• Le Pape ouvre la voie à sept canonisations

    Lors d’un consistoire ordinaire public tenu ce lundi matin au Vatican, le Pape François a validé officiellement sept causes de canonisation dont celle de Charles de Foucauld. La date de la cérémonie n’a pas été précisée.
     

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    Deux femmes et cinq hommes deviendront saints dans les mois à venir. Parmi eux, Charles de Foucauld, le prêtre français, «pauvre parmi les pauvres» et «frère universel», comme il se définissait lui-même, qui, au début du siècle dernier, a planté les graines de la Parole divine au cœur du Sahara. La date de leur canonisation n’a cependant pas encore été définie à l’issue du consistoire ordinaire public de ce lundi matin. En cause, les incertitudes liées à la pandémie de Covid-19 qui empêche d’avoir une visibilité à long terme sur les déplacements internationaux et les rassemblements que supposerait une telle cérémonie. 

    Pour le préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints, le cardinal Marcello Semeraro, «ces bienheureux ne sont pas seulement admirés par le peuple de Dieu pour la splendeur de leurs vertus, mais ils sont aussi invoqués comme intercesseurs de grâces et de miracles». Après l’office de Tierce, il a présenté au Souverain pontife et aux cardinaux réunis dans la salle du Consistoire «une brève synthèse de l'expérience humaine et spirituelle» des sept bienheureux et bienheureuses qui «en diverses époques et avec des vocations différentes, ont témoigné, les uns par le don suprême de la vie, les autres par l'exercice héroïque de la charité et de la vertu, de la fécondité de la Pâque du Christ, source d'espérance».

    Les sept futurs sont donc Charles de Foucauld (1858-1916), prêtre et ermite assassiné en Algérie, César de Bus (1554-1607), fondateur de la Congrégation des Pères de la Doctrine chrétienne, Maria Francesca di Gesù, fondatrice des sœurs tertiaires capucines de Loano, Maria Domenica Mantovani, cofondatrice et première supérieure générale de l’Institut des Petites Sœurs de la Sainte Famille, Luigi Maria Palazzolo, fondateur de l’Istituto delle Suore delle Poverelle – Institut Palazzolo, Giustino Maria Russolillo, fondateur de la Société des Divines Vocations et de la Congrégation des Sœurs des Divines Vocations et Lazare Devasahyam Pillai, tué en Inde en 1752.

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    Pape: les catéchistes appelés à la créativité  et à la compassion

    Ce samedi matin au Vatican, le Pape a reçu en salle Clémentine les 65 membres du Bureau de la catéchèse de la Conférence épiscopale italienne, qui fête cette année son 60e anniversaire. François a salué le travail généreux des catéchistes, ces «messagers de l’Évangile» qui permettent la rencontre avec Dieu. Il les a invités à toujours se mettre à l’écoute «du cœur de l’homme», «toujours attentifs à se renouveler», en ayant à l’esprit la nécessité de faire famille, en communauté, en ces temps de pandémie. 
    Marie Duhamel - Cité du VaticanLa catéchèse, c’est «l’écho» de la Parole de Dieu, «l’onde longue» qui transmet dans la vie la joie de l’Évangile. «Grâce à la narration de la catéchèse, les Saintes Écritures deviennent ‘l’atmosphère’ dont on se sent partie prenante dans une même histoire de salut, en rencontrant les premiers témoins de la foi» affirme le Pape. Elle prend par la main celui qui l’écoute, le met en chemin, chacun à son rythme, car «la vie chrétienne n’aplanie pas, ni n’homologue, elle valorise l’unicité de chaque enfant de Dieu». La catéchèse est un parcours mystagogique qui avance en dialogue constant avec la liturgie.

