• Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (1 de 7)

     

    Notre sœur Suzanne Giuseppi-Testut, ofs, arrive d’une mission au Maroc et nous partage ses découvertes, Merci Suzanne.

     

    Suzanne G TestutA la demande de sœur Francesca Léonardi, Franciscaine Missionnaires de Marie et Responsable Provinciale, je me suis rendue au Maroc pour animer deux sessions sur le thème de la Réconciliation. Plus de dix nationalités représentées.

    Mission très différente de celle déjà vécue à la demande des FMM d’Algérie en 2012. Alors qu’en Algérie, je me suis déplacée dans chaque petite fraternité composée de 3 ou 4 sœurs, ici les sœurs se sont réunies en deux groupes, à Casablanca et à Midelt en fonction de leurs possibilités de déplacements. De nombreux partages et accompagnements ont suivi les temps de session et m’ont ainsi permis de mesurer l’ampleur du travail accompli par les Franciscaines Missionnaires de Marie, ainsi que la profondeur des liens qu’elles ont tissés avec les gens du pays.

    1er partie

    Le mot de sœur Marie Josèphe Labrousse

    Responsable de la communauté de Casablanca – Anfa-Casablanca

    Casablanca : 5 millions d’habitants. Fourmillante et grouillante de monde. Peuplée par de vrais bédaouis ? C’est à voir ! Capitale des blédards venus de toutes les régions du pays pour y trouver du travail ? Sûrement !

    « Il y a cent ans, les Franciscaines Missionnaires de Marie y débarquaient et, tout au long de ce siècle, trouvaient leur place auprès des nouveaux-nés, des orphelins, des enfants, des jeunes étudiantes, des femmes et de leurs petites bonnes, des malades.

    Y débarquaient aussi dans le temps, les sœurs de la Doctrine chrétienne, les Carmélites de Saint Joseph, les sœurs de Notre-Dame des apôtres, les sœurs de la Présentation de Marie, les Dominicaines, les Franciscaines de Seillon, les sœurs de Saint Gabriel, les Sœurs de l’Assomption, les sœurs du Prado, les petites Sœurs de Jésus, la communauté de l’Agneau et les sœurs des Saints-Cœurs et, en fin de siècle, les sœurs missionnaires de la Charité, les Clarisses et les toutes dernières, les Oblates catéchistes.

    Il y a avait de la place pour toutes. Les besoins étaient énormes dans la santé et l’éducation, celle-ci d’abord à titre privé puis, peu à peu, dans les structures nationales.

    Si l’accueil des premières franciscaines Missionnaires de Marie se fit à Casablanca dans les bras des marins pour traverser la « barre » en barcasse ; peu à peu celle-ci fut maîtrisée et les paquebots accostèrent directement au port.

    L’indépendance changea la géographie de la ville. Plus de calèches, plus de voitures à cheval, plus de carrissas tirés par un petit âne mais, peu à peu, des voitures, des taxis, des camions, des cars, des trains et, aujourd’hui, le tram. Oui, le tramway circule à Casablanca depuis le 12 décembre 2012. Il est beau, il est majestueux, il fouine jusque dans les bidonvilles… Ne pensez pas pour autant que les petits ânes aient déserté la ville. Ils acceptèrent eux aussi, en curieux et sans rancune, l’évolution de la ville.

    Il ne reste plus en 2013 que cinq congrégations sur les quinze de 1913 et suivantes. Mais où sont donc passées toutes ces sœurs qui, toujours sur la brèche, à l’hôpital ou à l’école, ont aidé tant de générations d’enfants à grandir ou à guérir ?

    Ce fut l’heure de la marocanisation. Ajoutez à cela la diminution en nombre, l’âge et le manque de formation en arabe. Elles ont jugé bon de laisser la place. Au fur et à mesure qu’elles diminuaient, leur souvenir grandissait. Ces enfants devenus adultes ont gardé dans leur cœur et leur mémoire une reconnaissance pour ces « sœurs » qui ont tant donné et de qui ils ont tant reçu, disent-ils.

    L’Institut des Franciscaines Missionnaires de Marie embrassât très tôt les changements par l’accueil de la marocanisation formant ses professeurs et leur laissant la place de la direction des écoles. Choisissant pour lui, l’enfouissement dans les palmeraies du sud, dans les médinas, dans les montagnes de l’Atlas.

