• Méditation de Carême du cardinal Cantalamessa:
    fixer le regard sur Jésus-Christ

    Le cardinal Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, a tenu ce vendredi matin sa deuxième méditation du Carême 2021, tenue devant les responsables de la Curie romaine restés à Rome durant le voyage apostolique du Pape en Irak. Il a ouvert un cycle de trois intervention sur «Jésus-Christ, homme nouveau».
     

    «La pensée moderne des Lumières est née à l’enseigne de la maxime de vivre "etsi Deus non daretur" - comme si Dieu n'existait pas», a d’emblée rappelé le cardinal capucin, en remarquant qu’au XXe siècle, «le pasteur Dietrich Bonhoeffer a repris cette maxime et a essayé de lui donner un contenu chrétien positif. Dans ses intentions, elle n'était pas une concession à l'athéisme, mais un programme de vie spirituelle: faire son devoir même lorsque Dieu semble absent; en d'autres termes, ne pas en faire un Dieu-bouche-trou, toujours prêt à intervenir là où l'homme a échoué», a-t-il expliqué, en mettant en relief les nuances de la pensée de ce héros de la résistance spirituelle au nazisme.

    Néanmoins, «même présentée ainsi, cette maxime est discutable et a été – à juste titre - contestée. Mais elle nous intéresse ici aujourd’hui pour une toute autre raison. L'Église court un danger mortel, qui est celui de vivre "etsi Christus non daretur", comme si le Christ n'existait pas.» C’est le piège dans lequel tombent de nombreux organes de communication, qui analysent l’Église selon des critères historiques et sociologiques qui peuvent avoir une part de légitimité, mais qui, en oubliant ou en négligeant Jésus, passent à côté de l’essentiel.

    Pourtant, les quatre caractéristiques essentielles de la vie ecclésiale, comme le Pape François l’avait rappelé lors d’une récente audience générale, sont intimement liées à la personne du Christ: l’écoute de l’enseignement des apôtres, la préservation de la communion réciproque, la fraction du pain, et la prière. Le cardinal Cantalamessa a donc décidé de faire, pour ce nouveau cycle de méditations du Carême 2021, des «gros plans» sur Jésus, en se concentrant bien sur le «Christ des Évangiles et de l'Église» et non pas sur «le Christ des historiens, celui des théologiens, des poètes» ou même «le Christ des athées».

    Le cardinal Cantalamessa s’est donc attaché à demeurer dans le cadre du «triangle dogmatique sur le Christ, les deux côtés étant l'humanité et la divinité du Christ, et le sommet l'unité de sa personne»«Tout ce qui est dit sur le Christ doit désormais respecter ce fait certain et incontestable, à savoir qu'il est Dieu et homme en même temps - mieux encore, dans la même personne», en soulignant que ce dogme est la «loi fondamentale» de la foi chrétienne.

    Le Christ, homme parfait

    «Jésus n'est pas tant l'homme qui ressemble à tous les autres hommes, que l'homme auquel tous les autres hommes doivent ressembler», a souligné le prédicateur capucin. «Personne ne nie aujourd'hui que Jésus était un homme, comme le faisaient les docteurs et autres négateurs de la pleine humanité du Christ», a remarqué le cardinal, tout en soulignant un piège de la culture contemporaine: «on assiste à un phénomène étrange et inquiétant: d’aucuns affirment la "vraie" humanité du Christ comme une alternative tacite à sa divinité, comme une sorte de contrepoids», a-t-il regretté, en faisant certainement allusion à des œuvres littéraires et cinématographiques, sans les nommer explicitement.

    «C'est une sorte de course générale à qui ira le plus loin dans l'affirmation de la "pleine" humanité de Jésus de Nazareth, jusqu’à lui attribuer non seulement la souffrance, l'angoisse, la tentation, mais aussi le doute et même la possibilité de commettre des erreurs. Ainsi, le dogme de Jésus "vrai homme" est devenu, soit une vérité acquise qui ne dérange et n’inquiète personne, soit, pire encore, une vérité dangereuse qui sert à légitimer, plutôt qu'à remettre en cause, la pensée séculaire. Affirmer la pleine humanité du Christ aujourd'hui, c'est comme enfoncer une porte ouverte», a averti le prédicateur avec fermeté.

    La sainteté du Christ

    Le cardinal Cantalamessa a souligné que «l'observation des Évangiles nous fait voir que la sainteté de Jésus n'est pas qu’un principe abstrait, ou une déduction métaphysique, mais qu'il s'agit d'une véritable sainteté, vécue à chaque instant et dans les situations les plus concrètes de la vie. Pour prendre un exemple, les Béatitudes ne sont pas seulement un beau programme de vie que Jésus trace pour les autres; c'est sa vie même et son expérience qu'il révèle aux disciples, les appelant à entrer dans sa propre sphère de sainteté. Les Béatitudes sont l'autoportrait de Jésus.»

    Jésus est donc le saint de Dieu, sa Résurrection en est la preuve éclatante. Et «l'heureuse surprise est que Jésus nous communique, nous donne, nous offre sa sainteté. Que sa sainteté est aussi la nôtre. Davantage: qu'il est lui-même notre sainteté.»

    «Tout parent humain peut transmettre à ses enfants ce qu'il a, pas ce qu'il est. Ce n’est pas parce qu’il est artiste, scientifique ou même saint, que ses enfants vont également naître artistes, scientifiques ou saints. Il peut tout au plus les enseigner, leur donner un exemple, mais pas transmettre ce qu’il est comme par héritage. Jésus, à l’inverse, par le baptême, nous transmet non seulement ce qu'il a, mais aussi ce qu'il est. Il est saint et fait de nous des saints; il est le Fils de Dieu et fait de nous des enfants de Dieu.»

    Et ainsi, «la sainteté chrétienne, avant d'être un devoir, est un don», comme l’a rappelé la Constitution conciliaire Lumen Gentium. Mais à partir de ce don, il faut oser passer à l’imitation concrète du Christ, en ayant des attitudes et des actions en cohérence avec les siennes. «On n'arrive pas des vertus à la foi, mais de la foi aux vertus», a expliqué le prédicateur franciscain en citant saint Grégoire Le Grand.