    Les catéchistes, des messagers de l’Évangile

    Parce qu’elle est «l’espace privilégié pour favoriser une rencontre personnelle avec Dieu», la catéchèse est faite de relations personnelles. «Il n’y a pas de catéchèse sans témoignages d’hommes et de femmes en chair et en os», dit le Pape qui les décrit comme des «messagers de l’Évangile», le plus souvent des laïcs «généreux» qui partagent la beauté d’avoir rencontré Jésus, qui sont humblement au service de l’annonce de l’Évangile. Ils ne sont pas là pour se faire voir ou parler d’eux mais pour parler de Dieu, de son amour et de sa fidélité, explique le Pape.François les encourage à se montrer proches, ouverts au dialogue, patients, accueillant chaleureusement sans condamner. Il souligne quelques caractéristiques nécessaires à l’annonce: «exprimer l'amour salvateur de Dieu avant l'obligation morale et religieuse ; ne pas imposer la vérité mais faire appel à la liberté ; posséder une certaine note de joie, de stimulation, de vitalité, et une complétude harmonieuse qui ne réduit pas la prédication à quelques doctrines parfois plus philosophiques qu'évangéliques».

    Regarder vers le futur

    Une des tâches importantes de la catéchèse, souligne le Saint-Père, elle doit constamment se renouveler, «comprendre les problèmes qui émergent du cœur de l’homme pour les reconduire à la source cachée : le don de l’amour et qui sauve» expliquait jadis Paul VI. François insiste sur la fidélité au Concile Vatican II, qui est le «magistère de l'Église»«Ou tu es avec l'Église et donc tu suis le Concile, ou tu l'interprètes à ta façon, à ta guise, et tu n'es plus avec l'Église. Nous devons être sévère et exigeants sur ce point. Le Concile ne peut pas être négocié», martèle le Pape, évoquant le schisme des "vieux-catholiques" qui prétendaient continuer la «vraie doctrine» après le Concile Vatican I, en 1870. «Aujourd'hui ils ordonnent des femmes», remarque le Pape avec ironie. «L'attitude la plus sévère pour cultiver la foi sans la magistère de l'Église te mène à la ruine. S'il vous plait, aucune concession à ceux qui cherchent à présenter une catèchèse qui ne soit pas en concordance avec le magistère de l'Église», exhorte-t-il.Inspirée donc du Concile Vatican II qui est «non négociable», la catéchèse doit être à l’écoute, «l’oreille tendue», «prête et capable d’accueillir les signes et la sensibilité des temps» pour inspirer toutes les pastorales, des œuvres de charité à la famille, de la liturgie à l’économie… Elle devient alors «une aventure extraordinaire» estime François, comme «à l’avant-garde de l’Église». Le Pape exhorte les catéchistes à ne pas avoir peur de parler la langue des hommes d’aujourd’hui, à écouter leurs demandes et fragilité, d’élaborer des instruments nouveaux qui permettent de transmettre aujourd’hui la richesse du kérygme. François réaffirme ici l’importance de la transmission de la foi «en dialecte, la langue qui vient du cœur, la plus familière, la plus proche de chacun». Sans dialecte, il n’y a pas selon lui de véritable transmission de la foi.

    Repenser le sens de la communauté

    Enfin parce que cette année a été marquée par «l’isolement et le sens de la solitude» à cause de la pandémie, parce que le virus a «creusé dans le tissu vivant de nos territoires, surtout existentiel en alimentant nos peurs, nos soupçons, nos méfiances et nos incertitudes», parce qu’il a «remis en question les pratiques et les habitudes établies», l’Église est appelée à repenser la manière dont elle est en communauté. «Nous avons compris, en effet, que nous ne pouvons pas faire cavalier seul et que la seule façon de mieux sortir des crises est d'en sortir ensemble, en réintégrant avec plus de conviction la communauté dans laquelle nous vivons. Parce que la communauté n'est pas une agglomération d'individus, mais la famille dans laquelle nous nous intégrons, le lieu où nous prenons soin les uns des autres, les jeunes des personnes âgées et les personnes âgées des jeunes, nous d'aujourd'hui de ceux qui viendront demain» insiste François qui plaide pour une redécouverte du sens de la communauté, pour que chacun puisse retrouver pleinement sa propre dignité.