    L’Eglise, elle aussi, embrasse les changements, confiant la direction des écoles à des Marocains. Mais aux Sœurs des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie, congrégation d’origine libanaise, elle confia l’école du Carmel Saint Joseph dans le quartier de l’Oasis. Ce quartier fut et reste un quartier résidentiel qui abrite aujourd’hui bon nombre d’écoles privées et cliniques, desservi par les lignes de bus n° 29-59-72… Si vous voulez aller chez les Sœurs des Saints-Cœurs, il vous faut descendre à la station « Maison des sœurs » ! Vous êtes devant la porte de l’école, chez elles.

    Pourquoi avoir privilégié ce nom pour un arrêt de bus alors que la communauté est enfouie dans l’école ? Ne serait-il pas dû au souvenir que gardent ces cœurs émerveillés qui ont trouvé tendresse et soutien auprès de ces sœurs qui les ont accompagnés dans leur enfance ou adolescence et qui sont maintenant les hommes et femmes du Maroc d’aujourd’hui ? »

    « L’amour ne s’use pas » !

                                                                             Sœur Marie-Josèphe Labrousse, fmm 

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  • Luc 10, 25-37 

    Le grand commandement – La parabole du bon Samaritain.

     

    La Perle du Jour – Lc 10, 29 : « Et qui est mon prochain ?

    Cette question est essentielle pour pouvoir comprendre le grand commandement d’amour de Dieu et Jésus y répond par la parabole du bon Samaritain.

    Si mon frère est un autre moi-même,  mon prochain, lui, est un autre que moi, un autre qui, pour moi, peut demeurer « autrui », mais qui peut aussi devenir un frère en vertu de l’amitié ou de l’amour.

    Jésus, en consacrant le commandement de l’amour « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » confirme que le prochain qu’il faut aimer, c’est « autrui » qu’il soit ou non un frère. Par là, Il nous montre aussi les conditions et les difficultés de cet amour. Il nous fait sentir combien l’acceptation de nous-mêmes tels que nous sommes est essentielle pour pouvoir aimer l’autre tel qu’il est.

    Jacques qualifie ce commandement de « loi royale » (Jc 2,8)

    Ainsi, dès que deux hommes se rencontrent, ils sont l’un pour l’autre, le « prochain », indépendamment de leurs relations de parenté ou de ce qu’ils pensent l’un de l’autre. L’homme en difficulté, fut-il notre ennemi, nous invite à devenir son prochain. Dès lors, l’amour universel doit se manifester vis-à-vis de tout homme que Dieu met sur notre chemin.

    Ce n’est donc pas à nous de décider qui est notre prochain mais c’est à nous de choisir d’aimer. Nous rejoignons ainsi le premier commandement qui est d’aimer Dieu : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit »

    Par ces deux commandements, Dieu nous donne la clef du bonheur (Ps 4,7), ce que confirme saint Antoine le Grand : « Qui aime Dieu s’aime soi-même » et « Qui sait s’aimer soi-même aime aussi les autres »

    Il est clair que si l’homme s’aime dans ce qu’il est fondamentalement, il peut aimer son prochain spirituellement en tant que frère créé lui aussi à l’image de Dieu et appelé à lui ressembler.[1]

     Suzanne

      [1]Déposition p 307 ; VTB p 1038-1039

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  • Matthieu 10, 24-33 

     

    Discours missionnaire : Jésus engage ses disciples à parler ouvertement et sans crainte.

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    Dans ce passage de l’Evangile, Jésus incite ses disciples à proclamer son message ouvertement et sans crainte,  et à éclairer par leurs prédications les mystères auxquels ils ont accès.

     

    C’est ce que nous rappelle la perle du jour – Mt 10, 27 :  

     

    « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour ; et ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. »

     

    Jésus nous accorde la grâce de témoigner de la Bonne Nouvelle qu’Il a apportée et c’est une mission qu’il nous confie. N’ayons pas peur de répondre à cette mission avec nos moyens d’hommes pour si infimes qu’ils puissent paraître.

     

    N’ayons pas peur. Dieu s’approche du pauvre pour entrer dans son cœur et dans sa chair par sa Parole. L’expérience surpasse alors la raison, l’intelligence du cœur va bien au-delà de l’intelligence intellectuelle et du savoir. La révélation éclaire les pensées et les mots.

