritualité, l'humanité et l'intemporalité de Saint François d'Assise ont été l'occasion de nombreux échanges et questions d'actualité en raison de leur densité humaine et spirituelle. Assistance fidèle aussi car nombreux sont ceux qui ont assisté aux trois conférences.

    Un grand merci à toute l'équipe qui a entouré le Père Christian pour la mise en place et le suivi des conférences, tout particulièrement à "Michel" pour la qualité du son et sa disponibilité.

    Avec les soeurs Clarisses :

    L'accueil, l'intensité des partages et la joie de nos soeurs Clarisses ont fait très vite oublier les kilomètres.

    - Joie pour Suzanne de rencontrer les Clarisses de Salaberry-de-Valleyfield dont l'origine se situe à Lourdes en France et qui plus est, sont très liées aux Clarisses Françaises d'Assise (Colettines).

    - Joie également de revoir les Clarisses de Sherbrooke. Peut-on imaginer de grands éclats de rire au cours d'une conférence ? Oui, cela est possible dans la Famille Franciscaine.

    - Joie enfin de faire la connaissance des Clarisses de Rivière-du-Loup, installées au sixième étage de la "Communauté des Soeurs de l'Enfant-Jésus de Chauffailles" d'où elles jouissent d'une vue remarquable sur le fleuve Saint-Laurent et sur les îles environnantes. Un grand merci à la supérieure des soeurs de l'Enfant-Jésus pour son chaleureux accueil.

    Délicieuse soirée avec les Frères Capucins de Québec. Echanges simples, vrais, au coeur de notre réalité actuelle... au rythme des traditionnels "fauteuils à bascule" sur lesquels nous étions confortablement installés. Bref, tendresse fraternelle.

    Très belle rencontre également avec les "Soeurs de Saint-François d'Assise" à Beauport, entourée d' une assistance d'une grande profondeur. Cette communauté a également son origine en France, à Lyon.

    Grande joie  de rencontrer la Famille Franciscaine Séculière :

    - A Saint-Jean-sur-Richelieu. Belle fraternité où "anciens" et "nouveaux" cohabitent avec bonheur. Il est toujours surprenant d'arriver dans une Fraternité et de se sentir "chez soi". La joie franciscaine, c'est aussi cela.

    - A Sherbrooke où Suzanne a retrouvé ses chers amis Richard et Micheline CHAMBERLAND. Très belle journée, organisée autour de Saint François, dans la communauté des "Soeurs Missionnaires Notre-Dame des Anges". Journée riche en partages, en nombreux et beaux échanges tant avec les membres de la Famille Franciscaine qu'avec bien d'autres personnes, dont des jeunes, intéressés par le sujet. L'esprit de fraternité rayonnait.

    - A Montréal chez "Les Franciscains" - ofm. Retrouver les frères rencontrés il y a six ans est toujours émouvant surtout quand plusieurs d'entres-eux comme le frère Henri Ethier ou le frère Pierre Brunette ont été d'un soutien précieux pour Suzanne. Émouvant aussi d'y retrouver les membres de l'OFS venus nombreux, autour de leur Ministre National Gilles METIVIER et de son épouse Paulette. Rencontrer Richard CASAVANT, docteur en psychologie et Poète bien connu et touchée par sa profonde délicatesse. Cette soirée a été l'occasion pour Suzanne de remercier le frère Pierre VIAU, capucin, coordonnateur au SIAF et Huguette MATTE, pour l'aide efficace apportée dans l'organisation de toutes ces rencontres.

    Une intervention tout à fait exceptionnelle a eu lieu à la "Paroisse Notre-Dame du Sacré-Coeur" de Brossard (Diocèse de Saint-Jean de Longueuil) :

    Annoncée et organisée avec une dynamique peu commune par Monsieur l'Abbé Christian VERMETTE et avec le généreux accord de Monsieur le Curé WALNES, cette conférence a réuni un très nombreux public, toujours particulièrement chaleureux et attentif. Joie d'y rencontrer des jeunes. Grand Merci à l'équipe pastorale.

    Même dans un programme bien rempli, se glissent toujours des "petits espaces". L'efficacité des Québécois ne pouvait laisser ces espaces libres.

    C'est ainsi que, la veille de son départ, Suzanne a donné en soirée, à la Co-Cathédrale de Longueuil, une conférence de deux heures sur le "Christ de Saint Damien", suivie de questions formidables et de partages prolongés.

    Et pour finir, le lendemain matin avant son départ, elle a rencontré les jeunes mamans autour d'un partage sur "Saint François d'Assise et son intuition théologique".

    Conférences profondes, joyeuses, riches grâce à la présence et à la foi de religieux et laïcs  désireux de cheminer et de témoigner. Suzanne les remercie toutes et tous de tout son coeur.