    Défendre la dignité de tous et transmettre la fraternité

    Dans ce contexte, c’est le rôle des catéchistes de placer cette dimension communautaire au centre. «L'heure n'est pas aux stratégies élitistes», il faut au contraire être «des artisans de communautés ouvertes qui savent valoriser les talents de chacun», des «communautés missionnaires, libres et désintéressées, qui ne cherchent pas l'importance et l'avantage, mais marchent sur les chemins des gens de notre temps, en se penchant sur ceux qui sont en marge». Le Pape invite à se tourner vers les jeunes «déçus», les étrangers, les découragés, à se rapprocher des «blessés de la vie» et à dialoguer avec ceux qui ont des idées différentes.Il répète son souhait d’une «Église heureuse avec le visage d'une mère, qui comprend, accompagne, caresse». Le catéchiste est appelé à affirmer radicalement la dignité de tous, à établir entre tout être humain une fraternité fondamentale, à enseigner à comprendre le travail, à habiter la création comme un foyer commun, à donner enfin des raisons de se réjouir et de faire de l'humour, même au milieu d'une vie souvent très dure. Le Pape qui reprenait là son discours à la cinquième conférence nationale de l'Église italienne, à Florence, 10 novembre 2015.«Continuez à prier et à réfléchir de façon créative à une catéchèse centrée sur le kérygme, qui regarde l'avenir de nos communautés, afin qu'elles soient toujours plus enracinées dans l'Évangile, fraternelles et inclusives» lance enfin le Pape au membres du bureau catéchétique de la CEI.
    source  https://www.vaticannews.va/

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  • Pour Mgr Pizzaballa, l'Église de Terre Sainte doit surmonter le cléricalisme

    Lors de la messe célébrée le 1er janvier, le patriarche latin de Jérusalem s’est attardé sur les nombreux aspects qui caractérisent l'Église en Terre Sainte, entre richesses et problèmes à surmonter.
     

    Dépasser le cléricalisme et les particularismes internes qui risquent de «gêner le cheminement ecclésial» de l'Église locale, en repartant du Christ, Celui qui a brisé le mur de séparation par son incarnation: c’est, en substance, le cœur de l’homélie de Mgr Pizzaballa en la Solennité de sainte Marie mère de Dieu, le 1er janvier. Le patriarche latin a voulu réfléchir sur le thème de la paix dans une perspective proprement interne, en s'attardant sur les «barrières» que les croyants érigent parfois inconsciemment en eux-mêmes et entre eux.

    Le fléau du cléricalisme

    Mgr Pizzaballa en a énuméré quatre, le premier étant le cléricalisme, ou la «distance entre le clergé et les laïcs»: ce phénomène, évoqué à plusieurs reprises par le Pape François, est particulièrement présent dans l’Église de Jérusalem, a-t-il observé. La collaboration entre prêtres et laïcs est souvent mal comprise et finit par devenir: «faites simplement ce que le prêtre veut». Les facteurs culturels n'aident pas «à avoir une approche partagée de la vie ecclésiale»: d'une part, a-t-il noté, il est «difficile de convaincre d'avoir des conseils paroissiaux et de savoir comment partager des idées et des initiatives», d'autre part il est également «difficile de trouver des laïcs formés, engagés, désireux d'apporter une contribution positive à la communauté». Pour Mgr Pizzaballa, il s'agit «d'une véritable barrière qui doit être prise en considération, surtout en pensant aux générations futures, qui veulent être actrices de la vie de l'Église, et pas seulement exécutrices des ordres et des directives».