     

    La Parole est là pour être partagée comme Parole de Vie fraternelle et simple. Elle nous est donnée pour aller à la rencontre des hommes, pour nous apprendre à les regarder et à nous comporter avec amour. Même si cette démarche n’est pas toujours facile, osons la rencontre, osons la Parole et laissons le Cœur du Christ parler à notre cœur.

     

    Libéré, le chrétien est alors rempli d’une confiance audacieuse et fait  usage de sa liberté pour « dire » avec assurance. Liberté propre à l’apôtre et au prophète.

     

    Ainsi parler avec assurance, c’est parler libre, parler franc, parler net, parler direct, parler ouvertement et sans détour. C’est fuir la « langue de bois. C’est proclamer ouvertement et sans crainte le message du Christ

    [1] 

    Suzanne



    [1]Déposition p 24 ; 48

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  • Matthieu 10, 16-23 : 

     

    Mission des douze apôtres et recommandations de Jésus.

      

    La perle du jour – Mt 10, 16 : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; montrez-vous donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes »

    [1]

    Lorsque Jésus incite les apôtres à la prudence : « Soyez prudents comme des serpents et simples comme des colombes » ne veut-il pas leur dire : Ayez un esprit ferme et un cœur tendre, agissez avec perspicacité et finesse d’esprit.

     

    Jésus nous incite à développer une pensée incisive et sans détour, une appréciation réaliste afin que nous puissions séparer le vrai du faux. Il peut arriver, en effet, que des manipulateurs s’appuient sur la faiblesse d’esprit de certaines personnes pour les conduire à une obéissance servile. Ils créent des fausses rumeurs et des peurs irrationnelles, ils cultivent l’émotionnel pour obscurcir notre esprit.

     

    C’est pour nous préserver de cela que Jésus nous incite à la prudence du serpent afin de ne pas tomber dans les pièges du Malin. Mais il nous invite à associer à cet esprit perspicace, un cœur tendre afin de ne pas tomber dans la sècheresse et la dureté de cœur.

     

    Pour st Augustin « La prudence est un amour qui agit avec sagacité ». Quant à st François d’Assise, il donne pour sœur à la « pure et sainte simplicité », la sagesse. C’est-à-dire : « Simplicité de la colombe qui ne s’oppose nullement à la prudence du serpent mais qui, dans sa rigoureuse exigence, se refuse à toute apparence de duplicité et de compromission. »

     

    Pour Jean-Paul II : « L’homme prudent qui recherche ce qui est vraiment bon, s’efforce de mesurer toute chose, toute situation et toute son activité en fonction du bien moral »

    La prudence est le guide de celui qui s’avance dans la vie spirituelle.

    La simplicité lui permet d’avancer à pas lent et de mieux continuer sa marche.

     

    Suzanne

     

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    [1]Déposition p 167

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  • Matthieu 10, 7-15 :

    Mission des douze apôtres (2)

     évangélisation

    Jésus demande à ses apôtres : « Chemin faisant, guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. » Et il poursuit :

    Ce sera la Perle du jour : Mt, 10, 8 : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. »

     

    La grâce de Dieu nous est offerte gratuitement, sans rétribution, comme le fait un Père et Jésus nous le rappelle.

    Entrer, avec la grâce du Seigneur, dans cette exigence d’amour et de gratuité, nous assure que le meilleur est devant nous, dans une alliance avec Dieu.

     

    En effet, prendre conscience des dons de Dieu et accueillir la grâce, nous rends attentifs aux gestes du Seigneur. Cela nous conduit peu à peu à découvrir son action et à entrer dans une réflexion. Puis le désir d’imiter son mouvement de don et de gratuité nous anime et nous entraîne vers notre véritable devenir.

     

    Ainsi, en demandant aux apôtres d’être attentifs au prochain et d’accomplir ces actes de guérison, Jésus les exerce à intégrer la totalité de leur humanité, y compris toutes leurs zones d’ombre, pour en faire humblement un chemin vers Dieu. Cela revient aussi à intégrer l’ombre d’autrui. Cette attitude va apprendre aux apôtres, à l’instar de Jésus, à aimer et à se donner gratuitement.