     Ce séjour a réservé à Suzanne d'autres surprises et d'autres joies :

    En effet, dès le soir de son arrivée, Suzanne  a participé au souper bénéfice annuel de l'Evêque, Mgr. Lionel GENDRON. Malgré le décalage horaire, cette soirée lui a permis de goûter à l'ambiance chaleureuse du Québec au sein du beau Diocèse de Saint-Jean-Longueuil.

    C-R - Séjour au Québec de Suzanne Giuseppi-Testut - ofs

    Elle a également été invitée à la rencontre des Unités Pastorales de l'ensemble du Diocèse, en présence de Mgr GENDRON et de son auxiliaire, Mgr Claude HAMELIN. Témoignages très intéressants mettant en évidence l'engagement, l'esprit d'équipe, et la nouveauté des idées proposées et prêtes à être expérimentées sur le terrain. Plusieurs partages avec les responsables de l'Unité Pastorale de la Co-Cathédrale de Longueuil, lui ont permis de découvrir les ressources extraordinaires de l'Eglise du Québec et de constater que, même au sein d'une Eglise confrontée à de grandes difficultés, la coopération active et fraternelle des prêtres et des laïcs témoigne d'une foi extraordinaire en l'avenir.

    Une autre rencontre est venue conforter ce témoignage, celle de la fête diocésaine des jubilaires. Belle initiative récompensant prêtres et laïcs engagés ensemble au coeur d'une même dynamique pastorale.

    Accueil, dynamisme, esprit d'équipe, simplicité et foi vivante étaient au rendez-vous. Un retour de Suzanne en 2018 est envisagé.

    Remerciements :

    Suzanne tient à remercier toutes les personnes qui, d'une façon ou d'une autre, ont collaboré à sa venue et à la réussite de cette "tournée" Québécoise, sans oublier ses chers et fidèles amis Linda, Michel et Sylvie.

    Elle remercie à nouveau le Père Christian RODEMBOURG pour son amitié fraternelle, sa confiance, son dévouement et sa fidélité. Elle remercie les prêtres de la Cathédrale Saint Antoine de Padoue pour leur accueil et les dîners fraternels auxquels ils l'ont si gentiment conviée.

    Elle remercie tout spécialement Monseigneur Lionel GENDRON et Monseigneur Claude HAMELIN de l'avoir accueillie avec une aussi grande simplicité.

     PAIX ET JOIE

    [1] SIAF : Service Intercommunautaire D'animation Franciscaine
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  • François d'Assise et la miséricorde de Dieu

    François d'Assise et la miséricorde de Dieu - SuzanneSaint François d'Assise est probablement le plus humain de tous les saints. C'est justement, à partir de son humanité et de son chemin de sainteté que nous pouvons prendre conscience de l'infinie Miséricorde de Dieu.

    François, si proche nous, de nos expériences, de nos limites et de nos difficultés, nous enseigne sur tous les plans, tant humain que spirituel. Son expérience est révélatrice de l'Amour de Dieu et du potentiel divin que Dieu dépose en l'homme.

    "La consolation et l'aiguillon de l'amour salvifique de Dieu qui oeuvre mystérieusement en toute personne, au-delà de ses défauts et de ses chutes, doivent rejoindre chacun." (EG 44)

    La miséricorde prend tout son sens et toute sa dimension dans la mesure où elle s'accomplit dans la réciprocité, dans le "recevoir" et le "redonner". Mais pouvons-nous parler de réciprocité de miséricorde avec Dieu ? Il serait présomptueux de se mettre au même niveau que notre Créateur. Cependant, Jésus nous dit :

    "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux" (Lc 6,36).

    Dieu est miséricordieux avec chacun d'entre nous et sa miséricorde est infinie. Nous avons simplement à apprendre à accueillir la miséricorde de Dieu et nous devons Lui exprimer notre reconnaissance en témoignant des bienfaits de sa miséricorde. Là, nous pouvons partager cette expérience avec nos frères et soeurs, nous pouvons "redonner" en devenant à notre tour miséricordieux, en faisant usage de la miséricorde de Dieu en nous.

    "Ce que vous ferez au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le ferez". (Mt 25,45)

    Dieu se donne totalement à sa créature et nous, nous avons à nous donner dans notre totalité.

    La miséricorde est évangélisatrice

    Prenons l'exemple de saint François d'Assise. Sa condition de riche héritier ne lui suffit pas. Il se lance dans une grande aventure, une aventure guerrière au cours de laquelle il espère gagner des titres de noblesse. Mais il oublie, peut-être même il ne réalise pas qu'en faisant ce choix, en poursuivant son ambition, il risque sa vie, pas seulement la mort de son corps mais aussi la mort de son âme. Il risque de se perdre corps et âme et de passer à côté de sa vie et de sa dimension spirituelle. C'est là que Dieu va l'aimer, le protéger et le rattraper. François, de son côté, va pressentir la miséricorde de Dieu, il va accueillir la grâce, entrer dans l'écoute, dans le "recevoir" et l'apprentissage de la miséricorde divine. Cela va l'amener plus tard à "redonner", à faire mémoire du don de Dieu au coeur de sa fragilité humaine et, à son tour, à faire oeuvre de miséricorde.