    S'écouter les uns les autres

    Le patriarche de Jérusalem a ensuite parlé du fossé générationnel entre ceux qui «regardent avec nostalgie le passé et regrettent un modèle d'Église et de communauté qui ne semble plus exister aujourd'hui», oubliant ainsi «de vivre le présent avec une sérénité chrétienne», et les jeunes qui «souhaitent changer même ce qui n'a peut-être pas besoin d'être changé». Les deux positions, a-t-il souligné, sont «des échappatoires au présent», alors que ce qui est demandé dans l'Eglise «est de s'écouter mutuellement, de se remercier pour ce qui a été fait jusqu'à présent et d'ouvrir de nouvelles voies selon la Grâce de Dieu». L’archevêque a également souligné la «distance entre les composantes locale et universelle de l'Église de Jérusalem», ou plutôt la «tentation», répandue dans tous les territoires inclus dans le patriarcat, «de considérer la composante universelle comme un “invité” et non comme une partie intégrante de l'Église», ou, au contraire, de considérer «la composante locale comme non pertinente, dépassée ou même en voie d'extinction», alors qu'au contraire, ces deux âmes «doivent se soutenir mutuellement, étant toutes deux nécessaires, constitutives de l'identité et de l'histoire de notre Église».

    Le cœur en Christ

    D'autres barrières sont représentées par les quatre identités nationales du diocèse: Jordanie, Israël, Palestine et Chypre, «souvent construites contre ou en antithèse», également en raison du contexte conflictuel dans lequel vit l'Église locale, et des diversités linguistiques qui sont «une incroyable richesse, mais aussi un obstacle non moindre à la rencontre et au partage». Pour Mgr Pizzaballa, il existe un dénominateur commun à toutes ces difficultés et il s’agit de l’individualisme, «devenu central», même dans l’Église de Jérusalem.

    La manière de les surmonter et de les améliorer est donc de «partir de notre relation avec le Christ et non de nos besoins, de placer notre cœur dans le cœur du Christ, de lire notre réalité, également ecclésiale, à la lumière de la Parole de Dieu. Nous ne pouvons pas vivre sans amour et l'amour dont il faut partir, a conclu le Patriarche, est l'amour de Celui qui a donné sa vie pour nous et pour notre salut». Vatican News Service - LZ

    source  https://www.vaticannews.va/

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  • La couronne de l'Avent

    C'est une tradition qui nous vient d'Europe centrale. Elle a maintenant gagné toutes nos régions. Faite de branches de pin ou de paille, cette couronne est décorée de quatre bougies.

    La couronne de l'Avent

    Le premier des quatre dimanches du temps de l'Avent, on allume la première bougie.

    Chaque semaine, une bougie supplémentaire est allumée. Ainsi, la nuit de Noël, les quatre bougies brillent ensemble pour annoncer la grande lumière de Jésus venu sur terre. 

    La couronne de feuillage et de rubans qui décore la porte des maisons a un sens un peu différent. Il s'agit d'un signe de paix et d'hospitalité qui nous vient des pays anglo-saxons.

    Que signifie la couronne de l'Avent?

    La couronne de l’Avent avec les bougies a été inventée par un pasteur de Hambourg, en Allemagne au 19 ème siècle. Chaque matin, il allumait un petit cierge de plus et, chaque dimanche, un grand cierge. La coutume n’a retenu que les grands. Ces bougies symbolisent les grandes étapes du salut avant la venue du Messie:

    La première est le symbole du pardon accordé à Adam et Ève.

    La deuxième est le symbole de la foi des patriarches en la terre promise.

    La troisième est le symbole de la joie de David célébrant l'alliance avec Dieu.

    La quatrième est le symbole de l'enseignement des prophètes annonçant un règne de justice et de paix.


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  • Vidéo de l'Angélus du dimanche 18 octobre 2020

    AVEC UN TRADUCTEUR FRANCOPHONE ET LE TEXTE PLUS BAS

    En ce 29ème dimanche du Temps Ordinaire, le Saint-Père est revenu sur la réponse de Jésus aux pharisiens : «Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu», à l'occasion de la prière de l’Angélus, récitée depuis la fenêtre des appartements pontificaux. 

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    L'Évangile de ce dimanche montre Jésus luttant contre l'hypocrisie de ses adversaires qui, a expliqué le Pape François, «lui font de nombreux compliments, mais lui posent ensuite une question insidieuse afin de le mettre en difficulté et de le discréditer devant le peuple. Ils lui demandent : "Est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ?" (v. 17)»

    Or, à cette époque en Palestine, a recontextualisé François, la domination de l’empire romain était mal tolérée «même pour des raisons religieuses», «ils étaient des envahisseurs». En effet, «pour la population, le culte de l'empereur, souligné aussi par son image sur les pièces de monnaie, était une insulte au Dieu d'Israël. Les interlocuteurs de Jésus sont convaincus qu'il n'y a pas d'alternative à leur questionnement : ni "oui" ni "non".»