    «Essayons de nous demander le plus souvent possible, face à chaque décision à prendre et à chaque réponse à donner: «Dans le cas présent, qu’est-ce que Jésus aimerait que je fasse ?», et faisons-le sans tarder. Savoir ce qu'est la volonté de Jésus est plus facile que de savoir dans l'abstrait ce qu'est «la volonté de Dieu» (même si les deux choses coïncident réellement). Pour connaître la volonté de Jésus, nous n’avons rien d’autre à faire qu’à nous souvenir de ce qu'il dit dans l'Évangile. Le Saint-Esprit est là, prêt à nous le rappeler», a conclu le cardinal Cantalamessa.

    source https://www.vaticannews.va/

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  • Méditation quotidienne de Richard Rohr

    Du Centre d’action et de contemplation

     Image credit: U.S. Information Agency. Press and Publications Service. ca. 1953-ca. 1978, Civil Rights March on Washington, D.C. Young men and women sitting in front of the Lincoln Memorial, (detail), photograph, public domain.

    Le Cercle de l’Éternité 

    Une fois, j’ai partagé un joyeux dîner avec le poète et philosophe irlandais bien-aimé John O’Donohue (1956-2008). Il est décédé beaucoup trop tôt à l’âge de 52 ans, et j’imagine qu’il a été immédiatement accueilli dans la communion des saints, vivant dans le « cercle de l’éternité » qu’il décrit dans ce passage:

    La tradition celtique irlandaise reconnaît que les mondes éternels et transitoires sont tissés les uns dans les autres et à travers eux. Très souvent à la mort, les habitants du monde éternel sortent vers le monde visible... Vos amis qui vivent maintenant dans le monde éternel viennent vous rencontrer, pour vous ramener à la maison. Habituellement, pour les gens qui meurent d’envie de voir leurs propres amis leur donne une grande force, le soutien et l’encouragement . . .

    Ici, nous sommes pris dans le temps linéaire . . . Le temps doit être totalement différent pour les morts parce qu’ils vivent maintenant dans un cercle d’éternité. . . L’esprit celtique n’a jamais aimé la ligne, mais a toujours aimé la forme du cercle . . . J’imagine que dans le monde éternel, le temps est devenu le cercle de l’éternité. Peut-être que lorsqu’une personne entre dans ce monde, elle peut regarder en arrière ce que nous appelons le temps passé ici. Cette personne peut aussi voir tout le temps futur. Pour les morts, le temps présent est une présence totale. Cela suggère que nos amis parmi les morts nous connaissent mieux qu’ils ne peuvent jamais nous connaître dans la vie . . .

    Je crois que nos amis parmi les morts nous dérangent vraiment et s’occupent de nous. Souvent, il pourrait y avoir un gros rocher de misère sur votre chemin sur le point de tomber sur vous, mais vos amis parmi les morts le retenir jusqu’à ce que vous avez passé. L’un des développements passionnants qui peuvent se produire dans l’évolution et dans la conscience humaine dans les prochaines centaines d’années est une toute nouvelle relation avec le monde invisible et éternel. Nous pourrions commencer à établir des liens très créatifs avec nos amis dans le monde invisible. . . Ils sont maintenant dans un endroit où il n’y a plus d’ombre, d’obscurité, de solitude, d’isolement ou de douleur. Ils sont à la maison. Ils sont avec Dieu d’où ils sont venus. Ils sont retournés au nid de leur identité dans le grand cercle de Dieu. Dieu est le plus grand cercle de tous, la plus grande étreinte de l’univers, qui tient visible et invisible, temporelle et éternelle, comme un seul . . .

    Dans le monde éternel, tout est un. Dans l’espace spirituel, il n’y a pas de distance. Dans le temps éternel, il n’y a pas de segmentation dans aujourd’hui, hier ou demain. Dans le temps éternel tout est maintenant; le temps est la présence. Je crois que c’est ce que signifie la vie éternelle : c’est une vie où tout ce que nous recherchons — bonté, unité, beauté, vérité et amour — n’est plus éloigné de nous, mais est maintenant complètement présent avec nous.

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    John O’Donohue, Anam Cara: A Book of Celtic Wisdom (HarperCollins: 1997), 211, 227-228, 229.

    Crédit image: Agence d’information des États-Unis. Service de presse et de publications. vers 1953-vers 1978, Marche des droits civiques à Washington, D.C. Jeunes hommes et femmesassis devant le Lincoln Memorial , (détail), photographie, domaine public.

    Inspiration de l’image : Qu’ont en commun Chuck Taylors et ses chaussures de bureau, ses talons hauts et ses sandales ? Ils ont poussé les pieds de notre communauté de saints. La sagesse intergénérationnelle des jeunes et des anciens nous bénit tous.

    source  https://cac.org/
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  • Le Pape rencontrant la délégation du Centre franciscain de Solidarité de Florence.Le Pape rencontrant la délégation du Centre franciscain de Solidarité de Florence.  (Vatican Media)

    Proximité, compassion et tendresse: les mots clés du style franciscain

    Le Pape François a accordé ce lundi midi une audience à une délégation du Centre franciscain de Solidarité, une association active auprès des plus pauvres à Florence, en Italie.
     

    «Depuis de nombreuses années, dans la ville de Florence, vous assumez un service précieux d’écoute et de proximité aux personnes qui se trouvent dans des conditions économiques et sociales difficiles», notamment des «personnes âgées et handicapées qui ont besoin de soutien et de compagnie». Les volontaires de l’association font ainsi partie de «ceux qui jettent les semences du Règne de Dieu», à la suite de Jésus qui «s’est rapproché des blessures humaines avec compassion».

    À travers les paroles de Jésus «j’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais nu, et vous m’avez habillé» (Mt 25, 35-36), le Christ a révélé le coeur de Dieu: «Dieu est un Père qui veut prendre soin de nous tous, défendre et promouvoir la dignité de chacun de ses fils et de ses filles. Il nous appelle à construire les conditions humaines, sociales et économiques pour que personne ne soit exclu ou piétiné dans ses droits fondamentaux. Personne ne doit souffrir du manque de pain ou de la solitude», a martelé François.