    "... pourtant j'étais bien fragile au début de ma conversion. Toutefois, jusqu'au jour de ma mort, je ne cesserai d'enseigner à mes frères, par mon exemple et par ma vie, comment marcher sur le chemin que le Seigneur m'a montré et que je leur ai montré à mon tour ..." (LP 76)

    C'est cette attitude et cette capacité de "recevoir" et de "redonner" qui va sauver François en tant qu'homme et faire de lui un témoin de la grâce, c'est-à-dire, un évangélisateur. Sa vraie vie sauvée, l'homme nouveau pourra émerger. Evangélisé par la miséricorde, il se sait débiteur envers Dieu et envers ses frères, de tout ce qu'il a reçu gratuitement. Au seuil de sa mort, dans son Testament, il nous livre son intimité :

    "Le Seigneur me révéla, me conduisit, me montra"

    La miséricorde est preuve d'amour

    Dieu fait découvrir à François qu'il est aimé d'une façon unique, personnellement. Il comprend alors, sous le regard miséricordieux de Dieu, qu'il peut lui aussi aimer, qu'il peut apprendre à aimer. Se sachant reconnu par Dieu, se sentant exister sous son regard et protégé malgré ses erreurs ou ses péchés et malgré sa faillibilité, François entre peu à peu dans une obéissance aimante qui se traduit en miséricorde. Il peut dès lors porter un autre regard sur ses frères et soeurs en humanité. Il apprend à regarder l'autre au-delà de son humanité et c'est là, dans ce regard qui voit l'autre autrement, dans ce qu'il peut devenir, que l'esprit de miséricorde s'accomplit en François. Il découvre en lui et en l'autre, l'image de Dieu.

    C'est ainsi qu'il demande un jour à un frère ministre qui vient se plaindre de ses frères et veut démissionner, d'avoir un coeur débordant de miséricorde même si le même frère "péchait mille fois devant tes yeux". Et le frère doit pouvoir reconnaître et ressentir cette miséricorde à la façon dont le ministre le regarde (LMin v. 10-11)

    "Après avoir vu tes yeux, [qu'il] ne s'en aille jamais sans ta miséricorde, s'il demande miséricorde. Et s'il ne demandait pas miséricorde, toi, demande-lui s'il veut la miséricorde. Et si après cela il péchait mille fois devant tes yeux, aime-le plus que moi pour le tirer au Seigneur ; et sois toujours miséricordieux pour de tels frères. Et fais savoir aux gardiens, quand tu le pourras, que, pour toi, tu es décidé à faire ainsi.

    Huit cent ans ont passé et je crois que saint François est toujours étonnamment actuel. Il témoigne de la joie de l'homme capable d'aimer, d'aller vers l'autre, de s'abandonner véritablement au point de mourir à lui-même et de devenir plus "pauvre" que le pauvre afin de témoigner librement de la miséricorde et de la paix du Christ en lui.[1]

    PACE E BENE

    Suzanne Giuseppi-Testut  -  ofs

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    Les nouveautés - OFS-Sherb

    [1] Suzanne Giuseppi-Testut "François d'Assise le prophète de l'extrême" p. 229-230

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  • "François d'Assise : prophète de l’extrême" 2/2

    Présentée par Claude Gavach

    Durée émission : 30 min

    "François d'Assise : prophète de l'extrème" 2/2
    Être et témoigner
     
    Comment approcher la spiritualité de saint François
    d'Assise? Suzanne Giuseppi-Testut nous donne en
    donne les clés dans son dernier livre.
     
     
     
     

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  • "François d'Assise : prophète de l’extrême" 1/2

    Nouvelle entrevue publier le 15 juillet 2015

    Présentée par Claude Gavach

    "François d'Assise : prophète de l'extrème" 1/2

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  • AUDIO - François d'Assise peut-il être considéré comme un prophète ? - Suzanne

    François d'Assise peut-il être considéré comme un prophète ?

    Bonjour tous, pour écouter une entrevue de 53 minutes de AUDIO - François d'Assise peut-il être considéré comme un prophète ? - Suzanne
    Suzanne Giuseppi Testut. 

    Rendez-vous en cliquant sur : Vivante Eglise  Avec Sabine Caze

    Source une réalisation Radio Présence

    Un MERCI SPÉCIAL à Sabine Caze qui nous a aidé à mettre en ligne cette entrevue.
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    Articles récents

     


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  • La Perle du Jour

    La vrai béatitude

                                Luc 11, 27-28                          

               

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    La Radio dans l'âme

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  • La Perle du Jour

    Le blasphème contre l'Esprit Saint

    Luc 11, 13

           

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    La Radio dans l'âme

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  •  La Perle du Jour

    L'ami importun et l'efficacité de la prière

    Luc 11, 13

                    

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