    Cependant, Jésus «connaît leur méchanceté et Il se laissera sortir du piège», a continué le Souverain Pontife devant une place Saint-Pierre clairsemée de fidèles. «Il leur demande de lui montrer la pièce de monnaie, la prend dans ses mains et demande de quelle est l'image qui y est imprimée. Ils répondent que c'est le visage de César, c'est-à-dire de l'empereur.» C'est alors que Jésus répond : "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" (v. 21).»

    Avec cette réponse, Jésus se place au-dessus de la controverse, a estimé le Pape François, «D'une part, il reconnaît que le tribut à César doit être payé, car l'image sur la pièce est la sienne ; mais surtout, il se souvient que chacun porte en lui une autre image, celle de Dieu que nous portons en notre âme. Et que c'est donc à Lui, et à Lui seul, que chacun doit son existence, sa propre vie.» 

    Distinction des sphères politiques et religieuses 

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    Angélus du 18 octobre 2020
    18/10/2020 

    Angélus du 18 octobre 2020

    Dans cette réponse, Jésus livre en fait des lignes directrices claires pour «la mission des croyants de tous les temps, même pour nous aujourd’hui». Effectivement, a rappelé François, le paiement des impôts et le respect des lois de l’État est un devoir des citoyens. «En même temps, il est nécessaire d'affirmer la primauté de Dieu dans la vie humaine et dans l'histoire, en respectant le droit de Dieu à ce qui lui appartient», précise-t-il.

    C’est de là que découle la mission de l’Église et des chrétiens : «parler de Dieu et en témoigner aux hommes et aux femmes de leur temps.» Ainsi, «chacun, en vertu de son Baptême, est appelé à être une présence vivante dans la société, en l'animant de l'Évangile et de la force vitale de l'Esprit Saint», il s’agit pour cela de «s'engager humblement, et en même temps courageusement, en apportant sa propre contribution à la construction de la civilisation de l'amour, où règnent la justice et la fraternité.» 

    Que la Vierge Marie «aide tout le monde à fuir toute hypocrisie et à être des citoyens honnêtes et constructifs. Et soutenez-nous, disciples du Christ, dans la mission de témoigner que Dieu est le centre et le sens de la vie.», a conclu le Souverain Pontife. 

    SOURCE https://www.vaticannews.va/fr

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  • Le souffle

    Que reste-t-il du souffle des années 1980 où l’on a pu concevoir un renouvellement de la structure hiérarchique de notre Église, y inscrire un partenariat réel entre baptisés, ministres ordonnés et laïques, entre femmes et hommes. L’espoir s’est rapetissé peu à peu dans les années 1990 jusqu’à se ratatiner en peau de chagrin aujourd’hui. 

    Les raisons de quitter s’accumulent : le scandale des abus sexuels perpétrés par des prêtres sur des enfants ou des femmes, l’offense du cléricalisme à la responsabilité partagée du peuple de baptisés, le refus répété d’ordonner des femmes au diaconat et à la prêtrise.

    Nos lieux de rassemblement se sont vidés bien avant la pandémie que nous vivons.

    Les propos religieux sont devenus suspects au Québec, souvent traités comme appartenant à un autre temps ou une simple réponse (entendre simpliste) à l’angoisse existentielle.

    Il serait tentant de tout balancer et de recommencer à neuf, faire table rase.

    Tentant aussi d’oublier que ce que nous sommes et devenons ne se réalise pas sans l’autre. D’autres nous ont précédés. Leur histoire nous constitue en partie et nous avons la responsabilité d’y donner suite à notre manière. D’autres nous suivront.