    Saint François d’Assise, un modèle de proximité

    Évoquant ensuite le «témoignage lumineux» de saint François d’Assise, dont il a pris le nom en tant que Pape, il a mis en valeur cette dynamique de «fraternité universelle» qui a été le thème de sa récente encyclique Fratelli tutti. Dans une ville où beaucoup de gens «se retrouvent seuls avec leur propre pauvreté et leur souffrance», le Centre franciscain de Solidarité constitue un signe qui «secoue les consciences assoupies et invite à sortir de l’indifférence, à avoir compassion de celui qui est blessé, à s’incliner avec tendresse sur ceux qui sont écrasés par le fardeau de la vie». Chacun est donc invité à s’engager avec «proximité, compassion et tendresse».

    Cet effort doit se vivre avec le soutien du Seigneur, car «nous savons que notre bon cœur et nos forces humaines ne suffisent pas». L’enjeu fondamental, ce n’est pas l’efficacité dans les «choses à faire» mais l’amour ressenti vis-à-vis d’une personne pauvre que nous considérons pleinement comme notre frère ou notre sœur. Le Pape a conclu en invoquant la bénédiction du Seigneur, par l’intercession de saint François, pour que les volontaires de cette association «conservent toujours la joie de servir, la joie de se rapprocher, la joie d’avoir compassion, la joie de faire les choses avec tendresse»

    source https://www.vaticannews.va/

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  • Méditation quotidienne de Richard Rohr

    Du Centre d'action et de contemplation

     Crédit d'image: Agence d'information des États-Unis.  Service de presse et de publications.  Californie.  1953 – ca.  1978, Marche des droits civiques à Washington, DC Deux longues files de certains des bus utilisés pour transporter les marcheurs à Washington (détail), photographie, domaine public.
     Combien il est difficile de voir clairement 

    Chaque point de vue est une vue d'un point. À moins de reconnaître et d'admettre nos propres points de vue personnels et culturels, nous ne saurons jamais comment décentraliser notre propre perspective. Nous vivrons avec un degré élevé d'illusion et de cécité qui apporte beaucoup de souffrance dans le monde. Je pense que c'est ce que voulait dire Simone Weil (1909–1943) en disant que l'amour de Dieu est la source de toute vérité. [1] Seul un point de référence extérieur et positif fonde totalement l'esprit et le cœur.

    L'une des clés de la sagesse est que nous devons reconnaître nos propres préjugés, nos propres préoccupations addictives et les choses auxquelles, pour une raison quelconque, nous refusons de prêter attention. Tant que nous ne voyons pas ces schémas (qui est la contemplation à un stade précoce), nous ne pourrons jamais voir ce que nous ne voyons pas . Pas étonnant que Socrate (vers 470–399 avant notre ère) et sainte Thérèse d'Ávila (1515–1582) aient déclaré que la connaissance de soi était la première et nécessaire voie d'accès à la sagesse. [2] Sans une telle conscience critique du petit soi, il y a peu de chances qu'un individu produise une vraie grande connaissance ou une sagesse durable.

    Tout le monde voit le monde d'un certain point de vue culturel défini. Mais les gens qui ont fait leur travail intérieur voient aussi au-delà de leurs propres préjugés quelque chose de transcendant, quelque chose qui dépasse les frontières de la culture et de l'expérience individuelle.

    Les personnes ayant une image déformée de soi, du monde ou de Dieu seront largement incapables de faire l'expérience de ce qui est vraiment réel dans le monde. Ils verront les choses à travers un trou de serrure étroit. Ils verront plutôt ce dont ils ont besoin que la réalité soit, ce dont ils ont peur ou ce qui les met en colère. Ils verront tout à travers leur agressivité, leur peur ou leur agenda. En d'autres termes, ils ne le verront pas du tout.

    C'est le contraire des contemplatifs, qui voient ce qui est, si c'est favorable ou non, si cela répond à leurs besoins ou non, que cela leur plaise ou non, et si cette réalité fait pleurer ou se réjouir. La plupart d'entre nous interpréteront généralement mal notre expérience jusqu'à ce que nous ayons été déplacés hors de notre faux centre. Jusque-là, il y a trop de soi sur le chemin.

    Nous jouons tous à nos jeux, cultivant nos préjugés et notre vision non rachetée du monde. Thomas d'Aquin (1225-1274) et d'autres scolastiques ont dit que tous les gens choisissent comme bien objectif quelque chose qui leur paraît simplement bon, prévoyant la critique postmoderne de 700 ans. Personne ne fait le mal de son plein gré. Chacun de nous a mis en place une construction par laquelle nous expliquons pourquoi ce que nous faisons est nécessaire et bon. C'est la spécialité de l'ego, le petit ou le faux soi qui veut protéger son agenda et se projeter sur la scène publique. [3] Nous avons besoin de soutien pour démasquer notre faux soi et nous éloigner de nos illusions. Pour cela il faut installer une sorte d '«observateur intérieur». Certaines personnes parlent d'un «témoin honnête». Au début, cela semble impossible, mais avec de la patience et de la pratique, cela peut être fait et devient même tout à fait naturel.

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    [1] Simone Weil, «Dieu en Platon», Sur la science, la nécessité et l'amour de Dieu , trad. et éd. Richard Rees (Oxford University Press: 1968), 104.

    [2] Teresa d'Ávila, Le château intérieur , trans. Mirabai Starr (Riverhead: 2004), 45, 46.

    [3] Pour une exploration plus approfondie des enseignements de Richard Rohr sur le vrai soi / faux soi, notre cours Immortal Diamond est maintenant ouvert aux inscriptions.

    Adapté de Richard Rohr, The Wisdom Pattern: Order, Disorder, Reorder (Franciscan Media: 2020), 12–13, 140–141; et

    Ce que les mystiques savent: Sept voies vers votre moi plus profond (The Crossroad Publishing Company: 2015), 91

    Crédit d'image: Agence d'information des États-Unis. Service de presse et de publications. Californie. 1953 – ca. 1978, Marche des droits civiques à Washington, DC Deux longues files de certains des bus utilisés pour transporter les marcheurs à Washington (détail), photographie, domaine public. 