     

    La reconnaissance vis-à-vis de Dieu est la vraie réponse que l’homme peut offrir à son Créateur et Père en échange de la gratuité et de la plénitude de ses bienfaits. Reconnaissance qui doit s’exprimer dans le réalisme, la loyauté et la gratuité de la charité fraternelle que Jésus instaure par sa venue parmi les hommes.

     

    Par l’accueil du don de Dieu et de sa gratuité, par le don de nous-mêmes, nous fortifions alors notre « homme intérieur ». Reconnaissants pour tous ces bienfaits, nous rendons grâce.

    [1]

     

    Suzanne

    [1]Déposition p 81-82 ; 245 ; 281 ; 321

     

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  • Matthieu 10, 1-7 :

    Mission des douze apôtres

     miracle

    La Perle du jour – Mt 10,1 : Ayant appelé à lui ses douze disciples, Jésus leur donna pouvoir sur les esprits impurs de façon à les expulser et à guérir toute maladie et toute langueur. »

     

    Qui sont ces esprits impurs, ces forces obscures qui provoquent en l’homme maladie et abattement,  sinon nos passions qui nous maintiennent en esclavage et sous lesquelles nous ployons, ces mouvements de l’âme qui polluent notre cœur et font obstacle à notre relation avec le Christ. Par exemple :

    -          L’Esprit d’oisiveté et de paresse qui, au lieu de nous tirer vers le haut nous tire vers le bas et nous persuade qu’aucun changement n’est possible ni en vaut la peine. A quoi bon prier ! A quoi bon essayer de s’améliorer !

     

    -          L’esprit de découragement qui nous met dans l’impossibilité de reconnaître si quelque chose est bon ou positif. Tout est ramené au négativisme et au pessimisme, sorte de dépression faisant obstacle à notre remise en cause intérieure.

     

    -          L’esprit de domination par lequel nous cherchons à soumettre l’autre à notre propre volonté. Enfermés dans notre égoïsme, notre vie centrée sur elle-même ne peut plus être orientée vers Dieu.

     

    -          L’esprit de vain bavardage par lequel nous quittons la profondeur de la vie intérieure pour entrer dans la superficialité, l’inconsistance et le manque de charité.

    Véritables poisons de l’âme il est extrêmement important de nommer et de déposer ces esprits impurs sous le regard du Christ car lui seul peut les éloigner de nous et nous donner la force d’entrer dans un chemin de  guérison et de purification du cœur.

    Dieu peut tout. A nous de faire le reste !

     

    Suzanne

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  • DIEU DESCEND EN L’HOMME

     

    http://ekladata.com/vz_fTdrTzKnjXam3CDw2hE1Y1Cw.jpgNous venons de vivre le temps de l’Avent et nous préparons à entrer dans celui du Carême. Pour saint François d’Assise, le mystère de l’Incarnation est le centre de sa spiritualité. Toutefois, l’Incarnation contemplée par François est toujours située dans le mystère totalisant de la Rédemption. Aucune référence à la Crèche ou à la naissance du Fils de Dieu, sans un rappel de la Croix ou de sa mort.  Pour François, Dieu descend.

    Si, avec Jésus le Christ, le message de Dieu à notre humanité a pris le nom d’Evangile, ce n’est pas sans raison. L’Evangile, n’est pas un livre. Ce n’est ni « pensée », ni une « doctrine », ni même une « philosophie ». Ce n’est pas une « pratique », ni une « ascèse », pas même une « croyance », encore moins une « religion ». C’est un évènement qui désigne l’annonce de la Bonne Nouvelle. L’Evangile proclame un évènement non seulement heureux mais décisif : Dieu descend !

    Dieu descend pour signifier qu’il est vain de vouloir se hisser jusqu’à lui par soi-même. Vain de croire de l’on peut monter. Quels que soient nos efforts, notre force ou notre intelligence, notre « bon cœur » ou nos « bonnes actions ».

    Dieu descend en l’homme quelle que soit sa naissance, sa vie, sa misère ou ses crimes.

    Comment ne pas voir ce que les Evangiles ne cessent de proclamer, ce que la liturgie célèbre mais que nous sommes si nombreux à ne pas recevoir. Empêchés de le reconnaître et d’en accepter toutes les conséquences. Certains êtres, entraînés dans les profondeurs abyssales et, quels que soient leurs doutes, en ont fait l’expérience.