    « Nous sommes constitués par l’altérité. Notre corps vient d’un autre corps, notre psyché s’est constituée à partir d’une autre psyché, nous sommes nés d’une séparation. Nous avons été deux. Cette énigme nous laisse la tâche immense et solitaire de découvrir ce que c’est qu’exister seul. D’emblée ce corps est l’archive d’autres corps, d’autres mémoires. Mémoire d’une altérité plus intime que la nôtre. Corps qui va lentement se transmuter en singularité, en pensée, en savoir. En éros. »1

    Un texte datant de deux mille ans, décrivait déjà cette réalité : « De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. » 2

    Nous sommes reliés aux autres. La longue marche vers plus d’humanité, vers la réalisation de la Bonne nouvelle s’effectue ensemble, avec les aléas de nos tiraillements, de nos différences et de nos alliances.

    Notre contexte actuel soulève deux enjeux incontournables soulignés par l’ONU, par le pape François, par de multiples autres organismes et personnes : combattre l’inégalité entre les sexes, entre les personnes et relever les défis posés par les changements climatiques. Ces enjeux nécessitent une plus grande solidarité que la pandémie actuelle met aussi en lumière.

    Percevons-nous ce souffle, Son souffle, nous guider dans cette direction?

    « […] le témoignage rendu à l’Évangile susceptible d’être accueilli par le monde contemporain ne peut être que celui de relations refaites, recréées par la reconnaissance, l’estime et l’amour mutuel. Qu’il s’agisse des chrétiens et de ceux qui ne le sont pas ou qui ne le sont plus. Et naturellement, – transversalement à toute appartenance -, qu’il s’agisse, à la racine de notre humanité, des hommes et des femmes qui la font ce qu’elle est et ce qu’elle est destinée à être. »

    Cette Bonne nouvelle a traversé deux mille ans de communautés humaines avec ses temps de grandeur, d’horreur, de miséricorde et de sollicitude. Toutes ces histoires singulières et sociales l’ont acheminée jusqu’à nous.

    Nos engagements actuels seront les traces de l’Évangile pour les générations qui nous suivront. Nos actions pour établir dans les faits une égalité entre les femmes et les hommes dans nos sociétés et dans l’Église témoigneront de notre foi. Nous ne pouvons laisser le fossé continuer de se creuser entre pauvres et riches, ni fermer les yeux et les mains devant l’urgence climatique. Notre solidarité exigera que nous donnions de ce qui nous est nécessaire comme la veuve qui offre ses deux piécettes (Mc 12, 41-44).

    Ainsi la Parole s’inscrit dans notre chair, ce corps qui nous lie à l’autre.

    Anne-Marie Ricard
    Québec, le 21 septembre 2020

     NOTES

    1 Dufourmantelle, Anne, Défense du secret, Paris, 2015, Manuels Payot, pp 65-66
    2 Bible de Jérusalem, 1 Corinthiens, 12, 12
    3 Pelletier, Anne-Marie, L’Église, des femmes avec des hommes, Paris, Éditions du Cerf, 2019, p. 188

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    A propos Anne-Marie Ricard

    Diplômée en théologie de l’Université Laval (baccalauréat, 1982; maîtrise 1986), Anne-Marie Ricard a travaillé en pastorale paroissiale et scolaire au diocèse de Québec puis à la formation pastorale d’agent(e)s de pastorale aux diocèses de Saint-Jean-Longueuil et de Saint-Hyacinthe (1983-1993). Formée en sciences de l’orientation (maîtrise, 1996) et en psychothérapie (2011), elle a oeuvré comme conseillère d’orientation et psychothérapeute au gouvernement du Québec dans différents postes de soutien aux personnes et en pratique privée.  SOURCE http://femmes-ministeres.org/
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  • LE SAINT ESPRIT 1 de 3

    L'ESPRIT SAINT 2 de 3

    2 vidéos- L'ESPRIT SAINT- Père Cantalamessa Raniero

     

    voici la 3e partie

    Saint Esprit (3ème Partie)

     


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    Dans l'Église... Du jamais vu -

    (extrait de la lettre de Mgr Christian Rodembourg, MSA Évêque de saint-Hyacinthe (il est également président Assemblée des évêques catholiques du Québec)