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  • ANNONCER LA PAIX ET PRÊCHER L’ÉVANGILE - M-F1. Circuler et être présent!

    La prédication franciscaine de François et des premiers frères est bien loin de ce que nous imaginons, autant pour le style que pour les contenus. Il ne s’agit pas d’abord de sermons et d’homélies. Un texte de Thomas de Celano, son premier biographe, permet de remettre les faits en perspective. Celui-ci écrit : « Il ouvrait chacun de ses sermons par un souhait de paix avant de transmettre à l’assistance la parole de Dieu; il disait : Que le Seigneur vous donne la paix! Cette paix, il la souhaitait toujours et avec conviction, aux hommes et aux femmes, à tous ceux qu’il rencontrait ou croisait sur sa route. »*
    François d’Assise est bien sûr un prédicateur ambulant; comme les Apôtres il vit simplement, va de village en village, s’arrête volontiers dans les maisons. Il reçoit sur place l’hospitalité et le gîte. Il circule et il demeure. Il est là, il écoute et, parfois, il parle. Avec les gens, il partage l’expérience qui lui brûle le cœur : connaître le Christ Jésus et éprouver son Amour.

    2. D’abord la paix et la réconciliation!

    L’époque et le milieu de François n’ont jamais été en paix de tout son vivant. Les conflits civils et politiques étaient constants. Le milieu et la culture étaient marqués par une hostilité ouverte et destructrice. Il ne s’était pas fait chevalier pour rien. Guerres et activités militaires l’ont occupé un certain temps mais sans succès ni suite. C’est dans le contexte d’une déception militaire que François mûrit son passage d’un royaume politique et économique au Royaume de Dieu avec une vision du Bien et de ses valeurs.
    Une chose est évidente, François d’Assise a des priorités et un ordre dans sa manière de témoigner de l’Évangile. De la présence, François passe ensuite au rassemblement des personnes et des situations. Être là avec tout le monde et avec le vécu de tout le monde. Où qu’il soit et avec tous les publics, le petit pauvre d’Assise s’en tient à une vision de fond : la paix dans ses dimensions les plus urgentes et les plus durables : le Royaume de Dieu et sa justice.
    Dans sa salutation si courtoise, il y a aussi une volonté de réconciliation avec et pour tout le monde. Se donner et offrir la grâce de faire la paix en soi et avec les autres, même avec le poids de la vie personnelle, sociale et culturelle. Faire la paix et prendre le temps de la rendre désirable et de l’accomplir sans précipiter les solutions surtout quand les enjeux ne sont pas compris et les remèdes bien examinés.
    Dans la salutation proverbiale de François et des frères, il y a une référence transparente au Seigneur dont ils sont les ambassadeurs. La paix offerte n’est pas seulement la leur. Elle risquerait d’être parfois généreuse, mais à long terme passagère. C’est la paix du Seigneur dont ils sont les porteurs et les artisans. Ils ne la partagent pas comme si elle était acquise, mais justement pour la rendre possible grâce à leur ministère. Ils s’affichent ainsi pour ce qu’ils sont : des envoyés et des participants à une mission essentielle.

    3. Prêcher tout l’Évangile!

    Je demandais, il y a quelques années, à un confrère franciscain si de nos jours nous annoncions vraiment l’Évangile du Christ Jésus. Il est demeuré interloqué comme si ma question était un jugement. La question était et demeure légitime. Elle l’est pour François d’Assise et son époque et tous les milieux qu’il visite. Pourquoi la tradition se rappelle-t-elle de lui comme d’un « homme évangélique et apostolique »? Thomas de Celano rapporte : « Et cela eut souvent pour effet, avec la grâce du Seigneur, d’amener ceux qui, réfractaires à la paix, étaient ennemis de leur propre salut, à embrasser la paix de tout leur cœur, à devenir eux aussi des fils de la paix et des conquérants du salut éternel. »*
    L’image d’un siècle « chrétien » ne correspond pas à la description qu’en font les biographes de François. Ils soulignent largement l’existence de classes sociales sans profondeur religieuse et spirituelle, ignorantes des vérités élémentaires sur l’Absolu et dans bien des cas décidément hostiles à l’ordre de penser et d’agir inspirés par la tradition chrétienne. Dans ce contexte qui n’offre guère d’authenticité et de cohérence, François découvre Jésus, devient son disciple et commence un long chemin de pénitence. Il apprend à être témoin et serviteur avant d’envisager même un engagement plus manifeste de prédication et d’enseignement. D’abord éprouver la foi par la conversion, la foi et la pénitence; longuement se consacrer à la « foi qui opère par la charité » dans des gestes de diaconie et de service.
    François a choisi pour lui-même et ses frères de « vivre et d’observer le Saint Évangile de Notre Seigneur Jésus Christ » comme les Apôtres de la première heure. Pour la forme et le fond, pour le message et pour la manière d’être et de vivre. François est un praticien de l’Évangile qui va, itinérant, de village en village et de maison en maison, un témoin. François ne porte pas un message dont il serait distant. Il partage une expérience qui bouleverse sa vie. Lui et ses frères sont des pénitents, des convertis. Ils sont les premiers touchés par la présence et le salut dans le Christ Jésus. Ils annoncent ce qu’ils vivent et les fait vivre. Le Seigneur les touche et leur apporte une paix indicible. Dans cette rencontre, leur vie et leur quotidien prennent un tout autre sens et une toute autre profondeur. Ils vivent enfin une parole qui est le pain de leur âme, une vie « en abondance », la vie éternelle (Jean 10,10).