    Dieu descend ? C’est insupportable pour qui veut le garder « en haut », afin de conserver le pouvoir ici-bas. Le pouvoir de décider qui vivra ou non, qui recevra son pardon ou non, qui lui sera agréable ou non. De plus, pour certains Dieu est au ciel, parce qu’Il est la pureté même et, qu’en aucun cas le Très-Haut ne peut se souiller avec le monde et la bassesse des hommes. Nous sommes peut-être nombreux à penser ainsi ? Nous croyons en Dieu. Nous « confessons le Christ, le Fils du Dieu Vivant ». Nous nous savons « sauvés par la foi ». Nous ne doutons pas de servir l’Evangile par nos bonnes actions. Nous avons choisi le « chemin » capable d’élever l’humain au-dessus de la laideur du monde. Jusqu’à Dieu, au-delà même peut-être, vers un Paradis dont nous avons finalement notre propre vision. Nous tenons à garder pure la Source de notre foi, nous préservons Dieu du mal, de tout le mal que nous voyons autour de nous.

    Consentons à l’évènement de la descente de Dieu en nous par le Christ, y compris au plus profond du mal. N’est-ce pas ce que François d’Assise a voulu nous faire comprendre par la crèche de Greccio ? Ce soir là, le ciel et les anges descendent dans cette grotte où se tiennent Marie, Joseph et Jésus. Ils descendent dans les profondeurs de la montagne qui n’est autre que celle de nos injustices.  Les villageois, les bergers des environs, tenant en mains des torches, descendent pour adorer. Voilà où Dieu est venu se faire Homme. Vertigineuse descente jusqu’au cœur de notre propre chair.

    Marie, l’humble, la minuscule ne dit rien mais on peut entendre ce qu’elle a à nous dire. Le Dieu qu’elle appelle Sauveur est venu rejoindre l’humanité déchue, celle qui se trouve tout en bas. Voilà où sont descendus l’Esprit de Dieu et la Lumière Eternelle : dans la nuit de cette grotte où les miséreux côtoient les misérables.

    Saint François d’Assise, nous montre d’un coup l’évènement proclamé par la Bonne Nouvelle. Il nous amène au-delà de l’émerveillement devant l’Enfant Jésus dans la crèche. Il nous montre la raison même de la venue de Dieu en l’homme. Au moment de naître en l’homme, le Christ descend au plus profond de la nuit humaine qu’il inonde de lumière. Un abaissement inconcevable, dont seul est capable un Dieu aimant les hommes jusqu’au bout. Envers et contre tout.

    Mais les Ecritures nous rappellent que le Créateur « connaît le cœur humain ». Il sait qu’il lui faut descendre encore plus bas. C’est pourquoi il vient comme un homme, se présenter entre les mains d’un autre homme. Pour être abaissé encore, plongé, des pieds à la tête, dans les eaux du Jourdain. Ce qui ne manque pas de choquer l’ermite du désert chargé de l’immerger : C’est moi qui ai besoin d’être purifié, et c’est toi qui viens à moi ! proteste Jean le baptiseur, sachant qu’il est seulement prophète et qu’il ne plonge les disciples que dans l’eau. Sachant qu’il reste sur la rive de nos faiblesses, de nos maladies et du mal qui nous tient. Il ne lui est pas possible d’aller où va le Dieu venu épouser la condition humaine, ce Dieu qui descend maintenant en toutes sortes de lieux peu recommandables : au contact des lépreux, des éclopés, des prostituées, des collabos, des impurs de toute nature, de toutes nationalités et de toutes religions. Jusqu’en prison. Auprès des voleurs, des brigands, des meurtriers ; dans le cœur des violents, des violeurs ; avec les escrocs, les faussaires de métier. Les innocents et les fous. Tous ceux qui ne savent pas, qui ne savent plus, au juste, pourquoi ils sont là. Avec leurs geôliers aussi, et leurs tortionnaires. Dieu va jusque-là.