    Dans l'Église... Du jamais vu - Du jamais vu
    La situation est inusitée. Du jamais vu! L’épreuve que nous traversons collectivement et qui tient toute la planète en haleine et en otage met à rude épreuve notre santé physique, mentale, spirituelle, sociale et financière. Notre santé spirituelle est celle qui transcende toutes les autres.
    Il faut prendre soin de nous! Il nous faut aussi prendre soin les uns des autres! Faisons preuve de vigilance. Ne laissons pas la peur, l’inquiétude, l’anxiété, l’ennui, la morosité, le défaitisme avoir le dernier mot. Ne perdons jamais, à l’avenir, le goût et le désir de nous retrouver, de nous rassembler, de socialiser!... Soyons des hommes et des femmes d’espérance pour notre grande et belle famille humaine.


    Un test pour notre espérance


    La vie est plus forte que la mort. L’espérance est plus forte que le désespoir.
    Le virus que nous combattons actuellement donne toute leur pertinence à ces grandes et belles vérités de notre foi. Alors même que certaines et certains d’entre nous passent des tests pour la COVID-19, la COVID-19, elle, teste notre espérance!
    La liste de nos raisons de désespérer est longue : guerre, violence dans les familles, faim, pauvreté, migration, environnement, réchauffement climatique, disparitions d’enfant, fusillades dans les rues et les écoles, maladies incurables, virus, compétition dans le monde des affaires, stress, crise de la fidélité, divorce, angoisse existentielle, armement, construction de murs, perte de sens et de valeurs, évasion dans les sectes de tout acabit, alcool, drogues, etc.


    Nous pourrions nous y complaire et en faire une thérapie de défoulement collectif. Cela pourrait même nous faire du bien! « Ça ferait sortir le méchant! » comme on dit si joliment au Québec.
    Pour nous « rassurer » quelque peu, relisons cette phrase d’un prêtre égyptien prononcée 2000 ans avant Jésus-Christ : « Notre monde atteint un stade critique. Les enfants n’écoutent plus leurs parents. La fin du monde ne peut pas être très loin. »
    C’est rassurant, non? Nous sommes quand même 4020 ans plus tard avec plus de sept milliards d’habitants sur la planète! Le monde existe encore!
    Le pire serait que, un peu comme la grenouille dans l’eau chaude, nous nous habituions graduellement aux blessures et cicatrices de notre vivre-ensemble et de notre avenir collectif. Cela ne demeure pas sans impacts sur l’Église, car elle vit dans le monde de ce temps.


    Rendons compte de notre espérance


    Alors que nous traversons en cette année 2020 une épreuve internationale en regard de la pandémie de COVID-19, j’aime relire ces mots de saint Pierre :
    « Honorez dans vos coeurs la sainteté du Seigneur, le Christ. Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous; mais faites-le avec douceur et respect. »
    (1 P 3, 15-16a)


    Le monde est en feu!

    Dans l'Église... du jamais vu - Mgr Christian Rodembourg, MSA
    Afin de consoler d’éventuels coeurs attristés par la situation de notre humanité et de l’Église, il me plaît de citer une femme exceptionnelle, docteure de l’Église, qui marqua son époque, sainte Thérèse d’Avila. Il y a cinq siècles, elle disait à ses soeurs du Carmel :
    « Le monde est en feu! Et on veut, pour ainsi dire, condamner à nouveau le Christ. On dresse contre lui mille faux témoignages, on veut détruire son Église […] Les temps ne sont pas à traiter avec Dieu d’affaires de peu d’importance. » (Le chemin de la perfection, 1,5)
    D’une certaine manière, je me sens « rassuré »… Le monde est depuis des siècles, encore et toujours en feu…


    « Ancrons » notre espérance


    Portons ensemble un regard, à la fois lucide, réaliste et plein d’espérance, sur l’état de notre Église et du monde d’aujourd’hui pour pouvoir y « ancrer » cette espérance qui nous habite.