    4. Une perle rare : le salut!

    Au milieu des gens et dans des circonstances si différentes, François et ses frères vivent et annoncent l’Évangile… et le salut : une humanité et un univers à qui toute réconciliation est accessible et possible, des personnes qui sont des interlocuteurs de Dieu dans le Christ Jésus, des appelés à éprouver leur cœur et leur vérité : vivre à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’Évangile est d’abord la personne et la vie de Jésus comme lumière et chemin pour le renouveau de qui que ce soit, même aux heures de mensonge et de péché. Il y a là moyen de recommencer et enfin commencer. Il est grand temps de le faire.
    Lui-même pénitent- tourné vers Dieu-, François propose à des milliers d’hommes et de femmes de considérer avec attention la présence et la proposition de salut qu’est l’Évangile de Jésus, de la méditer, de la choisir et d’en tirer les conséquences par une vie de conversion, exigeante et durable. Le propos est sans détour mais simple : découvrir la Vie en plénitude. Dans ce cheminement et ce mode vie, les convertis-pénitents comprennent que l’Évangile est adressé à toute personne humaine et à toute créature. De la terre au ciel. L’Évangile est total et il est universel. Il rend possible la famille humaine. Il permet de bâtir la demeure de Dieu « parmi les hommes ».

    Gilles Bourdeau, OFM
    Novembre 2018

    *Thomas de Celano, Vie de saint François, Chapitre 10, 23b, Paris, Les Éditions franciscaines, 1967, p. 47
    Source : H.S. 11-20-Rep. RC

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    *Autorisation de reproduction accordée à Richard Chamberland pour son site http://fraternite-ofs-sherb.eklablog.com/
    le 28 février 2021
    Source : Hors-série en Mission avec Jésus, Missions des Franciscains, 2020, texte publié dans la Revue des Missions des Franciscains, Vol. 96, no.3, novembre 2018.

    Richard Chartier
    Directeur, Bureau des Missions des Franciscains, Province Saint-Esprit du Canada, rédacteur en chef de la Revue Missions des Franciscains et agent de projets du Bureau des Missions des Franciscains.

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  • Cardinal Cantalamessa: le Carême est le temps de la conversion

    Pour sa première prédication du Carême 2021, ce vendredi 26 février, le cardinal Cantalamessa est revenu sur le sens de la formule prononcée lors de l’imposition des Cendres: «Convertissez-vous et croyez en l’Évangile».
     

    Avant de commencer un nouveau cycle thématique qui sera déployé en trois temps les 5, 12 et 26 mars (mais pas le 19 mars, jour férié au Vatican), le cardinal Cantalamessa a effectué sa première méditation de Carême cette année en abordant le thème de la conversion, avec cette parole tirée de l’Évangile de dimanche dernier «Les temps sont accomplis: le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile!»

    Cette idée de conversion revient à trois reprises dans le Nouveau Testament, avec des sens légèrement différents. «Avant Jésus, la conversion signifiait toujours un "retour en arrière". Le mot hébreu, "shub", signifie faire demi-tour, revenir sur ses pas, a expliqué le prédicateur. Elle indiquait la démarche d'une personne qui, à un certain moment de sa vie, se rend compte qu'elle fait "fausse route". Alors elle s'arrête, change d’avis, décide de revenir à l'observance de la Loi et de renouer son alliance avec Dieu.»

    Mais «sur les lèvres de Jésus, ce sens change. Non parce qu'il aime changer le sens des mots, mais parce qu'avec sa venue, les choses ont changé. "Les temps sont accomplis: le règne de Dieu est tout proche!" Se convertir ne signifie plus revenir en arrière, à l'ancienne alliance et à l'observance de la Loi, mais plutôt faire un saut en avant et entrer dans le Royaume, saisir le salut qui est offert aux hommes gratuitement, par l'initiative libre et souveraine de Dieu.»

    Redevenir comme des enfants

    Une deuxième occurrence du thème de la conversion intervient dans ce passage de l’Évangile de Matthieu. «À ce moment-là, les disciples s'approchèrent de Jésus et lui dirent: "Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux?" Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d'eux, et il déclara: "Amen, je vous le dis: si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux.» (Mt 18,1-3).

    «Cette fois-ci, oui, se convertir signifie rebrousser chemin, précisément revenir à l'époque où l'on était enfant ! Le verbe employé, "strefo", indique un demi-tour. C'est là la conversion de celui qui est déjà entré dans le Royaume, qui a cru à l'Évangile, qui sert le Christ depuis un certain temps. C'est notre conversion!», a expliqué le prédicateur de la Maison pontificale. Plutôt que de s’accrocher à des honneurs ou à des responsabilités, le devoir de chaque vrai disciple est donc de «se décentrer de soi-même et se recentrer sur le Christ».

    «Pour nous aussi, redevenir des enfants signifie revenir au moment où nous avons découvert que nous étions appelés, au moment de notre ordination sacerdotale, de notre profession religieuse ou de notre première vraie rencontre personnelle avec Jésus», a précisé le cardinal capucin.

    Rejeter toute tiédeur

    Le troisième contexte dans lequel l'invitation à la conversion revient est donné par les sept Lettres aux Églises de l'Apocalypse. La Lettre à l'Église de Laodicée est particulièrement péremptoire et radicale: « Je connais tes actions, je sais que tu n'es ni froid ni brûlant... Puisque tu es tiède - ni brûlant ni froid - je vais te vomir de ma bouche.... Sois fervent et convertis-toi ». (Ap 3, 15s) Il s'agit ici donc de «se convertir de la médiocrité et de la tiédeur». Saint Paul aura des accents semblables. tout comme, beaucoup plus tard dans l'histoire du christianisme, la tradition mystique autour de sainte Thérèse d’Avila.

    «Nous sommes héritiers d'une spiritualité qui concevait le chemin de la perfection selon les trois étapes classiques: la voie purgative, la voie illuminative et la voie unitive. En d'autres termes, on doit pratiquer le renoncement et la mortification pendant longtemps avant de pouvoir éprouver de la ferveur. Il y a une grande sagesse et des siècles d'expérience derrière tout cela, et malheur à ceux qui pensent que c'est désormais dépassé. Non, tout cela n'est pas dépassé, mais ce n'est pas la seule voie que suit la grâce de Dieu», a précisé le cardinal capucin.