    La vase du Jourdain, à sa manière, l’annonce déjà. C’est peut-être pourquoi, Jean le Baptiste veut s’y opposer. Mais le Christ lui dit : « Laisse faire maintenant ! Il le faut » Et il disparaît sous l’eau, comme bientôt, il sera plongé dans l’esprit de meurtre que respirent ceux, nombreux, qui veulent se débarrasser de lui.

    C’est pourquoi, François d’Assise, comprend que, à l’heure où nous chantons encore « Il est né le Divin Enfant », le Dieu venu sauver l’humanité en l’homme sait déjà qu’il lui faudra descendre dans l’horreur d’une mise à mort violente et ignoble. Alors, il continue de descendre. Jusque dans la tombe, c’est-à-dire jusqu’à Pâques.

    Ainsi, Dieu descend non seulement sur la terre, mais dans la brèche lugubre du vendredi et du samedi saint. Sous nos pieds. Dans tout ce qui est inhumain.

    Voilà jusqu’où va l’Evangile de Jésus-Christ, « Fils de Dieu » et « Fils de l’Homme ». Voilà la Bonne-Nouvelle dont tout l’aspect religieux ne fait que dire, rappeler, célébrer l’évènement.

    Dieu, dans le Christ, descend plus bas que nos propres fautes. Plus bas que toutes les fautes. Plus bas que la bassesse. Plus bas que la mort elle-même. Dieu descend jusqu’en enfer. Jusqu’à toi, mon frère, qui es en prison. Qui a fait « ça ».

    « Celui qui est sans péché s’est fait péché », rappelle la liturgie, avec Saint Paul. Pour se faire proche de nous précisément quand nous sommes loin de lui. C’est d’ailleurs la toute première proclamation de Jésus, celle qui ouvre la Bonne-Nouvelle : Le temps est venu, pour qui veut revenir à la vie : Dieu s’est fait proche ! Revenez !

    Ce dont aucun de nous n’est capable par lui-même, devient possible parce que Dieu est descendu non pas jusqu’à nous, mais « plus bas que nous ».

    1 Samuel 2, 6-8 :

    « L’Eternel fait mourir et il fait vivre,

    Il fait descendre au séjour des morts et il en fait remonter.

    L’Eternel appauvrit et il enrichit,

    Il abaisse et il élève,

    De la poussière il retire le pauvre,

    Du fumier il relève l’indigent,

    Pour les faire assoir avec les grands

    Et il leur donne en partage un trône de gloire

    Car à l’Eternel sont les colonnes de la terre …

    Suzanne Giuseppi-Testut  -  ofs


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  • Matthieu 9, 32-38

    Jésus parcours les villes et les villages et voit la misère des foules.

     Jesus et le centurion

    La Perle du Jour – Mt 9, 36 : « A la vue des foules, Jésus en eut pitié, car ces gens étaient las et prostrés comme des brebis qui n’ont pas de berger. 


    Or, tout bon berger aime ses brebis. Et nous savons que demeure de toute éternité, au plus profond de l’homme, le désir d’aimer et d’être aimé. Ce désir est un désir infini, que le fini ne peut combler. Et ce désir infini, n’est rien d’autre qu’un désir de vie.

    C’est pourquoi, nous avons besoin :

    -          D’hommes et de femmes dont l’objectif est de nous faire découvrir les chemins dans lesquels nous pouvons rencontrer le Christ.


    -          D’hommes et de femmes dont la joie est de nous prendre par la main afin de progresser avec eux sur le chemin de la vie. Guidés par Celui qui, seul, peut tout porter et tout écouter, tout partager et tout guérir.


    -          Nous avons besoin d’hommes et de femmes prêts à s’engager dans un dialogue d’amour.


    -          D’hommes et de femmes qui osent ouvrir des chemins d’évangélisation pour, comme le dit Ezéchiel, « fortifier les brebis chétives, soigner celles qui sont malades, panser celles qui sont blessées, ramener celles qui s’égarent, chercher celles qui sont perdues. »

    Ce désir infini, n’est rien d’autre que le désir de l’homme pour Dieu qui rejoint le désir de Dieu de rencontrer l’homme dans une relation d’amour.


    La vigne du Seigneur est grande, il y a de la place pour de nombreux ouvriers. Et comme le Christ le dit à ses disciple : « La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. »

    L’appel du Christ à la prière est toujours aussi pressant.