    Pour aller plus loin... Télécharger « lettre_pastorale_esperance_2020-05-01.pdf »

    Merci Mgr Christian et ami de m'avoir fait parvenir votre lettre.

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  • Les Rameaux, une célébration prophétique de la Semaine Sainte

    «Les acclamations de l’entrée à Jérusalem et l’humiliation de Jésus. Les cris festifs et l’acharnement féroce.» Le Pape François relevait dans son homélie des Rameaux en 2019 le paradoxe de la liturgie de ce dimanche des Rameaux. Comment célébrer cette solennité particulière en ces temps de confinement qui ne permettent pas les processions? Entretien avec Mgr Philippe Marsset, vicaire général du diocèse de Paris sur la portée spirituelle et liturgique de cette célébration. (4min)
     

    Delphine Allaire, Manuella Affejee – Cité du Vatican

    Que signifie cette entrée messianique de Jésus à Jérusalem? Est-ce un aboutissement, en quelque sorte, de la vie et de la mission de Jésus?

    Le dimanche des Rameaux est un acte prophétique à la lecture de la Semaine Sainte. C’est-à-dire que Jésus rentre dans Jérusalem sur un âne, alors que les rois et les empereurs rentrent sur des chevaux lorsqu’ils veulent conquérir une ville. Jésus, lui, veut conquérir nos cœurs. Jamais par le titre de roi de fils de David, mais monté sur un âne pour montrer que sa royauté n’a pas grand-chose à voir avec la royauté traditionnelle et terrestre. La royauté de Jésus s’incarne sur la Croix.

    La construction liturgique de cette célébration si particulière peut sembler paradoxale: elle débute par une exultation et bascule ensuite dans une tonalité plus grave, avec le récit de la Passion. Comment comprendre cette apparente dichotomie?

    Ceux qui acclament Jésus, et qui ne sont pas forcément historiquement les mêmes que ceux qui le condamnent, nous montrent que l’adhésion à Jésus-Christ est fragile, versatile, et capable d’évoluer de manière dramatique car elle peut se faire manipuler. La foi n’a donc pas grand-chose à voir avec une opinion majoritaire ou minoritaire. La foi n’est pas croire que ce que nous ou autrui pensons est vrai, mais c’est penser que ce que Jésus nous dit est vrai. Il faut passer d’une acclamation extérieure désirée par la foule mais peu pensée, à une foi d’adhésion qui comprend non pas ce que d’autres voudraient, mais ce que Jésus voudrait que nous comprenions.

    C’est la raison pour laquelle nous lisons la Passion lors des Rameaux. Est-ce que vous acceptez de voir jusqu’où Jésus va et ce que Jésus fait, et non pas l’idée que vous vous en faites. Nous lisons donc la Passion en s’arrêtant avant la Résurrection pour nous dire de manière liturgique et pédagogique qu’il faut nous-mêmes entrer dans ce drame du Jeudi Saint et de Vendredi Saint, dans le drame de notre vie. Assumer cette part de souffrance surtout en ce moment. Jésus ne peut pas sauver de l’extérieur, il ne le peut que s’il entre dans notre condition mortelle et pécheresse.

    Dans le contexte actuel de crise, quels conseils donneriez-vous aux fidèles pour qu'ils puissent plonger pleinement et vivre ces saints mystères de manière renouvelée?

    Cette frustration de ne pas être réunis peut aussi nous faire comprendre que l’Eglise n’est pas simplement cette assemblée de 40 ou 400 personnes qui vient chaque dimanche à la messe. L’Eglise est un peuple mondial, du ciel et de la Terre. Ce confinement nous appelle à penser l’Eglise avec cet autre regard.

    Il faut aussi inventer des liturgies domestiques en revalorisant par exemple le lieu du crucifix dans nos maisons, faire un vrai repas pascal. Dédier des temps et des lieux dans nos petits appartements confinés pour construire de manière familiale ce temps étrange, mystérieux, qui nous fait épouser d’une autre manière la dramatique de notre condition humaine, mais aussi l’espérance et la foi.

    source https://www.vaticannews.va/

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