    La joie d'une ferveur inspirée par l'Esprit Saint

    Le thème de «l’ivresse divine», développé par les Pères de l’Église, vient apporter une vision plus joyeuse, laissant passer une idée de partage. «Une vie chrétienne pleine d'efforts ascétiques et de mortification, mais sans la touche vivifiante de l'Esprit, ressemblerait - disait un Père ancien - à une messe au cours de laquelle on ferait de nombreuses lectures, on accomplirait tous les rites et on apporterait de nombreuses offrandes, mais où la consécration des espèces par le prêtre n'aurait pas lieu. Tout resterait comme avant, rien d’autre que du pain et du vin.»

    Saint Ambroise développait l’image du vin pour faire comprendre aussi, avec un langage poétique, l’idée d’une harmonie entre les disciples de Jésus. «Il y a encore une autre ivresse qui s’opère par la pluie pénétrante du Saint-Esprit. C'est ainsi que, dans les Actes des Apôtres, ceux qui parlaient en diverses langues apparurent aux auditeurs comme s'ils étaient remplis de vin doux», écrivait-il.

    «Demandons à la Mère de Dieu de nous obtenir la grâce qu'elle a obtenue pour son Fils à Cana en Galilée. Par sa prière, ce jour-là, l'eau a été transformée en vin. Demandons que, par son intercession, l'eau de notre tiédeur devienne le vin d'une ferveur renouvelée. Le vin qui, à la Pentecôte, a provoqué chez les apôtres la sobre ivresse et les a rendus fervents dans l'Esprit», a conclu le prédicateur capucin.

    source https://www.vaticannews.va/fr/

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  • Pape François: le Carême, un temps pour être frères

    Le Pape envoie un message pour la traditionnelle campagne de la fraternité qu’organise chaque année la conférence épiscopale brésilienne pour le Carême et qui associe depuis quelque temps la solidarité à l’œcuménisme. «Nous devons surmonter la pandémie et nous le ferons dans la mesure où nous serons capables de surmonter les divisions et de nous unir autour de la vie», écrit le Saint-Père.
     

    Alessandro De Carolis - Cité du Vatican

    Le Carême est une période où le chrétien a beaucoup à faire. La charité est le premier moteur, mais si cette caractéristique se lie à la dimension œcuménique, le solidarité entre alors en jeu avec le dialogue, qui, nous dit le Pape, nous permet «d'ouvrir notre cœur à nos compagnons de voyage sans crainte ni suspicion, et de regarder d'abord ce que nous cherchons: la paix devant le Dieu unique».

    Encourager la solidarité en cas de pandémie

    Les pensées de François sont contenues dans le message envoyé chaque année au début du Carême aux fidèles brésiliens, qui s’engagent dans la campagne de la fraternité depuis plusieurs années. Et parmi les terrains d’action indiqués par François en ce temps liturgique se trouve la pandémie, qui a durement touché le pays. Le Christ, écrit-il, «nous invite à prier pour ceux qui sont morts, à bénir le service désintéressé de tant de professionnels de la santé et à encourager la solidarité entre les personnes de bonne volonté. Il nous appelle à prendre soin de nous-mêmes, de notre santé, et à prendre soin les uns des autres, comme nous l'enseigne la parabole du bon samaritain».

    Des compagnons sur le chemin du dialogue

    Le thème de la campagne 2021 – “Fraternité et dialogue : engagement à l'amour” - focalise l'attention sur la recherche de la communion avec les Églises chrétiennes du Brésil, un dialogue lancé depuis cinq ans et que François définit comme «une raison d'espérer». Les chrétiens, souligne-t-il, «sont les premiers à devoir donner l'exemple, à commencer par la pratique du dialogue œcuménique qui enseigne à ouvrir notre cœur à nos compagnons de voyage sans crainte ni suspicion, et à regarder d'abord ce que nous cherchons: la paix devant le Dieu unique».

    Les trois instruments

    Cette relation de respect et de partage donne naissance à cette «précieuse contribution à la construction de la fraternité et à la défense de la justice dans la société» telle qu’énoncée dans Fratelli Tutti. Et dans cet horizon, rappelle le Pape dans son encyclique, se trouve l'effort commun pour «vaincre la pandémie». «Nous le ferons, assure-t-il, dans la mesure où nous serons capables de surmonter les divisions et de nous unir autour de la vie». Et pour éviter de retomber, une fois la crise sanitaire passée, dans la tentation du «consumérisme fébrile et des nouvelles formes d'autoprotection égoïste», François encourage les fidèles à utiliser les outils du Carême: prière, jeûne et aumône. 

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  • Angélus: le Pape François appelle à suivre Jésus en résistant au Tentateur

    En ce premier dimanche du Carême, le Pape François est revenu sur le sens des 40 jours au désert vécus par Jésus, en invitant les chrétiens à résister, eux aussi, face à l’emprise de Satan.
     

    «Mercredi dernier, avec le rite pénitentiel des Cendres, nous avons commencé le voyage du Carême», a expliqué le Pape François au début de sa méditation. En ce premier dimanche de ce temps liturgique, «la Parole de Dieu nous montre la manière de vivre fructueusement les quarante jours qui précèdent la célébration annuelle de Pâques». Il s’agit de se mettre dans les pas de Jésus, qui s’est retiré 40 jours dans le désert, où il a affronté le Tentateur.

    Le Pape François s’est arrêté sur la signification du désert, un environnement à la fois «naturel et symbolique» qui est souvent évoqué dans la Bible. Le désert est le lieu de la solitude, qui permet une disponibilité à la Parole de Dieu, a expliqué François. «Mais c'est aussi le lieu de l'épreuve et de la tentation, où le Tentateur, profitant de la fragilité et des besoins humains, insinue sa voix mensongère, une alternative à celle de Dieu».

    La défaite apparente de Jésus est en réalité le prélude à sa victoire

    «Pendant les quarante jours vécus par Jésus dans le désert, commence le "duel" entre Jésus et le diable, qui se terminera par la Passion et la Croix», a expliqué l’évêque de Rome. «Tout le ministère du Christ est une lutte contre le Malin dans ses nombreuses manifestations: guérisons de maladies, exorcismes sur les possédés, pardon des péchés.»