     

    Suzanne

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  • Flash texte la ''Perle du jour''

    Jésus guérit une femme hémorroïsse et ressuscite la fille d’un chef.

     –Matthieu 9, 18-26 : 

     

    Jésus ress la fille de JAIRUS

    Une femme atteinte de perte de sang depuis douze ans, s’approche discrètement de Jésus et touche la frange de son manteau, car elle se disait en elle-même :

    Et voici notre Perle du Jour – Mt. 9, 21-22 : « Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée. » Jésus se retournant la vit et lui dit : « Aie confiance, ma fille, ta foi t’a sauvée. »


    La femme atteinte d’une perte de sang, était considérée comme impure aux yeux de la Loi. Il fallait s’en détourner.

    Or, cela n’a pas arrêté Jésus. Il a guéri cette femme. L’amour du Christ a brûlé la distance qui devait la séparer de Dieu.


    Jésus voit en la maladie un mal dont les hommes souffrent. Sans s’attarder à distinguer ce qui est maladie naturelle de ce qui est possession démoniaque, « il chasse les esprits et guérit ceux qui sont malades. » Il éprouve de la pitié et cette pitié commande son action. 

    Jésus ne manifeste qu’une exigence : Que ceux qui lui disent leur confiance, croient en Lui, car tout est possible dans la foi. Aussi, lorsque nous recourons à Dieu, examinons notre cœur :

    -          Avons-nous pris conscience de nos limites et ainsi, éprouvé l’insuffisance des moyens humains ?

    -          Ou bien, après avoir tout essayé, Dieu s’impose-t-il à nous comme dernier recours ?

    -          Ou encore, Dieu est-il Celui en qui nous pouvons nous abandonner en toute confiance ?

    Il est important de connaître la raison qui motive notre recours à Dieu car elle est à la mesure de notre foi.[1]


    Ce passage de l’Evangile nous montre à quel point, un geste tout simple, accompli dans la plus grande discrétion et dans la foi, suffit pour recourir à Dieu.

    Aussi, rien ne doit nous empêcher de faire appel à Lui car, même si nous nous pensons indignes, voire impurs et même si notre conscience nous condamne, sachons que Dieu est plus grand que notre conscience.

     


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  • Flash texte la ''Perle du jour''
    Jésus envoie en mission soixante douze disciples
    Luc 10, 1-12 ; 17-20


    envoie en mission 1,0

    Avant d’envoyer ses disciples en mission, Jésus leur fait quelques recommandations. Il leur dit tout d’abord : « Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups »


    Puis, et ce sera notre Perle du Jour, Il leur dit  – Lc 10, 5 : En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison’ »

    La première mission du disciple est donc d’annoncer la paix. Sa vocation est avant tout d’être un pacificateur.


    La recommandation de Jésus s’adresse aussi à chacun de nous, ses disciples. Comment s’y employer et la mettre en pratique ? Comment faire passer cette grâce dans notre vie ? Mais comment annoncer la paix si je ne suis pas en paix ?

    Nous pouvons nous réfugier dans un lieu sans bruit pour « avoir » la paix et cependant ne pas « être en paix ». Nous expérimenterons peut-être alors que la quête de la paix véritable consiste en un effort pacifique et permanent. La paix s’impose comme un bien de plus en plus spirituel.


    Alors, que faire pour être en paix et annoncer la paix ?

    -          Se réconcilier avec Dieu et « faire la paix »

    -          Méditer l’Evangile et « voir » par le cœur

    -          S’attacher au Christ et, sous sa conduite, nous exercer à l’amour

    -          S’ouvrir à la patience, à la compréhension et à la sollicitude.

    -       Aspirer à réaliser la béatitude « Bienheureux ceux qui font œuvre de paix » et ainsi, tendre de toutes nos forces à établir ici-bas, la concorde et la tranquillité.

    Cette attitude nous aidera à devenir plus humains, à ne pas couper les liens et à nous avancer vers l’autre. A maintenir l’esprit de fraternité en dépit de toutes les ruptures.

    Ainsi, notre vocation de pacificateur passe par notre désir de conversion du cœur. Dès lors,  nous pourrons nous laisser saisir par cet élan communiqué par Dieu.[1]


    [1] LM p 600-601 ; Cel.1 p 235-6 ; Lég.3Comp. p 820 ; déposition p 244-5

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