    Le Pape a alors relevé ce paradoxe fondamental de la foi chrétienne: «Après la première phase au cours de laquelle Jésus démontre qu'il parle et agit avec la puissance de Dieu, il semble que le Diable ait le dessus, lorsque le Fils de Dieu est rejeté, abandonné et finalement capturé et condamné à mort. C’est comme si le Diable avait gagné. En réalité, la mort a été le tout dernier "désert" à traverser pour vaincre définitivement Satan et nous libérer tous de son pouvoir. Jésus a vaincu le désert de la mort, avec sa Résurrection.»

    Ne jamais dialoguer avec le Diable

    Tout comme la vie de Jésus, la vie du chrétien est «une lutte contre l'esprit du mal». Le Tentateur est toujours présent, prêt à nous séduire et à nous piéger. «Nous devons être conscients de la présence de cet ennemi rusé, intéressé par notre condamnation éternelle, par notre échec, et nous préparer à nous défendre contre lui et à le combattre. La grâce de Dieu nous assure, par la foi, la prière et la pénitence, la victoire sur l'ennemi», a expliqué le Pape, tout en rappelant que dans les tentations, «Jésus ne dialogue jamais avec le Diable: il le chasse. S’il répond au Diable, c’est toujours avec des Paroles de Dieu, des passages des Écritures. Il ne faut jamais chercher à dialoguer avec le Diable. Il n’y a pas de dialogue possible», avec nos propres mots, sinon nous serons vaincus, a averti François, en sortant de son texte. «Seulement la Parole de Dieu», a-t-il redit avec fermeté.

    Pendant le Carême, l'Esprit Saint nous pousse aussi, comme Jésus, à entrer dans le désert, non pas comme un lieu physique mais comme une «dimension existentielle dans laquelle nous pouvons nous taire, écouter la parole de Dieu, afin que s'accomplisse en nous la véritable conversion». C’est donc cela, le vrai chemin du Carême: «marcher dans les voies de Dieu, en renouvelant les promesses de notre Baptême: renoncer à Satan, à toutes ses œuvres et à toutes ses séductions», a conclu François, avant de confier les fidèles à l’intercession de la Vierge Marie.

    Le salut aux fidèles polonais: écouter le message de la Divine Miséricorde

    En saluant les fidèles après la prière de l'Angélus, le Pape a adressé un salut particulier aux Polonais. «Aujourd'hui, mes pensées vont au sanctuaire de Płock, en Pologne, où il y a 90 ans le Seigneur Jésus s'est manifesté à sainte Faustine Kowalska, en lui confiant un message spécial de la Divine Miséricorde. Avec saint Jean-Paul II, ce message est parvenu au monde entier, et ce n'est pas autre chose que l'Évangile de Jésus-Christ, mort et ressuscité, qui nous donne la miséricorde du Père. Ouvrons-lui le cœur, en disant avec foi: "Jésus, j'ai confiance en Toi".»


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  • Méditation quotidienne de Richard Rohr

    Du Centre d'action et de contemplation

     Crédit d'image: Warren K. Leffler, Les manifestants sont assis, les pieds dans la piscine réfléchissante, pendant la marche sur Washington, 1963 (détail), photographie, domaine public. 

    La «donation de Dieu» 

    Pour Jésus, Dieu était le Créateur de la vie et de la substance vivante, le Flux Vivant sur lequel toutes choses bougeaient, l'Esprit contenant le temps, l'espace et toute leur progéniture innombrable. Et au-delà de tout cela, il était ami et père. —Howard Thurman, Disciplines de l'Esprit

    Le travail du théologien Howard Thurman a été fortement influencé par ses propres expériences mystiques. Dès son plus jeune âge, il a senti la présence réelle et aimante de Dieu, qu'il soit sur l'eau, dans le jardin ou en regardant le ciel nocturne. Il savait qu'il vivait dans un univers sûr et sacré et cette vérité Big-T est devenue le fondement de tout son enseignement. Comme Jésus, les mystiques et tous les grands enseignants, Thurman prend ce qui est personnel et le rend universel. Walter Brueggemann appelle cela «le scandale de la particularité». [1] Nous «l'obtenons» à un moment ordinaire et concret, nous luttons et nous en tombons amoureux. C'est un scandale précisément parce que c'est tellement ordinaire. Ce qui est vrai à un endroit finit par être vrai partout. Dans ce passage, Thurman applique cette leçon de jeunesse à la prière:

    Une nuit, j'ai été réveillé par ma mère, qui m'a demandé si j'aimerais voir la comète [la comète de Halley]. Je me suis levé, je me suis habillé rapidement et je suis sorti avec elle dans la cour arrière. Là, j'ai vu dans les cieux la queue impressionnante de la comète et je suis resté figé. Avec une profonde anxiété, j'ai demandé, sans le quitter des yeux: «Que va-t-il nous arriver quand cette chose tombera du ciel?» Il y eut un long silence pendant lequel je sentis la douce pression de ses doigts sur mes épaules; puis j'ai regardé son visage et j'ai vu ce que j'avais vu à une autre occasion, quand, sans frapper, je m'étais précipité dans sa chambre et l'ai trouvée en prière. Enfin, elle a dit: «Rien ne nous arrivera, Howard. Dieu prendra soin de nous. » En ce moment, quelque chose a été touché et allumé en moi, un calme réconfortant qui ne m'a jamais tout à fait abandonné. En y repensant, ce que je sentis alors, c'était le fait que ce qui bougeait en moi ne faisait qu'un avec ce qui créait et contrôlait la comète. C'est cette conscience inarticulée qui a fait taire ma peur et apaisé ma panique.

    Voici à la fois le fondement principal et la base de l'expérience de prière des gens. Je l'appelle, aux fins de cette discussion, la «donation de Dieu» exprimée dans la faim du cœur. Ceci est originaire de la personnalité, et quand cela devient une partie de la concentration consciente d'une personne, c'est la prière à son meilleur et plus haut. C'est le mouvement du cœur d'une personne vers Dieu; un mouvement qui, en un sens, est en Dieu - Dieu dans le cœur partageant sa vie avec Dieu, le Créateur de toute vie. La faim elle-même est Dieu, appelant à Dieu.

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    [1] Walter Brueggemann, Le message des psaumes: un commentaire théologique (Augsburg Publishing House: 1984), 162.

    Howard Thurman, Disciplines of the Spirit (Friends United Press: 1963), 86–87. Remarque: des modifications mineures ont été apportées pour intégrer un langage non sexiste

    Crédit d'image: Warren K. Leffler, Les manifestants sont assis, les pieds dans la piscine réfléchissante, pendant la marche sur Washington , 1963 (détail), photographie, domaine public.

    Inspiration d'image: Quand nous regardons la nature, pensons-nous au cosmos? Quand nous regardons le cosmos, cela nous rappelle-t-il la nature? Nous sommes intimement connectés à des échelles micro et macro au-delà de notre capacité humaine à comprendre. Nous nous asseyons ensemble pour reposer nos pieds, au milieu de la nature, du cosmos et de grands changements de conscience.

    source  https://cac.org/
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  • Mercredi des Cendres: «Le Carême est un exode de l’esclavage à la liberté» - VA

    Mercredi des Cendres: «Le Carême est un exode de l’esclavage à la liberté»

    Dans son homélie de la messe des Cendres célébrée dans la basilique Saint-Pierre, le Pape François est revenu sur le sens de ce temps de Carême, un «voyage de retour à Dieu» qui implique de discerner vers où est orienté notre cœur.
     

    Olivier Bonnel - Cité du Vatican

    Célébrée exceptionnellement cette année dans la basilique Saint-Pierre en raison des restrictions sanitaires, la messe du Mercredi des Cendres, présidée par le Pape François, a marqué l'entrée en Carême. Au cours de son homélie, le Saint-Père a rappelé le sens de ce cheminement, en reprenant les paroles du prophète Joël dans la première lecture: «Revenez à moi de tout votre cœur» (Jl 2, 12). «Le Carême est un voyage de retour à Dieu» a souligné le Pape.

    Ce voyage implique toute notre vie, tout notre être, «c’est le temps pour vérifier les chemins que nous sommes en train de parcourir, pour retrouver la voie qui nous ramène à la maison, pour redécouvrir le lien fondamental avec Dieu, de qui dépend toute chose.». Le Carême, a expliqué le Souverain Pontife, n'est pas «une collecte de bonnes actions», mais il s'agit bien de «discerner vers où est orienté notre cœur».

    Avoir un cœur ferme en Dieu

    Aussi, le Pape a invité à l'introspection: «est-ce que je vis pour plaire au Seigneur, ou pour être remarqué, loué, préféré ?» ou bien ai-je plutôt «un cœur ferme en Dieu?». Le temps de Carême, a-t-il poursuivi, est donc un voyage, un voyage qui est un «exode de l'esclavage à la liberté». Ces quarante jours rappellent en effet les quarantes années durant lesquelles le peuple de Dieu a voyagé dans le désert pour revenir à sa terre d'origine. 

    Cette marche dans le désert fut semée d'épreuves et de tentations a rappelé François, celle de revenir en arrière, «de se lier aux souvenirs du passé». Or, notre voyage de retour à Dieu est  similaire, il est «entravé par nos attachements malsains», a précisé le Saint-Père, «retenu par les liens séduisants des vices, par les fausses sécurités de l’argent et du paraître, par la lamentation d’être victime, qui paralyse». 

    La Parole de Dieu nous vient en aide pour démasquer ces illusions. La parabole du fils prodigue nous aide à comprendre «qu’il est temps pour nous aussi de revenir vers le Père», a poursuivi le Pape. Le pardon de Dieu est en effet ce qui nous remet toujours debout, ce pardon, a t-il souligné, «est le premier pas de notre voyage de retour». 

    Un voyage de retour vers Dieu

    Dans ce cheminement, nous avons besoin aussi de «revenir vers Jésus», comme le lépreux qui se jeta à ses pieds. Nous avons besoin, a précisé François de «mettre devant lui nos blessures et lui dire : “Jésus, je suis ici devant toi, avec mon péché, avec mes misères. Tu es le médecin, tu peux me libérer. Guéris mon cœur”». Nous sommes aussi appelés à «revenir vers l'Esprit Saint»: La cendre sur la tête nous rappelle que nous sommes poussière et que nous retournerons en poussière. «Mais sur notre poussière, Dieu a soufflé son Esprit de vie» a rappelé le Pape.

    Ce «voyage de retour» à Dieu n'est possible que parce qu'Il est déjà venu vers nous, a poursuivi le Saint-Père dans son homélie. «Pour nous, il est descendu plus bas que ce que nous pouvions imaginer: il s’est fait péché, il s’est fait mort». Le Pape a ainsi rappelé l'importance de se «laisser prendre par la main». 

    Se laisser réconcilier avec Dieu

    «Laissez-vous réconcilier avec Dieu» exhorte Saint Paul dans la seconde lecture, en s'adressant aux Corinthiens. «La marche ne repose pas sur nos forces» a rappelé le Pape qui a invité à accueillir la grâce. «Le début du retour à Dieu c’est de reconnaître que nous avons besoin de lui, que nous avons besoin de miséricorde. C’est la voie juste, la voie de l’humilité» a t-il encore souligné. 

    «Aujourd’hui nous baissons la tête pour recevoir les cendres. À la fin du Carême, nous nous abaisserons encore plus pour laver les pieds de nos frères, a conclu le Saint-Père. Le Carême est une descente humble au-dedans de nous-mêmes et vers les autres». Ce temps de montée vers Pâques est ainsi un chemin pour comprendre «que le salut n’est pas une escalade pour la gloire, mais un abaissement par amour». François a ainsi invité à regarder chaque jour les plaies des Jésus. C'est là que nous voyons les blessures du péché et tous nos manques, mais c'est là aussi que nous voyons «que Dieu ne pointe pas le doigt contre nous, mais qu’il nous ouvre tout grand les mains».

    En ce temps où débute le Carême, Dieu, venu à notre rencontre, «nous invite maintenant à revenir à lui, pour retrouver la joie d’être aimés».

    source https://www.vaticannews.va/

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